Divers scénarios examinés en attendant les
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Divers scénarios examinés en attendant les
Lundi 14 mai 2012 | Numéro 92 | Créé en 1950 | Vendu en kiosques et par abonnement | Prix 4,50 CHF (TVA 2,5% incl.) - 3,00 EUR | [email protected] | Rédacteur en chef: François Schaller L’ACCIDENT DE TRADING DE JP MORGAN Modus operandi d’une banque systémique PAGE 23 JA-PP/JOURNAL — CASE POSTALE 5031 — CH-1002 LAUSANNE DOW JONES 12820.59 12890 12860 12830 12800 +0.48% -0.27% GROUPE DE TRADING GUNVOR À GENÈVE Controverse sur le marché du pétrole PAGE 5 ÉVOLUTION DE LA COTATION D’AIRESIS La perspective entrepreneuriale PAGE 9 FABER ET LES INDICES AMÉRICAINS 1987 comme ultime horizon PAGE 13 SÉLECTIONNEURS INDÉPENDANTS DE FONDS L’organisation professionnelle PAGE 4 REVERS POUR LE GROUPE VITOL À GENÈVE Important contrat annulé PAGE 5 GRÈCE ET MARCHÉ DES CHANGES La grande peur d’une contagion PAGE 12 RECAPITALISATIONS BANCAIRES EN ESPAGNE Divers scénarios examinés en attendant les législatives Il n’y a pas de choix facile pour les ressortissants français envisageant de déplacer des avoirs ou de s’exiler. MOHAMMAD FARROKH «Des clients m’ont appelé au lendemain du second tour pour annuler des rendez-vous pris en vue d’une procédure de régularisation», relève Remi Dhonneur. L’avocat fiscaliste de Kramer Levin Naftalis & Frankel, à Paris, parle d’un lourd climat d’attentisme une semaine après l’élection, renforcé par la défaite relativement courte de Nicolas Sarkozy. Faute de majorité de gauche à l’Assemblée nationale, François Hollande ne pourrait faire passer sa batterie de mesures fiscales programmée en juillet déjà. Philippe Kenel, avocat à Genève et Bruxelles, observe le même genre d’attitude de la part de clients bancaires n’ayant pas déjà pris les devants: «De janvier à mi-avril, j’ai déjà délocalisé dix à quinze personnes.» La suite dépendra du résultat des législatives de juin, l’hypothèse la plus basse étant celle d’un Parti socialiste contraint de gouverner avec l’extrême-gauche. «Mais c’est une attente active», précise Eric Ginter, avocat de STC Partners à Paris. «Les intéressés s’informent des dispositions envisageables et des destinations possibles». Il y a la Belgique, la Suisse, le Luxembourg, le Royaume-Uni, le Canada, le Maroc, pour ne citer que les principales. «Nous parlons de gens qui ont des fonds déclarés.» Non que l’argent non déclaré n’existe pas, mais il ne se BLOOMBERG SMI 5954.87 5970 5940 5910 5880 FRANCOIS HOLLANDE. Une énigme par rapport à la faisabilité politique des mesures annoncées pendant la campagne présidentielle. trouve plus personne pour en parler ouvertement. Si tout le monde n’a pas déplacé des avoirs tout de suite, déclarés ou non, c’est que ce n’est pas facile. En attendant de se délocaliser eux- mêmes, certains ont déjà fait transférer d’importants montants entre les deux tours dans des établissements suisses, comme le relève Franco Foglia, avocat à Genève. «Des familles françaises fortunées s’intéressent à la Suisse, en particulier au canton de Vaud.». Un intérêt d’autant plus remarquable que, comme le précise Carlo Lombardini, autre avocat de la place, la plupart des banques refusent d’accepter les clients non déclarés. «C’est devenu dangereux.» Juridiquement, les risques sont bien réels: démarchage illégal, complicité d’évasion fiscale, blanchiment. «Si j’étais Français avec des avoirs non déclarés, j’irais évidemment ailleurs qu’en Suisse.» SUITE PAGE 7 Les premiers montants connus PAGE 24 ÉDITORIAL CHRISTIAN AFFOLTER PRODUITS STRUCTURÉS PAGE 14 L’offre dédiée aux propriétaires JEAN-RENÉ SAILLARD. Président pour le marché francophone. Netjets présente à EBACE (Genève) les nouveaux services rendant plus avantageuse la possession d’un jet. En Europe, un nombre apparemment croissant de propriétaires d’avions privés s’interrogent sur la pertinence de les garder. Les aléas conjoncturels provoquent des sous-utilisation d’appareils personnels. Plutôt que de céder Sonavion, le leader mondial de l’aviation d’affaires NetJets Europe invite ces propriétaires à entrer dans son programme de propriété fractionnée. Pour cela, l’opérateur a créé une nouvelle division, NetJets Aircraft Management, dont le but est de permettre aux propriétaires de bénéficier des ressources du groupe pour en optimiser la gestion. Des services qui vont du recrutement de personnel aérien à la maintenance, en passant par le planning de vol ou encore la formation d’équipes dédiées. «Les propriétaires auront la possibilité d’utiliser les services de NetJets simplement en confiant la gestion de l’appareil ou en combinant cette option avec celle consistant à autoriser NetJets Europe à utiliser l’avion, augmentant ainsi la capacité de notre offre tout en fournissant aux propriétaires une source supplémentaire de revenus», a précisé Marine Eugène, vice-présidente de NetJets Europe, hier à Genève, à l’occasion du salon de l’aviation EBACE, qui ouvre ses portes aujourd’hui jusqu’à mercredi prochain. PAGE 6 Limites dans la gestion des risques Les conséquences de la nouvelle affaire de trading, dans le groupe JP Morgan cette fois, vont bien audelà de la perte de deux milliards de dollars annoncée jusqu’à présent. Sur un volume sous gestion de 360 milliards, cette somme s’apparente même à une quantité négligeable. L’établissement devrait pouvoir l’absorber sans problèmes, même si des pertes supplémentaires ne sont pas à exclure. Mais le choc psychologique généré par cette affaire semble énorme. L’établissement passait jusqu’ici pour la référence en matière de gestion de risques bancaires. Vouloir revenir sur le recours à des instruments dérivés – spéculatifs et trop complexes pour exclure que des évolutions imprévues aient des conséquences systémiques fatales – serait trop hâtive et simpliste. Il reste le sentiment d’une perte de maîtrise, doublée d’une perversion étrange. Tant pour JP Morgan que pour UBS ou encore Société Générale, les pertes ont été générées dans des unités dont la mission est de limiter les risques en appliquant des stratégies de couverture. Les montants engagés atteignent néanmoins des dimensions colossales, en raison des marges à priori très basses. Ce qui rend la frontière entre couverture des risques et paris spéculatifs toujours plus floue, et semble aussi avoir inspiré une certaine indulgence au niveau des contrôles. Si la probabilité d’enregistrer des pertes peut paraître faible, les cas survenus jusqu’ici ont pourtant en commun d’avoir généré des dégâts chiffrés à chaque fois à plusieurs milliards. Ceci au sein de grands établissements disposant à priori de systèmes d’évaluation des risques très sophistiqués. Le cas de Bruno Iksil est juste le troisième (après Kweku Adoboli et Jérôme Kerviel) où des instruments cherchant à répliquer fidèlement les changements de prix de sous-jacents titres ou dérivés sans être obligé de les acheter directement jouent un rôle central. Une approche qui s’est développée grâce à une lacune dans la législation: le Delta One Trading n’est pas touché par la Volcker Rule, l’interdiction des transactions pour compte propre. La négociation de ces opérations se fait en grande partie de gré à gré, pas sur les marchés. Cette nouvelle affaire montre qu’elles sont incontrôlables. Ce qui est certain en revanche, c’est que les acteurs sanctionnent impitoyablement toute prise de position trop importante, voire la tentative d’influencer un marché. Comme le trader de JP Morgan l’a fait avec 100 milliards de dollars placés dans une seule tranche d’un indice de CDS (dérivés sur risque de crédit) sur 125 sociétés américaines notées non-spéculatives. La fin d’un symbole industriel Ou comment la mythique électronique japonaise est tombée de son piédestal. HENRI SCHWAMM* L’industrie électronique, longtemps symbole de la puissance économique japonaise, est devenue un souci majeur pour ses représentants et pour le pays. Face à ses concurrents sud-coréens et taïwanais, elle accumule les pertes et semble condamnée au déclin. Dans un sursaut de dernière chance, et sous la houlette de son nouveau CEO Kazuo Hirai, le groupe emblématique Sony tente un retour à la rentabilité. Sans garantie de succès. La crise que traverse cette industrie est la plus grave de son histoire. Un changement de cap radical s’impose. Abstraction faite de quel- ques idées générales, une nouvelle stratégie n’a pas encore vu le jour. À ce stade, Kazuo Hirai a surtout un slogan à la bouche: «Sony doit changer». Il n’est pas encore en mesure de dire précisément comment. Tout au plus indique-t-il que c’est avant tout la division TV qui doit être entièrement remodelée. La TV qui a permis jadis au groupe de se hisser au premier plan et qui enregistre aujourd’hui les résultats les plus catastrophiques. Panasonic, qui excellait dans la fabrication d’écrans plats, et Sharp, spécialisé dans les puces électroniques, font face aux mêmes problèmes et luttent aussi pour leur survie. Le dos au mur, Kazuo Hirai se montre pourtant combatif. La volonté de «créer de nouvelles valeurs» existe, constate-t-il après avoir mis sans ménagement en évidence les points faibles de son groupe. Et après avoir pris connais- sance des derniers chiffres qui ne mentent pas et qui révèlent que la branche touche le fond de très près: Panasonic enregistre au cours du dernier exercice qui s’est terminé le 31 mars une perte de 780 milliards de yen (8,8 milliards de francs). Pour Sharp, le chiffre correspondant se monte à 390 milliards de yen (4,4 milliards de francs). Il est de 520 milliards de yen (5,9 milliards de francs) pour Sony. Triste record pour les trois exemples du miracle économique nippon qui, il y a peu, régnaient encore en maîtres sur les marchés mondiaux. Les suites de la catastrophe du 11 mars 2011 n’expliquent pas à elles seules cette chute brutale. Les entreprises japonaises se sont pendant des années reposées sur leurs lauriers et n’ont pas pris suffisamment au sérieux leurs concurrents sud-coréens Samsung et LG Electronics qui se développaient à vive allure depuis assez longtemps. SUITE PAGE 2 * Université de Genève GLG European Equity Alternative de suivi de performance de la stratégie-phare 10 ans Pour en savoir plus: www.glg-european-equity.com/en [email protected] La performance n’est pas garantie et les simulations de performances passées ou projetées ne sont pas nécessairement représentatives des performances actuelles ou futures. La performance passée n’est pas indicative de la performance future. Cette annonce est exclusivement destinée à un usage marketing et publicitaire. Les investisseurs potentiels doivent être conscients que les placements alternatifs peuvent s’accompagner de risques significatifs. Cette annonce est publiée par Man Investments AG. Le fonds de placement est été autorisés à la vente en Suisse par la Eidgenössischen Finanzmarktaufsicht FINMA. Credit Suisse AG, Paradeplatz 8, 8001 Zürich assume les fonctions de domicile de paiement et agence d’information du fonds. Le Prospectus de la Société, les Statuts, les Prospectus Simplifiés et les rapports annuels et semestriels ainsi que d’autre publications pourront être obtenus gratuitement de la part du Représentant en Suisse. Le représentant en Suisse est Man Investments AG, Huobstrasse 3, 8808 Pfäffikon SZ. 9HRLEMB*jeiaae+[L\A\K\C\A Le rendez-vous du lundi lundi 14 mai 2012 PAGE 7 SUISSE Les ministres sont en quête d’un accord sur la fiscalité La Suisse est prête à de telles négociations. La Commission demande que les produits des intérêts soient inclus. Les ministres européens des finances vont tenter demain de trouver un accord sur le mandat de négociation avec la Suisse et d’autres Etats tiers en matière de fiscalité de l’épargne. Il s’agit notamment de voir comment étendre le champ d’application de l’accord bilatéral Suisse-UE. La Commission européenne demande que les produits des intérêts - par exemple, ceux des assurances-vie - soient inclus. La Suisse a récemment signalé qu’elle était, en principe, prête à de telles négociations. Les Vingt-Sept ne se sont toutefois pas encore mis d’accord entre eux pour réviser la directive (loi) sur la fiscalité de l’épargne. Un texte de compromis, élaboré en 2009, doit servir de base de négociation avec les Etats tiers. Mais l’adoption du mandat de négociation est bloqué depuis des mois par l’Autriche et le Luxembourg. Ces deux Etats craignent de devoir passer à l’échange automatique d’informations en ma- ALGIRDAS SEMETA. Le commissaire européen à la fiscalité trouve inacceptable que Bruxelles réclame ce mandat de négociation depuis mai 2011 sans rien obtenir. tière fiscale et d’être contraints d’abandonner leur secret bancaire. Le commissaire européen à la fiscalité Algirdas Semeta a déclaré à plusieurs reprises qu’il trouvait «inacceptable» que Bruxelles réclame ce mandat de négociation depuis mai 2011, sans rien obtenir. Dans la situation économique actuelle, il juge incompréhensible que les Etats membres ne parviennent pas à se mettre d’accord sur un sujet qui les aiderait à mieux faire rentrer les impôts. Les accords ne vont pas entraîner de sorties de fonds Les accords fiscaux avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Autriche ne s’accompagnent pas encore de sorties de fonds de la part de clients de banques suisses domiciliés dans ces pays. Selon le président de l’ASB, Patrick Odier, nombre de ceux-ci vont s’engager sur la voie de la bonne foi fiscale. «Nous n’observons pas de sorties de fonds», a ainsi déclaré le président de l’Association suisse des banquiers (ASB). Patrick Odier écarte les craintes voulant que des clients ayant caché de l’argent au fisc retirent rapidement leurs avoirs des banques helvétiques avant l’entrée en vigueur des accords fiscaux. Certes, il se trouvera toujours des personnes qui ne veulent pas payer d’impôts et préfèrent de ce fait s’exiler sur une île ou à n’importe quel autre endroit de la planète. Mais, de toute manière, depuis la crise financière et l’adoption de réglementations plus strictes, les alternatives à la place financière suisse se font rares, a ajouté le banquier genevois. De l’avis de M. Odier, de nombreuses personnes ayant fraudé le fisc souhaitent utiliser ce passage vers la bonne foi fiscale et pouvoir disposer librement de cet argent provenant souvent d’un héritage. L’accord avec l’Allemagne prévoit d’imposer les avoirs qui n’ont pas été déclarés au fisc à un taux compris entre 21 et 41%. Une fois cette étape franchie, ces fonds sont correctement fiscalisés, même si les autorités fiscales étrangères n’obtiennent pas l’identité de leurs détenteurs. – (ats) M. Semeta a clairement rappelé que Vienne et Luxembourg avaient accepté en 2003, après l’adoption de l’actuelle directive, de passer à l’échange automatique d’informations au terme d’une période transitoire. Pour les Etats tiers, des «mesures équivalentes» doivent être trouvées. Pour l’heure, les fronts semblent irréconciliables. Jeudi, lors d’une réunion préparatoire des ambassadeurs des Vingt-Sept, le Luxembourg et l’Autriche n’ont pas fait mine de modifier leur position. Le Grand-Duché a même demandé d’ajourner la discussion, ont indiqué des sources proches de la réunion. La présidence danoise de l’UE tient toutefois à discuter mardi du mandat de négociation au niveau ministériel. Selon un diplomate de l’UE, il faudrait au moins faire un tour de table pour voir si un compromis est encore possible. Mais il n’y a plus tellement d’espoir. Les dissensions sur ce sujet nuisent à l’ensemble de l’UE, ajoute ce diplomate. La crédibilité de l’Union est mise à mal au niveau international si «nous n’arrivons même pas à régler nos problèmes d’évasion fiscale» à l’interne, relève-t-il. Si le blocage est de nature politique, le sujet pourrait se retrouver à l’ordre du jour du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement à la fin juin. Les dirigeants des Vingt-Sept avaient plaidé en mars pour une adoption «rapide» du mandat de négociation et exigé des informations régulières sur la situation «à partir de juin 2012». – (ats) LES VINGT-SEPT NE SE SONT TOUTEFOIS PAS ENCORE MIS D’ACCORD ENTRE EUX POUR RÉVISER LA DIRECTIVE SUR LA FISCALITÉ DE L’ÉPARGNE. La question d’un report du vote divise une commission Des voix se font entendre pour reporter le vote au Parlement suisse sur les accords fiscaux avec Berlin, Londres et Vienne. La commission de politique extérieure du Conseil des Etats n’a rejeté une telle demande que par 5 voix contre 4 et 1 abstention. Pas question en revanche de renégocier. Le Parlement doit se prononcer lors de la session d’été sur ces traités qui prévoient l’instauration d’une taxe pour régulariser les fonds placés «au noir» en Suisse ainsi que l’imposition à la source des futurs rendements des capitaux. Certains, emmené au sein de la commission par Luc Recordon (Verts/VD), souhaitent attendre que l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Autriche se soient prononcés sur les traités avant de trancher. L’aval allemand en particulier n’est pas acquis, l’opposition de gauche, majoritaire à la Chambre des Länder, pouvant faire capoter l’exercice. La minorité de la commission estime par ailleurs que le Parlement ne devrait pas prendre les devants avant que le Conseil fédéral et les autres places financières aient convenu d’une stratégie commune en matière d’argent propre, ont indiqué les services du Parlement. Appelée à donner une recommandation à son homologue de l’économie, compétente pour ce dossier, la commission de la politique extérieure a préféré plaider pour l’adoption des accords plutôt que pour un report du vote. – (ats) SUITE DE LA PAGE UNE Divers scénarios examinés en attendant les législatives Pour ce qui est du déclaré, l’intérêt pour la Suisse reste apparemment considérable. Remi Dhonneur place de manière générale le seuil d’accès à la Suisse aux environs de 15 millions d’euros, contre 4 ou 5 millions pour la Belgique. L’exit tax introduite pour 2011 représente un obstacle à priori discriminatoire. Les pays de l’Union Européenne ne sont pas concernés par cette taxe, qui prévoit le versement par le candidat à l’expatriation d’une caution, ou la constitution de garanties sur les plus-values latentes de sociétés. «On calcule la valeur des participations, y compris si elles sont investies dans des actions «, précise Eric Ginter. Autre élément d’évaluation pour les ressortissants français: l’attractivité du forfait fiscal n’est plus ce qu’elle était, en raison notamment de la tendance au relèvement du seuil d’accès. Or, la plupart des candidats à l’expatriation souhaitent bénéficier de cette formule. A Lausanne, le conseiller fiscal François Micheloud rappelle par exemple que le forfait est moins attractif que le statut britannique de résident non domicilié, qui concerne quelque 150.000 personnes. En Suisse, les bénéficiaires sont environ 5000, dont 2000 seraient français. En Valais, ces dernières années, environ un tiers des trente à quarante forfaits ac- cordés annuellement l’ont été à des Français. François Micheloud estime que l’intérêt relevé ces dernières semaines n’a rien de spectaculaire: il a effectivement reçu des appels, mais pas autant qu’attendu après sa prestation dans l’émission de télévision «Envoyé spécial». «Ce qui retient les gens, précise Eric Ginter, ce n’est pas la perspective d’une fiscalisation des expatriés qui ne se fera pas avant longtemps. C’est la taxe de sortie.» Ce constat n’est pas du tout partagé par François Tripet, fiscaliste parisien, qui précise que l’essentiel de son travail est de contourner légalement la législation sur l’exit tax». Pour lui, le principal avantage de la Suisse n’est pas le forfait fiscal (les Français acceptent de payer un impôt sur le revenu, même assez élevé), mais le traité du 31 décembre 1953 sur les successions. Ce texte prévoit qu’en cas de décès d’un Français de Suisse, l’ensemble de ses biens, y compris sur sol français, ne sont taxables qu’en Suisse. Pour François Tripet, les Français fortunés, surtout ceux dont les avoirs se situent entre 5 et 20 millions d’euros, sont dans une phase de préparation active depuis trois ou quatre mois. Le passage à l’acte aura lieu après la session budgétaire du 4 juillet. (MF) Relance des négociations POLITIQUE EUROPÉENNE. La commission de politique extérieure du Conseil des Etats a approuvé les principes retenus pour sortir de l’impasse institutionnelle. La commission de politique extérieure du Conseil des Etats soutient les efforts du Conseil fédéral pour relancer les négociations bilatérales avec l’Union européenne (UE). Elle a approuvé les principes retenus pour sortir de l’impasse institutionnelle. La commission l’a communiqué vendredi. Les relations entre les deux partenaires butent depuis deux ans sur la question de la reprise de l’acquis communautaire, l’UE plaidant pour un automatisme alors que Berne insiste sur le respect de son droit et de sa souveraineté. Selon une nouvelle approche globale dévoilée fin avril, le Conseil fédéral propose que les deux parties négocient l’évolution du droit et que la surveillance des adaptations repose sur deux piliers, donc sans organe supranational. Côté suisse, la tâche serait confiée à une nouvelle autorité nationale indépendante, dont les membres seraient nommés par le Parle- ment. Elle devrait assurer une bonne application de l’accord sur le territoire helvétique. En cas de divergence d’interprétation avec l’UE, l’autorité pourrait engager une action en justice et aller jusqu’au Tribunal fédéral. L’UE pourrait agir de manière similaire jusqu’à la Cour européenne de justice. Un désaccord persistant serait examiné dans un comité mixte. La nouvelle autorité de surveillance suisse a piqué la curiosité de la commission. Certains de ses membres se sont interrogés sur sa nature et ses prérogatives. Le moment de l’accélération des négociations avec l’UE a aussi été abordé. Pour certains, il n’est pas propice de traiter certains dossiers en pleine crise européenne. La commission a par ailleurs reçu des explications sur les motifs de l’activation de la clause de sauvegarde pour limiter la l’immigration en provenance de huit pays membres de l’UE. Plusieurs membres ont estimé la décision inappropriée. Ils ont fait valoir qu’elle risque d’affaiblir la position suisse dans ses négociations sur le renouvellement de la voie bilatérale. Dans le cadre de la discussion, le Conseil fédéral a été invité à proposer des mesures complémentaires concrètes dans le domaine de mesures d’accompagnement. – (ats) PUBLICITÉ: les recettes ont stagné en 2011 Les recettes publicitaires ont quasiment stagné en Suisse l’an passé, après le rebond survenu en 2010. Le chiffre d’affaires net de la branche a augmenté de 0,8%, pour atteindre 4,69 milliards de francs. Ce résultat est toutefois nettement inférieur à la moyenne des dix dernières années (-6,4%), a relevé la Fondation statistique suisse en publicité, qui mandate l’institut REMP pour établir ses données. Dans le détail, les recettes publicitaires de la presse, qui représentent 43% du total, sont restées stables à 2 milliards de francs (+0,2%). Comme d’habitude, la moitié en revient à la presse quotidienne. Cette dernière a perdu 0,3% à 1,34 milliard. Seule la presse professionnelle enregistre une croissance supérieure à la moyenne, en hausse de 9% à 118 millions. – (ats) FAILLITES: hausse de 37% dans les entreprises Selon des données collectées Dun & Bradstreet (D&B), le nombre de faillites d’entreprises en Suisse a augmenté de 37% à 399 en avril. Sur les quatre premiers mois de l’année, la progression est de 11% à 1416 cas. Il faut remonter aux années de crise de 2003 à 2005 pour retrouver des chiffres plus élevés, a relevé D&B. HÔTELLERIE (VAUD): recul de 0,5% des nuitées L’hôtellerie vaudoise a subi un léger recul de 0,5% des nuitées durant le premier trimestre 2012. Les voyageurs de la zone euro sont toujours en diminution, tandis que la clientèle suisse progresse nettement, indique Statistique Vaud. Au total, les hôtels vaudois ont enregistré 587.600 nuitées, soit 3200 de moins que durant le premier trimestre 2011. Les touristes étrangers ont baissé de 8,7% en général. Les Etats-Unis ont reculé par exemple de 13,8%, alors que la Chine a bondi de 30,1%. TRAVAIL AU NOIR: contrôles moins nombreux Les contrôles effectués l’an dernier dans le cadre de la lutte contre le travail au noir ont été légèrement moins nombreux mais plus approfondis. Dans son rapport annuel, le Seco se félicite en outre de l’intérêt croissant pour la procédure de décompte simplifiée. Les cantons ont consacré au total 65,7 postes à plein temps à la lutte contre le travail au noir en 2011, a indiqué le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). – (ats) AVSPLUS: pour une treizième rente mensuelle Les délégués de l’Union syndicale suisse (USS) ont fixé les bases minimales de leur projet AVSplus, lancé en 2010. Il vise à améliorer les rentes des bas et moyens revenus principalement. Quatre variantes sont à l’étude, a indiqué à l’ats le porte-parole Ewald Ackermann. Un modèle concret de l’AVSplus sera soumis à l’assemblée des délégués du 16 novembre. – (ats) TAXE CO2: première hausse en 2014 La taxe sur le CO appliquée aux combustibles restera fixée l’an prochain à 36 francs par tonne, soit 9 centimes par litre de fioul. Mais elle augmentera ensuite en trois temps d’ici 2020. Première étape: elle devrait passer de 36 à 60 francs par tonne en 2014. La taxe subira une nouvelle augmentation en 2016, puis en 2018 pour atteindre au maximum 120 francs par tonne. Elle sera augmentée si les émissions de CO dues aux combustibles ne diminuent pas suffisamment. – (ats) 2 2