Colette Gibelin, née en 1936, à Casablanca, Maroc. Enfance et
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Colette Gibelin, née en 1936, à Casablanca, Maroc. Enfance et
Colette Gibelin, née en 1936, à Casablanca, Maroc. Enfance et adolescence au Maroc. Études supérieures à Paris. École Normale Supérieure Nommée professeur de Lettres à Fez en 1961, puis en 1967 à Brignoles, dans le Var, où elle a pris racines et vit une retraite active. Recueils de poèmes publiés : Appel, Debresse Mémoires sans visages, Chambelland (1967) De quel cri traversée, Chambelland (1968) Le paroxysme seul, Chambelland (1972) Lumières, Telo Martius (1998) Dure mémoire, Clapàs (1998) Errants Eldorados, Encres Vives (1998) Mirages, Clapàs (1999) Éclats et Brèches, Clapàs (2000) Vivante Pierre, Cahiers de Poésie Verte (prix Troubadours 2000) Sinon chanter, Les amis de la poésie (Bergerac 2002) Comme un chant de fontaine, éd Alain Benoit (2002) Ce n’est que vivre, éd La Bartavelle (2002) Bleus et ors, éd Télo Martius (2003) Le jour viendra, la nuit aussi, Encres Vives (2005) Souffles et Songes, Sac à mots éditions (2005) Spécial Colette Gibelin, Encres vives (2006) Fluctuations, Les amis de la poésie (Bergerac 2007) Un si long parcours ,l’Harmattan (2007) Quel éclat perfore le noir ? livre d’artiste – images de Blaise Simon (2009) Par delà toute nuit éditions Telo Martius avec une peinture originale de Françoise Rohmer (2009) Sable et sel, Sac à mots éd. (2010), écrit à deux voix avec Jean-Marie Gilory Mise en couleurs de Françoise Rohmer La grande voix lointaine éditions Tipaza, peintures d’Andelu (2011) Dans le doute et la ferveur, Encres Vives 2012 Poèmes publiés dans diverses revues : Le Pont de l’Épée – Traces – Encres Vives – Poémonde Poésie 1 – Lieux d’être – Souffles – Poésie première Vivre en Poésie – Filigranes – Friches – Lou Andreas Les Hommes sans épaules – 7 à dire - Multiples – Saraswati Temporel (revue en ligne)- Peut-être - Cahiers de la rue Ventura Poèmes et présentation par Henri Denis sur le site Esprits nomades Quelques poèmes Tout est là, offert et désirable dans le sourire des nuages ou la plainte des vagues, le contour bleuté des collines Le monde, tout entier, s’ébroue, lisse ses plumes Tout est donné Jaillissante splendeur, la fleur monte vers le ciel, le brin d’herbe respire Chaque caillou cherche sa part du souffle Tout est dans rien Ce rien qui cogne et qui pèse si lourd de n’être pas le tout, d’être le rien aux ailes chatoyantes, papillon dans l’immensité Le vide englobe l’univers s’installe au cœur, écharde vive Tant d’étoiles et si peu de clarté Tout se débat, dénonce et affirme Tu reconnais la plénitude à travers le manque et la faille Tu reconnais la faille à son rayonnement O chants de la disparition Mémoire ensevelie La terre tremble Le dragon se réveille, dresse son dard, et se rendort La nuit dévore le soleil, et s’essouffle dans la lumière revenue Tout est là dans la peur et l’espoir La vie rebondit, ricoche, comme un galet qui n’en finit pas de voler au-dessus des torrents Le palmier doucement scintille Feuilles d’or sur fond de nuit et de pluie Éclats sauvages du temps perdu, gagné peut-être Tout est présent À jamais présent Désordre et altitude L’instant brûle Il n’a ni commencement ni fin Il éblouit Froide et blanche, la neige, âpre beauté, a recouvert le monde Elle fondra, comme l’éternité Elle sera boue et désolation Ne la laisse pas t’engourdir Prends ta place dans le bal Sois une brèche dans l’obscur un bouquet d’aubes malgré le sel sur les blessures, tant de plaies et si peu de caresses, malgré les vautours de l’angoisse Tout est donné Tout est repris La lumière aigue des citrons Le vent dans les cheveux Savoure les Savoure les encore un peu Malgré tout ce qui crie, bute, tombe, tout ce qui se déchire, le sang versé rêve à des ruisseaux de lait Sur l’horizon doré, la branche est nue et noire L’arbre d’hiver dessine son destin Malgré désordres et dérives Écoute L’instant est harmonie Notes frêles dans le grand concert Ne songe pas à des demains de sables incertains Tout est là, dans le cri des mouettes La plage est vaste On y sent le varech On y entend la musique des sphères au creux des coquillages L’instant est pur comme une bulle de silence, une ligne de crête Il est l’extrême et la transparence Il est ta soif et ton rempart L’instant sauve le monde, n’en déplaise à Satan, roi des douleurs Tout est là, dans le doute et la ferveur Infiniment extrait de Dans le doute et la ferveur - Encres Vives Frémissement de galets lavés par la marée Fissure en marche vers l'aurore Quel vent des origines anime la matière insuffle la vie à la roche blessée? Alluvions, sédiments, éboulis, effritements Le temps gerce la chair minérale s'infiltre dans l'énigme Ô mémoire du monde close comme un fruit mûr avant la chute Cœur de granit et regard transparent du cristal accrochant la lumière pour ne pas renoncer Turquoise, saphirs, opales Ultimes flamboiements des grandes forces telluriques Stries, strates, rayures vitales, entassements millénaires Le temps invente les fossiles comme des étoiles oubliées Et nous, imaginant bâtir d'éternelles montagnes Nous semant les cailloux de nos songes Que sommes-nous sinon statues d'argile, et de sable, et poussière périssables, comme la pierre Nous, laves et scories explosions et fragments Lentement une parole pétrifiée sculpte la grotte aux stalactites et traverse dans la nuit des météorites le silence de l'univers Cependant qu'immobile, et pourtant vif, travaillé d'énergie comme un feu nucléaire impassible, et pourtant écorché, le rocher ardent, le rocher souffrant, enseigne la genèse, et l'apocalypse, à qui voudra l'entendre extrait de Vivante Pierre – Cahiers de Poésie Verte, prix Troubadours 2000