HABEMUS PAPAM Nanni Moretti, France, Italie, 2011 À partir de 10

Transcription

HABEMUS PAPAM Nanni Moretti, France, Italie, 2011 À partir de 10
HABEMUS PAPAM
Nanni Moretti, France, Italie, 2011
À partir de 10 ans
Conseillé pour les 11 ans et plus
Nanni Moretti est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur italien né en
1953. Il est devenu un cinéaste culte aussi bien dans son pays qu’à l’étranger.
Ses films sont emblématiques du cinéma italien de gauche, affichant une
critique sociale prononcée. Autodidacte, il réalise à 20 ans deux courtmétrages, Paté de bourgeois et La sconfitta. Il débute dans le long-métrage
peu après avec un film Je suis un autarcique, où il joue également le rôle
principal, une constante dans sa filmographie.
PRIX :
David di Donatello du meilleur acteur en 2012
Nastri d’Argent (Prix de la presse italienne) en 2011 : Prix du meilleur film,
meilleur sujet, meilleure photographie, meilleurs décors, meilleurs costumes,
meilleure production
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FILMOGRAPHIE :
1976 : Je suis un autarcique
1978 : Ecce Bombo
1981 : Sogni d'oro
1983 : Bianca
1985 : La messe est finie
1989 : Palombella rossa
1994 : Journal intime
1998 : Aprile
2001 : La Chambre du fils
2006 : Le Caïman
2011 : Habemus Papam
2015 : Mia madre
Courts métrages
1973 : La sconfitta
1973 : Pâté de bourgeois
1974 : Come parli frate?
1990 : La cosa
1994 : L'unico paese al mondo
1996 : Il giorno della prima di Close-Up
2002 : The Last Customer
2003 : Il grido d'angoscia dell'uccello predatore – Tagli d'Aprile
2007 : Diario di uno spettatore
2008 : Film Quiz
TAGS : religion, foi, responsabilité, doutes, humour
BANDE-ANNONCE : https://www.youtube.com/watch?v=Bw9FgT-qr5E
SYNOPSIS :
Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d'élire son successeur.
Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s'élève la fumée blanche.
Enfin, un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint Pierre
attendent en vain l'apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce
dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d'une telle responsabilité.
Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde
entier est bientôt en proie à l'inquiétude tandis qu'au Vatican, on cherche des
solutions pour surmonter la crise...
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EXTRAIT INTERVIEW AVEC LE RÉALISATEUR :
Quelles étaient vos intentions avec Habemus papam ?
Je voulais parler d’un homme fragile, le cardinal Melville, qui se sent en
inadéquation par rapport au pouvoir et au rôle qu’il est appelé à jouer, et je
voulais le faire dans le cadre d’une comédie. Et puis, je voulais aborder le
personnage que je joue, le tournoi de volley-ball, le manque d’attention,
l’amour de Melville pour le théâtre. Au début du projet, le pape avait même
une sœur actrice. Mais nous l’avons fait mourir et elle est seulement
mentionnée dans le film. Quoi qu’il en soit, je pense que ce sentiment
d’inadéquation est partagé par tous les cardinaux nouvellement élus papes,
ou tout du moins c’est ce qui se dit.
Comment s’est déroulée la rencontre avec Michel Piccoli?
Je lui ai demandé de faire un essai, en italien, pour six scènes. Il a accepté.
Alors, je suis allé à Paris. C’était le 14 août 2009. Nous avons essayé et
immédiatement après, je lui ai dit que je serais très heureux s’il jouait dans
mon film. Je savais que Piccoli était un excellent acteur, mais quand j’ai vu le
film pour la première fois en salle, entièrement monté, je me suis rendu
compte à quel point il avait réussi à incarner le personnage, avec ses
silences, ses expressions et sa démarche.
La représentation aussi affectueuse et humaine des cardinaux était-elle
prévue dès le départ ?
Pendant l’écriture, nous nous sommes pris d’affection pour quelques
cardinaux : le compétitif, le préféré, l’archidiacre qui prend le calmant le plus
fort. Il y avait aussi des acteurs non professionnels comme le cardinal chilien,
l’un des participants à la partie de cartes, qui est en réalité un figurant ayant
un tout autre métier dans la vie. Sur le plateau, scène après scène, j’ai
compris sur quels non professionnels il fallait se concentrer et les faire devenir
des personnages. Je voudrais aussi souligner qu’il y a un an, les journaux ont
évoqué pendant plusieurs semaines des scandales impliquant l’Eglise.
Pendant la phase d’écriture du scénario et durant le tournage, j’ai choisi de ne
pas me laisser embarquer par ces événements. Qui voulait savoir a su. Le
film est une toute autre chose.
THÉMATIQUES ET INTERPRÉTATIONS
Une présentation théâtrale du Vatican
Habemus Papam est un film à caractère théâtral. Une référence à La
Mouette d’Anton Tchekhov peut l’indiquer. Cette théâtralité se perçoit dans
l’omniprésence de l’interprétation. Que ce soit les rituels, les cérémonies,
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l’interprétation de la bible par le psychanalyste, ou encore, comment le public
interprète les discours médiatiques, le Vatican fonctionne comme un huis
clos où ses résidents sont mis en scène. Les rideaux rouges s’apparentent à
la scène théâtrale, où le rôle du Pape semble presque chercher à divertir
plutôt qu’à diriger. D’ailleurs, le nouveau Pape élu, Melville (Michel Piccoli)
aurait souhaité être acteur dans une autre vie. L’entraînement à son discours
dans les transports publics de Rome imite la répétition des lignes d’un
comédien. La foule agitée en attente d’un discours renvoie également à
l’image des spectateurs désireux d’une représentation. Les répétitions des
marches des gardes suisses relèvent une forme de chorégraphie. Enfin, les
manifestations d’humour dans le film présentent l’univers du Vatican comme
une comédie. Le cardinal est gaguesque :, glouton devant sa télévision, il
semble tiré d’une scène de comédie. La séance de psychanalyse évoque
pour sa part la confession à l’Église. La théâtralité du film réside dans cette
représentation comique du Vatican.
Le rôle des médias dans le film et en Italie
Sous couvert d’initier ses spectateurs au monde ecclésiastique, Nanni
Moretti en profite pour peindre une critique des médias italiens. Les médias
sont représentés comme particulièrement oppressants et omniprésents. Ils
prennent plusieurs formes : radios, télévisions, live…et courent les lieux :
dans les bars, dans les voitures, en dehors et au sein même du Vatican. Ce
débordement est couplé d’une intrusion. Lors d’une des premières scènes, la
«voix-off» autoritaire qui domine l’image en présentant les cardinaux s’avère
être celle des journalistes. Leurs manières frénétiques ressortent, en
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contraste avec le calme qui se lit sur les visages des cardinaux. Les médias
sont mensongers ou dépourvus d’informations : « Ces rumeurs n’ont pas
encore été démenties par le Saint-Siège. » Ainsi, un rapprochement peut être
effectué entre les médias et la téléréalité italienne. Cela fait écho à un autre
film de Nanni Moretti Le Caïman qui dresse une critique du régime de
Berlusconi et son monopole sur la télévision italienne.
Une satire de la psychanalyse ?
Le film tire également son comique du tableau satirique dressé de la
psychanalyse. Nanni Moretti, en temps que psychanalyste, n’offre
aucunement une analyse subtile, mais réitère de manière gaguesque les
stéréotypes de la psychanalyse : la mère, le manque d’affection ou encore
l’élément perturbateur pendant la jeunesse. La satire se construit autour de la
subversion de la scène lorsque le psychanalyste ressent le besoin de s’ouvrir
aux membres du Vatican. Le renversement des rôles témoigne du manque de
professionnalisme du psychanalyste. Le comique se retrouve également dans
la présentation caricaturée de tous les remèdes antipsychotiques. L’ironie est
à son comble avec la proposition d’un sport collectif -le volleyball- comme
remède bien plus efficace que la psychanalyse.
PISTES DE RÉFLEXION POUR LES ÉLÈVES
Qu’avez-vous découvert sur l’univers du Vatican ? Qu’elle est l’utilité de la
« fumée noire » ?
Trouvez quatre éléments théâtraux dans cette représentation du Vatican.
Quelle représentation de l’Eglise aujourd’hui Nanni Moretti cherche-t-il à nous
donner à travers le personnage du Pape (Michel Piccoli) ?
À quoi renvoient les cliquetis des stylos lors de l’élection ? Que cela peut-il
nous dire sur les conditions de l’élection du Pape ?
Le réalisateur semble-t-il blâmer ou faire un éloge de la psychanalyse ?
Quelles sont les scènes humoristiques et comment sont-elles traitées ?
POUR ALLER PLUS LOIN
Interview avec Nanni Moretti
https://www.youtube.com/watch?v=0TIK8T9p-KA
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