Bilan sur l`enseignement de l`histoire en Nouvelle

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Bilan sur l`enseignement de l`histoire en Nouvelle
Bilan sur l’enseignement de l’histoire en Nouvelle-Calédonie
1. Présentation de l’auteur :
Mme TERRIER Professeur agrégée d’histoire et de géographie a exercé de nombreuses
d’années à l’IFM puis à l’IUFM et à l’Université de la Nouvelle-Calédonie et a participé à toutes les
commissions d’adaptation des programmes.
Membre de nombre d’associations à caractère historique, patrimonial ou identitaire de
l’archipel,
Présidente fondatrice de l’Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie de
Nouvelle-Calédonie (APHGNC). Membre de la commission du patrimoine de la Province sud et du
comité de pilotage sur les signes identitaires.
Outre sa thèse soutenue en 2000 sur la colonisation Feillet (1889-1909), collaboration à la
réalisation de plusieurs ouvrages pédagogiques dont la coordination en 2005 du nouveau manuel
d’histoire pour le cycle 3 et écriture de nombreux articles historiques ou portant sur les questions
identitaires en Nouvelle-Calédonie
Au total, 32 ans de carrière d’enseignante et de « militante de la citoyenneté calédonienne ».
2. La mission essentielle de l’Ecole calédonienne :
contribuer au rééquilibrage social et géographique
favoriser l’adaptation aux réalités tant locales que régionales ou mondiales
fonder la citoyenneté calédonienne
En conséquence ne proposer :
- aux enseignants que des méthodes pédagogiques éprouvées et adaptées au milieu. Aussi, il est
urgent de procéder à une réflexion approfondie par rapport à la pédagogie de groupe et
d’individualiser les apports pour les enseignants
- et une formation continue qui apporte des connaissances
Observations :
La question de la laïcité ne paraît pas prioritaire en NC tant pour des raisons tant historiques,
que sociologiques qu’administratives actuelles.
Il y a par contre, un vrai problème lié à l’extrême dispersion de nos structures scolaires
(questions de moyens, de formation des enseignants)
3. L’acquisition de la notion de temps de la maternelle à l’histoire dans l’enseignement
secondaire
3.1. La maternelle
Ne pas trop se cantonner au domaine fictionnel.
Préparer les enfants à la réalité : proposer des activités qui favorisent l’apprentissage des
notions de temps d’espace et de vivre ensemble qui s’intègrent fortement dans l’environnement
proche.
Lancer un groupe de travail et un fichier pédagogique sur ce sujet.
3.2. Le primaire
Veiller à ce que les disciplines telles que l’histoire, la géographie et l’éducation civique soient
réellement enseignées notamment grâce aux échanges de service.
Poursuivre les publications complémentaires aux manuels de cycle 3 et notamment les fichiers
pédagogiques qui avaient été commencés. En fonction des lieux d’apprentissage proposer les 2
démarches (segmentée ou spiralaire)
De même, il faut « ressortir des cartons » les livrets du cycle 2, les réactualiser et les publier
1
Assurer une formation pédagogique continue sur ces sujets qui aident les enseignants pour la
mise en œuvre des programmes de façon besogneuse (« chronologique » et pas nécessairement
« spectaculaire »)
3.3. Le secondaire
Achever la publication des outils nécessaires à la mise en œuvre du programme adapté. Ex :
classe de 4ème
Poursuivre la dynamique de publication locale notamment grâce au support informatique :
@book.
Créer des classes « du Pacifique ou de la Nouvelle-Calédonie » où moyennant quelques heures
en plus, les élèves montent des vrais projets sur leur environnement proche avec à la clef un
déplacement vers l’espace concerné (concours…)
Favoriser la mobilité tant au sein de la NC qu’au sein de l’espace océanien
4. Le Socle Commun de Connaissances et de Compétences.
Il faut soit :
adapter la compétence 5 sur « la culture humaniste »
ou créer une compétence 8 : « l’environnement local et océanien » pour répondre à la demande
d’ « océanisation de l’enseignement » ?
Ma préférence va à cette dernière solution
5. Des outils communs au primaire et au secondaire pour réduire la fracture sociologique et
géographique
- Mettre en place des livrets d’information ou un site à but principalement pédagogique sur
toutes les communes du pays comportant les séquences « incontournables » pour bien appréhender son
environnement régional sur la base de 6 séquences pour l’histoire et 6 pour la géographie.
- Multiplier les cellules d’animation pédagogiques au sein des espaces patrimoniaux
Développer dans chaque province des sites d’hébergement associés à des écoles ou à des
établissements secondaires pour des stages d’une semaine de « découverte du milieu ». (en plus du
CCTJ, créer des centres en PN, PI pour faire communiquer nos mondes)
- Proposer à la vente une frise historique interactive associant l’histoire de la NC, de
l’Océanie, de la France et du monde
6. Remarques spécifiques à l’enseignement supérieur
- Rendre systématique l’enseignement du milieu local et régional dans toutes les filières
- Développer la « vulgarisation » à but pédagogique de la recherche scientifique auprès des
enseignants
- Rappeler aux enseignants du supérieur leur devoir d’aide et d’assistance auprès des
étudiants du pays en constituant des « modèle positifs » (Nécessité de s’adapter au contexte)
7. Remarques spécifiques concernant la formation des enseignants notamment de
l’enseignement secondaire
- Encourager les mémoires portant sur la mise en œuvre pédagogique du milieu local
- Revoir l’organisation du CAPES en concertation avec le ministère de l’éducation nationale
qui comporterait 2 volets :
- le volet national
- le volet calédonien.
Actuellement le bachotage sur les programmes nationaux conduit les étudiants à s’immerger
dans une approche très métropolitaine. Il faudrait garder la référence nationale mais dans le cursus de
formation qu’il y ait un volet local.
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8. Observations plus générales
Selon certains observateurs, il y aurait actuellement une « crise de l’histoire » en NouvelleCalédonie. Manifestations :
- Une écriture historique extrêmement morcelée (fragments de textes sur des séquences)
- L ’histoire ressentie comme « décevante » (les gens ne se reconnaissent pas les discours des
historiens, en lien avec le communautarisme actuel car chacun s’attend à ce qu’on parle de son
histoire)
- Plus de témoignages de la mémoire que de l’histoire
- Pas de vrai département-recherche à l’Université
- Un vrai problème de relève des historiens calédoniens
- Il n’y a toujours pas d’historiens kanak
- Une Association des Professeurs d’Histoire et Géographie de Nouvelle-Calédonie
(APHGNC) qui n’est tenue que par des retraités
Solution :
Des états généraux de l’histoire pour réfléchir en commun au « devoir d’histoire » ?
9. Le devoir d’histoire en NC s’inscrit autour de 3 priorités :
Claude Liauzu, président du collectif contre l’abrogation de la loi du 23 février 2005 :
1) L’humilité : « Les historiens ne sont pas détenteurs d’une vérité devant laquelle la société
devrait tomber à genoux,
2) L’indépendance : ils n’ont pas non plus à être la caution d’entreprises idéologiques et
politiques ».
3) La priorité à l’altérité : « c’est-à-dire la prise en compte des principales perceptions
communautaires de l’histoire ».
10. Idées complémentaires
Multiplications de jeux de puzzles et de quizz concernant la Nouvelle-Calédonie et l’Océanie.
Distribution de « trivial pursuit » adaptés à la NC
Maison de la science avec un parcours géographique.
Organiser chaque année un calendrier de célébrations ou de commémorations locales
s’accompagnant de publications et de manifestations.
Conclusion
Le grand défi de la NC de demain c’est la résorption de sa fracture sociale.
L’enseignement peut largement y contribuer en développant des démarches favorisant :
⋅
la connaissance et la valorisation du patrimoine du pays
⋅
la rencontre des cultures et
⋅
le respect de l’altérité
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