Clowns de science | Agence Science-Presse
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Clowns de science | Agence Science-Presse 1 sur 1 http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2012/11/30/clowns-science Parce que tout le monde s'intéresse à la science Accueil Articles Communauté Publicité Actualité Facebook Twitter Courriel Clowns de science Anne Fleischman, le 30 novembre 2012, 13h13 (Agence Science-Presse) «Si on met un nez rouge à un scientifique, le résultat risque d’être médiocre. Mais quand un vrai clown fait réfléchir aux relations science et société, le résultat est étonnant…» Étonnant? Le thème du festival Des clowns et des sciences l’était tout autant. Au printemps 2012, à Paris, des dizaines de curieux ont pourtant assisté à la première édition de cet évènement humoristique décalé. En marge, un colloque sur l’univers croisé des clowns et de la science a permis de faire murir une idée chère à Richard-Emmanuel Eastes, l’un des organisateurs: le clown est un formidable médiateur des sciences. Un principe a priori saugrenu pour qui n’y a jamais réfléchi. Richard-Emmanuel Eastes, lui, est un spécialiste. Professeur agrégé de chimie à l’École normale supérieure, il est aussi fondateur de l’association Les Atomes Crochus qui produit, depuis plus de 10 ans, des actions de formation et de médiation scientifique ludiques et spectaculaires, du haïku au rap de science, en passant par le jonglage et le multimédia scientifique. Autocensure Cliquer sur la photo pour agrandir Des clowns de science dans les maisons de retraite? Travailler la confiance en soi des élèves avec des clowns a donné l’idée au fondateur des Atomes Crochus d’explorer cette dimension avec les personnages âgés. «S’il y a bien des lieux où les gens sont constamment face à leur impuissance, ce sont les maisons de retraite et les hôpitaux gériatriques. Les personnes qui y séjournent sont en situation d’échec permanent parce qu’elles ne peuvent même plus prendre soin d’elles-mêmes. Le travail sur l’autocensure vis-à-vis de la connaissance avec les clowns de science serait une bonne voie à explorer avec ces publics...» Pour en savoir plus: - Les Atomes Crochus. «Le clown n’est pas nécessairement le personnage le plus approprié pour faire passer des contenus scientifiques, explique-t-il d’emblée. Il n’est d’ailleurs souvent pas un très bon vulgarisateur. Par contre, c’est un personnage extraordinaire pour interroger nos liens avec la connaissance. Il permet bien sûr de dédramatiser la science, mais il permet aussi et surtout de lutter contre l’autocensure des enfants vis-à-vis du savoir.» Un aspect fondamental dans une société qui met la connaissance scientifique et technologique sur un piédestal souvent bien intimidant. «Quand on met en scène un scientifique, même un comédien, il parle toujours du haut de son savoir, car il possède une connaissance à laquelle le public n’a pas accès, poursuit monsieur Eastes. Le clown, au contraire, parle du bas de sa naïveté. Il progresse toujours un petit peu moins vite que son public parce qu’il est naïf, qu’il expérimente, se trompe, fait des bêtises. Le scientifique, réel ou fictif, va essayer de tirer son public à lui. Le clown, lui, pousse son public devant lui. Dès lors, n’importe quel enfant, même en difficulté, se sent intelligent face au clown de science.» - L’île Logique. Le concept d’erreur, qui est au cœur de la démarche scientifique, est par exemple un terrain de jeu idéal pour le personnage du clown qui l’utilisera pour désinhiber les enfants face à leurs propres erreurs. «Le clown se sert de l’erreur pour progresser. Au début, il la vit comme un échec, ce qui fait rire, d’autant plus que souvent quand il se trompe, le public l’a perçu avant lui. C’est excellent pour l’estime de soi et pour lutter contre l’autocensure qui est souvent centrale dans les problèmes d’apprentissage.» La science tenue à distance Même si certaines compagnies de clowns utilisent ces personnages pour passer des contenus scientifiques —comme L’Île Logique, qui co-organisait le festival avec Les Atomes Crochus—, il semblerait que ce personnage malhabile et toujours enclin à faire des gaffes gagne à être utilisé comme médiateur. «C’est ce qui fait la différence entre un clown scientifique et un clown de science. Le premier passe de la matière, alors que le second est utilisé comme un prétexte pour faire réfléchir.» Dans le cadre d’un spectacle de clowns, l’image du scientifique en sarrau blanc n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle du clown blanc triste et sérieux. Un parallèle qu’a déjà expérimenté Richard-Emmanuel Eastes à l’époque où Les Atomes Crochus proposait des spectacles mettant en scène à la fois un scientifique et un clown farceur. «On a vite arrêté cette formule. D’abord, l’embauche de deux comédiens revenait trop cher, notamment pour les écoles. On s’est aussi rendu compte que, spontanément, les enfants vouvoyaient le scientifique et tutoyaient le clown, ce qui n’était pas l’idée! Et puis, quand le scientifique est sur scène, on donne trop d’importance au savoir, alors que quand on a juste un clown, la science est mise à distance.» En pratique, les formules sont nombreuses: le scientifique peut par exemple téléphoner au clown, ou lui laisser son cahier de laboratoire. Une autre formule de la compagnie Ursule Fabule consiste à faire ouvrir au clown un paquet contenant des produits chimiques et à remettre aux spectateurs, à la sortie, une fiche d’information à caractère scientifique que les enseignants pourront éventuellement utiliser en classe 03/12/2012 10:44