1. Faire des choix plastiques

Transcription

1. Faire des choix plastiques
DESCRIPTION PLASTIQUE D’UNE ŒUVRE : Repérer des CHOIX plastiques
Comment repérer les choix plastiques ? Élaborer une œuvre c’est avant tout faire des choix.
Afin de mieux ressentir les relations qui s’établissent entre tous les éléments plastiques, on peut aussi se
demander pourquoi l’artiste n’a pas fait d’autres choix que ceux qu’il a faits.
Attention à éviter l’inventaire : mettre en avant les relations plastiques et/ou conceptuelles entre les
constituants plastiques.
Les constituants de l’œuvre :
Le médium : dessin, gravure, peinture, collage, photographie, sérigraphie, monotype, technique mixte,
photomontage, photogramme, rayogramme, vidéo, installation, sculpture, assemblage, performance, numérique...
Le support : son format (singulier ou non par sa taille et la forme du support, ou de l’ensemble de supports) ; sa
nature (panneau de bois, papier, toile ; vierge ou non), son aspect de surface (rugueux, lisse, homogène), son
articulation avec d’autres panneaux (diptyque, triptyque, polyptyque), sa présentation dans l’espace/spectateur
(juxtaposé, roulé, superposé ; mur, sol, plafond, angle). Son degré de visibilité (brut ou recouvert) ; absence de
support.
Le matériau : réel ou représenté ; matériaux de différentes natures (objet, matière, image), de différentes valeurs
(usés, neufs, usinés, bruts, récupérés, rares, matériau de valeur), de différentes qualités (lisse, mou, poreux,
nervuré, froid, brillant, fluide, rêche) comment sont-ils traités (détériorés, sacralisés, mis en tension), reliés, de quel
univers sont-ils extraits (industriel, intime, consommation de masse...), pérennes / éphémères ; immatériel.
Le collage : comment le choix des matériaux est-il opéré (hasard, thématique, taille, couleur), quel rapport y a-t-il
dans la rencontre d’éléments hétérogènes (liaison, rupture, confusion, décalage, analogie formelle), sont-ils
modifiés, comment, mélangés à une autre technique. Voir aussi les matériaux, la composition, l’éclairage, les
formes, les contrastes.
Le geste : réel ou représenté ; envergure ; à dominante graphique (ligne), ou picturale (surface) ; ferme, souple,
mou, raide, droit, rapide (=gestuel), épais, fin, affirmé, hésitant, lourd, léger, aléatoire, puissant, impersonnel,
contrôlé, impulsé ; visible sous forme d’aplats, modelé, touche répétée ; se réfère à un style, un savoir-faire.
L’outil : traces visibles ou non, rapport à la texture du médium, échelle de l’outil comparé au format, au corps de
l’artiste, outil fabriqué ou traditionnel, un seul ou plusieurs ont été utilisés : pinceau, brosse, couteau à palette,
couteau strié, peigne, spatule, balais, empreintes du corps à même le support … outil graphique (plume, fusain,
mine graphite, marqueur, stylo bille…) ; absence d’outil, absence de geste visible.
Les opérations plastiques : agrandir, répéter, prolonger, isoler, reproduire, transformer, associer, retirer, prélever,
recadrer ...
La couleur : couleur du matériau brut ou du médium ; monochrome ou polychrome ; teintes (tons purs, teintes
nuancées), degré de saturation (pures, diluées, rabattues, dégradées), degré de luminosité (vive, terne), degré de
brillance (brillant/satiné/mat), degré de couvrance (opaque/translucide/ transparente), surface colorée homogène
(aplat) / hétérogène (dégradé, mélange à même la toile) ; absence de couleur : valeurs (foncé/clair)
La matérialité de la couleur : consistance (crémeuse, fluide, sèche, pâteuse, poudreuse...), aspect de surface au
toucher qui intègre la touche (trace de l’outil, empâtement, glacis, aspect floqué, strié, lisse, laqué, crépis, rugueux,
granuleux). couleur/matière, mais immatérielle dans la couleur/ lumière.
La composition chromatique : accord chromatique (couleurs harmonieuses, criardes, en camaïeu), contraste
(complémentaire, chaud/froid, foncé/clair), répartition (grande surface, petite touche), rappel dans la composition,
juxtaposées, superposées, passage, modulation, dominante ; fond, formes ; palette large ou restreinte de tons.
Rapport au référent : ton local (couleurs réalistes), couleurs arbitraires, expressives, symboliques ;
La forme : réelle ou représentée ; comment émergent-elles? D’un référent (formes figuratives, illusionnistes, degré
de réalisme, déformées, disproportionnées, stylisées, détaillées/schématisées, silhouette) ou sans référent
(organiques / géométrisées, imaginaires, abstraites), contrôlées / aléatoires ; rendu objectif, subjectif, expressif ;
arrondies, sinueuses, anguleuses, nettes, estompées, ouverte, fermée. Leur taille, échelle ; forme et contre-forme
(forme du vide) ; informe ; absence de forme (fond seul ? aplat de couleur seul ? Surface seule ?)
Le rapport entre elles : une ou plusieurs formes sur le support, chaque forme est unique ou multiple ; dialogue
entre elles : liaison ou rupture, juxtaposées, superposées emboîtées, leur rapport au fond (contraste, confusion,
lien plastique, rappel de forme).
L’espace : réel, représenté, virtuel ; ses dimensions (point, ligne, plan /surface/2D, volume/3D) ; taille, échelle ;
unique ou multiple (mise en abîme, entrelacs, baroque, organisé, prévisible) ses qualités (exigüe, grand, profond,
homogène, discontinu, délimité, occupé, dégagé, saturé, lumineux, odorant…) ; la traduction de l’espace (planéité,
profondeur ; rabattement, chevauchement, lignes de direction, étagement des plans successifs, en perspective
(albertienne, axonométrique), rôle de la lumière, de la couleur dans la sensation de l’espace).
La composition dans l’espace de l’œuvre : centrale, pyramidale, spiralée, serpentine, symétrique, concentrique,
ascensionnelle ; clairsemée, disséminée, sans centre, ,; saturée, aérienne ; statique, dynamique ; calculée, réglée,
nombre d’or ; procède par déploiement, débordement, échos visuels, all over, alignement, entassement,
cloisonnement.
Ce qui est mis en valeur et comment : le rapport dans l’espace entre les parties, formes, couleurs, tailles ; le
rapport au cadre (enferme-t-il l’ensemble ou y a-t-il un hors champ).
Le point de vue : unique ou multiple ; mélangés ou séparés ; banal ou particulier (frontal, de trois-quarts, en
légère plongée, en contre-plongée radicale, subjectif, objectif, ....) ;
La valeur de plan (la distance avec le sujet : gros plan, plan poitrine, plan moyen, plan d’ensemble)
Le volume : réel ou représenté ; la technique (un bloc taillé, un modelage, un assemblage de matériaux
homogènes, hétérogènes, un moulage, les modalités d’assemblage sont-elles visibles ou non), le matériau (est-il
traditionnel ou non, quelle importance a-t-il, quelle qualité particulière est exploitée en rapport à la forme), les
formes ( y a-t-il des plans, les lignes, des volumes, y a-t-il un ou plusieurs éléments, quelle relation s’établit entre
eux), les vides (sont-ils mis en valeur ou non, comment), l’équilibre (est-il fragile, solide, quels sont les points
d’appui sol, mur, plafond), le mouvement (sculpture fixe ou mouvement intégré par un moteur, le vent, l’action du
spectateur), le lieu d’exposition (a-t-il un rôle particulier, est-il visible dans la reproduction), le point de vue
(présenté dans la reproduction se justifie-t-il, comment l’artiste a considéré les autres points de vue), l’éclairage (le
jeu des ombres, est-il fixe ou variable, pris en compte dans l'œuvre même), le socle (le volume est-il sur un socle
ou non, de quelle taille, quelle forme, quelle matière, a-t-il une importance particulière, comment fait-il écho à ce
qu’il porte). Voir aussi le médium, les formes, les matériaux, les contrastes.
La lumière : réelle, représentée ; frontale, en contre-jour, latérale, zénithale, homogène, contrastée, en clairobscur (très contrastée, le noir dominant) ; créer des ombres propres et des ombre portées, densité des ombres,
leur taille; impact sur les formes (modelé, sfumato), les couleurs, l’espace ; la source d’éclairage est-elle visible ou
non, de quel type (naturelle, artificielle), sa direction. Rendu réaliste, expressif, symbolique …
La photographie : quel rapport à la réalité est instauré, au temps, à l’espace, au modèle (mis en scène ou non),
quels effets particuliers de la photographie sont utilisés (mise au point (net/flou), surimpression, profondeur de
champ, reproduction, saturation des couleurs, taille du grain de l’image), y en a-t-il plusieurs ou non, quelle relation
est établie, y a-t-il une mise en scène (éclairage, distance, mur, sol...), le cadre (y en a-t-il, qu’apporte-t-il). Voir
aussi la composition, le support, les formes, les couleurs, les contrastes.
Le temps : réel ou figuré (représenté, suggéré, symbolisé) ; figé ou qui s’écoule ; échelle du temps ; image fixe ou
en mouvement ; unique ou multiple ; séquence, enchaînement, série, suite, narration, montage ; discontinu ; temps
associé au médium (temps de pose photo, temps image vidéo, temps du geste, temps de séchage, temps de
pourrissement) ; temps associé au sujet figuré (action, parole) ; temps de l’œuvre (pérenne, éphémère ; durée de
présentation, exposition) ; temps du spectateur (dévoilement de l’œuvre, perception, interprétation) ;
Présence du son : réel, enregistré, créé ; continu, discontinu ; source sonore (instrument, voix, bruitage,
mécanique) ; mixage (nbre de pistes, dominante) ; volume ; spatialisation du son ; strident, harmonieux,
polyphonique, grave, aigüe, rythme (rapide, régulier, contretemps, aléatoire) ; pour lui-même ou en lien avec
espace, image…
Les contrastes : sont-ils prononcés ou non, dans les formes (arrondies, pointues, ouvertes, fermées), dans les
couleurs (chaudes froides, complémentaires), dans les valeurs (foncées, claires), dans les tailles (grandes,
petites), dans les matériaux (naturels/industriels), etc.
Présentation et exposition de l’œuvre :
Œuvre in situ : L’œuvre peut avoir été conçue pour un lieu bien particulier, en fonction de lui. Elle ne peut être
exposée ailleurs (ex : un retable religieux pour une église ; le travail de J.R dans un quartier d’une ville)
Quel rapport est instauré avec le spectateur : Titre ; Inscription de l’œuvre dans son espace de présentation ;
Socle, cadre(s), éclairage ; Durée anonymat publicité évènement ; comment le spectateur est-il sollicité
(physiquement, intellectuellement, sur le plan émotionnel), perception de l’œuvre (tourner autour, entrer dans
l'œuvre, marcher dessus, mis à distance, invité dans une action, une expérience, attente)...
ANALYSE D’ŒUVRE
Passer à l’analyse, c’est discerner le degré d’importance de ces éléments, et surtout repérer ce qui se
joue dans leurs relations (liaison, contraste, évocation). C’est formuler les effets plastiques (ressentis), et
les enjeux de sens (expression/interprétation, questionnement, singularité dans un contexte). Le but est
de dégager la dimension artistique de l’œuvre.
NOTIONS SE RAPPORTANT AU SENS DE L’ŒUVRE