Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s`assit, et ses

Transcription

Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s`assit, et ses
Evangile en St Matthieu (5,1-12)
Quand Jésus vit la foule, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent.
Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
« Heureux les pauvres de coeur :le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent :ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux :ils obtiendront miséricorde !
Heureux les coeurs purs :ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix :ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute
sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !
HOMELIE:
Souvenez-vous de la religion de nos parents et grands-parents, celle qui leur a été
donnée et qui, pour une part, nous a été transmise.
En caricaturant un peu, je dirais que c'était une religion faite d'obligations, d'interdits
et surtout de peur.
Obligation d'aller à la messe chaque dimanche -remarquez, ça c'était pas mal !- de
se confesser au moins une fois l'an etc. etc.
Interdits… là, ils étaient nombreux!
Interdit de manger avant de communier, interdit de manger de la viande le
vendredi… Bon, j'abrège: la liste serait trop longue.
Dans un sens, cette religion faite d'obligations et d'interdits, c'était assez pratique: les
chrétiens avaient un cadre de vie bien défini, bien délimité où il suffisait d'obéir sans
trop chercher à comprendre.
D'ailleurs, on ne comprenait pas grand-chose, puisque tout était en latin, une langue
morte depuis des centaines d'années.
Il n'est pas étonnant que certains, et encore aujourd'hui, aient la nostalgie de cette
époque et de cette forme de religion, et cela jusque chez certains jeunes avides de
points de frontières bien définies.
Mais bien sûr, revers de la médaille, une telle forme de religion était basée sur la
peur.
Peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur, peur de transgresser un interdit,
même involontairement.
Peur, surtout, de finir en enfer, ce qui n'a jamais été décrit comme un lieu très
agréable, quoique bien chauffé.
Je sais, je ne devrais pas ironiser, mais moi, aussi, pendant très longtemps, j'ai été
marqué par cette peur, et notamment par la peur de l'enfer où, sans aucun doute,
j'avais ma place réservée.
Et pourtant… pourtant, que nous dit l'Evangile, et notamment le texte d'aujourd'hui?
HEUREUX !
Le Christ ne nous enseigne pas une religion de peur, de tabous, d'interdits; le
Christ nous invite au bonheur: "heureux"!
Et de quel bonheur s'agit-il? Comment être heureux?
Oh, bien sûr, ce n'est pas un bonheur statique, qu'il suffirait d'attendre en restant
tranquillement assis sur sa chaise. Non, c'est tout l'inverse, un bonheur actif, qui se
reçoit du Christ lui-même.
Un bonheur à recevoir.
"Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux,(…)
Heureux les artisans de paix, (…) heureux les miséricordieux".
Le pauvre de cœur, c'est celui qui sait qu'il a besoin pour vivre d'être aimé et d'aimer.
Le pauvre de cœur, c'est le Christ lui-même, qui vit de l'amour qu'il reçoit de son
Père et de l'amour qu'il donne à ses frères humains, jusqu'au don de lui-même,
jusqu'au don de sa vie sur la croix.
L'artisan de paix, c'est celui qui fait passer l'autre avant lui-même, qui se met à son
écoute, à l'écoute de ses besoins et de ses souffrances.
On ne construit pas la paix en dominant, mais en écoutant et en partageant.
L'artisan de paix, c'est le Christ lui-même, qui se met à notre place jusqu'à partager
notre vie humaine, qui prend sur lui notre péché et nos souffrances jusqu'à les porter
sur la croix.
Le miséricordieux, c'est celui qui pardonne, parce que son cœur est envahi par la
compassion.
Le miséricordieux, c'est le Christ lui-même qui est "saisi de pitié1", "pris aux
entrailles" par la misère des hommes, et qui, se fait témoin et acteur du pardon de
Dieu.
Et cela jusque sur la croix: "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font 2".
… Je pourrais évoquer de la même manière les autres béatitudes: "les doux 3, ceux
qui pleurent4", ceux qui ont faim et soif de la justice5, etc.
Et je dirais volontiers que ce bonheur auquel nous sommes invités, le bonheur des
Béatitudes, nous sommes appelés à le recevoir et à le construire chaque jour.
Par moi-même, par mes seuls efforts, je suis bien incapable d'être pauvre de cœur,
artisan de paix, miséricordieux…
1
Mt9,36
lc23,34
3
"je suis doux et humble de cœur" Mt11,29
4
Jn11,35
5
cf. Rm1,17
2
Non, c'est une grâce que je reçois du Christ, de Dieu.
Une grâce: la vie de Dieu qui m'est donnée au plus intime de ma propre vie.
Mais c'est aussi un bonheur à construire.
Cette grâce qui m'est donnée, à moi de la mettre en œuvre, de la faire vivre, dans
mes relations de chaque jour, en sachant que j'ai reçu en moi la force de Dieu.
"Heureux", invités au bonheur, ce n'est pas un catalogue d'obligations et
d'interdictions.
C'est l'amour du Christ reçu et à construire, quel qu'en soit le prix, et, pour certains,
c'est le prix de la croix.
"Heureux", c'est répondre à la grâce reçue de Dieu, c'est pour nous vivre en
chrétiens debout.

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