VENTE IDF
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23-IDF_DROITE_VENTE IDF 06/06/12 09:12 Page82 LE MARCHÉ LES VENTES EN ILE-DE-FRANCE À poil et à plumes arrondis, pour mieux concentrer la vie qui palpite en eux. Son procédé est intuitif. Fidèle observateur des animaux du Jardin des Plantes, il croque les bêtes familières et exotiques dans son carnet et plante sa sellette pour les modeler sur le vif, avec une grande richesse de détails réalistes. L’esquisse réalisée, l’artiste regagne Montparnasse et pousse la porte de son atelier de la rue Campagne-Première, sur laquelle la tête de son ours blanc est fixée avec humour à hauteur de poignée. Rappelons que la fameuse boule de poils polaire l’a rendu célèbre en 1922, en pointant son museau au Salon d’automne... Une consécration publique bien méritée, pour un artiste alors âgé de 67 ans ! Mais, revenons à nos moutons. Sa longue pratique de la taille du marbre pour Rodin a rendu Pompon maître du mouvement – et l’a vacciné des excès expressionnistes. Il retravaille donc et épure son premier jet, déshabillant progressivement les bêtes de ce qu’il appelle les « falbalas » pour ne retenir que « l’essence même de l’animal ». Une méthode évoquée par une Tête de pintade, reproduisant avec fidélité chaque pli de peau et mouvement de plume. Il s’agit du plâtre d’un moulage réalisé sur nature vers 1910, ayant servi de base d’étude à l’artiste. Pour chaque bête, le rituel est identique : c’est du tête-à-tête avec le portrait naturaliste que naît l’œuvre stylisée. L’école animalière a du chien ! François Pompon (1855-1933), Panthère jouant, modèle de 1927, moulage patiné avec les marques du moule, 8,1 x 12,5 x 4,8 cm. Estimation : 2 000/2 500 €. © Auctionspress - Toutes mises en réseau ou reproductions sont interdites. I l ne faut pas toujours se fier aux estimations… Au nombre de trente, les œuvres de Pompon proposées ce samedi dans une fourchette de 700 à 12 000 € sont néanmoins exceptionnelles à plus d’un titre. Il s’agit en effet de plâtres originaux ou de moulages préludant à des éditions ultérieures définitives, en plâtre, en bronze ou encore en argent. Avec ces modèles, c’est la mémoire de l’atelier du sculpteur qui est dévoilée. Particulièrement fragiles, éprouvés par leur usage et leur grand âge, ces plâtres ont été restaurés dans les règles de l’art au niveau de leurs assemblages, afin d’être présentés sous leur meilleur jour. Certains conservent des traces de gélatine utilisée lors du moulage, d’autres des indications au crayon et des armatures de fer en vue de la fonte, quelques-uns portent encore les cicatrices de leur moule. Le Pélican, créé en 1913, est pour sa part ici évoqué par les deux éléments de son moule « bateau ». Celui-ci servait à effectuer une copie en plâtre du modèle de référence, réservé à la fonte. C’est à l’ami et exécuteur testamentaire de Pompon, le peintre René Demeurisse, ainsi qu’à ses descendants, qu’on doit de redécouvrir aujourd’hui ces modèles imaginés entre 1892 et 1933. Nombre 82 d’entre eux sont connus de tous, de la tourterelle à l’oie en marche, en passant par les panthères. L’Hippopotame caparaçonné, dont une version monumentale éditée pour l’Exposition coloniale de 1931 est aujourd’hui conservée au Muséum d’histoire naturelle, témoigne de l’intérêt du sculpteur pour les animaux sacrés de l’Antiquité égyptienne. Cousin du scarabée symbolisant la résurrection, un lucane sera ainsi le premier modèle animalier du sculpteur. L’inspiration égyptienne est également sensible avec le Condor, que l’artiste perchera au sommet d’une colonne, semblable aux obélisques défiant les siècles, pour veiller la tombe de sa femme à Saulieu. L’oiseau majestueux a en outre été exposé au Salon des artistes décorateurs de 1923. On reconnaîtra encore son fameux Ours brun créé en 1918, aussi nommé Ours à miel, et édité en bronze par Hébrard puis Valsuani entre 1922 et 1931. Avant-garde Tandis que les cubistes s’en donnent à cœur joie, explosant les formes pour les décomposer en de multiples facettes, Pompon recentre au contraire ses sujets, pelotonnés dans leurs contours lisses et LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT – 8 JUIN 2012 – N° 23 « J’aime la sculpture sans trou ni ombre », disait Pompon… D’autres le suivront dans cette voie, comme son ami et disciple Jean Joachim, dont Le Grand-Duc en grès ocre clair, nuancé par le céramiste Pierre Fouquet, adopte les lignes pures du maître (2 000/2 500 €). Et ce n’est pas le seul. Dans les années 1930, la Biche et son faon de Maurice Gaston Élie Prost, le Pigeon écossais se rengorgeant de Joël et Jan Martel, le Lapin qui pleure d’Édouard Marcel Sandoz, ou encore l’Ânon d’Afrique d’Armand Petersen illustrent la tendance. Comptez 1 800/ 2 000 € pour ce dernier, réalisé en trente-six exemplaires par la Manufacture nationale de Sèvres en grès brun clair nuancé, d’après un modèle de 1929. Les sculpteurs ne sont pas seuls à adopter les animaux. Jacques Lehmann, dit Nam, est ainsi connu pour ses chats. Bien représentés ici, ils côtoient leurs homologues sauvages, Tigre et panthère noire, peints à la gouache. Comme les félins d’appartement, ces derniers ont été reproduits sur un panneau de laque gravée (12 000/14 000 €, voir photo page de droite). Titulaire du grand prix animalier Édouard-Marcel Sandoz en 1938, André Margat exerce lui aussi son crayon sur la gent animalière, laissant des dessins accessibles entre 100 et 500 €. Chouette, on va pouvoir sauter du coq à l’âne ! Pontoise, samedi 9 juin. Aponem Deburaux SVV. Mme Colas, M. Daveau.