Les dynamiques de la population américaine
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Les dynamiques de la population américaine
Module GEOGRAPHIE Nombre de pages : 7 Leçon 6 : LES DYNAMIQUES DE LA POPULATION AMERICAINE Introduction Avec 278 millions d’habitants, les Etats-Unis représentent la troisième puissance démographique mondiale, soit 4,5% de la population du globe. C’est une société multiethnique dans laquelle les WASP représente 74% de la population et n’en représenteront plus que 53% en 2050. Quelles sont les dynamiques spatiales du peuplement ? Le nombre est-il un facteur de puissance ? Le multiculturalisme est-il un atout ou un handicap pour le pays ? I – Les dynamiques spatiales : un peuplement inégal A. Un déséquilibre Est / Ouest La densité humaine moyenne est faible, de l’ordre de 28 h/km2. Le peuplement n’en est pas pour autant homogène : • A l’Est du Mississippi et du 100° méridien, les densités sont supérieures à 60 h/km2. Les 2/3 de la population américaine se concentrent dans cet espace. • A l’Ouest, les densités sont inférieures à 10h/km2, à l’exception du littoral pacifique et le long de la frontière mexicaine. Dans cette répartition, deux foyers de peuplement majeurs apparaissent : • Le Nord-Est, autour des Grands Lacs et surtout le long de la côte atlantique dans la mégalopole allant de Boston à Washington, Surnommée Boswash, qui concentre 50 millions d’habitants. • La Californie, qui est l’Etat le plus peuplé avec 31 millions d’habitants, surtout concentrés dans les métropoles de la façade pacifique entre San Francisco et la frontière mexicaine, où une seconde mégalopolis est en formation.. Il ressort de cette inégale répartition du peuplement, que 72% de la population se concentrent sur les zones côtières notamment et le long des frontières. On peut donc parler d’un peuplement périphérique. A cette Amérique du « plein » on peut opposer « les Etats-Unis du vide ». Véritable désert humain, dans lequel le peuplement se fait en « oasis », une « diagonale intérieure » prend en écharpe les vastes espaces intérieurs depuis le Nord des Rocheuses, traversant les Grandes Plaines jusque dans le Sud Est correspondant au « vieux Sud ». Cette répartition est liée à l’histoire d’une population de colonisateurs et de pionniers restée encore aujourd’hui très mobile. B. La population la plus mobile du monde Chaque année, 55 millions d’Américains déménagent. Cette mobilité est considérée comme un des symboles du dynamisme du pays et de la flexibilité du marché du Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 1/7 travail. Elle est également considérée comme un héritage des pionniers et notamment de la conquête du Far Ouest. L’immensité du territoire et sa maîtrise aurait forgé la mentalité des Américains. A cette explication d’ordre psychologique, des causes géographiques et économiques contemporaines permettent de comprendre les flux majeurs des migrations internes des Etats-Unis. Si le Nord Est reste le foyer de peuplement majeur, il est apparu, entre la fin des années soixante-dix et le milieu des années quatre-vingt-dix, comme un espace répulsif. C’est la période pendant laquelle la manufacturing belt entre en crise de reconversion et entreprend une restructuration et une délocalisation de ses activités industrielles traditionnelles pour développer notamment des industries de pointe. Dans le même temps, comme cette restructuration ne compensait pas la perte d’emplois engendrée par la fermeture de nombreuses unités de production, le Nord Est perdait de son poids démographique. Par exemple, la capitale de l’automobile, Détroit, passait entre 1970 et 1990 de 1,5 millions d’habitants à 1 million. S’attache donc à cet espace une image négative au profit de nouvelles régions dynamiques comme la Sun Belt. La Sun Belt est dans son ensemble la région attractive par excellence aux Etats-Unis. Les flux migratoires qui renforcent aussi bien son potentiel démographique que sa puissance économique n’en sont pas moins de natures différentes et contribuent à une réelle diversité régionale. • La frontière mexicaine est le lieu privilégié de la délocalisation d’unités de production en raison d’une fiscalité moins lourde qu ‘ailleurs, de la qualité des services disponibles et d’une main d’œuvre moins syndicalisée, nombreuse et donc moins coûteuse, employée notamment dans des maquiladoras. Les Etats comme le Texas, l’Arizona, Le Nouveau Mexique…constituent ainsi un « tiers monde intérieur » encore appelé la Mexamérique en raison de la composition de sa population à dominante latino-américain. • L’héliotropisme et le développement d’activités « high tech » au sein de puissantes technopôles sur la façade pacifique attirent scientifiques, cadres et main d’œuvre hautement qualifiée notamment en Californie. Parallèlement, la saturation de ces espaces littoraux, la pollution dans les grandes métropoles comme Los Angeles ou San Francisco, expliquent un repport de population dans les Etats de l’ouest intérieur. Par exemple, le Nevada, entre 1980 et 1994 a connu une augmentation de 80% de sa population. • Dans le Sud Est, tandis que les conditions climatiques, le coût de la vie inférieur au Nord Est attirent les retraités en Floride, l’évolution récente des mentalités marquée par un recul relatif de la ségrégation dans les Etats du Sud entraîne une « reverse migration » des Noirs vers le Sud. Ces migrations internes redessinent donc peu à peu la carte de la répartition de la population aux Etats-Unis, faisant glisser le centre de gravité démographique du pays du NE vers le SW, tandis que l’immigration contribue à renforcer leur poids démographique. C. Le premier pays d’immigration du monde : le « rêve américain » Entre 1850 et 1994, 66 millions d’immigrants sont entrés aux Etats-Unis, soit les 2/3 des immigrants du monde entier. Durant tout le XIXème siècle, le gouvernement américain favorise l’immigration dans le souci d’occuper et de mettre en valeur un territoire immense, et ce d’autant plus que les immigrants sont majoritairement européens (jusqu’en 1965) et donc supposés pouvoir s’intégrer sans difficultés particulières. C’est l’époque du melting pot et des pionniers. De 1950 à 1995, les Etats-Unis ont bénéficié d’un afflux migratoire net exceptionnel de près de 23 millions de personnes ; aucun autre pays n’a autant attiré, ils ont accueilli Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 2/7 pratiquement un migrant permanent sur deux. Cette vague migratoire n’a cessé de s’accélérer pendant les années 1980-1990, les entrées légalement autorisées s’ajoutant à la régularisation massive depuis 1986 de millions d’immigrants clandestins. Dans le même temps, les flux d’immigrations changent d’origine géographique, la plupart de ces immigrants arrivent désormais du Tiers Monde. Les Latino-américains et les Asiatiques représentent 86% des immigrants. Avec la récession économique, le temps des pionniers est définitivement clos laissant place à l’appréhension de l’étranger. Désormais le « rêve américain » d’une vie matérielle aisée et de la libre entreprise ne se partage plus. Si les lois sur les quotas existent depuis 1907, elles se font plus restrictives même si dans les années 1990 le plafond d’immigrés par an est de 830000 ! Conséquence de ces mesures, on estime que les immigrés clandestins, dans les années 1990-2000, sont entre 3 et 6 millions. On comprend donc qu’entre son histoire et les flux d’immigration, la société américaine soit par excellence une société pluriethnique. II – Une société pluriethnique A. Une démographie dynamisée par les minorités ethniques Avec une fécondité pour 1995-2000 de 2,0 (soit pratiquement le seuil de renouvellement des générations qui est de 2,1), un taux de natalité de 14,6/°° et un taux de mortalité de 8,6/°°, les Etats-Unis conservent une vitalité démographique supérieure à celle du reste des pays de la Triade, même si, globalement, la population est en voie de vieillissement. Avec un IDH de 0,929 en 2000 (le troisième au monde derrière la Canada et la Norvège), on comprend que le poids démographique du pays et son dynamisme représentent un énorme marché de consommation, facteur de puissance économique et financière. C’est la vitalité démographique des minorités ethniques qui permet de maintenir ce dynamisme : si le comportement des WASP est conforme à celui des populations européennes, la natalité reste élevée dans la minorité noire et chez les Hispaniques, aux environs de 21/°° en 1994. De plus, en fonction de la répartition de ces minorités dans le territoire américain, la vitalité démographique est également variable selon les régions. Résultat du croît naturel élevé et du solde migratoire positif, l’augmentation de population la plus importante ces dix dernières années concerne la Sun Belt avec une augmentation de 22% de la population de l’Ouest et de 13% de celle du Sud. B. Immigration et compétitivité économique L’immigration constitue un apport déterminant pour la compétitivité de certaines branches de l’économie américaine : pour les activités temporaires à faible qualification comme la récolte des fruits, la confection…Les avantages de cette main d’œuvre sont multiples : économie de l’investissement en formation pour la plus qualifiée ( brain drain), effet déflationniste des bas salaires dans un contexte social qui ne va pas sans rappeler celui évoqué dans les années 1930 par Steinbeck dans son roman « Les raisins de la colère », survie d’entreprises à faible compétitivité. Il faut insister sur les mesures prises en faveur des personnes qualifiées professionnellement, qui représentent près du 1/3 des immigrants. Ce contingent est une manne pour les entreprises américaines, notamment dans le secteur des hautes technologies. On estime que le tiers des ingénieurs qui travaillent actuellement dans la Silicon Valley, dans la région de San Francisco, seraient d’origine asiatique, la plupart Indiens et Taïwanais. Nombre de ces migrants sont en fait déjà installés depuis Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 3/7 quelques temps aux Etats-Unis, et beaucoup d’entre eux sont passés par les universités américaines qui accueillent 450 000 étudiants étrangers. Les Etats-Unis, qui avaient assis leur fortune industrielle sur les arrivées massives d’immigrants européens, continuent donc de bénéficier d’un apport toujours renouvelé de migrants qui constituent une source de main d’œuvre fortement motivée et souvent déjà bien formée. Ces nouveaux venus acceptent de travailler durement pour accéder au rêve américain. C. Diversité ethnique et diversité sociale : melting pot ou salad bowl, les limites du rêve américain Les années 1990 ont été marquées par l’accentuation des disparités sociales et ethniques. On distingue ainsi, d’un côté les WASP qui cumulent tous les indicateurs de la prospérité et de l’enrichissement, et de l’autre les minorités ethniques qui accusent tous les retards. Ainsi, si la société américaine comptait en 1995 plus de 39 millions de pauvres, soit 14% de la population totale, les minorités ethniques sont les plus touchées par ce phénomène : en 1993, la pauvreté concernait environ 30% des Latinoaméricains, 33% des Noirs contre 12% des WASP. 30% des Noirs vivent donc dans des conditions précaires à l’intérieur de ghettos dans les centres urbains comme à East Saint Louis, quartier noir de New York où 50% de la population est au chômage et 75% reçoivent des aides gouvernementales. Ces inégalités sociales ne font que renforcer les tensions entre les groupes ethniques : batailles entre gangs vietnamiens et mexicains à Los Angeles, résurgence du Ku Klux Klan dans l’Est…Le melting pot est donc désormais inopérant, l’homogénéisation des individus comme des groupes culturels au sein d’une intégration à l’américaine n’est plus qu’un mythe. Le concept du salad bowl, pour optimiste qu’il soit, est plus proche d’une réalité qui juxtapose des groupes ethniques dans une société « mosaïque ». Le défi pour la puissance américaine est de trouver la capacité d ‘élaborer un mode d’intégration social et culturel : en 2010, les Hispaniques représenteront 21% de la population et assureront, à eux seuls, près du 1/3 de la croissance démographique, les Noirs représenteront 16% de la population totale et les Asiatiques 11%…L’ aménagement des métropoles, espace de contact par excellence entre les différentes populations, devient donc un enjeu majeur. III – Métropolisation, mondialisation et puissance La ville est le cadre de vie de 4 américains sur 5. Elle est le symbole de la puissance américaine, le cadre des activités créant la richesse. Elle est aussi le creuset des faiblesses de la société américaine, le lieu où s'exprime la crise de cette société : pauvreté, drogue, ghettos, insécurité et violence. A. La métropolisation de la population Les dernières décennies et singulièrement la dernière, ont été marquées par une formidable accélération du phénomène de métropolisation de l’espace nord-américain : en 15 ans, de 1982 à 1997, la superficie bâtie a augmenté de 40% aux Etats-Unis, un rythme deux fois et demi plus rapide que celui de la population. 41 agglomérations millionnaires concentrent près de la moitié de la population américaine. Un Américain sur deux vit ainsi dans une aire métropolitaine de plus de 1 million d’habitants. L’organisation de l’espace américain peut être assimilée à un archipel métropolitain, structuré par une vingtaine de méga agglomérations dont 3 Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 4/7 ou 4 sont considérées comme des « villes-monde » : New York avec 24,7 millions d’habitants, Los Angeles avec 15,8 millions d’habitants, Chicago et Washington-Baltimore. Cette évolution ne se traduit cependant plus dans la structure de la ville par la dilution anarchique de l’habitat à la périphérie des vieux noyaux urbains. Notamment dans les nouvelles métropoles du sud, avec Miami, de l’ouest avec Dallas ou Los Angeles, un nouveau modèle de croissance non centré, fragmenté, incomplet se développe, les edge cities. Des corridors autoroutiers, des boulevards, des « strips » commerciaux relient les noyaux urbains dispersés, de plus en plus autonomes par rapport aux vieux quartiers centraux. Los Angeles, dit-on, « c’est cent quartiers à la recherche d’un centre » qui s’étend sur 13 000 Km2…A Washington, le développement récent du corridor autoroutier reliant la capitale à son aéroport international Dulles Airport s’accompagne d’un long couloir d’urbanisation scandé par de nouveaux noyaux urbains. C’est ainsi qu’entre Arlington, aux portes du district fédéral, et l’aéroport, le compté de Fairfax a vu croître sa population de 454 000 habitants en 1970 à près de un million en 1999. Ce sont de ces villes et par ces villes que s’est organisée la poussée territoriale, cette conquête du continent qui apparaît comme le grand projet fondateur des Etats-Unis. Ce sont ces villes qui assurent aujourd’hui l’articulation des Etats-Unis avec le reste du monde. Ainsi, 2/3 des immigrés choisissent de s’installer dans une des 10 premières métropoles américaines qui regroupent déjà 30% de la population du pays. Entre 1990 et 1997, New York et Los Angeles ont accueilli chacune un million d’immigrants, San Francisco 350 000, Chicago 250 000. Ce sont d’ailleurs ces mêmes métropoles qui alimentent l’essentiel des flux migratoires internes et sont donc au cœur du brassage démographique qui fait largement la puissance des villes. B. Des métropoles lieux de la puissance Les grandes agglomérations sont des places décisionnelles de premier ordre qui concentrent les bourses de matières premières, de valeur, les centres de recherchedéveloppement. Ainsi, Wall Street représente 58% de la capitalisation boursière mondiale, Chicago est la capitale incontestée de l’agro-business. En 1995, New York comptait 1578 laboratoires de recherche, Boston 996, Los Angeles 749. Les grandes métropoles américaines continuent d’abriter les sièges sociaux de 160 des 500 plus grandes entreprises mondiales, la plupart multinationales. Le brain drain opéré par ces métropoles n’est pas que technologique, il est aussi culturel : le cosmopolitisme de villes comme New York, Los Angeles mais aussi Chicago, Miami, San Francisco, joue ici à plein. Elles attirent les migrants du monde entier, avec leurs talents, et leur génie national. A Los Angeles, notamment à Hollywood, plus de 420 000 personnes y sont employées dans les industries culturelles, dont presque le tiers dans la production cinématographique. La puissance des villes s’exprime volontiers dans les paysages spectaculaires des quartiers d’affaires de quelques centre-villes américains abritant les sièges sociaux des plus puissantes firmes de la planète. Cependant, les paysages urbanistiques des CBD américains changent rapidement. On continue d’y démolir et de reconstruire des immeubles marqués par l’audace architecturale, les grands immeubles de bureaux s’ouvrent de plus en plus sur l’extérieur avec leurs immenses atriums qui deviennent autant d’espaces publics associant commerce de luxe, restaurants, salles de spectacle…On assiste au renforcement de la réabilitation des vieux quartiers : on redécouvre les anciens dépôts ferroviaires, les vieilles usines, les entrepôts des quartiers portuaires. On promeut et on élève au niveau du mythe certains quartiers, voire quelques lieux mondialement connus, Manhattan, Hollywood, le Loop de Chicago. Une filiale de Disney, spécialisée dans la réhabilitation urbaine sur le modèle de ses fameux parcs, s’est ainsi vue confier la tâche de « relooker » le quartier de Times Square en plein cœur de Manhattan. Dans le même temps qu’un nouveau paysage urbain s’installe, la localisation des pouvoirs de commandement, Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 5/7 des sièges sociaux se modifie.au profit des périphéries des métropoles. Pour reprendre l’exemple du comté de Fairfax entre Arlington et l’aéropôrt international de Washington, ce sont 2000 entreprises relevant des hautes technologies ( AOL, Oracle…), dont 150 représentations de firmes étrangères ( Airbus Industries of North America, Alcatel…)qui se sont installées et font de Fairfax un des « hubs » informatiques du pays. Le comté de Fairfax s’inscrit désormais dans la courte liste des lieux emblèmatiques de la nouvelle économie. Il en présente toutes les caractéristiques, y compris sociales, avec sa population à dominante blanche à près de 67%, suivis des Asiatiques (13%). Les Afro-américains (2/3 de la population du district fédéral) ne représentent que 8% des résidents, moins que les Hispaniques (10%). Les villes sont donc bien le lieu de la puissance mais aussi de la ségrégation spatiale. C. Les villes américaines : cosmopolitisme et inégalités spatiales On constate, d'une part, que 25 régions métropolitaines sont déjà parvenues au profil national de l'an 2030 (au moins 25 % de la population est latino-américaine ou asiatique et moins de 60 % de la population anglo-saxonne). Parmi ces régions figurent les grandes métropoles telles que Los Angeles, San Diego et San Francisco (Californie), Miami (Floride) et Houston (Texas), ainsi que de nombreuses agglomérations métropolitaines plus petites en Californie, au Nouveau-Mexique et le long de la frontière qui sépare le Texas du Mexique. Deux villes sont révélatrices de cette évolution : Los Angeles et New York. A Los Angeles, la répartition de la population par éthnies est la suivante : • • • • 40 % d'hispaniques (LA : une grande ville mexicaine !) 14 % de noirs 10 % d'asiatiques diminution relative des WASPS (les "anglos") Chaque groupe culturel occupe des quartiers nettement distincts composant un véritable kaléidoscope de peuples et de langues : • • • • • l'est est presque exclusivement "latino" le centre-sud noir ( Watts) les Asiatiques se localisent juste au nord du centre-ville ( "Little Korea") la frange côtière et le secteur nord sont blancs + "Little Armenia", "Little Teheran" .... Autants de quartiers à dominante culturelle particulière. New York est une des villes les plus cosmopolites du monde, où l'on recense quelques 164 nationalités...Là encore, la composition de la population est révélatrice de profonds cnangements : • • • • • • population blanche non-hispanique minoritaire : 43.2 % du total noirs non-hispaniques :25.2 % forte présence asiatique : 7 %, surtout dans certains quartiers du Queens 1 500 000 antillais en particulier à Brooklyn les hispaniques représentent au total 24 % ( antillais, portoricains... ) "Little Odessa" au sud de Brooklyn : russes et ukrainiens, juifs ou orthodoxes Certaines métropoles américaines apparaissent donc comme de gigantesques mosaïques où se cotoient les groupes culturels sans se fondre pour autant, même si les statistiques semblent montrer une croissance des mariages interéthniques. A cette ségrégation spatiale correspond bien une ségrégation Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 6/7 sociale. La pauvreté se localise notamment dans les grandes villes et touche principalement les minorités éthniques. la communauté noire compte 38 % de pauvres et la communauté hispanique ( clandestins exclus ) 28.7 % alors qu'il n'y a que 12 % de pauvres parmi les blancs non-hispaniques. Si on prend l’exemple de la population afro-américaine, elle se concentre dans les ghettos noirs, quartiers délabrés et surpeuplés, et de plus en plus dans le centre des villes abandonné par les blancs : 30 % des noirs vivent dans des quartiers regroupant plus de 90 % de noirs (et même 50 % dans le nord-est, dans les 3 états de Pennsylvanie, Illinois et Michigan) . • mortalité infantile 2 fois supérieure aux blancs (17.6 chez les noirs américains, 26 % à Washington...) • Les conditions socio-économiques sont inquiétantes : • • • • sous-scolarisation et sous-qualification notoires chômage 3 fois > aux blancs salaires toujours inférieurs aux blancs à qualification égale désagrégation de la vie familiale (1 noire sur 3 vit sans son mari contre 1 blanche sur 6) : plus grande fréquence des familles monoparentales et des femmes chefs de famille ravages du SIDA : une plus forte proportion de population touchée violence omniprésente : prostitution, drogue, insécurité, délinquance et criminalité (⇒ il y a plus de jeunes gens noirs de 20 à 25 ans en prison qu'à l'université...) • • En fait chevauchement de la ségrégation raciale et de la ségrégation sociale : c'est parmi les minorités que se recrutent essentiellement les pauvres : c'est là une situation difficile et même explosive. Conclusion Les Etats-Unis sont une grande puissance démographique. Ils tendent vers une société pluri-culturelle juxtaposant, à côté des WASP majoritaires, d’importantes minorités. Si ses comportements d’ensemble sont conformes à ceux des autres pays industriels, la population américaine présente cependant certains caractères originaux comme l’importance des phénomènes migratoires, l’aptitude à la mobilité et le fait d’être la plus tertiarisée du monde. Cette population, avec la métropolisation, se concentre de plus en plus dans de grandes métropoles. Les Etats-Unis comptent quelques unes des plus puissantes métropoles du monde, ces lieux centraux d’où est impulsée l’économie mondiale, là où se prennent les décisions politiques, financières, là où se font les modes et la culture en général. Cependant, ces villes qui sont l’image même de l’abondance et du rêve américain, sont également les expressions de la persistance de « l’Autre Amérique », marquée par une grande précarité, les violences urbaines et l’existence de 39 millions de pauvres. Module de Géographie Leçon 6 : Les dynamiques De la population américaine 7/7