Calculer malin sans se laisser éblouir

Gérer son argent durant l’apprentissage
Calculer malin sans
se laisser éblouir
«S’endetter n’est pas quelque chose
de répréhensible», affirme Mario
Roncoroni de l’association Berner
Schuldenberatung. On a tort de
mettre les dettes sur la sellette.
L’important, c’est que les jeunes
apprennent à gérer leur argent
de manière responsable.
ENTRETIEN ET PHOTO: PETER BRAND
Monsieur Roncoroni, c’est généralement
quand on commence un apprentissage
que l’on perçoit son premier salaire
régulier. Une période où il est grand
temps de prendre en main son budget.
Vous êtes d’accord avec moi?
M.R.: Absolument. Je me rappelle encore
bien mon premier salaire, parti en fumée
assez rapidement. J’ai vite réagi car j’ai
tout de suite compris qu’il fallait que je
m’interroge sur ce dont j’avais besoin
pour vivre, que je dresse un état de mes
revenus et de mes dépenses. C’est assez
facile, mais pour certains, c’est une tâche
très compliquée.
Conseillez-vous aux jeunes
d’élaborer un budget?
M.R.: Oui. Il existe aujourd’hui de nombreuses applications permettant d’élaborer un budget de manière ludique. Mais, et
c’est plus important que n’importe quel
tableau Excel, les jeunes doivent intégrer
plusieurs principes élémentaires: ne pas
dépenser plus qu’ils ne gagnent; toujours
avoir une vue d’ensemble de leur budget;
et ne pas penser en termes de jours mais
en termes de mois. Si je planifie des vacances, je dois mettre de l’argent de côté.
Si je paie des impôts également.
Bien qu’ils perçoivent un salaire, la plupart des apprentis et apprenties dépendent encore de leurs parents financièrement. Quelle ligne de conduite
conseillez-vous aux parents?
M.R.: Nous conseillons aux apprentis et
apprenties de céder un tiers de leur salaire
à leurs parents. Ou de prendre en charge
leur assurance-maladie, ce qui leur permet d’apprendre le fonctionnement et le
coût des différents modèles. Je trouve que
Conseiller en surendettement: Mario Roncoroni de l’association
Berner Schuldenberatung.
c’est une mesure préventive efficace
contre l’endettement. Les jeunes devraient toujours parler ouvertement d’argent avec leurs parents.
Aux frais de leasing viennent s’ajouter les
assurances et les frais d’entretien. Là encore, il s’agit d’être malin et de calculer
juste.
Les jeunes sont tentés de consommer
plus que jamais. Quels pièges doivent-ils
éviter?
M.R.: Je ne suis pas d’avis qu’il faille à tout
prix éviter les dettes. Les dettes ne sont
pas foncièrement mauvaises mais il faut
savoir les gérer. Mon message est donc le
suivant: sois malin et ne te laisse pas
éblouir. As-tu vraiment besoin du portable
dernier cri? Garde la tête froide et dépense
ton argent de manière aussi rationnelle
que possible. Préfère par exemple un
abonnement prépayé à un achat ruineux.
Supposons qu’un jeune s’endette quand
même de manière disproportionnée.
Comment peut-il s’en sortir?
M.R.: Il faut rechercher les causes du surendettement. Peut-être son budget n’étaitil pas réaliste? Peut-être est-il tout simplement trop dépensier? Souvent, il suffit de
consulter un spécialiste. Les personnes
surendettées ne doivent pas hésiter à
rechercher de l’aide. Sans attendre.
Le portable constitue un poste budgétaire important. Quels sont les autres
postes qui pèsent aussi dans la balance?
M.R.: Les sorties, les vêtements de
marque et, vers la fin de l’apprentissage,
la première voiture. Lorsqu’ils achètent
leur première voiture, les jeunes ont souvent tendance à recourir au leasing. C’est
un peu perfide dans la mesure où ils ne
voient qu’un tiers des dépenses effectives.
Lien:
www.ciao.ch – chapitre «Argent»
www.ciao.ch/f/argent/
3 / octobre 2014
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