Entretien avec Francis Canterini, Président de France Parrainages

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Entretien avec Francis Canterini, Président de France Parrainages
Entretien avec Francis Canterini, Président de
France Parrainages
Nous avons rencontré Francis Canterini, nouveau Président de France Parrainages, élu le 7 juillet 2015.
Portrait d’un homme engagé, volontaire et concret.
Bonjour Monsieur Canterini, vous venez d’être élu
Président de France Parrainages. Vous succédez à
Jacques Bellet. Félicitations pour cette
nomination. Quelles sont vos impressions ?
En participant comme observateur au Conseil
d’administration pendant plus d’une année, j’ai pu
apprécier les enjeux de notre association, ses
forces et notamment l’engagement du personnel,
des parrains et des bénévoles, mais aussi les
challenges très importants auxquels nous devons
faire face, tant en termes de fonctionnement que
de développement.
Jacques Bellet laisse, au terme de son mandat, un
héritage important et des bases solides sur
lesquelles tous ensemble nous allons pouvoir poursuivre le développement de France Parrainages. À
titre personnel, je voudrais le remercier pour la confiance qu’il m’a témoignée au cours des douze
derniers mois et pour son engagement permanent dans cette période de transition. Son attitude a été
pour moi vraiment exemplaire et je suis rassuré de savoir pouvoir compter sur ses précieux conseils
dans le futur.
Beaucoup d’hommes et de femmes impliqués dans l’association ne vous connaissent pas encore.
Quel est votre parcours individuel ?
J’aurai bientôt 68 ans, je suis marié et j’ai trois enfants et deux petits enfants.
Après des études universitaires d’économie, la première partie de ma carrière s’est déroulée dans des
pays en développement où j’ai enseigné et puis géré des projets pour le compte d’un établissement
public français en charge de l’aide à ces pays.
Au début des années 90, j’ai rejoint le monde de la banque où j’ai occupé pendant près de 25 ans des
fonctions très variées en France et à l’étranger ; mes deux derniers postes ayant été ceux de
Responsable des risques d’un grand groupe bancaire et puis de Directeur Général Délégué de la
banque d’investissement de ce même groupe.
Pour quelle raison vous engagez-vous aujourd’hui pour la cause de l’enfance à travers le parrainage ?
Après mon départ en retraite, il y a un peu plus d’un an, j’ai eu envie de consacrer mon énergie et mon
temps à la cause des enfants dont j’avais pu voir la précarité lors de mes séjours professionnels en
Afrique centrale notamment. Mais elle est aussi très présente dans notre pays.
Pourquoi avoir choisi France Parrainages et selon vous, qu’est-ce qui la différencie des autres
associations de parrainage d’enfant ?
J’ai trouvé à France Parrainages dans l’accueil qui m’a été fait par Jacques Bellet, les équipes et
l’ensemble des administrateurs, une association dont le type d’action et le niveau d’engagement
correspondent à mes attentes et ma volonté d’implication.
C’est la seule association qui agit « ici et là-bas », reconnaissant ainsi que la fragilité des enfants n’est
pas uniquement liée à la richesse des pays dans lesquels ils se trouvent.
Comment concevez-vous votre fonction de Président ?
Je connais les responsabilités qu’implique la fonction de président et je m’engage à les assumer
complètement. Mais en même temps, je sais aussi que tout seul on ne peut faire que peu de choses.
C’est pour cela que je souhaite travailler avec le conseil d’administration, les adhérents, l’ensemble du
personnel de l’association, les parrains et bénévoles pour qu‘ensemble nous soyons capables de
prendre les décisions et de mettre en place les actions nécessaires pour permettre le développement
de France Parrainages.
Vous étiez dans un groupe bancaire et vous devenez Président d’une association de parrainages
d’enfants. Ce sont des logiques très différentes, comment allez-vous passer de l’une à l’autre ?
Tout d’abord laissez-moi vous dire que je suis tout à fait conscient des différences entre une entreprise
et une association et c’est en pleine connaissance de cause que je me suis investi dans l’associatif.
Les valeurs de solidarité, l’absence de but lucratif, la coexistence de salariés et de bénévoles, la
recherche constante de financements sont les sujets de tous les jours des associations. Ils ne
caractérisent pas l’entreprise.
Si les entreprises et les associations représentent deux mondes qui ont des cultures et des finalités très
différentes, cela n’enlève en rien à la nécessité d’adopter les modalités de gestion et de contrôle
permettant d’assurer la pérennité de l’association.
Pour cela, une association doit elle aussi anticiper les évolutions de contextes économiques et
réglementaires : cela requiert une approche organisée et rigoureuse concernant les sources de
financement, la gestion des projets, la nécessité d’un budget équilibré.
Par ailleurs, l’association a aussi besoin des financements que peuvent leur apporter les entreprises,
par le biais de leurs Fondations notamment. Par exemple depuis plus de 15 ans, LCL puis plus tard la
Fondation LCL, apportent un très grand soutien à France Parrainages.
Dans un contexte socio-économique national et international complexe, quelles sont vos
préconisations en terme d’accompagnement à l’enfance ?
France Parrainages allie le parrainage international avec celui de proximité, deux approches différentes
qui ont leur logique propre mais aussi de nombreux points communs.
En termes de parrainage international, notre action combine un apport financier local indispensable
avec une relation individualisée qui a pour objectif de donner à l’enfant un point de référence. Au-delà
des euros reçus, une relation se crée avec le but de donner confiance à l’enfant et de lui permettre
d’imaginer un monde différent, meilleur. Le contexte économique actuel ne fait que croître le nombre
d’enfants en attente de parrainage.
En France, si notre action n’a pas la même finalité pécuniaire, elle poursuit la même logique
d’accompagnement. Le parrainage de proximité c’est, par le temps et la disponibilité accordés aux
enfants, les aider à construire leur avenir. En France aussi, la précarité infantile a beaucoup augmenté :
de nombreux enfants sont en attente de parrainage !
Quelles valeurs souhaitez-vous porter aux enfants démunis aussi bien en France qu’à
l’international ?
En 1924, la Déclaration de Genève affirmait que « L’humanité doit donner à l’enfant ce qu’elle a de
meilleur ». Hélas, la réalité quotidienne est très différente et bien souvent les enfants n’ont pas les
moyens de grandir dignement et leurs besoins fondamentaux ne sont pas assurés.
Je considère que ce que nous devons apporter aux enfants va bien au-delà de la générosité matérielle,
nécessaire mais pas suffisante. Il est important que, en France ou à l’étranger, nos actions aient pour
but la création de liens de réciprocité et s’inscrivent dans le respect des enfants, de leurs parents et de
leur culture.
La réussite d’un parrainage c’est lorsqu’on a pu aider l’enfant à devenir un adulte autonome et
responsable.
Que pensez-vous de l’adhésion solidaire récemment mise en place par l’association ?
Adhérer à l’association cela témoigne d’une démarche multiple.
Sur le plan financier, la cotisation participe, au même titre que d’autres actions de collecte, au budget
de France Parrainages et contribue à son équilibre.
Mais cette cotisation ne doit pas être assimilée à un don. Elle est pour l’adhérent le véritable
fondement de sa participation au devenir de l’association.
Il va pouvoir partager avec les autres acteurs solidaires ses idées sur le développement, les actions qui
doivent être engagées. Lors des assemblées générales annuelles auxquelles il sera convié, du fait de
son statut d’adhérent, il pourra s’exprimer par son vote sur les réalisations et sur les projets de
l’association. Adhérer, c’est affirmer être fortement attaché aux valeurs de l’association.
Un dernier mot pour nos lecteurs : parrains, marraines, adhérents, bénévoles, donateurs, salariés et
autres amis de France Parrainages ?
Graham Greene a dit « Il y a toujours dans notre enfance, un moment où la porte s’ouvre et laisse
entrer l’avenir. » J’ai vraiment envie que France Parrainages soit un des moyens d’ouvrir cette porte
et cela ne se fera que grâce à vous tous.
Merci !
L’équipe de rédaction de France Parrainages