journées techniques cistude - IPHC

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journées techniques cistude - IPHC
LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU BAS-RHIN
AU
DE VOS VIES
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JOURNÉE
CISTUDE
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4 et
PROGRAMME
et RECUEIL DES PRÉSENTATIONS
Comité d’organisation
Jean-Yves Georges, CNRS, IPHC, Strasbourg, [email protected]
Fabrice Levresse, CG67, Strasbourg, [email protected]
Benoît Quintard, PZBM, Mulhouse, [email protected]
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
1
Comité de lecture
 Marc CHEYLAN, CNRS, Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive,
Montpellier.
[email protected]
 Jean-Yves GEORGES, CNRS, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien,
Strasbourg.
[email protected]
 Fabrice LEVRESSE, Conseil Général du Bas Rhin, Strasbourg.
[email protected]
 André MIQUET, Conservatoire d’espaces Naturels de Savoie, Le Bourget
du Lac.
[email protected]
 Benoît QUINTARD, Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse.
[email protected]
 Stéphanie THIENPONT, Coordinatrice Nationale PNA Cistude
[email protected]
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
2
Sommaire
 Programme des Journées techniques « cistudes » 2015
p4
 Présentations orales
p7
Session 1 : Suivi de populations
p8
Session 2 : Renaturation et suivi des milieux
p14
Session 3 : Elevages
p23
Session 4 : Outils de communication
p24
 Résumés des posters
p25
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
3
Programme des Journées Techniques « Cistude » 2015
 Le 4 février
-
8h00-8h45 : Accueil et inscription des participants
-
8h45-09h00 : Discours d’ouverture
1. Suivi de populations (Modérateur : A. Miquet)
-
9h00-09h20
Comportements et déplacements à fine échelle d’une cistude d’Europe Emys
orbicularis par télémétrie spatiale sur l’Espace Naturel Sensible de Tartuguière
(Hérault)
Jean-Yves Georges & Thomas Gendre
-
9h25-09h45
Etude de la dispersion chez la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) en Camargue
Sébastien Ficheux, Remi Wattier, Arnaud Béchet, Alain Crivelli, François Bretagnolle,
Aurélien Besnard & Anthony Olivier
-
09h50-10h20 : Pause café /Posters
-
10h20-10h40
Survie et comportement au cours du premier hiver post-relâcher de cistudes
d’Europe Emys orbicularis en Alsace, NE France
Jean-Yves Georges
2. Renaturation et suivi des milieux (Modérateur : S. Ficheux)
-
10h45-11h05
Mise en œuvre de travaux de renaturation sur un espace naturel sensible, le site du
Woerr
Sébastien Kern
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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-
11h10 – 11h30
Trois apports de l'écologie moléculaire à la conservation de la Cistude d'Europe: 1)
détection par ADN environnemental, 2) gestion des petites populations
fragmentées en Bourgogne et 3) quel possible devenir pour les individus captifs ?
Remi Wattier, Arnaud Béchet, François Bretagnolle, Alain Crivelli, Tony Dejean,
Bernard Devaux, Sébastien Ficheux, Uwe Fritz, Stéphane Gagno, Damien Lerat,
Mélodie Lettmann & Anthony Olivier
-
11h35 – 11h55
Estimation de la biomasse disponible en macro-invertébrés aquatiques susceptible
de nourrir les cistudes d’Europe Emys orbicularis relâchées sur le site alsacien du
Woerr (Nord Est de la France) : résultats préliminaires
Corinne Grac, Nadia Fernandez, Albin Meyer, Cybill Staenszel, Jean-Yves Georges,
Frédéric Labat
-
12h00-14h00 : Buffet dînatoire à l’Hôtel du Département
-
14h00-14h20
Tests de prédation de la moule zébrée Dreissena polymorpha par la cistude
d’Europe Emys orbicularis
Jean-Yves Georges, Corinne Grac, Benoît Quintard
-
14h25-14h45
Site d’Etude en Ecologie Globale du Woerr : Approche socio-écologique d’un
programme de relâcher de cistude d'Europe Emys orbicularis en Alsace
Jean-Yves Georges, Jean-Nicolas Beisel, Isabelle Combroux, Corinne Grac, Daniel
Hoch, Philippe Knibiely, Frédéric Labat, Fabrice Levresse, Benoît Quintard, Anne
Rozan, Pierre Schneider,
-
14h50-15h20 : Pause café / Posters
3. Elevages (Modérateur : J-Y. Georges)
-
15h20-15h40
L'élevage de cistudes à Zoodyssée : une expérience en mouvement
Pierre-Jean Albaret
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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-
15h45-16h05
Elevage conservatoire du programme « Cistude Alsace »
Benoît Quintard, Baptiste Doenlen, Philippe Knibiely, Fabrice Levresse, Jean-Yves
Georges
4. Outils de communication (Modérateur : F. Levresse)
-
16h25-16h45
Présentation du Web-documentaire
Christophe Coïc
 Le 5 février
-
09h00 - 09h30 : accueil des participants
-
9h30-10h30 : Tables rondes en parallèle
1. Gestion des espaces naturels vs problématiques espèces
2. Elevages
3. Plan National d’Actions cistude (pour les référents PNA régionaux)
-
10h30 – 11h00: Pause café
-
11h00 – 12h00: Synthèse et discussions
-
12h00-13h30 : Déjeuner à l’extérieur à la charge des participants
-
13h30-18h00 : Visite du site de réintroduction et de l’Espace Naturel Sensible du
Woerr (selon météo)
o 13h30 : départ de l’Hôtel du Département
o 18h00 : retour à l’Hôtel du Département
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Présentations Orales
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Comportements et déplacements à fine échelle d’une cistude d’Europe Emys
orbicularis par télémétrie spatiale sur l’Espace Sensible Naturel de
Tartuguière (Hérault)
Jean-Yves Georgesa,b & Thomas Gendrec
a
Université de Strasbourg, IPHC, 23 rue Becquerel, 67087 Strasbourg, France
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France [email protected]
c
Conservatoire d’espaces naturels Languedoc-Roussillon, Parc Club du Millénaire,
Bâtiment 31, 1025 avenue Henri Becquerel, 34000 Montpellier, France
[email protected]
b
L’habitat est un élément clé de l’écologie et de la dynamique des populations. Il est donc
nécessaire d’étudier l’utilisation de l’habitat pour évaluer le statut d’une espèce, en
particulier celles d’intérêt patrimonial ou conservatoire, afin d’établir des plans de gestion
raisonnés. Les classiques observations de terrain, suivis démographiques et suivis par VHF
ont été largement utilisés pour étudier la distribution des populations set l’utilisation des
habitats par les individus. Toutefois, ces approches classiques n’apportent pas d’information
à fine échelle sur le comportement, les déplacements et l’utilisation de l’habitat, en
particulier pour les espèces cryptiques exploitant des habitats multiples et contrastés.
Le domaine de Tartuguière (Lansargue, Hérault) est une zone humide de 15 ha soumise à la
double influence des eaux douces et des eaux salées, avec, au Nord, un grand marais et au
Sud de grandes digues artificielles. Ce site accueille une population naturelle de quelques
150 cistudes adultes, dont la gestion passe par une meilleure connaissance de l’utilisation
qu’elle a de son habitat.
Nous avons déployé des GPS CatTrack (http://www.mr-lee-catcam.de) sur 6 cistudes
femelles (longueur carapace CL = 159 ± 7 mm [147-170 mm], masse corporelle BM = 712 ±
61 g [656-825 g]) au printemps 2014. Les cistudes étaient capturées lors de sessions de
capture/marquage/recapture dédiées à au suivi démographique du CEN-LR. Les GPS étaient
modifiés à l’IPHC (pose d’un interrupteur magnétique et encapsulation en résine) afin de les
rendre robustes et étanches (masse finale : 22 g). Les GPS étaient programmés pour fournir
1 position par heure sur environ 24 jours. Les GPS ne fournissant des informations que
lorsqu’ils sont à ciel ouvert, le comportement d’insolation (diurnes) et de ponte (nocturne)
pouvait être déduit en plus des positions horodatées. Les données ont été analysées en lien
avec les habitats à l’aide d’un SIG. Des puces RFID actives (http://ela.fr) étaient également
utilisées pour améliorer le taux de recapture. Les sessions de recapture avaient lieu 3
semaines après les déploiements.
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Parmi les 6 cistudes équipées, seulement 1 (Marilyn) a été recapturée. Son GPS a fourni 117
positions pour 21 jours de suivi (du 3 au 24 juin 2014, soit 5,6 positions/j). Son trajet peut
être séparé en 3 phases de résidence séparées par des phases de transit. Phase 1 : du 3 au
10 juin, Marilyn est restée dans un rayon de 100 mètres de son site de relâcher.
Le 8 juin, elle sort de l’eau de 15:30 à 22:30 et passe les 3 dernières heures consécutives à 10
m de la roubine, suggérant une (tentative de) ponte. Elle reste alors immergée pendant 36
heures consécutives pour se déplacer (sans temps d’émersion, donc sous l’eau), le 10 au
soir, sur 900 mètres en 18 heures (soit ~50m/h). Phase 2 : du 12 au 20 juin, elle reste dans la
zone « nord », de dimension similaire à la première, avec plusieurs excursions diurnes dans
les champs agricoles alentours. Elle reste à nouveau immergée 48 h en continu avant de se
retrouver le 22 juin dans un plan d’eau adoucie situé (à 100 m du site de relâcher initial, soit
~20m/h), où elle est recapturée le 24 juin.
Cette étude préliminaire montre, pour la première fois à notre connaissance, que le GPS
peut apporter des informations nouvelles, à fine échelle et de manière autonome, sur les
comportements, les mouvements et l’utilisation de l’habitat chez les tortues d’eau douce.
Toutefois, les GPS devant être récupérés, un gros effort de recapture est nécessaire. Le coût
relativement bas de ces unités permet de palier à ces contraintes de terrain en déployant de
grands effectifs sur les populations naturelles.
Remerciements : Marine Couronne, Marilyne Lopes d’Andrade
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Etude de la dispersion chez la Cistude d’Europe (Emys orbicularis) en
Camargue
Sébastien Ficheuxa,b, Remi Wattierb, Arnaud Bécheta, Alain Crivellia, François Bretagnolleb,
Aurélien Besnardc & Anthony Oliviera
a
Tour du Valat, centre de recherche pour la conservation des zones humides
méditerranéennes, Le Sambuc, 13200 Arles, France. [email protected]
b
Equipe Eco-Evo, UMR 6282 Biogéosciences, Université de Bourgogne, 6 bd Gabriel,
21000 Dijon, France. [email protected]
c
Laboratoire de Biogéographie et Ecologie des Vertébrés, Ecole Pratique des Hautes Etudes,
Centre d’Ecologie Evolutive et Fonctionnelle, UMR 5175, 1919 Route de Mende, F34293
Montpellier cedex 5, France
La dispersion est caractérisée par le mouvement d’individus qui quittent leur population
natale pour s’installer et se reproduire dans une autre population. Comprendre les
mouvements d’individus entre les populations permet de mieux appréhender la dynamique
des populations et, dans une perspective de conservation, de prendre des mesures de
protection adaptées. La dispersion des animaux aux capacités de déplacement limitées,
comme la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), devient, au fil des aménagements humains,
de plus en plus risquée : écrasement lors des traversées de routes, noyade dans les filets de
pêche ou dans les siphons des structures hydrauliques. La Cistude fait donc partie des
espèces particulièrement vulnérables face à la fragmentation des zones humides. Consciente
de cette fragilité, la Tour du Valat a mis en place en 1997 un suivi individuel par capturemarquage-recapture (CMR) sur deux noyaux de population présents sur sa RNR (les Faïsses
et l’Esquineau). Ces trois dernières années, ce suivi a été complété par une étude de
génétique des populations à travers une thèse de doctorat portée conjointement par la Tour
du Valat et le laboratoire Biogéosciences de l’’université de Bourgogne.
Bien que les deux noyaux de population étudiés à la Tour du Valat soient proches
géographiquement (distants d’environ 1km) et très connectés fonctionnellement par la
présence de nombreux corridors aquatiques, les résultats montrent que les 274 femelles
adultes marquées sont d’une fidélité absolue à leur site de naissance et que seulement
quelques mâles (2,75% des 254 mâles marqués) se déplacent d’un noyau à l’autre. Les 392
juvéniles marqués sont également totalement fidèles à leur site et la dispersion des mâles ne
débute pas avant l’âge de 5 à 6 ans. Aucun autre facteur testé ne semble influencer la
dispersion (taille des individus, années de suivi, site d’étude). Les résultats de génétique des
populations confirment totalement les données obtenus par CMR. Cependant, la dispersion
est bien trop faible sur ce site pour conduire à une homogénéisation de la diversité
génétique. Par conséquent, les populations présentes sur le domaine de la Tour du Valat
sont différenciées génétiquement.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Nous émettons l’hypothèse que la disponibilité des ressources (sites de ponte et nourriture)
est suffisamment importante et que le recrutement des juvéniles est trop faible pour
générer une dispersion importante dans cette population. Il serait alors plus avantageux
pour les cistudes de la Tour du Valat de se cantonner à leur site de naissance et d’éviter les
risques associés à la dispersion. L’accroissement important et récent de l’effectif d’un des
deux noyaux de population permettra peut-être à l’avenir de suivre le processus de
reconnexion des deux populations.
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Survie et comportement au cours du premier hiver post-relâcher de cistudes
d’Europe Emys orbicularis en Alsace, NE France
Jean-Yves Georgesa,b
a
b
Université de Strasbourg, IPHC, 23 rue Becquerel, 67087 Strasbourg, France
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France [email protected]
L’évaluation du succès d’introduction ou de réintroduction d’espèces consiste à mesurer,
dans un premier temps, le taux de survie des individus relâchés. Cette évaluation est
d’autant plus importante que plusieurs études rapportent une survie particulièrement faible
chez les individus issus d’élevage. Toutefois, les protocoles d’élevage et de relâcher sont
aussi variés que nombreux, de sorte qu’une généralisation n’est pas évidente. L’étude des
déterminants de la survie, qu’ils soient environnementaux (conditions météo, état des
masses d’eau, etc.) ou individuels (état de santé, comportement, etc.) est donc une étape
primordiale pour mieux appréhender les causes des (in-)succès de telles actions de
conservation et proposer d’éventuelles améliorations.
Dans le cadre du programme de relâcher de la cistude d’Europe en Alsace (NE de la France,
porté par le Conseil Général du Bas-Rhin), un premier groupe de 15 subadultes (6-7 ans)
issus d’un élevage dédié (station de recherche de la Petite Camargue alsacienne, St Louis) a
été relâché en octobre 2013 sur le site du Woerr (Lauterbourg). Avant leur relâcher, 9 de ces
individus (longueur de carapace CL = 104 ± 6 mm [95-114 mm], masse corporelle BM = 211 ±
32 g [162-263 g]) ont été équipés d’un enregistreur de pression/température/lumière
opérant à 1Hz (type WACU, produits à l’IPHC http://www.iphc.cnrs.fr).
A partir de mars 2014, des sessions de recapture successives ont permis de récupérer les 15
cistudes (survie hivernale 100%). Au cours de ces 5 mois d’hiver, les cistudes avaient perdu
0,6 ± 1,0 g/mois (0,7 ± 1,0 g/mois pour les cistudes équipées d’enregistreur). Le
comportement de plongée des cistudes variait à mesure que l’hiver progressait, avec des
apnées plus longues mais moins nombreuses : ainsi, au cœur de l’hiver alsacien (alors que la
température de l’eau variait entre 6°C et 9°C), les cistudes ne venaient en surface pour
respirer qu’une fois par 24 heures !!! Ces apnées record avaient essentiellement lieu lorsque
la température de l’eau était en deçà de 8,5°C, ce qui suggère un seuil thermique au-delà
duquel d’autres activités apparaissent. Cette hypothèse est soutenue par le fait qu’à
certaines périodes de l’hiver, les cistudes montraient une activité marquée avec une
fréquence de respiration en surface élevée.
Ces premiers résultats montrent que les cistudes d’Europe relâchées en Alsace survivent à
des conditions hivernales relativement douces comme celles observées en hiver 2013 et
qu’elles ajustent leur comportement de manière marquée en fonction des conditions
environnementales et en particulier thermiques.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Les apnées reportées ici, pouvant dépasser 24 heures, pulvérisent le record absolu toutes
espèces à respiration aérienne confondues. Les études à venir sur les prochains hivers et sur
les autres groupes relâchés permettront de préciser les capacités de survie à long terme de
cette nouvelle population de cistudes en Alsace.
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Mise en œuvre de travaux de renaturation sur un espace naturel sensible, le
site du Woerr
Sébastien Kerna
a
Conseil Général du Bas Rhin, Strasbourg, France [email protected]
Le site du Woerr, à Lauterbourg, a été classé zone de préemption Espace Naturel Sensible
par le Conseil Général du Bas-Rhin en 2001. Ce site est à la confluence du Rhin et de la Vieille
Lauter, et accueille un patrimoine naturel remarquable.
Ce classement a permis de maitriser le foncier d’une partie du site, garantissant sa
préservation à long terme.
Des investigations naturalistes et hydrauliques du site ont mis en évidence la présence d’une
espèce d’amphibien en très mauvais état de conservation localement, un atterrissement
progressif des zones humides conjugué à une fermeture des espaces ouverts par la
végétation arbustive et arborée.
Sur la base de cet état des lieux, le Conseil Général du Bas-Rhin a entrepris des travaux de
restauration écologique. Ils visent à offrir de nouvelles zones humides favorables à
l’expression de la biodiversité rhénane, dont le pélobate brun (Pelobates fuscus) et la tortue
cistude (Emys orbicularis). Une hétérogénéité de formes, d’orientations et de profondeur a
été mise en œuvre lors de ces travaux.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Trois apports de l'écologie moléculaire à la conservation de la Cistude
d'Europe: 1) détection par ADN environnemental, 2) gestion des petites
populations fragmentées en Bourgogne et 3) quel possible devenir pour les
individus captifs ?
Remi Wattiera, Arnaud Béchetb, François Bretagnollea, Alain Crivellib, Tony Dejeanc,
Bernard Devauxd, Sébastien Ficheuxa, b, Uwe Fritze, Stéphane Gagnod, Damien Leratf,
Mélodie Lettmanna & Anthony Olivierb
a
Equipe Eco-Evo, UMR 6282 Biogéosciences, Université de Bourgogne, 6 bd Gabriel,
21000 Dijon, France [email protected]
b
Tour du Valat, centre de recherche pour la conservation des zones humides
méditerranéennes, Le Sambuc, 13200 Arles, France
c
SPYGEN Savoie Technolac - Bât. Koala, 17, rue du Lac Saint-André - BP 274,
73375 Le Bourget-du-Lac Cedex, France
d
Le Centre de Recherche et de Conservation des Chéloniens (CRCC) de la Station
d’Observation et de Protection des Tortues et de leurs Milieux (SOPTOM),
Village des Tortues BP24, 83590 Gonfaron, France
e
University of Leipzig, Museum of Zoology, Senckenberg Natural History Collections
Dresden, A. B. Meyer Building, D-01109 Dresden, Germany
f
Société d'Histoire Naturelle d'Autun, Observatoire de la Faune de Bourgogne Maison du
Parc 58230 Saint-Brisson, France
Trois applications d’outils moléculaires (ADN) à la conservation de la cistude d’Europe sont
présentées :
1. L’ADN environnemental ou ADNe permet de détecter de manière qualitative la
présence d’organismes aquatiques à travers les traces (desquamations…) qu’ils laissent dans
l’eau. La mise au point d’un tel outil pour la Cistude est actuellement achevée. Une paire
d’amorces PCR a été développée et sa spécificité pour la cistude a été testée. La possibilité
de détecter la présence de l’espèce en conditions naturelles a été vérifiée, même si la
densité de la population est faible. La cinétique de dégradation de l’ADN a été mesurée en
mésocosmes, indiquant une dégradation assez rapide comparativement à d’autres
organismes tels que poissons et batraciens. Une technique de prélèvement par filtration
d’une quantité importante d’eau a donc été adoptée. L’avenir de cette technique dans le
cadre du PNA cistude sera discuté.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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2. Les populations de Cistudes de Bourgogne sont caractérisées à la fois par une petite
taille de dénombrement (quelques fois inférieure à quelques dizaines d’individus) et un très
fort degré de fragmentation associé à une très forte rupture de connectivité fonctionnelle.
Cinq populations (150 individus) ont été analysées. Les séquences mitochondriales (cytb)
montrent la présence de deux lignées (IIa et IVa).
Si la première est attendue étant donné l’histoire phylogéographique actuellement
connue pour l’espèce, la deuxième ouvre la question d’une introduction récente ou d’une
recolonisation postglaciaire non documentée jusqu’à présent. L’application de 11 marqueurs
microsatellites montre une forte différentiation mais une perte de variabilité allélique assez
variable. L’impact sur le plan de gestion au niveau régional sera discuté.
3. Le Centre de Recherche et de Conservation des Chéloniens (CRCC-SOPTOM) de
Gonfaron, possède actuellement environ 70 tortues apportées par des particuliers. Dans un
effort visant à : soit utiliser ces individus dans des programmes de réintroductions ou soit de
les rapatrier dans leur populations d’origine, la séquence cytb de tous les individus a été
obtenue : 12 individus de types IIa, 2 individus de types I (Ia et Ig) et une grande majorité (58
individus) de type Va. Les JTC seront le cadre idéal pour discuter de l’avenir possible de ces
individus captifs et surtout de la meilleure stratégie pour y parvenir : 1. échantillonnage de
populations naturelles sources en France, mais aussi en Espagne et Italie et 2. panel commun
de microsatellite pour l’identification des populations sources et des hybrides.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Estimation de la biomasse disponible en macro-invertébrés aquatiques
susceptible de nourrir les cistudes d’Europe Emys orbicularis relâchées sur le
site alsacien du Woerr (Nord Est de la France) : résultats préliminaires
Corinne Graca, Nadia Fernandeza, Albin Meyera, Cybill Staenszela,
Jean-Yves Georgesb,c , Frédéric Labatd,
a
Laboratoire Image, Ville et Environnement, UMR 7362, CNRS-Université de StrasbourgENGEES, 3 rue de l'Argonne, 67000 Strasbourg [email protected]
b
Université de Strasbourg, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), 23 rue Becquerel,
67087 Strasbourg, France
c
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France
d
Aquabio, ZA du Grand Bois Est, 33750 Saint-Germain-du-Puch
Le Département du Bas-Rhin (CG67) est porteur du projet de réintroduction de la cistude
d’Europe (Emys orbicularis), inscrit dans sa Charte de l'Environnement de 1990, pour lequel
le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable a donné son accord en septembre
2004. Cette espèce aurait disparu de la zone du Rhin supérieur vers la fin du 19ème siècle,
notamment en raison de la destruction de son habitat. Le projet de réintroduction de la
cistude, au-delà du relâcher des animaux, a permis d’aménager et de protéger des milieux
naturels, et ainsi, de favoriser le retour de tout un cortège d’animaux et de plantes inféodés
aux zones humides.
Le site de relâcher est le site frontalier du Woerr, à Lauterbourg : d’une superficie d’environ
150 hectares situés entre le Rhin et la Vieille Lauter, il répond aux exigences variées,
aquatiques et terrestres, de la cistude et bénéficie d'un bon cadre de protections
réglementaires (Natura 2000, Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique,
Réserve Biologique Domaniale et Espace Naturel Sensible du CG67). En 2011 et 2012, des
travaux de restauration des milieux aquatiques ont été réalisés par le CG67 afin de donner
toutes les chances de réussite au projet de réintroduction et de rétablir des continuités
écologiques aquatiques. Ainsi, six nouveaux milieux lentiques ont été créés : quatre mares
et deux « étangs » dont un connecté à la gravière ; des zones de berges peu profondes ont
également été aménagées sur la gravière.
En vue d’estimer une partie des ressources alimentaires disponibles pour les cistudes
relâchées, nous avons tenté d’approcher la biomasse disponible en macro-invertébrés
aquatiques du site. Des échantillonnages en macro-invertébrés couplés aux relevés des
caractéristiques habitationnelles de chaque milieu lentique ont été réalisés en 2012 et en
2013.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Tous milieux confondus, en 2013, 140 taxons ont été identifiés, aux niveaux du genre ou de
la famille principalement, et dénombrés. Dix taxons, parmi les plus abondants ou les plus
gros, ont été pesés par lots de 50 à 100 individus, à raison de 3 répliquats par taxon. Il s’agit
des gastéropodes Planorbidae et Physa, des bivalves Dreissena (l’espèce exotique invasive D.
polymorpha : la moule zébrée), des crustacés Daphnies, Assellidae, et Mysidae, des larves
d’insectes Chironomidae et Leptocerus, Ephemeroptères principalement représentées par
les Caenidae et Anisoptères. Les poids frais unitaires trouvés sont compris entre 0.032 mg
pour les Mysidae et 113.6 mg pour les Anisoptères, avec une moyenne de 14.89 mg. La
calcination (à 550°C) des échantillons a permis d’estimer que la part de matières organiques
allait de plus de 90% chez les Arthropodes pesés à 49% chez les mollusques (Dreissena). Pour
le calcul de biomasse invertébrée par milieu, nous avons attribué aux taxons non pesés les
poids des animaux pesés aux proportions les plus proches. En tenant compte pour chaque
milieu de sa surface totale en eau, des surfaces échantillonnées et du dénombrement de
chaque taxon par habitat, ainsi que la proportion de chaque habitat présent.
En 2013, les biomasses estimées variaient en 2013 de 0.06 kg à 12 kg dans les mares dont les
surfaces vont de 82 à 1 646 m² et de 5 à 10 kg dans les étangs d’environ 1 000 m² chacun.
Globalement, ces biomasses ont augmenté par rapport à 2012 dans ces nouveaux milieux. La
biomasse de la gravière (surface 8 ha) a été estimée à 484 kg, dont 95% est constituée de
Dreissena. Les moules zébrées représentent donc le réservoir de la biomasse en macroinvertébrés aquatiques sur le Woerr. Ce résultat nous a conduits à mettre en œuvre des
tests de prédation de Dreissena par les cistudes en captivité.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Tests de prédation de la moule zébrée Dreissena polymorpha par la cistude
d’Europe Emys orbicularis
Jean-Yves Georgesa,b , Corinne Gracc, Benoît Quintardd
a
Université de Strasbourg, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), 23 rue Becquerel,
67087 Strasbourg, France [email protected]
b
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France
c
Laboratoire Image, Ville et Environnement, UMR 7362, CNRS-Université de StrasbourgENGEES, 3 rue de l'Argonne, 67000 Strasbourg, France
d
Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse, 51 rue du jardin zoologique, 68100 Mulhouse,
France
Dans le contexte actuel de la 6ème crise de la biodiversité, les programmes de réintroduction
sont considérés comme une stratégie d’avenir à long terme pour la gestion durable des
espaces et des espèces. Toutefois, les actions de réintroduction, mais également de
renforcement de populations, peuvent induire des impacts imprévisibles sur les espèces déjà
présentes dans le milieu, et de manière plus globale, sur le fonctionnement des
écosystèmes.
Dans le cadre du programme de relâcher de cistudes en Alsace (NE de la France, porté par le
Conseil Général du Bas-Rhin), nous avons réalisé des tests de prédation de cette tortue
d’eau douce de taille moyenne sur une espèce invasive, la moule zébrée, déjà présente sur
le site de relâcher. La moule zébrée est une espèce d’eau douce de petite taille (< 4 cm à
l’âge adulte), hautement invisible, originaire des Balkans et de l’Europe de l’Est. Elle est
aujourd’hui fermement installée dans toute l’Europe. On s’accorde sur le fait qu’une fois
établie dans un plan d’eau, les méthodes actuelles ne permettent pas d’éradiquer la moule
zébrée.
Les tests expérimentaux ont été réalisés au Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse en
été 2014. Ils consistaient à fournir des moules zébrées de différentes tailles à des cistudes
isolées individuellement dans un petit bassin extérieur. Les moules fraîchement prélevées du
milieu naturel étaient détachées de leur substrat initial. Les tortues étaient à jeun depuis les
2 jours précédant les expériences. Chaque expérience durait 4 jours: 5 moules fraîches
(coquille de 8 à 30 mm de longueur) étaient apportées le premier jour à 10 cistudes
(longueur de carapace CL = 123 ± 15 mm [102-148 mm], masse corporelle BM = 333 ± 128 g
[190-626 g]). Cinq tortues étaient placées au soleil et 5 autres à l’ombre. Trois expériences
ont été réalisées, mais pour des raisons logistiques, les moules du deuxième run étaient
fraîchement mortes.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Toutes les cistudes (sauf une, CL = 107 mm, BM = 196 g) ont consommé des moules
indépendamment de leurs conditions d’exposition (ensoleillé/ombragé), de leur taille et de
l’état des moules (mortes ou vivantes). La consommation (nombre de proies
consommées/nombre de proies disponibles) était liée à la taille des proies, les cistudes
consommant 50% des moules vivantes disponibles < 15 mm alors qu’elles n’ont consommé
aucune proie vivante > 25 mm. La consommation était supérieure sur proies mortes que sur
proies vivantes, les cistudes consommant ≥ 65% de proies mortes disponibles < 20 mm et >
25% des proies mortes disponibles > 25 mm. De la même manière, au cours des 4 jours de
run, les cistudes sélectionnaient en premier lieu les petites proies vivantes avant de passer
(lorsqu’elles le faisaient) aux proies vivantes plus grandes, indépendamment des conditions
d’ensoleillement. Dans nos conditions expérimentales, la taille des cistudes n’avait pas
d’effet sur leur comportement de prédation.
Cette étude préliminaire montre que la cistude d’Europe est un consommateur potentiel de
la moule zébrée. Les tortues sélectionnent les moules les plus petites, probablement du fait
que celles-ci sont plus faciles à ouvrir que les grandes moules. Cette première hypothèse est
confortée par le fait que les cistudes consomment de grandes moules mais seulement
lorsque celles-ci sont mortes. La manipulation de proie semble donc être ici un facteur
important. Des expériences utilisant des moules fixées sur un substrat sont nécessaires pour
tester cette seconde hypothèse. Enfin, des tests à grande échelle sont nécessaires pour
tester l’impact potentiel des grandes populations de cistudes sur les moules zébrées en
milieu naturel.
Remerciements: Bertille Marquet, Virginie Malvaso, Sandra Avril et Adélie Krellenstein
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Site d’Etude en Ecologie Globale du Woerr: approche multicritère d’un
programme de relâcher de cistudes d'Europe en Alsace
Jean-Yves Georgesa, b, Jean-Nicolas Beiselc, Isabelle Combrouxc, Corinne Gracc,
Daniel Hochd, Philippe Knibielye, Frédéric Labatf, Fabrice Levresseg,
Benoît Quintardh, Anne Rozani, Pierre Schneiderd
a
Université de Strasbourg, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), 67087 Strasbourg,
France [email protected]
b
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France
c
Laboratoire Image, Ville et Environnement, UMR 7362, CNRS-Université de StrasbourgENGEES, 67000 Strasbourg, France
d
Office National de la Forêt, Unité territoriale de Hatten, 67690 Hatten, France
e
Réserve Naturelle de la Petite Camargue alsacienne, 68500 St Louis, France
f
Aquabio, Bureau d’Etude, 33750 Saint-Germain-du-Puch, France
g
Conseil Général du Bas Rhin, Strasbourg, France
h
Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse, 68100 Mulhouse, France
i
Gestion Territoriale de l'eau et de l'environnement, UMR ENGEES-Irstea, 67070 Strasbourg,
France
Dans le contexte actuel de la 6ème crise d’extinction de la biodiversité et du changement
global, la mise en place de politiques environnementales opérationnelles nécessite une
compréhension globale des liens existant entre la variabilité environnementale, la
dynamique des populations et des écosystèmes et les services écosystémiques associés aux
activités humaines, qu’elles soient ou non liées aux mesures de conservation.
Dans le cadre de sa Charte de l'Environnement de 1990, le Conseil Général du Bas-Rhin
(CG67) a initié en 1995 son « programme de réintroduction de la cistude d’Europe, Emys
orbicularis, en Alsace ». Cette petite tortue d’eau douce aurait disparu du Rhin supérieur
vers la fin du 19e siècle suite à la canalisation du Rhin qui a fortement perturbé l’écologie des
zones humides originelles.
En 2014, l’Institut Ecologie et Environnement du CNRS (InEE) a labélisé le site de relâcher du
Woerr
(Lauterbourg),
en
Site
d’Etude
en
Ecologie
Globale
(http://www.cnrs.fr/inee/outils/seeg_woerr.htm). Le SEEG du Woerr propose, par une
approche globale, de réaliser une évaluation socio-économico-écologique de ces actions de
conservation. Il visera en particulier à évaluer (1) l’évolution du fonctionnement des
hydrosystèmes continentaux naturels et restaurés dans le cadre de ce programme, (2) la
valeur socio-économique de ces actions de conservation et (3) les capacités d’adaptation de
la cistude, espèce emblématique des zones humides, face aux changements
environnementaux, afin d’apporter une base scientifique d’aide à la gestion des espaces et
des espèces.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Le SEEG du Woerr propose ainsi de développer des outils originaux de suivi et d’évaluation
des socio-écosystèmes pour les mettre à la connaissance et à la disposition de la
communauté scientifique et des gestionnaires.
Remerciements: Guillaume Bazin, Florian Bresson, Nadia Fernandez, Marion Le Berre, Céline
Martel, Noémie Martin, Albin Meyer, Juliette Molmy, Antoine Perrier, Hugo Wayman.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Elevage conservatoire du programme « Cistude Alsace »
Benoît Quintarda, Valentin Amrheinb, c, Baptiste Doenlend, Philippe Knibielyd,
Fabrice Levressee, Jean-Yves Georgesf, g
a
Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse, 68100 Mulhouse, France
[email protected]
b
University of Basel, Zoological Institute, Basel, Switzerland
c
Research Station Petite Camargue Alsacienne, 68500 Saint-Louis, France
d
Réserve Naturelle de la Petite Camargue alsacienne, 68500 St Louis, France
e
Conseil Général du Bas Rhin, Strasbourg, France
f
Université de Strasbourg, Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC), 67087 Strasbourg,
France
g
CNRS, UMR7178, 67037 Strasbourg, France
Le protocole initial du « programme de réintroduction de la cistude en Alsace » du Conseil
Général du Bas Rhin (CG67), validé par le Ministère en charge de l’écologie en 2004, est
basé sur le lâcher de quelques 500 cistudes subadultes (6-7 ans) sur l’espace naturel sensible
du Woerr (Lauterbourg) restauré à cette fin.
Ces individus sont issus de deux élevages dédiés mis en place à la station de la recherche de
la Petite Camargue alsacienne (St Louis, PCA) depuis 2006 et au Parc Zoologique et
Botanique de Mulhouse (PZBM) depuis 2007. Chaque élevage abrite une population de
reproducteurs (15 ♀ : 8 ♂ en PCA et de 5 ♀ : 3 ♂ au PZBM) de souche brenouse (E.o.o. IIa)
prélevés en milieu naturel en Brenne. Les reproducteurs disposent d’un bassin extérieur et
d’une butte de ponte suivie annuellement pour assurer la collecte des œufs en vue de leur
incubation artificielle. Les cohortes produites annuellement (une centaine d’œufs en PCA,
une dizaine au PZBM) font l’objet d’un suivi individuel (marquage, croissance, état sanitaire
et vétérinaire) et d’une quarantaine sanitaire avant leur lâcher en bassins d’acclimatation sur
le site du Woerr. Les conditions d’élevage seront présentées. Depuis 2012, les deux élevages
bénéficient de protocoles standardisés (alimentation, hivernage, suivi sanitaire, etc.) qui
seront détaillés ici.
Au-delà de leur fonction conservatoire, ces élevages offrent des conditions expérimentales
idéales pour tester des hypothèses et des techniques originales vouées à être appliquées à
grande échelle en milieu naturel. Quelques exemples (marquage de nouveau-nés,
haplotypage, croissance compensatoire, sexage par cytoscopie, tests expérimentaux, etc.)
seront présentés.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Présentation du Web documentaire
Gabrielle Saureta, Cristophe Coïca
Cistude Nature ,33185 Le Haillan, France
[email protected]
Dans le cadre des déclinaisons régionales du PNA en faveur de la Cistude en Aquitaine et en
Rhône-Alpes, Cistude Nature et le CEN Savoie coproduisent un web documentaire sur la
Cistude d’Europe.
Cet objet filmique a pour but la sensibilisation du grand public à la préservation de la Cistude
d’Europe. Sa diffusion via Internet et sa construction en séquences vidéo permettent une
large diffusion d’un propos riche et informatif. Basé exclusivement sur de la vidéo, le web
documentaire s’articule autour de deux thématiques fortement corrélées l’une à l’autre : la
biologie de l’espèce, et les hommes et femmes qui l’étudient et la protègent. Ces
thématiques possèdent chacune une identité formelle propre. Les exemples de vidéos
présentées illustrent le choix immersif proposé pour la thématique biologie, et la forme
retenue pour les vidéos liées à l’étude et la préservation de l’espèce.
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Posters
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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La Cistude d’Europe, un support de biodiversité algal?
Description du peuplement d’algues épizoïques sur la Cistude en Camargue
Anthony Oliviera, Claire Koeniga, Marie Sueta, Sébastien Ficheuxa,c & Stéphanie FayolleSannab
a
Centre de recherche de la Tour du Valat, la Tour du Valat, 13200 Arles
IMBE, UMR-CNRS 7263, Ecologie des Eaux Continentales Méditerranéennes, 431, AixMarseille Université. Faculté de St-Jérôme, 13397 Marseille Cedex 20 France.
c
UMR 6282 Biogéoscience, Université de Bourgogne, 6 Boulevard Gabriel, 21000 Dijon
b
e-mail : [email protected]
Depuis quelques années, les acteurs de la conservation de la Cistude d’Europe en France
signalent des proliférations d’algues sur certaines tortues susceptibles d’engendrer des
problèmes pathologiques. Ce phénomène est également perçu en Camargue (delta du
Rhône, sud France), où la gestion hydraulique appliquée à certains plans d’eau a conduit à
des proliférations d’algues filamenteuses. La cistude, de part sa carapace dispose d’un
support idéal pour le développement de ces algues qualifiées d’épizoïques.
Nous avons récolté les algues fixées sur la carapace et le corps de 41 Cistudes d’Europe (19
mâles et 22 femelles). L’échantillonnage s’est déroulé de juin à juillet 2013 dans 4 noyaux de
population de Cistudes de Camargue. En parallèle, des échantillons d’eau ont été collectés
pour inventorier le phytoplancton présent et les principaux paramètres physico-chimiques
ont été relevés dans les mares, marais et canaux d’où provenaient les cistudes. 49 espèces
d’algues fixées sur la carapace des tortues ont été inventoriées ! Les espèces appartiennent
aux phylums des Cyanobactéries, Chlorophycées, Bacillariophycées, Xanthophycées et
Dynophycées. La richesse spécifique et leur développement varient fortement d’un individu
à l’autre. Parmi les algues, l’une des espèces (Vaucheria sp) pourrait poser un problème
sanitaire pour les cistudes du fait de leur prolifération sur tout le corps de l’animal. La
présence de cette espèce est liée aux milieux fortement eutrophisés et pourrait être
considérée comme un signal d’alarme du fait de dysfonctionnements hydrauliques en
Camargue.
Journées techniques cistude, Strasbourg, 4-5 février 2015
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Restauration de l’étang du Roy en faveur de la cistude d’Europe
Commune de Beaucaire (Gard, dép. 30)
Massouh Marlène a, Monchaux Geoffrey a
a
COGard - Centre Ornithologique du Gard (Association loi 1901)
Avenue du Champ de Foire, 30190 Saint-Chaptes
[email protected]
Objectifs de gestion
Restaurer et entretenir l’état écologique de l’étang du Roy en faveur de la Cistude d’Europe
Emys orbicularis (et du Triton crêté, Triturus cristatus).
Localisation
Nom du site : Etang du Roy
Lieu-dit : Mas des Garrigues du Grès
Surface du site : 1,8 ha
Commune : Beaucaire
Département : Gard (30)
Région : Languedoc-Roussillon
Historique du site
L’ancienne gravière du Roy a évolué en étang (bassins permanents et temporaires) suite à
son arrêt d'exploitation dans les années 1950. Des Cistudes d’Europe Emys orbicularis sont
régulièrement observées depuis les années 1980 dans le marais du Roy et les communes
limitrophes. Or, depuis les années 2000, le site est en cours de fermeture accélérée et son
état écologique se dégrade (colonisation par des ligneux, envasements de zones de clairs,
etc.). Le COGard a donc contacté le CEN-LR – coordinateur régional du Plan National d’Action
pour la Cistude d’Europe – qui a alors inclus cette action dans la déclinaison régionale du
PNA pour entreprendre des travaux de restauration en 2013 et 2014. Actuellement, un plan
de gestion 2015-2019 est cours de rédaction.
Effectifs de la population de Cistude d’Europe
En mai 2012, 8 individus ont été observés simultanément dans l’étang. De mai à juillet de la
même année, une session de capture marquage recapture (CMR) a été réalisée sur le site.
Cette CMR a permis le marquage de 4 individus : 2 mâles (adulte et immature), 2 femelles
adultes (en 53 nuits/pièges, avec des nasses souples et un verveux). La présence d’un
individu immature laisse à supposer qu’il pourrait y avoir de la reproduction sur le site. Ces
résultats ne permettent pas d’avoir une estimation fiable de la taille de la population. C’est
pourquoi, d’autres sessions de CMR sont prévues pour 2015, 2017 et 2019 et permettront
également d’évaluer l’impact de la gestion du site sur la population.
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Restauration et gestion
En 2013 et 2014, des travaux de réouverture du site ont été réalisés : coupes et
dessouchages de ligneux, curage de bassins, création d’une digue de ponte pour la Cistude,
décapage de la roselière. Pour maintenir et renforcer la population de Cistudes d’Europe, le
plan de gestion prévoit pour 2015-2019 l’entretien du site par des coupes et dessouchages
de ligneux, et par le pâturage de chevaux Camargue. De plus, des actions de restructuration
des pentes de bassins et de la digue de ponte sont prévues pour une meilleure compatibilité
avec les exigences écologiques des Cistudes.
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CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU BAS-RHIN
HÔTEL DU DÉPARTEMENT
Place du Quartier Blanc / 67964 STRASBOURG cedex 9
Tél : 03 88 76 67 67 / Fax : 03 88 76 67 97
www.bas-rhin.fr
PÔLE DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
DIRECTION DE L’AGRICULTURE,
DE L’ESPACE RURAL ET DE L’ENVIRONNEMENT
Service Agriculture, Espaces Ruraux et Naturels
Fabrice LEVRESSE
Tél. : 03 69 20 75 60
[email protected]
Direction de la Communication CD Bas-Rhin / Photo couverture : Eric Isselée - Life On White / Impression CD67.
+
O
F
IN

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