Un jeune enseignant français en Grande Kabylie - Miages

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Un jeune enseignant français en Grande Kabylie - Miages
Un jeune enseignant français
en Grande Kabylie
1958-1973
par Jean-Louis Sahut
tie
1re Par
Introduction
Des extraits de ce livre ont été présentés dans
l’Echo de Bouzeguène N° 7 d’avril 2007 et ont suscité à des réactions immédiates, comme en témoigne
le message du 23 Mai 2007, de Chérif Messaoudène
à Claude Grandjacques :
• Les réactions n’ont pas tardé :
« Cher Monsieur Sahut.
Tous les anciens élèves d’Haoura se joignent à
moi pour vous présenter nos meilleurs vœux à
l’occasion de la nouvelle année.
Signé S. Mohand Larbi. »
Lettre reçue à mon domicile en janvier 2007.
« Jean-Louis Sahut a laissé des souvenirs
agréablement gravés à ses anciens élèves. Je
peux citer quelques uns Saadi, Salem, Lounis,
Hamid et bien d’autres. Depuis la publication
de ses souvenirs ça n’arrête pas de parler de
son passage à Bouzeguene ou à Azazga. Ses
anciens élèves ne tarissent pas d’éloges sur
sa personne et notamment sur sa manière de
dispenser le savoir...
Bientôt un demi-siècle. Et les enfants d’Haoura
devenus des hommes (voire des grands-parents…)
se souviennent encore de leur ancien maître.
Quelle fidélité !.. Quelle reconnaissance !.. Tout n’était
donc pas si négatif !..
Haoura
Ecole d’Haoura en 1959
*
*
*
A Ouramdane, Akli, Damouche, Zahra et tous
les autres, mes anciens élèves, que je garde
dans mon cœur !..
Ces pages souvenirs sont dédiées à mes anciens
élèves. Je les ai rédigées avec d’autant plus de plaisir
que je pense souvent à eux.
De façon épisodique d’ailleurs, nous établissons le
contact, façon d’évoquer ces pages de l’histoire
vécues sous l’ombre protectrice de la Main de la
Fatma en Grande Kabylie…
J’ai en effet commencé ma carrière comme jeune
instituteur à Haoura à une époque difficile et trouble.
J’ai accompagné ces jeunes sur le chemin les conduisant vers la vie adulte, avec pour seul souci celui de
les former et de les aider à préparer leur avenir.
Photo de Claude Grandjacques prise du côté d’Haoura en 1960 ou 1961.
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Chapitre 1.
L’école d’Haoura (1958-1962).
Les dernières années de la présence française
E
n septembre 1958, alors âgé de 18 ans, et animé par le besoin profond d’apporter ma contribution à une cause qui en
vaille la peine, je quitte mon Auvergne natale, le pays des volcans, pour rejoindre l’Algérie : je désire faire mieux aimer notre
pays et défendre ce que je crois être l’Algérie française. En effet,
de famille militaire du côté maternel, l’idée de la grandeur de la
France imprègne mon enfance. Je désire tout naturellement la
servir surtout depuis l’arrivée au pouvoir du général de Gaulle
en juin 1958.
Cette phrase qui sonne comme un glas n’est pas faite pour
me remonter le moral...
Avant l’arrivée de l’armée, il n’y avait pas d’école à Haoura où
je suis accueilli par le capitaine S.. C’est un homme intelligent,
ouvert, qui entretient de bonnes relations avec les responsables
du village.
Confronté aux dures réalités, je ne vais pas tarder à déchanter.
Je vais tout d’abord mettre plus de 5 jours pour rejoindre
mon premier poste en Grande Kabylie !... (deux jours à Alger,
une journée à Tizi Ouzou, une nuit à Azazga). Parvenu non sans
mal à Iffigha où il n’y a aucun convoi de prévu dans l’immédiat,
je dois patienter 3 ou 4 jours avant la prochaine liaison pour
Haoura !... Je loge à la S.A.S. commandée alors par le capitaine
de Balanda. Heureusement, le chef de Bataillon commandant
le 27e BCA prévenu de mon arrivée, décide de me conduire à
Haoura, base de la 1re compagnie.
C’est donc en jeep, recouvert de poussière, dégoulinant de
sueur, la valise à moitié déchirée que je débarque dans mon
premier poste après une halte à Bouzeguene, le temps d’y rencontrer le chef de la S.A.S. d’alors pour signer mon P.V. d’installation. A cette époque, l’officier S.A.S. remplit les fonctions de
maire : à ce titre, il est donc chargé d’installer les enseignants et
d’aménager leurs écoles.
En chemin, le commandant qui doit déjà avoir de sérieux
doute sur les chances de la France de se maintenir en Algérie,
me déclare, sans grand enthousiasme me semble-t-il.
–V
ous êtes un pionnier, j’espère que vous ferez du bon travail.
On a tellement besoin de gens comme vous ici, mais il est
déjà bien tard…
Distribution des prix, école d’Haoura, juin 1960
Plus tard, lors de ses contacts, il m’emmènera souvent avec
lui. Il aime les rencontres, s’informer sur place, connaître les
sentiments de la population, prendre la température, comme il
aime à le répéter.
Je fais rapidement le tour de ma chambre. Mon mobilier est
des plus sommaires : un lit, une table en bois à moitié bancale,
une chaise métallique, un placard de rangement sans porte, les
inévitables bougies remplacées plus tard par une lampe à gaz
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qui me permettra de nourrir mes soirées de lecture et de corriger
les cahiers.
Dès le lendemain de mon arrivée, refusant l’escorte que, me
propose l’adjudant de compagnie sur ordre du capitaine, je me
présente seul à la population et me dirige sans perdre de temps
vers le village situé en contrebas du poste. Lors de ce premier
contact, je tiens en effet à montrer que je suis un civil et non
un militaire. Cette différence, au moins au début ne sera jamais
bien comprise ou admise par les habitants : ils sont un peu méfiants ou soupçonneux à l’égard de ce qui représente la France,
d’autant que parmi les militaires dont je fais vite connaissance,
les chasseurs Jean-Pierre Chateaudon, Daniel Pajot, Gérard
Braillon et Pierre Bufflier… assurent eux aussi la scolarisation
des enfants des villages.
Nous nous répartissons sans difficulté les différents niveaux
et le fonctionnement de cette école qui compte déjà 5 classes.
Je suis le seul civil et travaille en étroite collaboration avec eux :
tous nous avons pour seule préoccupation l’intérêt des enfants.
Peu à peu, à travers les différents contacts noués avec la population kabyle, je découvre les divers aspects de l’immense
problème qui se pose à la France en Algérie. J’observe les évènements qui se déroulent autour de moi. J’écoute ceux qui ont
une connaissance approfondie du problème.
Cette guerre est bien autre chose qu’une affaire de soldats. Il s’agit, dans toute sa violence, d’une opposition brutale
et sanglante entre deux conceptions, deux civilisations, deux
cultures…
Après le 13 mai, j’ai cru de bonne foi que la France pouvait
une fois de plus surmonter l’épreuve. Quelques mois plus tard,
lors de mon arrivée, envers et contre tout, mon espoir est encore
intact. Les contacts quotidiens avec les enfants et la population
me troubleront et me conduiront peu à peu à douter. Au fur et à
mesure de l’écoulement du temps, je serai de plus en plus persuadé que désormais rien ne pourra être réglé par la force des
armes.
Le commandant de compagnie, peu après mon arrivée, me
présente au chear Saibi Hocine Ben Mohand chez qui nous allons de temps en temps prendre le kaoua. Il tient, si mes souve-
nirs sont exacts, une petite épicerie où les enfants et moi-même
par la suite, allons nous approvisionner en bonbons et sucrerie. Il
est également responsable de l’enseignement en langue arabe.
De famille maraboutique, il lit et étudie le coran et il l’enseigne
aux enfants du village.
Je rencontre volontiers de temps en temps, une autre figure,
Challal Ali. Il préside l’association des anciens combattants du
village. Amputé de la jambe droite, il se déplace avec difficulté mais nous rend visite régulièrement et participe à toutes les
manifestations patriotiques. A force de le côtoyer, je me rends
compte que ses sentiments à lui aussi, penchent plutôt du côté
des moudjahiddins.
Mes fonctions de directeur m’amènent à côtoyer la population. Lors de ces différents contacts avec les parents ou avec les
jeunes qui ne fréquentent pas l’école, je suis étonné par la place
prépondérante faite à la religion et au régionalisme, par cette
référence constante à Allah et à l’Islam.
Lors des discussions concernant le présent ou l’avenir du
pays, ou touchant la scolarité
des enfants, surtout celle des
filles, invariablement revient au
milieu de la conversation la réponse : « Bah, on est musulman,
on est kabyle… ». Jamais je
n’entends « On est français… »
ou « On souhaite que la France
reste en Algérie… ».
Toutefois, début 1959, je ne
sens pas encore une adhésion
totale à la patrie algérienne.
Cette notion n’apparaîtra, me
semble-t-il, qu’au début des années 1960-1961.
D’ailleurs Mohammed Harbi qui durant la guerre occupa plusieurs fonctions au sein du F.L.N. avant de devenir conseiller
de Ben Bella, n’écrit-il pas dans un ouvrage : « L’Islam jouait un
grand rôle dans la motivation des Musulmans. Nos propagan-
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distes n’étaient pas écoutés quand ils faisaient référence au nationalisme algérien. Mais quand ils évoquaient le soulèvement de
l’Islam, les anciens répondaient :
Voilà cent ans que nous attendons cela ! »
Au fur et à mesure de nos rencontres, je finis par sentir que
dans cette société, la collectivité l’emporte sur l’individu et que
l’idée même de la séparation de la religion et de l’état, en somme
du politique et du religieux, me semble pratiquement impossible.
Dans presque toutes les discussions que j’entame, il y a à
un moment ou à un autre une référence au Coran. La notion de
laïcité est inconnue. C’est donc pour moi une véritable découverte, voire, disons le simplement, un choc.
Je comprends alors très vite que l’Algérie française à laquelle
je crois de toutes mes forces, n’a en réalité jamais existé et n’a
pas d’avenir sauf dans l’esprit de certains.
Quatre années scolaires vont ainsi se dérouler, rythmées par
les contacts avec les parents, le bruit des GMC, quelques rares
convois occasionnels sur Azazga ou Tizi Ouzou, le rire, le sourire
et la gouaille des enfants, la camaraderie avec les chasseurs, la
correction des devoirs, la préparation des cours…
Je poursuis sans relâche l’éducation sanitaire commencée
dès le 1er jour. Je contrôle quotidiennement la propreté des
mains. De temps en temps je vérifie l’état de cheveux.
La rigueur du climat en hiver, l’inconfort des installations et
souvent la sous alimentation n’empêchent pas la plupart de mes
élèves de progresser. La fréquentation des cours est très satisfaisante, la scolarité surtout celle des filles, entre peu à peu
dans les mœurs. (Il convient cependant de ne pas relâcher sa
vigilance).
Les progrès sont constants. Chez les petits, certains lisent
déjà convenablement et je songe rapidement à leur procurer des
livres de lecture car depuis le début, j’en suis réduit à écrire des
textes au tableau.
Après plusieurs demandes auprès de la SAS, je reçois une
centaine d’exemplaires de l’ouvrage Ali et Fatima alors en usage
dans les écoles d’Algérie ainsi qu’une série de livres de calcul
destinés aux élèves du CM1, CM2 dont le mécanisme et le sens
des 4 opérations sont maintenant bien assimilés.
J’essaie de donner à mes élèves les plus âgés (certains ont 4
ans de retard et pour cause…) la notion de distance. Difficile !...
car la plupart n’ont jamais quitté Haoura, quelques-uns connaissent Bouzeguène, aucun ne s’est rendu à Azazga !...
On me questionne pour évaluer le temps mis pour aller d’un
point à un autre. Il faut leur expliquer ce qui sépare l’Algérie et
la France. Je leur parle simplement d’un long trajet qui implique
plusieurs moyens de transports. Mais qu’est-ce que cela évoque
pour eux quand on mesure les limites de l’espace dans lequel
ils évoluent. J’essaie de leur montrer la distance Paris-Clermont
Ferrand sur une carte de France que j’ai récupérée dans le bureau du lieutenant V...
Le 1er juillet 1960, je suis intronisé chasseur d’honneur de la
1 compagnie du 27e BCA. La soirée a été tellement arrosée que
je n’arrive pas à retrouver la chambre !...
re
Haoura, mars 1961
En août 1960, pour la première fois, nos meilleurs élèves ont
l’honneur de pouvoir partir en colonie de vacances à Mellan
dans les Alpes de Haute Provence et par la même occasion de
découvrir la France… Ils en garderont un excellent souvenir.
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A mon retour, une surprise m’attend. Le capitaine S. est remplacé par le capitaine T. L’ambiance va changer, nos rapports
seront différents. La scolarisation progresse toujours.
Aujourd’hui, avec le recul du temps, force est de constater
que les progrès réalisés sont loin d’être négligeables, témoin cet
énoncé retrouvé dans le cahier de Mesbahi Akli ben Mohand et
daté du 27 janvier 1962 :
« Un terrain rectangulaire a 360 mètres de périmètre, sa largeur est le tiers de sa longueur
1) quelles sont ses dimensions ?
2) on l’a acheté 130 frs l’are. Quelle est sa valeur ? »
Et plus loin, ce vendredi 2 février 1962, la dernière dictée découverte dans le cahier d’Achoui Mohand Ben Lounis :
« Un travail d’artiste.
Souvent ma sœur Baya m’emmenait chez mes deux tantes
que je nommais Khalti et Nana. J’avais alors deux ou trois ans.
Ma mère n’avait guère le temps de me distraire. Mais je ne m’ennuyais jamais avec mes tantes. J’adorais rester auprès d’elles et
je pouvais les observer pendant des heures. Elles travaillaient
l’argile et la laine. La courette était toujours encombrée de poteries. Voici, à l’angle, près du portail, un gros tas de bois qui
servira à la cuisson. » Mouloud Feraoun.
Les années passent. Voilà bientôt quatre ans que je suis à
Haoura. Les événements orientent différemment le cours de
l’histoire. Le 22 avril 1961, éclate à Alger un putsch. L’incertitude
durera trois jours, avant son effondrement le 25 avril.
Juin 1961 arrive, l’année scolaire va prendre fin mais déjà de
nouveaux bouleversements s’annoncent. Le capitaine T. me
confie qu’il a peu de chances de me revoir, car sa compagnie va
être relevée durant les vacances.
combien de temps encore ? Je comprends maintenant que
quoiqu’il arrive mon séjour à Haoura touche à sa fin.
Néanmoins les élèves continuent à fréquenter assidûment
l’école et me demandent même du travail à la maison. Aussi je
redouble d’efforts pour leur apporter le maximum de connaissances.
Je deviens de plus en plus exigeant, peut-être trop, mais j’aimerais tant les présenter à l’examen d’entrée en 6e fixé au jeudi
7 juin 1962… Ce serait alors une véritable révolution dans le
village. Pour la première fois des enfants pourraient être admis
en qualité d’internes au collège d’Azazga et poursuivre ainsi une
partie de leurs études.
Malheureusement, une fois de plus les événements ne m’en
laisseront pas la possibilité, car la situation ne cesse de se dégrader… Le lundi 5 février 1962, vers 17 heures, l’opérateur
radio me transmet un T.O. (télégramme officiel) de l’Inspection
académique. Je dois rejoindre le plus rapidement possible une
nouvelle affectation… Yakouren !…
Je me précipite dans le bureau du capitaine qui m’annonce :
– Cette fois-ci c’est fini, nous évacuons le poste demain, ordre
du commandement général… Il faut vous préparer rapidement
car vous ne pouvez rester seul ici.
Je reste un instant désemparé, tout semble s’écrouler autour
de moi. J’ai envie de pleurer. Jamais je n’ai imaginé un départ
aussi proche et aussi brusque. J’ai un moment de découragement :
– à quoi bon cette école où je me suis engagé de toute mon
âme, de toutes mes forces ?…
En effet à mon retour, le lundi 25 septembre 1961, le GMS 64
commandé par le capitaine M. remplace la 1re Cie du 27e BCA.
Sans perdre un instant, je me dirige vers l’école où je rassemble toutes les archives et mes affaires personnelles. Je demande alors à des enfants qui semblent m’attendre de prévenir
leurs camarades :
– Demain il n’y aura plus classe !...
Cette fois l’atmosphère est bien différente : les contacts ne
sont plus aussi chaleureux. Les officiers et sous officiers semblent lointains, pressés d’en finir et ne s’intéressent guère à
l’école que je continue à diriger et où je suis seul. Mais pour
Moins d’un quart d’heure après, ils sont presque tous là. Je
leur fais savoir :
– Les militaires vont quitter le poste. Je suis obligé de les
suivre. Je ne peux pas rester seul ici.
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Les enfants veulent me retenir, quelques-uns sont tristes à
l’idée d’apprendre que l’école ne fonctionnera plus, d’autres se
réjouissent ouvertement du départ des soldats. Il faut les comprendre : ils viennent de vivre des années difficiles et certains
membres de leurs familles ont peut-être disparu au cours des
combats fratricides. Quelques-uns ont presque les larmes aux
yeux : les études représentent pour eux l’avenir, la liberté, une
façon d’échapper à l’emprise familiale.
Pour les rassurer je leur signale :
’école reprendra bientôt dès que les événements seront
–L
terminés.
En attendant je leur conseille simplement :
ontinuez à travailler avec les livres que je vous ai distribués,
–C
puis je ferme une dernière fois la petite école désormais
silencieuse.
Je ne veux pas m’attarder plus longtemps : je n’aime pas les
effusions car je ne suis pas un sentimental.
Je leur annonce :
– Je vais rejoindre mon nouveau poste et reviendrai vous voir
si la situation s’améliore…
Après les avoir salués une dernière fois, je regagne le poste
car il commence à faire nuit. Arrivé au mur de l’enceinte, je me
retourne, les enfants sont toujours là silencieux.
Je leur adresse un petit signe amical de la main. Ils me répondent gentiment.
Ce 5 février 1962, la page française d’Haoura vient d’être
définitivement tournée.
L’école d’Haoura en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 9
Ecole Haoura
, 16 novembre
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Distribution des prix,
école Haoura, juin 1960
1960
L’école d’Haoura en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 10
Challal Ouramdane, J.-L. Sahut, Bouab Akli, Saifi Damouch
au 1er rang. Haoura février 1960
Younsi Zarha. Haoura juin 1960
Hao
De g. à d. : M ura. 27 novembre 1960
Younsi Ouac esbahi Akli ben Mohand .
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Sahut, Challa e, Younsi Souid Tahar,
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Distribution
des prix école
d’Haoura
juin 1960.
2e à gauche : i
le chear Saib
Hocine Ben
Mohand
L’école d’Haoura en images
16 novembre 1960
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Décembre 1960 avec Achoui Mohand
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Décembre 19
Mars 1960
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L’école d’Haoura en images
Haoura . Le chear Saibi Hocine
Ben Mohand, mars 1960
16 novembre 1960
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Au 1er plan : Saidani
Mohand Larbi qui
a envoyé la carte
de vœux en 2007
au nom des élèves
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L’école d’Haoura en images
Mai 1961
Avril 1961
Noël 1961 av
instituteur m ec à droite, Jean-Pierre C
ilitaire
hateaudon
Avril 1961 avec le major Cerruti
L’école d’Haoura en images
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Ecole Haoura avec M. Pappini. Mars 1960
Ecole d’Haoura avec
mon remplaçant M. Pappini ( à gauche)
avant mon départ pour l’EN à Alger
(mars 1960)
Chapitre 2.
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L’école de Bouzeguène, le 1er semestre 1962.
La transition ou la fin d’une époque.
J
e rejoins mon poste à Yakouren pour n’y rester que quelques
jours. En effet, la SAS, où je loge depuis mon arrivée, doit se
replier sur Azazga. C’est alors une période de troubles et d’incertitudes, où les ordres et les contre-ordres ne cessent de se
croiser. Je contacte immédiatement l’Inspecteur d’Académie à
Tizi Ouzou pour une nouvelle affectation. Le 16 février, il m’affecte « provisoirement » à l’école Igounane-Ameur.
Entre temps, au cours d’un déplacement à Azazga, j’apprends par des militaires que la SAS de Bouzeguene doit rester
en place quelque temps encore. Son repli n’est pas envisagé
dans l’immédiat. J’en reçois confirmation.
Je demande donc à rejoindre l’école de Bouzeguene que
je connais. Accord rapide des services de l’Inspection Académique, car aucun enseignant n’y est affecté.
Mon retour à Bouzeguène s’effectue le 20 février 1962.
Contact avec le Chef de SAS. Formalités d’usage avec procèsverbal d’installation et découverte de mon logement situé en
bordure de route. Briefing concernant les différentes consignes
à respecter durant cette période inédite.
Nous visitons tous deux l’école où semble régner un grand
désordre : impression d’ensemble guère réjouissante. Le matériel est plutôt sommaire. De nombreuses tables sont plus ou
moins détériorées. L’établissement, manifestement laissé sans
surveillance, a été plus ou moins cambriolé. Ce jour-là je ne verrai pratiquement aucun élève.
Dès le lendemain, je prends possession de mon nouveau
domaine. En essayant de remettre un peu d’ordre, je découvre
quelques archives laissées par mes deux prédécesseurs Messieurs Régis Cardon et Jean-Pierre Canhape que j’avais croisés
lors de mes déplacements antérieurs.
Au cours des jours suivants, insensiblement l’école commence à reprendre vie. La fréquentation néanmoins est très irré-
gulière. Peu d’élèves sont présents. Le contact avec la population est pratiquement inexistant : on devine qu’il se prépare des
bouleversements. Nous sommes début mars.
Sur consignes du responsable de SAS, je ne m’éloigne guère
du camp : d’ailleurs, je n’ai que quelques mètres à parcourir pour
rejoindre l’école.
La semaine précédant le cessez-le-feu est très perturbée. Je
ne fais pratiquement plus classe. Aucun élève ne se présente
aux abords de l’établissement.
Le 19 mars 1962, nous vivons une journée mémorable.
Je ne quitte pas le poste, car la
situation est délétère. Vers 10
heures, pressentant des mouvements de foule, nous nous
installons dans le mirador situé
derrière la villa du lieutenant.
Quelle surprise, mais aussi quel choc de découvrir cette forêt
de drapeaux verts et blancs montant en flots continus des villages, accompagnés par les youyous stridents et incessants qui
ne s’interrompront qu’à la tombée de la nuit.
Afin d’éviter tout drame, le Chef de SAS a pris la précaution
de faire renforcer la garde. Heureusement, grâce à la vigilance
de tous, il n’y aura, ce jour-là, ni incident, ni provocation.
Dans la semaine qui suit, Paul Fohr alors Inspecteur d’Académie adresse aux différents établissements scolaires placés sous
son autorité une circulaire sous N° PF 3162/IA dans laquelle
il croit utile de préciser : « certains flottements fâcheux s’étant
produits durant les journées des 16 et 17 mars, j’ai l’honneur
de vous rappeler quelques principes que l’émotion a parfois fait
perdre de vue. En aucun cas, un établissement ne doit être fermé, même pour des raisons de sécurité, sans décision du Préfet
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du département. Dans la pratique, il vous appartient de m’informer d’urgence d’une situation donnée et d’attendre que je vous
notifie la décision prise. Si les liaisons téléphoniques ou télégraphiques sont impossibles, vous pouvez, en accord avec les
autorités locales, fermer votre école, à charge pour vous de m’en
informer dans les meilleurs délais. » Ce que je ferai dès réception
de la circulaire.
Il semble bien que les jours suivants des contacts commencent à s’établir avec des responsables de la willaya III et notamment avec les fils du Colonel Mohand Ou El Hadj qui, justement,
est originaire de Bouzeguene.
Après toutes ces perturbations, la vie semble reprendre son
cours habituel…
Occupé par mes fonctions, je n’ai pratiquement pas de
contact avec les moghaznis ; je ne les rencontre d’ailleurs que
rarement. Lors des repas, j’apprends qu’ils sont inquiets sur leur
sort et sur leur avenir. Certains veulent rentrer chez eux, d’autres
envisagent tout simplement de partir en France ou de s’engager
dans l’armée.
C’est alors que disparaît avec son arme (avant ou après le
19 mars ?) le chauffeur du Lieutenant commandant la SAS. Il
est d’origine kabyle. Curieux destin en vérité !… Bien des années plus tard, lorsque j’exercerai mes fonctions en région parisienne, j’aurai, un beau jour, la surprise de le croiser à nouveau :
il conduisait une rame de métro à Paris !... Nous nous reverrons
d’ailleurs trois ou quatre fois par la suite. Je connaissais moimême des membres de sa famille en région parisienne.
Constatant que le nombre d’enfants scolarisés est toujours
assez réduit, sur conseil du Lieutenant commandant la SAS, je
finis par rencontrer le « responsable » du village. Il est aussi, parait-il, vice-président de la Délégation spéciale de la commune
de Bouzeguene : Monsieur Amroun Tahar ben Rabah.
De petite taille, de grands yeux noirs, le regard très vif, souvent coiffé d’une chéchia rouge ou d’un chapeau de paille selon
les saisons, il s’exprime en français avec une aisance naturelle.
Il est particulièrement attentif à tout ce que je lui dis et tout à
fait conscient de la situation. Il promet, dans la mesure de ses
moyens, d’y remédier dans les meilleurs délais.
Dès les jours suivants, je constate une légère augmentation
du nombre d’élèves fréquentant l’école. Le contexte cependant
est source de bien des interrogations : la situation ne fait qu’empirer à Alger. Les attentats de l’OAS se multiplient. Y répondent
ceux non moins meurtriers du FLN.
Je me consacre malgré tout à la tâche avec toute mon énergie
tout en m’interrogeant : que restera-t-il de tous ces efforts dans
quelques semaines ? Serai-je encore à mon poste à la prochaine
rentrée ? Que de questions demeurées sans réponses ne me
suis-je pas posé alors ?
Un matin de fin avril, arrive dans la
cour de l’école Amroun Tahar. Il est accompagné de deux personnes que je
ne connais pas. Il me présente le premier : le Colonel Mohand Ou El Had,
responsable de la Willaya III, successeur du célèbre Amirouche.
Celui-ci m’interroge sur l’assiduité
des élèves et me précise :
« Il ne faut pas trop pénaliser les enfants, nous traversons, pour quelque
temps encore, une période incertaine.
Tout rentrera dans l’ordre après l’indépendance du pays ».
Et d’ajouter :
« Vous faites du bon travail. Continuez à servir l’Algérie et revenez pour la prochaine rentrée scolaire ».
– « Je n’ai pris aucune décision. J’attends les dispositions
qui seront prises par le gouvernement français pour me décider
pendant les vacances ».
Ce sera mon unique contact avec le colonel Mohand Ou El
Hadj. En décembre 1972, j’apprendrai sa disparition alors que
j’enseignais au collège d’Azazga. Il sera inhumé à Bouzeguene
son village natal.
Quant à la seconde personne qui accompagnait Amroun
Tahar, j’appris plus tard, qu’il s’agissait d’Habbas Arezki, beaufrère de Mohand Ou El Hadj. Un homme très sympathique,
toujours aimable et souriant qui parle beaucoup par gestes.
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Nous deviendrons amis. À chacun de mes différents passages à Marseille, je lui rendrai visite dans son bar près de la
gare Saint Charles, si mes souvenirs sont exacts. Il me fournira
mon premier poste radio portatif, un « Sharp », alors introuvable
sur le marché. Je le conserverai d’ailleurs durant tout mon séjour
en Algérie. Il me suivra en France.
Il possède une magnifique Citroën noire. Il s’agit d’une « traction-avant 11 cv » qu’il me fait essayer à plusieurs reprises. Je
l’aurais volontiers achetée. Heureusement, je ne succombe pas
à la tentation ! Mes moyens financiers sont limités et à quelques
semaines du référendum, la situation du pays est de plus en
plus explosive.
Les jours passent… Je sens, comme tout le monde, que désormais l’échéance inéluctable se rapproche : nous arrivons déjà
en mai : le référendum portant sur l’autodétermination a été fixé
au 1er juillet 1962.
Je noue également des relations avec une autre personne que
je retrouverai après l’indépendance : R. L. Sa famille est originaire des Beni-Ziki, si mes souvenirs sont exacts. Il occupe les
fonctions de « secrétaire interprète » à la SAS.
Désormais mes contacts avec la population deviennent plus
fréquents et je perçois maintenant au travers des nombreuses
discussions, cette fierté, peut-être même cette joie, de devenir
enfin algérien (sans oublier de demeurer un bon musulman).
C’est bien aussi ce qu’avait découvert, trente ans plus tôt,
Germaine Tillion, la fondatrice des centres sociaux créés en octobre 1955. « En 1934, lorsque je connus les campagnes d’Algérie, aucun paysan ne s’y disait encore algérien mais tous se
disaient et se sentaient musulmans ; l’Islam seul était ressenti
comme une identité, une nationalité », écrivait-elle dans « l’Algérie bascule vers l’avenir ».
Peu à peu, je fais plus ample connaissance avec le personnel civil de la SAS.
Je rencontre fréquemment René Porte
et sa charmante épouse créole ainsi
que la famille Leclerc. Ces derniers,
s’installeront durant quelques années à
Wattrelos, dans le Nord, avant de choisir la région d’Aubagne plus ensoleillée.
Nous correspondrons durant un certain
temps.
Quant à René Porte, (décidemment le hasard se trouve
constamment sur mon chemin), j’aurai, à plusieurs reprises, le
plaisir de le surprendre en train de « couper » les tickets à l’entrée des cinémas de Clermont-Ferrand ! Il se retirera en Auvergne
dans la région du Livradois.
J’entre également en contact avec Monsieur Perret. Il vient
de la SAS de Tabouda, qui s’est repliée sur Bouzeguene, lors du
cessez-le-feu, semble-t-il.
J’admire et envie la calligraphie remarquable de sa très belle
écriture. C’est un homme très calme, posé, assez peu disert mais
qui parle parfaitement français. Il me conte parfois ses malheurs
et s’interroge sur son avenir et surtout sur celui de ses proches.
Je fais aussi la connaissance d’un jeune Kabyle Boukais Idir.
Il a fui Alger à cause des nombreux attentats qui se succèdent
presque sans discontinuer depuis le 19 mars. Il est provisoirement hébergé par des parents. Nous correspondrons durant
l’été 62. Je ne le reverrai pas à mon retour en octobre car il a
regagné la capitale.
Mai va bientôt s’achever. La nervosité gagne les esprits. On
sent maintenant une certaine effervescence au camp. Il faut préparer l’évacuation des lieux et détruire tout ce qui n’est pas indispensable ou ne peut être embarqué.
C’est dans ce contexte qu’il m’est possible de choisir une ou
plusieurs paires de « pataugas ». Faute de place dans ma valise,
je n’aurai pas le plaisir de parcourir les montagnes auvergnates
chaussé de « rangers » ! Je me rabats par contre, sur une « cachabia » (sorte de vêtement ample porté par les moghaznis et
que l’on enfile par la tête). Je la possède toujours, pieusement
conservée dans une malle au grenier.
Et juin se profile !...
Je ne suis pas d’un tempérament particulièrement inquiet,
cependant, à mon tour je suis gagné par une certaine appréhension, en constatant l’exode des pieds-noirs.… De mon côté,
à quel moment et dans quelles conditions vais-je bien pouvoir
rejoindre la France. En principe, la sortie des classes est fixée au
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 20
samedi 30 juin 1962 et le référendum sur l’autodétermination a
lieu le lendemain, 1er juillet.
Aussi, chaque matin, j’attends avec une certaine impatience
la distribution du courrier : il se murmure qu’il y aurait des modifications… Quand, début juin, me parvient une lettre de l’Inspection Académique de Grande Kabylie. Je n’en retiens qu’une
seule ligne : « bénéficie d’un congé à dater du 21 juin 1962 ».
Fou de joie, je profite de la première liaison sur Tizi-Ouzou
pour tenter de retenir, à l’agence Dana que je connais bien,
une place d’avion à destination de Clermont-Ferrand, Vichy ou
même Lyon. Le plus tôt possible et bien entendu avant la date
fatidique du 1er juillet 1962 !…
Déception ! Tout est absolument complet. Je suis invité à repasser à l’agence en début d’après-midi. « Il risque d’y avoir du
nouveau ». me dit-on.
En effet devant le départ de plus en plus massif des Européens, l’Italie vient de proposer son aide au Gouvernement
français. C’est donc sur un vol de la compagnie Al Italia que
j’embarque finalement, le mercredi 27 juin 1962 à destination
non pas de Clermont-Ferrand mais de… Bordeaux, seule ville
où quelques places sont encore disponibles.
Les labours
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Ecole de Bouzeguène
Le poste
de Bouzeguène
Ecole de Bouzeguène en 1964.
Classe de M. Si Smail
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 16
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 22
Ecole de Bouzeguène, février 1966
Amroun Lounès (fils de Tahar)
Amroun Ali à droite
Des élèves du CM2
sur le seuil
du logement
dans le bordj
zeguène
Ecole de Bou
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 23
La vie à l’école de Bouzeguène en images
ère le borfj.
’Haoura, derri
Sur la route d s Torréé. Décembre 1962
Jean-Charle
-Louis Sahut.
Sur la route d’Haoura, derrière le bordj. Albert le Henaff (école
d’Aït Said). Jean-Louis Sahut. Décembre 1962
Jean
Jean-Louis S
ahut à l’embra
Albert le Henaff (école d’Aït Saïd)
et Jean-Louis Sahut. Décembre 1962
nchement de
la route d’Aït
Aïcha
Jean-Charles Torré (école d’Aït Salah)
et Jean-Louis Sahut. Décembre 1962
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 24
promenades er 1963.
Coopérants en
i Zikki. Févri
en
B
du côté des droite :
De gauche à Bouzeguène
J.-L. Sahut - a
Rajade - Ifigh aff - Aït said
Albert le HhenIfigha
J.-C Valleiin -
Tizi Ouzou 1963
Amroun Tahar
Au bordj 1963
Février 1963 : dérapage non contrôlé du côté d’Aït Salah
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 25
Si Smail Akli, Torré en 1964
Albert le Henaff (école d’Aït Saïd) et Jean-Louis
Sahut (Bouzeguène) novembre 1963
64 :
septembre 19
Bouzeguene enaff, Le Guen
Sahut, Le H
Sahut, Torré
en 1964
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 26
La vie à l’école de Bouzeguène en images
M. Gaoui, moniteur en langue française. 1965
Village d’Aït Sidi Amar. Madame Amiar,
mère d’une élève. Juin 1966
Tizi Ouzou 1963
Bouzeguene le 26 septembre 1965 : J.-L.
Sahut, M. et Mme Mutay (école d’Azazga)
65
ahut. Avril 19
Jean-Louis S
n Guettaf
Avec le gardie
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 27
La vie à l’école de Bouzeguène en images
La mairie
deTtizi Ouzou
urs
Sur les haute
d’Aït Said au
printemps
Devant l’épicerie
de Boukais Said
Jean-Louis Sahut
3
ahut et sa 40
Jean-Louis S
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 28
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Jean-Charles Torré
Jean-Louis Sahut
Amiar Ali
Torré Jean-C
harles
(é
Albert le Hen cole de d’Aït Salah).
aff (école d’A
ït Saïd)
et Jean-Louis
Sahut sur
la ro
Bouzeguene- ute de
Haoura
Ecole d’Ifigha : Jean-Claude Vallein et Jean-Louis Sahut
La vie à l’école de Bouzeguène en images
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 29
Albert le Henaff (école d’Aït Saïd) et Jean-Louis Sahut
Si Smail Akli
(moniteur en
langue fran
et Jean-Louis çaise)
Sahut
X , Jean-Louis Sahut Sahut, Amiar Ali (village d’Aït Sidi Amar)
A Ait Saïd : Le Guen, Sahut, Torré
Chapitre 3.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 30
L’école de Bouzeguène (septembre 1962 à juin 1966).
Les premières années de l’indépendance.
D
e Volvic où je passe les vacances chez mes parents, je suis
de près les évènements qui se déroulent en Algérie.
Début juillet, le G.P.R.A. présidé par Ben Kheda s’installe à
Alger. Cependant après une série de luttes internes entre les
différents clans, Ben Kheda est destitué et la République Algérienne est finalement proclamée le 25 septembre 1962 avec
Ahmed Ben Bella à sa tête.
Pendant ce temps, j’essaie de m’organiser pour mon retour.
En effet, n’ayant pas demandé ma réintégration en France, je
reçois un courrier de l’Inspection Académique m’enjoignant de
rejoindre mon poste à la prochaine rentrée.
Comme la situation semble se normaliser en Algérie, j’écris
donc à Amroun Tahar, président de la Délégation spéciale de la
commune, pour l’informer de ma décision de continuer à servir
en Grande Kabylie et à Bouzeguene notamment.
Il me répond presque aussitôt en se félicitant de ma coopération avec son pays.
Mais il me reste un problème majeur à régler : celui de mes
déplacements en Algérie. En effet, jusqu’à l’indépendance, les
routes n’étant pas sûres et la circulation réglementée, j’emprunte
les convois militaires, seuls transports alors à ma disposition.
L’armée française ayant, depuis le 1er juillet 1962, évacué ses
bases, j’allais donc me retrouver seul à Bouzeguene, sans aucun moyen de locomotion.
Je décide donc, en accord avec mon père et sur conseil de
notre garagiste, d’acquérir un véhicule d’occasion qui offre une
bonne résistance aux chocs éventuels et surtout évite de tomber en panne continuellement.
Finalement nous optons pour une robuste 403 Peugeot grise
à faible kilométrage, portant l’immatriculation : « 1 FH 63 ».
Je conserverai ce véhicule jusqu’en 1969.
Début septembre, j’apprends par la radio, puis par la presse
que la rentrée scolaire en Algérie, initialement prévue pour le
30 septembre, est reportée au 15 octobre : en cause, le départ
massif des Européens et la mise en place des nouvelles institutions. Je repousse donc mon départ et réserve une place de
bateau sur le « Ville d’Oran ».
J’embarque le 10 octobre à destination d’Alger après une nuit
passée à Carry-le-Rouet. Je ne voulais pas laisser mon véhicule
sans surveillance aux abords du port. Pas question de séjourner
à Marseille, ville que je ne connais pas.
Étape d’une demi-journée à Tizi-Ouzou, le temps de d’accomplir un certain nombre de formalités administratives à l’Inspection Académique et me voilà à Bouzeguene. Pour m’apercevoir que rien n’est vraiment prêt pour m’accueillir.
Je contacte alors Amroun Tahar. Il
m’indique que les réparations entreprises depuis peu dans la villa située
dans l’ancien bordj ne sont pas achevées. En attendant la fin des travaux, il
me propose de m’héberger à son domicile. J’y passe deux nuits avant de
rejoindre mon nouveau logement.
Cette première rentrée après l’indépendance s’effectue dans des conditions
assez convenables.
Nous recevons des directives, parfois contradictoires, de
l’Inspecteur d’Académie Paul Fohr, toujours en poste. Il donne
aux directeurs d’école les nouvelles consignes à appliquer car
la langue arabe figure désormais au programme de l’enseignement primaire.
Nous faisons également connaissance à Azazga de Monsieur
Haddab, Inspecteur de l’enseignement en arabe pour le premier
degré et de notre nouvel Inspecteur primaire Monsieur Mahmoud Chala qui a remplacé Monsieur Reynaud.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 31
Dans une longue circulaire adressée aux enseignants français détachés en Algérie au titre de la coopération technique
et culturelle, Monsieur Sbih, le Directeur Général de la fonction
publique algérienne, de son côté, nous rappelle au paragraphe
4 : « Les agents français mis à la disposition du Gouvernement
algérien dans le cadre du protocole d’accord sont, dans l’exercice de leur fonction, soumis aux autorités algériennes. Ils ne
pourront ni solliciter ni recevoir d’instruction d’une autorité autre
que l’autorité algérienne dont ils relèvent en raison des fonctions
qui leur ont été confiées. Ils ne pourront se livrer à aucune activité politique sur le territoire de l’Algérie. Ils devront s’abstenir
de tout acte de nature à nuire aux intérêts matériels et moraux,
tant des autorités algériennes que des autorités françaises. Le
Gouvernement algérien donnera à tous les agents français l’aide
et la protection qu’il accorde à ses propres nationaux... »
Pour faire face à la pénurie d’enseignants, le gouvernement
crée alors un corps de moniteurs recrutés avec le niveau du certificat d’études. Objectif : permettre l’ouverture de nombreuses
classes dans les villages encore sans école. Ces fonctionnaires
recevront, par la suite, une formation spécifique. Ils participeront
à des stages pour être admis dans le corps des instituteurs.
Préalablement, il leur faudra subir, avec succès, différentes
épreuves. Ils pourront alors être titularisés.
En cette année 1962, je consacre beaucoup de temps à mettre
en place des programmes allégés, avec cependant un soutien
renforcé en mathématiques et en lecture : je n’ai en effet que des
élèves de CE1, CE2 déjà âgés. Leurs lacunes sont nombreuses :
ils ont en général fréquenté l’école de façon irrégulière. Certains
d’entre eux n’y sont pas allés.
Pour moi, comme pour les autres directeurs d’établissement,
en ce début d’année, l’organisation pédagogique est perturbée
par l’apparition de la langue arabe dans les programmes.
Les circulaires qui nous parviennent indiquent que, dans un
premier temps, les maîtres en langue arabe assureront 21 heures
de service par semaine. De plus, lorsque l’horaire officiel ne peut
être assuré, faute de maîtres en nombre suffisant, il faudra réduire l’horaire consacré à l’apprentissage de l’arabe. En effet,
tous les élèves doivent être traités de la même façon : tous doivent recevoir le même nombre d’heures d’arabe.
Il m’est demandé aussi de veiller, dans les classes à plusieurs
cours, à ce que le maître d’arabe procède, comme ses collègues francisants, et constitue des sections distinctes selon leur
niveau.
Il devra en être de même pour la répartition des heures : celles
d’arabe devront être réparties sur tous les jours de la semaine
à raison d’une heure par jour, plus une autre heure deux jours
par semaine. Il faudra également éviter de donner dans la même
classe deux heures consécutives d’arabe et bien surveiller que
la note d’arabe soit prise en compte dans les établissements, au
même titre que les notes des matières enseignées en français.
En ce qui concerne les maîtres en langue française, nous
devrons être présents à notre poste 30 heures par semaine et
mettre à profit les heures de liberté que nous laisse l’enseignement de l’arabe pour assurer notre travail de préparation et de
correction.
Peu à peu, des changements commencent à intervenir. Nous
recevons une lettre de l’Inspecteur d’Académie, Paul Fohr, datée
du 19 novembre 1962, dans laquelle il écrit : « À quelques heures
de quitter un pays où j’ai passé le tiers de mon existence, ce
n’est pas sans émotion que je prends congé de vous…Je tiens
à préciser que je regagne la France pour des raisons d’ordre administratif, d’ordre familial, d’ordre personnel et que la politique
n’entre pour rien dans ma décision… Je continue à penser que
l’indépendance de l’Algérie était la meilleure solution, la seule
solution,que le peuple algérien est un grand peuple qui a fait
l’admiration du monde et forcé le respect de ses adversaires
même… »
Il est remplacé par Monsieur Alayrangues qui assurera l’intérim en attendant la nomination d’un Inspecteur algérien.
Début avril 1963, une circulaire du Ministère de l’Education
Nationale nous précise un certain nombre de points : tous les
maîtres des classes primaires doivent assurer un service hebdomadaire de 30 heures. Tous les maîtres enseignant en langue arabe sont désormais astreints aux mêmes obligations que
leurs collègues enseignant le français. Les heures consacrées
aux cours d’adultes, pour lesquelles il n’est prévu aucune rémunération supplémentaire, peuvent, à la demande des intéressés
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 32
et sur avis des Inspecteurs primaires, être comprises dans les
30 heures exigibles.
Pour me détendre un peu (le travail scolaire m’accapare beaucoup), je consacre une partie de mon temps libre à la lecture et
surtout à la marche. J’en profite pour découvrir les paysages
grandioses et variés de la Kabylie. Jusque-là, j’en avais été empêché par les événements.
Le soir, surtout au printemps, lorsque le temps le permet, assis sur les escaliers de la villa, je bavarde avec le nouveau gardien Guettaf Mohand Arab. C’est un homme généreux, toujours
prêt à rendre service. Je me souviens qu’une année, lors de mon
départ en vacances, il m’avait donné un bidon de 5 litres d’huile
d’olive en me disant : « Tiens, tu le donneras à ton père, ça lui
fera plaisir, de la part de Guettaf, le gardien ! » Quand on connaît
la valeur de cette denrée, ce don représentait certainement pour
lui et sa famille, un réel sacrifice.
Je rencontre assez régulièrement Amroun Tahar, souvent accompagné par Habbas Arezki. Celui-ci, comme à chaque fois,
m’invite à lui rendre visite dans son bar à Marseille. Je vois
Amroun Tahar à double titre : comme président de la délégation spéciale de la commune et comme parent d’élèves. En effet, deux de ses jeunes enfants Ali et Lounès, sont scolarisés à
l’école.
En mai 1963, je sens mon interlocuteur un peu las, parfois
lointain. Il me semble avoir moins d’enthousiasme que par le
passé, désireux d’être libéré de cette fonction le plus rapidement possible. « Cette charge est écrasante, usante. Lors de
différends, il faut intervenir, prendre position, trancher. Ce n’est
pas toujours facile car bien entendu il y a des mécontents... » me
confiera-t-il à plusieurs reprises.
Je retrouve aussi R. L. qui est toujours employé à la Mairie.
Mais un jour, je crois que c’était fin novembre 1962, le gardien
Guettaf me dit au moment où je regagne mon domicile : « Tu sais
les Moudjahidines ont arrêté R. ; il est en prison… ».
Effectivement, un peu plus tard, j’apprendrai qu’il est maintenu au centre pénitentiaire de Berrouaghia, près d’Alger. Il y
sera détenu durant plusieurs mois avant d’être finalement libéré ;
mais je n’aurai plus l’occasion de le revoir.
L’année scolaire 62-63, la première après l’indépendance,
s’achève paisiblement. Grâce aux efforts de tous et la bonne
volonté de chacun, nous commençons à rattraper les retards
accumulés depuis des mois. J’encourage même les élèves, du
moins les plus motivés, à venir travailler le jeudi matin quand je
suis disponible et qu’il n’y a pas de réunions pédagogiques.
Lors de mes absences, en particulier pour rendre visite à
mes collègues français également en poste, Jean-Charles Torre
à Aït-Aïcha, Vallein et Rajade à Ifigha, Daniel Vanamandel à
Cheurfa, Eugène Montay et Jean-Pierre Fernandez à Azazga
ou Xavier Delcouderc aux Aghribs, comme à chacun de mes
déplacements, il est volontaire pour assurer la surveillance de
mon logement. D’ailleurs, il n’aurait pas fallu que je m’adresse à
quelqu’un d’autre : seul Mohand Arab était qualifié pour assurer
cette fonction !...
C’est avec le sentiment d’avoir accompli une tâche exaltante,
que j’embarque pour la France en ce début de juillet 1963.
Je mets à profit cette période de détente pour répondre aux
questions posées par les amis et les parents qui s’interrogent
sur l’Algérie indépendante. J’envoie du courrier à mes élèves.
J’avais, en effet déjà remarqué à Houra que ceux-ci étaient fiers
et heureux de recevoir du courrier « du maître ». Ces derniers me
demandent « si je reviens bientôt ». Ils souhaitent en outre recevoir des vues de l’Auvergne et de Volvic.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 33
Je corresponds aussi avec Amroun Tahar. Dans une longue
lettre, datée du 6 août 1963, après s’être excusé pour le retard
mis à me répondre, il me dit : « Quant à la question de votre retour
éventuel, je vous conseille de revenir. Vous trouverez toujours le
même accueil qu’auparavant… » avant d’ajouter « j’ai à vous dire
que je ne suis plus le Président de la Délégation de Bouzeguene.
Il y a eu un regroupement des quatre communes et c’est le représentant d’Aït Ikhlef qui a maintenant cette charge »…
Puis, dans une nouvelle lettre datée du 15 août 1963, il me
confirme avoir démissionné de ses fonctions ce qui va maintenant lui permettre de « prendre un peu de repos avant de rentrer à la sous-préfecture d’Azazga après les vacances... » sans
oublier de mentionner une nouvelle fois « quant à vous, tâchez
de revenir, vous connaissez déjà le coin. Guettaf est toujours
gardien. Lounès et Ali qui me demandent « toujours après vous »
vont vous écrire dans le courant de la semaine. ».
Je décide donc, compte tenu de ces informations, de m’adresser au nouveau Président de la Délégation Spéciale pour lui annoncer mon retour lors de la prochaine rentrée. Il me répond
sans tarder le 9 septembre 1963. « C’est un plaisir pour moi
d’apprendre votre prochain retour et vous suis gré de votre décision de coopérer encore cette année avec nous. Aucun changement n’étant intervenu depuis votre départ, je vous signale
que le local mis à votre disposition sera prêt à vous recevoir à la
date indiquée. Le personnel communal vous envoie ses bonnes
amitiés et vous prie de croire, Monsieur SAHUT à mes meilleurs
sentiments. » signé Sadaoui Rabah, Président de la Délégation
Spéciale de Bouzeguene.
Malgré mes efforts, j’ai un peu de retard dans ma correspondance. Je réponds en priorité à la gentille lettre que m’a adressée, le 4 septembre 1963 depuis Marseille, Habbas Arezki. Celui-ci m’explique que son cuisinier parti, il était surchargé de
travail mais qu’ heureusement ses neveux vont le remplacer
« un peu », ce qui lui permettra de séjourner plus longuement à
Bouzeguene. Il m’invite une nouvelle fois à venir lui rendre visite
dans son restaurant du 59 de la rue Bernard Dubois. Je m’y rendrai le 18 septembre avant d’embarquer pour Alger.
A la rentrée 63, deux nouveaux collègues français arrivent à
Bouzeguene. Tous les trois, nous occupons la villa située dans
le bordj.
Jean-Charles Torre vient d’Aït-Aïcha où il est arrivé en 1959.
Il s’y sent maintenant un peu isolé. C’est pourquoi il a demandé
une nouvelle affectation. Il vient d’être nommé à l’école d’AïtFerrach, village assez éloigné de Bouzeguene. Il ne possède pas
de véhicule. Il a pour tout moyen de transport une mobylette
d’occasion qui tombe régulièrement en panne !... Je lui porte
tout naturellement secours ! Nous sommes bien souvent obligés
de transporter cet engin en utilisant le car Amrouche jusqu’à
Azazga pour une « réparation » qui dure parfois la semaine !...
Finalement il abandonne ce moyen de transport qui pose plus
de problèmes qu’il n’en résout. Jean-Charles termine l’année
scolaire en accomplissant, matin et soir, une longue « marche,
promenade » bénéfique pour sa santé et pour sa ligne : il se
contente de plus d’un simple sandwich pour le repas de midi !..
Ne souhaitant pas prolonger cette expérience, il postule pour
l’école de Bouzeguene. Faute de poste vacant, il est finalement
nommé à Tamda près de Tizi-ouzou. Il rentrera en France en
1969.
Le second enseignant, Albert le Henaff arrive de Tifrit-Naït ou
Malek après un passage à Aït-Aïcha. Il est nettement plus sportif
que moi : il rejoint chaque matin l’école d’Aït-Saïd en « petites
foulées ». Il gagnera la France à la fin de l’année scolaire 63-64.
Lors de nos moments de loisirs, nous nous déplaçons fré-
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 34
quemment vers Azazga ou Alger. La marche à pied cependant,
en compagnie des collègues venus nous rejoindre, nous a permis de connaître cette belle région. A plusieurs reprises, nous
gagnons le douar de Beni Ziki derrière la célèbre « Main de la
Fatma ».
A d’autres reprises, avec Jean-Charles Torre nous rendons
visite à des familles de parents d’élèves : nous sommes toujours
accueillis avec une très grande gentillesse et beaucoup de chaleur notamment par la famille Amiar du village de Aït-Sidi-Amar.
Après le départ de mes deux collègues, il m’arrive fréquemment, avant de me rendre en classe, de m’arrêter chez Monsieur Moussaoui, juste en face de la boutique du jeune coiffeur.
Il tient un petit restaurant situé non loin de l’école. Il prépare une
délicieuse chorba : ses plats mijotés et son couscous garni et
copieux font souvent mes délices. Je m’y rends assez régulièrement : cela m’évite en général de faire la cuisine. À l’époque, ce
n’est pas une de mes spécialités. Il m’arrive aussi, lorsque je dispose d’un peu de temps libre de bavarder longuement avec lui
« mais seulement après le service » me répète-t-il à chaque fois !
À son tour notre Inspecteur primaire, Monsieur Chala, quitte
son poste pour suivre une formation spécifique. Dans sa lettre
du 15 septembre 1963, il écrit : « Au moment où mon devoir
m’appelle en dehors de l’Algérie, je veux vous exprimer, avant
mon départ, toute ma gratitude pour l’aide que vous avez voulu
m’apporter spontanément, pour cette amitié, cette affection encourageante qui m’ont permis, dans une large mesure, de ne
pas céder à la lassitude, à la déception »…
Monsieur Rabah Kessal lui succède.
Avec la municipalité, nous commençons à mettre en place un
service de cantine pour les plus démunis puis pour l’ensemble
des élèves avec le concours du Croissant Rouge Algérien.
Au début, il s’agit simplement de repas froids. Comme nous
ne disposons pas encore de local adapté, la distribution se
fait à domicile. Les enfants pénètrent dans l’appartement par
l’entrée principale et ressortent par l’arrière du bâtiment après
avoir reçu une barre de chocolat, une tranche de pain sur laquelle est étalée une couche de confiture ainsi qu’une portion
de « vache qui rit ».
Inutile de dire qu’après le passage de 3 ou 4 classes ; le sol de
la cuisine était légèrement « imprégné » de confiture !
Le 9 novembre 1963, le nouvel Inspecteur d’Académie, Monsieur Damerdji, m’adresse un courrier : « J’ai l’honneur de vous
faire savoir qu’un crédit de cinq mille nouveaux francs est mis à
la disposition des écoles du groupe de Bouzeguene. J’entends
par « groupe » la totalité des écoles relativement proches de la
vôtre et avec lesquelles il vous est facile d’ordinaire d’établir des
contacts pour diverses questions. La gestion de ce crédit vous
est confiée personnellement. Il vous appartient notamment de
procéder, dans la limite de ce crédit, à l’acquisition des denrées alimentaires exclusivement ; d’utiliser ce crédit immédiatement… ». Je vous signale que la farine, le sucre, le lait seront
servis par le Croissant Rouge Algérien, à titre gracieux ».
Je prends alors contact avec l’épicier de Bouzeguene, Monsieur Boukais Said. Son commerce est situé à l’entrée du centre,
en bordure de route. Il tient aussi, juste à côté, une boucherie où
nous allons volontiers nous approvisionner pour notre consommation personnelle. C’est une personne de belle prestance, d’un
abord facile et agréable. Je le retrouverai plus tard à Azazga où
il possède également un magasin de chaussures, si mes souvenirs sont exacts. Nos contacts deviendront alors plus fréquents
puisque j’aurai son fils Hocine et un peu plus tard, une de ses
filles dans ma classe de CM2.
La cantine commence à fonctionner dans des conditions
convenables ; un cuisinier a été recruté, par la mairie me semblet-il.
Monsieur AMELLAL, Inspecteur départemental des cantines
scolaires, m’envoie le 24 février 1965 un courrier dans lequel il
me demande de bien vouloir avertir Monsieur le Maire qu’il peut
expédier à Tizi-Ouzou le camion de la commune pour prendre
possession d’un contingent de farine. Les sacs sont destinés
aux cantines scolaires du groupe : Bouzeguene 12 sacs, Ighil
Tizi Boa 6 sacs, Haoura 6 sacs, Ahrick 6 sacs, Sahel 6 sacs,
Iatoussene 6 sacs, Aït-Ikhlef 6 sacs.
Ainsi, grâce à ces livraisons qui vont se renouveler régulièrement, le boulanger, Monsieur TACHE, nous fournit la quantité de
pain nécessaire chaque jour. Il participe ainsi avec d’autres par-
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 35
tenaires, au bon fonctionnement des cantines scolaires. Cette
formule continuera encore après mon départ.
Au début du mois d’octobre 1963, nous sommes totalement
surpris de voir l’armée gouvernementale du Président Ahmed
Ben Bella s’installer dans les anciens bâtiments utilisés autrefois
par l’armée française.
Nous apprenons par la radio, car à Bouzeguene la presse
n’est pas distribuée, que s’est constitué un Front des Forces
Socialistes (F.F.S.), dont Aït-Ahmed aurait pris la tête, pour lutter
contre le pouvoir en place.
De nombreux tracts sont distribués. Dans celui du 11 octobre
1963 on peut lire : « ...Algériens, Algériennes, le Front des Forces
Socialistes a le 29 septembre 1963 affirmé sa volonté inébranlable de résister au Fascisme... Le régime ébranlé, sans assise
populaire, ne s’appuyant que sur de multiples polices, affiche
ainsi clairement sa volonté d’assassiner tous les véritables militants, artisans de la victoire,au profit des « Héros de l’extérieur... »
Nous prenons avec vous l’engagement solennel de ne cesser le
combat qu’après la destruction de ce régime. »
Celui du 15 octobre est tout aussi explicite : « ...Peuple algérien, l’heure est grave. Il faut balayer au plus vite le régime de
faillite. Le temps n’est pas loin où Ben Bella accusait Boudiaf de
complot avec Bourguiba. Le masque est tombé ; l’équipe d’Oudja a vendu une partie du territoire national. Sûr d’interpréter
tes aspirations profondes et ton sens de l’honneur, le Front des
Forces Socialistes déclare : qu’il considère nul et non avenu tout
accord qui porterait cession d’une parcelle du territoire national... »
Quant au communiqué du 16 octobre 1963, il affirme : « Devant les menaces qui pèsent sur notre pays, Ben Bella a adressé
un appel à l’union... Le F.F.S. né de la faillite du FLN n’est pas
dupe de cette manœuvre. Il ne transigera pas néanmoins sur le
principe de l’intégrité du territoire et décide d’acheminer par ses
propres moyens un bataillon de volontaires pour faire face aux
menaces extérieures... »
Mais devant le danger qui semble se préciser, le FFS, dans
un nouveau communiqué daté du 23 octobre 1963, proclame la
trêve à partir du jeudi 24 octobre.
Finalement, Ahmed Ben Bella donne son accord sur tous les
points soulevés par le F.F.S. Une délégation de 5 membres, dont
le colonel Mohand Ou El Hadj et le commandant Si Lakdar, est
dépêchée pour conclure cet accord qui met fin à la division et à
la dispersion des forces vives du pays, face aux revendications
territoriales du Maroc dans la région de Tindouf.
Durant la présence des militaires, nous n’aurons jamais aucun problème. Je rencontre d’ailleurs une ou deux fois le commandant de cette compagnie qui me rassurera en précisant
qu’il s’agit là d’un conflit entre Algériens et Marocains et qui ne
concerne en aucun cas les étrangers, en particulier les coopérants français. Il est inutile de souligner que dans cette affaire
interne à l’Algérie, notre neutralité était totale.
Pendant ce temps, le nombre d’élèves inscrits est en constante
augmentation ; nous devons ouvrir de nouvelles classes, notamment dans le village même de Bouzeguene, dans un local situé
près de la mosquée.
Il convient donc d’adapter les emplois du temps en tenant
compte des différents horaires officiels,de l’intervention des
maîtres arabisants ainsi que du déplacement de certains élèves
appelés à travailler le matin, au village, en arabe et l’après-midi,
au centre, en français.
J’établis un emploi du temps général incluant le village que je
soumets à notre Inspecteur primaire, Monsieur Kessal.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 36
Après quelques modifications apportées par le conseiller pédagogique d’alors, Monsieur Jean-Jacques Galland, et l’avis
favorable du nouvel Inspecteur primaire en langue arabe, Monsieur Saheb, le nouvel emploi du temps entre en application
sans délai.
C’est ainsi que Monsieur Ghaoui, nouveau maître en langue
française, exerce ses talents en CP et CE1, tandis que Monsieur
Kacher Amar s’occupera de l’arabisation de ces mêmes élèves
au village de Bouzeguene.
Pendant ce temps, à Bouzeguene centre, Monsieur Hadjer
Ali, Monsieur Chahed et moi même nous nous répartissons les
CE2 et les CM avec la collaboration efficace de Monsieur Sadou
le nouveau maître d’arabe.
Comme je sais que désormais le temps m’est compté, je
pousse au maximum mes élèves afin de leur permettre de réussir leur examen d’entrée au collège. À la fin de l’année scolaire
1964-1965, je présente plusieurs élèves en 6e.
Malheureusement, les dossiers de deux d’entre eux sont rejetés : ils sont trop âgés ! Que faire ? Je connais bien l’un des deux
pour l’avoir eu à l’école d’Haoura en 59-60. Il accomplit chaque
jour, avec d’autres camarades, un parcours long en fatiguant
afin de pouvoir fréquenter l’école de Bouzeguene. Il n’y a qu’une
possibilité : les présenter directement en 5e. C’est un examen
difficile qui demande une préparation sérieuse. Qu’importe !
Nous nous mettons au travail. Les enfants sont motivés, très
assidus. Ils veulent absolument réussir. Je les garde donc le soir
après les cours. Parfois ils viennent même le jeudi matin. Ils redoublent d’énergie. Je leur donne en plus du travail à la maison.
Tous ces efforts ne sont pas vains, ni inutiles. Ils seront tous
admis au collège d’Azazga en classe de 5e, à la prochaine rentrée !...
Ces deux élèves, Saidani Mohand Larbi du village d’Haoura
et Amiar Ali d’Aït-Sidi Amar, accompliront par la suite un beau
parcours professionnel.
Ma dernière année voit quelques changements. Monsieur
Hadjer et Monsieur Chahed, ayant obtenu leur mutation, sont
remplacés par Monsieur Si Smail Akli originaire de Tizi-Ouzou.
Je pense aussi que c’est à cette époque, si je ne me trompe
pas, que deux nouveaux enseignants venant du village voisin
de Iatoussene, Monsieur Aliane et Monsieur Hammoun, dont
j’ai malheureusement oublié les prénoms, arrivent au groupe de
Bouzeguene centre. Ils auront, eux aussi, en charge des élèves
de CM2 qu’ils présenteront avec succès à l’entrée en 6ème et
au certificat d’études en juin 1966.
Voilà bientôt cinq ans que je suis à Bouzeguene.
La lassitude et l’éloignement commencent à se faire sentir.
J’envisage, à mon tour, un changement pour un poste en ville
car depuis mon arrivée en Algérie je n’utilise que des bougies ou
la lampe à pétrole pour m’éclairer. A la longue un tel éclairage
n’est vraiment pas l’idéal pour lire et corriger des cahiers durant
des heures ; ma vue commence à en souffrir.
Lors de nos concertations pédagogiques à Azazga, je rencontre fréquemment Monsieur Rabia Mohand, le directeur de
l’école primaire et du collège. Il me répète à chaque fois : « Sahut, vous avez fait votre temps dans le bled... Il est temps de
changer. Il y aura des postes vacants à la rentrée. Il faut faire
votre demande pour Azazga et puis vous aurez un logement
avec l’électricité, à côté de mon bureau, à la sortie de la ville, sur
la route de Tizi-Ouzou. Vous serez tranquille ».
Comme toujours, j’hésite... Malgré un confort sommaire, un
manque de soins en cas d’urgence, l’absence de collègues
français, j’aime Bouzeguene, ses habitants sympathiques et
accueillants, son air pur et vivifiant, ses montagnes enneigées
l’hiver. Elles me rappellent mon Auvergne natale et s’ouvrent à
de belles randonnées. Je finis néanmoins par me décider à demander mon changement pour l’école d’Azazga.
En fin de compte, n’est-il pas temps de laisser la place aux
jeunes enseignants kabyles et de confier la direction du groupe
à un maître algérien ?
Le jeudi 26 mai 1966, je suis convoqué par le nouvel Inspecteur d’Académie, Monsieur Bab-Ahmed, à l’école Jeanmaire
à Tizi-Ouzou, en qualité de correcteur à l’examen d’entrée en
6e. Je rencontre au détour d’un couloir Monsieur Rabia. Il me
confie : « je suis pressé... Je file à l’Inspection. J’ai rendez-vous
avec l’Inspecteur d’Académie pour la rentrée prochaine. Vous
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 37
avez obtenu un poste à Azazga. Félicitations !...Azzam me l’a dit
hier, votre collègue des Agrhibs vient aussi. Vous serez en pays
de connaissance...À ce soir !... »
Effectivement, la semaine suivante, Monsieur Azzam, le secrétaire général de l’Inspection académique que je connais depuis mon arrivée en Algérie et à qui je rends visite à chacun
de mes déplacements à Tizi-Ouzou me confirme officieusement
mon affectation....
Je recevrai la nomination officielle durant les vacances d’été
à Volvic.
À mon retour, en connaissance de cause, je fais part de mon
intention de quitter Bouzeguene définitivement au nouveau Président de la Délégation Spéciale, Monsieur Belkacem Chérif. Il
prend acte de ma décision et me souhaite bonne chance dans
mon nouveau poste.
satisfait d’avoir accompli convenablement ma mission de coopérant français, je quitte avec regret Bouzeguene où je laisse derrière moi une partie de ma jeunesse. Je conserverai cependant
le contact avec cette région attachante puisque j’aurai à nouveau, un peu plus tard, le plaisir de retrouver un certain nombre
de mes anciens élèves en 6e puis en 4e, au collège d’Azazga..
Par la suite, pendant les sept années que je passerai à Azazga, je continuerai à découvrir un peu plus l’âme de la Kabylie dans un cadre motivant : le collège est dirigé par un être
d’exception Monsieur Rabia. Je travaillerai en parfaite harmonie
avec ce directeur exemplaire et de confiance qui dirige l’établissement avec beaucoup de finesse et un brin d’humour. Il sait
parfaitement concilier présence discrète et efficacité avec pour
seule préoccupation la réussite des enfants dont nous avions la
charge.
Une nouvelle page se tournait, pour moi, le 30 juin 1966 à
Bouzeguene. Ainsi, après huit ans de présence dans la région,
Azazga : M. Rabia Mohand (avec les lunettes), directeur Primaire et CEG ;
à droite M. Saheb, Inspecteur Langue Arabe
Chapitre 4.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 38
L’école de garçons d’AZAZGA.
(1966-1968)
J
’allais donc quitter Bouzeguene avec regret, mais d’un autre
côté, avec un certain soulagement, car la fonction de directeur devenait, au fil des ans, de plus en plus pesante et sensible
surtout pour un coopérant français.
En effet, j’éprouvais parfois une véritable gêne, voire même
un malaise lorsque, après avoir réuni les parties en conflit, je
devais régler un problème qui, certes, était de mon ressort, mais
m’obligeait à prendre position puis à trancher un différend mettant en cause des rapports délicats entre Algériens, allant parfois jusqu’à opposer arabisant et francisant.
En septembre 1966 je suis donc nommé à l’école de garçons
d’AZAZGA. Notre directeur, Monsieur Rabia Mohand, également principal du collège, m’a désigné d’office pour enseigner
en classe de CM2.
C’est évidemment une responsabilité puisque ces maîtres
doivent préparer leurs élèves à l’examen d’entrée en 6e et présenter les plus âgés au certificat d’études en même temps qu’au
CET (collège d’enseignement technique) alors dirigé par Monsieur Bouadi Said.
Je retrouve comme convenu mon collègue des Aghribs Monsieur Xavier Delcouderc avec qui je travaille en équipe puisqu’il
exerce aussi en cours moyen 2e année. La plupart des classes
sont encore tenues par des enseignants français comme Monsieur Jean-Marie Supiot qui, lui, effectue alors son service national au titre de la coopération. Nous trouvons aussi Madame
Yvette Hermosilla chargée des CE1-CE2 dont le mari, médecin
espagnol, est responsable de l’AMG (Assistance Médicale Gratuite) ainsi que Monsieur Alain Maréchal.
Nous avons aussi quelques collègues algériens, tel Monsieur
Youcef Menguelti et des enseignants arabisants : Monsieur Brahimi et Monsieur Bellabas exerçant sous le contrôle et la compétence de Monsieur Larbi Lounis le conseiller pédagogique en
langue arabe. C’est donc une nouvelle équipe qui se met en
place.
En effet, les instituteurs français nommés jusqu’à présent soit
en primaire, soit en collège et notamment M. et Mme Émile Fortin, M. Jean-Claude Servais, M. Giraud, la famille Pejoan ont demandé leur changement afin de pouvoir scolariser leurs propres
enfants dans des écoles de l’office culturel français à Tizi-Ouzou
ou, pour les plus âgés, au lycée Descartes à Alger comme c’est
le cas de M. Jean-Jacques Galland, l’ancien conseiller pédagogique en langue française. Il est remplacé par M. Jean-Claude
Lacoste dont l’épouse est encore directrice de l’école de filles
et qui a elle-même succédé à Mlle Josiane Lubrano que j’avais
rencontrée une ou deux fois au cours des années 1960-1961 si
mes souvenirs sont exacts.
Si à Bouzeguene j’avais des relations assez régulières avec
la population, à Azazga par contre, je n’ai pratiquement aucun
contact avec les parents d’élèves hormis M. Boukais Said que
je connais déjà et qui a son fils Hocine dans ma classe ainsi
qu’avec M. Mensous Hamid. Ce dernier suit de près la scolarité de ses enfants et notamment, à l’époque, de sa fille Sadia
susceptible d’être admise en 6e à la rentrée prochaine. Je le rencontre régulièrement puisqu’il tient en ville une petite épicerie
où je vais régulièrement m’approvisionner. Aux beaux jours en
général, lorsque le temps le permet, assis sur le seuil de sa boutique dans de confortables fauteuils qu’il met à la disposition de
ses fidèles clients, nous bavardons longuement.
Aussi, n’ayant plus de responsabilités administratives ni pédagogiques, je me consacre entièrement à ma classe et je profite de mes moments de loisirs pour découvrir davantage cette
magnifique contrée. Je parcours à plusieurs reprises la célèbre
forêt de Yakouren où les singes, chassés lors des évènements,
commencent à réapparaître. Au retour il m’arrive de croiser, au
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 39
lieu-dit « Fontaîne fraîche », notre directeur lisant tranquillement
« Le Monde » au volant de sa 403 verte la célèbre S 24 AH !!!.
Je visite également les villages environnants d’où sont originaires une partie de nos élèves : Fréha, Cheurfa, Les Aghribs.
J’ai même envisagé un moment l’ascension du Tamgout, point
culminant de toute la région, mais il m’a été déconseillé de partir
seul et personne n’a voulu m’accompagner…
Avec quelques collègues nous nous rendons parfois à PortGueydon (aujourd’hui Azzefoun), petite ville côtière située à une
trentaine de km d’Azazga où, de temps en temps, nous avons le
plaisir de déguster d’excellents loups ou bars ainsi que quelques
rougets grondins pêchés le matin même et préparés avec soins
par le patron du restaurant.
À cette époque l’ensemble des Français d’Algérie originaire
d’Azazga a quitté la ville hormis les Pères Blancs qui resteront
encore quelque temps ainsi qu’une personne seule, déjà âgée,
Mlle Champetier dont le domicile est situé en face de l’hôtel des
Touristes alors tenu par M. Messaoudène Tahar. Nous allons,
M. Coz et moi, accompagnés parfois d’amis algériens nous désaltérer dans ce bar qui affiche régulièrement chaque jour sa
nouvelle carte à l’entrée de l’établissement. Nous pouvons alors
apprécier la fameuse «33» qui fait également le bonheur et la joie
des autres consommateurs. Il nous arrive fréquemment d’ailleurs
de dîner seuls ou en compagnie de collègues kabyles. Parfois,
lorsque les clients sont peu nombreux, le patron, après avoir
clôturé sa comptabilité journalière et fermé le restaurant, se joint
à notre petit groupe et nous terminons la soirée par une série de
«4-21». Il faut bien avouer qu’à Azazga, en dehors du bar, il n’y
avait pas beaucoup d’animation ni de distraction pour un Européen... Par la force des choses, je suis ainsi amené à consulter,
à deux reprises, pour quelques embarras gastriques dûs certainement à de petits excès de jeunesse, le docteur Mahmoud
Mettouchi qui, par un traitement efficace et bien adapté à mon
cas, me remet sur pied en moins de 48 h, au grand soulagement
de Monsieur Rabia !
Nous nous rendons également, tous les quinze jours en général, à Tizi-Ouzou pour y rencontrer des collègues coopérants
« descendus » eux aussi en ville. Il nous arrive alors de nous attarder « Chez Bob », le café-restaurant exploité par M. Bouzar,
personnage très sympathique, toujours élégamment vêtu et
avec lequel j’aime beaucoup discuter. Lorsque je suis seul, je
déjeune au « Bagdad » où je croise quelquefois M. Azzam et
M. Amellal, l’Inspecteur des cantines scolaires accompagnés
par un jeune fonctionnaire de l’Inspection Académique et qui
m’avaient rendu visite à Bouzeguene en mars 1965.
Jean-Louis Sahut et ses élèves, école d’Azazga, juin 1967
Voilà maintenant deux ans que j’exerce à l’école de garçons
d’Azazga. M. Jean-Marie Supiot qui a terminé son service national, mais ne souhaite pas prolonger son engagement décide
de rentrer en France. De leur côté, Mme Hermosilla et M. Delcouderc quittent également leur poste pour rejoindre Tizi-Ouzou
afin de scolariser leurs enfants à l’école de l’Office.
Vers la mi-juin, au moment où, en France, les grandes grèves
prenaient fin, M. Rabia m’informe qu’à la prochaine rentrée je
serai nommé au collège d’Azazga. Je suis totalement surpris
par cette décision et comme j’hésite à accepter ce poste que je
n’ai pas sollicité, il me répond : « Nous manquons actuellement
d’enseignants qualifiés dans le secondaire et principalement en
mathématiques ; j’ai consulté votre dossier à l’Inspection et je
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 40
sais que vous remplirez parfaitement et convenablement cette
fonction. Il ajouta pour clore la discussion : « De toute façon le
primaire sera entièrement algérianisé d’ici peu et vous n’y aurez
plus votre place. »
J’ouvre ici une parenthèse pour indiquer que l’enseignement primaire a été totalement arabisé au milieu des années 80
ainsi que l’enseignement secondaire qui ne compte plus que
quelques rares sections bilingues. Le français est cependant
enseigné dans ces deux cycles comme langue étrangère. Mais
peut-être les choses ont-elles évolué depuis...
Je mets donc à profit mes congés d’été pour me documenter
et faire l’acquisition de trois ouvrages qui, à l’époque, faisaient
référence en la matière et que j’utiliserai pour dispenser mes
cours en 4e et en 6e : le Monge et Guinchan ; le Maillard ; le
Bossé Hemery.
Ecole de garçons d’Azazga. Juin 1967
Chapitre 5.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 41
Le collège d’AZAZGA.
(1968-1972)
L
e dimanche 22 septembre 1968, les cours reprennent le 23,
je quitte donc le logement que j’occupe depuis mon arrivée
en ville à côté du bureau du directeur pour emménager dans
un appartement situé dans l’enceinte du collège et que je vais
partager avec trois autres coopérants français : M. Denis Coz,
M. Henri Bernardin et M. Beaupère qui effectue, comme M. Supiot, son service national. Monsieur Rabia Mohand, le principal, me présente les autres enseignants qui travaillent déjà dans
l’établissement : M. et Mme Guy Champy (mathématiques) ; M.
et Mme Domerc (français et allemand) ; Mme Colette Maréchal
(français) et son mari Alain (sciences) ; Mme Bodin dont le mari
Yannik enseigne au CET. Je rencontre aussi quelques collègues
algériens : Mme Kaci-Chaouch, M. Amara Mourad (mathématiques) et M. Zaïdat Méziane le sympathique professeur d’éducation physique. Par la suite arrivera un couple de coopérants
belges M. et Mme Berger puis au cours de l’année 1970-1971
M. Rouchoux qui enseignera, je crois, l’anglais et le français
après le départ de M. et Mme Champy pour Tizi-Ouzou où leurs
enfants seront, eux aussi, scolarisés à l’école de l’office et enfin
deux couples M. et Mme Joseph puis M. et Mme Lamperti.
Le collège et la mosquée d’Azazga.
Juin 1970
Je fais aussi connaissance avec le personnel
administratif : M. Haddar
Hamid le surveillant général, M. Sahi Arezki le secrétaire du directeur, ainsi que
de M. Bitam l’économe
du collège puis, par la
suite, de son successeur
M. Oussaidène secondés
efficacement dans leur
tâche par M. Boukersi.
Je sympathise également
avec les surveillants et les
maîtres d’internat lesquels assument leur fonction le plus sérieusement possible. Malheureusement, j’ai complètement oublié le
nom de la majorité d’entre eux. Seuls me reviennent en mémoire
ceux de M. Baleh Lounès et de M. Hammadouche hélas, aujourd’hui, tous deux décédés si mes informations sont exactes,
sans oublier toutefois M. BENGHAZI Madjid et M. BOUMAZA
Idir que je connaissais plus particulièrement. Enfin, je rencontre
à plusieurs reprises, M. Chérif Rabah notre nouvel inspecteur,
homme discret et pondéré, mais surtout fin pédagogue.
Un peu plus tard, je prends contact avec les coopérants arabisants venus principalement d’Égypte, de Syrie, de Jordanie et
même de Palestine tel M. Askari Riad qui, par la suite, prendra
la nationalité algérienne. Toutefois, comme aucun d’eux ne parle
français mais que quelques-uns peuvent s’exprimer dans la langue de Shakespeare, c’est en général M. Coz, professeur d’anglais, qui, au début, sert d’interprète pour faciliter les échanges
et permettre une meilleure communication entre nous.
De même, lorsqu’un enseignant oriental veut entrer en rapport
avec le directeur d’origine kabyle qui, paraît-il, ne comprend pas
l’arabe classique, il s’adresse en anglais, toujours à M. Coz lequel traduit sa requête en français au chef d’établissement puis
attend la réponse de ce dernier pour enfin la transmettre en anglais à l’intéressé !!! Quelle simplicité pour se faire comprendre !...
Aussi, malgré leur bonne volonté, il semble néanmoins que
certains de ces enseignants éprouvent quelques difficultés à se
conformer aux programmes algériens en se distinguant dans
l’art et la manière de transmettre le savoir, car il s’agit, comme
pour le français, de mettre en œuvre des moyens appropriés
permettant de faire acquérir à l’enfant, dans des délais réduits,
la capacité de communiquer normalement et couramment dans
une langue qui lui est étrangère. En effet, lorsque je fais cours
et que dans la salle attenante se déroule une séance en langue arabe, on a parfois l’impression que tous les enfants, alors
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 42
passablement agités, s’expriment en même temps et qu’il s’agit
plus d’une prière collective que d’une véritable leçon ce qui, en
général, perturbe bien ma propre classe. La semaine suivante,
lorsque j’ai ces mêmes élèves en mathématiques et que je leur
demande ce qu’ils ont bien pu retenir de leur cours d’arabe,
ils me répondent presque invariablement : « Rien ! on s’est bien
amusé !... Ça ne nous intéresse pas… On ne comprend pas ce
qu’il dit ! »
Comme on le voit, la communication est loin d’être une chose
simple et aisée. Dès le lendemain de l’indépendance, l’Algérie
nouvelle a inscrit, au nombre de ses options fondamentales en
matière d’éducation, l’arabisation de l’enseignement. Les jeunes
algériens apprennent désormais l’arabe classique ou littéraire
devenue langue nationale et officielle plutôt que l’arabe dialectal
pourtant davantage parlé et utilisé dans le pays à l’exception
de certaines régions, notamment de la Kabylie dont la langue
maternelle des habitants n’est certes pas l’arabe mais, depuis
la nuit des temps, le tamazight, le berbère. À ce sujet j’ai relu
récemment quelques articles de la constitution algérienne de
1996 qui reconnaît « l’amazighité » comme composante de l’unité nationale au même titre que « l’arabité » et « l’islamité ». Mais il
me semble que la langue tamazight reste sur le terrain purement
culturel. Son enseignement, obtenu à l’arraché après une longue grève des écoles (je pense que c’était en 1994 ou 1995 ?),
demeure facultatif et limité. Souhaitons que depuis les choses
se soient améliorées.
Je viens d’ailleurs de retrouver, en classant mes archives, une
jolie carte postale représentant un village kabyle perché dans
la montagne que m’avait adressée, en 2001, un ancien élève
et qui, après m’avoir décrit son quotidien en Algérie et parlé de
son « irrésistible » envie de rejoindre la France, terminait sa lettre
par ce slogan écrit en tamazight : « Assa, azekka,Tamazight tella,
tella ! » « Aujourd’hui, demain, la langue berbère vivra ! »
Cela n’empêchera donc pas, peu après l’accession de l’Algérie à la souveraineté nationale, certains dirigeants ou privilégiés du régime ayant probablement quelques inquiétudes et de
sérieux doutes, quant aux résultats escomptés sur les bienfaits
de l’arabisation à outrance, d’envoyer leurs propres enfants s’alphabétiser et s’instruire dans des établissements étrangers et
principalement en France !
Car dans les années 65-70, le français, langue véhiculaire de
la pensée scientifique et technique moderne, est, par le fait de
l’histoire, un outil irremplaçable du développement économique
et social de l’Algérie, une condition du rayonnement international de ce pays en Afrique. Il n’en reste pas moins que cet enseignement du français se heurte à un certain nombre de difficultés
et que l’on peut être légitimement tenté de penser que le gain
quantitatif a pour contrepartie un sensible fléchissement qualitatif. Au nombre de ces difficultés, il y a, bien sûr, la diminution des
horaires de l’enseignement en langue française ramenés à 15 h
de la deuxième à la quatrième année, et à 20 h, en cinquième
année et sixième année ; encore faut-il rappeler que dans ces
horaires se trouve incluse la part, non diminuée, du calcul, de la
géographie, et des exercices d’observation, ce qui limite d’autant la part réservée à l’enseignement de la langue elle-même.
En septembre 1968, le directeur, M. Rabia me désigne donc
pour enseigner les mathématiques en classe de quatrième et en
classe de sixième. Comme dans l’enseignement primaire, je travaille en équipe, mais cette fois avec M. Amara qui a également
en charge des 4es. Nous organisons régulièrement des contrôles
communs ce qui permet à nos élèves de suivre la progression
de chacune des classes et de favoriser, par la même occasion,
une certaine émulation entre elles. Parfois, certains élèves viennent me trouver pour se plaindre de la difficulté des exercices
proposés. Après avoir écouté leurs doléances, je leur réponds :
« Voyez-vous les enfants, dans la vie, si vous voulez progresser,
aller de l’avant, il faut se heurter à tous les obstacles. Si on ne
fait que ce que l’on aime, sans faire aucun effort, sans réelle
motivation, on n’avance pas, on piétine, et il arrive même que
l’on recule. Et bien en mathématiques, il en est de même. Oui,
aujourd’hui, vous n’avez pas bien réussi votre exercice, mais
lorsque, par la suite, vous rencontrerez des cas semblables,
alors vous surmonterez l’épreuve avec aisance… et peut-être
même que vous viendrez me remercier !!!! »
Je ressens chez la très grande majorité de ces adolescents
l’envie de bien faire, de réussir malgré les problèmes de toutes
sortes auxquels ils sont confrontés chaque jour. Toutefois, nos
élèves internes, contrairement à leurs camarades externes, ont la
chance de pouvoir bénéficier d’études surveillées et contrôlées
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 43
par des maîtres d’internat qui eux-mêmes, bien souvent, préparent des examens. Aussi les effets bénéfiques ne manquaient-ils
pas de se faire ressentir sur leurs propres résultats scolaires. Il
faut dire, en effet, que beaucoup de nos élèves proviennent de
familles illettrées ou presque illettrées et dans lesquelles on ne
parle que rarement sinon pas du tout français à la maison. En
plus de cela, leurs parents n’ont, pour la plupart, aucune idée
des obligations scolaires auxquelles leurs enfants sont assujettis. De ce fait, ils ne s’occupent guère des leçons que ceux-ci
doivent apprendre ni des devoirs qu’ils doivent rédiger étant en
général, eux-mêmes, dans l’incapacité de les contrôler.
La poussée démographique se faisant sentir, la construction
de nouvelles classes s’avère nécessaire ainsi que l’aménagement de ces différents locaux car, en plus de la pénurie de mobilier, le problème de l’internat vient s’ajouter aux préoccupations,
déjà nombreuses, dans ce domaine.
En effet, le CEG est conçu en principe pour 110 élèves internes
alors qu’actuellement (en 1968-1970) ce même établissement
en abrite plus de 320. C’est ainsi qu’à la rentrée 70-71, le directeur a dû créer une classe de seconde dans un bâtiment qu’il a
aménagé à cet effet, mais nombreux sont encore les élèves qui
sont encore dans l’obligation d’attendre l’achèvement du lycée
prévu, en principe, pour la fin de l’année 1970. La construction
de cet établissement s’avérait indispensable. À deux reprises je
le visite en compagnie de M. Rabia et de plusieurs enseignants
dont M. Amara. Situé à environ 150 m de la ville et construit sur
un terrain d’une superficie de 4 ha, il aura une capacité d’accueil
de plus de 1000 élèves et comprendra, outre les locaux administratifs et les logements du personnel, un foyer, des stades et
un réfectoire d’environ 900 m2.
La cour du CEG d’Azazga.
Juin 1970
Chapitre 6.
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 44
La dernière année au collège d’AZAZGA.
(1972-1973)
V
oilà maintenant 5 ans que j’enseigne au CEG. De nombreux
mouvements se sont produits parmi le personnel. Arrivé en
janvier 1968, M. Amara Mourad, devenu un ami avec lequel j’entretiens toujours une correspondance, nous quitte en juin 1971
pour assurer à la rentrée suivante l’intérim de direction d’un collège à Maillot. Il reprendra ensuite son poste à Azazga et obtiendra finalement en 1973 sa mutation pour un autre établissement.
Afin d’apporter notre concours à la formation accélérée des
moniteurs et des instructeurs, nous sommes tenus de leur assurer le jeudi matin, jour de congé (je ne me souviens plus si
c’était toutes les semaines ou tous les quinze jours) des cours
de soutien portant sur les matières essentielles. J’ai d’ailleurs
retrouvé dans mes archives les devoirs de mathématiques (niveau 4e) corrigés, mais non réclamés de deux enseignants : Mme
Dinar Fatima de l’école de Mekla et M. Brahmi El Hachemi de
l’école d’Aït-Aïcha. J’espère simplement qu’ils auront accompli
une belle carrière dans l’Éducation Nationale.
Vers la fin mai 1973, je constate que M. Rabia semble particulièrement soucieux. Comme je suis assez libre avec lui et
que nous avons souvent l’occasion de bavarder ensemble (il lit
régulièrement « Le Canard Enchaîné » auquel je suis abonné et je
suis son fournisseur attitré de fume-cigarettes !), je lui demande
ce qui peut bien le préoccuper.
« Voyez-vous Sahut, me dit-il, nous sommes en train de préparer les passages en seconde et je vais encore avoir des empoignades avec les parents d’élèves qui ne veulent pas envoyer
leurs enfants dans des classes arabisées !... Vous connaissez
les Kabyles depuis le temps que vous êtes là…et vous savez
très bien ce qu’ils pensent de tout cela… » puis il enchaîna rapidement « Comme parent, je les comprends, mais en tant que
chef d’établissement je suis bien obligé d’appliquer les textes
et les circulaires ministérielles ; on doit faire passer en seconde
arabisée un tiers environ d’une classe de troisième… Vous ima-
ginez la situation ! » et il ajouta avec son air sérieux et son sourire
inimitable : « Et puis, si cela continue, avec Coz, vous viendrez
m’apporter des oranges à Oued-Aïssi !!! (Centre psychiatrique
situé à quelques kilomètres de Tizi-Ouzou.) »
Effectivement, les élèves admis dans ces classes étaient en
général d’un niveau assez faible, mais si, par contre, un enfant,
malgré ses difficultés dans l’ensemble des matières, obtenait
par exemple de bons résultats en mathématiques, la commission préférait l’orienter vers une section où le français restait
encore dominant dans les épreuves scientifiques. En effet, dans
ces classes bilingues, la littérature, l’histoire, la géographie
étaient certes enseignées en arabe, mais les mathématiques, les
sciences naturelles, la physique, la chimie se faisaient toujours
en français contrairement à la seconde arabisée où ces mêmes
disciplines étaient désormais transmises en arabe.
Il convient de souligner à cet égard que le rejet de la langue française comme symbole de « l’aliénation coloniale » s’est
avéré un frein certain au développement de l’Algérie. Aussi, réjouissons-nous de la tendance actuelle à considérer le français
comme « butin de guerre » et de la nouvelle réforme de l’école algérienne qui devrait peut-être permettre au français de retrouver
la place qui fut la sienne dès la deuxième année du primaire...
D’ailleurs, le président Boumedienne le reconnut implicitement lorsqu’il reçut à Alger une délégation d’industriels français
« Cette guerre avec la France nous a coûté très cher, elle nous a
coûté 60 000 spécialistes français d’Algérie qui nous manquent
cruellement aujourd’hui pour faire décoller notre pays sur le plan
économique. »
Au début de l’année 1973, Monsieur Rabia me transmet, ainsi qu’à d’autres coopérants dont M. Coz et M. Bernardin, une
lettre datée du 22 janvier 1973 dans laquelle M. Zerhouni, directeur des personnels enseignants et administratifs, nous informe
que dans la cadre de l’algérianisation de la fonction publique
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 45
Mais saurais-je, aujourd’hui encore, résoudre facilement cet
exercice ?
Collège d’Azazga. Classe de 4e A. 1969-1970
(mais certainement aussi en raison de la progression constante
de l’arabisation), nos contrats, conformément à la convention
du 8 avril 1966, ne sont pas renouvelés. Il nous remercie toutefois pour notre coopération. Dès cet instant, je prends aussitôt
contact avec l’Inspection Académique de l’Essonne à Evry, mon
département de rattachement, afin de demander ma réintégration et participer au « mouvement » prévu pour fin mai 1973.
En attendant, les cours se poursuivent normalement. Cependant, à l’approche de la fin de l’année scolaire, la tendance
s’accélère, car, pour ma part, je tiens absolument à terminer
le programme. En parcourant mon registre de notes et de préparations, on peut découvrir à la date du mardi 5 juin 1973 :
contrôle et évaluation de géométrie (en liaison avec la classe de
M. Amara) :
Sujet : 1 heure. Niveau 4e : Soit un cercle de centre O, AOB
et COD deux diamètres perpendiculaires. Soit F un point
situé sur l’arc CB. AF coupe CO en E.
1° M
ontrer que les points E O B F sont sur un même cercle.
Quel est le centre de ce cercle ?
2° É
valuer les angles ACO et CFA et montrer que le cercle
circonscrit au triangle CEF est tangent à AC.
3° S
oit I, le centre du cercle CEF. Evaluer l’angle CIE. En déduire que I est sur le même cercle que les points EOBF.
Puis à la date du mardi 19 Juin 1973, nous découvrons toujours sur mon registre de préparations : Conseil de classe 4e B :
Passage en 3e - Salle du rez-de-chaussée n° 1.
Participants : M. Rabia (directeur) ; un secrétaire ; Mme
Maréchal (français) ; M. Bernardin (sciences) ; M. Coz (anglais) ;
M. Zaïdat Méziane (éducation physique) ; M. Sahut (mathématiques), le professeur d’arabe syrien dont je n’ai pas relevé le
nom.
Bilan : effectif de la classe 33 inscrits. Nous relevons 6 félicitations ; 9 tableaux d’honneur et 7 encouragements ainsi que
3 redoublants.
De même : conseil de classe 4e A : passage en 3e - (Commission identique) - Réunion le vendredi 22 juin à 10h30, salle du
rez-de-chaussée n° 2.
Bilan : effectif de la classe 32 inscrits. Nous relevons 4 félicitations,10 tableaux d’honneur et 6 encouragements ainsi que
3 redoublants.
Comme on peut le constater nos élèves ont, dans l’ensemble,
bien travaillé (le directeur le reconnaît) mais certains commencent à être fatigués, est-ce dû au stress, au surmenage ?
Heureusement les vacances approchent…
Le jeudi 21 juin je me rends à Tizi-Ouzou pour procéder à la
réservation du billet nécessaire à mon embarquement. Je profite
de mon passage pour régler, avant mon départ définitif, différentes questions administratives et rendre visite, par la même
occasion, à Monsieur Azzam Amokrane, le secrétaire général de
l’Inspection Académique qui m’accueille, comme toujours, avec
son calme et son sourire habituels derrière son grand bureau
encombré de dossiers et de lettres.
À la sortie, je croise dans les couloirs Monsieur Saheb, l’inspecteur en langue arabe mais aussi parfait bilingue qui m’invite à prendre le pot de l’amitié et me donne rendez-vous chez
«Bob» à midi. Inutile de dire que ce jour-là, la consommation ne
s’est pas faite avec modération, bien au contraire, si bien qu’à
mon retour à Azazga, j’ai dû m’imposer une sieste prolongée qui
s’avérait plus qu’indispensable…
La vie scolaire au collège d’Azazga
ersonnel des
’Azazga, le p
CEG d
-1970
cuisines. 1969
Collège d’Azazga, classe de 4e B. 1969-1970
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Collège d’Azazga, classe de 4e C. 1969-1970
Collège d’Azazga, classe de 3e A. 1969-1970
La vie scolaire au collège d’Azazga
zga,
Collège d’Aza
e B. 1969-1970
classe de 3
970
e 5e C. 1969-1
C
a, classe d
ollège d’Azazg
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 47
Octobre 1970.
M. Domerc (français), Mme (allemand) et Jean-Louis Sahut
1972. Hôtel des Touristes.
A droite : M. Messaoudène Tahar (le patron)
La vie scolaire au collège d’Azazga
1973.
Debout à gauche M. Coz, à droite M. Sahut.
Assis à droite M. Amara
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 48
Mai 1972. Personnel du restaurant scolaire.
M. Oussaïdène, l’économe en cravate
Juin 1973. Distribution des prix au CEG
Gauche à droite : MM. Coz, Haddar Hamit,
Sahut, Askari Riad
Gauche à droite : MM. Saioani, Larbi, Sahut,
Coz, Zaidai (EPS)
Gauche à droite : MM. Coz, Sahut, ?,
Messaoudène
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 49
La vie scolaire au collège d’Azazga
M. Rouchoux (professeur d’anglais)
Gauche en cravate : M. Kessal Rabah,
à sa gauche : M. Rabia (lunettes)
A gauche : M. Amara Mourad
Noël 1969, CEG d’Azazga.
MM. Coz, Saut, Mme Domerc
(prof.
Mme Domerc
. Coz
d’allemand, M
M. et Mme Xavier Delcouderc, et leurs enfants
La vie scolaire au collège d’Azazga
MM. Coz, Amara, Sahut... et la 404 !
MM. Coz, Amara, Bitam et l’économe
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 50
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 51
Chapitre 7.
La fin d’un engagement :
départ pour la France...
L
e lundi 9 Juillet 1973, à 10 h, dans le port d’Alger, l’« El
Djezaïr » lève l’ancre à destination de Marseille. J’ai embarqué le matin même avec ma 404 dont je n’ai pas voulu me séparer malgré les nombreuses offres d’achat.
Au fur et à mesure que le navire gagnait le large, Alger la
blanche s’estompait dans la brume légère. Accoudé au bastingage, le cœur serré, je cherchais vainement à garder intact le
souvenir de cette ville que j’avais si souvent parcourue et qui
finissait par disparaître. Je m’interrogeais pour savoir si, durant
toutes ces années, j’avais bien rempli ma mission : celle d’avoir
convenablement servi non seulement l’école algérienne, mais
encore le rayonnement de la langue et de la culture française
auprès des jeunes algériens en attendant que les exigences de
leur future activité ne fassent réapparaître les occasions, plus
précises mais aussi plus circonscrites, d’utiliser à nouveau la
langue française.
Qu’avait-il donc ce pays de si attirant, peut-être parfois de si
mystérieux que tous ceux qui l’avaient, un jour, découvert puis
aimé, ne pouvaient s’en détacher sans douleur et sans déchirement ?
Qu’avaient-ils donc ces enfants de si attachant, de si chaleureux pour qu’ils continuent, malgré le temps, malgré les
épreuves, à estimer et même à vénérer leurs anciens maîtres
qui, voilà près de cinquante ans, leur avaient, tout simplement,
appris à lire, à écrire et à aimer la langue française ?
Ah ! puissent-ils savoir ces chers enfants, même si pour
ma part je reconnais bien volontiers avoir été parfois trop exigeant et peut-être, probablement, un peu trop sévère avec certains, que nous les avons tous aimés et encouragés pour qu’ils
deviennent un jour, à leur tour, et suivant leurs possibilités, les
bâtisseurs de l’Algérie nouvelle.
Aussi, quand il m’arrive encore de redécouvrir le long courrier
daté du 20 février 2001 de cet ancien élève qui, après m’avoir
décrit la chance inespérée que les gens de sa génération avaient
eue en ayant pu bénéficier d’un enseignement en langue française, s’inquiétait pour l’avenir de ses enfants car, m’écrivait-il
pour conclure « Voyez-vous Monsieur Sahut, c’est malheureux à
dire, mais aujourd’hui l’école algérienne ne produit plus que des
analphabètes bilingues ! », alors je pense très honnêtement que,
dans l’ensemble, nous avons atteint notre but et que nous pouvons, dès lors, être légitimement fiers du travail accompli.
Ainsi s’achevait une aventure commencée quinze ans plus
tôt. Je quittais ce pays qui, par ordonnance royale du 22 juillet
1834 puis par décret du 31 octobre 1838 du ministre de la guerre
Antoine Schneider, allait dorénavant être désigné sous le nom
d’ALGÉRIE .
Depuis, le temps a passé, de nouvelles générations sont arrivées, les enfants ont grandi, certains ont quitté leur Kabylie
natale pour s’installer en ville ou à l’étranger mais, malgré les
années, les liens se sont toujours maintenus entre nous et je
pense encore, avec nostalgie, à ces années les plus captivantes
de ma vie : celles de mes vingt ans…..
Malheureusement, comme il fallait s’y attendre, la mort, hélas, a également fait son œuvre destructrice et c’est ainsi que le
9 novembre 1992, j’apprenais par des amis kabyles, avec une
profonde tristesse, la disparition à l’âge de 76 ans de Monsieur
Rabia Mohand Arezki qui, pour moi comme pour l’ensemble des
enseignants du collège d’Azazga, j’en suis persuadé, avait été
un directeur exemplaire à tous égards, conscient de ses responsabilités et oeuvrant sans relâche pour le bon renom de son
établissement en ne ménageant ni ses forces ni son temps pour
y parvenir.
Jean-Louis Sahut.
Volvic janvier 2009.
Réédition par Miages-djebels le 30.01.2013
TABLE DES MATIERES
Un jeune enseignant en Grande Kabylie (1958-1973) - 52
Chapitre 1.
L’école d’Haoura (1958-1962).
Les dernières années de la présence française.
re
è
i
m
e
r
p
a
l
e
d
n
i
F
partie.
4
Chapitre 2.
L’école de Bouzeguene, le 1er semestre 1962.
La transition ou la fin d’une époque.
17
Chapitre 3.
L’école de Bouzeguene (septembre 1962 à juin 1966).
Les premières années de l’indépendance.
30
Chapitre 4.
L’école de garçons d’AZAZGA. (1966-1968).
38
Chapitre 5.
Le collège d’AZAZGA. (1968-1972).
41
Chapitre 6.
La dernière année au collège d’AZAZGA. (1972-1973).
44
Chapitre 7.
La fin d’un engagement : départ pour la France...
51
Hommage au monde enseignant
Recueil des messages reçus sur le site Miages-Djebels
ie
2e Part
après lecture du témoignage de Jean-Louis Sahut
Un jeune enseignant français en Grande Kabylie 1958-1973
Hommage au monde enseignant
Avant-Propos
Le témoignage de Jean-Louis Sahut « Un jeune enseignant français en Grande Kabylie 1958-1973 », a fait vibrer le coeur de
ses anciens élèves d’une résonance chaleureuse qui a surpris non
seulement son auteur, mais également l’animateur du site MiagesDjebels.
Que faire de ces messages de reconnaissance, rendant un hommage appuyé à ces enseignants, hommes et femmes, qui se sont
dévoués à corps perdu pour aider les jeunes qui leur étaient confiés
à affronter les difficultés de la vie d’adulte dans un pays déstabilisé
par huit années de guerre .
En faire un document à mettre en ligne consultable en France et en
Algérie ? Pourquoi pas ?
« Bonjour Claude,
Je pense que la diffusion de ces témoignages est nécessaire
pour que tous ces professeurs sachent que leur travail n’a pas
été vain et que leurs élèves leur sont reconnaissants.
Mais aussi, de façon générale, pour immortaliser les bonnes actions. On peut dire que le travail de ces professeurs constitue l’un des fondements du pont que nous construisons entre
les deux rives de la Méditerranée.
Aujourd’hui on peut parler :
– d’un attachement d’algériens à des valeurs de démocratie,
de liberté d’expression que la France incarne à leurs yeux,
– d’un attachement à la culture française que nous partageons et à la langue française en tant que moyen d’accès
aux savoirs et aux valeurs universelles,
– d’un attachement à cette Histoire qui a donné naissance
à une importante communauté franco-algérienne qui vit
entre l’Algérie et la France,
– d’un attachement aussi à l’Algérie de beaucoup de ses enfants, de Français qui l’ont quitté en 1962 dans un grand
déchirement.
De nos jours, les événements dans le monde se précipitent. Les
nouvelles générations, happées par les nouvelles technologies
et les nouveaux moyens de communication, ont souvent soif
d’authenticité et de repères.
La vie et le parcours de leurs grands-parents peuvent servir de
point d’ancrage et constituer un lien fort entre les générations et
entre les hommes de deux pays où les frontières du cœur n’existent
pas.
Dans son courrier du 18 avril 2010, HANDALA Mohand Amokrane résume parfaitement l’esprit de la publication de ce document qui est mis à jour avec les messages publiés jusqu’en juillet
2011.
Nous avons, à mon avis, tellement de choses en commun qui
nous rapprochent et que nous devons entretenir et développer.
Bien amicalement. Mohand »
Saint-Gervais le 15.08.2011.
254
Hommage au monde enseignant
01 / 21 janvier 2009 à 18h47min / BOUDJELIL Ali élève de M. SAHUT.
Ceux qui ont connu ces qualités mesurent, aujourd’hui qu’elles sont devenues
rares chez nous, leur importance. Après les années de guerre difficiles que
nous avions vécu en tant qu’enfants, cette école-là des enseignants motivés
et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement nous a
donné beaucoup d’espoir et des bases solides pour poursuivre, pour la plupart
d’entre nous, des études universitaires. C’est pourquoi, à Monsieur Sahut et à
ses anciens collègues, mes professeurs au CEG d’Azazga, je dirai : « Merci,
vous pouvez être fiers du travail que vous avez accompli ».
cher Monsieur Sahut, je suis ébloui par ce récit qui me replonge dans les années du CEG comme on se plait à les nommer !
Merci et tout ce que je souhaite c’est que vous puissiez lire ces lignes
J’étais votre élève, je m’appelle BOUDJELIL Ali J’ai maintenant 53 ans et
je garde un souvenir impérissable de vous de votre 404 que vous vous faisiez briller au soleil. Je suis originaire des Aghribs, j’habite maintenant à
Azeffoun.ADRESSE AZEFFOUN 15315 TIZI OUZOU Je souhaiterais vous
écrire une longue lettre.
03 / 25 janvier 2009 à 19h24min / Djadi, Tahar.
Hommage à Monsieur Jean-Louis Sahut
Un ami du village, Mr Handala Mohand Amokrane avec qui
j’avais fréquenté l’école primaire, le CEG d’Azazga et le
LTE d’Etat de Dellys, m’a envoyé ce lien cette semaine où
j’ai pu lire ce beau temoignage très plaisant et aussi nostalgique (le les lu plusieurs fois !!!) car je connais bien aussi
les régions et les endroits dont Mr Sahut parlait.
02 / 23 janvier 2009 à 13h15min / Mohand Amokrane HANDALA ancien
élève du CEG d’Azazga.
Je viens de lire la deuxième partie du témoignage de Monsieur Jean-Louis
SAHUT et qui porte sur la période où il était professeur de mathématiques
au CEG d’Azazga (1968-1973). C’est précisément durant ces années (19681972) que j’ai été élève au collège d’Azazga. M. Sahut a été mon professeur
de mathématiques en 6e et en 4e.
Mr Sahut était mon professeur de Mathématiques en 6eB et 4eB et m’avait
fait adorer la matière en me la présentant d’une facon très simple. Ce que je
peux dire de lui a été dit par mon ami Mohand Amokrane que je salue chaleureusement en passant. Mr Sahut n’a pas été seulement un excellent professeur.
Il a été aussi très humain car le bien de ses élèves le tenait beaucoup à coeur. Il
était drôle et donnait l’air très serieux. Je garde de très bons souvenirs de lui et
je ne crois pas qu’il serait oublié par ses anciens élèves comme moi. Chacun
de nous peux aujourd’hui raconter des tas de bonnes choses sur lui.
La lecture de ce témoignage a éveillé en moi de nombreux souvenirs. Monsieur Sahut m’a marqué par ses compétences, sa rigueur, la discipline qui régnait dans ses classes, l’amour du travail bien fait et bien présenté. A ce jour,
40 ans après, quand nous nous rencontrons entre anciens camarades de classe,
nous parlons encore de Monsieur Sahut, Monsieur Bernardin et ses travaux
de géologie auxquels il se dévoue corps et âme, Monsieur Coz professeur
d’anglais 4e qui nous a assuré aussi le cours de mathématiques en classe de
5e, Monsieur Maréchal et Madame Maréchal dont on ne peut oublier sa leçon
sur la concordance des temps, Madame Joseph notre dévouée professeure de
mathématiques en classe de 3e, Madame Hermozilla professeure de français
en 6e avec qui nous avions étudié « Les lettres de mon moulin » d’Alphonse
Daudet, et tous les autres coopérants français dont nous gardons encore un
beau souvenir.
Mon 1er cours en 6eB était le sien dans une classe en «prefabriqué» du côté
de la mosquée : Je rentre dans la salle (10 ou 11..), en retard. Assis à son
bureau et me regardant avec ses GROS yeux Mr Sahut me lance d’une voix
haute : d’où sors-tu ?!!! les élèves riaient.... J’étais très gêné et je ne savais
pas quoi répondre...
Je me rappelle et j’entends encore ses pas dans le corridor du CEG. Il était
toujours bien habillé. Ses souliers noirs étaient toujours bien cirés. Etant interne au CEG, on le voyait souvent laver sa voiture qu’il aimait beaucoup et
chaque fois qu’il la voyait il lui parlait et lui disait : Bonjour ma 404 !
Monsieur Sahut a cité notre directeur, M. Rabia (Da Moh) qui s’est lui aussi
dévoué pour le bon renom du CEG d’Azazga. Je me rappelle encore en cette
fin du mois de juin 1972, revenant de l’académie d’où il a récupéré les résultats du brevet, en rentrant dans le collège, ils nous a trouvé dans le hall entrain
de l’attendre, il a levé les bras et a lancé de sa voix rauque : « Nous avons crevé le plafond ! ». Notre établissement venait d’obtenir d’excellents résultats à
l’examen du brevet, c’était pratiquement du 100 %. Nos professeurs, nous ont
transmis, non seulement les savoirs, chacun dans la matière qu’il enseignait,
mais aussi la rigueur, la discipline et le sens de l’effort.
Un beau Dimance aprè-midi, en me promenant en ville du côté de l’ancien
Cinema d’Azazga, je commençais à saigner du nez. Cela devenait grave car
le sang ne voulait pas s’arreter. Je rentrais alors au CEG et quand Mr Sahut
m’avait vu tout plein de sang, il s’était immediatement occupé de moi. Il avait
pris sa belle 404 et m’avait emmené chez le docteur Mitouchi (j’avais fait
attention pour ne pas la tacher). J’avais été soigné et le lendemain (Lundi)
j’étais parti chez moi (Ait Bouada) pour une semaine de repos. Durant mon
absence, les élèves avaient eu des examens et à mon retour Mr Sahut allait me
355
Hommage au monde enseignant
donner un ZERO (car je ne les avais pas faits) mais il avait été comprehensif
en me permettant de faire l’examen à part. Je ne peux pas oublier l’été de la
fin de la 4e B quand Mr Sahut m’avait envoyé une belle carte postale de Clermont Ferrand où il passait ses vacances.
C’est parmi ces camarades que j’ai puisé certains personnages de mon dernier roman «Chaos sentimental» qui vient de paraitre en France (pub !) et qui
traite justement de cette rencontre algéro-française qui a mal tourné... En ce
début des années 70 déjà, au nom d’une arabisation, dont les dégats incommensurables ne pourront jamais être réparés, un certain Zerhouni sévissait en
expulsant les coopérants occidentaux pour les remplacer par des coordonniers
égyptiens qui se faisaient passer pour des douctours. Dda Moh n’y pouvait
rien avec sa boutade : «Donnez un certificat d’étude i weghyul a et envoyez le
se faire chahuter.
Je vous remercie Mr Sahut et je vous souhaite une longue vie. J’aimerais bien
un jour vous revoir. Nous vous avons tous aimé.
Votre ancien élève Djadi Tahar
Monsieur Sahut, votre témoignage a une grande valeur. Vous avez remporté
avec vous en France votre 404 (toujours rutilante ?) mais vous avez laissé derrière vous des souvenirs impérissables. Parfois, quand moi même j’enseigne
je ne peux m’empêcher de faire remarquer à mes étudiants : «tiens, c’est une
identité remarquable, il faut la développer...»
04 / 26 janvier 2009 à 00h03min / Ait Aider Aomar
«Qu’avaient-ils donc ces enfants de si attachant, de si chaleureux pour qu’ils
continuent, malgré le temps, à estimer et même à vénérer leurs anciens maîtres
qui, voilà près de cinquante ans, leur avaient, tout simplement, appris à lire,
à écrire et à aimer la langue française ?» En 2002, j’écrivais dès l’entame de
mon premier roman «L’Aarch de Kabylie» : «Ecrire.
05 / 26 janvier 2009 à 18h29min / BOUDJELIL Ali
Ce besoin d’écrire, je l’avais toujours porté en moi. Du moins depuis que
j’avais découvert la littérature au collège. Le sympathique Monsieur Joseph
était certainement pour quelque chose dans ce projet que je n’avais jamais
dévoilé... En m’encourageant à lire beaucoup et à aller au cinéma le plus souvent possible, il fit naitre en moi...»
Salut Da AOMAR ! C’est tout simplement magique ! Ce
hasard qui me conduit vers ce site et de lire ce récit si vivant et si limpide comme le furent ces enseignants auprès
de qui nous avons tété le savoir. Ta contribution sied merveilleusement au récit de notre cher Monsieur SAHUT que
j’ai lu plusieurs fois avec les yeux embués. Ah si seulement
je pouvais dire à tous nos camarades de le lire. MERCI et
longue vie à M SAHUT et à tous ses collègues français, eux
qui n’ont jamais triché. Ali.
Ait Larbi Arezki avec qui j’avais fait toute ma scolarité et donc les mathématiques en 4ème A avec Monsieur Sahut, me fit remarquer : » Ne serait-ce que
pour l’hommage que tu as rendu à Mr Joseph, qui nous armés pour affronter
la vie, ton livre a du mérite». J’ai évoqué Joseph, mais Mr Delcouderc, Mr
Ouachi, Mr Haouchine...qui nous firent démarrer avec de solides bases dès le
primaire n’ont jamais été évacués de nos souvenirs d’enfants. Les années du
collège, comme les a appelées Boudjelil Ali, marquent elles aussi.
06 / 26 janvier 2009 à 19h51min / yamina.
Quand je rencontre Azzoug Yazid et Handala Mohand qui sont devenus à leur
tour d’excellents éducateurs, nous parlons de ces années là ; quand j’avais
rendu visite à Habi Said en France, ce sont ces années là qui ont occupé l’essentiel de nos discussions. Et quand un message sur mon portable m’invithier
à visiter le site miages-djebels.org, ce fut tout simplement l’émerveillement :
Dda Moh, le sérieux, la rigueur, le directeur qui voulait ce qu’il y a de mieux
pour ses élèves et qui allait le chercher, Mr Sahut le confirme dans son témoignage ; Mr Bernardin qui nous faisait chanter 5 minutes avant chaque cours
et nous initiait au tennis de table durant les heures d’études surveillées pour
nous éviter l’ennui, Mme Maréchal crainte mais respectée, Mme Bodin dont
le collège entier surveillait les apparitions... Mr Coz et tous les autres enseignants qui, chacun à sa façon marqua l’esprit des élèves... ces camarades qui,
par la magie des photos, précieusement conservées par Mr Sahut, reprennent
vie et se remettent à animer cette petite cour où nous «tournions» en attendant
le diner...
Je suis à mon tour émue par la découverte de ce site qui coincide étrangement
avec la démolition du CEG d’Azazga, ce havre de connaissance, qui durant
des années et grâce à la présence incontestable d’enseignants comme Mr SAHUT, Mr COZ, Mr BERNARDIN, a formé des générations d’hommes et de
femmes.
Le témoignage de Mr SAHUT est troublant, il nous replonge dans ce passé
tellement sain d’il y a trente ans, où les petites choses de la vie avaient leur
valeur alors que dire des études ? Elles étaient sacrées surtout pour nous les
filles qui avions cette chance inouie de poursuivre notre scolarité semée pourtant d’embuches, vous en savez quelque chose Mr SAHUT !
Le souvenir que je garde de vous c’est surtout votre autorité et votre fermeté
pour que le travail soit bien fait. Personne n’échappait à votre oeil de lynx toujours à la recherche d’un élève qui n’avait pas saisi tel théorème ou tel raisonnement mathématique. Vous accompagniez chacun de nous, votre conscience
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Hommage au monde enseignant
professionnelle et votre amour pour ce noble métier était bien récompensés,
les résultats de fin d’année le confirmaient. L’école en ce temps là avait joué
son rôle principal celui de préparer les hommes de demain, malheureusement
nous sommes maintenant confronté à un vrai dileme, l’école pour tous mais
inégalité des chances de réussite.
08 / 4 février 2009 à 22h35min / Said Baleh.
Cher grand ami. A tous ceux qui ont eu l’honneur de faire part aux générations futures de la considération qu’ils observent à l’égard de Mr Jean-Louis
SAHUT, je voudrais dire ce qui suit. Un grand philosophe français a dit ceci :
«J’appelle grands hommes tous ceux qui excellent dans l’utile et l’agréable,
les saccageurs de provinces ne sont que héros.
07 / 31 janvier 2009 à 00h02min / S-K.
Bien évidemment, Jean-Louis vous faites partis de ces grands hommes car
vous ne vous êtes pas préoccupé de former des curés ni des muezzins, vous
avez simplement permis aux uns d’être ingénieurs et aux autres d’être médecins. Oui Jean-LOUIS vous avez foulé mon AFRAGH (cour) où vous avez
pris votre café avec mes frères Lounès (surveillant général au CEG d’AZAZGA) et Ahcene. Au nom de ceux auxquels vous avez ouvert les yeux, je vous
dis merci pour tout ce que vous nous avez légué.»
Après avoir lu la 2ème partie du témoignage de Mr SAHUT, je ne pouvais
pas livrer mes impressions, dans la mesure où, cet article a réveillé en moi,
des souvenirs très intenses - comme à chaque, fois qu’on évoque ces années
de collège, avec mes anciens camarades du CEG, d’ailleurs - .
Personnellement, j’ai connu Mr SAHUT, pour l’avoir eu comme enseignant
de Français en CM1, à l’école des garçons d’Azazga. C’est en 1968 - si mes
souvenirs sont bons - que Mr SAHUT nous a enseigné le Français, les matinées et Mr DELCOUDERT, le calcul les après midi. Cependant, durant toutes
mes années, passées au collège d’Azazga, de 1970 à 1973, je n’ai pas eu Mr
SAHUT comme enseignant.
09 / 9 février 2009 à 22h49min / Achour Lacène
Bonjour M. Sahut,
Quelle joie d’avoir de vos nouvelles. Mon nom est achour
lacène, ancien élève et ancien maître d’internat au CEG.
Vous étiez mon prof de maths certainement en 4e et probablement aussi en 3e ; Je me souviens également qu’en tant
que pions moi et mon ami said habi , on avait habité une
chambre voisine de vos appartements et de ceux de M. Coz.
(Because Mister Coz que l’on disait à l’époque), M. et Mme Domerc étaient
également nos voisins. C’était en 1971-1972 je crois. On avait gardé le contact
un certain temps et on s’est revu ensuite une fois à Paris lors de mes études
à l’université de Nice. Je possède encore aujourd’hui deux photos de vous.
En revanche, je me rappelle avoir eu en Maths, Mr COZ en 4e, Mr AMARA
en 3e, Mme BERGER en Français et Mr BERNARDIN en Sciences Naturelles. Tous les enseignants Francophones de l’époque, ainsi que le Directeur
Mr RABIA, incarnaient pour moi la rigueur, la discipline et la perfection.
Pour illustrer cela, je me rappelle de Mr AMARA - qui a travaillé en équipe
avec Mr SAHUT - qui, au début de l’année de 3e, nous a imposé dans toute
démonstration de Maths, de partager la page verticalement en deux et d’écrire
dans notre raisonnement, toute proposition mathématique dans la partie de
gauche, accompagnée de sa justification dans la partie de droite.
Je me rappelle également très bien, du regretté Mr HENRI BERNARDIN,
qui s’est dévoué à la Science. Quand j’étais en 6e, alors que les Américains
venaient de monter sur la lune, il consacrait 10mn au début de chaque cours,
pour nous expliquer tout ce qui se passait. Internes que nous étions, je me
souviens qu’il nous a appelés, plusieurs fois le soir, pour observer dans sa
lunette astronomique, la lune ou des étoiles. Lors de ses déplacements à pied
vers les Chalets, il prenait parfois un petit groupe d’élèves internes, - à la fin
des heures de cours bien sûr - et tout le long du trajet, il n’arrêtait pas de parler
sur tout ce qu’il voyait sur son passage : les plantes, les insectes, les roches…
C’était une véritable bibliothèque de Sciences Naturelles !
Je tiens à vous remercier (à travers vous tous les coopérants techniques français du CEG) de tout coeur pour tout ce que vous avez fait pour nous, petits
Kabyles issus de familles très pauvres, ainsi que pour toute l’affection et le
dévouement que vous avez donné à la Kabylie . C’est grâce à votre travail à
vous que je suis personnelement aujourd’hui professeur d’informatique au
Canada (Québec) au niveau supérieur. Merci encore.
Achour lacène
PS. Je serai honoré de reprendre contact avec vous dans la mesure du possible
bien entendu.
Toutes ces bonnes choses, marquent chacun de nous à jamais. Par conséquent, je rends personnellement, un grand hommage, à tous les enseignants
francophones, ainsi qu’au personnel administratif et d’encadrement du CEG
d’Azazga, sans oublier le regretté (Da Moh) Mr RABIA. A Mr SAHUT, je
dis que vous avez travaillé avec dévouement et vous pouvez être fier d’avoir
accompli dignement votre mission de formateur et d’éducateur. Mille Merci !
10 / 1er mars 2009 à 12h44min / Bakouche.
En lisant votre témoignage sur votre séjour à Houra, Bouzeguène et Azazga
et en découvrant les photos insérées, je ne puis retenir mon émotion. J’étais
élève au CEG d’AZAZGA (1969-1973) ensuite au LYCEE (1973-1976), je
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Hommage au monde enseignant
ne peux oublier l’éducation et l’instruction que m’ont prodiguées mes professeurs et l’ensemble du personnel de ces deux établissements.
tiques jusqu’au soir. Les horaires de sorties pour vous sont conditionnés par la
tombée de la nuit. Dès fois vous libérez les filles et vous gardez encore pour
une bonne petite demi heure les garçons. Grâce à ces efforts tous vos élèves
ont admirablement réussi aux examens d’entrée en 6e et au CEP. Je vous est
retrouvé en 4e (70/71) en tant que professeur de mathématiques, grâce à vous
l’algèbre et la géométrie n’avaient de secret pour nous. D’ailleurs on s’est
étonné de votre grande maitrise de la matière et la constance dans la qualité
de votre pédagogie entre le primaire et le moyen.
Je citerai quelques-uns : Mme JAUNET qui me serrait dans ses bras à chaque
fois que je donnais une réponse juste à ses questions(quelle affection chez
cette femme !), Mr BERNARDIN qui sacrifiait son temps et son argent pour
réussir ses cours, Mr COZ dont la sagesse n’a pas d’égale, Mr SAHUT dont
la rigueur est religion, Mr RABIA le directeur du CEG que je considèrerai ici
comme étant le géniteur de la réussite scolaire des élèves de toute la région
d’AZAZGA (ne mérite t-il pas q’un grand établissement scolaire de la région
porte son nom ?)... et d’autres qui m’excuseront si je n’ai pas cité leurs noms.
De toutes les façons nous ferons tout pour garder un lien avec ce site et de le
faire connaitre à vos anciens élèves et collègues.
Je tiens aussi à rendre hommage à tous les élèves de ma génération pour qui
le CEG était notre source de la découverte d’autres mentalités et de notre
émancipation. Encore une fois mille remerciements à Mr SAHUT pour cette
contribution de mémoire, d’ailleurs vous etes le bienvenu à Azazga, des milliers de bras vous seront ouverts. Vous pouvez me contacter ainsi que tous
ceux qui sont passés par le CEG et le Lycée d’Azazga. Mr BAKOUCHE prof
au lycée d’Azazga.
Au revoir et à bientôt !
Amokrane ARHAB
12 / 16 avril 2009 à 20h21min / Amokrane Sadoudi, 55ans, Géologue en
retraite.
Cela fait des années que je rêvais d’avoir des nouvelles de mes anciens profs
du CEG d’Azazga, jusqu’au 13/04/09, où le hasard m’orienta vers ce site
merveilleux dans lequel je revois tout un passé .un passé où nous avions de
vrais profs qui ont su nous transmettre un savoir très riche et méthodique
en même temps. Mr Sahut, avant tout, mille fois merci d’avoir pensé à nous
rapprocher les uns des autres 36 ans après votre regret embarquement sur ElDjazair vers Marseille. Vous étiez mon prof de maths dans ce précieux collège
et votre méthode de nous enseigner cette matière est gravée a jamais dans ma
mémoire et celle de tous mes camarades.
remerciments
11 / 11 avril 2009 à 19h46min / Amokrane ARHAB.
Monsieur SAHUT, je ne sais comment vous remercier. En lisant votre article
sur les régions de Bouzeguène et d’Azazga vous m’avez fait revivre les plus
années de ma jeunesse, dure de part les conditions très humbles qu’on a vécues et tendres de part les espoirs et les rêves qu’on s’est permis grâce à votre
dévouement et la qualité de votre enseignement. J’ai été un de vos élèves au
CM1 (66/67), au CM2 (67/68) à l’école de garçon d’Azazga et en 4e ( 70/71)
au CEG.
J’oubliais par moments de manger quand j’ai entre mes mains l’un de ces trois
livres : LEMANGE, LEMAILLARD et LEBOSSE. Pour les deux premiers
livres, j’ai fait les exercices de A à Z et pour le dernier, j’en étais à moitié. De
temps à autre vous faisiez monter un élève au tableau pour y écrire un exercice afin de le résoudre en classe, dès que celui-ci termina son écriture moi
j’ai déjà retrouvé la solution dans mes brouillons que j’emportais toujours en
classe avec moi. Ces derniers étaient classés par livre correspondant.
Ce sont des années qui ont marqué ma vie, et tout ce que vous nous avez inculqué en tant que connaissances m’a servi durant toute ma carrière et continuera à me servir pour le restant de ma vie.
On ne peut pas oublié votre rigueur, votre sévérité et votre grande volonté et
bonté qui nous ont amené à acquérir une grande partie de la richesse de la
culture et de la langue française. Vous nous avez obligé à apprendre par cœur
les mots expliqués en marge des textes du livre de français et à résoudre tous
les exercices du fameux livre «1300 problèmes».
Monsieur Sahut, a chaque fois vous vous étonniez de ma rapidité mais vous
savez que ces exercices ont été fait ou bien en permanence (car j’étais interne)
ou bien le week-end chez moi : je ne faisais que cela. On dirait que les mathématiques coulaient dans mes veines. Ah ! si seulement on pouvait revivre ce
passé mielleux avec vous ainsi que MM. Coz, Bernardin et tout les autres qui
nous ont beaucoup donné avec bien sûr l’inoubliable « Dda Moh » comme on
l’appelait a l’époque.
Après les deux heures de cours d’arabe matinales (7h30-9h30), vous nous
attendez à la sortie de la salle pour nous emmener vers votre salle de cours située au fond de l’école pour nous assurer d’abord les cours de français jusqu’à
midi. Vous obligiez les élèves qui ont le CEP (certificat d’études primaires) à
passer à revenir à midi et demi pour les cours de sciences et de géographie. A
13h30, toute la classe reprend avec les exercices et les problèmes de mathéma-
Quand on méritait une réflexion il commençait toujours par cette phrase : « Je
vous avertit charitablement que si… ». Elle raisonne encore dans mes oreilles.
Je me souviendrais aussi à jamais du calme qui régnait même dans la cour au
658
Hommage au monde enseignant
moment où l’on entendait le grincement de vos chaussures sur le carrelage
du hall quand vous descendiez de chez vous. A ce moment la, on pouvait
entendre même une mouche voler : le respect était total. Amokrane Sadoudi
te remercie Ali Boudjellil et rejoint ton souhait qui est celui de vouloir faire
lire a tous le récit de monsieur Sahut ainsi que les nombreux témoignages des
anciens camarades du CEG lequel, a malheureusement disparu cette année.
Les repas pris aux touristes !
Et ces photos qui rendent ces souvenirs si intenses ! Et cette magnifique Kabylie !
Merci ! Merci ! Merci d’avoir permis cela par cet émouvant témoignage !
Avec tout notre affectueux souvenir !
A travers cet espace, je tiens aussi a remercier M. et Mme Joseph, M. et Mme
Maréchal, Mme Berger, Mme Baudin et je souhaite qu’ils soient tous encore
de ce monde. A tous ces profs, je dirais : soyez fiers. Vous nous aviez transmis
un grand savoir qui a permis a la majorité de nous d’aller loin dans nos études
tels que M. Lahcene Achour qui enseigne au Québec, M. Laimèche Rabah actuellement en France avec son doctorat en Génie Mécanique, M. Sadi Amar,
lui aussi je crois avec son doctorat en maths et d’autres qui, eux aussi on percé
Chacun dans sa branche. Ils sont d’ailleurs un peu partout dans le monde.
15 / 8 octobre 2009 à 16h47min / Par: Mohand Boutlendj
Bonjour Mr Sahut, Je viens juste de découvrir ces pages inoubliables.
Merci d’avoir relaté le film de vos longues années a Azazga. Toutes les images
nous ont ému et la bobine du film a commencé a tourner dans nos têtes. Je
me souviens de vous comme étant matinal et toujours impeccable comme
d’ailleurs votre 404. Bien rasé et bien habillé, vous passiez toujours le matin,
autour de 30 minutes, pour nettoyer votre voiture pendant qe le moteur est
resté allumé.
Mille fois merci M. Sahut. Je vous souhaite une très bonne santé et une longue vie qui vous conduira un jour droit vers Azazga où de nombreux de vos
anciens élèves auront l’honneur de vous accueillir. Ce jour là, je vous assure,
sera une grande fête.
La qualité du directeur Da moh,(sans oublier la discipline de Mr Hamid Haddar), des enseignants et de l’enseignement qu’ils ont prodigué a fait du CEG
d’Azazga un lieu d’éducation par excellence a l’echelle nationale avec un
niveau équivalent au niveau francais de l’époque.
Amokrane Sadoudi, 55ans, Géologue en retraite.
13 / 25 mai 2009 à 17h52min / Amokrane Sadoudi
La vie fut simple mais très agréable. On vivait comme en famille : Dans les
classes, pendant les interminables marches circulaires dans la cour et le soir,
au dortoir ! Un souvenir qui m’a toujours fait sourir est la lecon de science
avec Mr Bernardin - Sujet : CORPS HUMAIN. On arrive au labo le matin
et on devine que le mannequin en plastique couvert de feuilles blanches de
papier, était en fait un homme nu. Toute la classe ne pouvait s’empecher de
rire. Le brouhaha a continué pendant 10 minutes et le pauvre Mr Bernardin
ne savais a quel saint se vouer car la classe était mixte. Il ne savait pas quelle
serait la réaction des filles.
Monsieur SAHUT est finalement le grand rassembleur. De plus en plus il
nous rapproche les uns des autres. Je lui dis bravo. Moi j’ai eu la chance
d’être enseigné par ce grand Mr, qui est Mr CHALA YOUCEF (que DIEU
ait son ame) durant les années 63-68 au primaire de Fréha. Si c’est votre pere
cher Mr Abdelghani,sachez qu’il a été un enseignant pas comme les autres.
Je vois encore son visage et ses bonnes manieres de nous de nous expliquer
les leçons. Je le revois encore discuter avec les autres maitres et, à chaque
Mn il s’éloigne de deux pas pour revenir continuer la conversation. C’était un
brave Mr. En plus, c’était un ami à mon grand-pere qui lui aussi est décédé
en 1976. Moi je m’apelle Sadoudi Amokrane. Je suis en retraite et exerce en
ce moment une fonction libérale a Azazga centre. DDa M’henna ne m’est pas
inconnu non plus.
Alors il réflechissait a la meilleure méthode qui ne sera pas choquante quand
la nudité de son etre humain serait révélée. Après maintes hésitations in a
devétu «L’etre humain» feuille par feuille. Mais en arrivant autour de la ceinture, il a un peu hésité. Soudain il souleve rapidement la feuille de papier qui
a couvert la dernière frontière de «l’etre humain» mais l’a remise très vite.
Cela a déclanché un fou-rire collectif qui a duré plus de 10 minutes. En pleine
panique Mr Bernardin a tourné la face du mannequin contre le tableau. Le
problème est que maintenant, le coté opposé de «l’etre humain», complètement nu se retrouve face a face avec les élèves ! ce qui a prolongé davantage
le fou-rire. Mr Bernardin a finalement decidé de ranger son «etre humain»
dans l’armoire. Pour terminer il a lancé : «Ils se taisent maintenant» «Ce n’est
qu’une lecon de science» ! Mr Bernadin a toujour parlé a l’impersonnel.
14 / 07 octobre 2009 à 13h39min / Josiane JOSEPH et son mari, Pierre.
Trop d’émotions à la lecture de ces témoignages !
Trop de souvenirs heureux !
Je ne trouverai pas les mots pour dire combien nous parlons souvent de cette
période de notre vie : l’attachement que nous avons encore pour nos anciens
élèves, un souvenir ému en pensant à Mr Rabia, à nos anciens collègues, à Mr
Chérif, à tonton Haddar comme disaient nos filles !
Longue vie et portez vous tous bien.
759
Hommage au monde enseignant
16 / 29 octobre 2009 à 15h48min / SADOUDI AMOKRANE, retraité.
18 / 15 novembre 2009 à 23h33min / MEFTAH Lahcène Prof de collège à
Yakouren.
Eh oui ! 37 ans apres et voilà Que Mr SAHUT nous rapproche encore de plus
en plus les uns des autres. Quelles émotion ! Mme JOSEPH se souiviendra
peut étre de SADOUDI Amokrane qui était son élève je crois en classe de
3ème en maths.
Je m’adresse à toutes les personnes qui ont répondu au témoignage de Mr
Sahut jean louis. Je les remercie un par un. AZZOUG - les jeunes de HOURA
- CHALA- SADOUDI - PAJOT - AZZAM – DJADI - BALEH- BOUDJELIL- HANADALA- LARABI- AIT AIDER- B.YAMINA - KHEMLICHE –
LAHCENE - BAKOUCHE- ARHAB - AL HOUCINE - ALLAF MED Amokrane (dit bobby moore) BOUTELENDJ.
Un jour d’ailleurs, je ne sais qui avait osé vous envoyer une lettre ridicule (....)
vous ezxigeant à refaire la compos de maths sinon....Tous les internes avaient
eu une sueure froide au dortoire quand les maitres d’internat cherchaient des
volontaires parmi nous pour rechercher vos petites fille. Heureusement que
ce n’était qu’une fausse alerte. Vous vous en souvenez Madame ? elles étaient
chez l’inspecteur Cherif.
Chers amis camarades : J’avais fréquenté le CEG d’Azazga à de 1967 à 1971
en qualité d’interne dans les classes suivantes 6e b -5e b -4e b-3e b2 car il
y’avait 03 classes de 3eme B1- B2 B3 en 1971. Je ne vous cache pas la vérité qui m’a poussé à entamer des recherches pour d’éventuelles retrouvailles
avec les anciens coopérants du CEG. L’émission de la chaine TF1 intitulée
perdu de vue animée par Jacques Pradel était le début de l’aventure.
Mme Joseph, sachez que nous évoquons pleins de souvenirs entre nous à
chaque fois que nous nous rencontrons entre anciens du CEG. Nous ne cessons de comparer l’enseignement de l’époque à celui d’aujourd’hui. Votre
mission a été accomplie d’une façon exemplaire, je vous assure. Ceci dit,
SADOUDI AMOKRANE vous souhaite une longue et heureuse vie à vous
ainsi qu’à votre petite famille.
17 / 5 novembre 2009 à 17h32min / SADOUDI AMOKRANE. AZAZGA
J’avais tapé à toutes les portes TF1 académie- centre culturel français - ambassade de France - secrétariat d’état à la coopération, l’association générale
et professionnelle de coopérants culturels et techniques située à la cité Lavigerie d’el Harrach en relation avec le syndicat français la CFDT et enfin les
archives du CEG d’Azazga.
Tu as toujours été un humouriste et à travers ton témoignage, je vois que
tu n’as toujours pas changé. Mohand, je t’ai connu il y a 40 ans(1969)et,
à l’époque, j’avais une année de plus que toi C.A.D moi en 5ème et toi en
6ème. Nous étions interne comme une seule famille d’ailleurs. A tous nos
anciens profs, disons leur que vous nous avez prodigué un très grand savoir
à tout point de vue : éducation,discipline,civisme.... Ah si seulement on peut
remonter le temps !.
D’autre élèves avaient aussi la nostalgie de cette époque m’ont aidé dans les
recherches Mr AMARA Ferhat d’Ihatousseme et Mr KESSI EL yazid de Ait
ferrache (Bouzeguene). Après des années j’avais retrouvé Mr Pierre Joseph et
Josiane Joseph en Lorraine, M Sahut Jean Louis en Auvergne, Mr Coz Denis
en Bretagne, Mme Maréchal Colette dans le Jura, Mm Bodin dans le centre
(Allier), Mr Jean Claude Lamperti dans les Ardennes, Mr Gouny André en
Provence, Mr Askari Riyad à Blida.
Je me rapelle qu’un jour Mr BERNARDIN a fait venir un prof de sciences
et nous a réunis dans le réfectoire pour nous montrer les armes de chasse de
la préhistoire (flèches en silex).Un des élèves avait demandé à ce prof invité
(un français) de lui laisser un échantillon jusqu’au lendemain je crois et sa
réponse était en kabyle : lamane bwinte woimane.
Je remercie le maire d’Ingwiller (Bas Rhin) et celui de B. l’Archambault (Allier) qui ont transmis mon courrier .Mr Boudjelil appelait cette époque les
années du CEG ; pour moi c’était les années lumière ou la renaissance car
la misère, la malvie, l’ignorance sévissaient encore dans tous les villages de
Kabylie.
Ceci dit, Mr BERNARDIN faisait tout pour notre réussite. Il utilisait ces
piéces de monnaie comme poids pour les balances qu’il fabriquait lui même :
quelle volonté pour ce grand Mr ! Et pour tous les autres profs d’ailleurs. En
résumé, pour moi ce site est un trésors. Cher Mohand, je suis passé te voir
chez toi à 2 reprises et tu n’etais pas chez toi. c l’été passé. une autre fois
inchallah.
Je commençais à entretenir des relations avec tous ces coopérants soit par
lettres postales soit par internet (20 lettres de la part de M Sahut J L) je commençais à informer les ancien élèves de la région de ces merveilleuses retrouvailles.
Un grand nombre d’anciens profs non cités dans les réponses des un et des
autres élèves ont exercé dans la région Mr BODIN Yannik - BERNARDIN Henri - CHAMPY Guy - COZ Denis - DELCOUDERC Xavier - DOMERC Claude - FORTIN Emile - LACOSTE Jean Claude - MARECHAL
AlainN - SAHUT JL - SUPIOT Jean M - TORRE Jean Charles - CAVITTE
Anne Marie - CHAMPY Anick - DOMERC Christiane - FORTIN Nicole 860
Hommage au monde enseignant
HERMISILLA Yvette - LACOSTE Michele - MARECHAL Colette - TOUAMI Monique - AMARA Mourad - MM KACI CHAOUCH - M et MM BERGER - Mr BEAUPERE - Mr PIERRE ROUCHIOUX - BELABBES MENGUELTI - BRAHIMI LARBI- JC SERVAIS - Mme GIRAUD, Mr PEJOAN
- JJ GALLAND - J LUBRANO - GARCIA - BESSON .
famille l’ingénieur des aux et forêts Mr Cavitte, c’était le mari de Mme
Cavitte prof de sciences naturelles.
4) - Mr Bernardin. Un après midi Mr Bernardin nous a donné moi et Haddag
Hand (Ait Bouada) un travail très simple dans la salle N°1 de l’étage il
s’agit de confectionner des boites en carton avec des lettres. Elles serviront
pour la composition de géologie dont voici le sujet : Lundi 19/01/1970
classe 4eB Boite : G. Nommez les produits de cette boite : Réponse :
plomb - Quartz – Domite - Argile - Granite - Ponce - Silex - Sulfate de
cuivre - Basalte - Mazout - Micaschiste.
Le témoignage de Mr Sahut J.L à crevé l’abcès c’est une véritable révolution
pour toute une génération depuis 1958 jusque à 1973 c’est-à-dire après 51 ans
de silence.
Nous devons chers amis remercier Mr Claude Grandjaques, cet officier de la
SAS qui était venu pour un pèlerinage à Bouzeguene il y a quelques années.
Il avait pris son repas de midi chez Mr Boukais Said dans son restaurant à
Azazga. C’est ce Monsieur qui à conseillé Mr Sahut pour qu’il rédige ce témoignage sur son site internet.
5) - Mr JL Sahut. Qui ne se souvient pas des interrogations écrites de 15 mn
avec Mr JL Sahut : 11h 45 – 12h, question : Deux droites parallèles coupées par une sécante, Démontrer que deux angles alternes internes sont
égaux.
Voici un extrait d’une lettre de Mr Sahut : « J’ai mis mes souvenirs d’Algérie
sur le site de Mr Claude Grandjacques qui était le Chef de la SAS (section
administrative spécialisée) de Bouzeguéne dans les année 1960-1961 et que
j’ai rencontré à l’époque où j’étais encore à l’école de Houra. Il m’a dit « ce
serait bien de mettre ton témoignage sur Internet et comme cela les anciens
élèves d’Algérie pourraient le lire et te répondre ».
6) - Amara Mourad. Qui ne se souvient pas du prof de Math Amara Mourad
qui avait les classes de 3eA et 3eB en 1969 .Il avait quitté le CEG en 1973
pour devenir directeur à Maillot (Bouira) après confection des emplois
de temps Maths il avait réservé une classe pour lui dans le but de ne pas
oublier son métier de professeur. Je rends un grand hommage à ce Monsieur que j’avais rencontré en 1977 à l’école normale supérieur de Kouba
et actuellement retraité.
Pour ma part je me suis mis à l’ordinateur il y a à peine 5 mois. Jamais je
n’aurai pensé faire cela à mon âge 70 ans car comme dit le proverbe : il ne
faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau.
7) - Dans les salles de classes du rez-de-chaussée Mr Sahut accrochait sur les
murs trois grandes feuilles cartonnées qui montraient la position relative
d’une droite et d’un cercle.
Je retrace quelques qualités de ces coopérants :
me Josiane Joseph prof de maths en 3e nous a quitté pour aller ac1) - M
coucher en France après avoir composé ; les doubles feuilles des élèves
étaient emballées dans un colis, puis envoyées en France, corrigées dans
une clinique. Après renvoi des copies Mr Haddar Hamid surveillant général avait procédé à la correction de la composition et à la remise des
copies.
8) - Pendant toute la séance Mr Coz ne lachait pas sa cigarette et sur l’expression algébrique il disait : j’applique la distributivité je chasse les parenthèses, j’applique la règle des signes – je réduis les termes semblables
– j’ordonne le résultat : Mr Coz corrigeait avec le stylo vert (regardez vos
copies car les miennes existent encore).
me Maréchal Colette prof de français en classe de 5e terminait la séance
2) - M
de cours à 11h 55mn, pendant les 5 mn restantes elle nous donnait 4
verbes à conjuguer et chaque rangée a son verbe. Celui qui répond d’une
façon juste pouvait ranger ses affaires et les autres continuent de réfléchir
jusque à 12h 15mn (mise en rang pour le réfectoire). En Février 2007
Mme Maréchal était venue passer quelques jours à Azazga et je l’avais
rappelée de cette séance de 5mn de travail elle m’avait dit que la conjugaison donnait de l’appétit à midi.
9) - Mme Maréchal. En classe de 4e on avait fait une dictée avec Mme Maréchal dont le titre était la ville indigène à Colombo de Francis de Croisset,
la majorité de la classe avait entre 10 et 20 fautes (moi j’avais 10 fautes
¼). Après correction de cette dictée, cette dernière a été refaite sur une
copie et j’avais 2 fautes ½, il y avait beaucoup de mots difficiles comme
éparpillés – jungle – voûte – dôme – indigo – bariolées – béante – frêles
– colonnades – baille – théâtre –natte – accroupi –millénaire – caste –rite
–rituelle – prosterne. Sur cette dicté voici un extrait d’une lettre de Mme
Maréchal.
r Cavitte. En classe de 6e j’avais obtenu le prix de sciences naturelles,
3) - M
on me donnait un livre de Théophile Gautier « le capitaine Fracasse sur la
première page (couverture) il y avait : ce livre vous est offert par les forestiers espérant qu’un jour tu appartiendras à cette grande et intéressante
Je suis contente de me remémorer tous les beaux souvenirs scolaires de cette
époque. La dictée de 4e était de très haut niveau et aucun élève de 3e ne la
réussirait aujourd’hui. Ce temps d’enseignement est à présent terminé.
961
Hommage au monde enseignant
Qui ne se souvient pas de cette matinée de 1970 endeuillée par la mort du
grand chef d’état Egyptien Gamal Abdel Nasser à 10h, nous étions tous figés
dans la cour et le prof d’arabe Abdelwahab récitait l’oraison funèbre : c’était
émouvant.
Voici un extrait d’une lettre de Mme Maréchal Colette « Je sens que les années de collège ont beaucoup marqué les élèves et les coopérants. Nous qui
étions jeunes enseignants, nous essayions de faire pour le mieux et nous avons
eu la chance de rencontrer des élèves travailleurs, curieux et tellement sages.
Que dire des enfants de nos jours. Les profs sont ils assez exigeants et motivés
? On peut se le demander ». Voici un extrait d’une lettre de monsieur Sahut
JL : « les élèves de l’époque du CEG travaillaient sérieusement ; ils donnaient
satisfaction à leurs profs. Aujourd’hui les temps ont bien changé et ce sont
les élèves qui frappent leurs profs. Quelle époque enfin si monsieur RABIA
voyait cela. Il ne s’en remettrait pas ».
Qui ne se souvient pas de ces algériades dans la cour du CEG dirigées par
Mr ZAIDAT Meziane prof de gymnastique (appellation de l’époque voir
vos bulletins) du haut de la terrasse des salles. Après quelques jours et à 3h
du matin tous les élèves surtout les internes étaient transportés par les car
d’Oumnia Hadj Arezki (Tizi-Rached ) et ceux d’Amrouche Frères (Mekla)
vers les plages de Mlata (Azefoun) pour accueillir le prestigieux président
Houari Boumediene avec ce slogan « Bienvenu et longue vie » écrit par des
élèves accroupis têtes contre terre ; moi j’occupais la lettre L.
Voici un extrait d’une lettre de Pierre Joseph (prof de français et belles lettres)
« Nous (moi et ma femme) avons été passionnés par l’acte d’enseigner et en
particulier à Azazga (CEG et Lycée Chihani Bachir) car nous découvrions la
sympathie, l’amitié, la sobriété chez les élèves. Il y avait une relation beaucoup plus forte qu’avec des élèves Français et vous aviez une envie d’apprendre supérieur à eux. »
Chers amis il y avait beaucoup d’élèves de cette généreuse génération qui
étaient victimes d’une arabisation forcée dont le ministre était Ahmed Taleb
el Ibrahimi. Dépourvus de volonté, de documents, d’enseignants de qualité
plusieurs élèves avaient raté leurs objectifs lointains.
Je remercie Mr Sahut JL ainsi que Mr Ait Aider Omar d’avoir apporté des
témoignages sur les dégâts imposés par cette malheureuse et dramatique expérience. Un élève bilingue devenu malgré lui arabisé a rédigé en pleine étude
ce poème pendant que les autres faisaient leur travail scolaire.
19 / 15 novembre 2009 à 23h38min / MEFTAH Lahcène Prof de collège à
Yakouren.
Je vous rends un grand hommage aux meilleurs élèves du CEG il y avait un
début de sélection pour les meilleurs et les surdoués en maths. Ils étaient
orientés sauf cas de désistement vers le lycée technique d’état de Dellys. Pour
préparer le bac technique qui servirait à préparer tous les diplômes d’ingénieurs à l’université dans les écoles spécialisées en Algérie et des bourses
d’études à l’étranger.
• On demande maintes fois la trêve
• Auprès des professeurs de fèves (égyptiens)
• De bien vouloir, nous expliquer les cours
• Sinon il vaut mieux rester dans la cour
Quitter la région pour aller à Dellys est un vrai exil et les communes maritimes étaient pour nous la côte d’Azur. Les études étaient difficiles avec en
plus le dessin industriel et le travail d’atelier. À cette époque le lycée était une
véritable école des arts et métiers.
• Pour quelles raisons nous arabiser
• Nous étions pourtant excellents en français
• Mais après le beau temps la pluie
Actuellement les lycées techniques sont des centres de formation et l’enseignement technique n’existe plus. L’obstacle le plus difficile était le trousseau
de l’internat qui ressemblait à un trousseau de mariée. Beaucoup d’élèves
avaient des difficultés et n’avaient pu rejoindre cette prestigieuse école.
• Prétendant être nos chers amis
• Ces professeurs aux faces de crabes
• Ne cessent de flatter leur arabe.
Il y avait aussi les traditions du lycée difficile à vivre pour les bleus c’est-àdire les nouveaux. C’est un bizutage du premier degré et je vous donne un
exemple : un élève de terminale donne à un élève de seconde une allumette et
lui demande de calculer le périmètre de la cour ; on vous confisque la cuillère
pour manger avec les mains mais à la fin de l’année ils obtenaient tous le
BAC.
Je coupe ce poème très long et je rends un grand hommage à l’auteur qui
vit maintenant en France. Au lycée il y avait la classe de TSA (Terminale
Sciences Arabisées) et Ait Larbi Md arezki disait : Terminale Sans Avenir.
Chers amis, on ne peux pas oublier la mission des élèves (sérieux – travail
– résultats) on était tous armés d’une farouche volonté pour apprendre. En
classe de 5e on savait beaucoup de choses sur l’Amérique Anglo saxonne et
l’Amérique latine mieux que les peuples qui habitaient ce continent.
On ne peux pas oublier cette bande de cerveaux El Hocine Arzezki, Agoun
Mouhand, Mouaici Hamza , Meghzi Ahmed, Boudeja Mehenna, Laarabi Mo1062
Hommage au monde enseignant
hand, Yousnadj Ali, Haddag Hand, Rejdal Kaci, et Boualem, Handalla, Mohand Amokrane,Djadi Tahar, Achir Salah, Azzoug Yazid, Aouimer Ali, Cheref
Madjid, Mouali H, Mohelbi T, Cheurfa Ali, Benouala C, Aider Said, Kessal
Salem, Souati M, Tazrout ML, Kecili Youcef, Aourane Mehenna, Ouadi Amar,
Sadi Ali (dit Ali Mouh) de ma classe et des Aghribs qui dormait avec le livre
de math le Bossé. Il y avait un élève interne venu de la région arabophone de
Bouira, il s’appelait Seghir ; il a tenté d’apprendre le dictionnaire (les vingt
premiers mots de chaque lettre de AàZ) il était un grand bosseur et bûcheur
mais il ne pouvait pas payer les frais de la cantine ; les profs de sa classe ont
procédé a une quête pour lui payer sa bourse.
Pour un art socialiste de Nourddine Boukrouh. Le Veil homme et la mer d’Hemingway. La littérature socialiste de B Brecht, l’affiche rouge de Louis Aragon (mis en musique et chanté par Léo Ferré), les méditations d’Alphonse de
Lamartine (l’isolement).
Voici un devoir de dissertation : une école qu’on ouvre est une prison qu’on
ferme : Victor Hugo. Dissertez.
Ait Larbi Md Arezki a marqué cette époque : c’était un grand élève par sa
taille ; c’était un élève grand par son génie dans toutes les matières. Il s’est
inspiré de Mr Joseph pour écrire des dissertations de plusieurs pages. Il était
le véritable rédacteur en chef du journal « ESPOIRS » du lycée Chihani avec
d’autres élèves Mahidine Ahmed, (de ma classe 3b2) Gacem, Gouadfel, Taguemount, Ramdane Chérif el Hocine (de ma classe) dit Blek le Rock car il
lisait la série Akim, Zembla, Kiwi, Mustang partout dans la cour, en étude, en
classe, au dortoir.
Il y avait aussi un certain Habbi Said originaire du village Ait Mesbah (Beni
Douala) ; on pouvait l’appeler l’enfant de l’internat, il était démuni comme
tous les autres mais il était aimé par tout le monde. L’administration, les
maîtres d’internat, les profs le prenaient en charge : coupe des cheveux, vêtements – cahiers – livres – voyages des congés scolaires. C’était un grand basketteur il avait la chance de devenir maître d’internat par la suite. Deux amis
à lui Mr Boukais Md et Baleh Ahcéne veulent coûte que coûte le retrouver.
De 1963 à 1975 les filles en général n’avaient pas de chance pour fréquenter
l’école et réussir dans la vie. Notre camarade B. Yamina disait que les études
étaient sacrées pour les filles ; je lui dis ceci : il n’y avait pas beaucoup de
filles presque un dixième de la classe 2 en 3B1 3en 3B2 – 2en 3B3 les filles
des villages admises en 6e sont restées à la maison faute d’internat, le mode
de vie, les traditions familiales, les moyens financiers, la résidence, les tabous
défavorisaient l’instruction des filles.
Grâce à Mr Pierre Joseph Plusieurs élèves découvraient le goût de la lecture,
de l’écriture du cinéma et du théâtre ; Mr Ait Aider Omar disait : Ecrire ce
besoin d’écrire, je l’avais toujours porté en moi, Mr Amara Ferhat disait que
c’est grâce à Mr Joseph que j’ai découvert toute la richesse de la littérature
française et universelle. Il aimait aussi l’écrivain Mouloud Feraoun, dont un
de ses livres avec une photo du CEG se trouve toujours prés de sa veilleuse
en Meurthe et Moselle.
Sur toutes les photos de classes de Mr Sahut 3eA - 3eB - 4eA - 4eB - 4eC -5eC
il n’y a aucune fille ça veut dire que les embuches existaient. Aujourd’hui
l’école fonctionne grâce aux filles, les effectifs, les résultats (BEM-BAC) et
le personnel féminin et moi ça me fait plaisir.
Voici un extrait d’une lettre de Mr Pierre Joseph : « ayant découvert la philosophie et les œuvres des philosophes à l’âge de 16 ans en entrant à l’école
normale de Nancy. J’ai immédiatement compris que cela m’ouvrait une dimension fondamentale de l’existence de curiosité, de réflexion, de conscience.
J’ai apprécié en Kabylie la proximité de la sagesse des anciens et j’aime bien
les belles formules sages qui indiquent comment vivre bien dont voici une :
celui qui lit a mille vies, celui qui ne lit pas n’a qu’une existence ».
On ne peut pas oublier un élève qui était toujours à côté des pauvres Mr Boudriche Arab dit Laalav de Beni Douala qui aimait la vie, les études l’ambiance
et les blagues. Il détestait la Hogra et à chaque cas d’injustice, il intervenait
d’une façon révoltée.
Un jour il disait au surveillant général : vous n’avez pas le droit de supprimer
le gouter, certes vous trouvez du pain jeté un peu partout, mais vous n’avez
jamais trouvé des morceaux de chocolat ou de fromage jetés. On ne peut pas
oublier Mr SAHI Arezki le secrétaire du directeur installé depuis 1967 au
CEG jusque à la retraite. Il a tout donné et aidé les élèves surtout les internes
en leurs offrant des livres sous peine d’être renvoyés chez eux dans des régions éloignées sans sous, ni transport.
Qui ne se souvient pas de son riche programme gravé dans la mémoire de tous
les élèves qu’il avait en classe de 3e et 2e (seconde) : le Tartuffe de Molière,
les lettres persanes de Montesquieu, les contemplations de Victor Hugo (Demain dés l’aube, feuilles d’automne, A Villequier ), Germinal d’Emile Zola,
des textes d’André Gide, de François Mauriac, la littérature doit embellir la
réalité de Georges Sand, le classicisme, le romantisme, le réalisme, Claude
Bernard, la méthode expérimentale, en passant par un dialogue entre la langue française et langue arabe qui se disputent la place en Algérie (extrait d’El
Moudjahid). L’art utile et l’art pour l’art de Théophile Gautier. L’albatros, les
fleurs du mal de Charles Baudelaire. La poésie moderne d’Arthur Rimbaud ,
(les assis).
Un autre deuil avait frappé le CEG en 1969 ; un certain élève de Beni Douala,
Kacimi qui n’a pas été pris en charge médicalement était mort par méningite.
Mr Rabia avait demandé aux profs véhiculés de se rendre à l’enterrement. Mr
Zaidat Meziane, Mr Sahut, Mr COZ étaient présents au cimetière.
Mr Rabia arrive au CEG avec sa 403 à 7h 30 mn, il ouvrait toutes les portes
1163
Hommage au monde enseignant
et lisait le journal le Monde (il y’avait 3 personnes à Azazga qui lisaient ce
journal à cette époque). Après le bruit de la sonnerie, il sortait de la voiture et
commençait à faire des vas et viens dans le grand couloir et gare à la classe
qui se trouvera la dernière dans la cour, car le prof concerné sera humilié devant tout le monde.
avec ses mains car en tant que joueur à la JSA il avait brisé d’un tir la barre
transversale en bois dans le stade de Bouira.
Deux personnes actuellement décédées ont été les premiers précurseurs à instaurer les assises de l’école à Azazga, juste après l’indépendance. Il s’agit de
Mr Rabia Mohand et Bouadi Said ; ils avaient géré d’une main de fer le CEG
et le C.E.N.T en instaurant un climat de travail, de sérieux, de discipline et de
rigueur. C’était deux personnages qui n’avaient aucune complaisance envers
tous les enseignants pour qu’ils fassent sérieusement leur travail et les résultats de fin d’année le prouvent.
Une fois Mr Bernardin Henri a payé les frais de son retard. En classe il nous
disait : dans la vie professionnelle on peut se permettre quelques minutes
de retard Mr le directeur. Il y avait aussi une personne très sobre et ponctuelle, c’était Mr Kessal Mhand, le magasinier du CEG. Il était rationnel et
il détestait le gaspillage du pain. A la veille des vacances scolaires Ait Larbi
écrivait ceci : Oh ! Mhand de mon cœur ; qui sourit comme une fleur. Tu es
très content car demain nous partons. Tu es un grand géomètre, tu découpes
le pain au millimètre.
Je rejoins l’idée de mon ami Bakouche Djaffar PES au Lycée qui suggère
ceci : est ce que Mr Rabia Md ne mérite t-il pas qu’une école dans la commune porte son nom ? Quant à moi j’interpelle les institutions les associations
concernées ainsi que Mr Arhab Mohand, premier adjoint au maire d’Azazga,
lui qui est membre de la famille de l’éducation, de ménager ses efforts pour
que deux prochains établissements scolaires de la daïra d’Azazga porteront
les noms de Mr Rabia Md et Bouadi Said.
Au début d’une année, les coopérants avaient choisi des horaires convenant à
leurs emplois du temps hebdomadaire à l’exception de Mr Zaidat prof d’EPS.
Le surveillant général avisait Mr Rabia dans son bureau de cette affaire d’horaire. Furieux, Mr Rabia se dirigeait vers la salle des professeurs en disant que
vos emplois du temps seront refaits car vous n’avez pas pris en considération
la gymnastique.
Chers amis, le CEG a une histoire j’ai essayé de retracer les événements que
j’avais vécu avec vous, la vie réserve des surprises ; la retraite, la santé, la
vieillesse, la mort nous attendent à chaque virage.
Lorsqu’on se souvient de ces années du CEG on doit impérativement s’intéresser à la communauté interne c’est-à-dire les élèves internes qui étaient
triple des externes. On découvrait beaucoup de choses après le travail scolaire ; le repas au réfectoire, l’étude du soir, le dortoir, le week-end surtout les
consignés du week-end.
Je vous demande tous une seule chose, c’est simple et c’est gratuit, essayons
d’organiser une rencontre dans une salle des fêtes à Azazga car le CEG est
trop petit pour nous accueillir.
Chers amis je vous embrasse bien fort. Meftah Lahcène CEM Base 3 de
yakouren 15365.
Il y’ avait de la curiosité dans les repas. On ne connaissait pas le riz jaune –
les boulettes à l’ail – le flan à la vanille – la raie, le goûter, les bains douche
chez BAHA au centre ville. Parmi ces élèves internes il y avait des groupes
de toutes les régions qui aimaient toutes les activités. Moi, je fréquentais les
élèves des Aghribs pour les raison suivantes : ils étaient sympathiques et aimables, ils étaient excellents dans les résultats scolaires et surtout ils étaient
fans de Cherif Kheddan, ils chantaient toutes les chansons de ce grand chanteur, et moi avec le temps j’admire aussi Cherif Kheddam, n’est ce pas Mr Ait
Aider Omar le grand fan.
20 / 19 novembre 2009 à 19h51min / Mohand Amokrane HANDALA.
Ahcène, tu nous a replongés encore une fois dans ces merveilleuses «années CEG». Tu as une mémoire d’éléphant, tu étais aussi un très bon élève.
Nous avons fait, avant le CEG, le primaire ensemble à Ait-Bouada. Nous te
connaissons aussi pour tes multiples voyages à travers toute l’Europe. Merci
pour tous ces souvenirs sur nos anciens professeurs et camarades.
Il y’avait aussi les maîtres d’internat qui veillaient jour et nuit pour la réussite
de cette ruche 24 h sur 24h. Les châtiments corporels étaient autorisés pour
un rien vous risquer 4 à 6 gifles même 10, je vais citer Adjemout Rabah le paresseux et grand Basketteur, Hamedi le grand bosseur, Berkane aux maigres
doigts , Chehab le fanfaron, Sahouli Tahar le méticuleux Selhi Hocine qui
soulevait avec un Bâton les draps pour interdire le pantalon au coucher, Bessoul , Boumaza qui réclamaient le silence dans les études, Rabia Rachid le
silencieux, Rami Md said le fatigué , Haddar Hamid et Kaci Chaouch que les
élèves redoutaient le plus. Ahcéne Ounas qui peut vous casser la mâchoire
21 / 15 décembre 2009 à 11h12min / Josiane JOSEPH.
C’est toujours avec une grande émotion que je lis tout ce qui me rappelle ces
années merveilleuses et en particulier ces années à Azazga ... Je me souviens
de l’épisode de cette lettre ... mais ce que je garde surtout c’est le souvenir de
mes élèves que j’ai tant appréciés !
Merci Amokrane et bonne retraite ! ... (bizarre d’imaginer un de mes anciens
élèves ... retraité ! ) ! )
1264
Hommage au monde enseignant
22 / 7 février 2010 à 22h13min / ARHAB Amokrane.
kHELOUFI OMAR prof de français ? La qualité de l’enseignement diffusée
refléte votre dévouement à cette education. Longue vie monsieur SAHUT.
Merci Ahcène pour ce grand brassage de l’époque avec beaucoup de détails
pertinents qui nous replongent encore plus profondément dans nos souvenirs
de jeunesse. Il n’est certes pas aisé d’enrichir davantage ton témoignage mais
néanmoins nous appelons tous les anciens élèves du CEG à contribuer par
leur participation à un débat plus large et s’associer pourquoi pas à une organisation d’une grande rencontre en lançant bien sûr des invitations à tous ces
anciens professeurs et à tous nos anciens camarades.
26 / 29 août 2010 à 02h06min / Hadja Sofia Nait Cherif .
Je suis émue de tomber par hasard sur ce site avec l’évocation de cette période de ma petite jeunesse à Azazga. Bien sûr qu’il y avait des filles aussi
au CEG notamment dans les classes de Mr Sahut,nous n’étions pas très nombreuses car au lycée Chihani on s’est retrouvées à quatre filles dans la classe
de seconde : Cherifi Nouara donc moi même, Malika Belkacem, Mokri Fariza et Ourida Challal qui elle avait fait le collège des chalets chez les sœurs
blanches. Nous avons fait la révolution à Azazga ce n’est pas peu dire car
cette «clique « de filles était douée dans les études et surtout avide de savoir,
d’émancipation et de liberté ce qui était très osé pour cette époque là oû l’on
ne trouvait pas aisément de sexe féminin» même pas des poules « : expression
de Lalave Boudriche, dans les rues d’Azazga.
On regrette effectivement la démolition d’une partie du CEG mais en s’organisant nous inciteront et nous sensibiliserons les autorités locales ou nationales à à œuvrer dans le sens de la réhabilitation de ce «monument du savoir».
Encore une fois, mille mercis ! aux auteurs de ce site et à tous ceux qui ont
participé à ce débat en particulier à Mr SAHUT pour son généreux récit .
23 - 7 février 2010 à 22h13min / ARHAB Amokrane.
Je salue donc tous ces hommes et femmes qui m’ont enseigné ces bonnes
mathématiques et ce terrible Voltaire dont je garde encore Zadig au fond de
mon âme de femme musulmane «prédestinée « forcément mais pas victime
de fatalité. Je salue Mr Sahut pour la bonté qu’il a toujours manifesté auprès des enfants kabyles que nous étions ,défavorisés d’une manière ou d’une
autre .Les enfants d’Azazga ont très bien réussi pour la plupart aussi bien les
filles que les garçons. Parmi nous il y a de talentueux artistes scientifiques et
cartésiens à la fois, nous avons réussi dans tous les domaines.
Merci Ahcène pour ce grand brassage de l’époque avec beaucoup de détails
pertinents qui nous replongent encore plus profondément dans nos souvenirs
de jeunesse.
Il n’est certes pas aisé d’enrichir davantage ton témoignage mais néanmoins
nous appelons tous les anciens élèves du CEG à contribuer par leur participation à un débat plus large et s’associer pourquoi pas à une organisation d’une
grande rencontre en lançant bien sûr des invitations à tous ces anciens professeurs et à tous nos anciens camarades.
Souvent j’ai cette image de Da Moh Rabia qui effectivement mérite un grand
hommage. Mais tout reste encore à faire pour perpétuer aux générations futures ce bagage de bonne volonté qu’on a hérité de tous ces anciens qui nous
ont encadrés et donné cet amour de la connaissance et ce goût du savoir. Cela
ne fait pas très longtemps j’ai pris contact avec des femmes proches de moi
à Azazga : des anciennes du lycée, CEG,... Et je leur ai suggéré de créer une
géante en hommage à tous les valeureux anciens et aussi martyrs d’AZAZGA
et de ses environs : ACADEMIE d’ARTS, DE LETTRES ET DE SCIENCES
à la fois : ACADEMIE DU GRAIN DE BLE MAGIQUE puisque la plupart
des lettrés et artistes anciens du CEG ou du lycée Chihani d’AZAZGA se
sont révélés d’authentiques grains magiques ; ce projet pour encourager les
bonnes initiatives et récupérer le maximum d’intelligences pour les aider à se
développer... Mais par la mauvaise volonté et cet obscurantisme envahissant
la planète entière aujourd’hui le projet a été gelé jusqu’à ce jour...
On regrette effectivement la démolition d’une partie du CEG mais en s’organisant, nous inciteront et nous sensibiliserons les autorités locales ou nationales à à œuvrer dans le sens de la réhabilitation de ce «monument du savoir».
Encore une fois, mille mercis ! aux auteurs de ce site et à tous ceux qui ont
participé à ce débat en particulier à Mr SAHUT pour son généreux récit .
24 / 9 mars 2010 à 14h22min / HAMITI RABAH.
J’ai toujours appliqué dans ma vie adulte l’expression que vous m’aviez inculquée au CEG AZAZGA « les mathématiques se trouvent en cherchant et
non pas en bafouant». Longue vie Monsieur SAHUT et bonjour aux camarades du CEG de 1966 à 1971 et du lycée CHIHANI BACHIR de 1971 à 1973
Nous aimons cette terre d’Azazga que nous avions tant sillonnée avec Mr
Bernardin pour l’aimer encore plus ....J’étais bien heureuse ce soir d’envoyer
ce message à tous ceux qui m’ont donné le savoir, l’espoir aussi de devenir
une femme instruite avec cet impénitent désir de partager ce savoir immense
qui m’a été donné comme une fleur cueillie du paradis.
25 / 9 mars 2010 à 14h41min / AIDER AKLI.
Pourquoi je ne suis pas né avec cette merveilleuse génération de vos éléves que j’ai eu comme enseignants «OUKACI ALI PROF des maths»et feu
1365
Hommage au monde enseignant
Ces derniers jours par une étrange coincidence et transe à la fois j’ai pu retrouver plusieurs camarades et amis perdus pour moi depuis des décennies.
J’ai retrouvé Dahbia Selloumi la fille du grand homme AMAR OUAZOUG,
Dehbia la belle ténébreuse qui faisait chanter même les oiseaux est une grande
chirurgienne dans un prestigieux hopital deFrance, j’ai retrouvé Mohia Nadia
qui est aussi brillante psychanaliste et écrivaine fouinant comme une petite
fourmi dans l’histoire de notre mémoire génétique, j’ai aussi retrouvé Boualem Rabia poète jusqu’aux bouts des ongles et véhiculant une culture immense
fidèle à la mémoire de Dal’Mouloud Mameri qui m’a enseigné l’histoire de
l’empire romain en Afrique du nord, l’histoire des rois berbères de l’antiquité
dont «Jugurtha l’éternel «le roi berbère à l’inconscient républicain ...
Je me souviens bien de vous au CEG (promotion de 1966) et je me souviens
très bien de vous au lycée Chihani Bachir (première classe de terminales
sciences en 1972-1973) Quant à moi j’étais en classe de première dans les
deuxièmes bâtiments de la salle 23 à la salle 32.
Comme camarades de classe ; il y’avait Dahoumane Ahcene - Aimene Amokrane et Merati Md Amokrane. Je trouve votre témoignage magnifique et j’ai
eu des frissons le lisant dans tous ses aspects ; car tous les détails que vous
avez évoques sur cette période de 1966 à 1973 étaient désormais gravés dans
ma tête.
Dr Cherifi Nouara de lorraine , femme algérienne, kabyle soufie et prédicatrice alias : Hadja Sofia Nait Cherif la rahbania dans le code maraboutique
et soufi car animée de la «transe de cette Afrique du nord glorifiée par Ibn
Khaldoun « : Phrase de Kateb Yacine. AZAZGA tour de Babel d’oû ont surgi
tant de richesses et diversités étonnantes ...
Je vous dis BRAVO car vous êtes la deuxième femme à répondre sur ce site et
évoquer l’enfer des femmes de 1960-1975. A cette époque il fallait chercher
les filles scolarisées avec une torche et si mes statistiques sont bons on dénombre environ 25 filles de la 6e de 1962 à la terminale de 1973. Je reviens
au lycée Chihani il y avait Mokri Fariza avec sa blouse grise dans la classe de
lettres dans la classe de terminales sciences, il y avait trois filles Belkacem
Malika avec sa blouse bleue, Cherifi Nouara avec sa blouse rouge et Challal
Ourdia avec sa blouse verte.
Nous sommes partis des bancs de l’école de filles, de l’école d’en bas, du
CEG, du lycée chihani-Bachir ; ces professeurs coopérants étrangers auxquels nos vies ont été confiées ont développé en la plupart d’entre nous ce
désir de voyages comme des pigeons de Kairouan messagers troublants de la
francophonie et du souffle de nos âmes qu’invite la quatrième dimension ...
Pendant la cérémonie de retrouvaille des anciens élèves du CEG le lundi 26
juillet 2010 à Azazga, votre cousine Cherifi Yamina a salué la majorité masculine en disant que le filles (femmes) se comptaient sur le bout des doigts (rires
dans la salle). Quatre élèves de votre promotion ont assisté à cette rencontre
Boukais Mohand - Oukaci Ali- Hamiti Rabah- Chekimi Hocine.
Je vous salue donc vous tous qui lirez ce message.
Je ne cache jamais ma colère ainsi que ma révolte sur la scolarité des filles de
cette époque. Beaucoup d’entres elles admises à l’examen de 6e étaient restées à la maison pour plusieurs raisons que vous connaissez bien sur. Quant
aux garçons nous avions la chance d’être internés dans des conditions difficiles avec 7 à 10 ans d’internat en cas de redoublement. A partir du 15 mai,
juste après les compositions du 3e trimestre, les filles étaient cloitrées entre
quatre murs jusqu’ a la rentrée prochaine c’est-à-dire le 15 septembre.
27 / 8 septembre 2010 à 17h16min / Essaid AIT LOUNIS.
Tout simplement émouvant ! et puis chapeau ! aux auteurs. mais dites vous
bien qu’avec cette histoire, une autre, et pas des moindres a été vécue par
d’autres collégiens du CEG d’AZAZGA, partis eux au lycée AMIROUCHE
de TIZI OUZOU,INH Boumerdès, des élèves de la même époque qui curieusement n’ont pas intervenu dans cette rubrique,autrement très intéressante et
qui interpelle plus d’un tant le (MOI) qui sera porté par tout un chacun la vie
durant, s’est forgé là, à cette époque. On ne peut en parlant de cette époque
faire le pont sur les Messara (achour, Omar,MOHAND...) Sadmi Achour,
Ould Said Nacer, Achour Ben amara, Omar Arhab, Baha Youcef, Lagha Ali,
Mohand Boudi, Amrani..., Chérifi Mahiedine, Essaid Ait Lounis, Haouili
Mohand Said, kessili..., About Arezki... Ah si tout ce beau monde pouvait se
manifester, et chacun à sa façon nous raconter une bribe de cette époque,ce
serait vraiment formidable !
Les filles étaient dispensées d’office du sport sur les photos de classes de
1969 : 3e A - 3eB - 4eA - 4eB - 4eC et 5eC. Insérées par Mr Sahut dans le
site : mais où sont donc passées les filles. Merci aussi d’avoir évoqué dans
votre message l’élève Boudriche Arab dit laalave que j’admire beaucoup c’est
quelqu’un de courageux détestant l’injustice sans oublier bien sur toute la
communauté interne de Beni Douala nous saluons tous les profs qui nous ont
enseigné les bonnes méthodes et surtout la littérature.
1. Les lettres de mon moulin d’Alphonse Doudet avec Mme Marechal Colette
2. Les contemplations de Victor Hugo avec Mr Pierre Joseph
28 / 18 septembre 2010 à 14h25min / meftah lahcene.
3. Antigone de jean Anouilh avec Mr Ducher Jean Domique.
Je réponds au message d’une ancienne élève d’Azazga, la nommée Cherifi
Nouara alias Hadja Sofia Nait Cherif.
Vous habitez la Lorraine une très belle région ou habitent aussi deux couples
qui ont exercé au CEG Mr Pierre et Josiane Joseph (Meurthe et Moselle 54)
1466
Hommage au monde enseignant
Mr et Mme Lamperti (les Ardennes 08) nous aimions tous cette terre d’Azazga (13 ans de scolarité) avec ses 3 bâtisses qui ont fait la fierté de cette commune.
encore à Mr Sahut pour son témoignage qui nous a permis de nous retrouver
pour peut être aboutir à un gros miracle. Fatima Mernissi l’écrivaine marocaine auteur des Sultanes oubliées entre autres, a écrit dans la revue Cles :»Le
monde arabe va décoller ! Ce n’est pas une prophétie , précise t’elle c’est une
intuition de femme, et Dieu sait , lui qui connait tout , qu’elle est rarement
erronnée ....» donc tout peut arriver... Le meilleur est à venir In challah car
personne n’a le droit d’interdire la vie et la liberté à l’être humain.
– 1- l’église : symbole de l’époque coloniale
– 2- l’école primaire d’en bas (de garçons) et celle d’en haut (de filles où vous
avez fait la classe de seconde.
– 3- le CEG qui était l’un des meilleurs de la Kabylie avec 98% de réussite.
Donc algériens, algériennes unissons nous pour faire de notre terre sainte
un havre de paix, de bonne santé et de respect en invitant chacun chacune à
revendiquer ses droits vaille que vaille et aussi à appliquer ses devoirs impérativement.
Hadja Sofia je vous dis ceci : Je crains que dans les années à venir ces trois
patrimoines disparaitront à jamais dans cette ville toute une génération de
jeunes c’est-à-dire nos enfants perdra tous les repères. Votre prof de sciences
au lycée Mr André Gouny avec qui je suis en contact m’a envoyé une lettre
relatant les souvenirs de cette époque avec une photo de classe (votre groupe
de TP au laboratoire) sur la photo : Il a écrit Que sont devenus tous ces élèves
de TS ? Qui peut m’aider à répondre à cette question. Je pense que beaucoup d’entre eux ont gravi les divers échelons socio professionnels Je suis en
contact avec quelques coopérants mon adresse Email est : Lahcéne_meftah@
yahoo.fr Mes salutations les plus cordiales.
Je remercie ma grande famille algérienne de cet effort à accomplir d’avance.
Dr Chérifi Nouara Alias Hadja Sophia .
30 / 21 septembre 2010 à 06h47min / hadja Sopphia.
Je tiens à préciser que le statut de jumelage entre deux pays est un statut particulier qui relève des autorités des deux pays concernés. Le jumelage est une
action de réconciliation après une histoire commune tragique entre deux pays
en général, exemple de l’Allemagne avec la France...
29 / 20 septembre 2010 à 18h33min / Dr Cherifi Nouara.
Merci mon frère de sang et d’esprit d’avoir répondu directement à mon message .Je souhaite que nos autres camarades rejoignent ce site pour l’enrichir
davantage et donner naissance à ce rêve d’Académie du grain de blé magique
qui à germé dans mon esprit du fin fond de mon exil en lorraine une nuit sacrée de 27ème jour du ramadan il y a de cela plus de 10 ans déjà.
Aujourd’hui il y a des villes allemandes jumelées à des villes de France pour
des actions culturelles, de grandes rencontres scolaires, universitaires et partage de part et d’autre. Pourquoi ne pas jumeler la ville d’Azazga avec une
ville de lorraine par exemple ? Il faut pour cela s’ouvrir à l’autre intellectuellement et humainement aussi mais c’est un long chemin à faire pour en arriver
là si chacun passe son temps à briguer l’espace vital de son frère ou voisin ...
Je souhaiterai que cette ancienne magnifique église d’Azazga soit le premier
siège de cette académie à Azazga ... pour donner naissance à d’autres dans le
monde entier ; ainsi véhiculer ce message troublant de femmes et d’hommes
libres au monde entier, ce message de pigeons de Kairouan , de pigeons voyageurs ...
31 / 29 septembre 2010 à 21h44min / dahoumane ahcene
C’est vrai que c’est trop d’émotions. Je ne sais meme pas par quoi commencer ni comment le dire tellement le paroxysme a été atteint en voyant votre
nom a la lecture de ce temoignage.
J’ai tenu par dessus tout à promouvoir la francophonie partout oû la Marseillaise a été claironnée justement pour exprimer ce revers de médaille de la
colonisation française. Que l’Algérie et la France sont liées par cette histoire
tragique qui néanmoins a évolué à notre insu en histoire d’amour quelque part
puisque tout le monde veut rejoindre la métropole aujourd’hui ...
Tout simplement je dirai que je suis heureux de vous savoir en bonne sante et
a travers vos ecrits j’ai retrouvé votre perspicacite et l’application que vous
mettiez pour nous enseigner vous les mathematiques en classe de troisieme
(preparation du fameux BEG qui nous ouvrait la port du lycée) et votre mari
Mr Pierre Joseph, le français. Je suis un de vos eleves. Je m’appelle Dahoumane Ahcene du village de Cheurfa.
Il faudra espèrer un jumelage futur un jour de la France et de l’Algerie :
fausses jumelles certes mais potentielles jumelles quand même. Il faudra pour
cela redresser les torts de part et d’autre... Je suis toujours partie du principe
que tout ce qui est imaginable est réalisable, il ne peut y avoir d’impossible...
Donc faisons tout pour concilier le temps et les générations afin d’espérer
un avenir meilleur pour l’Algérie etl’humanité entière pourquoi pas ? Merci
Me concernant, j’ai fait des etudes de medecine (specialiste en epidemiologie) et exerce actuellement au sein de la direction de la santé de la Wilaya
(departement) de Boumerdes. Cela me ferai enormement plaisir de recevoir
de vos nouvelles. Recevez mes salutations
1567
Hommage au monde enseignant
32 / 29 septembre 2010 à 22h19min / dahoumane ahcene.
35 / 31 octobre 2010 à 00h12min / LOUNES DE PASSAGE A AZAZGA.
Monsieur Sahut ! Enfin j’ai eu de vos nouvelles par le biais de ce temoignage
qui me rappelle les belles annees d’enfance. Je suis tres ravi de vous savoir
en bonne santé et vous remercie infiniment de nous avoir replongé dans notre
tendre enfance par le biais de votre témoignage et surtout par l’engouement
que vous avez créé au sein de vos anciens eleves. Cela m’a permis d’avoir
beaucoup de nouvelles d’amis que j’avais oublié mais dont les temoignages
m’ont ému.
Bonsoir Docteur et chere consœur, c’est avec une immence joie et des frissons
qui frisent un état de choc que j’ai suivi ce débat. cepandant, la nostalgie qui
nous tient tous et toutes quelques part me pousse à reprendre langue virtuellement avec vous où vous êtes ; de passage à Azazga en cette date combien
significative pour nos ainés et nous, les vacances de la toussaint.
…à tous les animateurs de ce site, je propose des actions concretes par
- 1. creation d’un mouvement associatif large
- 2. encourager l’emergence des sites d’ehanges et de vilguraslisation de nos
régions
- 3. vulgariser l’histoire et apprendre aux jeunes la memoire de nos ancetres
- 4. créér et developper un tourisme culturel national et internationel à l’instar de nos voisins revaloriser le patrimoine culturel (villages et habitats
anciens, je cite AOUIRIR MOKNEA) et encourager la creation des initiatives locales amicalement
Grace a vous j’ai pu trouvé un moyen de contacter mes anciens professeurs
de math et francais en classe de troisieme au college (il s’agit de Mr et Mme
Joseph ) que j’ai toujours admiré et respecté. Je me rappelle toujours de «ce
brouillard qui etait si dense que je crus prudent de raser les murs « ou bien
des «1300 problèmes « notre reference en calcul pour preparer l’examen oh
combien important pour nous car c’est le premier d’une longue carriere , il
s’agit de l’examen de sixieme (entree au college ).
On l’a passé en juin 1967. Sur 32 candidats, 30 reçus !!! «Le four banal»,
c’etait le titre de la dictée de cet examen. Apres le CM2 on vous a eu comme
prof de math au college (Classe de 4ème). C’est avec beaucoup de fierté et
d’émotion que je m’adresse a vous pour vous dire que je n’ai gardé que de
bons souvenirs de vous et vous temoigne toute ma gratitude. En toute modestie je vous rappelle que j’etais le premier de la classe au CM2 et tout aussi
bon au college. J’ai fait des etudes de medecine (specialiste en epidemiologie)
et exerce au niveau de la Direction de la sante de la Wilaya (département) de
Boumerdes. Recevez mes salutations. Je serai tres ravi d’avoir plus de nouvelles vous concernant. (je suis Dahoumane Ahcene habitant le village de
Cheurfa commune de Azazga).
36 / 4 novembre 2010 à 23h03min / Kessal
En lisant les commentaires des anciens éléves de M.Sahut, ce qui frappe le
plus, c’est l’émotion et la nostalgie que ressentent ces éléves en évoquant les
années d’adolescence où tout était permis malgré la misère dans laquelle se
débattait la majorité d’entre eux. Aussi,exprimer sa gratitude et rendre hommage à Messieurs Sahut, Coze, Bernardin... pour le merveilleux travail qu’ils
ont accompli est une exellente chose.
Personnellement, je n’ai pas eu la chance d’avoir été leur éléve, car à l’époque
je me trouvais à Alger où j’ai connu d’autres professeurs qui brillaient par
leur inconscience professionnelle. Qu’il me soit permis d’introduire quelques
nuances :
33 / 12 octobre 2010 à 22h46min / Mehaddene Rachid.
Cher Monsieur Sahut, je suis émuet ravis en même temps par vos écrits et
par ce récit qui me replonge dans les années du CEG (1971-1975). C’est vrai
que que je n’ai la chance de vous connaitre que pendant deux années (19711972 et 1972-1973) mais que de souvenirs inpérissables pour moi. Merci pour
tout ce que vous avez fait pour nous. je m’appelle Mehaddene Rachid , j’ai
maintenant 51 ans et je garde un souvenir impérissable de vous et de votre
404 que vous vous faisiez briller au soleil. Je suis originaire de Cheurfa où
j’habite toujours et je suis enseignant, Maître de conférences à l’université de
Tizi ouzou.
1. Lorsque Messieurs Sahut,Bernardin et Coze exerçaient au CEG,le nombre
de bacheliers à Azazga pouvait se compter sur les doigts d’une main ; des
licenciés, n’y en avait pratiquement aucun.
2. La majorité des éléves venait des villages environnants ;ils vivaient dans le
dénuement et l’obscurité ; la plupart des villages n’étaient pas éléctrifiés,les
gens mangeaient à méme le sol et dans un plat collectif. Quand ils arrivent
au CEG, pour la première fois de leur vie ils découvrent ce qu’est un pyjama.
3. Ce qu’il faut retenir de ces coopérants Sahut, Coze et Bernardin en plus de
leur conscience professionnelle aigue, c’est leur comportement fraternel à
l’égard des éléves, emprunt de cette chaleur humaine inhérente à la culture
française qui, comme chacun sait, véhicule une idèologie humaniste et libératrice.
34 / 22 octobre 2010 à 18h32min / ALLAF.
Tres content de retrouver d’autres camarades et lire leurs commentaires.Par
contre,pour la rencontre organisée en été passé (2010),il aurait fallu inviter,
informer le plus de monde,à l’avance bien sûr.
1668
Hommage au monde enseignant
A l’époque les études occupaient la première place dans l’échelle des valeurs.
Le professeur était roi. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Les études sont
dévalorisées et l’éléve est roi. Notre systéme éducatif traverse une crise chronique, nos jeunes ne savent plus à quel saint se vouer, le phénomène harraga
prend des proportions alarmantes et j’en passe. Cette situation tragique était
prévisible dans les années 80 lorsque le pouvoir de l’époque s’est attelé à une
accélération du processus d’arabisation contre lequel des esprits lucides ne
cessaient d’adresser des mises en garde. L’école algérienne n’arrive toujours
pas à trouver son équilibre. Je crois que au lieu de cultiver la nostalgie des
années 60, il serait plus positif d’investir notre réflexion dans la recherche
d’une école moderne performante capable de relever les défis du troisiéme
millénaire.
En effet,il faisait son travail avec rigueur, conviction et générosité. Il était trés
humain dans ses relations avec les éléves. Chaque matin, je me rappelle trés
bien, il commençait par une leçon de morale : par exemple une fois il nous a
fait un cours sur la pauvreté; aprés nous avoir expliqué que la pauvreté n’est
pas un défaut, que personne n’est à l’abri, il nous fait écrire sur notre cahier
en gros caractéres :» Ne méprisons pas les gens pauvres,aidons-les».
Une autre fois aprés nous avoir explicité ce qu’est la jalousie il nous a fait
écrire sur notre cahier :» il ne faut pas étre jaloux».
D’autre part, les explications de textes qu’il nous faisait nous préparaient à
acquérir la maitrise de la langue française. Incontestablement, il était animé
d’un désir sincére de préparer les éléves à affronter l’avenir et ce, malgré la
période difficile dans laquelle nous étions car n’oublions pas qu’on se trouvait
en pleine guerre.
37 / 5 novembre 2010 à 19h10min / hadja Sophia : Dr Cherifi Nouara . —
Voici un exemple pour illustrer mon propos sur les qualités pédagogiques
morales et humaines de M.Chala Youcef : Au mois d’avril 1960, à l’occasion
d’une conférence pédagogique, des enseignants pour la plupart français sont
venus assister à un cours de notre instituteur. A la fin de la conférence, ils
étaient émerveillés par notre vivacité, notre participation active à la leçon,
tous ont conclu qu’on était d’un trés bon niveau. Je me rappelle trés bien au
mois de juin 1960 M. Chala nous a fait une dictée proposée à l’examen de
sixiéme et que trois d’entre nous avaient zéro faute, ce qui est une performance pour des éléves du cours élémentaire.
Mon cher camarade, c’est pour ce projet d’écoles rénovatrices et salvatrices
que je continue à proposer le projet concret d’une Académie des arts, des
lettres et des sciences. Je pense que les esprits éclairés ont saisi la portée de
ce projet à long terme et immédiat pour lever ce caractère d’urgence de la
réalité de notre jeunesse actuelle ;oui jeunesse tatouée, scarifiée pas seulement sacrifiée. Donc que les bonnes volontés se manifestent sur ce site que la
francophonie avec son message troublant a mis à notre disposition.
Oui cher compatriote, si c’est votre pére soyez en fier. Honnétement des enseignants algériens comme lui ne sont pas nombreux. Je le dis avec d’autant
plus de convictions que je n’ai pas eu la chance d’avoir des enseignants ayant
les mémes qualités que lui au cours de mes études postérieures. C’est la raison pour laquelle, je ne l’ai compris que plus tard avec le recul, que la plupart
des algériens de ma génération n’avons pu achever nos études universitaires;
rares sont ceux qui ont franchi le cap du baccalauréat. Nous avons connu en
effet une scolarité trés irrégulière. Aussi dans ce site la plupart des anciens
éléves rendent hommage à M. Sahut, et à juste titre, moi, je tiens à rendre un
vibrant hommage à Chala Youcef mort prématurément en 1988 à l’âge de 53
ans.
38 / 6 novembre 2010 à 10h08min / Dr Cherifi Nouara Alias Hadja Sophia —
Je voudrai inviter tout le monde à avoir une pensée pieuse pour le cher et regretté Cheref Madjid un petit oncle du côté maternel pour moi : Khali Madjid
nous a hélas quitté il y a plus de deux ans et repose en terre d’Allemagne...
Pour illustrer ce triste destin et réalité d’un authentique pigeon de Kairouan
symbôlisant la mort et l’éxil tel Jean El Mouhoub Amrouche Jugurtha l’éternel, tel Le jeune poète Rayan Bourbia originaire de Im Zizou et d’Alger :»
Sidi Abderahmane Amechtouh saint patron des étrangers «et qui repose en
Moselle à Saint Avold, telle Rim Kartout :»sage petit Zadig , Yemma gouraya Thamachtouhth «, originaire de Sidi Aich qui repose à Paris... Comme
quoi cette diaspora kabyle laisse semer son grain de blé magique à travers le
monde entier. C’est d’avoir lu le nom de Cheref Madjid dans le message précédent qui m’a poussé à rédiger ce message ...
40 / 2 décembre 2010 à 20h58min / Cherifi Madjid.
39 / 7 novembre 2010 à 17h12min / Kessal.
De merveilleux souvenirs avec beaucoup de nostalgie liés à nos années d’enfance et jeunesse à Azazga avec en toile de fond notre extraordinaire Kabylie.
A M. Chala Abdelghani. J’ai eu la chance et l’honneur d’avoir été l’éléve
de M. Chala Youcef au cours élémentaire première année en 1960 en pleine
guerre d’Algérie. Avec le recul, ce qui nous permet de voir les choses avec
clarté et objectivité, je réalise que cet homme a été un enseignant d’exception.
Je remercie tous mes enseignants d’Azazga de 1961 à 1972 dont Mr Sahut
qui nous a inculqué beaucoup de rigueur pour les maths (CM2 et 4ème au
CEG). Le couple Joseph m’a apporté beaucoup de choses personnellement :
la langue et autre chose d’humanité’’.
1769
Hommage au monde enseignant
C’est certainement grâce, en grande partie, à eux, que je suis devenu ce que
je suis : PDG d’une entreprise nationale algérienne.
ces enseignants du CEG d’Azazga des années 1960, qui au sortir d’une guerre
ont fait le choix de rester ou de s’installer en Kabylie.
Mes meilleures salutations aux Sahut, couple Joseph, Bernardin, Fortin, et
beaucoup d’autres.
S’agissant du CEG d’Azazga, ce temple du savoir,où j’ai eu l’insigne honneur d’avoir été un de vos élèves,de Monsieur Sahut « Mathématiques»,de
Madame Maréchal «Langue française» auxquels vous avez succédé en classe
de troisième.
41 / 4 décembre 2010 à 10h10min / Dr Cherifi Nouara Alias Hadja Sophia.
M’était il possible de retenir ces larmes d’émotion et de plaisir en lisant pour
la première fois le récit de Monsieur Sahut ainsi que votre message ?
Je suis bien heureuse que cette merveilleuse chaine à la quête du savoir auquel
on rend cet hommage, en quête de solidarité pour nous unir et nous renforcer
comme les doigts de la main en frères et amis sans distinction de famille, ni
de race ni de frontière... Encore merci à Mr Sahut d’avoir permis ce miracle
grâce au troublant message de la francophonie il faut le reconnaitre.
De vous tous nous avons gardé d’excellents souvenirs, avec parfois de belles
anecdotes, Monsieur Bernardin,lors des sorties sur le terrain pour ramasser
des roches pour les cours de géologie.
Oui que les pigeons de Kairouan ne se sentiront plus seuls en exil puisque des
mots magiques leur parviennent par la voix de tous ceux qui se sont exprimés
dans ce site. J’ai grandi aux côtés de Madjid qui modeste et pourtant si courageux n’a pas dit qu’il nous a offert une œuvre de grande valeur historique oû
il a traité l’histoire des Chorfas d’Algérie.
Vous avez donné des bases, ô combien nécessaires pour des cursus scolaires
de petits kabyles, de conditions modestes dont certains sont orphelins de
guerre.
Je salue par ailleurs tous ces anciens élèves qui vous ont fait des témoignages.
Je sais qu’il continue de chercher sans relâche tout indice, toute vérité cachée
sur notre pays, sur cette Kabylie qui nous unie... Merci à tous mes frères
kabyles et à Yamina B. qui a osé s’exprimer dans ce site la première femme
avant que je ne le découvre... Elles sont donc devenues sourdes et muettes
toutes ces brillantes femmes d’Azaga qui ont fait le CEG et lycée Chihani ? Je
les invite toutes à nous donner un petit mot ou pensée ou souvenir... Jadis on
ne pouvait même pas figurer en tant que fille sur les photos de classe... Mais
aujourd’hui ce n’est plus le cas !
Boudjema Younès Chaouche Ancien élève de l’IEP ex Sciences. Po Paris
3ème cycle.
44 / 14 décembre 2010 à 12h45min / Kessal
En lisant vos messages Madame Chérifi, je constate que vous étes animée des
intentions les plus nobles qui soient. Vous proposez la création d’une académie des arts et des lettres, la promotion de la francophonie et le jumelage de
certaines villes d’Algérie et de France.
42 / 8 décembre 2010 à 10h17min / Dr Cherifi Nouara Alias Hadja Sofia.
Incontestablement si ces propositions venaient à étre concrétisées,cela permettrait une émergence de talents et conduirait notre région vers un rayonnement culturel et intellectuel, car n’oublions pas que notre société est dans
un état de déliquescence totale. En effet du fait de la faillite de notre systéme
éducatif, les études sont dévalorisées, le désoeuvrement est le lot quotidien
des jeunes. Une société qui cesse de réfléchir n’a pas d’avenir.
Je te salue Yamina femme de ma tribu ! Je viens de te reconnaitre car au début je t’ai confondue avec une autre Yamina ! Pardon ma sœur ! Je n’ai pas
d’autres mots pour toi que ma fierté de te lire dans ce site et aussi pour ton
magnifique combat quotidien afin d’offrir le maximum aux enfants de cette
génération de demain auxquels tu essayes de donner cet enseignement qu’on
a eu au CEG, au lycée Chihani... dans ton collège monté courageusement par
ta sensibilité et ta persévérance. Merci Mina de tout mon cœur. Nouara ta
sœur .
Aussi il importe au plus haut point de réfléchir et d’oeuvrer pour la mise en
place d’un systéme d’éducation et de formation performant capable de faire
face aux défis du troisiéme millénaire. Car il ne faut jamais perdre de vue que
les pays, qui, dans les années 70 s’appelaient pays sous-développés comme
l’Algérie,et qu’on appelle aujourd’hui les nouveaux pays industrialisés doivent leur performance économique à une éducation généralisée. Comme dirait le poéte, faisons vite l’histoire va fermer.
43 / 8 décembre 2010 à 20h22min / Boudjema Younès Chaouche.
Permettez moi, Madame et Monsieur Joseph de rendre hommage à Monsieur
Claude Grandjacques pour son travail, et à travers lui, vous,Monsieur Sahut,
Madame et Monsieur Maréchal, Monsieur Bernardin, Monsieur Coz, et à tous
1870
Hommage au monde enseignant
Enfermée dans un placard toute la matinée, ma cousine Yamina pleurait pour
moi devant la classe mais ses larmes n’ont attendri que Melle Clément à son
arrivée. Cette dernière m’avait barbouillée le visage d’eau fraiche car j’avais
des spasmes du sanglot ! Elle m’avait coiffée aussi et prise sur ses épaules
pour cheminer vers l’école d’en bas avec toute la classe et voir la projection
de Charlot au cinéma en guise de consolation. Merci à Melle Clément si elle
est encore de ce monde .
45 / 15 décembre 2010 à 20h42min / aider mohamed.
Salut etant eleve en 1966 au ceg Azazga, monsieur Sahut, que je salut chaleureusement, a oublié de parler du fameux prof de français: Rabia
lvachir(bachir) qui nous avait donne du courage pour continuer nos etudes
suite a la fameuse entrée a l ecole de l arabe. Nous avions peur de la langue
arabe et da lvachir nous disait : pourquoi avoir peur l arabe c est facile il suffit
d ajouter «toun» pour que ça devienne de l’arabe exemple. la table=tablatoun
la porte=portatoun la fenetre=feneratoun c est simple comme bonjour que
dieu ait son ame merci a tts les enseignants du ceg azazga
49 / 24 mai 2011 à 23h41min / Bakouche Djaffar.
Je me permets d’intervenir pour la deuxième fois dans cet espace qui est devenu par la force des choses un forum dont l’initiateur n’est autre que Monsieur Sahut. Beaucoup d’anciens élèves du CEG et meme du lycée Chihani
d’Azazga ont apporté leur contribution pour nous plonger dans ces années
de découverte de la bonne éducation et du savoir, pour retisser certains liens
d’amitié et déclencher un déclic de communication entre nous.
er
46 / 1 janvier 2011 à 00h06min / sarni.
EL HOCINE AREZKI me dit quelque chose. Te souviens tu d’un certain
SARNI qui a fait les mêmes classes avec toi et AGGOUN MOHAMED de
6ème à 3ème. Si c’est le cas je te prie de prendre contact avec moi , ça me fera
énormément plaisir.
Je tiens à remercier Ahcène Meftah pour tous les efforts qu’il a fournis afin
de réussir la rencontre préliminaire qui a eu lieu au mois de juillet 2010 puis
celle de septembre 2010 ( à laquelle j’ai assisté) et qui devait déboucher sur
la mise sur pied d’une association des anciens élèves du CEG d’Azazga mais
qui finalement a avorté pour soit disant un manque de préparation et une participation peu nombreuse, finalement il a été décidé de désigner une commission de préparation de la prochaine rencontre qui aurait lieu durant les
prochaines vacances d’été.
Mon émail : [email protected]
47 / 17 février 2011 à 07h58min / fatma.
Oh quel retour en arriere, c est comme si c etait hier. Moi j ai eu comme maitresse mme Librano pui mme Gireaud, mlle Cclement mme Noireaux et a la
fin mme Lacoste. Ils nous ont bien appris a lire et parler francais. Quand a
l arriver des enseignants arabes c etait tout une histoire. Le fait de voire des
hommes et femmes presque noir et les yeux rouges nous a fait tres peur a nous
les pauvres petites filles kabyle. Ce qui se reveler par la suite que certaines de
ces maitresses la etaient tres simpatique. Par contre pour apprendre l arabes c
etait du chinoix pour nous. Merci monsieur sahut
Personnellement je pense que nous avions raté l’occasion de lancer cette association car il sera difficile de réunir encore une fois des gens vu les conditions
draconiennes posées par les pouvoirs publics pour accorder une autorisation
de réunion. J’aurai aimé trouver dans cet espace des écrits des personnes qui
ont freiné le projet initial.
De toute façon si nous voulons le relancer il faut une volonté de tout un chacun et un minimum de sacrifice et si la rencontre aura lieu cet été, il est temps
de lancer un appel en précisant la date et le lieu. Une autre décision a été prise
et qui est relative à la création d’un site internet, j’aimerai bien savoir ou en
est le projet.
48 - 2 avril 2011 à 10h28min / hadja Sofia.
Je salue Fatma qui a eu le courage de se manifester dans ce site. Il n’y avait
que trois filles de ce nom dans nos classes du primaire aussi je me suis rappelée d’elles toutes les trois avec une grande tendresse de sœur. Oui que beaucoup de temps s’est écoulé depuis... Mais qu’on n’oublie pas cette cour de
l’école primaire avec ce coin oû l’on jouait à la marelle sous cet arbre là : un
mûrier si je me trompe pas ...
Si je soulève cette question d’association c’est parce que c’est le seul moyen
qui nous permettrait de nous rencontrer et de lancer des projets tels que ceux
relatés par Madame Cherifi Nouara alias Hadja Sofia. Encore une fois bravo à
Messieurs Jean Louis Sahut et Meftah Ahcène qui ont pu lancer cet échange
de vues entre nous.
Me Librano a mené d’une main de fer cette école là pendant des années ...Puis
il y a eu Me Lacoste pour la remplacer ...Mais je garde le plus émouvant
des souvenirs de Melle Clément qui m’avait libérée du placard oû la maitresse d’arabe fraichement arrivée d’Egypte m’avait enfermée pour avoir eu
le malheur de signer mon cahier d’arabe innocemment avec un stylo rouge.
1971
Hommage au monde enseignant
50 / 5 juin 2011 à 23h02min /
54 / 24 juin 2011 à 15h44min / Mohand Amokrane HANDALA
C’est avec une profonde émotion que je prends connaissance du témoignage
de monsieur jean louis Sahut. Ce nom réveille en moi des souvenirs indélébiles et indéfectibles d’une enfance heureuse et innocente dans une ville
sereine qu’était Tizi-ouzou, auprés d’un père aimant et protecteur et qui je
m’en souviens encore vous a»ramené»chez nous ; à la maison !!! Je suis la
fille de monsieur saheb et ,oh, combien ,je souhaiterais que mon message
vous parvienne .
Parmi les décisions prises par la commission de préparation des retrouvailles
du 18 juillet 2011, la création d’un blog des anciens élèves du CEG d’Azazga,
en attendant la création d’un site. C’est chose faite, je vous donne l’adresse :
http://ceg_d_azazga.eklablog.com/
Un outil de plus pour échanger entre nous.
55 / 18 juillet 2011 à 19h05min / Mohand Amokrane HANDALA
(1968-1972)
51 / 12 juin 2011 à 13h10min / SADUDI AMOKRANE
HOMMAGE A L’EQUIPE PEDAGOGIQUE ET D’ADMINISTRATION
DU CEG D’AZAZGA
En réponse à Mr BAKOUCE DJAFFAR,je porte a sa connaissance que
l’équipe qui devait préparer la rencontre des anciens du C.E.G pour l’été prochain a fait de son mieux et, pour preuve,à l’instant(dimanche le 12.6.2011 à
9h30, elle vient de recevoir de l’académie de TIZI OUZOU une autorisation
POUR NOUS RETROUVER le lundi 18.07.2011 au C.E.G d’azazga apres
40 ans de séparation. Quelle bonne nouvelle Mr BAKOUCE !
Hommage rendu à l’occasion des retrouvailles émouvantes des anciens élèves
du CEG d’Azazga au sein même de l’établissement le lundi 18 juillet 2011.
Chers camarades, anciens élèves du CEG d’Azazga, nous voilà revenus au
CEG après l’avoir quitté il y a plus de trente années, pour nous ressourcer,
pour nous remémorer nos années de collège, une étape de notre vie qui nous
a marqués à plus d’un titre.
52 - 20 juin 2011 à 20h49min / Mohand Amokrane HANDALA
Pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la première fois que nous quittons notre petit village et que nous nous rencontrons et tissons nos premiers
liens d’amitié et partageons nos peines et nos joies avec des élèves venus
d’autres villages, d’Azeffoun, de Bouzeguène, de Beni-Douala, d’Yakouren,
de Mekla, d’Illoula, des Ouadhias et de toute la Kabylie.
Suite à l’accord donné par l’académie de Tizi-Ouzou pour que les anciens
élèves du CEG d’Azazga organisent une rencontre au sein de l’établissement
même, une commission restreinte s’est réunie le 18 juin 2011 pour préparer
ces retrouvailles. Lors de cette réunion, il a été décidé de lancer un appel à
tous les élèves qui ont fréquenté le CEG durant les décennies 1960 et 1970 de
se retrouver au CEG le lundi 18 juillet 2011 à partir de 9H. Il est souhaitable
que les personnes concernées confirment leur participation en contactant
l’un des membres de la commission de préparation au numéro de téléphone :
0560358587 ou à l’adresse mail : [email protected].
Nous avons été particulièrement marqués par la qualité de l’enseignement et
de l’éducation que nous avons reçus de la part de nos professeurs au CEG. La
plupart d’entre nous vivions dans la pauvreté pour ne pas dire la misère : nous
n’avions pas d’électricité et pas d’eau courante chez nous, nous ne connaissions pas la brosse à dents, le pyjama, nous ne savions pas qu’un repas est
composé d’un hors-d’œuvre, un plat de résistance et un dessert, nous ne
connaissions pas le riz, ni le flan… C’est au CEG que nous avons découvert
tout ça.
53 / 20 juin 2011 à 16h07min / colombe-blanche.
Je salue ces anciens du lycée chihani Bachir et du CEG qui ont programmé
cette rencontre prochaine du 18 Juillet In challah. Si je suis rentrée à ce moment là je serais parmi vous. Sinon vous recevrez un émissaire de ma part
qui vous communiquera le texte de ce projet d’Académie du grain de blé
magique» qui me tient à coeur. Nous avons besoin d’académies pour rétablir
la valeur du savoir et de la connaissance. L’ancienne église d’Azazga pourrait
servir de siège à l’Académie du grain de blé magique dont le programme
présente des intérêts publics qui répondront aux besoins pressants de l’actualité d’aujourd’hui sur le terrain. Je pense bien que Amokrane Sadoudi est un
cousin à moi ! Je vous salue tous encore et je compte sur vous pour étudier
ce programme que vous recevrez de ma part par un émissaire si je ne suis pas
parmi vous ce jour là de la rencontre du 18 Juillet. Dr Cherifi Nouara
L’école a été pour nous un véritable ascenseur de promotion sociale. Grâce
d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous a donné la chance d’aller
à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages, aux coopérants français qui
nous ont prodigué avec dévouement un savoir dont nos parents, nous-mêmes
et toute la société algérienne avions soif. Nous avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour poursuivre, pour la plupart d’entre
nous, des études universitaires.
Chers camarades, anciens élèves du CEG, chers amis, permettez-moi, à l’oc2072
Hommage au monde enseignant
casion de nos retrouvailles, de rendre hommage en votre nom à nos anciens
professeurs : M. Sahut, M. Coz, M. Bernardin, M. et Mme Joseph, M. et
Mme Maréchal, M. et Mme Berger, Mme Hermozella, Mme Jaunet, Mme
Bodin, M. Amara, la liste est évidemment longue, je ne pourrai les citer tous,
en votre nom, j’exprime notre reconnaissance à ces professeurs qui nous ont
marqués par leurs compétences et leur humanisme, pour les valeurs qu’ils
nous ont transmises, ces valeurs rares de nos jours : la rigueur, le sens de l’effort, l’amour du travail bien fait. En votre nom à tous, je leur dirai : « Merci ».
56 / 18 juillet 2011 à 16h24min / MEZBOUT Mahmoud
C’est confirmé. La rencontre des anciens élèves du CEG d’Azazga a eu lieu
au collège ce 18.07.2011 dans une ambiance très émouvante. Ils sont venus
de tous les horizons. Cette rencontre s’est déroulée dans de très bonnes conditions. La première partie est pour moi la plus importante. L’arrivée au fur et à
mesure des participants a crée une ambiance infantile avec les retrouvailles de
ces anciens élèves, dont une grande partie sont en retraite ou en voie de l’être.
Des embrassades, des accolades, des présentations, ont généré un brouhaha
bon enfant.
Je n’oublierai pas de rendre hommage aux surveillants, au personnel administratif et de service, certains ont marqué ces années par leur rigueur et leur
abnégation.
La partie, prise de parole par les organisateurs et quelques participants est
aussi importante, principalement lors de la remise d’un tableau d’honneur
aux enfants du regretté RABIA Mohand, ex Directeur de l’établissement, en
hommage à ses années de service dans le collège d’AZAZGA.
Un autre homme nous a particulièrement marqué, un homme qui fut le chef
d’orchestre de toute l’équipe pédagogique et d’administration du CEG, permettez-moi chers amis, de rendre, en votre nom à tous, un vibrant hommage
à notre ancien directeur, feu Monsieur Rabia Mohand. En votre nom à tous,
j’exprime notre reconnaissance à cet homme qui symbolisait le sérieux et la
rigueur et dont le nom est intimement lié aux glorieuses années du CEG. Je
vois encore son image en cette fin du mois de juin 1972, de retour de l’académie d’où il a ramené les résultats du brevet, il monte l’escalier d’entrée,
nous étions nombreux les élèves de 3e à l’attendre, il arrive dans le hall devant nous, il lève les bras en souriant et nous annonce : « Nous avons crevé
le plafond ! » Le CEG d’Azazga venait d’avoir 100 % de réussite au brevet.
Quand, j’ai rappelé cet événement à M. Sahut, il n y a pas longtemps, celui-ci
m’apprit qu’il l’avait accompagné à l’académie et il m’a dit que ce jour là M.
Rabia était heureux comme un roi.
Après la prise d’une collation dans la cour de l’établissement, une gerbe de
fleurs est déposée sur la tombe de feu RABIA Mohand au niveau du cimetière
de TIZI BOUCHEN par les participants accompagnés de ses enfants et petits
enfants. Il est 13 heures, et les retrouvailles prennent fin.
Il est à signaler la présence de nombreuses anciennes élèves filles de l’établissement et spécialement les filles RABIA.
57 / 19 juillet 2011 à 12h59min / Dr Mehaddene Amar.
Tres emu de lire tous ces messages ,mais tres decus de ne pas etre parmis vous
a cause de mon exil. En decouvrant ce site grace a mon ami Sadoudi Amokrane, que je salue au passage, tous mes souvenirs du college remontent a la
surface . Comment oublier tous ces professeurs tres devoues, l’encadrement
admnistratif, ils ont marque a jamais la memoire de generations de collegiens.
Salutations a tous mes ami(e)s de classe et a tous les collegiens de ma generations.
Je ne terminerai pas cet hommage à Monsieur Rabia sans parler de son caractère grave et sérieux en toutes circonstances. Il était sévère avec les élèves et
même avec les professeurs. Mais quel sens et quel but donnait-t-il lui-même à
cette sévérité ? Ecoutons ce qu’il a dit à l’occasion de la cérémonie de remise
des prix en juin 1972. Dans l’allocution qu’il avait prononcée, il avait dit : «
J’ai souvent été sévère avec vous, mais quand je ne serai plus de ce monde,
vous vous rappellerez que je l’ai été dans votre intérêt. »
58 / 19 juillet 2011 à 10h48min / colombe blanche.
Chers amis, toutes ces femmes et tous ces hommes nous ont marqués non seulement par la qualité de leur travail, mais aussi et surtout par leur comportement exemplaire, leur niveau de conscience professionnelle et d’éthique très
élevé, leur honnêteté intellectuelle, ils ne trichaient jamais, ils étaient justes,
ils aimaient leur travail, ils étaient compétents et humbles. Nous devons nous
en inspirer pour que le CEG qui porte aujourd’hui le nom d’un valeureux
chahid, Zaïdat Ahmed, retrouve son rayonnement d’antan, nous devons nous
en inspirer pour sauver l’école algérienne et en faire une école moderne et
performante.
Je suis étonnée qu’aucun projet concret n’ait été évoqué lors de cette rencontre
mémorable où hélas je n’ai pas pu être ...De mon lointain exil j’ai espéré que
cette rencontre déboucherait sur autre chose que ces festivités classiques bien
dignes des méthodes démagogiques habituelles chez nous !
J’espérais entendre que vous avez crée cette Académie des arts, des lettres et
des sciences justement en hommage à Mr rabia mohand, Mr Bouadi et tant
d’autres valeureux qui nous ont servi de modèles et d’exemples pour affirmer
aujourd’hui une pensée savante et rénovatrice !!! pour l’avenir et les générations futures !!! Soit, je suis une fois de plus déçue à mort. Très frustrée et
déçue que tout le monde reste figé dans la nostalgie d’un malheureux passé de
Merci pour votre attention.
2173
Hommage au monde enseignant
61 / 21 juillet 2011 à 01h55min / Mohand ALLAF.
misère intellectuelle et matérielle aussi au lieu de vite saisir les opportunités
pour briser les montagnes, pour verdir les déserts ...Dr Cherifi Nouara.
Bonjour Djaffar, Bravos pour cette fête grandiose, mais sincèrement, vous
aurez du informer plus de camarades, qu’ils soient à l’intérieur du pays ou à
l’étranger. Chose qui est très simple maintenant qu’il y’ a l’internet. Je t’avoue
que j’ai fait le même reproche l’année dernière à hacene Meftah. D’abord, il
a mis 9 mois pour me répondre avec des arguments pas très convaincants. Et
rebelote, cette année. Espérant que ça ira mieux,à l’avenir
59 / 21 juillet 2011 à 19h55min / Mohand Amokrane HANDALA (1968-1972)
La rencontre devait avoir lieu en 2010, nous l’avions reportée dans le souci
justement de toucher le maximum de personnes. Nous avons utilisé tous les
moyens dont nous disposons, téléphone, mail, des volontaires dont Ahcène,
Djaffar, Amokrane, ont sillonné la Kabylie, et distribué des affiches dans les
villages. Nous avons fait passer des annonces dans le journal, dans le site
Miages-Djebels, dans le blog du CEG (http://ceg_d_azazga.eklablog.com)
qui a été créé dans ce but. Beaucoup se sont excusés parce qu’ils ne pouvaient
pas venir pour diverses raisons.
62 / 23 juillet 2011 à 14h54min / Djaffar Bakouche.
Merci Mohand Amokrane d’avoir répondu aux remarques de Mohand Allaf.
J’ajoute juste ceci. A tous ceux qui sont marqués par les années d’or vécues
au CEG d’Azazga de visiter de temps à autre le blog CEG d’Azazga ou le site
Miages-Djebels afin d’être informés des différents projets que nous essayerons de réaliser.
C’est vrai que les retrouvailles du 18 juillet ont été grandioses et que tous les
anciens élèves auraient souhaité y prendre part. Nous pouvons les renouveler
et élargir la participation. Je dirai à Mohand Allaf, l’idée est lancée, nous
avons besoin de la contribution de tous pour aller plus loin. Se remémorer
les années de collège, exprimer notre reconnaissance aux personnes qui ont
contribué à notre formation est louable et c’est un devoir pour nous, mais
poursuivre l’oeuvre de ces femmes et de ces hommes reste le meilleur hommage que nous pouvons leur rendre.
63 / 24 juillet 2011 à 01h27min / Mohand Amokrane ALLAF.
Salut les amis,
Ce n’est vraiment pas pour polémiquer avec vous, mais pour apaiser plutôt les
esprits. Dès mon premier post, j’ai mis mon adresse mails, et je l’ai redonné
dans un autre com. Je l’ai écrit publiquement dans ce site justement, car pour
moi, c’est plus que mes frères et sœurs,et donc, je ne dois pas vous le cacher.
Quant au blog, maintenant que nous l’avons créé (car,je me considère comme
faisant partie obligatoirement comme tout un chacun des élèves qui sont passés par le C.E.G. D’ AZAZGA), je me ferai l’obligation de le consulter de
temps à autre.
60 / 19 juillet 2011 à 14h52min / Bakouche Djaffar.
BRAVO !
Chers participants à la rencontre du 18 Juillet 2011 qui a regroupé les anciens
élèves du CEG d’Azazga. Nous tenons à vous remercier d’avoir répondu présents à l’appel lancé par le comité d’organisation et d’avoir été à la hauteur
de l’événement.
Toutes mes amitiés.
Vos émotions exprimées lors des retrouvailles, vos témoignages sur les années vécues au CEG ainsi que vos hommages rendus à feu Rabia Mohand
Arezki et à tout le personnel de l’établissement de l’époque sont là pour prouver votre contribution à la réussite de cette rencontre.
64 / 25 juillet 2011 à 00h57min / Hamiti Rabah
Bonjour Mohand,je comprends bien ta déception oh non plutot ta nostalgie,j’ai
fait partie de la commission de préparation de ce magnifique regroupement
et j’ai fait de mon mieux pour t’informer, mais à ce moment là tu n’étais pas
au bled. Vue l’ambiance de cette rencontre, je suis certain qu’il y aura bien
d’autres et beaucoups inchallah.
Nous remercions la direction de l’éducation de la wilaya de Tizi-Ouzou qui
nous a accordé l’autorisation de nous réunir, la directrice du CEM Zaidat
ainsi que le personnel du CRDDP d’Azazga qui ont mis à notre disposition
leurs locaux et mobiliers.
Encore milles bravo à tout le monde.
Le comité d’organisation.
2274
Hommage au monde enseignant
La presse relate les retrouvailles des anciens du CEG d’Azazga
Article en date du 27 juillet 2011, publié dans Le Midi libre, quotidien national d’information sous la plume de L.B.’
http://www.lemidi-dz.com/index.php?operation=voir_article&date_article=2011-08-12&id_article=midi_kabyle@art2@2011-07-27
Un hommage à l’équipe pédagogique. 27 Juillet 2011
M
ohand-Amokrane Handala directeur de l’école privé Assalas, situé au
chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, enseignant à l’université de la
même ville et l’un des initiateurs de ces grandes retrouvailles a tenu à prononcer une allocution afin de rendre hommage à l’équipe pédagogique et
administrative du CEM d’Azazga.
a donnés la chance d’aller à l’école et d’autre part, disons-le sans ambages,
aux coopérants français qui nous ont prodigué avec dévouement un savoir
dont nos parents, nous-mêmes et toute la société algérienne avions soif. Nous
avons eu la chance de fréquenter cette école-là des enseignants motivés et
compétents, qui faisaient leur travail avec amour et dévouement, cette école
qui nous a donné beaucoup d’espoir et une formation de base solide pour
poursuivre, pour la plupart d’entre nous, des études universitaires ».
« Chers camarades, anciens élèves du CEG d’Azazga, nous voilà revenus au
CEG après l’avoir quitté il y a plus de trente années, pour nous ressourcer,
pour nous remémorer nos années de collège, une étape de notre vie qui nous
a marqué à plus d’un titre.
Lors de son intervention, Handala n’a pas manqué de citer quelques noms
d’anciens professeurs en guise d’hommage à l’instar de M. Sahut, M. Coz, M.
Bernardin, M. et Mme Joseph, M. et Mme Maréchal, M. et Mme Berger, Mme
Hermozella, Mme Jaunet, Mme Bodin, M. Amara…
Pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la première fois que nous quittons notre petit village et que nous nous rencontrons et tissons nos premiers
liens d’amitié et partageons nos peines et nos joies avec des élèves venus
d’autres villages, d’Azeffoun, de Bouzeguène, de Beni-Douala, d’Yakouren,
de Mekla, d’Illoula, des Ouadhias et de toute la Kabylie », a souligné Mohand-Amokrane Handala. Et d’ajouter : « Nous avons été particulièrement
marqués par la qualité de l’enseignement et de l’éducation que nous avons
reçus de la part de nos professeurs au CEG. La plupart d’entre nous vivions
dans la pauvreté pour ne pas dire la misère : nous n’avions pas d’électricité
et pas d’eau courante chez nous, nous ne connaissions pas la brosse à dents,
le pyjama, nous ne savions pas qu’un repas est composé d’un hors-d’œuvre,
un plat de résistance et un dessert, nous ne connaissions pas le riz, ni le flan…
« Chers amis, toutes ces femmes et tous ces hommes nous ont marqués non
seulement par la qualité de leur travail, mais aussi et surtout par leur comportement exemplaire, leur niveau de conscience professionnelle et d’éthique
très élevé, leur honnêteté intellectuelle, ils ne trichaient jamais, ils étaient
justes, ils aimaient leur travail, ils étaient compétents et humbles. Nous devons nous en inspirer pour que le CEG qui porte aujourd’hui le nom d’un
valeureux chahid, Zaïdat Ahmed, retrouve son rayonnement d’antan, nous
devons nous en inspirer pour sauver l’école algérienne et en faire une école
moderne et performante » a conclu Handala Mohand-Amokrane qui a fréquenté l’établissement scolaire en question entre 1968 et 1972.
C’est au CEG que nous avons découvert tout ça ».
Par : L.B.
L’orateur a ajouté que « l’école a été pour nous un véritable ascenseur de
promotion sociale. Grâce d’une part à l’indépendance de l’Algérie qui nous
2375
Hommage au monde enseignant
La presse relate les retrouvailles des anciens du CEG d’Azazga
Dans dzairnews article de C. NATH OUKACI
http://dzairnews.com/article/ceg-d-azazga-retrouvailles-entre-anciens-eleves
CEG d’Azazga
Retrouvailles entre anciens élèves
Source : Liberté, Dimanche 24 Juillet 2011
C
es retrouvailles ont été mises à profit pour lancer l’idée de la création
d’une association des anciens élèves. Cette dernière pourra contribuer à
renouer et consolider davantage les liens historiques d’amitié tissés en pleine
jeunesse.
durant trois années consécutives, premier à l’échelle nationale.
En juin 1972, revenant de l’académie d’où il a récupéré les résultats du brevet et en rentrant dans le collège, M. Rabia a levé le bras et lancé de sa voix
rauque : “Nous avons crevé le plafond !” L’établissement venait d’obtenir
d’excellents résultats à l’examen du brevet, c’était pratiquement du 100%.
Une des filles de M. Rabia, présente dans la salle, a reçu, à titre posthume,
un cadeau destiné à M. Rabia, son père. Les récits et les anecdotes pleuvent
à profusion. M. Bernardin Henry, professeur de géologie, était pratiquement
dans tous les récits de tous les intervenants.
Ils sont aujourd’hui, médecins, dermatologues, juristes, ingénieurs, directeurs, professeurs, responsables politiques, émigrés en France, aux USA, au
Canada, retraités… Ils sont venus, ce lundi, se retrouver et se remémorer
leur enfance, leurs souvenirs d’élèves dans un des plus prestigieux collèges
d’Algérie, le CEG “Zaïdat” d’Azazga. Ils se sont retrouvés, après plus de
quarante ans pour beaucoup d’entre eux, pour évoquer leurs souvenirs dans
une ambiance de fête et de convivialité et où l’émotion était à son comble. Le
temps d’une journée de retrouvailles, les anciens élèves du CEG se sont réapproprié l’établissement qui a vu défiler plusieurs générations d’élèves dont la
plupart sont devenus, aujourd’hui, des sommités. Beaucoup ont dû faire de
longs déplacements pour assister et partager les moments de joie que procure
une telle opportunité. Les initiateurs de cette rencontre ont utilisé tous les
moyens possibles, travail de réseau, affichage, Internet et notamment le blog
du site “Miages des djebels” de Claude Grandjacques, pour réunir le maximum de ces anciens élèves. Dans la cour, les premières personnes arrivées
ne se reconnaissaient nullement. Il fallait se présenter et donner des éléments
probants pour se reconnaître. C’est normal quand on a les cheveux clairsemés et blanchis, les rides apparentes, la vue réduite et la mémoire quelque
peu en déclin… Dans une salle qui faisait office de salle d’exposition, on pouvait revoir, collés sur le mur, les anciens bulletins scolaires, les anciens sujets
du BEPC, les copies des devoirs, des interrogations des anciens élèves du collège et des photos d’élèves. La visite des salles mais surtout du laboratoire de
M. Bernardin où l’on retrouve toujours ses roches, rappelle un tant soi peu,
les silhouettes de tous ces professeurs qui ont démontré leur savoir-faire et
leur compétence. Mais le moment le plus fort, c’est quand tout le monde s’est
retrouvé dans la grande salle pour donner libre cours aux souvenirs.
On n’a pas manqué de saluer les compétences des autres professeurs à
l’image de M. Jean-Louis Sahut, le couple M. et Mme Joseph, M. Denis Coz,
M. et Mme Maréchal, Mme Hermozilla, M. et Mme Domerc, Mme Bodin, M.
Kaci-Chaouch, M. Amara Mourad, M. Zaïdat Meziane (sport), M. et Mme
Berger, M. et Mme Champy, etc., et bien sûr le personnel administratif comme
M. Haddar Hamid (SG), Sahi Arezki (secrétaire), Bitam, Boukersi et Ousaïdène… Tous ces personnels ont marqué toutes les promotions qui se sont
succédé de 1965 à 1972, année d’ouverture du lycée Chihani-Bachir. Certains n’ont pas pu retenir les larmes d’émotion, comme ce pilote à la retraire,
en évoquant ces pages d’histoire que d’aucuns appellent déjà le “bon vieux
temps”. Il n’en fallait pas plus pour susciter chez tous ces anciens élèves,
un brin de nostalgie. Un autre ancien élève a ramené même sa guitare pour
chantonner à l’assistance un brin d’air qui avait tant bercé les jeunes dans
les dortoirs. Ces retrouvailles ont été mises à profit pour lancer l’idée de la
création d’une association des anciens élèves.
Cette dernière pourra contribuer à renouer et consolider davantage les liens
historiques d’amitié tissés en pleine jeunesse. L’idée d’association est donc
lancée, il reste à la concrétiser pour un véritable voyage dans l’histoire des
générations quoi ont défilé dans ce chaudron de l’éducation et de la science.
Au terme de la rencontre, et après une sympathique collation, l’ensemble des
anciens élèves du CEG s’est recueilli sur la tombe du célèbre directeur, M.
Rabia Mohand Arezki, décédé en 1992.
Chacun a eu droit à quelques minutes pour évoquer les moments qui l’ont
marqué. Un ancien élève nous informe que le CEG d’Azazga était classé,
2476
Hommage au monde enseignant
La presse relate les retrouvailles des anciens du CEG d’Azazga
Dans lesoirdalgerie article de S. Hammoum
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/07/20/article.php?sid=120314&cid=2
Actualités : MYTHIQUE COLLÈGE D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL D’AZAZGA
Émouvante rencontre de 200 anciens élèves
V
éritable centre de rayonnement scientifique et culturel à vocation d’université dans les années 60/70, l’ex-CEG d’Azazga a redoré son blason en
accueillant lundi quelque 200 de ses anciens élèves, dont des femmes, venus
de Beni-Douala, Tassaft Ouguemoun, Azeffoun, Bouzeguene, Mekla pour se
revoir et se ressourcer 40 ans après s’être perdus de vue.
faisait semblant de lire en observant tout mouvement dans son établissement
qui obtint en 1968 100% à l’examen du brevet. Se relayant au micro, les anciens élèves, aujourd’hui de grands parents aux cheveux grisonnants pour
beaucoup d’entre eux, égrainent leurs souvenirs avec force anecdotes : «Pour
la première fois qu’on faisait connaissance avec le riz au réfectoire, on s’est
rempli les poches de ce curieux mets qu’on ne voulait pas manger pour le
jeter ensuite. Mais la situation s’est compliquée quand vint le tour du flan car
on ne savait plus quoi faire pour s’en débarrasser sans attirer l’attention.»
Les professeurs coopérants ont eu leur grande part d’éloges. M. Bernardin,
professeur de géologie, avait prédit un jour «si dans 20 ans vous vous retrouvez aux États-Unis et que vous êtes incapables d’identifier une roche, ditesvous bien que j’ai perdu une année avec vous». Vingt ans plus tard, un de ses
élèves se retrouva aux Etat-Unis et identifia sans peine toutes les roches qu’il
a trouvées sur son passage. La visite de l’exposition des cahiers d’exercices,
des interrogations écrites, des livres et des bulletins de notes ainsi que des
photos de l’époque accentuait l’expression des regards embrumés par l’émotion. Un hommage a également été rendu aux filles pionnières de la scolarité.
L’une d’entre elles revint sur cette époque difficile où la fille était dispensée
de sport et interdite de photo. Mais Rabia Mohand facilita leur intégration
en favorisant la mixité. Dans l’après-midi, un recueillement a été observé au
cimetière de Tizi Bouchene sur la tombe du directeur né en 1916 et décédé
en 1992 par les anciens élèves qui prévoient de se constituer en association
sociale pour pérenniser l’établissement sur le devenir duquel ils se sont interrogés devant les représentants de la daïra et de l’APC. «Revoir mes amis
de la décennie 1960/1970 et mourir 1 000 fois», cette phrase d’un ex-élève
originaire de Beni Douala illustre la ferveur de cette mémorable journée qui
a permis aux anciens élèves de se revoir et de se raconter.
Parler de cet établissement où se forgèrent les esprits de timides enfants descendus tout droit de leurs villages cachés dans la montagne pour faire leur
baptême du feu avec la civilisation car ne sachant pas à l’époque ce qu’était
un pyjama, un dessert ou encore une brosse à dents, est un devoir de mémoire pour les organisateurs qui ont minutieusement préparé cet événement
précédé de rencontres préliminaires. Des hommages appuyés ont été ainsi
rendus aux professeurs coopérants et algériens et à Rabia Mohand Arezki,
ce directeur qui, à l’ouverture du collège en 1961, assuma à lui seul tous les
postes et toutes les disciplines, y compris de professeur d’arabe pour garantir
l’ouverture du collège qui forma des élèves devenus plus tard des cadres qui
ont sauvé l’Algérie grâce aux années de savoir et de lumière. Certains ont
fait les grandes écoles d’Europe et des États-Unis. Il y en a même qui ont fait
Sciences po avec Sarkozy, De Villepin et autre François Hollande, fait St-Cyr,
des écrivains, des médecins, des économistes, une directrice pédagogique
à Montréal... Pour l’anecdote, Rabia Mohand a même fait redoubler, pour
l’exemple, sa fille, une brillante élève coupable d’avoir enfreint le règlement
intérieur en laissant copier une camarade de classe. «Vous avez zéro et vous
redoublerez votre classe », lui avait-il lancé publiquement. La petite phrase
de Mohand Rabia «je vous avertis charitablement que, à partir d’aujourd’hui,
toute absence sera sévèrement sanctionnée» a été longtemps reprise par les
anciens élèves parlant avec émotion de leur «guide» dont ils ont compris la
sévérité aujourd’hui. Rabia Mohand faisait de sa vieille Fiat, garée dans la
cour de l’école, son bureau. Par un trou de souris creusé dans son journal, il
S. Hammoum
2577
Hommage au monde enseignant
La presse relate les retrouvailles des anciens du CEG d’Azazga
Dans lemidi-dz. - Article de LOUNES BOUGACI
http://www.lemidi-dz.com/index.php?operation=voir_article&date_article=2011-08-12&id_article=midi_kabyle@art1@2011-07-27
Azazga
Retrouvailles des anciens élèves du CEM
27 Juillet 2011
L
es anciens élèves du CEG
d’Azazga se sont retrouvés
le 18 juillet 2011, donc plus de
trente ans après avoir quitté
cet établissement. Les têtes ont
certes blanchi mais les souvenirs
d’enfance n’ont pas pris moindre
ride et sont restés alertes. Les
retrouvailles étaient empreintes
d’une grande émotion et bon
nombre parmi les présents n’ont
pas pu retenir leurs larmes.
Mme Mokri Yamina est intervenue pour parler de la scolarisation de la fille
dans les premières années après l’Indépendance, qui était, faut-il le rappeler,
une scolarisation très timide.
À l’occasion de ce rendez-vous avec le passé et les anciens amis, une exposition de cahiers, livres, bulletins, photos-souvenirs, sujets d’examens de cette
période a été organisée dans une salle.
Il a été décidé que les présents à cette rencontre, qui se sont tous inscrits sur
un registre avec leurs coordonnées, constituent les membres de l’assemblée
constituante de l’association. Pour marquer un intermède, un ancien élève
est monté avec sa guitare sur scène pour chanter une chanson drôle sur les
études que les élèves fredonnaient à l’époque.
Arrive un moment émouvant où la famille de l’ancien directeur feu Rabia
Mohand a été appelée pour recevoir de la part des anciens élèves du CEG
d’Azazga un diplôme du mérite de l’éducation pour sa contribution au rayonnement du CEG d’Azazga. La fille de M. Rabia, très émue, a pris la parole
pour remercier les anciens élèves en son nom et au nom de toute sa famille.
M. Bakouche reprend la parole pour proposer la création d’une association
des anciens élèves du CEG. Une liste des premiers volontaires a été recueillie
et elle reste ouverte.
C’est aux environs de 10h que les grandes retrouvailles ont eu lieu au niveau
d’une grande salle de l’établissement. Bakouche-Djaffar a souhaité la bienvenue à tous les présents et remercié les services de la direction de l’éducation
de la wilaya de Tizi-Ouzou pour avoir accepté que la rencontre se déroule au
sein du CEG ainsi que la directrice du collège pour l’aide qu’elle a apporté
dans l’organisation et la réussite de cet événement. Il a aussi remercié les
invités ainsi que les responsables de l’APC, de la daïra et les professeurs qui
ont honoré de leur présence cette rencontre.
Les anciens élèves sont intervenus nombreux pour raconter des anecdotes
et apporter des témoignages sur ce qu’ils ont vécu durant ces années-là au
CEG. A la fin de la cérémonie, tous les participants ont été invités à une collation. Après quoi, tout le monde s’est dirigé vers le cimetière de Tizi-Bouchène,
près de la ville d’Azazga où une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe
de feu Rabia Mohand. Notons que la gerbe a été déposée en compagnie des
enfants du défunt et de toute l’assistance par deux anciens élèves, une femme
et un homme, universitaires, fondateurs d’écoles l’une à Azazga et l’autre à
Tizi-Ouzou qui se fixent pour objectif de perpétuer la qualité de l’enseignement et les valeurs transmises par ces hommes et ces femmes qui ont fait les
glorieuses années du CEG d’Azazga.
De son côté, Meftah Lahcène a présenté un historique du CEG depuis son
ouverture au début des années 60, puis les différentes étapes de préparation
qui ont abouti à ces retrouvailles. Pour sa part, Handala Mohand-Amokrane,
directeur de l’école privée Asalas a rendu un hommage au personnel du CEG,
en particulier aux professeurs coopérants français, au directeur feu Rabia
Mohand qui ont marqué les élèves par leur abnégation, par leur niveau de
conscience professionnelle et d’éthique très élevé.
Par : LOUNES BOUGACI
Pour entrer en relation avec le nouveau site créé par les anciens du CEG d’Azazga http://ceg_d_azazga.eklablog.com
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Hommage au monde enseignant
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