Fanny Durand
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Fanny Durand
MEMENTO MORI du 20 septembre au 20 décembre 2014 Centre d’art contemporain intercommunal, Istres Fanny Durand Fanny Durand, jeune artiste diplômée des beaux-arts de Dijon est l’invitée d’Harald Fernagu, pour Memento Mori. En réplique à cette proposition, elle réalise une installation, Kabuto, qui s’articule avec la version monumentale et maritime des jouets qui traînent. Le dialogue s’opère, entre la scène ouverte qui voit se déployer une armada de destroyers, une série imposante de cuirassés, conçus par Harald Fernagu, et les bataillons toute en légèreté de Fanny Durand. L’organisation en diagramme de bataille d’une cohorte d’insectes, souligne à la fois l’art de la guerre dédié à la stratégie et la manœuvre devenue esthétique. Fanny Durand décline une série d’un art miniature ultra graphique qui n’est pas sans rappeler les fines ciselures des objets d’art fait d’ivoire ou de bronze, dont le fameux bouton de mandarin aux ivoires naturalistes. Parmi les influences liées à la culture des civilisations d’Asie sous tendue dans sa création, la ronde de ses insectes renvoie à la chorégraphie des anciens guerriers japonais filmée somptueusement dans le chef d’œuvre Kagemusha de Kurosawa. Portrait, boucle vidéo 20’, 2010. L’ Kabuto, dessins préparatoires, 2014 Bataillon Orchis militaris, installation, 2013, Maison de Bourgogne, Mainz, Allemagne. KABUTO Kabuto, présentée pour l’exposition Memento Mori, est une installation qui se déploie au mur. Elle fait référence à la fois aux batailles rangées et à l’imagerie des Kamons japonais. Blason nippons, permettant l’identification d’un clan. Des bataillons d’insectes sont en position au mur, leur tactique est motif. Kabuto désigne en japonais le casque de l’armure des samouraïs. Hommage aux scènes de guerre du film Kagemusha, l’ombre du guerrier d’Akira Kurosawa. Mais aussi au rite initiatique de la fête du Kabuto, pendant lequel il était remis aux jeunes garçons la panoplie du Samouraï, casque et cuirasse. Parade, Performance, 2012, Cour d’honneur, Dijon. Crédit Photo Fanny Durand – http://durandfanny.tumblr.com/ •Crédit Photo du verso : jeanchristophe Lett esthétique guerrière est l’objet central de mon travail. Je m’attache à dégager toute la futilité de son artifice en fabricant des objets qui sont les accessoires d’une armée fictive. Faire la guerre, c’est séduire l’adversaire, l’impressionner par un excès d’apparats, de parures et d’ornements ostentatoires. Drapeaux, paillettes et fanfares. Une dépense somptuaire sans limites. La guerre est un carnaval, démonstration d’héroïsme et de puissance, loin de sa finalité. Combat ridicule de coqs multicolores, les plus belles plumes vaincront. Et les grandes parades, défilés et autres cérémonies militaires me fascinent par leurs esthétiques décoratives excessives, au service de l’ordre et de la masse. Festival de franges, plumes, dorures, fanfreluches, plumeaux et froufrous. Fantaisie du pouvoir. Fantaisie militaire. Le défilé c’est une exhibition de corps en uniformes, des uniformes qui font corps. Une déambulation de costauds en tenues coquettes, tirés à quatre épingles, brodés de sensualité militaire. Les uniformes, bouts de chiffons dorés et épaulettes écarlates, sont le décor de la discipline et du pouvoir. Les identités disparaissent pour mieux construire et fédérer le groupe. Ils deviennent alors des pions identiques, comme le motif d’un papier peint, répété à l’infini. Des individus cachés sous l’uniforme. Le costume militaire est une parure, à la fois prestigieux et fantasmatique, mise en scène de l’homme dans le groupe et fabrication d’une certaine image de corps d’hommes. Masculinité, force et bravoure. L’armée est une école de la virilité. Les corps virils paradent, décorés d’objets empreints de féminité : médailles militaires, rubans, bijoux précieux de la nation. Les soldats parés de leurs uniformes, frivoles, sont objet de désir, de contemplation érotique. Fantasme de l’uniforme. Le sex-appeal du soldat qui fait fondre les midinettes au bal des pompiers. Guerrier se pavanant dans son costume, comme un paon faisant la roue, parade ou conquête amoureuse. Mon travail interroge cette esthétique érotique du soldat, du militaire, guerrier contemporain. L’excitation du décor et les défilés militaires célèbrent alors une mythologie fantasmatique du soldat. J’établis un biaisement entre rigueur institutionnelle virile et futilité décorative. Faille militaire sensuelle et mascarade du genre.