Tous au Cinéma. 1 février 2016 Mr Smith au Sénat.
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Tous au Cinéma. 1 février 2016 Mr Smith au Sénat.
Tous au Cinéma. 1er février 2016 Mr Smith au Sénat. « Le Serment de Jefferson ». Analyse de séquence. L’une des scènes cruciales de Mr Smith au Sénat est celle où le jeune sénateur naïf et idéaliste, interprété par James Stewart, fait ses premiers pas au Sénat. 1. Quel est le sentiment qui se dégage du comportement du personnage ? Comment interprétez-vous le fait que sa secrétaire le devance ? Le cinéaste Franck Capra joue d’abord sur l’ahurissement de son personnage, impressionné comme s’il se rendait à son premier jour d’école. Jefferson Smith, gauche et timide, se retrouve catapulté dans une ruche effervescente et indifférente et pris dans les filets d’un protocole qu’il ne maîtrise pas. C’est d’abord la secrétaire qui le devance, montrant ainsi que le pouvoir ne vient pas du rôle politique, mais de la connaissance des coutumes du lieu. 2. Pourquoi se retourne-t-il vers elle ? A quoi sert le travelling-avant ? - Le travelling est le mouvement par lequel la caméra se déplace dans le décor. Il peut être avant (on s'approche du personnage), arrière (on s'éloigne du personnage), d'accompagnement (on suit le déplacement du personnage), latéral (il décrit latéralement un décor ou une action). Il se retourne vers elle, comme s’il partait au champ de bataille et se retrouve presque aspiré par un travelling-avant dans le dernier couloir pour nous faire ressentir le caractère inéluctable de son destin. 3-4. A quoi peut-on comparer le Sénat ? Au niveau architectural ? Là, il arrive au seuil d’une immense arène : le Sénat, sorte de cuvette fermée sur elle-même, sorte de théâtre aussi. Cette cuvette passe alors pour une nasse, remplie d’une foule indéchiffrable. 5. Quel est le mouvement de caméra qui se produit ? A quoi sert-il ? - La plongée est le plan pris d'un point d'observation plus élevé que le sujet. Elle permet de décrire de vastes décors et de donner une idée des mouvements et des déplacements des personnages (ou autres sujets), Elle peut aussi avoir une valeur psychologique propre : les personnages vus en plongée paraissent toujours plus ou moins dominés, écrasés, d'où l'idée d'infériorité suggérée par cet angle de prise de vues. Un changement d’axe très clair se substitue alors au regard qui tombe sur le personnage. Jefferson est écrasée par la caméra en plongée qui accentue son isolement, l’écrase et souligne sa perte de repères. L’assemblée l’observe et les médisances surgissent. 8. Que connote la façon de se déplacer de la secrétaire ? Pourquoi le Sénat peut-il à ce moment être clairement assimilé à un théâtre ? Nous retrouvons alors sa secrétaire qui s’installe dans les gradins avec aisance et habileté, ce qui nous montre son habitude de ce lieu et de ce milieu. L’espace, divisé en deux strates parallèles, est alors clairement assimilé à un théâtre, avec la scène en contrebas, où va se jouer le spectacle parlementaire avec les spectateurs en attente qui nous proposent un commentaire avisé de l’action. 11. Quel est le seul soutien de Jefferson ? En quoi est-ce étonnant ? Dans un film, passer d’un plan à l’autre, c’est un raccord. Si on filme un bâtiment selon un axe, on peut, lors du plan suivant, mettre l’accent sur un détail en filmant plus prés. Le raccord se fait dans le même axe. Retour sur Jefferson à la faveur d’un raccord dans l’axe. Arrivé à son pupitre, au fond de l’assemblée, nous nous concentrons sur sa relation avec un petit page, seul soutien dans l’univers hostile du Sénat. Dans un retournement cocasse, une sorte de pédagogie inversée, l’enfant se met à expliquer à l’adulte le fonctionnement des lieux. 15- 16. Comment le rôle pédagogique du page est-il clairement établi ? Dans un film, passer d’un plan à l’autre, c’est un raccord. Si on suit le regard d’un personnage, on peut, lors du plan suivant, mettre l’accent sur ce que regarde le personnage. Le raccord se fait sur le regard. Une suite de raccords sur le regard répond aux désignations du page qui pointe du doigt et identifie pour Jefferson les différents compartiments du Sénat. L’espace commence à devenir compréhensible et son organisation qui nous paraissait désordonnée devient de plus en plus lisible. A travers ce passage didactique, Capra expose aux spectateurs du film les conventions du drame qui va se nouer et déplie l’espace sous nos yeux. 25. Que symbolise la remise du badge ? L’échelle des plans - Le plan général permet de montrer l'ensemble d'un décor, d'un paysage, dans lesquels peuvent être intégrés des personnages. Il est surtout utilisé dans les scènes d'action, mais aussi pour montrer, par exemple, la solitude d'un personnage dans un paysage désert. - Le plan d'ensemble permet de présenter le personnage dans son environnement. Il propose au spectateur à la fois des données objectives générales et des situations psychologiques particulières. - Le plan moyen présente le personnage en pied. Son rôle est multiple dans la mesure où, selon le contexte, son effet varie : simple introduction du héros ou d'un protagoniste, menace, humour, attente... - Le plan américain prend le personnage un peu au-dessus des genoux. Il est très utilisé, par exemple pour organiser une conversation entre deux personnages. - Le plan rapproché cadre le personnage à la ceinture (plan rapproché large) ou à la poitrine (plan serré). Il entraîne une appréhension plus intime du personnage, de sa situation morale, psychologique, de ses intentions, de son caractère. - Le gros plan cadre le personnage au visage. Il supprime les distances, favorise le rejet ou l'identification, trahit les sentiments et les émotions, met en évidence un objet, - L'insert focalise, comme une loupe, l'attention sur un objet, un -este, une expression, un détail significatif qui occupe soudain tout l'espace de l'écran, Ce beau pacte non-formulé entre l’adulte et l’enfant se scelle par un insert (gros plan) sur le badge que Jefferson accroche sur la veste du page. Entre ce détail et les vues d’ensemble du Sénat, nous remarquons que Capra utilise une vaste gamme d’échelles de plans qui nous font sans cesse passer du général au particulier et du collectif à l’intime 26a-26b. Quel procédé cinématographique permet de remplacer le petit page par le Sénateur Paine ? - Le panoramique est le mouvement de la caméra qui pivote sur son axe de droite à gauche, de gauche à droite ou verticalement, vers le haut ou vers le bas. Il est descriptif s'il décrit le décor où va se dérouler l'action. Il est dit d'accompagnement s'il suit le déplacement des personnages et s'arrête avec eux. Un panoramique filé est un panoramique utilisé pour joindre deux portions d'espace, mais dont la vitesse empêche la perception de l'espace intermédiaire. Un double balayage panoramique substitue au page le Sénateur Paine, le mentor de Jefferson, joué par le shakespearien Claude Rains, dont le visage rusé exprime toute la duplicité. Il inculque quelques termes de protocole à son protégé et surtout annonce l’imminence de son serment. Capra s’attache ensuite à faire ressentir le passage du temps et la pression de ces quelques minutes qui séparent encore Jefferson de son serment. Le dialogue s’interrompt et laisse place au brouhaha ambiant qui a été présent tout au long de la scène. 28. Comment est suggéré le malaise de Jefferson ? - Le plan rapproché cadre le personnage à la ceinture (plan rapproché large) ou à la poitrine (plan serré). Il entraîne une appréhension plus intime du personnage, de sa situation morale, psychologique, de ses intentions, de son caractère. Un plan rapproché sur Jefferson saisit son malaise grandissant, à travers son inadaptation à son nouveau bureau. 32. Quel est le procédé cinématographique utilisé pour nous faire comprendre la solennité du moment ? - Le travelling est le mouvement par lequel la caméra se déplace dans le décor. Il peut être avant (on s'approche du personnage), arrière (on s'éloigne du personnage), d'accompagnement (on suit le déplacement du personnage), latéral (il décrit latéralement un décor ou une action). - La plongée est le plan pris d'un point d'observation plus élevé que le sujet. Elle permet de décrire de vastes décors et de donner une idée des mouvements et des déplacements des personnages (ou autres sujets), Elle peut aussi avoir une valeur psychologique propre : les personnages vus en plongée paraissent toujours plus ou moins dominés, écrasés, d'où l'idée d'infériorité suggérée par cet angle de prise de vues. La dernière minute s’écoule et nous découvrons le vice-président, le regard sur la montre, qui s’apprête à faire son entrée. Un travelling avant l’accompagne et vient de nouveau s’arrêter sur le seuil de l’assemblée. Capra insiste encore une fois sur cette limite invisible qui sépare l’intérieur de l’extérieur. La vue en plongée est brutalement interrompue par les coups de heurtoir qui ouvrent la séance, avec une levée immédiate des présents. 48a-48b. Comment Jefferson est-il mis en relief ? La lecture de la prière est relayée par un panoramique qui balaye le parterre, puis remonte doucement vers la galerie, concrétisant par ce long mouvement la parole sacrée qui se répand sur l’auditoire et qui monte jusqu’aux gradins les plus élevés. Absorbé dans la prière, Jefferson se rassied avec un bref temps de retard sur ses homologues, signe de sa ferveur et de sa droiture. La séance prend alors un cours normal, rythmée par les Sénateurs qui se dressent, les représentant de groupes qui demandent la parole et les coups de heurtoir. C’est donc un climat calme bien éloigné des craintes de Jefferson. Une ellipse, marquée par le balayage horizontal de l’écran, nous amène au moment du serment. Un plan saisissant inscrit les trois personnages dans une même perspective à trois niveaux : le vice-président de trois-quarts dos sur le côté droit ; le Sénateur Paine, debout, au milieu de l’assemblée ; et, dans le fond, Jefferson, tout petit, comme si c’était le signe de sa timidité. Une suite de plans rapides sur les trois personnages, repris indépendamment, accélère le rythme qui précède le moment fatidique. Un plan suit alors, dans toute sa durée, la marche qu’effectue Jefferson, de son pupitre jusqu’à la tribune, dans un silence quasi complet. La grande silhouette verticale de Jefferson fend le flot des regards tournés vers lui, dans un lent panoramique horizontal. 50. L’opposition à Jefferson se précise. De quelle façon ? - La contre-plongée est le plan pris d'un point d'observation se situant plus bas que le sujet. Elle possède une valeur psychologique contraire à celle de la plongée. Impression de majesté, de supériorité ou de puissance, d'arrogance ou de mépris. De dos, un Sénateur se lève, comme pour contester la droiture de Jefferson. Des plans de réactions émaillent tout le passage. Une contre-plongée menaçante accompagne l’opposition du Sénateur intempestif, dans une intervention dont le ton outragé tente de mimer toute l’affectation. Les points de vue se multiplient et la mise en scène de Capra permet de passer d’un point à l’autre de ce théâtre. Jefferson apprend alors une information essentielle : il n’aura le droit à la parole que si on la lui accorde. 58. Que signifie ici l’utilisation de la contre-plongée ? - La contre-plongée est le plan pris d'un point d'observation se situant plus bas que le sujet. Elle possède une valeur psychologique contraire à celle de la plongée. Impression de majesté, de supériorité ou de puissance, d'arrogance ou de mépris. Le Sénateur Paine, son protecteur, vole alors à son secours. En dépit d’une dernière tentative d’interruption, le serment s’effectue malgré tout en un long plan fixe de 25 secondes, inséré entre deux plans de spectateurs. La prise de vue s’inscrit dans la ligne du regard du viceprésident, qui, de sa tribune, fixe Jefferson droit dans les yeux. La contre-plongée creuse l’espace du bas vers le haut, s’appuyant sur la hauteur hiérarchique et spatial qui sépare le vice-président du jeune novice. Les questions et les réponses du serment établissent entre eux un lien.