VENTE IDF

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VENTE IDF
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LE MARCHÉ
LES VENTES EN ILE-DE-FRANCE
À poil et à plumes
arrondis, pour mieux concentrer la vie qui palpite
en eux. Son procédé est intuitif. Fidèle observateur
des animaux du Jardin des Plantes, il croque les bêtes
familières et exotiques dans son carnet et plante sa
sellette pour les modeler sur le vif, avec une grande
richesse de détails réalistes. L’esquisse réalisée,
l’artiste regagne Montparnasse et pousse la porte
de son atelier de la rue Campagne-Première, sur
laquelle la tête de son ours blanc est fixée avec
humour à hauteur de poignée. Rappelons que la
fameuse boule de poils polaire l’a rendu célèbre en
1922, en pointant son museau au Salon d’automne...
Une consécration publique bien méritée, pour un
artiste alors âgé de 67 ans ! Mais, revenons à nos
moutons. Sa longue pratique de la taille du marbre
pour Rodin a rendu Pompon maître du mouvement
– et l’a vacciné des excès expressionnistes. Il retravaille
donc et épure son premier jet, déshabillant progressivement les bêtes de ce qu’il appelle les « falbalas »
pour ne retenir que « l’essence même de l’animal ».
Une méthode évoquée par une Tête de pintade, reproduisant avec fidélité chaque pli de peau et mouvement de plume. Il s’agit du plâtre d’un moulage
réalisé sur nature vers 1910, ayant servi de base
d’étude à l’artiste. Pour chaque bête, le rituel est
identique : c’est du tête-à-tête avec le portrait naturaliste que naît l’œuvre stylisée.
L’école animalière a du chien !
François Pompon (1855-1933), Panthère jouant,
modèle de 1927, moulage patiné avec les marques du moule, 8,1 x 12,5 x 4,8 cm.
Estimation : 2 000/2 500 €.
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I
l ne faut pas toujours se fier aux estimations…
Au nombre de trente, les œuvres de Pompon
proposées ce samedi dans une fourchette de
700 à 12 000 € sont néanmoins exceptionnelles à
plus d’un titre. Il s’agit en effet de plâtres originaux
ou de moulages préludant à des éditions ultérieures
définitives, en plâtre, en bronze ou encore en argent.
Avec ces modèles, c’est la mémoire de l’atelier du
sculpteur qui est dévoilée. Particulièrement fragiles,
éprouvés par leur usage et leur grand âge, ces plâtres
ont été restaurés dans les règles de l’art au niveau
de leurs assemblages, afin d’être présentés sous leur
meilleur jour. Certains conservent des traces de gélatine utilisée lors du moulage, d’autres des indications
au crayon et des armatures de fer en vue de la fonte,
quelques-uns portent encore les cicatrices de leur
moule. Le Pélican, créé en 1913, est pour sa part ici
évoqué par les deux éléments de son moule
« bateau ». Celui-ci servait à effectuer une copie en
plâtre du modèle de référence, réservé à la fonte.
C’est à l’ami et exécuteur testamentaire de Pompon,
le peintre René Demeurisse, ainsi qu’à ses descendants, qu’on doit de redécouvrir aujourd’hui ces
modèles imaginés entre 1892 et 1933. Nombre
82
d’entre eux sont connus de tous, de la tourterelle à
l’oie en marche, en passant par les panthères.
L’Hippopotame caparaçonné, dont une version monumentale éditée pour l’Exposition coloniale de 1931
est aujourd’hui conservée au Muséum d’histoire
naturelle, témoigne de l’intérêt du sculpteur pour
les animaux sacrés de l’Antiquité égyptienne. Cousin
du scarabée symbolisant la résurrection, un lucane
sera ainsi le premier modèle animalier du sculpteur.
L’inspiration égyptienne est également sensible
avec le Condor, que l’artiste perchera au sommet
d’une colonne, semblable aux obélisques défiant
les siècles, pour veiller la tombe de sa femme à
Saulieu. L’oiseau majestueux a en outre été exposé
au Salon des artistes décorateurs de 1923. On reconnaîtra encore son fameux Ours brun créé en 1918,
aussi nommé Ours à miel, et édité en bronze par
Hébrard puis Valsuani entre 1922 et 1931.
Avant-garde
Tandis que les cubistes s’en donnent à cœur joie,
explosant les formes pour les décomposer en de
multiples facettes, Pompon recentre au contraire
ses sujets, pelotonnés dans leurs contours lisses et
LA GAZETTE DE L’HÔTEL DROUOT – 8 JUIN 2012 – N° 23
« J’aime la sculpture sans trou ni ombre », disait
Pompon… D’autres le suivront dans cette voie,
comme son ami et disciple Jean Joachim, dont
Le Grand-Duc en grès ocre clair, nuancé par le céramiste Pierre Fouquet, adopte les lignes pures du
maître (2 000/2 500 €). Et ce n’est pas le seul. Dans
les années 1930, la Biche et son faon de Maurice
Gaston Élie Prost, le Pigeon écossais se rengorgeant
de Joël et Jan Martel, le Lapin qui pleure d’Édouard
Marcel Sandoz, ou encore l’Ânon d’Afrique d’Armand
Petersen illustrent la tendance. Comptez 1 800/
2 000 € pour ce dernier, réalisé en trente-six exemplaires par la Manufacture nationale de Sèvres en
grès brun clair nuancé, d’après un modèle de 1929.
Les sculpteurs ne sont pas seuls à adopter les
animaux. Jacques Lehmann, dit Nam, est ainsi connu
pour ses chats. Bien représentés ici, ils côtoient leurs
homologues sauvages, Tigre et panthère noire, peints
à la gouache. Comme les félins d’appartement, ces
derniers ont été reproduits sur un panneau de laque
gravée (12 000/14 000 €, voir photo page de droite).
Titulaire du grand prix animalier Édouard-Marcel
Sandoz en 1938, André Margat exerce lui aussi son
crayon sur la gent animalière, laissant des dessins
accessibles entre 100 et 500 €. Chouette, on va
pouvoir sauter du coq à l’âne !
Pontoise, samedi 9 juin.
Aponem Deburaux SVV. Mme Colas, M. Daveau.