CNV Info N°24
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CNV Info N°24
CNV info La lettre d’information du centre national de la chanson des variétés et du jazz N°24 mars 2011 DOSSIER Développement durable Une démarche conjointe des professionnels du spectacle vivant est-elle possible et comment ? LE CNV A LA LOUPE Les spectacles d’humour Eclairage sur ces spectacles aux frontières de deux champs de perception de la taxe sur les spectacles PORTRAIT Julien Sauvage « Travailler le développement durable plutôt que l’environnement pour les festivals » ÉDITO AGENDA Prochaines rencontres avec le CNV Le 8 avril à 15h à la Maison de la Culture à Grenoble. Le 15 avril à 15h à l’Autre Canal à Nancy. Guy MARSEGUERRA Le 21 avril à 11h30 au Printemps de Bourges (Amphi). Inscriptions et renseignements auprès de Corinne BRET : [email protected] - T : 01 56 69 11 40 Jacques RENARD Le CNV info est une publication du Centre National de la Chanson des Variétés et du Jazz Mars 2011 Directeur de la publication Jacques Renard Rédaction L’équipe du CNV Conception et réalisation www.coon.fr Impression Technic Imprim Photos C.M Véronique GUILLIEN Shutterstock CNV 9 boulevard des Batignolles - 75008 PARIS T : 01 56 69 11 30 - F : 01 53 75 42 61 E : [email protected] www.cnv.fr ISSN 1761-5143 Établissement Public Industriel et Commercial sous tutelle du Ministère de la Culture et de la Communication. Document certifié PEFC L’année 2011 est d’ores et déjà bien lancée et le programme d’action du CNV s’annonce consistant. Nous le savons, les enjeux sont importants et les défis auxquels sont confrontés le spectacle vivant et, au-delà, l’ensemble de la filière musicale appellent à la vigilance, à la réactivité, à l’innovation. Ils appellent aussi à l’union, au rassemblement de tous les professionnels, dans le respect de leur diversité : le secteur des musiques actuelles et des variétés sera d’autant plus fort, et pourra d’autant plus clairement faire entendre sa voix, notamment auprès des pouvoirs publics, qu’il saura se montrer solidaire, attentif à l’intérêt général, capable de propositions qui le fédèrent. L’année 2010 s’est achevée par une progression de la taxe sur les spectacles en hausse de 20% environ. Cet apparent bon chiffre, stimulé en particulier par les « nouveaux entrants » que sont les cabarets, ne saurait cacher, nous n’avons cessé de le dire, une réalité très contrastée. Les vraies difficultés de nombre d’entreprises du spectacle vivant, la tension croissante entre les grosses productions ou les évènements à forte notoriété et les projets porteurs de nouveaux talents, de l’émergence artistique, de genres artistiques moins aisés d’accès, ne peuvent guère être passés sous silence. Développement économique et professionnel du secteur et préservation de la diversité culturelle et artistique sont donc, plus que jamais, les objectifs fondamentaux qui légitiment le rôle du CNV. Les sujets qui devront impérativement cette année faire l’objet de décisions et de mesures précises sont nombreux : l’adaptation des modalités d’organisation et de soutien du CNV aux entreprises européennes non établies en France, dès lors que la loi transposant la directive européenne sur les services sera votée, l’aménagement du règlement intérieur, le renouvellement des réseaux de promotion de spectacles à Paris et en région prévu pour 2012, l’évaluation et l’adaptation du programme de résidences de musiques actuelles… Parallèlement, le travail de fond sera poursuivi sur des dossiers majeurs, tels que le devenir du programme des Zénith et de leur cahier des charges, la mise en place d’indicateurs tournées, la promotion des spectacles à l’international – la collaboration est en effet renouvelée avec le bureauexport dans le cadre de la Commission Export. La prise en compte des cabarets dans les programmes d’aide, le soutien maintenu aux entreprises qui se trouveraient en difficulté malgré l’arrêt du plan de soutien de deux ans, la réflexion sur des modalités d’intervention jusqu’ici insuffisamment utilisées, notamment la garantie bancaire IFCIC, ou encore la clarification, toujours souhaitée, de la répartition de la taxe entre l’ASTP et le CNV ne manqueront pas en outre de nous mobiliser fortement. On le voit, les tâches sont multiples et « tout est prioritaire ». Ajoutons que l’établissement public entreprend de resserrer ses liens avec les collectivités territoriales, qui sont, rappelons-le, les premiers financeurs de la vie culturelle, et nombre d’entre elles manifestent un intérêt croissant pour les musiques actuelles et les variétés. Ajoutons également qu’il ne peut rester indifférent aux thèmes nouveaux qui surgissent et dont la profession commence à s’emparer : c’est le cas du développement durable, et le nouveau numéro de cette lettre info en témoigne, après un premier débat organisé aux Trans Musicales de Rennes. Oui, les urgences ne manquent pas. Elles sont à la mesure des mutations à l’œuvre. Il nous appartient d’être au rendez-vous de l’avenir. DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE Une démarche conjointe des professionnels du spectacle vivant est-elle possible, et comment ? A l’occasion des Trans Musicales de Rennes, le CNV a réuni en décembre 2010 des représentants du secteur du spectacle vivant des musiques actuelles et des variétés afin d’établir quelles pourraient être les conditions de réalisation d’actions communes en faveur du développement durable. Les démarches relevant du pilier environnemental étaient au cœur des réflexions de cette table ronde, bien que les autres (économiques, sociales et sociétales) ne doivent pas être négligées. Rapide tour d’horizon des expériences échangées et des pistes esquissées concernant des outils à développer au niveau national. Les constats Une réelle prise en compte par le secteur, notamment les diffuseurs Sur le pilier environnemental, on retient des témoignages que ce sont principalement les festivals et, dans une moindre mesure les salles, qui ont mené les expériences les plus avancées. Pour autant, les tourneurs producteurs et artistes se sentent aussi concernés, mais leurs moyens d’action sont plus limités. Retrouvez le compte rendu complet de cette table ronde sur le site internet du CNV http://www.cnv.fr/contenus/pdf/ressources/CRAUT_SVDD20101210 « Comment travailler avec les salles, comment trouver l’équilibre entre l’économique, le social, l’environnemental ? Après un premier temps de scepticisme, avec du recul, on s’aperçoit que certaines salles sont plus avancées que d’autres, s’impliquent à des niveaux différents, mais qu’il existe des solutions communes à trouver. » Pierre-Yves Romano En ce qui concerne la tournée, les actions possibles sont liées essentiellement au lieu d’accueil. Les moyens de locomotion des artistes dépendent des équipements mis à leur disposition par les salles, c’est autant de matériel qu’ils auront ou non à transporter. A ce sujet, le constat est fait qu’il existe une inégalité entre les différents lieux d’accueil qui sont plus ou moins bien équipés. Engager une démarche développement durable c’est réinterroger l’ensemble de l’organisation du projet Pour les Trans Musicales, le changement de site en 2004 a été le déclencheur, impliquant une hausse importante du budget, le projet du festival a du être repensé. Novice en la matière à l’époque, l’équipe s’est rendue à la rencontre de ses partenaires professionnels et institutionnels afin de se former, de s’informer et d’intégrer cette dimension dans la nouvelle formule du festival. C’est suite à cette démarche que le Collectif des festivals bretons s’est créé. Le cas du Zénith de Nantes est similaire puisque c’est au moment du renouvellement de la délégation de service public de la ville que l’équipe s’est adjoint les services d’un consultant en développement durable. La réponse au cahier des charges a ainsi pu intégrer des solutions éco-responsables aux problématiques de mobilité du public, de réduction de la consommation d’énergies et de recyclage des déchets. Dans le cas du Chabada, après quelques expériences relevant davantage des initiatives éco-citoyennes, c’est l’ensemble du projet qui est repensé avec la mise en place de l’Agenda 21 culture de la ville d’Angers. Mutualisation des informations et des outils : une structuration naissante au niveau régional Des initiatives de mutualisation existent, notamment au niveau régional. Elles s’appuient en général en premier lieu sur les festivals. Des fiches pratiques, des grilles d’évaluation, ont déjà été réalisées. La constitution de groupes de travail sur des thématiques communes ainsi que le partage d’équipements ou de moyens humains ont déjà donné des résultats. Le Collectif des festivals bretons engagés pour le développement durable, constitué en 2005 à la suite du constat partagé par les festivals du territoire, rassemblait au départ 6 festivals bretons. Le Collectif a rédigé et CNV Info N°24 - Mars 2011 3 signé en 2007 la Charte des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne. Il compte désormais 23 festivals qui ont choisi de travailler la dimension transversale du développement durable et solidaire afin d’assurer une cohérence globale de leurs projets culturels et artistiques. Le Réseau Aquitain des Musiques Actuelles (le RAMA), initiateur depuis 2008 d’une réflexion, a constitué des ateliers. Ces derniers ont permis d’identifier les besoins et les possibilités de mutualisation, notamment entre les différents festivals de la région, et d’en décliner des actions. Un des projets en préfiguration est le développement d’une plateforme régionale référençant les produits éco-responsables. La volonté est aussi d’élargir les démarches, expérimentées dans un premier temps avec les festivals, à l’ensemble des lieux mais aussi de ne pas rester cantonné à l’environnemental, en engageant un travail sur la responsabilité sociétale des organisations. « Aujourd’hui, des initiatives existent et si un outil national de mutualisation développement durable est développé il doit permettre d’échanger les expériences et les compétences entre les régions. » Vanessa Escaiche produits d’entretiens, les prestations de services… C’est une prise de conscience progressive. » François Delaunay A l’inverse, les collectivités territoriales peuvent s’appuyer sur les connaissances et les résultats obtenus par les professionnels. A titre d’exemple, la sollicitation par le Conseil régional d’Aquitaine du festival Reggae Sun Ska sur les questions de mobilité. « La Région Aquitaine a interrogé le festival Reggae Sun Ska pour savoir dans quelle mesure il était en capacité d’inciter les publics, par la mise en place de tarifs réduits par exemple, à utiliser les transports en commun. » Alexis Lanvier Autre exemple, l’expérience des festivals bretons a conduit la métropole rennaise à intégrer la Charte de développement durable du Collectif comme critère de subventionnement (aide dégressive sur 3 ans pour les festivals qui s’engagent dans un Agenda 21), sans pour autant poser de critère d’écoconditionnalité. Evaluation continue et accompagnement sont indispensables D’autres initiatives ont associé le secteur du sport à celui du spectacle : c’est le cas en Basse-Normandie. C’est aussi le cas de l’outil Adere qui associe les professionnels de l’événementiel tant dans le champ sportif que culturel, au niveau national, et utilisé par le Reggae Sun Ska festival. L’évaluation est une notion très importante. Sur le champ environnemental, engager un bilan carbone est un préalable nécessaire. Mais plus globalement, l’évaluation doit être faite en continu : il faut mesurer l’impact et l’efficacité des actions menées afin de toujours mieux les adapter. Des collectivités territoriales sensibilisées et incitatrices « C’est un geste qui demande une démarche d’évaluation continue et un apprentissage constant avec parfois des avancés et des reculs sur des actions menées… » Béatrice Macé Autre remarque, qui ressort de ces témoignages, c’est la présence et l’intérêt des collectivités territoriales pour ces questions. Des leviers, comme par exemple la mise en place d’actions incitatives à l’utilisation des transports en commun, sont activés parfois conjointement avec les collectivités (avec plus ou moins de succès). En ce qui concerne les délégations de services publics accordées par les villes pour la gestion d’équipement, les cahiers des charges tiennent de plus en plus compte des aspects de développement durable. « Dans les cahiers des charges soumis dans le cadre des délégations de services publics, des clauses en matière de prise en compte du développement durable sont désormais de plus en plus en présentes à différents niveaux : les fournisseurs, les 4 CNV Info N°24 - Mars 2011 En outre, toute démarche engagée dans une logique de développement durable entraîne de vrais enjeux en termes d’emploi et de compétences pour les acteurs. Il faut pouvoir accompagner l’évolution des métiers, ne pas culpabiliser les acteurs et ne pas pécher par orgueil. « Il ne faut pas omettre une certaine humilité nécessaire devant ces nouveaux enjeux et changements pour le secteur face à la société. » Maryline Chasles Les actions communes Deux grands chantiers : le tri et le recyclage des déchets, la rationalisation du transport du public L’exemple du bilan carbone du groupe Tryo et l’étude effectuée auprès de son public ont fait apparaître qu’un des plus gros efforts à fournir devait porter sur le transport du public : l’impact environnemental étant à 80% imputable aux déplacements des spectateurs. Sur le volet des déchets, la mise en place de la collecte sélective et/ou l’utilisation systématique de gobelets recyclables dans les salles de grande capacité de type Zénith ainsi qu’une optimisation du tri des déchets notamment compostables, sont des pistes facilement envisageables et dont l’impact serait fort tant en termes environnementaux qu’en termes de sensibilisation du public. La question cruciale du transport du public n’est pas évidente à régler. Qu’il s’agisse de nombreux festivals comme de salles de grandes capacités, l’implantation hors du centre des agglomérations pousse des milliers de personnes à utiliser un véhicule personnel. Les concerts programmés dans ces lieux à grande capacité d’accueil attirent un public qui peut parfois faire une centaine de kilomètres, voire plus. La mise en place de navettes, l’extension des horaires des transports publics réguliers, peuvent s’avérer efficaces mais impliquer un coût que les agglomérations, partenaires du transport ou les entrepreneurs de spectacles ne peuvent pas forcément assumer. La pratique du covoiturage par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne déjà testée sur le site internet du groupe Tryo pourrait être élargie à l’ensemble des concerts en France. Une telle solution devrait bénéficier d’une large communication, d’une information et de mesures incitatives pour le public. Centraliser les résultats des initiatives déjà menées au niveau national Mutualiser les grilles d’évaluation ou prendre en compte les besoins des professionnels déjà recensés permettrait de constituer une solide base de références qu’il conviendrait de mettre à la disposition de tous (plateforme en ligne, guide, etc.). L’importance de la circulation de l’information pourrait aussi jouer un rôle prépondérant dans la formation des équipes, les métiers, notamment techniques, évoluant en même temps que les pratiques. La question du financement Des propositions ont été faites de mutualiser des ressources, sous la forme de cotisations volontaires pour alimenter un fonds qui pourrait fonctionner sur un modèle proche de celui du CNV. Ce fonds mutualisé pourrait servir à financer les actions de développement durable et une labellisation des projets pourrait être mise en place. Il pourrait être abondé par des partenaires publics ou privés. Les partenariats privés peuvent aussi s’impliquer dans des actions concrètes d’acteurs isolés, à l’instar de Coca-Cola, partenaire du tri sélectif pour Rock en Seine. Ces partenaires, qu’ils soient publics ou privés, doivent pouvoir être aussi mobilisés sur des actions communes du secteur sous réserve que ses représentants donnent un signe clair et fort de leur engagement. « Le projet de mise en place de plateforme nationale de covoiturage a été soumis à plusieurs partenaires. Il apparaît que le coût n’est pas en soi un frein… ce qui manque aujourd’hui pour concrétiser ce projet c’est un positionnement clair du secteur du spectacle. » Bruno Gerentes Inciter sans sanctionner Bien que la prise en compte d’une démarche de développement durable soit aujourd’hui incontournable pour les collectivités territoriales, les professionnels s’accordent à dire qu’elle ne doit pas supplanter le projet artistique et que l’éco-conditionnalité des soutiens seraient une erreur. L’incitation semble la voie la plus préférable aux professionnels qui citent l’impact positif que pourrait avoir une labellisation. Les professionnels doivent aussi pouvoir travailler à leur certification selon les normes, existantes ou en cours de finalisation, telles que la norme ISO 20121 « Organisation d’événements et développement durable » ou la norme ISO 26000 « Responsabilité sociétale ». « Il ne faut pas imposer : l’objectif est de rendre les choses plus faciles à mettre en place. » Fabienne Roux Quel rôle pour le CNV dans ces démarches conjointes Le CNV peut être, si les professionnels le souhaitent, le lieu où s’échangent les expériences et les projets, un soutien à la mutualisation, un partenaire d’un opérateur — comme l’est Agi-Son dans la prévention des risques auditifs — de ce vaste projet de soutien des démarches de développement durable du secteur du spectacle. Cela participe d’un engagement de l’établissement public dans une démarche globale de questionnement sur l’évolution du secteur et sur le métier en général qui concerne l’environnement mais plus encore le facteur humain. « Il faut notamment se poser la question du développement d’artistes « non jetables » et tenir compte de la réalité des difficultés des acteurs à survivre dans toute leur diversité. » Guy Marseguerra Quelques pistes permettraient de réunir l’ensemble des professionnels pour avancer concrètement : • Mutualiser les expériences au niveau national : échanges, fiches pratiques, veille sur les contraintes réglementaires, les bonnes pratiques, etc. • Créer du « liant » politico-financier pour lancer effectivement des initiatives qui rencontrent de bons échos des acteurs telles que le projet de plateforme nationale de covoiturage pour les concerts. • Soutenir les producteurs et diffuseurs sans lieu fixe dont les initiatives « déterritorialisées » ne sont aujourd’hui pas soutenues par les collectivités territoriales et/ou les agences régionales de l’Ademe par exemple. • Diffuser les bonnes pratiques : par exemple, mentionner dans le cahier des charges Zénith les pratiques de recyclage, de réduction des déchets à la source, d’économies d’énergie… • Anticiper des évolutions nécessaires en imaginant des modalités fiscales ou financières nouvelles, tout en mesurant les difficultés qui peuvent en découler au regard des contraintes économiques pesant déjà sur le secteur. • Donner un signe fort que le secteur du spectacle est un acteur majeur et responsable. Présentation des intervenants et des initiatives évoquées Béatrice Macé, directrice des Trans Musicales et de l’Ubu, présidente du Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne. L’Association Trans Musicales (ATM) porte à la fois le projet de la salle rennaise l’Ubu et celui des rencontres Trans Musicales de Rennes www.association-transmusicales. com. Outre leur participation au Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne, les rencontres Trans Musicales sont membres de l’association européenne des festivals Yourope et lauréat du ”Green’n’Clean Award” www.yourope.org/green_clean.aspx www.environmental-handbook.com Fabienne Roux, responsable des tournées et productions chez Far production porteuse du projet « artistes, producteurs... autogérons le développement durable dans le monde du spectacle » qui a pour objectif de labelliser et mettre en place un fonds de soutien financé par des cotisations volontaires et abondé par des partenaires publics et privés afin de donner au secteur les moyens de financer les actions environnementales au cœur du spectacle. www.far-prod.com Sébastien Pujol, producteur éditeur associé, Bruno Gerentes, manager, et PierreYves Romano (Pyrprod), tourneur, du groupe Tryo. Conscient que ses tournées ont un impact sur le réchauffement climatique, Tryo a fait réaliser un Bilan Carbone sur sa tournée 2008. Celui-ci a permis de distinguer les postes importants d’émission de gaz à effet de serre. Une plateforme de covoiturage a été expérimentée et le groupe porte un projet d’extension de la démarche au niveau national pour l’ensemble des concerts, salles et festivals. www.tryo.com/documents/bilan_carbone_tryo_08.pdf http://www.tryo.com/covoiturage Alexis Lanvier et Arnaud Bengochea du Reggae Sun Ska Festival. Festival de reggae créé en 1998 en Gironde, reconnu comme pilote par l’Ademe, en termes d’action en faveur du développement durable, le Reggae Sun Ska est utilisateur de l’outil Adere (Auto Diagnostic Environnemental pour les Responsables d’Evénements) porté par des organisateurs de manifestations culturelles ou sportives, de professionnels de l’événementiel et d’ONG engagées dans CNV Info N°24 - Mars 2011 5 la protection de l’environnement, accompagnés de l’Ademe www.evenementresponsable.fr). Eco-pack, sensibilisation, signalétique éco-conçues, partenariat avec le réseau de transport girondin et site de co-voiturage font partie des opérations mises en place. www.reggaesunska.com Maryline Chasles, coordinatrice du Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne. Le collectif des Festivals est une association de 23 festivals bretons qui ont choisi de s’engager pour le développement durable et solidaire dans l’objectif d’assurer la durabilité de leur projets ainsi que d’assumer leurs rôles d’initiateurs et d’acteurs dans un monde social environnemental et culturel en mutation constante. Le partage autour de problématiques communes a permis la mutation des réflexions, l’élaboration de mises en perspectives et la conduite d’expérimentations concrètes vers des solutions adaptées à chaque festival. www.lecollectifdesfestivals.org Vanessa Escaiche, chargée de mission développement durable pour le Rama. En 2009, le Réseau Aquitain des Musiques Actuelles a coordonné des ateliers-concertations sur le thème « festivals et développement durable », avec les acteurs, les collectivités, les publics. La première action engagée sur ce volet est celle des achats groupés de gobelets réutilisable. A terme il s’agit de développer une centrale de référencement éco-responsable, permettant de mutualiser les coûts dans le domaine des achats éco-responsables (prise en compte des aspects sociaux, environnementaux et économiques) et de travailler plus en amont sur les politiques d’achats des structures. www.le-rama.org/actions/projets.aspx François Delaunay, co-directeur du Chabada à Angers, représentant des salles Fédurok. Depuis octobre 2008, la Ville d’Angers a lancé l’élaboration de « l’Agenda 21 de la culture du territoire d’Angers » afin de traduire localement et en actions, les principes et les engagements du texte international « Agenda 21 de la culture de Barcelone » élaboré par l’ONU, l’UNESCO… Le Chabada s’est prêté au jeu en devenant structure témoin de cette démarche originale. www.lechabada.com Landry Olivier, directeur technique du Zénith de Nantes. Le Zénith s’inscrit dans la démarche d’Agenda 21 de Nantes métropole mais également le Plan climat territorial et le Plan de déplacement urbain. L’équipe a engagé un projet sur plusieurs années afin de mettre en place un programme d’actions ambitieux dont un travail avec les tourneurs, une enquête sur les typologies de public et leur mobilité... www.zenith-nantesmetropole.com Jacques Renard, directeur et Guy Marseguerra, président du CNV Le débat était animé par Gildas Lefeuvre, journaliste, formateur et consultant. Proches de nous… DANS L’ACTU Le secteur audiovisuel a mis en place en 2010 Ecoprod, projet collectif dont le but est de réduire l’impact de la pratique des tournages sur l’environnement autour de 6 partenaires fondateurs (Audiens, l’Ademe, La Commission du Film d’Ile-de-France, la DRIRE Ile-deFrance, France 5 pour France Télévisions, TF1). www.ecoprod.com Evénements et environnement : 11 études de cas pour un guide Nos voisins britanniques ont créé en 2007 Julie’s Bicycle associant les acteurs de la musique, du théâtre, des scientifiques et experts, qui s’engagent à fournir une réponse concertée aux changements climatiques. “We believe that by developing a shared vision and systematically working together the creative industries are shaping a future where the arts can continue to thrive and contribute to the wellbeing of society, whilst being financially, environmentally and artistically sustainable.” www.juliesbicycle.com 6 CNV Info N°24 - Mars 2011 Le cabinet EneRis vient de publier une étude sur les meilleures pratiques environnementales des festivals de musiques [actuelles] : « Evénements & Environnement » avec le soutien de SFR. L’étude de cas, présentée sous forme de guide, est téléchargeable à l’adresse suivante : www.eneris.fr/evenements&environnement-meilleures_pratiques_festivals_eneris.pdf LE CNV A LA LOUPE Les spectacles d’humour sont-ils dans le champ de la taxe fiscale sur les variétés ? Beaucoup d’organisateurs de spectacles discernent encore mal le périmètre de la taxe fiscale sur les spectacles de variétés. En effet, pour beaucoup, le secteur des variétés se réduit à celui des « musiques actuelles », terme usuellement cité pour qualifier les concerts de rock, de chanson, de jazz, de pop, d’électro, etc. Pour autant, les variétés recouvrent plus de disciplines artistiques et il est parfois difficile de bien savoir si le spectacle que l’on accueille relève bien des variétés et doit donc engendrer le paiement de la taxe fiscale au bénéfice du CNV. Régulièrement nous reviendrons dans la lettre d’info du CNV sur ces spectacles qui ne sont pas des concerts de musique actuelle mais relèvent bien des variétés Il existe deux taxes sur les spectacles : une sur les variétés qui doit être versé au CNV, établissement public et l’autre sur les spectacles d’art dramatique, lyrique et chorégraphiques, perçue par l’ASTP (Association pour le soutien du théâtre privé). Quels sont donc les spectacles d’humour qui relèvent du champ des variétés ? « Relèvent notamment de la catégorie spectacles de variétés [...] les spectacles ne comportant pas de continuité de composition dramatique autour d’un thème central et s’analysant comme une suite de genres variés tels que sketches [...]. » Cette définition est ouverte et mérite des explications pour aider les redevables de la taxe fiscale à verser à bon escient la taxe fiscale sur les spectacles de variétés. Prenons les cas suivants : Dès qu’un organisateur accueille un one man show la taxe est due au CNV. De même la taxe est due dès lors que le spectacle d’humour ne comporte pas de continuité de composition dramatique. Cette notion de continuité dramatique ne répond pas toutefois à une définition précise. Un spectacle peut avoir une continuité dramatique et relever, en fonction de la nature des autres éléments constitutifs du spectacle, soit de la catégorie des spectacles de variétés, soit de la catégorie des spectacles d’art dramatique, lyrique ou chorégraphique. La continuité dramatique est donc appréciée au cas par cas, au vu des éléments du spectacle comme le thème, la présentation des personnages l’existence d’une dramaturgie ou sur d’autres éléments constitutifs du spectacle. Cette distinction n’est pas aisée et, dès lors qu’un qu’organisateur hésite sur la nature du spectacle, il lui est conseillé de se rapprocher des services du CNV. Le CNV pour sa part tient à jour une base de données où sont recensés les spectacles relevant de la taxe fiscale sur les spectacles de variétés (dont évidemment une partie des spectacles d’humour) ce qui fait que certains organisateurs de spectacle peuvent recevoir des rappels en cas d’omission ou d’incertitude sur les déclarations de taxe fiscale à effectuer. Enfin il est essentiel de savoir que c’est la nature du spectacle qui détermine si la taxe doit être payée et à quel organisme et non le lieu où est présenté le spectacle. Pour le cas de l’humour toutes les pièces comiques ou le théâtre de boulevard par exemple sont des spectacles pour lesquels la taxe fiscale doit être payée à l’ASTP. Mais, ce n’est pas parce qu’un spectacle d’humour, est présenté dans ces établissements que mécaniquement la taxe doit être versée à l’ASTP. Ce sera le spectacle (sa nature et son genre) qui déterminera si la taxe doit être payée à l’un ou l’autre des organismes. Prenons en outre, le cas d’un festival d’humour. Un festival peut programmer des one man shows, des sketches mais aussi une pièce de théâtre de vaudeville ou comique. Alors la taxe devra être déclarée, spectacle par spectacle, au CNV pour les spectacles relevant de sa compétence, et à l’ASTP pour ceux relevant de la compétence de cette association. De ce fait, le festival ne pourra pas faire de déclaration groupée pour toutes les représentations de son festival et surtout ne devra pas payer deux fois pour l’ensemble des spectacles présentés, une fois au CNV plus une deuxième fois à l’ASTP. importantes pour les spectacles d’humour ou en dialoguant avec des fédérations qui représentent ces formes artistiques. A ce propos, la présence des collaborateurs du CNV sur une manifestation est régulièrement annoncée dans le flash info, newsletter du CNV réservée à ses affiliés et ses partenaires. Enfin il faut aussi rappeler que le CNV au travers de ses commissions d’aides, soutient des productions d’humour ou peut participer à l’équipement de salles dont la majeure partie de la programmation relève de l’humour. Sur toutes ces questions, le CNV répond au mieux aux interrogations soulevées pour la déclaration et le versement de la taxe fiscale sur les spectacles de variétés au sein de son service taxe. Numéro de téléphone dédié : T : 01 56 69 11 34 E : [email protected] Pour toutes les aides et programmes de soutien au CNV, vous pouvez aussi vous reporter au site du CNV www.cnv.fr Le CNV va poursuivre son travail d’information sur ces questions tout au long de l’année en étant présent lors de manifestations CNV Info N°24 - Mars 2011 7 PORTRAIT Julien Sauvage « Travailler le développement durable plutôt que l’environnement pour les festivals » ne devient rentable écologiquement parAgir, faire… tel est le leitmotiv de ce direclant d’utiliser ces gobelets qu’après sept teur singulier, entretemps devenu adjoint à éditions », il préfère s’approprier le slogan la culture à la mairie pour continuer à creusuivant : « agir localement penser globaleser le sillon des musiques actuelles sur son ment ». D’où son choix de créer à l’intérieur territoire. Outre le tri sur site, chaque jour du festival, un centre de une « brigade de 70 bétri sur site, organiser Assumer le névoles » ratisse le site des filières de proximité pour nettoyer, ramasser, développement où les gobelets simples trier sur un festival qui durable d’un festival sont recyclés par un parpour sa dernière édition dans ses composantes a réuni près de 50 000 tenaire pour la fabricaenvironnementales personnes. tion de sièges auto ou encore, « écologie de mais aussi convivialité », travailler Sur l’avenir, il fourmille économiques. avec des brasseurs lod’idées. Il compte tracaux plutôt qu’avec des grandes enseignes. vailler avec l’association Les Connexions Loin de l’agitation médiatique et parisienne, Les difficultés économiques issues de la pour optimiser le tri, créer à terme une fiil existe au nord de la France un territoire désindustrialisation n’étant pas un hasard lière de tri pour toute la restauration, se « méconnu, habillé d’une image médiocre de cet engagement, ce travail de l’emploi préoccupe de l’arrivée des festivaliers en et qui est pourtant la patrie de Rimbaud de proximité. activant des partenariats SNCF exemplaires et reconnu mondialement pour son art de pour éviter l’afflux « inutile » de voitures. Utopiste mais lucide il sait que la question la marionnette : Charleville Mézières et ses Enfin, il ne désespère pas d’arriver à des Ardennes ». En quelques mots, le ton est des financements est esaccords avec EDF GDRF dit : Julien Sauvage est un militant, citoyen sentielle sur ce dossier. C’est bien pour le raccordement de réseaux qui évitede la culture et de sa région. Au-delà de cet Il reconnait que les fesd’engagement qu’il ancrage local, Julien Sauvage, le créateur tivals s’engagent dans rait l’emploi de groupes s’agit. du festival « le Cabaret vert – éco festival cette voie aussi pour des électrogènes au fioul et rock et territoire - » méritait un portrait eu questions d’image, de communication, mais explore l’idée d’utiliser pour le festival des égard aux travaux menés sur le dévelopégalement par obligation vis-à-vis de leurs véhicules au gaz ou à énergie mixte. Dès pement durable. Après un parcours en IUT financeurs et que cela est aussi un moyen cette année, la scène « 2 » était équipée IUP puis un DESS d’études commerciales d’avoir des financements complémentaires avec des LED et il se donne le même objectif et des stages dans la « plus que nécessaires pour la grande scène pour 2012. Dans un grande distribution, Ju- La question du respect en ces temps difficiles ». autre domaine, il réfléchit à des centrales de l’environnement lien Sauvage s’oriente Sur ces derniers, il reste d’achat pour contrôler la provenance des vers la musique en dén’est plus un problème toutefois très prudent matériaux et produits nécessaires pour la crochant un stage chez expliquant : « Pour le bonne marche du festival. de conscience mais Sony music puis en baCabaret vert, hors acune obligation pour taillant pour créer dans cord avec des prestaBref, il veut faire en sorte que chaque partie taires, nous touchons sa région un festival de du festival soit concernée par cet engagel’ensemble des 2500 € via des serrock. Pas à pas il imagine ment. Si son expérience n’est pas modélifestivals, lieux de l’évènement, anime ses vices déconcentrés du sable, elle reste en tout cas suffisamment concentration dans réseaux, persuade les ministère de l’environatypique pour que la profession puisse en un temps court d’un politiques locaux pour prendre connaissance. nement et 4750 € sur enfin créer une première une enveloppe affectée public de masse où édition en 2005. de la mairie ». Il pourles questions de la suit : « c’est donc très gestion des déchets, Sa vision parfois parcelpeu et la question n’est la dégradation de pas là. Par exemple, les laire et volontairement deux bannières qui en« provocatrice » selon l’environnement ou ses dires mérite en tout cadrent la grande scène la consommation cas attention et consisont consacrées au tri et d’énergie se doivent dération. Farouche opà la responsabilité écoposant par exemple des citoyenne » « Comme ça d’être traitées. gobelets consignés (!) on ne peut pas dire que qui « entraînent une chaîne de fabrication, les spectateurs ne les voient pas ! » rajoute production, transport et lavage telle qu’il t’il dans un éclat de rire… 8 CNV Info N°24 - Mars 2011