COLLEGE SAINTE EUTROPE 2014 / 2015 C`était bien joué

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COLLEGE SAINTE EUTROPE 2014 / 2015 C`était bien joué
 COLLEGE SAINTE EUTROPE 2014 / 2015 C’était bien joué COLLEGE SAINTE EUTROPE _ 2014-­‐2015 C’était bien joué Les oeuvres sélectionnées : -­‐ Alexis Poline, Sans titre, 2015, ex 2/5, blanc de meudon sur vitrine, dimensions variables, 1000 euros, (Straat Galerie, Marseille) -­‐ Jérôme Cavalière, Entretien avec une œuvre d’art, Essai #09 (30M) 2014, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2200 euro , (Galerie Arnaud Deschin, Marseille) -­‐ Nicolàs Làmas, Christopher, 2014 NL/020514/006, 2014, ex 1/1, impression sur papier glacé, 153,5 x 117 cm, 5500 euros, (Galerie Meessen De Clercq, Bruxelles) -­‐Peter Robinson, Pair et Impair, 2014, feutre, 63x43x0,7 cm, 800 €, (Galerie Emmanuel Hervé, Paris) -­‐Peter Robinson, Pair et Impair, 2014, feutre, 63cmx23cmx0,7 cm 500 €, (Galerie Emmanuel Hervé, Paris) Montant des acquisitions proposées pour cette collection 10 000 euro ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………..... Argumentaire des élèves pour la collection C’était bien joué Dans notre collection, le noir et blanc dominent. Ces deux couleurs opposées évoquent le passé, l’ancien temps. On retrouve cette idée au cinéma avec les flash back par exemple. En effet, il arrive souvent qu’un cinéaste filme en noir et blanc pour raconter un événement ayant eu lieu bien avant l’action en cours, celle-­‐ci étant tournée en couleurs. L’utilisation du noir et blanc crée donc du contraste et sert de révélateur. Et c’est cela qui nous intéresse. Car dans notre collection, ces deux couleurs mettent en valeur le geste effectué en amont par l’artiste ou par toute personne étant intervenue sur l’œuvre. Le noir et blanc évoque donc le souvenir du geste, ce qu’il reste après l’utilisation et la manipulation des objets, des formes ou des œuvres d’art. Ces utilisations sont souvent ludiques. C’est pourquoi nous avons intitulé notre collection C’était bien joué !. Le jeu est donc le point commun entre toutes nos œuvres. Mais c’est toujours un jeu terminé. C’est pour cela que nous avons conjugué le verbe au passé. Dans l’œuvre de Jérôme Cavalière, le geste est représenté par les trous des flèches ayant percé la toile, la cible. On ne le voit pas directement tirer, mais les trous sont là pour nous rappeler qu’il l’a vraiment fait. Le geste est ici mis en valeur par sa position : il est représenté au centre du tableau, dans le cercle noir qui fait office de cible. Jérôme Cavalière a vu en cette toile une cible de tir à l’arc et il s’est amusé à tirer dessus comme il le faisait avant, lorsqu’il était tireur professionnel. C’est un acte provocateur qui cherche à amuser le spectateur. Il prend l’œuvre originale au pied de la lettre. Dans l’œuvre de Nicolas Lamas, on retrouve cette idée du geste mis en valeur par le blanc sur le noir, et cette idée du souvenir de la personne qui a utilisé l’IPad auparavant. Cette œuvre est en quelque sorte un portrait de la personne car on y retrouve ses empreintes digitales. L’utilisateur a sûrement joué avec son IPad et y a laissé les marques de son passage. Ici, le geste évoque le souvenir de la personne et de l’action qu’elle a réalisé. C’est dans l’œuvre de Peter Robinson que le rapport au geste et au jeu est le plus évident. Les formes rectangulaires et les contours noir et blanc de sculptures en feutre nous rappellent les plateaux de jeux de société ou encore la marelle. Le feutre fait également penser aux coloriages dont les contours bordés de feutrine nous empêchaient de dépasser étant petits. Peter Robinson s’amuse de la forme de ses œuvres. Il modifie les courbes des contours pour donner un aspect dégoulinant, mais peut très bien aussi donner un aspect rigide et géométrique. C’est en partie pour cela qu’il a choisi le feutre, pour pouvoir modeler à sa façon la forme de ses œuvres. La position des sculptures est donc ce qu’il reste de l’intervention de l’artiste. Dans l’œuvre d’Alexis Poline le blanc est maître. Pourtant, lorsqu’on se tient à distance de l’œuvre, les ouvertures circulaires donnent une impression de contraste puisqu’on ne voit pas avec netteté ce qu’il y a de l’autre coté. Les cercles paraissent alors noirs, mais lorsque l’on s’approche, on constate qu’il s’agit de la transparence de la vitre et que l’on peut voir ce qu’il y a derrière. Ces cercles sont comme des lunettes qui nous permettent de voir avec précision ce qui se trouve de l’autre coté mais aussi la trace laissée par le pinceau qui a servi à peindre la vitre. L’artiste a fait plusieurs passages, ce qui nous montre le parcours de son geste. Le geste fait aussi référence aux enfants et leurs manières de peindre maladroite. Ici encore, le geste est encore ludique. Les ouvertures en formes d’yeux nous donnent envie de nous approcher, un peu comme des enfants curieux. L’artiste a d’ailleurs pensé aux enfants puisqu’il a créé des trous à leur hauteur. L’œuvre est donc comme un jeu auquel il faut participer. ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………..... COLLEGE SAINTE EUTROPE _ 2014-­‐2015 Alexis Poline Nous avons découvert cette œuvre à la Straat galerie. Il s’agit d’une installation in-­‐situ réalisée par Alexis Poline (né en 1987 à Angers) sur les vitrines de la galerie avec du blanc de Meudon. Cette œuvre est éphémère puisqu’elle sera détruite lorsque l’exposition sera finie. Cela veut aussi dire qu’elle est pensée pour un espace en particulier et qu’elle doit s’adapter à celui-­‐ci. À la Straat Galerie, toutes les vitrines donnant sur la rue sont recouvertes de cette peinture blanche qui rappelle les devantures des magasins en cours de réaménagement. La peinture est d’ailleurs mal étalée, comme si on avait fait vite, comme si le résultat n’avait pas beaucoup d’importance. C’est peut-­‐être vrai ? En effet, on peut découvrir cette œuvre de plusieurs façons: de l’extérieur, en passant devant la galerie, le blanc de Meudon qui recouvre les vitrines nous empêche de voir ce qu’il y a à l’intérieur. Mais en s’approchant, on repère des ouvertures faites pour nos yeux. Ces ouvertures sont disposées à des hauteurs différentes pour que les enfants comme les adultes puissent les utiliser. Toute personne est donc invitée à regarder. Ces vitrines, habituellement transparentes, sont donc ici recouvertes de peinture, ce qui nous empêche de voir et pique notre curiosité. Qu’y a-­‐t-­‐il derrière ? Ce côté ludique de l’œuvre sollicite le spectateur, l’invite à participer. S’il ne veut pas passer à côté de l’œuvre, le spectateur doit jouer le jeu. Nous avons trouvé cet aspect intéressant par rapport à la thématique de notre collection. En regardant à travers les ouvertures, on comprend que finalement, le plus important dans cette œuvre, ce n’est pas la manière dont l’artiste peint, mais le fait qu’il laisse des espaces de transparence pour que nous puissions voir, de l’extérieur, le reste de l’exposition. Ce choix permet de mettre en valeur les autres œuvres car le spectateur a envie de rentrer dans la galerie pour mieux voir et découvrir ce qui ce cache derrière le blanc de Meudon. Ce qui est intéressant, ce n’est pas l’œuvre en elle-­‐même, mais ce que l’on peut voir à travers elle. Nous pensons que cela peut être intéressant dans notre collection. En effet, si C’était bien joué ! était choisi, nos camarades pourraient avoir la même réaction que nous face à cette œuvre. Ils seraient curieux et ils voudraient franchir les portes de l’espace d’exposition pour découvrir le reste de notre collection. Alexis Poline, Sans titre, 2015, ex 2/5, blanc de meudon sur vitrine, dimensions variables, 1000 euros, (Straat Galerie, Marseille) COLLEGE SAINTE EUTROPE _ 2014-­‐2015 Jérôme Cavalière C’est à la galerie Arnaud Deschin -­‐ La GAD que nous avons vu le travail de Jérôme Cavalière (né en 1979 à Draguignan). Avant d’être artiste, Jérôme Cavalière était champion de tir à l’arc en salle. Pas étonnant donc qu’il se serve de son ancien outil de travail pour réaliser des peintures. Des peintures un peu particulières puisqu’elles rappellent les cercles noirs sur fond blanc d’Olivier Mosset. À un détail près : le centre de la toile a été transpercé. On remarque plusieurs petits trous et grâce à la vidéo présentée à côté de la toile, on découvre que ces petits trous ont été réalisés par des flèches. L’artiste s’est donc amusé à tirer à l’arc sur des reproductions d’Olivier Mosset. Pour lui, le cercle noir sur fond blanc symbolise tout simplement une cible. Alors pourquoi ne pas jouer avec et essayer de marquer le plus de points possible ? Pour réaliser ce travail, l’artiste s’y est pris à plusieurs reprises. Pour preuve, il vend plusieurs de ses essais. Ceux-­‐ci ont été réalisés à des distances différentes: 30, 50 et 70 mètres. En l’occurrence, pour le tableau que nous avons choisi, les flèches ont été tirées à 30 mètres de distance. C’est le titre de l’œuvre qui nous donne cette information : Entretien avec une œuvre d’art. Essai # n°9 (30 m).En transperçant volontairement cette toile, Jérôme Cavalière fait une critique de la peinture géométrique abstraite d’Olivier Mosset. De cette façon, il rend l’œuvre originelle moins abstraite, puisque le cercle noir devient un cercle de cible de tir à l’arc, mais aussi plus contemporaine car il lui donne une seconde vie. En tirant sur la toile, Jérôme Cavalière impose son opinion sur l’art de son prédécesseur, et fait de l’œuvre une critique d’elle-­‐même. Ce geste est à la fois provocateur, mais aussi très amusant. Il y a beaucoup d’humour dans cette œuvre. Elle est aussi la démonstration de la passion de l’artiste pour le tir à l’arc. Nous pensons qu’il s’est sans doute beaucoup amusé en créant ce tableau. Cela rajoute encore à l’œuvre une dimension de jeu. Finalement, l’intérêt de cette œuvre ne se trouve pas dans sa beauté, mais dans la gestuelle qui a permis de la réaliser. Ce que l’on voit et ce qui nous questionne, ce sont les trous. Ils sont les vestiges du geste du tir à l’arc. La toile est ce qu’il reste de la performance de l’artiste. Le film présenté dans l’espace d’exposition nous explique l’histoire de la toile, la manière dont elle a été réalisée. Un peu comme un flash back de cinéma. Le geste de l’artiste est d’ailleurs valorisé par la position des trous au centre du tableau et au centre du cercle noir. Le contraste du noir et blanc et la forme circulaire attirent notre œil. La simplicité du tableau met en valeur les trous des flèches et nous permet de voir l’œuvre d’Olivier Mosset d’une autre manière. Jérôme Cavalière, Entretien avec une œuvre d’art, Essai #09 (30M) 2014, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, 2200 euro , (Galerie Arnaud Deschin, Marseille) COLLEGE SAINTE EUTROPE _ 2014-­‐2015 Nicolàs Lamas Nous avons découvert l’œuvre de Nicolàs Lamas (né en 1980 à Lima) sur le stand de la galerie Meessen de Clercq à ART-­‐O-­‐RAMA. Il y avait beaucoup d’œuvres sur ce stand, mais nous avons été immédiatement attirés par le grand format et les couleurs (noir et blanc) de cette œuvre. Christopher est issu d’une série intitulée Blind Gestures , qu’on peut traduire par Gestes aveugles . C’est un projet photographique qui rassemble 25 images d’écrans d’IPads scannés lorsque ceux-­‐ci sont en mode Off. Ces images sont un peu particulières car on ne comprend pas tout de suite qu’il s’agit d’un agrandissement d’écran. Au début, nous avions même pensé qu’il s’agissait d’un tableau peint et que les marques blanches ne représentaient rien. Puis, en nous approchant, nous avons constaté que ces marques blanches étaient des marques de doigts, des traces de poussière, des rayures. Les tablettes ont donc été utilisées, mais nous savons, grâce au titre de l’œuvre, que l’utilisateur est une seule et même personne. Dans le cas de l’œuvre que nous avons choisi, le propriétaire de l’IPad s’appelle Christopher. Le nom du propriétaire est donc devenu le titre de l’œuvre. Et c’est pareil pour chaque image de la série. Puisque chaque photographie porte un nom de personne, c’est comme si ces scans d’écran d’IPads étaient des portraits. Des portraits un peu détournés puisqu’on ne voit pas le visage des propriétaires, mais uniquement leurs empreintes digitales. Ces empreintes sont des souvenirs de la personne, de ce qu’elle a laissé derrière elle après utilisation de l’IPad. Les gestes sont d’ailleurs mis en valeur par le contraste des couleurs. Le noir de l’écran sert de fond et révèle les empreintes et le déplacement des doigts. Mais les gestes sont aussi mis en valeur par la dimension de l’œuvre car il s’agit d’un grand format. L’agrandissement nous permet donc de mieux voir. Ce qui nous intéresse dans cette œuvre, c’est l’intervention de l’Homme. Ce sont ces gestes qui font l’œuvre. Un peu comme chez Jérôme Cavalière sauf que ce n’est pas l’artiste lui-­‐même qui a utilisé l’IPad. On peut imaginer que Christopher s’est amusé à activer les différentes fonctions de sa tablette. Il a peut-­‐être joué à un jeu en ligne ? Même si on peut se servir de l’IPad comme d’un outil de travail, l’utilisation est quand même très ludique. On ressent des vibrations, on fait glisser ses doigts pour déplacer des choses, on tapote pour cliquer. Les gestes sont amusants à faire. Cette œuvre rentre donc parfaitement dans notre thématique sur le jeu et sur ce qu’il reste du jeu une fois que la partie est terminée. Nicolàs Làmas, Christopher, 2014 NL/020514/006, 2014, ex 1/1, impression sur papier glacé, 153,5 x 117 cm, 5500 euros, (Galerie Meessen De Clercq, Bruxelles) COLLEGE SAINTE EUTROPE _ 2014-­‐2015 Peter Robinson Nous avons également découvert ces deux œuvres durant notre visite du salon international d’art contemporain ART-­‐O-­‐RAMA. Elles étaient sur le stand de la galerie Emmanuel Hervé. L’artiste s’appelle Peter Robinson, il est né en 1966 à Ashburton (Nouvelle-­‐Zélande). Le jeu occupe une place importante dans le travail de Peter Robinson. Pour lui, l’art est ludique. Les installations qu’il réalise invitent souvent le spectateur à participer. Avec la série Pair et Impair, spécialement conçue pour ART-­‐O-­‐RAMA, le spectateur ne peut malheureusement pas toucher, ni s’amuser avec les sculptures. C’est uniquement l’artiste qui a le droit de les manipuler. Dommage, car elles ressemblent beaucoup à des plateaux de jeux de société. Elles nous font aussi penser aux marelles de quand nous étions petits. Aucune sculpture ne se ressemble. Leur seul point commun est qu’elles ont toutes été réalisées en feutre et que les couleurs utilisées sont le noir et le blanc. Nous avons donc dû faire un choix. Les sculptures que nous avons choisies pour notre collection sont assez différentes l’une de l’autre. Celle qui est posée au sol ressemble à un rectangle constitué de six carrés noirs. Les arrêtes sont en feutre blanc, ce qui fait ressortir les formes géométriques. Celle qui est accrochée au mur a aussi la forme d’un rectangle, mais d’un rectangle déformé. Elle est faite de quatre carrés blancs et de quatre carrés manquants. Les arrêtes sont en feutre noir, ce qui fait ressortir les courbes de la sculpture. Ce sont les carrés manquants qui permettent l’accrochage de la sculpture. La forme géométrique est donc suspendue par son extrémité. Cela entraine une déformation de sa forme originelle. Peter Robinson s’est amusé à créer des sculptures rigides et des sculptures molles à partir de formes géométriques simples. Le médiateur d’ART-­‐O-­‐RAMA nous a d’ailleurs expliqué que l’artiste avait passé beaucoup de temps à manipuler les sculptures, à les déformer ou au contraire à les placer correctement avant de choisir leur forme définitive. Il s’est donc amusé à disposer ses œuvres d’une certaine manière en fonction de l’espace du stand. Alors, il est possible qu’il leur donnera une autre position la prochaine fois qu’il les exposera. Peter Robinson, Pair et Impair, 2014, feutre, 63x43x0,7 cm, 800 €, (Galerie Emmanuel Hervé, Paris) Peter Robinson, Pair et Impair, 2014, feutre, 63x23x0,7 cm 500 €, (Galerie Emmanuel Hervé, Paris)