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PSYCHIATRIE DE L’ENFANT
Nouvelle société, nouvelles familles :
nouvelle personnalité de base ?
De la personnalité névrotique à la personnalité narcissico-hédoniste
A. LAZARTIGUES (1), P. PLANCHE (2), S. SAINT-ANDRÉ (3), H. MORALES (4)
New society, new families : a new basic personality ? From the neurotic to the narcissistic-hedonistic
personality
Summary. Background – In Occidental countries the frame of modern families has been reshaped, and vast economical
and social changes have taken place over the last thirty years. They have been marked by the disengagement of the
State in the marriage, a giant evolution in conjugality which is becoming privatized and made insecure, changes in gender
relations, new motives and conditions for the arrival of the child in the couple, i.e. planned birth, wished or desired infant,
infant conceived for oneself, and parenthood has been turned upside down through the extensive evolution of its laws
and symbolic-landmarks as well as in practical experience. As these new coordinates of the family are now centred on
the consensus instead of authority for the organisation of relationships between its members and on hedonism instead
of duty as main value, with a child issued from the desire and acknowledged, from the onset, as a full person « the baby
is a person » a child made « for oneself and for him/herself » (and not for the society), brought up in an environment
where the media can be considered as a « third parent » because of it’s growing importance, the structure of the child’s
psyche no longer matches the neurotic model. Literature findings – Studies made by anthropologists have led us to
hypothesise a new « basic personality » in order to reflect the consequences of the new landmarks in society and the
new family, as well as the outcome of new educational practices ; this new « basic personality » would replace the basic
normal/neurotic one, which dominated over the first half of the twentieth century. Clinical aspects – This basic personality,
which could be termed as « narcissistic-hedonistic », is characterized by few internalizations, a poorly efficient Superego,
nearly no guilt feeling, a weakly socialized Ideal Self suggesting more the Ideal Self of the early childhood, and finally a
difficulty in experiencing or testing oneself as a free subject. The resulting narcissistic fragility leads the subject to be
more dependent on external objects, to be allergic to frustration, to find delay in the achievement of instinctive aims hard
to take, to develop an exaggerated pursuit of perception and sensations. The relation to time is also affected through a
privileged investment in the present and the shading off of historical time. These changes must lead to a different subjectivity
stemming from a new basic personality. Disorders may stem from three axis of this new basic personality : dependency
with attachment disorders, narcissistic fragility, and a high risk of depression ; guilt-free « narcissistic perversion » with
people, who use other people for their own and exclusive interest, without real empathy ; « light » psychopathy, with
people capable of social integration for shorts periods of time, with a lot of breaking off in love, friendship, and professional
ties. Conclusion – This new configuration where specific pathologies are associated with a new basic personality implies
serious thought with regards to care practices so as to adapt them to the patterns of patients.
Key words : Basic personality ; Consensus ; Hedonism ; Parentality ; Personality ; Perverse-narcissistic.
(1) Professeur de Pédopsychiatrie, CHU de Brest.
(2) Professeur en Psychologie du Développement, Université de Bretagne Occidentale.
(3) Praticien hospitalier, CHU de Brest.
(4) Professeur de Psychiatrie, Département de Criminologie Psychiatrique, Université des Andes, Venezuela ; École Doctorale, Université
de Bretagne occidentale.
Travail reçu le 9 octobre 2005 et accepté le 24 mai 2006.
Tirés à part : A. Lazartigues (à l’adresse ci-dessus).
L’Encéphale, 33 : 2007, Mai-Juin, cahier 1
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A. Lazartigues et al.
Résumé. Les nouvelles coordonnées de la famille, centrées
maintenant sur le consensus à la place de l’autorité pour organiser les rapports entre ses membres, sur l’hédonisme en lieu
et place du devoir comme valeur centrale, avec un enfant du
désir, reconnu d’emblée dans son individualité - « le bébé est
une personne » -, enfant fait « pour soi et pour lui », élevé
dans un environnement où la place croissante des médias
peut les faire comparer à un « troisième parent », conduisent
à une structuration de la psyché de l’enfant qui n’est plus
basée sur le modèle névrotique. Dans ce contexte inédit,
nous proposons l’hypothèse d’une nouvelle personnalité de
base, traduction des nouveaux repères de la société et de la
famille et conséquence des nouvelles pratiques d’éducation
des enfants, qui viendrait remplacer la personnalité de base
névrotico-normale qui a dominé au cours de la première moitié du XXe siècle. Cette personnalité de base, que nous proposons d’appeler « narcissico-hédoniste », est introduite ici.
Elle présente des caractéristiques spécifiques : une faiblesse
des intériorisations, un Surmoi peu efficace, une absence
presque totale de culpabilité, un Idéal du Moi peu socialisé,
évoquant plutôt le Moi idéal de la première enfance, et enfin,
une difficulté à « être », à s’éprouver comme un sujet libre.
Mots clés : Consensus ; Hédonisme ; Parentalité ; Personnalité ;
Personnalité de base ; Perversion narcissique.
INTRODUCTION
Les bouleversements économiques (mondialisation,
raccourcissement des cycles temporels, précarisation) et
sociaux (individualisme, hédonisme, empire croissant des
médias, désymbolisation des institutions) des trois dernières décennies ont contribué à changer profondément
la structure de la famille. Ces nouvelles coordonnées conduisent non seulement à de nouvelles expressions de la
pathologie de l’enfant, mais aussi à une structuration de
la personnalité différente (en dehors de la pathologie). En
rapprochant les modifications des pathologies psychiatriques et les changements profonds des cadres sociaux et
familiaux dans lesquels l’enfant est conçu, élevé et éduqué, nous allons, en accord avec les anthropologues
culturalistes, proposer l’hypothèse d’une nouvelle « personnalité de base » liée à ce nouvel environnement. Si la
société moderne au cours du XIXe siècle et de la première
moitié du XXe siècle a conduit à une structuration psychique donnant la personnalité de base névrotico-normale,
et à ses avatars pathologiques que sont les troubles névrotiques, l’environnement social et familial contemporain
conduirait à une nouvelle personnalité de base et à de nouvelles psychopathologies nécessitant de repenser les
coordonnées des prises en charge.
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 293-9, cahier 1
est centrale dans sa définition comme l’affirme Lalande
(13) : « la fonction psychologique par laquelle un individu
se considère comme un Moi un et permanent ». Delay et
Pichot (6) définissent la personnalité comme « l’organisation dynamique des aspects cognitifs (c’est-à-dire intellectuels), affectifs, conatifs (c’est-à-dire pulsionnels et
volitionnels), physiologiques et morphologiques de
l’individu ».
Concept de personnalité
dans les classifications actuelles
Tandis que la CFTMEA (4), en France, continue de faire
référence à des éléments psychopathologiques, le
DSM IV-TR (1) et la CIM-10 (22), classifications descriptives les plus utilisées au niveau mondial, proposent un
concept de personnalité renvoyant à une dimension
pathologique du fonctionnement mental. Ces classifications présentent des « troubles de la personnalité »
comme des états pathologiques stables et durables dont
les premières manifestations apparaissent pendant
l’enfance ou l’adolescence mais qui s’observent surtout
dès le début de l’âge adulte. Dans le DSM IV-TR, dix troubles de la personnalité sont présentés en trois groupes.
• Groupe A : personnalité paranoïaque (méfiance et
hypertrophie du Moi), personnalité schizoïde (pauvreté
des relations sociales et de l’expression émotionnelle),
personnalité schizotypique (distorsions cognitives et perceptives, bizarrerie) ;
• Groupe B : personnalité antisociale (impulsivité,
agressivité), personnalité borderline (relations interpersonnelles, affects et image de soi instables), personnalité
histrionique (séduction, dépendance affective), personnalité narcissique (égocentrisme) ;
• Groupe C : personnalité évitante (inhibition), personnalité dépendante (attachement excessif), personnalité
obsessionnelle-compulsive (perfectionnisme).
Le DSM IV-TR est sensibilisé à la dimension ethnique
et culturelle et à son impact sur l’expression des entités
cliniques. Aussi insiste-t-il sur l’importance d’appréhender
« les nuances de la structure culturelle de référence d’un
individu » au risque de « considérer comme psychopathologiques des variations normales du comportement, des
croyances ou de l’expérience propres à la culture d’un
individu » (1). Mais le DSM IV-TR donne un point de vue
transversal, omettant d’aborder l’évolution de la maladie
mentale dans des cultures en pleine mutation du fait de
la mondialisation, de l’influence croissante des médias et
des possibilités de déplacement.
Concept de personnalité et psychanalyse
DES PERSONNALITÉS
Personnalité dérive du latin persona qui désigne le masque que l’acteur gardait tout au long de la pièce dans le
théâtre antique. Par la suite, ce terme a désigné le rôle,
le caractère (il y en avait 76). La dimension de permanence
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La psychanalyse freudienne et post-freudienne n’utilise
que rarement la notion de personnalité, tout en fondant
ses conceptions du fonctionnement mental sur la notion
de structure dans un modèle centré sur les aspects essentiellement affectifs et conatifs. En suivant Bergeret (2),
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 293-9, cahier 1
nous considérons que la structure définit l’organisation
stable des éléments de base de la personnalité. Si Freud
n’utilise pas la notion de personnalité, dans Les nouvelles
conférences de psychanalyse (9) il présente la métaphore
du cristal qui sous-entend l’idée d’une structure stable,
névrotique ou psychotique, qualifiée de « normale » (2)
tant qu’il n’y pas eu de décompensation. Lors d’une
décompensation, la symptomatologie qui va apparaître
comme conséquence sera soit névrotique, soit psychotique, ce qui était annoncé par les lignes de fractures :
« Jetons par terre un cristal, il se brisera, non pas n’importe
comment, mais suivant ses lignes de clivage, en morceaux dont la délimitation, quoiqu’invisible, était cependant déterminée auparavant par la structure du cristal.
Cette structure fêlée est aussi celle des malades
mentaux » (9).
Dans ce modèle, le fonctionnement satisfaisant d’une
psyché renvoie à une organisation stable et pérenne, topique, dynamique et économique d’un ensemble d’instances et permet une évolution dynamique d’interactions
intrapsychiques (entre instances) et avec l’environnement
humain et non humain. Le Moi assure alors un contrôle
adéquat sur les mouvements pulsionnels issus du Ça, prenant en compte les exigences du Surmoi et celles de l’Idéal
du Moi, et les contraintes issues de la réalité, aussi bien
dans sa dimension concrète que sociale ou intersubjective. La compréhension du sujet passe par l’exploration
fine des mécanismes de défense, du type d’angoisse, des
modalités de la relation d’objet, des particularités du développement et de son histoire et elle met en lumière l’importance des processus secondaires et des représentations
mentales. Elle donne au père une place centrale dans la
construction de la psyché, par sa fonction tierce, chargé
d’articuler le social et le familial, position constante de
Freud, reprise et réinterprétée par Lacan d’une manière
plus radicale avec le concept de Nom du père. Cette organisation de la personnalité en instances modelées par le
niveau d’élaboration des grands complexes propre à chaque sujet (complexe de castration, complexe d’Œdipe)
était considérée comme universelle, même si des nuances ont été apportées par des anthropologues (18). Elle
est appelée névrotico-normale en l’absence de manifestations symptomatiques. Cette structuration était de loin
la plus fréquente en Occident au cours de la première moitié du XXe siècle et elle découlait d’une certaine organisation de la culture et de la famille que nous détaillerons ultérieurement.
Concept de personnalité de base en anthropologie
Le lien qui apparaît ici entre structuration de la personnalité, famille et culture a été spécifié par les culturalistes
(Mead, Kardiner, Linton) qui ont montré que le psychique
et l’institutionnel ne sont que les deux faces d’une même
réalité. La néoténie du petit humain exige qu’il soit entièrement pris en charge par ceux qui l’élèvent (nourriture,
soins et savoir-faire sociaux pour bien se conduire dans
la société dans laquelle il est appelé à entrer), ce qui
requiert une organisation spéciale, mise en place par la
Nouvelle société, nouvelles familles : nouvelle personnalité de base ?
culture, dont l’institution familiale. Tout être humain doit
subir ce processus d’« enculturation » sans lequel il ne
saurait exister en tant que membre d’une société et auquel
il réagit de façon spécifique, processus au cours duquel
il apprend les formes de comportement admises par son
groupe. L’interaction entre maturation de l’enfant et éducation par le milieu conduit à une structuration de la personnalité sur le modèle propre à la société en question,
et considéré comme désirable.
A. Kardiner, en collaboration avec Linton, formule le
concept de « personnalité de base » (12, 17), d’une part
pour exprimer l’idée d’une identité nécessaire des différents aspects de la personnalité formée sous des conditions culturelles communes, et d’autre part pour expliquer
le déterminisme psychosocial au sein des sociétés en
fonction des caractéristiques de leurs institutions. « Le
concept de personnalité de base nous apparaissait indiquer justement le lieu, souvent postulé mais toujours
méconnu, où s’échangent individu et société, où le plus
particulier et le plus général virent l’un dans l’autre, où se
constituent simultanément deux ordres de phénomènes,
symboliques l’un par l’autre, où les déterminismes se croisent et s’inversent dans la figuration d’une réalité irréductible à toute objectivation » (16). Pour Kardiner et al. (12),
la culture est définie comme l’ensemble des institutions
qui assurent la cohérence d’une société, et une institution
peut être définie comme « tout mode établi de pensée ou
de comportement observé par un groupe d’individus
(c’est-à-dire une société) qui peut être communiqué, c’està-dire reconnu par tous, et dont la transgression ou la dérivation crée un trouble chez l’individu ou dans le groupe ».
Kardiner fait découler la « personnalité de base » des institutions primaires (l’organisation de la famille, avec le système de parenté ; le « Nous » qui traduit le sentiment
d’appartenance à la famille ; les disciplines de base, qui
forment les modèles de gestion du corps, telles que l’allaitement et le sevrage des nourrissons, l’alimentation, le
rapport à la nudité, à l’emmaillotage, aux vêtements, l’éducation sphinctérienne et les tabous sexuels d’objet ou de
but ; les modalités d’accès à l’indépendance ; les techniques de subsistance). Elles s’imposent à l’enfant et déterminent les soins dispensés et les apprentissages imposés
et intériorisés pendant l’enfance. Cette personnalité de
base détermine à son tour les institutions secondaires
(religions, mythes, systèmes de valeurs, idéologies, etc.)
et représente le « nœud » des interactions entre l’individuel et le social. Ainsi, la personnalité de base est conçue
comme une configuration psychologique particulière propre aux membres d’une société donnée et qui se manifeste par un certain style de vie sur lequel les individus
brodent leurs variantes singulières. La personnalité de
base est une sorte de « matrice » qui constitue le fondement de la personnalité pour tous les membres du groupe.
La formation de la personnalité de base est concomitante de l’expérience que fait l’enfant des disciplines imposées par les adultes. Les conditions du milieu et certains
aspects de l’organisation sociale (institutions primaires)
sont à l’origine de problèmes de base d’adaptation que
l’individu devra résoudre, définissant le champ de la
295
A. Lazartigues et al.
conflictualité développementale et les grands complexes
à élaborer. Ces problèmes l’obligent à élaborer certaines
méthodes d’adaptation, appelées constellations de base,
créées dans l’individu par ces conditions. Elles constituent, nous disent Kardiner et al. (12) du point de vue subjectif, la structure du Moi et, du point de vue objectif, la
structure de la personnalité de base. Lallemand (14) critique cette théorie et en particulier le positionnement des
institutions primaires par rapport aux secondaires qui
pourraient très bien être inversé du fait de la sensibilité de
la puériculture aux autres ensembles de normes et de pratiques sociales et à l’évolution de la société. Elle rappelle
également qu’au cours des décennies suivantes, les études interculturelles relatives à l’enfance se sont fractionnées en portant, d’une part, sur le développement, et
d’autre part, sur les échanges sociaux et la construction
identitaire, « sectorisation » qui a sans doute participé à
l’assoupissement des réflexions relatives à la personnalité
de base telle que l’avaient définie Kardiner ou Linton.
Cependant, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, l’idée
de l’influence de la culture et plus largement du contexte
sur le modelage de la pensée, revient en force, avec l’idée
centrale que « l’objet d’étude approprié n’est pas l’enfant
mais l’enfant en contextes » (26), redonnant pertinence
au concept de personnalité de base.
UNE NOUVELLE PERSONNALITÉ DE BASE
L’individu, avec son capital biologique, n’est pas séparable du milieu historique et social qui participe à la formation des structures dynamiques de sa personnalité.
Aussi, la personnalité de base nous semble être un concept utile dans l’analyse des conséquences des changements sociétaux actuels que nous allons examiner.
Société et famille modernes
La socialisation de l’homme occidental de la fin du XIXe
ou de la première moitié du XXe siècle a été modelée par
les caractéristiques des institutions primaires de la société
moderne. La famille était une institution imposant des
règles strictes à l’alliance comme à la filiation. Les genres
masculin et féminin, définis chacun dans la société traditionnelle par des activités spécifiques, se sont épanouis
dans la société moderne par leur rencontre au sein du couple. Ils étaient déclinés tout particulièrement par les rôles
parentaux distincts, « entièrement conçus aux fins de fournir une éducation individualisante aux enfants » (5) alors
que l’individu dans l’espace public était un individu universaliste, indépendamment de son genre (un avocat, un
médecin, un ouvrier…). L’enfant était le fruit plus ou moins
aléatoire de la sexualité de ses parents dont l’espace légitime d’exercice était celui du mariage. La destinée familiale et surtout collective de l’enfant (assurer la pérennité
de la société) faisait de la famille « le lieu privilégié du premier apprentissage des nécessités de la vie sociale : le
travail, l’obéissance, l’endurance » (5), lieu de « domestication » des pulsions organisé autour de l’autorité et du
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L’Encéphale, 2007 ; 33 : 293-9, cahier 1
devoir, avec des divisions socialement instituées de rôles,
liées aux différences de générations et de sexe. La pression sur les pulsions était imposée le plus souvent par le
père, fort de son autorité qu’il détenait par mandat de l’État
dans le cadre de sa fonction de chef de famille (chef du
gouvernement de la famille) et/ou, en son nom, par la
mère. Elle s’exerçait dans une permanence qui inscrivait
l’effet de la société sur le sujet dans la durée longue du
temps historique, signalé par la différence des générations, d’où des conditions favorables à des intériorisations
massives (et contraignantes) des modèles de conduites
comme des valeurs, des interdits comme des idéaux
sociaux, incarnés par les adultes dans leur maturité (10).
Ces repères étaient caractéristiques de l’organisation
sociale assise sur la primauté absolue du collectif sur l’individuel, le processus d’individualisation procédant de
manière descendante du collectif (État, nation, patrie, institution, famille, etc.) vers un individu qui ne prenait sens
que dans cette dépendance à un ensemble plus vaste (5).
Il y avait une préexistence et une préséance de la société
sur l’individu qui devait, en conséquence, longuement se
préparer pour y entrer. Quant aux modalités d’accès à
l’indépendance, elles passaient par le fait de quitter concrètement le domicile familial, pour s’affranchir d’une autorité paternelle, ce qui supposait l’accès à l’indépendance
financière (se marier, trouver un travail, etc.) et fonder une
famille.
De l’interaction entre l’enfant en développement et ce
fonctionnement socioculturel et familial résultait une personnalité de base « névrotico-normale » décrite par la
théorie analytique, dont les bases ont été élaborées à la
fin du XIXe et du début du XXe siècle à partir de l’observation
de ce type de personnalité et de ses achoppements développementaux (conduisant soit à certaines pathologies de
la personnalité – groupe C DSM IV-TR – soit aux troubles
névrotiques). À partir de l’observation d’enfants élevés
dans des familles caractérisées par une marginalisation
du père et de la fonction paternelle (articulation du désir
et de la loi afin de préserver intacte la question du désir
de l’Autre), certains auteurs concluaient que la structure
du patient était psychotique (forclusion du Nom du père),
la structuration névrotique n’ayant pu être atteinte. À côté
des névroses et des psychoses, les travaux de psychopathologie de la deuxième moitié du XXe siècle ont mis en
évidence des organisations de la personnalité regroupées
sous le vocable de personnalités pathologiques (état
limite, personnalité narcissique, etc., groupe B du DSM IVTR), chez de jeunes adultes élevés dans des organisations familiales atypiques, avec des liens pathologiques
entre l’enfant et les parents, de multiples discontinuités
des liens et des places et rôles problématiques des deux
parents.
Société post-moderne et famille contemporaine
Depuis trois décennies, des transformations sociales
ont bouleversé les institutions primaires, et en particulier
la famille conjugale décrite par Durkheim (7) qui est désormais désinstitutionnalisée. La conjugalité fondée de plus
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en plus sur les sentiments amoureux, sur la sexualité et
l’épanouissement de soi grâce à l’autre (25) s’est privatisée (contrat entre deux personnes), précarisée et interroge la question des genres. Les modifications de la place
de l’enfant sont profondes : il est maintenant programmé,
enfant du désir, avec la séparation de plus en plus forte
entre la sexualité et la reproduction, enfant rare (la plupart
des sociétés occidentales n’assurent plus le renouvellement de leur population), précieux, « fait » pour soi et pour
soutenir son narcissisme, considéré d’emblée comme une
personne à part entière. Les nouveaux soins et l’éducation
prodigués à l’enfant visent avant tout le respect de sa
liberté (portage du nourrisson lui donnant un maximum de
liberté, voiture d’enfant lui permettant de voir directement
le monde devant lui), l’épanouissement de ses potentialités, le renforcement de son individualité (80 % des
enfants de 8 ans choisissent leurs vêtements), en soutenant son expression pulsionnelle. Il en résulte que la socialisation est déléguée à l’École ou à d’autres institutions.
À cela, nous pouvons ajouter la mise en question générale
du principe d’autorité, associée au renversement du principe d’individualité qui part maintenant du singulier pour
s’universaliser (11), l’individuel primant sur le groupe
social, avec la sacralisation du désir individuel et de la
réussite (3). Les relations entre les sexes sont transformées par l’émancipation des femmes (études, travail, contraception), avec l’estompage des rôles sociaux et familiaux liés au sexe ou à l’âge, l’avènement de la parité entre
l’homme et la femme, avec la question du genre (c’est la
femme qui « fait » l’homme ou l’homme qui « fait » la
femme, comme le bébé « fait » la mère) qui ne se réalise
plus dans la rencontre avec l’autre genre, mais pour soi,
avec un partenaire de l’un ou l’autre sexe (voir la série télévisée « The L world », L pour Lesbian). Les relations familiales sont désormais fondées sur le consensus (symétrisation des relations entre parents et enfant) et elles sont
soumises à l’influence croissante et rapide sur la vie quotidienne et familiale des modèles et des valeurs, promus
par les médias, en particulier l’hédonisme. Les nouvelles
techniques de l’information et de la communication (NTIC)
entraînent l’apparition de nouveaux espaces de convivialité et d’échanges que les parents ne peuvent pas contrôler
(MSN, chats, blogs, Webcams, téléphone portable, sms),
avec de nouveaux loisirs (jeux de console, jeux en réseau,
jeux sur téléphone portable ou sur console portable, etc.)
conduisant à des modifications majeures de la sociabilité
et à un désinvestissement croissant de l’écrit remplacé par
la primauté de l’image.
L’équilibre des âges de la vie est modifié, avec l’extension de l’enfance (19), des adolescents de plus en plus
considérés comme des adultes « semi-indépendants »
(10), et enfin des adultes qui n’entrent dans la maturité
qu’à reculons (adolescence interminable). La socialisation
de l’enfant en est changée. La pression sociale sur les
mouvements pulsionnels passe par un mélange d’incitation, de séduction, de négociation, de menaces ou de
chantage, de violence et d’évitement. Mais d’autres modifications de l’environnement conduisent à transformer les
processus d’intériorisation comme l’élaboration des diffé-
Nouvelle société, nouvelles familles : nouvelle personnalité de base ?
rents complexes. Ainsi, la pression de socialisation doit
s’accommoder de la mobilité physique (repas au Mac Do),
attentionnelle (zapping télévisuel) et communicationnelle
(MSN, chat, téléphone portable) de l’enfant et de l’adolescent (et souvent du parent). Cette mobilité, soutenue par
l’exigence de spontanéité et d’authenticité de notre
société et par son offre croissante de stimulations, associée aux expériences subjectives itératives de discontinuité qui en découlent, est valorisée au détriment de la
continuité et du contrôle de soi, ressentis essentiellement
comme contraignants et désuets. De même, cette pression sociale pour le cadrage pulsionnel s’exerce dans un
espace social et familial structuré par une nouvelle temporalité qui ne s’embarrasse guère de la durée historique
et de ses contraintes. Cette temporalité, réduite pour
l’essentiel au présent, conduit à un vécu d’éternité fait
d’une succession d’instants juxtaposés, séparés les uns
des autres, sans lien subjectif. Le modèle temporel du récit
(23) qui découlait de l’analyse augustinienne du temps
(24) (le temps présent est triple, avec le futur représenté
dans le présent par l’attente, le passé représenté par l’histoire, et le moment actuel qui est l’instant qui passe) semble devenu caduc et se réduire maintenant à sa partie
médiane d’instant présent. Mobilité et nouvelle temporalité font de la coupure, du zapping, de la rupture, de la discontinuité, un mode d’être subjectif spécifique à notre époque que doivent prendre en compte les nouvelles formes
de cadrage pulsionnel qui se développent sur un sujet
dépourvu de l’expérience de la structure du temps historique dans un espace familial organisé autour du consensus, de l’hédonisme et de l’individualisme. Les conditions
des intériorisations intrapsychiques des interdits, idéaux
et modèles défendus par la société sont bouleversées,
avec pour conséquences leur affaiblissement.
Si la prohibition de l’inceste et les renoncements qu’elle
implique pour l’enfant sont toujours une base – la base –
du fonctionnement social, d’autres éléments participant à
l’élaboration des instances – Moi, Surmoi, Idéal du Moi –
ont été profondément modifiés. Il s’agit en particulier des
nouvelles pratiques de soins et d’éducation au cours des
premières années : l’environnement est sécurisé afin de
laisser l’enfant aussi libre que possible de se déplacer, le
soutien à sa spontanéité est constant et il y a peu de contraintes exercées pour l’apprentissage des règles de civilités et des manières de la table, souvent délaissées par
les parents, par respect de l’individualisme du jeune
enfant. Les contraintes sociales ne trouvent plus de relais
installés dans la psyché de ces sujets. Ceux-ci peuvent
en effet préserver de mieux en mieux la liberté de leur fonctionnement interne des influences pouvant s’imposer de
l’extérieur, lesquelles, autrefois relayées par les parents,
auraient conduit à des intériorisations contribuant à l’élaboration des prémices du Surmoi. Le soutien parental (et
de la société) à l’expression pulsionnelle précoce a remplacé le contrôle tatillon des comportements du jeune
enfant, désormais légitimés par la référence à l’hédonisme
et à l’épanouissement de soi. Tout est fait pour que les
richesses potentielles de l’enfant puissent s’épanouir. Et
c’est ainsi que toute intervention directive des parents ou
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A. Lazartigues et al.
de la société est considérée comme portant en elle un risque d’intrusion ou une menace d’entrave à son développement. Consécutivement, si l’enfant prend en compte les
incitations, les exigences des modèles proposés, c’est sur
un mode opératoire afin d’optimiser au mieux les actions
sur le réel social ou concret en fonction de fins purement
individualistes, ce qui conduit à une minoration de leurs
effets sur les intériorisations psychiques, et par là même
à une nouvelle économie psychique (20). On pourrait dire
que, des deux facteurs qui déterminent les modulations
des comportements de l’adulte, « les exigences de la
civilisation » et le Surmoi, il ne reste plus que les premières
qui doivent donc opérer en temps réel, directement sur les
comportements du sujet et souvent d’une manière concrète (caméras, bracelets électroniques, ralentisseurs,
ronds-points, insistance sur la transparence, etc.).
Description de la nouvelle personnalité de base
Ces nouvelles conditions du développement de l’enfant
conduisent à une nouvelle personnalité de base, aux instances modifiées dans leur configuration comme dans
l’équilibre d’ensemble. Le Surmoi semble avoir subi la
modification la plus profonde comme en témoigne la
réduction, voire la disparition de la culpabilité. Si les interdits sont bien connus, leur connaissance n’a pas la même
efficacité sur la modulation des comportements que leur
intériorisation dans le cadre d’une instance comme le Surmoi. Dans le cadre de la relation d’objet, apparaît une
dépendance importante à l’environnement. Il s’agit
d’abord de la dépendance à l’égard des objets d’amour
dont l’absence est supportée avec difficulté, sauf à disposer des moyens de rester « branché » sur eux par tous
les dispositifs actuels de connexion (portable, chat, MSN,
blog, etc.). La tentation de l’emprise sur l’autre semble
importante, d’autant plus vive qu’elle est un moyen de lutter contre la menace de le voir échapper. Ces constats
posent la question de la qualité des intériorisations des
objets internes et de celle des imagos.
Qui sont les autres dans ce nouveau jeu relationnel ?
« Les autres représentent des choix faits par le sujet en
tant que possibles objets de satisfaction alors que le sujet
se propose lui-même comme un objet possible de satisfaction. Il en résulte des relations fondées sur un effort
constant de séduction… » (3). Ce qui est recherché dans
ce nouveau lien social, serait-ce la réalisation de la
« mêmeté », d’avoir affaire à un autre qui ne soit qu’un
même, le même qui vienne conforter le sujet dans son
identité (21) ? Les modèles d’identification du jeune ont
changé. Les identifications aux pairs sont prévalentes et
non plus au père ou alors au père devenu pair par une
sorte d’inversion des phénomènes identificatoires au sein
d’une société effaçant les frontières entre les générations.
L’intolérance à la frustration rend les interactions difficiles avec l’objet d’amour dont les manifestations d’altérité
peuvent rapidement être ressenties comme persécutrices. La dépendance aux stimulations externes est importante, comme en témoigne le besoin de jouer à des jeux
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de consoles portables (« game boy ») ou sur le téléphone
portable lors des attentes (déplacements, salle d’attente,
file d’attente, etc.), de passer des heures à des jeux de
simulations, en réseau ou solitaire, d’aller chercher de
façon compulsive sur Internet les « dernières nouvelles ».
Les angoisses d’abandon paraissent pouvoir affleurer à
tout moment, comme des affects dépressifs lors des frustrations importantes ou des déceptions sentimentales.
Cette nouvelle personnalité de base est étayée sur
l’individualisme, l’hédonisme, et la centration du sujet sur
lui-même et non pas comme élément appartenant à un
groupe social. « Au lieu de la discipline et de l’obéissance,
l’indépendance à l’égard des contraintes sociales et
l’étayage sur soi ; au lieu de la finitude et du destin auquel
il faut s’adapter, l’idée que tout est possible ; au lieu de la
vieille culpabilité bourgeoise et de la lutte pour s’affranchir
de la loi des pères (Œdipe), la peur de ne pas être à la
hauteur, le vide et l’impuissance qui en résultent (Narcisse). La figure du sujet en sort largement modifiée : il
s’agit désormais d’être semblable à soi-même » (8).
La place des affects dans cette nouvelle personnalité
de base est majorée. L’individu se caractérise par une sensibilité narcissique à fleur de peau. Il est perpétuellement
en quête d’objets physiques ou sociaux lui renvoyant une
haute image de lui-même, renforçant la dimension mégalomaniaque de son Idéal du Moi à considérer plutôt
comme un Moi idéal. Il fonctionne dans un registre plus
pulsionnel, impliquant un Moi peu censuré par un Surmoi
qui se délite sous les coups de butoir de la recherche dominante et insistante du plaisir immédiat. Le sujet, se sentant
souvent frustré, situation qu’il tolère mal, acceptant mal
un délai entre l’expression de ses désirs et leur réalisation,
s’inscrit résolument dans l’immédiateté du temps. Houellebecq, dans Les Particules élémentaires (2001) ou dans
Plateforme (2002), met très bien en scène ces sujets isolés, fuyant leur impression de vide par la recherche constante de sensations et du regard de l’autre pour retrouver
la sensation d’exister.
Cette nouvelle personnalité de base que nous proposons d’appeler narcissico-hédoniste peut donner l’apparence d’une normalité trompeuse chez un sujet autonome
et auto-référent, porté par la recherche du plaisir et la
réalisation de soi dans tous les registres du quotidien.
Cependant, le consensus qui a organisé ses relations
intrafamiliales et intergénérationnelles a réduit l’efficacité
des instances classiques et induit la mise en place de
« l’instance assertive » (19). Les introjections des objets
primaires qui donnent d’ordinaire au sujet la possibilité
d’intérioriser un modèle interne d’attachement sécurisant
n’ont pu s’établir de façon satisfaisante, favorisant l’émergence d’une problématique de dépendance aux objets
externes. « Le monde est de ce fait constitué pour lui
d’objets non hiérarchisés aux valeurs relatives tributaires
de leurs caractéristiques immédiates et de leur valeur
affective du moment » (15), ce qui fragilise le lien à l’autre,
devenu temporaire et précaire.
L’Encéphale, 2007 ; 33 : 293-9, cahier 1
Nouvelle société, nouvelles familles : nouvelle personnalité de base ?
Quelques orientations pour les pathologies
liées à la nouvelle personnalité de base
Références
Cette nouvelle personnalité de base produirait dans ses
avatars une expression symptomatique (2, 8) selon trois
axes possibles :
1) L’axe passivité-dépendance, avec une grande fragilité narcissique, aux risques élevés de décompensation
dépressive (8).
2) L’axe pervers-narcissique, avec des sujets sans culpabilité, utilisant au mieux de leurs intérêts les autres,
grâce à leur intelligence des situations sociales et leur
séduction, sans empathie réelle.
3) L’axe psychopathie a minima (« petit psychopathe ») : ce sont ces personnes capables de s’intégrer
dans une structure sociale, pour des périodes brèves,
changeant fréquemment d’emplois, de lieu de vie, de
région ou de pays, et ce dans la discontinuité relationnelle
avec des partenaires nombreux et changeants, ne pouvant supporter que des engagements brefs, très sensibles
aux gratifications immédiates.
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CONCLUSION
Les expressions pathologiques décrites ci-dessus ne
sont pas à proprement parler nouvelles dans leurs manifestations symptomatiques. En effet, les avatars pathologiques de la personnalité névrotico-normale se déclinaient selon les trois registres habituels (anxio-phobique,
obsessionnel, hystérique). Des pathologies limites de la
personnalité, des troubles narcissiques, des psychopathies existaient, mais elles apparaissaient chez des
patients dont la biographie était marquée par un élevage
dans des familles à problèmes multiples au sein desquelles des événements de vie à valeur traumatique étaient
nombreux, des carences sévères, affectives comme éducatives, des maltraitances intrafamiliales prolongées,
sexuelles, physiques ou psychologiques. Nous trouvions,
pour une part mineure, des états psychotiques venant
décompenser des personnalités psychotiques compensées.
Nous aborderons dans un article ultérieur la description
clinique de certains de ces avatars pathologiques de la
nouvelle personnalité de base.
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