cas de la
Transcription
cas de la
JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 1 PRISE EN COMPTE DE L’INTERFACE SOL – OUVRAGE DANS LA MODELISATION NUMERIQUE: CAS DE LA PAROI MOULEE FRIH B. Nouredine1, CORFDIR Alain1, BOURGEOIS Emmanuel2 , BORGNE Hervé3 1 Centre d'Enseignement et de Recherche en Mécanique des Sols, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, 6 et 8, avenue Blaise Pascal Cité Descartes / Champs - sur - Marne 77455 - MARNE-LA-VALLEE, www.enpc.fr/cermes/, [email protected], [email protected]. 2 Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, LCPC - Paris - 58, bd Lefebvre - 75732 Paris cedex 15, [email protected]. 3 [email protected] RESUME : La technique de la paroi moulée est largement utilisée dans les milieux urbains, où les déformations liées aux interactions sol - structure doivent être soigneusement analysées, afin de s'assurer que les déplacements horizontaux et verticaux du sol ne risquent pas d'endommager les constructions existant à proximité. Cette communication vise à analyser les facteurs importants pour l'analyse de ces déformations par éléments finis. Nous avons choisi une paroi moulée cantilever soutenant une fouille réalisée en trois phases d'excavation. Le terrain est homogène et sec ; son comportement est décrit par une loi élasto-plastique de Mohr-Coulomb. On présente une comparaison entre différents procédés de modélisation de l'interface sol-paroi, et une étude paramétrique sur les paramètres du sol et de l'interface. L'analyse des résultats se focalise sur la déformée de la paroi et le tassement du sol en surface. MOTS-CLEFS : Interface, éléments finis, paroi moulée, modélisation numérique. ABSTRACT : Diaphragm walls are widely used in urban areas, where the strains induced by soil structure interactions must be analyzed carefully, in order to insure that the horizontal and vertical displacements remain compatible with the buildings existing nearby. This paper aims at analyzing the parameters that must be taken into consideration for the estimation of these displacements by finite element analysis. We chose a cantilever diaphragm wall retaining an excavation carried out in three stages. The ground is homogeneous and dry; its constitutive law is an elasto-plastic law with a Mohr-Coulomb criterion. The discussion includes a comparison between different models for the interface between the soil and the wall, and a parametric study of the soil and interface parameters. The analysis of the output is focused on the lateral wall deflection and surface settlements. KEY-WORDS : Interface, finite elements, diaphragm wall, numerical modelling. 1. Introduction Un projet de paroi moulée dans le sol pose, selon (Schneebeli, 1971), essentiellement deux problèmes fondamentaux : Un problème de résistance des matériaux, gouverné par la poussée et la butée ; Un problème de déformation de l’écran et du terrain voisin (tassement). Le premier est à peu près résolu du point de vue pratique, mais l'estimation des déformations induites dans le terrain avoisinant reste délicate. A l’heure actuelle, il reste pratiquement impossible de prévoir avec une précision raisonnable les tassements que subiront les alentours d’une grande fouille à l’abri de parois moulées. L'analyse détaillée de ce type d'ouvrage nécessite en effet de prendre en compte les différente phases de réalisation, le comportement des matériaux, les effets JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 2 tridimensionnels, etc. Différentes approches complémentaires sont possibles : l'instrumentation et la surveillance d'ouvrages réels en construction et en service; l'expérimentation sur modèles physiques (sous gravité terrestre ou en centrifugeuse); et enfin la modélisation numérique qui permet de simuler et prédire la réponse de l'ouvrage et de ses voisins, mais dont la pertinence est souvent tributaire de la méthode de calcul, du type de calcul (2D,3D), de la taille de calcul et du modèle de comportement, le choix des paramètres du modèle à partir des résultats d’essais et des sondages de disponibles étant un facteur essentiel de la qualité des résultats obtenus. Ce travail constitue une exploration des différents aspects de la modélisation numérique des parois moulées, dans laquelle une attention particulière est accordée à la zone de contact entre le sol et l'ouvrage que nous appellerons "interface". La prise en compte de l’interface intéresse un grand nombre de problèmes en génie civil. Celle-ci est le résultat du fort contraste de propriétés mécaniques entre le sol et la structure. Elle constitue également une zone de transfert de cisaillement; enfin plusieurs auteurs (par exemple Boulon, 1988) constatent une grande localisation des déformations et une forte dilatance. 2. Données de l’étude Le calcul a été mené par la méthode des éléments finis en utilisant le logiciel CESAR-LCPC. La résolution se fait en déformation plane. 2.1. Géométrie ; conditions aux limites ; maillage Figure 1. Détails du modèle (u dép. horizontal. ; v dép. vertical.) On étudie une excavation de 40 m de large et de 15 m de hauteur sur une longueur importante de telle sorte que l'on puisse admettre l'hypothèse des déformations planes (figure. 1). La symétrie par rapport à un plan vertical passant par le milieu de l'excavation permet de n'étudier qu'une moitié de l'excavation. Après une étude paramétrique (Borgne, 2001), l'étendue de la zone maillée est fixée à 60 m de large et 50 m de hauteur. La paroi moulée a une hauteur de 30 m et une largeur de 0.8 m. Du côté de la fouille, le maillage est divisé en trois zones d'une hauteur de 5 m afin de simuler les trois phases d'excavation. La modélisation ne prend en compte ni butons ni tirants. La modélisation ne prend pas en compte les effets hydrauliques. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 3 On a réalisé différents maillages pour faire varier la taille des éléments proches de l'écran (5, 10, 40 et 100 cm suivant les cas), auxquels on a attribué des caractéristiques mécaniques particulières pour tenir compte des modifications induites dans la zone d'interface par la réalisation de la paroi. Dans certaines simulations l'interface a été modélisée par des éléments d'épaisseur nulle (éléments de contact FDQ6 de CESAR-LCPC). Ces éléments comptent 6 nœuds, et fournissent une interpolation quadratique du déplacement selon la direction tangente au contact et linéaire suivant la direction normale. Les maillages utilisés comptent environ 3500 nœuds, et comportent des éléments quadrilatères à 8 nœuds pour la paroi et son voisinage, des éléments triangulaires à 6 nœuds pour le reste du massif. Le maillage est plus dense autour de la paroi car les gradients (contraintes, déformations) y seront plus importants. L'influence du maillage sur la convergence du calcul, la tolérance escomptée et la durée de résolution est difficile à évaluer à priori. 2.2. Caractéristiques des matériaux ; loi de comportement ; procédure Dans le calcul de référence, on a attribué des valeurs indicatives aux paramètres du terrain (qu'on supposera sableux) et du béton(tableau 1). Le béton est considéré comme élastique linéaire. Dans le massif l'angle de dilatance est calculé à partir de l'angle de frottement suivant la relation empirique (Bolton,1986 ; Delattre,1999): ψ = φ'− φ cr (en degrés) ; où φcr est l'angle de frottement à l'état critique, estimé pour notre cas à 30°. Nous avons fait l'hypothèse que les propriétés mécaniques sont réduites dans le voisinage de la paroi par rapport au massif : l'angle de frottement et de dilatance sont multipliés par 2/3. Tableau 1. Caractéristiques des matériaux (valeurs de référence) Sol Sol Ecran Eléments de (massif) (interface) (béton armé) Contact Poids volumique (γ) [KN/m3] 16 16 24 - Module de YOUNG (E) [MPa] 30 30 50000 30 Coefficient de Poisson (ν)[-] 0.3 0.3 0.15 - Cohésion (c) [KPa] 10 1 - 1 Angle de frottement [°] 35 23 - 23 Angle de dilatance (ψ)[°] 5 3.5 - 3.5 Résistance à la traction (R t) [MPa] - - - 0.01 Le sol, que ce soit dans le massif ou pour la bande d'interface à épaisseur finie, obéit à une loi élasto-plastique type Mohr - Coulomb. Ce critère a l'avantage de contenir peu de paramètres et ceux-ci peuvent être déterminés par des essais courants. En conséquence, il est important pour nous de disposer, dans un premier temps, d'un critère classique afin de connaître l'influence de chaque donnée de l'étude. Les phases d'excavation sont simulées, d'une part, en annulant la rigidité des couches excavées et, d'autre part, en appliquant sur la frontière de l'excavation un chargement tel que le vecteur contrainte résultant sur cette frontière soient nul. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 4 Par ailleurs, nous avons choisi de ne pas modéliser la mise en place de la paroi (excavation sous boue, coulée du béton et prise), qui constitue un processus complexe dans lequel se manifestent des effets tridimensionnels (Gourvenec et Powrie, 1999) qui sortent du cadre de cette étude. Nous avons pris en compte le poids du béton comme chargement volumique avec activation de sa rigidité totale. 2.3. Choix de la modélisation du contact Nous avons étudié trois techniques pour modéliser l’interaction sol-paroi : 2.3.1.1 Adhérence parfaite Ce cas représente l’absence d’interface : le sol possède les mêmes propriétés partout. Cette modélisation semble assez éloignée de la réalité physique car on constate bien un remaniement du sol, ne serait-ce que lors du creusement de la tranchée qui recevra le panneau. 2.3.1.2 Contact représenté par une bande d’éléments d'épaisseur finie Une bande d'éléments de faible épaisseur permet de se rapprocher des observations relevées lors des essais de cisaillement. Pour des raisons de convergence numérique, les épaisseurs traitées sont comprises entre H/600 et H/30 (où H désigne la hauteur de la paroi, égale à 30 m ). Selon les calculs, ces éléments sont associés à un comportement de type Mohr-Coulomb classique ou à un comportement défini par un "critère orienté". Ce modèle de comportement a été développé pour rendre compte de l’anisotropie des sols, en imposant une direction de déformation plastique simulant le cisaillement des discontinuités ( Frank et al., 1982). Il permet d’assurer la localisation des déformations plastiques sur l'interface entre le sol et la structure, et de modéliser ainsi un glissement relatif. Le critère orienté pour un milieu bidimensionnel comprend au total six paramètres : E, ν, c, ϕ, ψ, α ; où α est l’angle du plan de contact. 2.3.1.3 Contact représenté par des éléments d'épaisseur nulle Le logiciel CESAR-LCPC dispose d'un type d'éléments spéciaux pour modéliser le contact. Ces éléments ont une épaisseur nulle. Trois types de comportement sont proposés séparément : interface « adhérente » ; loi de comportement de type « frottement de Coulomb » ; loi de comportement de type « glissement parfait ». 2.4. Déroulement du calcul ; traitements des résultats Le choix des paramètres de convergence résulte d'un compromis entre le temps de calcul, la convergence et l’objectif de faire varier un maximum de paramètres. Le cas de référence correspond à un calcul dans lequel l'interface est modélisée par une bande d'éléments de 10 cm d'épaisseur dont le comportement est décrit par le critère orienté. Par la suite, nous avons fait varier un paramètre à chaque fois autour de ce cas de référence. Les résultats présentés ici concernent principalement le déplacement de la paroi et le tassement du sol derrière le soutènement ; mais des analyses complémentaires des résultats sont envisagées. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 5 3. Analyses des résultats 3.1. Effet du déroulement des excavations Figure 2. Suivi des déplacements au cours des phases d'excavation Dans le calcul de référence, on note l'allure singulière de la paroi à l'issue de la première phase: le déchargement vertical conduit à un soulèvement de fond de fouille, qui en raison du comportement élastique linéaire adopté, s'avère prépondérant par rapport au déchargement latéral, au point de gouverner le sens de la rotation de la paroi (qui se déplace vers le terrain et non vers l'excavation). Les courbes donnant le déplacement vertical du fond de fouille montrent que le rôle joué par les déformations d'origine élastique causées par l'excavation restent prédominant pour les autres phases d'excavation. Le soulèvement élastique se manifeste aussi derrière l'écran en s'amortissant toutefois au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la paroi. A ces déformations élastiques se superposent des déformations plastiques. Ces dernières sont principalement localisées juste à proximité de l'écran et se traduisent par un tassement relatif en fin de la troisième phase. Ici le glissement permis par la bande d'interface prend toute son importance. D'une manière générale, on constate que les deux premières phases conduisent à peu de déformations : par exemple, le déplacement en tête de la paroi n'atteint même pas 10 % du déplacement final. C'est lors de la troisième phase d'excavation qu'ont lieu les déplacements les plus importants : les contraintes augmentent et atteignent les limites de plasticité dans une zone plus étendue, d'où des déformations plastiques et des déplacements plus grands. On peut imaginer qu'une quatrième excavation conduirait à une forte augmentation des déplacements et peut-être même à la ruine de la structure, ce qui est possible au vu de la hauteur libre et de l'absence d'appuis (tirants, butons). On peut d'ailleurs constater que les déplacements calculés sont déjà importants , ce qui s'explique par l'absence d'ancrage dans la modélisation et par le fait que le calcul en déformation plane a tendance à surestimer les déplacements : voir par exemple (Gourvenec et Powrie, 1999). 3.2. Effet de la modélisation du contact La figure 3 représente le tassement en surface derrière la paroi après trois phases d'excavation et le déplacement horizontal de la paroi selon la modélisation adoptée pour l'interface. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 6 Dans le cas de l'adhérence parfaite entre le sol et la paroi, on constate que le sol ne tasse pas derrière la paroi comme dans les autres cas. Ce résultat confirme l'intérêt de mettre en œuvre une modélisation particulière pour l'interface. Figure 3. Effet de la modélisation du contact sur le champ de déplacement Le modèle avec bande d'épaisseur de 10 cm donne une allure proche des cas réels. Il en va de même lorsque l'on utilise les éléments d'épaisseur nulle FDQ6 avec frottement ; mais la déformée présente un point d'inflexion au-dessus du fond de l'excavation, ce qui paraît injustifié. Le cas du glissement parfait exagère le déplacement de la paroi, ainsi que le tassement de surface. Il fournit vraisemblablement une estimation pessimiste des déplacements induits par l'excavation. A l'issue de cette comparaison entre les différentes modélisations de l'interface, nous choisissons de retenir la modélisation consistant à introduire une bande d'éléments d'épaisseur finie présentant des caractéristiques mécaniques réduites. 3.3. Effet de la variation de l’épaisseur de la bande d’interface La figure 4 représente les résultats obtenus pour différentes valeurs de l'épaisseur de la bande d'interface allant de 5 à 40 cm, avec un comportement isotrope ou décrit par le critère orienté. Les courbes sont proches les unes des autres, sauf dans le cas d'une bande de 100 cm associée au critère orienté. Il faut rappeler que le critère orienté représente une condition sur l'état de contraintes s'exerçant sur une facette d'orientation particulière, alors que le critère de Mohr-Coulomb (isotrope) impose une condition sur le cisaillement maximal en prenant en compte toutes les orientations possibles, ce qui conduit donc à des déformations plastiques plus importantes. En pratique, cet effet ne semble pas être déterminant pour des épaisseurs de bande inférieures à 40 cm. L'allure des courbes de tassement est globalement satisfaisante, avec un tassement maximum qui se produit entre 0 et 5 m derrière la paroi. Ce résultat est comparable avec les résultats de (Ng et Lings, 1995), qui obtiennent un intervalle de 0 à 10 m avec une loi de Mohr-Coulomb. On note un soulèvement au contact de la paroi, dû à la continuité du champ de déplacement dans la méthode des éléments finis, ainsi qu'un autre soulèvement à 12 m de l'écran, qui résultent toujours de la réponse élastique du sol au déchargement dans la direction verticale. On signale enfin un tassement sur la limite droite du maillage : il s'explique par un effet de Poisson lié au déchargement latéral, combiné aux conditions aux limites puisque seul le déplacement horizontal u est bloqué sur la limite droite du maillage. On pourra augmenter l'étendue maillée derrière l'écran (beaucoup d'auteurs JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 7 recommandent une distance supérieure à 3H0 où H0 est la hauteur libre, 15 m dans notre cas) ou modifier les conditions aux limites pour bloquer les deux déplacements sur cette frontière. Figure 4. Effet de la variation de l’épaisseur de la bande d’interface Les amplitudes maximales calculées pour chaque épaisseur montrent (figure. 5) que deux tendances se dégagent : pour une épaisseur de 5 à 40 cm, le rapport du déplacement vertical maximal sur déplacement horizontal maximal ∆v max./ ∆h max est d'environ 30% ; pour l'épaisseur de 100 cm, ce rapport est égal à 15%. Ce résultat semble loin de la plage de variation de 50 à 100% proposée par (Mana, Clough, 1981). Pour les tassements, nous avons une moyenne pour ∆vmax / H0 de 0,15 %. Cette valeur entre dans l'intervalle [0,15 % ; 0,5 %] proposé par (Clough et O'Rourke,1990) : voir figure. 6, et dans celui proposé plus récemment par Long (2001) à partir de l'analyse de trois cent chantiers, égal à [0% ; 0,20 %]. 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 0 . hmax. / Ho (%) -0.2 -0.3 . vm ax. / H o (% ) -0.1 -0.4 épaisseur de bande 100 cm épaisseur de bande 40 cm épaisseur de bande 10 cm épaisseur de bande 5 cm -0.5 Figure 5. Relation entre les ∆ max. relatifs. s a b le s , a r g ile s r a id e s e t le s s o ls r é s id u e ls Figure 6. Déformations liées aux excavations d'après (Clough, O'Rourke,1990) JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 8 Enfin, on constate que les résultats sont peu sensibles à l'épaisseur de la bande d'interface sur une plage allant de 5 à 40 cm. Ces valeurs peuvent sembler surprenantes, dans la mesure où la zone d'interface où le sol est fortement remanié a une épaisseur de l'ordre de quelques diamètres de grains. Il faut rappeler que dans la modélisation, il y a adhérence et continuité des champs de déplacement entre la paroi et les éléments de la bande d'interface, et que cette bande n'a donc pas de signification physique directe : elle n'est qu'un outil de simulation numérique où la valeur minimum est imposée par la puissance des moyens de calcul. 3.4. Influence des paramètres de calcul 3.4.1.1 Effet de la rigidité de la paroi Figure 7. Effet de la rigidité de la paroi L'influence de la rigidité de la paroi est largement reconnue et a fait l'objet de nombreuses études. L'allure des courbes reste la même, mais l'amplitude du déplacement horizontal maximal diminue sensiblement lorsque la rigidité de l'écran augmente. Les principales différences se situent au-dessus du niveau du fond de fouille, donc dans la partie en poussée. Sur la partie en fiche, la gamme de rigidité testée semble avoir une influence limitée sur le comportement de l'écran. 3.4.1.2 Effet de la rigidité du massif Figure 8. Effet de la rigidité du massif Figure 9. Evolution du déplacement horizontal max. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 9 La figure. 8 montre que la diminution du module du sol entraîne à la fois un déplacement d'ensemble vers l'excavation et une variation de la courbure de la déformée. Toutefois, l'influence du module est surtout appréciable pour les faibles valeurs (figures 8 et 9) : la réduction du module de 30 à 10 MPa entraîne une augmentation de 80% du déplacement horizontal maximal. On peut se demander à partir de quelle valeur du module d'Young le comportement de la paroi change de façon sensible. Par ailleurs, il faut souligner que le choix de la valeur de E est d'autant plus délicate que la partie élastique du comportement des sols est notoirement fortement non-linéaire. 3.4.1.3 Effet de la cohésion du terrain Figure 10. Rapport de cohésion constant Figure 11. Rapport de cohésion variable La cohésion c dépend du degré de consolidation du sol et est souvent difficile à mesurer avec précision pour des terrains frottants. Nous avons procédé à deux séries de calcul pour tester l'influence de ce paramètre : Rapport cohésion sol – cohésion interface constant (égal à 10) : la figure 10 montre que l'allure de la déformée peut changer radicalement selon la valeur de la cohésion. Pour des cohésions élevées, la paroi tourne vers le massif. La détermination correcte de ce paramètre est donc cruciale. Rapport cohésion sol – cohésion interface variable : certains auteurs ( Mestat, 2002) recommandent l'utilisation d'une cohésion de contact cf = [0,2 ; 0,95] c ; la figure 11 montre que les déplacements calculés varient de 30 % lorsque le rapport c/cf varie dans cet intervalle. Pour des contrastes de cohésion plus importants en revanche, les variations de ce rapport influent peu sur les déplacements. 3.4.1.4 Effet du coefficient des terres au repos Le coefficient des terres au repos K0 est lié à l'histoire du chargement du sol. Il définit l'état de contrainte avant les travaux. Généralement il est estimé par la formule de Jaky : K0 = 1-sinϕ (dans notre étude K0 = 0,426) ; ou dans le cas d'une consolidation isotrope en fonction du coefficient de Poisson par : Ko = ν (dans notre étude K0 = 0,429). 1− ν D'après la figure 12, on constate que ce paramètre a une grande influence sur le déplacement horizontal de la paroi. Cette influence est surtout notable pour des valeurs K0 > 0.7. Il est intéressant de noter que pour des valeurs proches du coefficient de poussée limite Ka, la variation est moins importante (figure 13). JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy Figure 12. Effet du coefficient des terres au repos K0 10 Figure 13. Variation ∆ hmax. / H0 en fonction de K0 3.4.1.5 Effet de l’angle de frottement Frottement dans le massif : Ce paramètre influe largement sur la distribution des pressions sur la paroi. La figure 14 montre une grande sensibilité de l'amplitude des déplacements dans la zone excavée, mais pas dans la partie encastrée. Figure 14 Effet de l’angle de frottement dans le massif Frottement dans la bande d’interface : Comme pour l’angle de frottement dans le sol, l’angle de frottement dans la bande d’interface s’avère un paramètre très sensible (figures 15 et 16). Ceci est d’autant plus fâcheux que ce paramètre est mal connu. Même en se limitant aux valeurs les plus usuellement recommandées ϕ et 2/3 ϕ, l’écart reste très important. Il y a donc lieu d'approfondir la réflexion sur le sens physique de ce paramètre pour préciser par quel moyen on peut le déduire des données de sol disponibles, ou d'études expérimentales spécifiques. JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy Figure 15. Effet du frottement à l’interface (δ) 11 Figure 16. Variation ∆ hmax. / H0 en fonction de δ 3.4.1.6 Effet de la dilatance L'angle de dilatance est en général pris dans l'intervalle [0 ; 20°] et on considère en général qu'il est inférieur à l'angle de frottement (Mestat, 1990). On constate que le paramètre de dilatance dans le massif de sol ou à l’interface sol-paroi, n’a que peu d’influence sur le mouvement de la paroi. Cette influence va dans le sens d’une diminution des mouvements quand la dilatance augmente dans le massif de sol (figure 17) ou à l’interface (figure 18). Figure 17. Dilatance dans le massif Figure 18. Dilatance dans la bande d’interface 4. Conclusion Notre étude montre l’importance de la modélisation de l’interface : les hypothèses simplistes comme l’interface adhérente ou lisse conduisent à des résultats (tassements, mouvement en tête de paroi) très différents de celles qui prennent en compte un comportement frottant. Notre étude paramétrique de l’épaisseur de la bande d’interface, dans le cas de la modélisation par une bande JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 12 d’interface conduit à préconiser une épaisseur de cette bande aux alentours de 1/100 de la hauteur totale (entre 1/600 et 1/75). La cohésion de l’interface est une donnée à bien définir. L’effet de l’angle de frottement à l’interface est important, celui de l’angle de dilatance n’a que peu d’influence. Un programme expérimental est prévu pour approfondir le comportement d’interface sol - béton à l'aide de l'appareil de cisaillement simple annulaire (ACSA) développé au CERMES. Par ailleurs, cette étude paramétrique a permis également de connaître la sensibilité du calcul des déformations aux divers paramètres caractérisant le massif de sol et la paroi, en particulier la rigidité du massif, l’angle de frottement interne et la cohésion du massif. Enfin, nous allons prochainement étendre notre travail à l’analyse de la distorsion en surface en plus du tassement absolu, pour mieux appréhender l’évaluation des risques sur les habitations ou structures proches. 5. Bibliographie Bolton M.D. The strength and dilatancy of sands. Géotechnique. 36, No 1, 65-78,1986 Borgne H. Etude de l'interface sol-paroi moulée. Stage DEA, CERMES, UMLV-ENPC-ENSMP. 14-21, 2001 Boulon M. Contribution à la mécanique des interfaces sols-structures. Mémoire d'habilitation, Université Joseph Fourier de Grenoble. 9, 1988 Clough G.W., O'Rourke T.D. Construction induced movements of in situ walls wall. Proc. of conf. On design and performance of earth retaining structures, Cornell University, Ithaca (New York). 439-470,1990 Delattre L. Comportement des écrans de soutènement expérimentation et calculs. Thèse doctorat, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. 412, 1999 Frank R., Guenot A., Humbert P. Numerical analysis of contacts in geomechanics. Proc. 4th Int. Conf. on Num. Meth. in Geomechanics, Edmonton. 37-45, 1982 Gourvenec S.M., Powrie W. Three-dimensional finite-element analysis of diaphragm wall installation. Géotechnique. 49, No. 6, 801-823, 1999 Long M.. Database for retaining wall and ground movements due to deep excavation. Journal of Geotechnical and Geoenvironmental Engineering. Vol. 127, No. 3, 203-224, 2001 Mana A.I., Clough G.W. Prediction of movements for braced cuts in clay. Journal of Geotechnical Division. Proc. of ASCE. GT6, 759-777,1981 Mestat P. Cours de calculs tridimensionnels par éléments finis. Ecole doctorale MODES, Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. 2002 Mestat P. Valeurs indicatives des paramètres physiques et mécaniques des matériaux du génie civil. Manuel de formation, CESAR-LCPC 3.3 classeur 3. 7-21, 1990 Ng C.W.W., Lings M.L. Effects of modeling soil nonlinearity and wall installation on back-anlysis of deep excavation in stiff clay. Journal of Geotechnical Engineering. Vol. 121, No. 10, 687695,1995 Schneebeli G. Les parois moulées dans le sol. Eyrolles, éditeur Paris. 87, 1972