2015.10.04 27° dimanche du temps ordinaire - Saint Jean
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2015.10.04 27° dimanche du temps ordinaire - Saint Jean
Homélie pour le dimanche 4 octobre 2015 27° dimanche du temps ordinaire B Gen 2,18-24 – Heb 2,9-11 – Mc 10,2-12 34° anniversaire de l’ordination diaconale de Claude Bertrand 50° anniversaire de mariage de Françoise et Gérard Béghin Est-ce que Françoise et Gérard ont choisi ce dimanche 4 octobre pour fêter leurs 50 ans de mariage à cause des textes bibliques de ce jour ? Probablement non. Mais c’est une belle coïncidence, une providence peut-être plutôt. Dans notre monde où l’on zappe facilement pour son plaisir personnel, la célébration de noces d’or manifeste qu’il est toujours possible de s’engager pour la vie, de mettre en œuvre l’engagement du mariage chrétien : « je me donne à toi pour t’aimer ». Si l’on zappe pour son propre plaisir, on se donne tout entier pour la vie en vue du bonheur de l’être aimé. Je me souviens de l’ami Marcel qui me disait : « veux-tu bénir mon mariage, je me remarie ? » ; que fais-tu de Delphine, lui demandai-je ? « Je l’aime tellement que je me remarie avec elle » ; c’étaient leurs noces d’or. La Parole de Dieu reçue ce dimanche nous révèle d’abord que, s’il existe aujourd’hui des divorces, il y en avait aussi au temps de Jésus, et même au temps de l’auteur du livre de la Genèse. Témoin, la question que des pharisiens posent à Jésus : « est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Qu’est-ce que cette question signifie ? 1. que cela se faisait : des maris renvoyaient leur femme, et des femmes quittaient leur mari. 2. que la femme était considérée possession de l’homme, au même titre que des biens matériels. 3. qu’autrefois Moïse avait autorisé ces séparations, en demandant toutefois à l’homme d’écrire un acte de répudiation, en partie pour sauver la réputation de la femme, mais aussi pour qu’il ne puisse pas se remarier plus tard avec cette même femme. L’évangéliste Marc note que les pharisiens ont posé la question à Jésus « pour le mettre à l’épreuve », pour vérifier en fait sa connaissance de la loi. Comment Jésus s’en tire-t-il ? – il oublie d’emblée le niveau juridique, niveau du piège des pharisiens, et il les renvoie de suite au projet de Dieu : pourquoi Dieu a-t-il voulu l’humanité homme et femme ? « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme ». Ceci est noté dans le premier récit de la création, au 1er chapitre du livre de la Genèse. Le mot « commencement » ne signifie pas « au début », mais « dans le projet initial de Dieu ». Jésus ajoute une phrase tirée du 2ème récit de la création, au chapitre 2 du livre de la Genèse : « à cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair… » Jésus ajoute encore : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », ce qui ne désigne pas l’union de tel homme et telle femme, mais le projet de Dieu créant l’humanité homme et femme. Vous voyez déjà comment cela éclaire la question du mariage pour tous ! Je laisse cette question pour revenir au second récit de la création, chapitre 2 du livre de la Genèse, que nous avons lu en première lecture. Ce texte remonte au 10ème siècle avant Jésus Christ ; à la cour du roi Salomon, un homme se pose toutes les questions de tous les hommes de tous les temps et de tous les âges : pourquoi la mort ?, pourquoi la souffrance ? et aussi pourquoi des difficultés dans les couples ? Ce n’est pas un scientifique, mais un croyant ; il ne cherche pas le « quand ? » ni le « comment ?», mais le « pourquoi ? ». Persuadé que tout est don de Dieu à l’humanité, il veut présen- ter le projet de Dieu, et il le fait à la manière d’une parabole, procédé que Jésus emploiera plus tard. Ce 2ème récit de la création est en fait très riche d’enseignements. Que nous dit-il ? 1. Que la femme fait partie de la création dès le début. C’est le sens du « au commencement ». 2. Que le projet de Dieu, c’est le bonheur de l’homme : « il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » 3. Que la sexualité, différence complémentaire, est une réalisation belle et bonne puisqu’elle fait partie du projet de Dieu qui veut le bonheur des êtres humains : « l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. » 4. Que l’idéal proposé au couple humain, c’est l’égalité dans le dialogue. Parmi les animaux, l’homme n’a pas trouvé une aide qui lui corresponde. Alors Dieu lui a donné cette aide. La parabole du « sommeil mystérieux », souvent reprise dans la bible, dit simplement que l’homme n’y est pour rien, qu’il reconnaît seulement ce cadeau de Dieu : «cette fois-ci, c’est l’os de mes os, la chair de ma chair, on l’appellera femme»: en hébreu femme se dit Ishsha, l’homme se disant Ish : homme et femme sont de même nature. Le psaume chanté après cette lecture est une action de grâce pour ces quatre réalités. « Ainsi l’homme est béni ». Voilà un beau message, Françoise et Bernard, pour vos 50 ans de mariage. Ce message de Dieu, un diacre est appelé à le présenter, à le commenter, dans ses homélies. Claude, nous avons souvent eu la joie de t’écouter, d’apprécier tes paroles. En ce 34ème anniversaire de ton Ordination, nous voulons t’en remercier et te porter, avec ton épouse Jacqueline, dans notre prière. Nous écoutons ce message au jour de l’ouverture de la seconde session du Synode romain sur la famille, Synode auquel notre évêque de Nantes participe, au milieu de 200 évêques et cardinaux venus du monde entier ». Quel est l’enjeu de ce Synode ? De même qu’il y a 50 ans, au concile Vatican II, l’Église Catholique a réformé sa manière de s’adresser au monde, aux autres confessions chrétiennes et aux autres religions, tout en restant fidèle à son enseignement, les évêques sont invités aujourd’hui à repenser les questions entourant la famille… L’un des enjeux de ce Synode, c’est de trouver un langage et un accompagnement des situations familiales plus en adéquation avec la miséricorde évangélique, pour que l’Église soit cet « hôpital de campagne » que le pape François appelle de ses vœux. Dans son homélie donnée il y a quelques jours à Philadelphie lors de la Rencontre Mondiale des Familles, le pape François disait : « je voudrais vous demander, de façon particulière, de réfléchir sur notre ministère auprès des familles, auprès des couples se préparant au mariage et auprès des jeunes. Je sais que beaucoup se fait dans les Églises locales pour répondre aux besoins des familles et pour les soutenir sur le chemin de la foi. Je vous demande de prier avec ferveur pour elles, et pour les délibérations du prochain Synode sur la Famille. » Prions ensemble pour que ce Synode réponde aux besoins de nos familles et des familles du monde entier. Amen P. Gaby Allain