La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?

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La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
Pascale Hadermann
Université de Gand & Gramm-R
La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison
prédicationnelle ?
1. INTRODUCTION
1
L’objectif de notre contribution est d’identifier la nature du lien syntaxique et
sémantique qui s’établit entre les structures dites « concessives » introduites par
(aus)si et leurs phrases matrices.
(1) a. Si mince qu’il puisse être, un cheveu fait de l’ombre. (Littré, art. si2, 10° cité
par le B.U. 2 )
b. Si intelligemment qu’il ait répondu, il n’a rien compris. (Rubattel, 1982 : 58)
D’un point de vue morphosyntaxique, l’exemple en (1) se caractérise par la
présence de si, suivi d’un adjectif (1a) ou d’un adverbe (1b), et de que + subjonctif, ainsi que par une relation non marquée lexicalement entre la première et
la seconde prédication. Notre analyse visera à mieux cerner le fonctionnement
sémantique de ce type de structures, en les confrontant avec des énoncés similaires en aussi... que (2-3), et à déterminer la nature du rapport syntaxique qui unit
les prédications. Elle abordera également le problème de l’alternance possible
entre la construction en que + subjonctif et celle sans que, mais avec inversion du
sujet (4-5) :
(2)
On peut y cueillir au printemps, aussi incroyable que ça paraisse, de jeunes
pousses de pissenlits, de la doucette et de l’ail sauvage. (Degaudenzi, Zone,
1987 cité par Wielemans 2008)
1. Nous remercions les lecteurs anonymes pour les remarques judicieuses, qui nous ont permis d’améliorer
nos analyses.
2. B.U. étant l’abréviation du Bon usage de Grevisse & Goosse (2011).
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
(3)
(4)
(5)
Aussi doucement qu’elle monte, les marches craquent sous son poids.
(Mauriac, Génitrix, 1923 cité par le B.U.)
Si tragique fût la disparition [...], il ne fallait pas qu’il en porte le poids [...]
toute sa vie. (Nyssen, Déchirements, 2008 cité par le B.U.)
Aussi puissant soit-il, il sera condamné. (Ac. 1986 cité par le B.U.)
Afin de vérifier si les structures en si et en aussi sont arbitrairement interchangeables, nous examinerons un certain nombre d’indices cotextuels, tels que le
verbe de la concessive, le type de sujet, la fonction de l’élément introduit par les
marqueurs si et aussi, la place de la concessive au sein de l’énoncé et l’éventuelle
préférence pour les structures en que ou pour celles avec inversion.
Dans ce qui suit, nous présenterons d’abord notre corpus (§ 2) pour ensuite
proposer une analyse interne de la structure en (aus)si (que). Nous nous concentrerons plus spécifiquement sur les effets de sens (§ 3.1) et sur le marquage
(§ 3.2) – mots introducteurs, subjonctif et inversion. Ensuite, nous décrirons le
fonctionnement de la structure en (aus)si (que) au sein de la phrase matrice en
nous fondant sur les concepts d’intégration, de hiérarchisation et d’incidence (§ 4).
Nous espérons ainsi contribuer au débat sur la liaison de prédications.
2. LES DONNÉES : FORMES ET FRÉQUENCES
Selon la plupart des grammairiens, si Adj/Adv (que) + Verbesubjonctif est à préférer
à la structure en aussi. Les données recueillies par F. Gachet (2014) corroborent
cette affirmation (cf. Figure 1) 3 , de même que celles par V. Wielemans (2008),
du moins pour Frantext (version catégorisée, 1830-2009) et pour Les Archives
du Monde Diplomatique. Dans les registres plus informels, par contre, aussi est
privilégié dans les corpus de V. Wielemans (cf. Figure 2).
3. Gachet oppose si-concessif à aussi/tout/quelque/pour-concessif. À partir de son article, il est impossible de
déterminer la proportion exacte de aussi versus si dans son corpus.
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La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
Figure 1 : Proportion des emplois de aussi/quelque/tout (que) vs. si (que)
(Gachet 2014)
Figure 2 : Proportion des emplois de aussi (que) et si (que) dans quatre corpus
(Wielemans 2008)
Alors que les relevés quantifiés de V. Wielemans (2008) ne permettent pas de
vérifier si la présence ou non de que pourrait déterminer la sélection de aussi
ou de si, F. Gachet (2014 : 244) affirme à propos de son corpus Frantext que
« le groupe des structures à inversion de clitique est globalement trois fois
moins représenté que celui des constructions en que » et que dans ce groupe
les structures en si seraient à nouveau les plus fréquentes.
Étant donné les écarts entre les corpus dans l’étude de V. Wielemans – écarts
qui pourraient indiquer des changements en cours dans le français actuel –, nous
avons décidé de nous concentrer sur le langage journalistique contemporain,
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
considéré comme représentatif de tendances évolutives récentes. Nous avons
réuni 154 exemples du Nouvel Observateur, de Paris Match et de Marianne que
nous avons extraits à l’aide du programme PORC 4 sur une période allant de
2007 à 2014. Il ressort que aussi est le marqueur de loin le plus fréquent et qu’il
préfère s’associer à que (cf. Tableau 1). Si, par contre, privilégie les structures
avec inversion :
Tableau 1 : PORC – Nouvel Obs, Paris Match, Marianne (à partir de 2007)
PORC
que
ø (inversion sujet)
aussi
97
43
si
4
10
(Aus)si est majoritairement suivi d’un adjectif ; nous avons seulement relevé cinq
cas de « aussi + adverbe » (6) et un cas de « si + adverbe » (7). Ces six exemples
de « (aus)si + adverbe » comportent tous le mot que :
(6)
(7)
Où a lieu cette rencontre ? À Poudlard. Qu’est-ce que Poudlard ? Une école.
Mais, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, une école de sorciers.
(Nouvel Obs 2008)
Tous nos arguments demeureraient les mêmes. Pour éviter le lynchage et la
vindicte populaire, on a inventé la présomption d’innocence. Cela ne veut
pas dire que cela doive profiter si peu que ce soit à une éventuelle victime.
(Nouvel Obs 2011)
Dans ce qui suit, nous approfondirons essentiellement le fonctionnement
des structures formées autour d’un adjectif, faute de données pour l’adverbe.
L’analyse portera successivement sur les effets de sens (§ 3.1) et sur les propriétés
morphosyntaxiques intrinsèques à la structure (§ 3.2).
3. ANALYSE INTERNE DE (AUS)SI ADJ (QUE) VSUBJONCTIF
3.1. Analyse sémantique : la concession
Les tours en question sont le plus souvent classés parmi les structures concessives et relèvent d’une stratégie argumentative qui repose sur un « mouvement
en deux temps », qualifié parfois de « polyphonique » ou de « dialogique »
(Morel 1996) : le locuteur présente un élément concédé, valide mais non pertinent, pour enchaîner avec un retournement argumentatif, comme dans la concession prototypique en bien que :
(8)
Bien qu’elle mange peu, Jeanne grossit.
Le fait de peu manger est un facteur insuffisant pour empêcher Jeanne de
grossir et l’implication logique si p, alors non-q ne se trouve pas respectée. Cette
4. Nous remercions Eva Havu qui nous a orientée vers ce logiciel.
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relation implicative rapproche les concessives des conditionnelles : elles reposent
toutes les deux sur un schéma sous-jacent de type « protase – apodose ». Mais
contrairement à la condition, la concession présuppose le caractère factuel de ses
parties constitutives :
– les conditionnelles : non-factualité de la protase et de l’apodose
(9)
Si tu manges moins, tu ne grossiras plus.
– les concessives : factualité de la protase et de l’apodose dans (8) : « elle mange
peu et elle grossit ». Or, dans certaines concessives, seule la factualité de
l’apodose semble entrer en ligne de compte, d’où la nécessité de distinguer une troisième relation logique, celle des « concessives conditionnelles »
(Haspelmath & König 1998) qui réfèrent à la réalisation possible de variables.
(10)
Quoi qu’elle mange, elle grossit.
= ‘qu’elle mange des biscuits, des fruits, des yaourts, ..., elle grossit’
– non-factualité de la protase et factualité de l’apodose. Au sein de cette troisième catégorie, il y a lieu de différencier les énoncés qui réfèrent à une alternative (11), à une valeur de degré, généralement située près des pôles + ou –
d’une échelle donnée (12), ou encore à un libre choix (10) :
(11)
(12)
Qu’elle mange peu ou non, elle grossit.
Même si elle mange peu, elle grossit.
Les protases de type que... ou non sont appelées « concessives conditionnelles
alternatives », celles en même si « concessives conditionnelles scalaires » et celles
de type qu- que « concessives conditionnelles universelles » ou « extensionnelles »
(Haspelmath & König 1998 ; Soutet 2008). C’est à cette dernière sous-catégorie
que s’apparentent les structures en (aus)si Adj (que) Vsubjonctif dans lesquelles la
concession porte sur la caractérisation exprimée par l’adjectif :
(13)
Si grand soit-il, Jean entrera toujours.
= ‘quel que soit le degré élevé de sa taille (cf. si grand), Jean entrera toujours’
= ‘s’il fait 1m80, 1m90, ..., Jean entrera toujours’
C’est la valeur maximale de cet adjectif qui devrait normalement empêcher
l’apodose de se réaliser et qui, en même temps, génère un effet de scalarité, lié à
l’emploi de (aus)si. Ainsi, les structures en (aus)si Adj (que) Vsubjonctif renvoient à
un parcours de variables, avec orientation vers le haut degré, et en soulignent
la non-pertinence pour la réalisation du procès de l’apodose. Le subjonctif
vient renforcer cet effet de sens de parcours dans le haut degré, qui n’affectera
cependant pas l’apodose. Celle-ci exprime en effet une conséquence contraire
aux attentes créées par la caractérisation dans la protase.
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
3.2. Analyse morphosyntaxique 5
La construction en (aus)si Adj que, à valeur concessive, est originale dans la
mesure où elle est introduite par un marqueur autre qu’une forme qu- et qu’elle
ne s’aligne donc pas sur le paradigme qu- que (cf. qui qu-, quoi qu-, où qu-). Cette
particularité est sans doute à mettre en relation avec d’autres « vides » dans les
emplois des mots qu-. Ainsi, en français il est impossible d’interroger le degré
à l’aide d’une forme en qu- : *comment beau ? De même, comment que-concessif
n’existe pas en français standard. (Aus)si en arrive donc à occuper une position,
ailleurs réservée aux proformes indéfinies 6 .
3.2.1. ‘Aussi’ et ‘si’
L’expression de l’intensité est le sens de base de si, mais non de aussi qui
marque l’égalité. Cependant, aussi peut glisser vers l’expression de l’intensité lorsqu’il fonctionne dans des contextes spécifiques qu’A. Culioli (1990 : 8)
appelle d’« auto-repérage » : l’action ou la propriété dont on parle ne se rapporte
plus à un comparant externe permettant de stabiliser la comparaison, mais c’est
l’action ou la propriété même qui fonctionne comme repère pour sa propre évaluation. Ce mécanisme d’auto-repérage permet de comprendre l’effet intensifiant
qui se dégage des emplois de aussi suivi d’un adjectif comme dans aussi grand
soit-il, Jean entrera toujours. Sous l’influence d’autres indices cotextuels (antéposition de l’adjectif, inversion du sujet, subjonctif), (aus)si en arrive à établir un
rapport concessif avec la phrase matrice. Il se trouve toujours en tête de séquence
et renforce ainsi la thématisation de l’adjectif antéposé.
5. Il est intéressant de noter que les marqueurs en (aus)si forment un paradigme d’introducteurs avec d’autres
mots que nous ne prendrons pas en considération dans le cadre de cette étude : quelque (1-2), pour (3-4), tout
(5-6) et plus rarement tant (7). Tout oscille entre la valeur d’intensifieur et celle de marqueur concessif, d’où
l’alternance indicatif-subjonctif :
(1) Quelque distrait que soit notre ami Paganel, on ne peut supposer que ses distractions aient été
jusqu’à apprendre une langue pour une autre. (Verne, Les Enfants du Capitaine Grant, 1868 cité par
le B.U.)
(2) Au niveau du génie, une correspondance quelque intime soit-elle représente de la littérature à
l’état pur. (Cordelier, Mme de Sévigné par elle-même, 1967 cité par le B.U.).
(3) Ce texte, pour intéressant qu’il soit, n’est donc pas probant non plus. (Brunot, cité par le B.U.)
(4) Si la foi, pour absurde soit-elle, sert un grand homme [...], n’est-ce pas un pédant bien insupportable le sage docteur qui exige d’elle qu’elle se justifie ? (Suarès, Sur la vie, 1907-1909 cité par le
B.U.)
(5) Vous l’avez tué, mais tout mort qu’il est, il [un arbre] vous domine encore. (Ikor, cité par le B.U.)
(6) Toute femme qu’elle soit, elle aime bien assister aux combats. (Bat-Zeev Shyldkrot, 1995 : 79)
(7) François ne la regarda pas longtemps, tant bonne fût-elle à regarder. (Sand, François le Champi,
1850 cité par le B.U.)
6. Selon Haspelmath & König (1998 : 619), l’allemand connaît une séquence analogue : « In German and
French, the demonstrative degree expression so/(aus)si ‘so much’ can be used as if they were WH pronouns
(‘however much ...’) : So verschwenderisch du auch bist, das ganze Geld kannst du gar nicht ausgeben. (Aus)si
méticuleux que soit le règlement, il ne parvient pas à tout prévoir. »
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La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
3.2.2. ‘Que’
Pour certains auteurs, l’adjectif fonctionnerait comme l’antécédent d’un querelatif. D’autres considèrent que comme un pur conjonctif : que servirait à introduire la prédication et à la relier au syntagme adjectival. Même si cette explication paraît valable pour (aus)si Adj que en synchronie, C. Muller (1996) et
F. Gachet (2014), entre autres, soulignent qu’anciennement que avait probablement un statut plus pronominal puisqu’il a pu alterner avec comme (14) :
(14)
Sy fut ceste response rapportée en Gand, et joyeusement reçue du peuple et
tournée à bon espoir, quand encore il [le duc] daignoit les souffrir venir vers
luy, si mesfaits comme ils se cognoissoient. (Georges Chastellain, Chronique,
c. 1456-1471, DMF ; mesfait : coupable ; cité par Gachet 2014)
Les structures en si Adj comme V seraient les plus anciennes. Que aurait d’abord
fonctionné comme une sorte de « pronom réduit » et se serait ensuite vidé de
son sens pour s’aligner sur le que conjonctif (cf. Muller 1996). Pour F. Gachet
(2014), l’effet de sens n’est pas nécessairement concessif et si Adj comme pourrait
traduire une relation causale :
[...] l’interprétation (concessive, causale, etc.) est donc le fait d’un calcul contextuel,
et il est imaginable qu’une même séquence puisse se prêter selon le contexte à un
rapport concessif ou causal [...]. Ainsi, dans cet état ancien de la langue, une seule
formule suffisait, avec une interprétation variant en fonction du contexte, alors que le
français contemporain en nécessiterait deux (beau comme il est et si beau qu’il soit, par
exemple). (Gachet, 2014 : 246)
3.2.3. Le subjonctif et l’inversion
Comme nous l’avons déjà mentionné, le subjonctif épouse parfaitement le
sémantisme de la concession, qui a pour principal effet de souligner le côté
insuffisant de l’argument présenté dans la protase. En choisissant ce mode verbal,
le locuteur insiste sur le parcours de variables possibles dans le degré de l’adjectif
concerné, parcours dont il ne prend cependant pas en charge l’assertion. Selon
F. Gachet (2014), le passage de l’indicatif au subjonctif après (aus)si Adj que
s’expliquerait diachroniquement par l’analogie avec les tours en quelque Adj que
qui régissent également un verbe au subjonctif :
Grâce aux similarités de sens et de forme qu’elles [les structures en quelque... que]
présentent avec la formulation « si ADJ comme Vindic. », il est très probable que les
structures concessives « quelque ADJ que Vsubj » et « pour ADJ que Vsubj » aient
exercé une influence analogique pouvant expliquer, au moins partiellement, le passage
de « si ADJ comme Vindic » à « si ADJ que Vsubj ». (Gachet, 2014 : 249)
Dans les structures qui nous préoccupent, le subjonctif n’est pas seulement
corrélé à la présence du mot que ; il est également employé dans la construction
avec inversion du sujet (13) 7 . La question qui se pose est de savoir si la séquence
7. Le B.U. cite d’autres exemples littéraires dans lesquels le subjonctif est employé sans que dans des énoncés
prenant une connotation conditionnelle : Le danger eût-il été dix fois plus grand, je l’aurais affronté encore
(B.U. § 1159, e-1).
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
(aus)si Adj Vsubjonctif sujet est une variante arbitraire de (aus)si Adj que. Cette
question se complique encore car, dans les structures avec que, la postposition
du sujet est également attestée (15) :
(15)
Au collège John Adams de Santa Monica, en Californie, presque aucun
jeune ne redouble de classe, aussi mauvais que soient ses résultats scolaires.
(Nouvel Obs 2010)
Généralement, la postposition du sujet s’accompagne d’une « interprétation
focale » de celui-ci (Lahousse 2013). Selon K. Lahousse, cette interprétation est,
entre autres, déclenchée dans des phrases non assertives « où le sujet ne peut
jamais être interprété comme la base de l’assertion ». La postposition deviendrait
ainsi une marque de « suspension de l’assertion » qui s’accompagne d’une mise
en relief ou d’une thématisation du terme initial. De plus, C. Fuchs (2006) note
que, dans les structures inversées, le verbe a généralement une faible charge
sémantique. De même, le terme introducteur y serait « fortement lié au verbe »
et « le groupe sujet [serait] long et défini ou indéfini spécifique ».
D’après nos données, il existe une distribution complémentaire (cf. Tableau 2)
entre les structures en (aus)si (que) Adj : celles avec un sujet nominal attestent
toujours l’inversion dans une séquence en (aus)si que, celles avec un sujet pronominal préfèrent l’ordre SV dans les structures en (aus)si que mais apparaissent
également dans quasi toutes les occurrences de (aus)si non suivi de que.
Tableau 2 : Répartition des occurrences de aussi (que) et si (que)
aussi
si
aussi que
si que
ADJ V Pro
42
10
0
0
ADJ V N
1
0
14
3
ADJ Pro V
0
0
83
1
ADJ N V
0
0
0
0
Figure 3 : Distribution proportionnelle d’après la (non-)inversion (pro)nominale
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La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
Concrètement, avec les structures en que nous avons la distribution suivante :
(16) a. (Aus)si belle que soit Jeanne, elle ne sera jamais mannequin.
b. (Aus)si belle qu’elle soit, Jeanne ne sera jamais mannequin.
Dans le premier cas (16a), le locuteur met en relief aussi belle, Jeanne se trouve dans
la position de focus et le verbe être n’est là que pour relier l’attribut « topical » au
sujet « focal ». Dans le deuxième cas (16b), les mécanismes référentiels opèrent
autrement : nous sommes toujours en présence d’une mise en relief de aussi belle,
mais elle est suivie d’une expansion verbale à sujet pronominal et Jeanne, sujet
nominal dans l’apodose, est le topique de l’énoncé. Outre ces deux constructions
illustrées en (16a) et (16b), il existe une construction avec un sujet pronominal
inversé dans les séquences sans que (17) :
(17)
Aussi belle soit-elle, Jeanne ne sera jamais mannequin.
Cette séquence, d’un point de vue informationnel, combine les propriétés des
deux structures précédentes : mise en relief de aussi belle, être verbe ligateur,
elle sujet faiblement focal à charge référentielle cataphorique. L’incomplétude
informationnelle se trouvera saturée par le biais du contenu de l’apodose, dans
laquelle figure le sujet sémantiquement plus riche, en l’occurrence Jeanne.
Ainsi, nos données confirment les observations de C. Fuchs (2006) qui prévoit
deux « opérations énonciatives différentes » pour expliquer la position du sujet
nominal en français moderne :
– « terme initial détaché servant de cadre + sujet antéposé thématique + verbe
rhématique » ;
– « terme initial thématique fortement lié au verbe et au sujet + [verbe pur
relateur + sujet postposé = bloc thétique], secondairement rhématique »
Dans tous nos exemples, la séquence antéposée (aus)si (que) Adj a la fonction
d’attribut auprès de verbes tels que être et paraître 8 dans la protase ; elle peut
être considérée comme « fortement liée au verbe et au sujet ». Elle ne provoque
cependant pas systématiquement l’inversion du sujet, mais se combine avec
d’autres paramètres pour permuter ou non l’ordre des mots. Ainsi, la seconde
opération déclenchera l’inversion nominale dans les structures en que afin de
souligner le caractère focal du sujet et dans celles sans que, elle privilégiera
l’inversion pronominale dans le but de mettre en évidence le topique dans
l’apodose, topique auquel le sujet pronominal inversé réfère cataphoriquement.
Ce fonctionnement ne caractérise évidemment pas les séquences avec un
adverbe.
8. Seul un exemple comporte un verbe autre que être/paraître :
Aussi vain que soit son spectacle, aussi ennuyeux qu’il devienne à la longue, quand défilent les
scènes gentillettes qu’on finit par découvrir d’une paupière morne, il engendre des applaudissements,
voire les ovations debout qu’on devrait, semble-t-il, quand on est lucide, ne réserver qu’à des œuvres
majeures, et non pas à d’aimables divertissements sans queue ni tête. (Nouvel Obs 2011)
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
(18)
(19)
(20)
(21)
Pour sa part, le Parti Socialiste, incapable de s’opposer aussi faiblement
que ce soit à la logique des intérêts financiers qui dominent le monde, en
fournit même les cadres dirigeants : le directeur de l’OMC et celui du FMI.
(Marianne 2007)
Où a lieu cette rencontre ? À Poudlard. Qu’est-ce que Poudlard ? Une école.
Mais, aussi paradoxalement que cela puisse paraître, une école de sorciers.
Et l’éducation, en son sens strict, laisse la place à une démarche initiatique.
(Nouvel Obs 2008)
Toujours selon l’entrefilet, le président de la République aurait également
critiqué Rachida Dati, dont il s’étonne du silence alors que « la France
intervient pour défendre les populations arabes ». Aussi loin que nous
puissions remonter, il est difficile de se rappeler ce qui, dans le parcours
politique de Rachida Dati, ferait d’elle une « professionnelle de la défense
des populations arabes ». (Marianne 2011)
Aussi loin que portât le regard, ce n’était qu’éboulis, agrégats de roches
grises parsemées de buissons maigres, arbrisseaux aux formes contournées,
irrités de sécheresse. Chaleur et poussière, à l’infini. (Nouvel Obs 2008)
En (20) et (21), loin est un circonstant auprès du verbe dans l’expansion, respectivement remonter et porter. En (18), par contre faiblement a une portée sur le verbe
de la phrase matrice s’opposer et que ce soit sous-entend une structure de type
« que ce soit possible de s’opposer » 9 . Nous assistons ici à un début de figement
de la locution autour de l’expansion que ce soit (cf. infra). En (19), nous avons un
emploi marginal d’un adverbe dans une structure où l’on se serait attendu à un
adjectif : aussi paradoxal que cela puisse paraître.
3.2.4. Bilan
Au niveau intraprédicationnel, donc au sein de la structure (aus)si Adj (que),
nous avons un syntagme constitué d’un adjectif sur lequel porte l’adverbe (aus)si
et d’une expansion verbale au subjonctif introduite ou non par que. L’adverbe
introducteur sert à exprimer le haut degré ; la séquence en arrive à référer à un
parcours de variables dans ce haut degré, parcours que le locuteur ne vise pas
à actualiser ou à stabiliser, d’où l’emploi du subjonctif. Le mot que fonctionne
comme un conjonctif, même s’il a pu avoir un fonctionnement pronominal dans
des états plus anciens de la langue. Son rôle actuel se limite à enchâsser le
syntagme verbal dans le syntagme adjectival. Dans les constructions avec un
sujet pronominal, le conjonctif que laisse la place à un marquage zéro qui entraîne
l’inversion de ce sujet pronominal. Cependant, le marquage zéro ne constitue pas
une simple alternative à la construction en que : la coréférentialité des sujets de
la protase et de l’apodose de même que leur nature (pro)nominale interviennent
dans la sélection de l’une ou l’autre structure.
9. Dans les structures avec un adverbe, nous avons relevé deux exemples de être et deux de paraître (2 ex.),
ainsi qu’un seul exemple de remonter et de porter.
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La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
4. CONNEXION ENTRE L’APODOSE ET LA PROTASE
Étant donné la pluri-dimensionnalité de la liaison entre prédications, qui se joue
à des niveaux syntaxique et sémantique, nous appréhenderons la connexion
entre la protase en (aus)si Adj/Adv (que) Vsubjonctif et l’apodose successivement par
le biais de l’intégration, de la hiérarchisation et de l’incidence.
4.1. Intégration de (aus)si Adj/Adv (que) Vsubjonctif
Dans notre corpus, les structures en (aus)si Adj (que) se trouvent le plus souvent
antéposées ou postposées à l’apodose. Pour ce qui est de l’insertion, elle caractérise à peu près autant les structures avec sujet inversé que de structures en que.
En revanche, l’antéposition se produit le plus souvent avec (aus)si Adj que (22a)
et la postposition semble préférer l’inversion (22b) :
(22) a. Aussi riches que soient la littérature haïtienne et les traditions mêlées de son
peuple, ce n’est pas demain qu’y surgira un immense talent de chorégraphe.
(Nouvel Obs 2010)
b. Il faut, selon lui, sortir de la culpabilisation que nous impose le politiquement correct et partir des faits, aussi tristes soient-ils. (Marianne 2011)
Figure 4 : Place de la protase : proportion en fonction de la présence ou non
de que
L’antéposition fréquente de (aus)si Adj que Vsubjonctif est conforme à ce qui s’observe ailleurs pour les concessives conditionnelles extensionnelles et relève du
lien lâche qui existe entre les deux prédications. La protase est en effet à considérer comme un élément périphérique par rapport à l’apodose dont la valeur
assertive n’est pas remise en question (cf. supra : la factualité de l’apodose). Au
niveau sémantique, l’apodose ne nécessite pas l’intégration de la protase.
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Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
Selon le principe de l’iconicité syntaxe-sémantique, l’absence d’intégration
sémantique donnerait lieu à une absence d’intégration syntaxique ou à ce
qu’E. König et J. van der Auwera (1988) appellent une « disintegration » 10 :
Disintegration occurs in complex sentences which assert or imply the independence
and mutual irrelevance of two propositions or their co-occurrence against a background of general incompatibility. (König & van der Auwera, 1988 : 118)
Rappelons que la concession relèverait, selon certains chercheurs, de mécanismes
« dialogiques » (avec une simulation de ce qu’un interlocuteur pourrait avancer comme contre-argument, cf. supra). Ainsi, pour T. Leuschner (2006 : 57), des
structures de type qu- que auraient originellement fait partie d’une phrase complexe dont le prédicat principal avait pour connotation l’indifférence. À la suite
d’une opération de ré-analyse, ce prédicat se serait effacé 11 :
Même si cette ré-analyse n’est qu’une simple hypothèse, elle nous paraît intéressante pour cerner le mécanisme de connexion entre la protase et l’apodose, et
pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles elles ne sont que faiblement
liées entre elles. La protase fonctionne comme un ajout qui, même s’il remonte
peut-être à un énoncé indépendant avec un prédicat d’indifférence, a perdu son
autonomie énonciative pour former avec Q une seule phrase.
Le lien entre P et Q, et donc le degré d’intégration, se renforce légèrement
dans les cas d’insertion de la structure en (aus)si Adj avec sujet inversé. Celleci se trouve le plus souvent enchâssée après le syntagme par rapport auquel
l’adjectif exerce la fonction d’épithète détachée. En (23), ce syntagme est le sujet
de l’apodose et en (24) il est complément prépositionnel :
(23)
(24)
[...] au fil du clip, de jeunes femmes légèrement vêtues se trémoussent autour
d’une piscine et l’on aperçoit, furtivement, une statue de Bouddha, témoin
de la scène. Dans un pays où environ 77 % de la population est bouddhiste,
ce genre d’images, aussi fugaces soient-elles, représente un véritable affront.
(Paris Match 2009)
Obligé, pour des raisons financières, de s’appuyer sur ses jeunes, aussi
talentueux soient-ils, le club sept fois champion de France consécutivement
entre 2002 et 2008 n’a plus la force de frappe d’antan, [...]. (Nouvel Obs 2011)
10. Certaines langues germaniques, comme l’allemand, indiquent par l’ordre des mots que la protase ne
fonctionne pas comme un constituant intégré, possibilité que le français ne possède pas : « Und was das
Ergebnis auch war, es musste politisch als Erfolg präsentiert werden. » (Leuschner, 2006 : 45) ; mais : *...,
musste es ... (= ordre normal dans un énoncé avec intégration de la sous-phrase ; cf. Weil das Ergebnis gut war,
musste es politisch als Erfolg präsentiert werden).
11. Cf. également König (1992) selon qui il y aurait eu, dans les concessives, une grammaticalisation à partir
de discours dialogiques.
66
La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
Pour ce qui est de la postposition – extrêmement rare avec les structures en
que, mais plus fréquente avec celles qui se caractérisent par l’inversion du sujet –,
elle relève de la même stratégie discursive que l’insertion : (aus)si Adj suit le
syntagme par rapport auquel il fonctionne comme épithète détachée :
(25)
Il faut, selon lui, sortir de la culpabilisation que nous impose le politiquement correct et partir des faits, aussi tristes soient-ils. (Marianne 2011)
Enfin, l’on pourrait présupposer qu’avec (aus)si Adj que – structure qui favorise
l’emploi de sujets nominaux –, l’intégration soit à nouveau plus lâche dans le cas
de la postposition. Comme ce cas de figure est quasi absent de notre corpus, qui
n’en fournit que trois occurrences, il est impossible de formuler des hypothèses
à ce sujet :
(26)
Au collège John Adams de Santa Monica, en Californie, presque aucun
jeune ne redouble de classe, aussi mauvais que soient ses résultats scolaires.
(Nouvel Obs 2010)
4.2. Hiérarchisation de ‘(aus)si Adj/Adv (que) Vsubjonctif ’
La question qui se pose est de savoir si l’intégration de (aus)si Adj (que) P, aussi
faible qu’elle soit, va de pair avec une perte de ses propriétés prédicationnelles
et donc avec une hiérarchisation de P par rapport à Q. Plus P perdrait son
autonomie prédicative ou se « dépropositionnaliserait » (Lehmann 1988), plus
la connexion prédicationnelle entre P et Q se renforcerait pour donner lieu à
une combinaison hiérarchisée de type « phrase matrice – sous-phrase ». Alors
que l’intégration sémantique de (aus)si Adj (que) P est faible, sa dépropositionnalisation se manifeste sous une forme plus saillante. Le prédicat subit même
réduction, dans la mesure où les verbes employés y sont des copules. Ce critère
ainsi que le mode subjonctif suffisent-ils pour définir les concessives extensionnelles avec ou sans inversion du sujet comme relevant de l’hypotaxe ? Si l’on
considère que l’hypotaxe désigne uniquement des structures qui comportent un
mot qu- « translateur » ayant pour fonction de marquer la « dépropositionnalisation », celles avec un sujet inversé ne sont pas à ranger dans cette catégorie ; si
l’on distingue hypotaxe avec et sans marquage 12 (i.e. sans mot translateur), les
concessives extensionnelles avec et sans inversion y auront leur place. Comme
nous savons que les structures en (aus)si Adj V sont intégrées – faiblement, il est
vrai – à Q et qu’elles n’ont pas d’existence autonome, nous pencherons en faveur
de cette seconde approche.
12. Voir, entre autres, Siouffi & Van Raemdonck (2007 : 183, 187) qui parlent de « juxtaposition subordonnante ».
Langages 200
67
Les liaisons de prédications : lorsque la marque s’estompe
4.3. Incidence de ‘(aus)si Adj/Adv (que) Vsubjonctif ’
Ce qui plaiderait contre une approche hypotaxique des concessives extensionnelles en (aus)si Adj (que) est le fait qu’elles n’assument aucune fonction « microsyntaxique » (Béguelin, 2002 : 62) au sein de Q. Comme nous l’avons remarqué
précédemment, elles s’utilisent essentiellement de manière détachée, en antéposition ou en insertion, et elles servent à créer un cadre thématique pour l’énoncé
Q qu’elles « modalisent de l’extérieur » (Guimier, 1996 : 5). Elles ne répondent
pas aux tests de négation, de clivage, de restriction ou de contraste et elles sont
tantôt incidentes au « dit », tantôt au « dire » (Morel, 1983 : 56). À ce dernier
niveau d’incidence, elles concernent souvent l’illocutionnaire :
(27)
Aussi curieux que cela paraisse, après cinquante ans de construction
européenne marquée par le primat de l’économie, le monde des économistes français et celui des économistes allemands s’ignorent largement.
(Marianne 2011)
Quand l’adjectif fonctionne comme épithète détachée auprès d’un terme de la
phrase matrice, l’incidence concerne le « dit » ou « la relation entre situations
réelles ou hypothétiques » (Morel 1983 ; pour les exemples, cf. supra). C’est pour
ce cas de figure que nous observons une évolution vers un fonctionnement plus
intégré dans les structures inversées : l’adjectif tend à se comporter comme un
caractérisant non dissocié du substantif :
(28)
Le savoir dans les bras aussi beaux soient-ils de Lindsay Lohan quelques
jours avant sa mort ternirait son image d’ange blond mélancolique. (Paris
Match 2009)
Notons que, pour les structures avec un adverbe, nous avons également relevé
deux attestations dans lesquelles (aus)si Adv que P se rapporte au prédicat verbal,
plus qu’à Q dans son entièreté. Dans les deux cas apparaît l’expansion verbale
que ce soit, que l’on retrouve aussi dans les concessives en qu- que (qui/quoi/où
que ce soit ; Hadermann 2008). Nous sommes en présence d’une intégration plus
poussée de notre séquence, qui s’accompagne d’une dépropositionnalisation
plus marquée et qui pourrait déboucher sur la création de structures plus lexicalisées :
(29)
(30)
Pour sa part, le Parti Socialiste, incapable de s’opposer aussi faiblement
que ce soit à la logique des intérêts financiers qui dominent le monde, en
fournit même les cadres dirigeants : le directeur de l’OMC et celui du FMI.
(Marianne 2007)
Pour éviter le lynchage et la vindicte populaire, on a inventé la présomption
d’innocence. Cela ne veut pas dire que cela doive profiter si peu que ce soit
à une éventuelle victime. (Nouvel Obs 2011)
L’analyse des types d’incidence nous paraît importante pour nuancer le statut
hypotaxique ou non de nos structures concessives. Dans la mesure où l’hypotaxe
présuppose que la prédication secondaire assume une fonction syntaxique au
sein de la prédication première (autrement dit, qu’il y a enchâssement de celle-là
dans celle-ci), certaines concessives extensionnelles ne sont pas à ranger dans
68
La concessive en (aus)si (que) : quelle liaison prédicationnelle ?
cette catégorie alors que d’autres y trouveront bien leur place. Si l’on distingue
hypotaxe avec et sans enchâssement, toutes les concessives en (aus)si Adj/Adv
(que) relèveront de l’hypotaxe.
5. CONCLUSION
Arrivée au terme de notre étude, nous espérons avoir montré l’intérêt des concessives, et plus précisément des concessives conditionnelles extensionnelles en
(aus)si Adj/Adv (que) pour l’étude des liaisons prédicationnelles, et ce, à deux
niveaux. Premièrement, en ce qui concerne le fonctionnement interne de la structure, il faut souligner que la concurrence qui semble exister entre les réalisations
avec et sans que n’est qu’apparente : en fonction de plusieurs indices cotextuels,
l’une ou l’autre forme sera réalisée. Cependant, nous avons montré que l’expansion verbale, qu’elle ait un sujet inversé ou non et qu’elle soit précédée de que
ou non, est dans les deux cas de figure enchâssée dans le syntagme adjectival.
Deuxièmement, l’analyse de la relation entre la protase et l’apodose révèle que,
malgré l’absence d’un mot translateur tel que que dans certains cas et malgré
l’absence de rection micro-syntaxique, nos concessives relèvent de l’hypotaxe. Il
existe en effet des signes plus ou moins forts d’intégration et de hiérarchisation
qui nous ont incitée à distinguer l’hypotaxe avec et sans marquage, et l’hypotaxe
avec et sans enchâssement.
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