le marché du travail

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le marché du travail
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LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Dans une perspective libérale, le travail est un facteur de production vendu sur un
marché selon les lois de l’offre et de la demande (voir fiche 20). La fiche 2 a analysé l’évolution de l’offre de travail (la population active). Penchons-nous ici sur le
fonctionnement du marché du travail, puis sur l’évolution de la demande de travail.
STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT
q Le fonctionnement théorique du marché du travail
En adoptant l’analyse néoclassique du marché du travail, on est amené à considérer
l’offre de travail (celle de la population
L’OFFRE ET LA DEMANDE DE TRAVAIL
active) et la demande (celle du système
Salaire horaire (S)
productif : entreprises, administrations)
comme étant fonction du prix du travail.
Offre
Lorsque celui-ci s’accroît, c’est-à-dire
quand le salaire horaire augmente, les
actifs potentiels sont incités à renoncer à
l’oisiveté. Une hausse des salaires entraîne
donc un accroissement de l’offre de travail,
Se
c’est-à-dire de la population active; ce phénomène se traduit par un déplacement
vers le haut le long de la courbe d’offre de
travail (➚) et, inversement, une diminution
Demande
du salaire provoque un déplacement vers
le bas le long de la courbe ( ).
Qe
Quantité de travail (Q)
La demande de travail évolue de
manière inverse à la variation du salaire.
Ainsi, une augmentation du salaire incite les entreprises à limiter leur emploi de travailleurs,
donc provoque un déplacement vers le haut le long de la courbe de demande ( ) : les
firmes économisent le facteur travail devenu plus coûteux, en lui substituant du capital.
En cas de baisse du salaire, c’est le phénomène inverse qui se produit : les entreprises
embauchent de nouveaux travailleurs car le coût du travail devient attractif. On aboutit
à un déplacement vers le bas le long de la courbe de la demande de travail (➘).
q L’équilibre du marché du travail
Lorsque la demande et l’offre de travail sont égales, au point d’intersection des
courbes sur le graphique (Qe, Se), on dit que le marché du travail est équilibré (situation
de plein-emploi).
Lorsque les quantités demandées sont supérieures aux quantités offertes (en dessous du point d’équilibre), il y a pénurie d’actifs, comme pendant les Trente Glorieuses.
Quand les quantités demandées sont inférieures aux quantités offertes (au-dessus
du point d’équilibre), il y a chômage (sous-emploi).
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LA DEMANDE DE TRAVAIL
q Les aspects quantitatifs
La définition de la productivité (fiche 7) permet de comprendre de quelles variables
dépendent les quantités de travail demandées par les entreprises. En effet, en réalisant un
« produit en croix », on arrive à la relation suivante :
Population active occupée =
Production ou PIB
Durée du travail x Productivité horaire
La demande de travail des entreprises dépend de leur activité, en d’autres termes de la
croissance économique. Mais d’autres variables agissent également : la durée du travail
influe sur la demande de travail, car une baisse de la durée du travail entraînerait, toutes
choses égales par ailleurs, une augmentation de la demande de travail. De même, une augmentation de la productivité provoquerait, si aucune autre variable ne se modifie, une
baisse de la demande de travail. Les entreprises augmentant l’efficacité du travail,
elles n’ont plus besoin d’employer autant
Travail et emploi
de travailleurs. Dans la réalité, les choses
sont plus complexes, car ces variables
Considérer le travail comme une maragissent en même temps. Ainsi, la France
chandise s’échangeant sur un marché
suppose que le produit vendu soit homoa connu pendant les Trente Glorieuses une
gène. Pour le travail, cette condition
croissance économique très forte (autour
n’est pas respectée : l’heure de travail
de 5 % de croissance par an des richesses
d’un ingénieur n’est pas équivalente à
créées) accompagnée de gains de produccelle d’un manœuvre. Il faudrait donc
tivité élevés, mais moins importants : la
plutôt évoquer plusieurs marchés du
travail, chacun confrontant une offre et
demande de travail des entreprises a augune demande d’un travail particulier, et
menté durant cette période, aboutissant à
faire une analyse non plus en termes de
des créations massives d’emplois.
q Les aspects qualitatifs
travail, mais d’emploi. Celui-ci est défini
comme l’utilisation du temps de travail
dans un cadre précis : statut professionnel (indépendant ou salarié), niveau
de qualification, responsabilités…
La demande de travail des entreprises
se modifie également qualitativement,
c’est-à-dire dans sa composition. Pour
revenir à l’exemple précédent, pendant
les Trente Glorieuses, la croissance extensive organisée dans un cadre taylorien (voir
fiche 12) nécessitait une main-d’œuvre industrielle spécialisée, formée hâtivement,
capable de reproduire toujours les mêmes gestes, avec des cadences accélérées.
L’évolution des techniques de production impose désormais le recours à des travailleurs plus qualifiés, capables d’autonomie et de prise en charge des incidents
mineurs. Mais l’évolution technique n’agit pas que directement. Les mutations sectorielles (voir fiche 16) transforment également les exigences du système productif : la tertiairisation entraîne ainsi une demande accrue de personnel administratif, commercial,
de recherche… et un tassement des emplois industriels d’exécution.
Plus récemment, le développement des loisirs et des services aux ménages a créé
des postes d’employés non qualifiés.
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