Comptes d`épargne-santé pour financer les services de santé
Transcription
Comptes d`épargne-santé pour financer les services de santé
Série d’études de la FCRSS sur les modèles de financement : document 3 OCTOBRE 2011 Ottawa (Ontario) Raisa B. Deber, Ph.D. Département de politiques, gestion et évaluation de la santé Université de Toronto Avec la collaboration de Kenneth C. K. Lam www.fcrss.ca Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé La présente synthèse est la troisième d’une série d’études que publiera la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS) au sujet des modèles de financement des services de santé. Le quatrième document de la série, Survol des comptes d’épargne-santé dans divers pays, également rédigé par Raisa B. Deber, Ph. D., est un document complémentaire à cette synthèse. Tous les rapports de la série sont disponibles à www.fcrss.ca. Remerciements Pour leurs utiles suggestions, nous sommes très reconnaissants envers Les et Noralou Roos, Audrey Laporte, Wendy Armstrong, Sara Allin et le personnel de la FCRSS, particulièrement Gillian Mulvale. Les auteurs sont les seuls responsables des conclusions présentées. Le présent document paraît sur le site Web de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé à www.fcrss.ca. Le présent rapport de recherche est publié par la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS). Financée dans le cadre d’une entente conclue avec le gouvernement du Canada, la FCRSS est un organisme indépendant et sans but lucratif qui a pour mandat de promouvoir l’utilisation des données probantes afin de renforcer l’offre de services destinés à améliorer la santé des Canadiens et des Canadiennes. Les opinions exprimées ici par les auteurs ne représentent pas forcément celles de la FCRSS ou du gouvernement du Canada. ISBN : 978-1-927024-10-2 Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé © Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, 2011. Tous droits réservés. La présente publication peut être reproduite en tout ou en partie à des fins non commerciales exclusivement pourvu que le contenu original de la publication ou de la partie de la publication reproduite ne soit pas modifié de quelle que façon que ce soit sans l’autorisation écrite de la FCRSS. Pour obtenir cette autorisation, veuillez communiquer avec la FCRSS à [email protected]. Pour faire dûment mention de cette autorisation, veuillez inscrire ceci : « Reproduit avec la permission de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, tous droits réservés (année de publication du rapport) ». FCRSS 1565, avenue Carling, bureau 700 Ottawa (Ontario) K1Z 8R1 Courriel : [email protected] Téléphone : 613-728-2238 Télécopieur : 613-728-3527 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Table des matières Messages principaux............................................................................................................................................ i Résumé...........................................................................................................................................................ii 1Introduction.........................................................................................................................................1 2 Qu’est-ce qu’un CES? Quelles hypothèses sous-jacentes ont été formulées à leur sujet?...........................................................................................................1 3Le financement des services de santé : quelques enjeux.................................................2 3.1 3.2 L’achat de services de santé et l’aléa moral...............................................................................................3 Le rôle des patients et des prestataires de services de santé dans la prise de décisions en matière de traitement..............................................................................................................................4 4 Incidences possibles des modèles de CES : ce que nous indique la documentation.....................................................................................6 4.1 4.2 Quelles sont les répercussions de la participation aux coûts sur l’utilisation des services?...............6 Sélection des risques....................................................................................................................................7 5 Quelles sont les répercussions sur les payeurs (publics et privés), les prestataires et les consommateurs ou les patients?.................................................7 5.1 5.2 5.3 5.4 Caractéristiques de la structure des régimes.............................................................................................8 Caractéristiques des services achetables avec les CES...........................................................................10 Caractéristiques des clients : comment les dépenses sont-elles réparties parmi la population?...... 11 Pourquoi les conclusions des études sont-elles différentes?.................................................................13 6Le cas du Canada : qui paie pour quels services?...............................................................14 7Conclusion : Quelle pourrait être la place des CES au Canada?................................16 Annexe A : Dépenses de santé des secteurs public et privé au Canada..........................................................18 Annexe B : Répartition des dépenses de santé au Manitoba............................................................................20 Références................................................................................................................................................................24 Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé Messages principaux ◥◥ Les fondements des comptes d’épargne-santé (CES) reposent sur une théorie économique selon laquelle les gens font des achats plus judicieux s’ils doivent payer de leur poche. ◥◥ Ceux qui s’opposent aux CES affirment que de tels gains d’efficience sont peu probables pour diverses raisons et laissent entendre que les risques potentiels sont élevés, notamment en ce qui a trait à l’augmentation du coût total des services et à la production de résultats défavorables pour la santé. ◥◥ Les modèles de CES constituent un refus explicite de la mise en commun des risques parmi les populations censées être couvertes par ces services. Ils sont souvent conçus dans le but d’inciter les gens à économiser tôt au cours de leur vie afin de couvrir les dépenses qui surviendront plus tard. Les dépenses totales de santé — notamment celles liées aux plus coûteuses sous-catégories de services — ont tendance à être très mal réparties (un petit nombre de gens étant à l’origine de la plupart des coûts). ◥◥ C’est pourquoi les modèles de CES devraient être appliqués uniquement aux services qui respectent les trois critères suivants : ◥◥ L’utilisation des services n’est pas répartie de façon très inégale. ◥◥ Les coûts sont relativement élevés, mais ne sont pas permanents. ◥◥ Les services ne sont pas considérés comme « nécessaires » (par exemple, ils peuvent être omis afin d’éviter les conséquences négatives sur le plan financier ou de la santé qu’entraîne la non-utilisation de services préventifs ou de gestion des maladies chroniques). ◥◥ Très peu de services respectent ces trois critères. ◥◥ Les CES entraînent des coûts élevés pour des avantages restreints puisqu’ils excluent à la fois les services les plus coûteux et ceux qui améliorent le plus la santé. ◥◥ Il ne semble pas judicieux d’avoir recours aux CES pour financer les services de santé au Canada. i Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Résumé La présente synthèse porte sur l’intérêt des comptes d’épargne-santé comme modèle de financement des services de santé au Canada. Elle fait partie d’une série de rapports de recherche sur les modes de financement des services de santé commandée par l’initiative Financement, innovation et transformation des services de santé de la FCRSS. Introduction Les comptes d’épargne-santé (CES) désignent une famille de systèmes de financement utilisés pour payer certains services de santé. Les CES ont été mis en place partout dans le monde, notamment aux ÉtatsUnis, à Singapour, en Afrique du Sud et en Chine. Bien qu’ils portent différents noms, tous les systèmes et modèles ont deux caractéristiques fondamentales en commun : un compte d’épargne personnel ou familial et un régime d’assurance catastrophe à franchise élevée. Le contenu varie considérablement d’un système à l’autre, à savoir qui est admissible, si le régime est facultatif ou obligatoire, qui doit cotiser (employeur, employé, les deux), qui est titulaire des fonds (employeur, employé), les niveaux de franchise et de participation aux coûts, le degré de disponibilité et de générosité de l’assurance pour les coûts excédant le seuil, les types de services pouvant être achetés avec ces fonds et le report possible aux années subséquentes des cotisations non utilisées. Peu importe ces différences, ces systèmes n’exigent pas habituellement de cotisations du gouvernement, sauf indirectement sur le plan fiscal. Les fondements des comptes d’épargne-santé (CES) reposent sur une théorie selon laquelle les gens font des achats plus judicieux s’ils doivent payer de leur poche que lorsqu’une tierce partie couvre les coûts. Les défenseurs des CES avancent un certain nombre d’avantages tels que le nombre accru d’options s’offrant au patient, la réduction des dépenses gouvernementales et une meilleure efficacité des systèmes, comme des listes d’attente réduites. Les opposants, pour leur part, affirment que les CES peuvent porter atteinte aux régimes d’assurance, retirer leurs moyens aux personnes malades pour les donner à celles qui sont en santé et produire des résultats défavorables pour la santé. Les évaluations les plus précises des méthodes de financement sont celles qui prennent en considération le contexte du financement et de la prestation des services de santé de la province ou du territoire. C’est dans cette optique que le présent document relève les caractéristiques et les hypothèses sous-jacentes des CES à titre de modèle de financement des services de santé et fait état des constatations de la recherche à propos de ces hypothèses. Une attention particulière est portée à la répartition des dépenses de santé au sein de la population. Constatations Notre étude laisse entendre que les CES s’appliquent mieux aux services pouvant être financés adéquatement au moyen de l’argent qu’une personne épargne au cours de sa vie plutôt que par la mise en commun des risques avec d’autres. La recherche révèle que les modèles de CES devraient être appliqués uniquement aux services qui respectent l’ensemble des critères suivants : ◥◥ L’utilisation des services n’est pas répartie de façon très inégale. Dans les catégories de dépenses mal réparties, presque tous les gens qui reçoivent des allocations ne les utiliseront pas, ce qui est à la fois coûteux et inefficace. Les défenseurs des CES eux-mêmes reconnaissent que cette façon de procéder ne convient pas dans le cas des grands malades. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé ii ◥◥ Les coûts ne sont pas permanents ou ils sont relativement faibles. Des coûts peu élevés, mais prévisibles, devraient pouvoir s’intégrer aux dépenses courantes des ménages. Les CES sont conçus de façon à pallier les coûts élevés et ponctuels à l’aide de l’épargne. Toutefois, si de telles dépenses étaient récurrentes, les gens videraient leur compte en banque et devraient se fier à d’autres sources pour payer leurs factures. ◥◥ Les services ne sont pas considérés comme « nécessaires ». Dans la plupart des régimes étudiés, il est avantageux de soustraire certains services, comme les services préventifs ou de gestion des maladies chroniques, aux CES ou à la participation aux coûts. Les conséquences négatives sur le plan financier ou de la santé qu’entraîne la nonutilisation de ces services sont souvent plus importantes que les coûts liés à leur prestation. Conclusion Si on juge que les trois critères décrits ci-dessus sont valides, les CES joueraient, au mieux, un rôle très limité. Les CES pourraient entraîner des coûts élevés — tant en ce qui a trait aux allocations qu’à l’accroissement des tâches administratives — pour des avantages restreints, surtout s’ils excluent les services coûteux et ceux qui améliorent le plus la santé. Il ne semble pas judicieux d’avoir recours aux CES pour financer le système de santé canadien. iii 1Introduction Ce document, produit afin d’aider la FCRSS à mieux comprendre les incidences de divers modèles de financement des services de santé, examine les avantages possibles des comptes d’épargne-santé (CES) au Canada. Le principe d’intégralité énoncé dans la Loi canadienne sur la santé (LCS) est un objectif variable qui définit les services assurés en fonction du lieu de prestation (dans les hôpitaux) et des prestataires (les médecins). Cette définition constitue un plancher et non un plafond; en règle générale, la couverture assurée par les provinces dépasse ces paramètres. Cependant, alors que les soins habituellement offerts à l’hôpital sont de plus en plus souvent fournis à domicile et dans les collectivités, certains coûts (produits pharmaceutiques, services communautaires, certains services d’imagerie médicale et diagnostique, par exemple) ne sont plus sujets aux règles établies dans la LCS. Les répercussions de tels changements varient en fonction des services dont les gens ont besoin et de leur capacité de payer pour ces services, y compris les prestations d’assurance complémentaire dont ils peuvent disposer. (L’annexe A offre un complément d’information sur le financement des services de santé au Canada.) Il est primordial de reconnaître que les méthodes de financement ne doivent pas être examinées séparément, mais en prenant en considération le contexte du financement et de la prestation des services de santé. C’est pourquoi le présent document relève les caractéristiques et les hypothèses sous-jacentes des CES à titre de modèle de financement des services de santé et fait état des conclusions tirées de données relatives à ces hypothèses en portant une attention particulière aux effets de la répartition des dépenses de santé au sein de la population. Une étude complète prendrait également en compte la variation de cette répartition selon les catégories de dépenses, les groupes d’âge ou de sexe ainsi que d’autres facteurs, comme la résidence rurale ou urbaine, le statut socioéconomique et le diagnostic de maladie chronique. (Bien que d’autres recherches soient nécessaires, l’annexe B présente certaines constatations tirées de publications fondées sur des données du Manitoba traitant de certains de ces enjeux.) Le rapport se termine sur certaines observations au sujet des avantages possibles des CES au Canadai. 2 Qu’est-ce qu’un CES? Quelles hypothèses sous-jacentes ont été formulées à leur sujet? On utilise un certain nombre de termes pour décrire la famille de systèmes de financement portant le nom de comptes d’épargne-santé (CES). Hurley et ses collaborateurs font remarquer que ces régimes possèdent deux caractéristiques essentielles, soit un compte personnel ou familial et une police d’assurance catastrophe à franchise élevée1. Les nomenclatures de ces régimes diffèrent selon le pays et leur contenu varie également, à savoir qui est admissible, si le régime est facultatif ou obligatoire, qui doit cotiser (les particuliers, les employeurs ou le gouvernement), l’importance des cotisations (y compris le maximum et le minimum), la marge entre le compte et le niveau auquel l’assurance catastrophe entre en vigueur, qui est titulaire du compte (la personne ou l’employeur), les dispositions relatives au report des cotisations inutilisées aux exercices suivants (clause de préemption); les modalités d’imposition des régimes et les utilisations acceptées des cotisations. En plus de medical savings account, ou compte d’épargne-santé, on utilise les termes suivants : flexible savings accounts (compte d’épargne flexible, ou FSA), health savings accounts (autre type de compte d’épargne-santé, ou HSA), consumer-driven health insurance, consumerdirected health plans et consumer-centric health plans (assurance-maladie axée sur le consommateur), defined contribution health plans (assurance-maladie à cotisation déterminée) et consumer allowances i La Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé met à disposition, sur demande, une bibliographie regroupant les publications consultées pour la rédaction de ce document, de même que les résumés disponibles. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 1 (allocations aux consommateurs)2–6. De tels systèmes existent déjà dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, à Singapour, en Afrique du Sud et en Chine, mais n’exigent pas habituellement de cotisations du gouvernement, sauf indirectement sur le plan fiscalii. Les fondements des comptes d’épargne-santé (CES) reposent sur une théorie économique selon laquelle les gens font des achats plus judicieux s’ils doivent payer de leur poche que lorsqu’un assureur tiers couvre les coûts. Les défenseurs des CES avancent un certain nombre d’avantages liés aux mesures d’ordre économique pouvant inciter les gens à devenir des consommateurs avertis de services de santé : nombre accru d’options s’offrant au patient et gain d’autonomie de celui-ci, réduction des dépenses gouvernementales, amélioration de l’efficience et de l’efficacité des systèmes (dont une réduction des listes d’attente et des innovations plus nombreuses), réduction des coûts de traitement de petites réclamations, sensibilisation accrue aux coûts, utilisation moindre des services, nombre accru de personnes et de services couverts. Les opposants affirment qu’il est peu probable que bon nombre de ces avantages se confirment, principalement en raison de la répartition inégale des dépenses de santé au sein de la population. Ils soulignent que l’adoption des CES comportent des risques puisqu’ils peuvent porter atteinte aux régimes d’assurance, retirer leurs moyens aux personnes malades pour les donner à celles qui sont en santé, augmenter le coût total des services, subventionner des services d’une valeur discutable et produire des résultats défavorables pour la santé. Le rapport précise la nature de ces affirmations et la mesure dans laquelle elles sont étayées par les données. Un aspect particulier de l’étude des CES dans le contexte canadien porte à confusion. Depuis 1986, l’Agence du revenu du Canada autorise les employeurs constitués en société (mais non les particuliers) à ouvrir des comptes de gestion-santé. Bien que la définition de CES ne s’applique pas à ces comptes, ce sujet est abordé brièvement à l’annexe A. 3Le financement des services de santé : quelques enjeux Les services de santé peuvent différer fondamentalement des autres biens et services. Des économistes de la santé attirent l’attention sur un certain nombre d’enjeux, dont l’incertitude en ce qui a trait au moment où une personne tombe malade et au traitement nécessaire, la diffusion inégale de l’information entre le prestataire et l’utilisateur de soins ainsi que la possibilité que les coûts soient extrêmement élevés7–10. C’est pourquoi la plupart des entreprises mettent en commun les coûts d’au moins quelques services afin d’aider les gens devant faire face à des dépenses potentiellement catastrophiques. Il existe plusieurs manières de financer les services de santé en combinant les méthodes suivantes : paiement par le secteur public (impôts ou recettes générales), paiement par le secteur public ou parapublic (assurance sociale), assurance privée et dépenses directement prises en charge par les particuliers. La méthode de financement varie parfois à l’intérieur même d’une province ou d’un territoire selon le type de service et la catégorie de clients11–16. (L’annexe A aborde brièvement le sujet des dépenses publiques et privées au Canada.) L’ampleur des coûts payés d’avance et de la mise en commun des risques sont deux éléments clés des méthodes de financement. La mesure dans laquelle le financement, qu’il soit public ou privé, rembourse directement les prestataires ou subventionne les paiements privés sous forme de déduction fiscale est un autre enjeu, toutefois exclu de la portée de la présente étude17–19. Des études internationales confirment que la méthode choisie dépend notamment des facteurs suivants : ii Pour un complément d’information sur les expériences menées à l’échelle internationale en matière de CES, veuillez consulter cette étude de la FCRSS : Deber, R. B. Survol des comptes d’épargne-santé dans divers pays, Ottawa, Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé, mai 2011. 2 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé ◥◥ De quels moyens disposent la société ou encore les personnes pouvant avoir besoin de soins et leur famille? Dans un monde idéal, tous seraient en mesure de combler leurs besoins fondamentaux, comme la nourriture, le logement et les soins médicaux nécessaires, mais ce qui est jugé nécessaire varie selon les pays, surtout lorsqu’on compare les sociétés riches aux pauvres. ◥◥ Les coûts sont-ils payés d’avance, afin de répondre aux pointes anticipées au chapitre des dépenses, ou selon une méthode de financement par répartition, et dans quelle mesure? (Ce facteur s’applique également au revenu de retraite.) ◥◥ Les coûts sont-ils mis en commun ou pris en charge par les particuliers et leur famille, et dans quelle mesure? Les différents modèles de financement correspondent donc à des perceptions distinctes de la façon dont les coûts devraient être absorbés collectivement20. Il n’y a pas de réponse absolue. Les préférences des gens varient non seulement de façon générale, mais aussi en fonction de la population et des services couverts. Pour certaines personnes (et certains services), la méthode à privilégier est la répartition égale des coûts (tarification sans distinction) ou le paiement selon la capacité de payer (paiements fondés sur le revenu). Les défenseurs de l’« équité actuarielle » sont contre l’interfinancement et pour le paiement fondé sur les probabilités d’engagement de coûts. Le libertarianisme fait valoir que l’équité interdit non seulement d’obliger les gens à subventionner les autres, mais également de rendre obligatoire la couverture elle-même21,22. Il importe de reconnaître que les modèles de CES constituent un refus explicite de la mise en commun des risques parmi les populations censées être couvertes par ces services, quoi qu’ils puissent parfois être conçus dans le but d’inciter les gens à économiser tôt au cours de leur vie afin de couvrir les dépenses qui surviendront plus tard23. Les modèles de CES partent plutôt du principe que le revenu de la plupart des gens suffit pour payer les coûts des services pris en compte par le CES. Comme ces services varient selon le modèle de CES, l’évaluation de l’incidence des CES doit rigoureusement prendre en considération la conception des divers modèles et les liens entre les CES et les autres modes de financement employés. 3.1L’achat de services de santé et l’aléa moral Ces différents modèles de financement illustrent également les diverses façons dont les gens décident d’acheter et la mesure dans laquelle l’achat de services de santé s’apparente à celui d’autres biens et services. En sciences économiques, on définit le prix comme la valeur qui assure l’équilibre entre l’offre et la demande. Lorsque la demande dépasse l’offre, il faut les équilibrer en haussant les prix jusqu’à ce qu’ils excluent un nombre suffisant de gens. À l’inverse, réduire les prix fait augmenter la demande. Les forces du marché font donc en sorte que les biens rares soient accessibles à ceux qui y accordent la plus grande valeur, comme en fait foi leur volonté de payer le gros prix. Les économistes utilisent le terme « aléa moral » pour décrire les situations où une personne modifie son comportement sachant qu’elle n’aura pas à subir les conséquences de ses propres actions. La notion d’aléa moral prévoit qu’en les protégeant des risques (un des buts premiers de l’assurance), les gens sont moins inquiets des répercussions négatives que peuvent entraîner ces risques et plus susceptibles de faire un usage démesuré des services « gratuits ». En règle générale, les régimes d’assurance comprennent des caractéristiques visant à réduire au minimum l’aléa moral comme les participations aux coûts, les franchises et le refus d’émettre une police dans certaines circonstances24. Lorsqu’il est appliqué aux services de santé, l’aléa moral présuppose que les personnes bénéficiant d’un bon régime d’assurance-maladie feront une consommation excessive de ces services parce qu’elles n’auront pas à payer le plein prix pour les soins Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 3 qu’elles reçoivent. Si cette hypothèse se confirme, il faudrait contrôler les coûts en faisant d’abord en sorte que les gens assument davantage les conséquences de leurs actes25, puis en remettant en cause les modèles qui protègent les gens des véritables incidences de leurs décisions d’achat26–29. Les économistes reconnaissent que l’ampleur de cette réaction aux prix varie selon le service; on dit d’un service qu’il est « inélastique au prix5 » lorsque le contexte ne permet pas de conclure à une forte réaction aux signaux de prix. Les économistes conviennent également que certains coûts peuvent augmenter si certains services jugés nécessaires ne sont pas utilisés (par exemple, lorsque les signaux de prix incitent les gens à ne pas se procurer de médicaments pour maîtriser leur pression artérielle ou leur diabète, une hospitalisation coûteuse pourrait être nécessaire par la suite). Le type de régime d’assurance, le type de services recherchés ou nécessaires et les solutions de rechange influent donc sur l’évaluation de l’incidence des différents modèles de financement. L’aléa moral peut aussi s’appliquer au prestataire ou au payeur. On parle alors d’« antisélection » ou de « sélection des risques » dans des situations où la partie financièrement responsable des soins (qui est souvent un assureur) est réticente à offrir une protection aux personnes qui exigeront probablement le versement d’indemnités élevées. Ce problème se produit surtout dans les pays où il existe des régimes d’assurance concurrentiels (particulièrement aux États-Unis) et où les personnes souffrant de problèmes de santé préexistants peuvent ne pas être assurables. De là le débat, dans de nombreux pays, sur l’incidence des régimes d’assurance sur les comportements et les possibilités d’action à cet égard. 3.2Le rôle des patients et des prestataires de services de santé dans la prise de décisions en matière de traitement D’aucuns estiment que les services de santé sont des biens de consommation et que les patients sont les mieux placés pour décider ce qu’ils veulent. Si l’on suppose que ces derniers prennent les principales décisions au sujet des services de santé auxquels ils ont recours et que l’aléa moral des consommateurs est un problème d’importance, il peut être préférable de privilégier des modèles de financement dotés de mécanismes comme des signaux de prix afin de transférer les risques aux patients ou aux consommateurs (grâce à un système progressif de participation aux coûts qui oriente les patients vers des choix moins coûteux, par exemple). Les patients, pour leur part, doivent disposer d’assez d’information pour faire des achats judicieux. En revanche, si l’on présume que les prestataires de services de santé prennent les décisions en ce qui a trait aux traitements en se fondant idéalement sur leur jugement professionnel des besoins du patient, la police d’assurance ne mettrait pas l’accent sur les signaux de prix aux « consommateurs », mais sur la meilleure façon de payer les prestataires pour leurs services et sur les incitatifs propres aux différents modes de paiement. Comme l’a fait remarquer un éminent économiste britannique de la santé, « lorsque les objectifs d’une police d’assurance sont la limitation des dépenses et une utilisation plus efficiente des ressources, le mécanisme des prix doit servir à influer sur le comportement du demandeur principal et du prestataire de soins, le médecin en l’occurrence30 ». La documentation sur les CES reflète ces différences fondamentales d’opinion quant à la personne qui doit prendre les décisions relatives aux traitements. Les défenseurs des CES répètent à l’envi que ces comptes présentent l’avantage d’encourager les prestataires à se faire concurrence afin d’attirer des clients31. Le U.S. National Centre for Policy Analysis, un groupe de réflexion américain auteur de nombreuses études appuyant les CES, a publié un rapport dans lequel il affirme que les patients devraient être en mesure de gérer leurs propres soins et exhorte les États à abolir les obstacles juridiques et réglementaires qui nuisent à des innovations comme « l’émergence de courtiers de services médicaux en ligne semblables aux sites Web qui vendent des billets d’avion » et « des sites Web de vente aux enchères de services médicaux 4 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (semblables à eBay ou Yahoo) où les médecins se font concurrence en matière de prix et de services ». En outre, ils conseillent vivement à la Food and Drug Administration (FDA) américaine de faire en sorte que la plupart des produits pharmaceutiques soient en vente libre, ce qui permettrait aux consommateurs de se les procurer sans prescription32. De même, les défenseurs des comptes de gestion-santé canadiens justifient souvent leur position en citant le choix s’offrant aux consommateurs (voir l’annexe A). Un concept analogue découle du problème mandant-mandataire, c’est-à-dire une situation où l’une des parties prend les décisions au nom d’une autre. De toute évidence, des problèmes peuvent survenir lorsque les intérêts du mandataire ne correspondent pas à ceux du client. Dans la mesure où ce qu’on appelle souvent la « demande induite par le fournisseur » existe, les prestataires pourraient réagir aux mesures les incitant à offrir des services plus nombreux ou différents afin de maximiser leurs revenus33. Dans le domaine des services de la santé, cette tendance devrait idéalement être réduite par l’adoption de normes professionnelles soulignant l’importance de répondre aux besoins plutôt qu’à la demande, mais des programmes de financement mal conçus pourraient donner lieu à des mesures incitatives perverses. De fait, le mouvement vers l’amélioration de la qualité tente d’atténuer les trois problèmes déterminés par l’Institut de médecine américain (Institute of Medicine), soit la surutilisation, la sous-utilisation et l’utilisation abusive34. Il ne faut pas s’étonner que les cliniciens aient tendance à ne pas croire que « les consommateurs puissent prendre des décisions avisées et rentables au sujet des services de santé35 ». Les médecins soutiennent qu’il serait déraisonnable de considérer les patients comme des consommateurs avertis étant donné la complexité des maladies et l’aspect émotionnel du combat contre une maladie grave36. Et ils ne sont pas les seuls. Selon Reinhardt, un éminent économiste américain de la santé, « passer du système de tarification anarchique que l’on connaît à un autre, simplifié et rationalisé, qui permettrait d’axer véritablement les services de santé sur les consommateurs sera un défi de taille. Or, sans modifications majeures pour redresser le chaos actuel, forcer les gens malades et inquiets à faire le tour des cliniques presque à l’aveuglette pour trouver des soins rentables bafoue le principe même des services de santé axés sur les consommateurs37 ». D’aucuns s’inquiètent en outre des répercussions d’un tel modèle sur la relation médecin-patient, de la possibilité qu’il compromette le professionnalisme et mine la confiance ainsi que des problèmes de responsabilité juridique pouvant résulter d’un choix peu judicieux fait par le patient38–42. Manifestement, les enjeux relatifs au rôle des patients et des prestataires (et non la mesure dans laquelle ces derniers prennent des décisions en matière de traitement) sont fondés non sur des données probantes, mais sur des valeurs. Bien que cet aspect soit exclu de la portée de la présente étude, les données indiquent qu’en pratique, les prestataires prennent la majorité des décisions — surtout celles portant sur les traitements très coûteux — et que la plupart des patients affirment préférer la prise de décisions commune aux modèles où les patients sont seuls responsables de la prise de décisions43–46. Peu importe qui défraie les soins, il faut reconnaître qu’il est peu probable que les CES incitent les gens à faire des achats plus judicieux lorsqu’ils ne décident pas eux-mêmes de leur utilisation des services de santé. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 5 4Incidences possibles des modèles de CES : ce que nous indique la documentation 4.1 Quelles sont les répercussions de la participation aux coûts sur l’utilisation des services? Tels qu’ils sont mis en place dans certains pays (voir le document complémentaire, Survol des comptes d’épargne-santé dans divers pays, de R. B. Deber), les CES ressemblent beaucoup au régime à franchise élevée dont fait état l’étude sur les coûts liés aux services de santé menée, dans les années 1970, par l’organisation non gouvernementale RAND (The Health Insurance Experiment), et leurs effets sont souvent similaires. De ce fait, les défenseurs et les opposants mentionnent fréquemment cette étude, qui attribuait aux familles (à l’exception de celles comprenant des personnes âgées de plus de 65 ans) un régime d’assurance et une participation aux coûts au hasard. L’expérience a révélé que les familles dont la participation aux coûts était élevée utilisaient moins certains services. Les résultats pour la santé de la plupart des participants sont restés inchangés, mais le petit nombre de personnes pauvres et malades comprises dans l’étude ont vu les leurs se détériorer. La participation aux coûts a entraîné des réductions semblables de l’utilisation des services nécessaires et non nécessaires47, 48. Des études subséquentes ont confirmé ces constatations; la participation aux coûts des services nécessaires génère des résultats plus défavorables, engendrant souvent des coûts égaux ou supérieurs aux économies découlant d’une utilisation moindre49–52. Ces constatations sont aussi pertinentes au Canada, dans le cas des services non nécessaires selon la LCS. Ainsi, le partage des coûts est lié à la diminution du taux d’observance de la pharmacothérapie et à la hausse des résultats défavorables pour la santé, particulièrement chez les pauvres mais également chez les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques53–56. La participation accrue aux coûts parmi les personnes âgées et les patients démunis du Québec est liée à l’augmentation des taux d’hospitalisation, d’admission en soins de longue durée et de décès54. Devoir payer pour se procurer des médicaments peut également décourager les gens d’avoir recours à d’autres services publics. Allin et Hurley ont observé que le gradient du revenu associé au recours aux services d’un médecin en Ontario était lié au fait de ne pas souscrire une assurance médicaments. Conformément aux données selon lesquelles ces effets sont plus importants s’agissant des types d’utilisation que les patients maîtrisent, ce gradient était plus élevé pour les probabilités de consultation que pour le nombre de visites, ce qui était également le cas pour les personnes n’ayant pas encore reçu un diagnostic de maladie chronique par rapport aux patients en traitement57. L’avis des analystes diffère quant aux circonstances dans lesquelles il est acceptable de hausser les prix des services pour exclure des gens et à la supposition que les personnes ayant besoin de services particuliers devraient effectivement les recevoir. Ce point de vue varie toutefois selon les types de biens et de services, les pays et les solutions de rechange possibles. Ainsi, dans une étude de Kaiser Permanente, en Californie, Hsu et ses collaborateurs ont remarqué que « une participation aux coûts relativement modeste de la part des patients pour les services d’urgence a eu pour effet de diminuer le taux de visites à l’urgence sans entraîner une augmentation du taux d’événements cliniques défavorables ». Les patients pris en compte dans le cadre de cette étude pouvaient se rendre ailleurs pour obtenir des soins, ce qui a eu des effets positifs58. De fait, lorsqu’on ne paie que pour les services nécessaires, il peut en résulter une situation avantageuse pour tous, les coûts étant plus faibles et les résultats, meilleurs. En revanche, lorsque les frais pris en charge par les patients les empêchent de recourir aux services dont ils ont besoin, il en découle une situation de double contrainte, avec des résultats défavorables pour la santé et des coûts élevés, à court 6 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé ou à long terme, voire les deux. L’équilibre dépend manifestement de la population, des possibilités de traitement et de la période de référence. L’équité est aussi source de préoccupation, surtout à savoir si ces modèles pourraient accentuer les inégalités socioéconomiques en matière de services de santé38, 59. 4.2Sélection des risques Les théories économiques prévoient également que les CES, particulièrement si la participation à ceuxci est volontaire, plairont surtout à ceux qui courent de faibles risques de devoir effectuer des dépenses de santé, ce qui minerait la mise en commun des risques. (Nous abordons ci-après les effets de la répartition des dépenses de santé au sein de la population.) La structure des CES combine des allocations personnelles à une assurance catastrophe financée par des tiers payeurs. Sur les marchés concurrentiels de l’assurance, cependant, un assureur qui demande le même prix de couverture à tous, peu importe le risque (ce qu’on appelle souvent la tarification sans distinction), pourrait se faire couper l’herbe sous le pied par un autre pouvant offrir des taux inférieurs aux personnes présentant de plus faibles risques. Lorsque ces dernières leur retirent leur clientèle, les assureurs plus généreux, chez qui sont restés les clients qui coûtent plus cher, doivent augmenter leurs tarifs afin de couvrir l’augmentation des coûts moyens, quitte à perdre d’autres clients à faible risque. En ce cas, l’antisélection crée ce qu’on appelle la « spirale de la mort » et ces assureurs sont souvent obligés de fermer boutique. Lorsque les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous, les assureurs qui peuvent choisir leurs clients jouissent d’un avantage concurrentiel considérable24,60–62. On craint donc qu’en attirant les personnes à faible risque, les modèles de CES n’accentuent ce problème et ne nuisent à l’assurance des personnes malades. Certaines données indiquent que ce phénomène se produit bel et bien. Par exemple, une analyse des régimes d’avantages sociaux de l’Université Harvard a conclu qu’en raison de l’antisélection, « la décision de l’université de cotiser un montant égal à tous les régimes d’assurance a entraîné la disparition de la police la plus généreuse en l’espace de trois ans63 ». Robinson, pour sa part, avance que les régimes qui découragent les personnes dont les besoins sont les plus criants de souscrire une assurance minerait « la mise en commun déjà fragile des risques liés à l’assurance dans l’économie de la santé, qui est fondée sur des subventions implicites versées par les perpétuels bien-portants aux malades chroniques64 ». Une série d’analyses des CES américains a révélé que, lorsque les gens ont le choix, ce sont les personnes riches et en santé qui optent pour le CES. Un auteur affirme que ces dernières « déjouent le système de santé en souscrivant un régime à franchise élevée si elles croient en sortir gagnantes financièrement » et a fait remarquer que les CES ne semblaient convenir qu’à « une infime proportion des employés3 ». Comme nous le verrons ci-dessous, les conséquences de cette tendance varient et dépendent dans une large mesure de la fourchette de répartition des dépenses de santé dans laquelle se trouve chaque personne ainsi que des types de services couverts par chaque méthode de paiement. 5 Quelles sont les répercussions sur les payeurs (publics et privés), les prestataires et les consommateurs ou les patients? Selon la documentation consultée, les répercussions des CES dépendent en grande partie des détails de la structure de ces comptes ainsi que des caractéristiques des solutions de rechange6,65,66. L’analyse de ces répercussions est donc, elle aussi, tributaire de la structure exacte des régimes, du type de services et des caractéristiques des clients. Soulignons que, contre toute attente, les données probantes sur ce sujet sont rares; comme le font remarquer Hurley et Guindon, la documentation fait surtout état des préférences en matière de politiques au lieu de présenter des données concluantes6. Néanmoins, certaines constatations ressortent à l’évidence. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 7 Selon la structure des CES, les dépenses se divisent en trois catégories : l’allocation, payée (par quelqu’un) à chaque personne et utilisable (dans certains domaines); le seuil au-delà duquel les coûts sont considérés comme « catastrophiques » et (dans la plupart des CES) assurés (à divers degrés); la marge entre l’allocation et le seuil, où tous les coûts doivent être pris en charge par les ménages (ce qu’on appelle parfois le « bris de couverture »). Pour les payeurs, les CES représentent un transfert des risques du payeur, de l’employeur ou de l’assureur au patient ou à l’employé. L’incidence des divers modèles de financement dépend de plusieurs facteurs : les services nécessaires ou désirés ainsi que leurs prix, les services couverts, le montant de l’allocation et celui du seuil, ainsi que les probabilités de surutilisation, de sous-utilisation et d’utilisation abusive et les conséquences qui en découlent34. Ces facteurs ont également un lien avec la vulnérabilité à l’aléa moral. Il est important que les citoyens comprennent la répartition des dépenses au sein de la population et la pérennité des dépenses (qui influe sur la capacité des gens à payer d’avance celles qui sont prévues). Ces facteurs peuvent varier selon le type de service et le segment de population. 5.1Caractéristiques de la structure des régimes Tout système de CES entraîne des coûts supplémentaires pour les payeurs, qui doivent couvrir les allocations; ces coûts peuvent être à la charge des employeurs, des gouvernements ou des particuliers obligés d’épargner une partie de leurs revenus (comme dans le modèle de Singapour). De nombreux modèles permettent la déduction fiscale de ces coûts, ce qui représente des frais considérables pour les gouvernements. Certains coûts peuvent cependant être atténués si les CES remplacent l’assurance. Les modèles qui font appel aux déductions fiscales soulèvent également des questions d’équité puisque les personnes dont les revenus sont élevés sont susceptibles d’en bénéficier davantage17,67,68. S’ils prennent en charge leurs dépenses de santé, les gens sont plus circonspects que lorsqu’ils utilisent des services « gratuits »; le recours aux services de santé pourrait donc diminuer. Comme nous l’avons mentionné précédemment, la réduction du recours aux services non nécessaires ou inappropriés est manifestement souhaitable, mais le coût de l’élimination des soins nécessaires pourrait être plus élevé à long terme, surtout si le manque de soins préventifs ou primaires se traduit par de coûteuses hospitalisations. Si les gens sont en mesure de dépenser plus pour ces services, leur utilisation, ainsi que leurs coûts, peuvent augmenter. Les CES entraînent également des coûts administratifs qui, selon la documentation, peuvent être considérables. Rappelons que le contexte est important; des études menées aux États-Unis portent à croire que les CES (à l’instar des autres régimes à franchise élevée) pourraient entraîner la diminution des coûts administratifs puisque les petites réclamations ne seraient plus traitées, mais il est peu probable que ces conclusions soient pertinentes au Canada, où le modèle à payeur unique pour les services médicaux et hospitaliers réduit déjà ces coûts1,69. L’incidence des CES est donc étroitement liées à la structure du système. La documentation indique aussi que certains systèmes de CES sont susceptibles de faire augmenter les coûts totaux. Selon l’analyse d’un health reimbursement account (hra) américain (compte de remboursement des soins de santé — CRSS, « en vertu du CRSS, parmi la moitié des usagers ayant le moins recours aux services, qui correspondent à 5 p. 100 à peine des dépenses liées aux réclamations au titre de frais médicaux dans un régime collectif habituel, tous ont droit aux allocations afférentes au compte gestion-santé (de 500 $ à 1 000 $). Le CRSS ne peut compenser ces dépenses supplémentaires qu’en réduisant les débours liés aux réclamations des ménages qui dépassent leur allocation sans atteindre la franchise ou de ceux qui dépassent leur franchise27 ». Les auteurs de l’article soulignent également que les coûts sont redistribués des malades aux personnes et ménages en santé, puisque 8 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé ceux qui ne recevaient pas de paiement auparavant en reçoivent maintenant un chaque année. Afin de contrebalancer ces paiements tout en maintenant l’uniformité des coûts, il faut réduire les paiements aux personnes plus malades ayant utilisé le montant qui leur a été affecté. Une autre solution consisterait à modifier le montant de l’allocation. Par exemple, Zaric et Hoch ont conclu, par suite de simulations sur des nombreux modèles, que « pour que les CES puissent entraîner la réduction des coûts, l’allocation de base doit être de beaucoup inférieure aux dépenses de santé moyennes, à moins que des hypothèses très optimistes ne soient formulées quant à l’ampleur de la réduction des dépenses en raison d’une petite remise de fonds inutilisés70 ». Ils ont également constaté que les répercussions du modèle sont fortement liées à ses paramètres, mais que, la plupart du temps, il ne permet pas aux payeurs publics d’économiser des coûts. Les modèles fondés sur une clause de préemption peuvent également entraîner une utilisation accrue des services « marginaux » qui sont couverts (la dentisterie cosmétique, la médecine holistique ou la massothérapie, par exemple). Signalons que les comptes de gestion-santé déjà offerts au Canada (voir l’annexe A), bien qu’ils ne correspondent pas à la définition de CES, couvrent de tels services. La mesure dans laquelle les CES modifient le total des coûts, plutôt que de simplement transférer la responsabilité de payer tel ou tel service, dépendra de leurs répercussions sur les facteurs suivants : l’utilisation, la combinaison et le prix des services ainsi que les effets à long terme du fait de les recevoir ou non. Ces facteurs sont liés à la méthode de financement remplacée par le CES et à la structure des divers systèmes. Il est important de déterminer qui paie quoi puisque certaines « économies » peuvent n’être que de simples transferts de coûts (des tiers payeurs aux particuliers qui doivent dès lors prendre ces dépenses en charge, par exemple). Les titulaires d’un CES peuvent toutefois faire de véritables économies s’ils choisissent mieux les services auxquels ils ont recours (diminution de l’utilisation) et les prestataires de ces services (diminution des prix pour une utilisation identique en prenant des décisions d’achat avisées ou en recherchant les aubaines). Les répercussions diffèrent également entre les régimes qui utilisent le CES comme outil complémentaire pour couvrir les services non assurés autrement et ceux où le CES offre une couverture exhaustive. En théorie, les comportements des gens dont les dépenses correspondent à l’allocation ou à la marge sont différents de ceux des personnes ayant dépassé le seuil au-delà duquel les dépenses sont jugées catastrophiques. Par exemple, les comparaisons entre les régimes à franchises et participation aux coûts élevés et ceux qui allient CES et assurance catastrophe intégrale n’ont pas révélé de grandes différences entre les modèles de CES et le statu quo. De fait, les régimes comprenant un CES exigeaient souvent de faibles frais remboursables lorsque les dépenses dépassaient le seuil71. Selon ces comparaisons, les titulaires de CES bénéficiaient de services « gratuits » une fois le seuil dépassé tandis que les personnes inscrites à d’autres régimes pouvaient encore être tenues de participer aux coûts. De même, conformément aux théories économiques, lorsque le CES constitue un outil complémentaire (pour couvrir les services non assurés autrement), la possibilité d’avoir accès à des fonds versés dans un CES peut inciter le titulaire à dépenser davantage pour des services autrefois considérés hors de prix. Ainsi, une étude révèle qu’un groupe ayant opté pour un modèle de CES offert par un gros employeur américain dépensait beaucoup plus pour des services hospitaliers que les employés ayant souscrit un autre régime d’avantages sociaux et laisse entendre que cette situation était imputable au « trop faible partage des frais remboursables72,73 ». D’autres études font état de l’utilisation accrue des services préventifs au sein du groupe cotisant à un CES, en grande partie parce que ces services étaient couverts intégralement (assurance au premier risque, sans franchise), contrairement à la situation de leur groupe de référence5,74,75. Dans d’autres régimes, cependant, le remboursement des services ponctuels et des services intensifs de courte durée était plus généreux que celui des services préventifs et de soins aux malades chroniques, laissant craindre une diminution de l’efficacité du système de santé76. Une autre étude indique que le fardeau financier varie selon les régimes, ceux comprenant une assurance médicaments exigeant une participation aux coûts plus élevée que les régimes en vertu desquels les médicaments sont couverts Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 9 par l’assurance-maladie77. Il est à noter que bon nombre des régimes à l’étude soustraient d’importants services, comme les soins préventifs, de la participation aux coûts justement parce qu’on estime que le partage des coûts pourrait être préjudiciable78,79. Ces constatations soulignent l’importance d’examiner en détail les caractéristiques des régimes puisqu’une analyse superficielle pourrait indiquer que les CES ne nuisent pas à l’utilisation de certains services alors que le régime les soustrait du partage des coûts. Les CES peuvent également restreindre le pouvoir de négociation des prix fixés par les prestataires de services. Certains observateurs des régimes américains et chinois laissent entendre que les coûts des services ont augmenté en raison de cette perte de pouvoir au profit des prestataires80. (En théorie, les gouvernements pourraient réglementer ces prix, mais les concepteurs des modèles de CES considèrent que ce type d’intervention est incompatible avec les règles de la concurrence.) Cette situation peut aussi avoir des incidences sur l’équité, l’efficacité ainsi que sur la satisfaction des patients et des prestataires, mais elles sont difficiles à quantifier. 5.2Caractéristiques des services achetables avec les CES Les catégories de services varient selon leur prix, leur nécessité, leur prévisibilité et leur utilisation. Conformément à une étude de l’agrégation des données visant à calculer l’ajustement des risques aux Pays-Bas, le montant des primes devrait être très élevé afin de couvrir les prestations pour les médicaments et les appareils médicaux, par exemple, mais beaucoup moins important pour les soins dentaires81. En outre, les gens peuvent avoir besoin de différents services à différents moments. Ainsi, une étude américaine portant sur les bénéficiaires de Medicare âgés de plus de 65 ans, de 1992 à 1996, révèle qu’en 1996, les dépenses médicales annuelles des personnes dont c’était la dernière année de vie s’élevaient à 37 581 $ contre 7 365 $ pour les autres. Cependant, dans le cas des personnes qui décédaient à un âge plus avancé, les dépenses diminuaient s’il s’agissait des services médicaux couverts par Medicare et augmentaient pour les services de garde et les soins aux malades chroniques82. Il est important de souligner que les prestataires de services sont au nombre de ceux qui réclament la mise en place de CES puisqu’ils veulent éviter le contrôle des coûts et voir injecter de nouveaux fonds dans le système. Ils évoquent à cet égard deux raisons légèrement différentes (et pas toujours compatibles) : d’une part, les décisions d’achat de services de santé des consommateurs seraient plus avisées et, d’autre part, les CES permettraient l’achat de services de santé supplémentaires sans qu’il soit nécessaire d’augmenter le financement public (bien qu’une hausse des coûts totaux, dont ceux qui sont assumés par l’État, puissent résulter des politiques fiscales). Selon une méthode différente suggérée par Medicines Australia mais qui n’a pas été mise en œuvre, les CES permettaient aux futurs retraités de prépayer les coûts des médicaments, avec ou sans avantages fiscaux83. Il convient de noter que cette façon de faire visait à injecter non pas moins, mais plus d’argent dans le système; les tenants de cette proposition convenaient en outre de la nécessité d’une provision pour couvrir les coûts catastrophiques en plus des CES. En fait, certaines propositions avancées récemment au Canada en ce qui a trait au prépaiement des frais pharmaceutiques excluent explicitement le recours aux CES à cette fin, faisant valoir que la répartition de ces coûts est assez inégale pour justifier la mise en commun des risques84. Comme nous le verrons ci-après, tous les modèles de financement soulèvent d’importantes questions de politique : que faut-il subventionner et les CES constituent-ils une méthode de financement juste et rentable? Un auteur américain a suggéré le recours à l’analyse coût-efficacité pour orienter les politiques de paiement, lesquelles prévoiraient la couverture intégrale des services qui génèrent des avantages élevés et limiteraient le partage des coûts et la vente des services dont le rapport coût-efficacité est très bas85,86. 10 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé En revanche, comme, en vertu des modèles de CES, les décisions d’achat reviennent aux particuliers, il est difficile de défendre le subventionnement public de ces services, lequelles ne sont pas très profitables selon les données probantes. 5.3 Caractéristiques des clients : comment les dépenses sont-elles réparties parmi la population? Bien entendu, la possibilité d’économiser en faisant des achats judicieux est moindre si les dépenses sont déjà modestes. De nombreuses analyses de l’incidence des différents modèles de financement partent du principe que, normalement, la répartition des dépenses de santé suit la moyenne du groupe à l’étude. Mais les données montrent clairement que c’est rarement le cas. Dans une série d’articles novateurs87–90, Berk et Monheit analysent la répartition des dépenses de santé aux États-Unis. Des données d’enquête provenant de diverses sources leur ont permis de constater une similarité remarquable au fil du temps. Une proportion relativement faible de la population représentait une part importante des dépenses de santé. En fait, la proportion de la population qui dépensait le moins (50 p. 100) était à l’origine d’environ 3 p. 100 des dépenses. À première vue, cette constatation semble indiquer que l’aléa moral n’entre guère en ligne de compte puisque la plupart des gens, assurés ou non, n’ont eu que très peu recours aux services de santé. En mettant l’étude à jour, Riley91 a constaté que ces coûts étaient légèrement moins centralisés avec le temps, mais que la tendance persistait. En 1999, le directeur du Congressional Budget Office américain affirmait que « les bénéficiaires de Medicare les plus coûteux, qui constituent 5 p. 100 de la population à l’étude, représentent des dépenses presque aussi importantes que les 95 p. 100 restants. En moyenne, ceux qui font partie de ces 5 premiers points de pourcentage coûtent plus de 70 000 $ par an, soit plus de 10 fois le coût annuel moyen de tous les bénéficiaires de Medicare92 ». Même regroupés sur une période de cinq ans, les bénéficiaires associés à ces 5 premiers points de pourcentage représentaient 27,3 p. 100 des coûts de Medicare. Une analyse portant sur un échantillon de 1 p. 100 des bénéficiaires de Medicare de 1975 à 2004 fait état de certaines différences au fil du temps; les 5 premiers points de pourcentage représentaient entre 54,2 p. 100 (en 1975) et 43 p. 100 (en 2004) de tous les coûts liés à Medicare, tandis que le premier point de pourcentage représentait entre 20,4 p. 100 (en 1975) et 15,5 p. 100 (en 2004) de ces coûts. Il importe de souligner que, puisque le système à payeur unique n’existe pas aux États-Unis, cette apparente décentralisation témoignait, dans une certaine mesure, de la modification des critères d’admissibilité à la couverture de la partie B de Medicare (52 p. 100 de l’échantillon y avaient eu recours en 1975, contre 92 p. 100 en 2004). Selon une autre étude commandée aux États-Unis par l’Agency for Healthcare Research and Quality, les données des enquêtes sur les dépenses médicales (Medical Expenditure Panel Survey) de 1987, 1996 et 2002 comportent une répartition similaire, alors que les 50 p. 100 de la population qui dépensaient le moins représentaient environ 3 p. 100 du total des dépenses de santé93. Dans des travaux subséquents, Deber, Roos, Forget et leurs collègues ont étudié les tendances des dépenses au Manitoba, en analysant d’abord les services médicaux et hospitaliers, puis les coûts des produits pharmaceutiques (avec la collaboration de Kenneth Lam) de même que leur stabilité au fil du temps24,94–100 (l’annexe B offre un complément d’information à ce sujet). Ils ont constaté notamment que la structure proposée pour les CES au moment de l’étude offrait peu de possibilités d’épargne puisque la quasi-totalité des coûts des services engagés par les Manitobains se situait hors de la marge du modèle. La majeure partie du montant « économisé » proviendrait plutôt du transfert des coûts des payeurs aux patients les plus malades. En outre, les coûts des allocations aux personnes en santé excéderaient les économies possibles. Selon leur calcul approximatif, si tous les habitants du Manitoba devenaient titulaires de CES en fonction des dépenses moyennes pour les services médicaux et hospitaliers, les coûts absorbés par la Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 11 province augmenteraient d’environ 445 millions de dollars par année, ou 54 p. 10094, 95. Une analyse menée par la suite indique que la répartition inégale des coûts vaut pour tous les groupes d’âge et de sexe ainsi que pour les gens souffrant d’une des maladies chroniques à l’étude (asthme et diabète)24. D’autres études font état de résultats comparables au sein de diverses populations. Ainsi, une proportion relativement faible d’enfants correspond à un pourcentage élevé des dépenses de pédiatrie. On retrouve des enfants ayant besoin de services médicaux coûteux tant dans les groupes à faible revenu que dans ceux à revenu élevé101. La répartition inégale des coûts est aussi une des constatations de certaines analyses de la clientèle de compagnies d’assurance américaines. Par exemple, les populations assurées étudiées par Robinson présenteraient le profil suivant : « environ 67 p. 100 des personnes souscrivant une assurance privée sont en assez bonne santé, 20 p. 100 souffrent d’une affection aiguë au cours d’une année donnée, 15 p. 100 sont atteints de maladies chroniques importantes et 1 p. 100 des participants, les plus malades, qui souffrent de maladies complexes aux conséquences catastrophiques, représentent une très grande partie des dépenses totales64 ». Il a fait remarquer en outre que « 56 p. 100 des coûts des services de santé fournis aux clients inscrits à un régime d’assurance lié à l’emploi et n’appartenant pas au groupe des personnes âgées sont engendrés par les 5 p. 100 qui y ont le plus recours; 69 p. 100 des coûts sont attribuables aux 10 p. 100 qui utilisent le plus les services64 ». Les mêmes résultats valent pour les usagers des services hospitaliers de l’Australie occidentale103. Cette inégalité semble influer sur la sélection des risques; en effet, une étude des CES révèle qu’en dépit du faible écart entre les moyennes d’âge des gens inscrits aux différents régimes, les degrés d’utilisation préalable des services varient considérablement et que le CES est une solution plus intéressante pour les gens en santé27. Les coûts liés à la santé sont très mal répartis dans tous les pays. Par exemple, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a analysé les données d’enquêtes menées dans 89 pays, correspondant à 89 p. 100 de la population mondiale, afin de déterminer la mesure dans laquelle les gens vivent une « catastrophe financière » (définissant les ménages qui dépensent plus de 40 p. 100 de leur revenu) imputable aux dépenses de santé. Selon cette étude, de nombreuses personnes couraient ce risque (leur estimation se chiffrait à 150 millions de personnes chaque année). Comme on pouvait s’y attendre, les taux les plus élevés ont été observés dans les pays où les ménages doivent prendre ces dépenses en charge, tandis que les taux les plus faibles ont été enregistrés aux endroits où les coûts sont payés d’avance et les risques, mis en commun. Cependant, et même s’il ne s’agissait pas de l’objectif de l’étude, les auteurs ont été étonnés de constater que le pourcentage de personnes devant faire face à des dépenses catastrophiques était généralement très faible (moyenne de 2,3 p. 100, médiane de 1,47 p. 100). Plus de la moitié des sondages analysés indiquaient que le pourcentage de la population qui devait effectuer des dépenses catastrophiques était inférieur à 2 p. 100. Seuls 18 pays affichaient un taux supérieur à 4 p. 100 et les plus hauts taux observés ne s’élevaient qu’à environ 10 p. 100104. La plupart des gens de la majorité des pays avaient relativement peu recours aux services de santé, mais n’importe qui risque de se retrouver dans la catégorie des personnes ayant des besoins importants. Reste à savoir quel groupe de personnes les modèles de financement sont censés couvrir — la population en santé potentiellement à risque ou le petit nombre de gens ayant besoin de services de santé. Les dépenses de santé élevées pouvant être ponctuelles, il serait judicieux d’inciter les gens à épargner. Cela dit, puisque les coûts élevés persistent souvent d’une année à l’autre (en cas de maladie chronique, par exemple), l’épargne est peut-être moins utile aux gens qui doivent continuellement effectuer de telles dépenses105. Par exemple, une étude citée ci-dessus, qui porte sur les données du sondage Medical Expenditure Panel Survey mené aux États-Unis en 2000-2001 (N = 2 938 enfants), a permis de constater que les 10 p. 100 (décile supérieur) des enfants les plus malades entraînaient 54 p. 100 du total des coûts. 12 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Ces coûts étaient très récurrents : près de la moitié (49 p. 100) des enfants qui faisaient partie du décile supérieur en 2000 s’y retrouvaient encore en 2001; seulement 12 p. 100 d’entre eux sont passés dans la moitié inférieure101. Les répercussions de cette répartition inégale dépendent manifestement de la structure du régime. Si l’assurance catastrophe est excellente, les coûts absorbés par le titulaire d’un CES atteint d’une maladie grave peuvent être inférieurs à ceux d’un autre modèle de financement, surtout s’il comprend une participation aux coûts et une franchise non négligeables. Cependant, si les seuils sont relativement élevés et les allocations, relativement faibles, le CES est rapidement à sec. De toute évidence, la situation de la majorité de la population, qui n’a pas à couvrir de dépenses élevées, diffère de celle des gens qui tombent malades. En effet, en analysant les dépenses des employés d’une entreprise américaine, Eichner et ses collaborateurs ont constaté que la plus grande partie des débours était concentrée parmi une petite proportion des employés. Ils ont donc conclu que « la pérennité ne constitue pas un obstacle fondamental aux CES » , mais ils n’ont pas manqué de souligner qu’il était nécessaire de mener des recherches supplémentaires afin d’analyser les incidences sur le « petit nombre » de personnes qui doivent prendre en charge des coûts élevés et récurrents106. Les tendances varient aussi selon le type de services. Le recours aux services les plus coûteux, qui sont peu accessibles aux gens ne bénéficiant pas d’une quelconque forme de subvention ou de mise en commun des risques (surtout l’hospitalisation, mais également les services médicaux et pharmaceutiques), est susceptible d’être très mal réparti107. Pauly, qui défend ardemment les services axés sur les consommateurs, a néanmoins conclu que la répartition inégale des dépenses liées aux médicaments indiquait que, sans subvention, l’assurance médicaments n’était pas réalisable sur le plan financier. L’analyse des données sur les bénéficiaires de Medicare, de 1994 à 1998, effectuée par Pauly et Zeng divise en quintiles les dépenses pour les services hospitaliers, les consultations externes et les médicaments. Leur article comprend un tableau d’analyse du pourcentage des personnes qui se trouvaient dans le quintile supérieur en 1994 et qui y sont demeurées par la suite. Il convient de noter que cette méthode minimise l’ampleur de l’inégalité de la répartition puisqu’un quintile représente un groupe de personnes relativement important. Néanmoins, lorsqu’on rassemble les dépenses pour les services hospitaliers, les consultations externes et les médicaments, 54 p. 100 des gens sont restés dans le quintile le plus élevé en 1995, un pourcentage qui diminue graduellement jusqu’à 46 p. 100 en 1998. Dans le cas des dépenses pour des médicaments sans hospitalisation seulement, le pourcentage de gens qui demeurent dans le quintile supérieur est passé de 76 p. 100 en 1995 à 60 p. 100 en 1998. Selon les auteurs, « cette pérennité relative élevée fait en sorte qu’il est peu probable que l’assurance médicaments non subventionnée, même avec des primes partiellement ajustées en fonction du risque, soit mise en vente sans spirale de la mort liée à l’antisélection108 ». 5.4 Pourquoi les conclusions des études sont-elles différentes? Il importe de prendre en considération la provenance des données lorsqu’on analyse les études. Certaines portent sur des réponses hypothétiques à des sondages ou des questions109, d’autres traitent des données sur les réclamations. Il faut également tenir compte des personnes représentées au sein de l’échantillon; comme nous l’avons mentionné, les modèles actuels sont très vulnérables à l’autosélection en raison du taux de participation relativement faible aux CES, surtout dans des marchés concurrentiels comme celui des ÉtatsUnis. Autre élément important : certaines études observent la répartition sur l’ensemble de la population et d’autres, l’expérience de sous-groupes. Les études qui portent sur les dépenses « moyennes », que ce soit au total ou selon le groupe d’âge ou de sexe110, peuvent être éminemment trompeuses en raison de la répartition très inégale des dépenses de santé. Non seulement les coûts varient-ils selon la catégorie d’âge ou de sexe, mais il y a également une variabilité remarquable au sein de l’une ou l’autre de ces catégories. Les études Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 13 menées dans de nombreux pays, notamment en Europe, indiquent qu’à eux seuls, les facteurs tels que l’âge et le sexe expliquent probablement les 2 à 4 p. 100 de l’écart en matière de dépenses111–117. En théorie, d’autres facteurs comme le diagnostic, la région et l’utilisation préalable des services peuvent également être pris en compte. Cela dit, ces modèles ne justifient pas plus de 15 p. 100 de l’écart116. Les études qui ne portent que sur les données agrégées peuvent donc conclure qu’il n’existe pas d’écart, alors que celles qui tiennent compte de la répartition en arrivent à des conclusions différentes. Bien que les analyses des données américaines sur les réclamations n’aient pas révélé d’écart relatif aux facteurs démographiques fondamentaux entre les types de régime, elles ont permis de constater que les gens ont très souvent recours à l’autosélection et que les personnes qui optent pour le CES sont généralement en meilleure santé. « L’étude laisse entendre que les inquiétudes quant au biais de sélection pourraient être fondées74 ». Plusieurs études ont tenté de modifier la structure des CES pour en réduire les coûts. Elles font valoir que ces comptes pourraient maintenir l’uniformité des coûts pour peu que l’on réduise considérablement le montant des allocations ainsi qu’en exemptant les principales catégories de dépenses et en formulant d’importantes hypothèses sur la répartition des dépenses et la réaction des gens qui doivent payer. Hurley et ses collaborateurs ont procédé à une série de simulations mettant à l’essai les changements apportés au modèle. Ils font observer que ces simulations ont été conçues de façon à être « généralement favorable aux CES : nous présumons que le gouvernement récolte l’ensemble des économies liées à la réduction de l’utilisation des services en vertu des CES et qu’il ne distribue à ces derniers que les fonds restants après avoir retenu l’argent requis pour financer l’assurance catastrophe; que les gens réagissent aux mesures incitatives des CES en réduisant leur utilisation de services conformément aux estimations de l’étude RAND sur les services de santé (The Health Insurance Experiment) et qu’ainsi, ils gèrent l’argent du CES et leurs fonds personnels de la même manière; nous ajustons les cotisations aux CES en fonction de l’âge, du sexe et de l’état de santé, et puisque l’inscription est obligatoire, les CES ne favorisent personne au moyen de la sélection des risques. Qui plus est, la structure que nous avons établie fait en sorte que l’ajustement en fonction du risque (ou l’absence d’ajustement) n’a pas d’incidence sur les dépenses publiques globales; c’est plutôt la répartition des fonds publics parmi les gens qui change. Par conséquent, la répartition très inégale des dépenses de santé et les méthodes toujours rudimentaires d’ajustement en fonction des risques ne signifient pas que tous les systèmes de CES feront dans tous les cas augmenter les dépenses1 ». Leur modèle ne tenait compte que des coûts liés aux services médicaux et hospitaliers et il avait été conçu de façon à favoriser au maximum les CES. Néanmoins, les auteurs concluent que « même selon des hypothèses favorables, les CES se traduisent, au mieux, par des économies modestes dans le secteur public tout en nuisant à la répartition des coûts et qu’il est peu probable que les CES financés par l’État améliorent le rendement global du système de santé1 ». 6Le cas du Canada : qui paie pour quels services? La Base de données sur les dépenses nationales de santé de l’ICIS118 classe les dépenses selon cinq sources de financement, qui peuvent encore être groupées selon les parts publiques et privées. De plus, les dépenses sont également catégorisées par les « affectations de fonds » (voir les définitions à l’annexe A). Les données permettent de comprendre qui paie actuellement pour les différents types de services où des lacunes sont probables. Au Canada, environ 70 p. 100 des dépenses de santé sont prises en charge par le secteur public, et ce, depuis au moins 1997118. Cette proportion varie toutefois considérablement en fonction du type de service, en partie parce qu’en vertu de la LCS, les services assurés sont définis en fonction des prestataires (les médecins) et du lieu de prestation (les hôpitaux), si bien qu’il en résulte des différences appréciables 14 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé dans l’attribution de la responsabilité des différents coûts. L’ICIS estime qu’environ 99 p. 100 des coûts des services dispensés par les médecins et 90 p. 100 de ceux des services hospitaliers sont financés par le secteur public. En revanche, le secteur privé prend en charge une grande partie des coûts pour les catégories comme les « autres professionnels » (soins dentaires, soins de la vue, réadaptation), les médicaments prescrits aux patients externes, les médicaments en vente libre, les fournitures et appareils médicaux personnels, les soins de longue durée et les services à domicile. Les services d’imagerie diagnostique présentent un tableau plus mitigé : la plupart des services sont fournis dans les hôpitaux et doivent être financés par le secteur public s’ils sont jugés nécessaires sur le plan médical, mais certaines provinces font davantage appel aux cliniques privées, où les critères en vue du financement public peuvent être plus ambigus119. Comme l’avance une étude menée pour la Commission Kirby, les services de santé bénéficient d’un important soutien fiscal (non reflété dans les données de l’ICIS) résultant de « la non-imposition des cotisations de santé versées par l’employeur au nom de chaque employé, tandis que les coûts restent déductibles pour l’employeur. L’exonération d’impôt de ces charges sociales réduit les recettes fiscales fédérales et provinciales de quelque deux milliards de dollars par année. L’exonération actuelle pourrait être considérée comme injuste à bien des égards. Les employés couverts par des régimes d’assurance-maladie de l’employeur obtiennent un avantage auquel n’ont pas accès ceux qui ne sont pas couverts, et le montant de cet avantage est le plus élevé pour ceux qui ont droit aux régimes les plus complets et les plus généreux et qui touchent les revenus les plus élevés. L’exonération de ces avantages constitue en réalité une subvention importante à ceux qui ont droit aux services (soins dentaires, lunettes, médicaments, etc.) non couverts par le système de santé public de base, tandis que les autres n’obtiennent pas de tels avantages33 ». Les CES peuvent donc être vus comme un éventuel moyen de rééquilibrer les forces à cet égard. L’annexe A fournit d’autres détails et aide à cerner les lacunes dans la couverture des services de santé. Il est d’ailleurs important de noter que ce tableau peut évoluer en raison du transfert des services des hôpitaux vers le domicile et la collectivité grâce à la technologie. La part des dépenses de santé attribuable aux hôpitaux, notamment, est passée de 45 p. 100 au milieu des années 1970 à environ 27,8 p. 100 en 2009118. La responsabilité des coûts change en même temps que les lieux de prestation des services. Les médicaments, par exemple, représentent une part de plus en plus importante des dépenses de santé, entre autres parce que les coûts qui leur sont associés font de moins en moins partie des budgets des hôpitaux (les médicaments prescrits aux patients hospitalisés sont inclus dans les dépenses hospitalières, alors que ceux prescrits aux patients externes font partie des dépenses liées aux médicaments). Une récente enquête menée auprès de 29 pays par l’OCDE examine dix « fonctions des soins de santé » et évalue la couverture des coûts qui leur sont associés. Bien que les chiffres précis fournis dans le rapport puissent être remis en question (et qu’ils ne tiennent pas compte de la variation possible au sein d’une même province ou entre les provinces), ils donnent un aperçu des lacunes existantes dans la couverture. Au Canada, les services suivants sont totalement couverts, à savoir les soins de courte durée pour les patients hospitalisés, les consultations externes auprès d’un médecin de premier recours et d’un spécialiste, les analyses en laboratoire et l’imagerie diagnostique. La couverture des médicaments est estimée entre 51 et 75 p. 100. Les services « non couverts » sont la physiothérapie, les lunettes et les verres de contact ainsi que les soins et les prothèses dentaires15. L’incidence probable des CES repose donc manifestement sur le type de services qu’ils doivent couvrir et la proportion de la population déjà couverte (ainsi que sur la portée et le coût de cette couverture). Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 15 7Conclusion : Quelle pourrait être la place des CES au Canada? Les CES existent déjà dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, à Singapour, en Afrique du Sud et en Chine. Le document complémentaire donne des renseignements sur ces régimes. Nombre d’auteurs ont recommandé leur mise en œuvre dans d’autres pays, dont le Royaume-Uni120, l’Australie121–125 et le Canada126–136. La plupart de ceux qui ont analysé les expériences relatives aux CES arrivent à la conclusion que leur incidence précise dépend de la structure du régime, mais que le partage des coûts est un outil peu efficace137. Le CES compte son lot d’ardents défenseurs, souvent issus des groupes de réflexion américains. Leur enthousiasme tient fréquemment aux hypothèses plutôt optimistes selon lesquelles il est possible de former les gens à comprendre suffisamment l’information médicale pour être en mesure de prendre des décisions sur leur propre traitement et faire la distinction entre des soins appropriés et inappropriés138. D’autres auteurs sont plus ambivalents, mais tendent davantage à douter de la valeur des CES6, 27, 139–144, et ce, en raison de la difficulté à assurer non seulement que les ressources des CES sont suffisantes pour couvrir les coûts potentiels, mais aussi que ceux-ci seront raisonnables. D’une part, si les régimes sont généreux, ils ne permettront pas de réaliser des économies; d’autre part, si les gouvernements ou les employeurs paient les allocations, les CES subventionneront des personnes en santé au détriment des malades. En minant la mise en commun des risques, les CES réduisent l’interfinancement entre les personnes en santé et les malades. Les CES peuvent, dans certains cas, générer des économies à court terme en réduisant l’utilisation des services, mais cela ne compense habituellement pas le coût des allocations (à moins que ces dernières ne soient insignifiantes) et peut même entraîner des coûts supplémentaires dus aux effets indésirables sur la santé de ceux qui renoncent à des soins nécessaires, un problème qui semble toucher surtout les personnes à faible revenu. En 2002, dans le cadre d’une analyse documentaire, Dixon n’a relevé que 20 articles qui répondaient à ses critères de recherche. À l’exception des analyses de Singapour, presque tous les articles étaient théoriques plutôt que fondés sur des données de recherche145. L’auteure a conclu que les CES se caractérisent par une absence de mise en commun des risques, un faible contrôle de l’affectation des ressources et l’existence d’obstacles financiers à l’accès, qu’ils cautionneraient la rémunération à l’acte et qu’ils sont, par conséquent, « inéquitables et inefficaces ». Saltman a aussi émis des réserves à l’égard des CES146. Selon une étude internationale, les CES pourraient au mieux jouer un rôle complémentaire147. Les auteurs soulignent également que les coûts administratifs liés aux CES sont considérablement plus élevés que ceux des modèles à payeur unique. Bien que le système de santé canadien soit excellent à plusieurs égards, il y a toujours place à l’amélioration. Pour qu’il soit viable, il faut veiller tout particulièrement à ce que les gens reçoivent des soins de grande qualité en temps opportun et à un prix abordable. Une des tendances nettes des politiques actuelles consiste à se concentrer sur le caractère approprié des services148 ainsi qu’à assurer que les soins que reçoivent les patients leur sont bénéfiques et fournis de manière efficiente. Bien qu’importants, ces enjeux dépassent la portée du présent rapport. Une des questions qui sont liées aux méthodes actuelles de financement public-privé concerne le problème d’accès aux services de santé au Canada, en particulier aux services non prescrits par la LCS (par exemple, les médicaments pour les patients externes, les soins de la vue, les soins dentaires, la réadaptation, les soins de longue durée et certains tests diagnostiques). Certains de ces services, notamment les produits pharmaceutiques, sont répartis de façon inégale et peuvent entraîner des coûts catastrophiques pour une petite partie de la population149, 150. Comme un grand nombre de Canadiens sont couverts par une assurance privée pour certains de ces services et que beaucoup d’autres ne le sont pas, il peut être justifié d’élargir la couverture aux services nécessaires qui ne sont pas pris en charge par les politiques de financement actuelles151–154. L’Association médicale canadienne est l’une 16 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé des nombreuses voix ayant proposé cet élargissement155. Toutefois, de par leur nature, les CES conviennent mieux aux services qui pourraient être financés de manière adéquate par l’épargne personnelle tout au long de la vie, plutôt qu’aux services dont les coûts devraient reposer sur une mise en commun des risques. Par conséquent, les CES ne sont peut-être pas la meilleure façon de couvrir de tels coûts. En conclusion, notre analyse indique que les modèles de CES devraient être réservés aux seuls services qui répondent à tous les critères suivants : ◥◥ L’utilisation des services n’est pas répartie de façon très inégale. Dans les catégories de dépenses mal réparties, presque tous les gens qui reçoivent des allocations ne les utiliseront pas, ce qui est à la fois coûteux et inefficace. Les défenseurs des CES eux-mêmes reconnaissent que cette façon de procéder ne convient pas dans le cas des grands malades. ◥◥ Les coûts sont relativement élevés, mais ne sont pas permanents. Si les coûts sont faibles, et particulièrement s’ils sont prévisibles, ils devraient pouvoir s’intégrer aux dépenses courantes des ménages (comme la nourriture et le loyer). Les CES sont conçus de façon à pallier les coûts élevés et ponctuels à l’aide de l’épargne. Toutefois, si de telles dépenses étaient récurrentes au fil des ans, les gens videraient rapidement leur compte en banque et devraient se fier à d’autres sources (au gouvernement?) pour payer leurs factures. ◥◥ Les services ne sont pas considérés comme « nécessaires ». Dans la plupart des régimes étudiés, il est avantageux de soustraire certains services (par exemple, les services préventifs ou de gestion des maladies chroniques) aux CES ou à la participation aux coûts parce que les conséquences négatives sur le plan financier ou de la santé qu’entraîne la non-utilisation de tels services sont souvent plus importantes que les coûts liés à leur prestation. Si ces critères sont acceptés, les CES joueraient au mieux un rôle très restreint, pour plusieurs raisons. En ce qui concerne l’économie de coûts, la vaste majorité des dépenses de santé sont engendrées par les grands malades; ces coûts, qui sont répartis très inégalement, vont à l’encontre du premier critère. Quant aux services qui contreviennent au deuxième critère parce que leurs coûts sont gérables et relativement prévisibles (par exemple, les soins dentaires préventifs, les soins de la vue), les responsables des politiques peuvent décider que les gens devraient pouvoir les payer eux-mêmes, tout en offrant des services facturés sous réserve des ressources de chacun (à l’instar des programmes de prestation ou de subvention alimentaire ou de logement pour les personnes à faible revenu). Si des lacunes existent dans la couverture des soins nécessaires (ce qui contrevient au troisième critère), il semblerait avisé de fournir ces soins de la façon la plus efficiente possible. En particulier pour les coûts relativement mal répartis (par exemple, les médicaments pour les patients externes ou les services à domicile), une des options consisterait à moderniser la LCS et à veiller à ce que les services nécessaires sur le plan médical soient fournis, sans égard aux prestataires ou au lieu de prestation des services. Le présent rapport mène à la conclusion que les CES peuvent entraîner des coûts élevés — tant pour ce qui est des allocations que des charges administratives — sans pour autant offrir des avantages appréciables, surtout s’ils excluent les services coûteux et ceux qui sont le plus essentiels à l’amélioration de la santé. Il semble peu probable qu’ils représentent une valeur ajoutée pour le financement des services de santé au Canada. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 17 Annexe A : Dépenses de santé des secteurs public et privé au Canada Au Canada, les services nécessaires sur le plan médical qui sont fournis dans les hôpitaux ou par les médecins sont surtout financés par le secteur public. D’autres services, toutefois, peuvent faire l’objet d’un financement privé, bien qu’il existe également des régimes publics (selon la province) pour certains groupes comme les personnes âgées, les bénéficiaires de l’aide sociale, les patients atteints de maladies particulières ou les personnes confrontées à des dépenses de santé potentiellement catastrophiques. Les dépenses du secteur privé, quant à elles, représentent une combinaison d’assurance privée et de dépenses directes des ménages. L’assurance privée ne couvre pas toute la population; elle est généralement liée à l’emploi. Les divers régimes d’assurance diffèrent quant aux services couverts, au montant de la franchise, à la participation de l’assuré aux coûts et aux prestations maximales. Le tableau ci-dessous est extrait de données publiées à partir de la Base de données sur les dépenses nationales de santé de l’ICIS118. Les colonnes présentent les dépenses totales pour 2007 (en milliards de dollars canadiens) et leur répartition selon le secteur, public ou privé (pour un total de 100 p. 100). Il convient de prendre note que cette catégorisation repose sur la responsabilité de paiement plutôt que sur la source de financement. Les « sources de financement » publiques sont les suivantes : 1) les gouvernements provinciaux et territoriaux (ce qui comprend les transferts en matière de santé aux provinces et territoires); 2) les dépenses directes du gouvernement fédéral (pour les anciens combattants, les Autochtones, la recherche sur la santé ainsi que la promotion et la protection de la santé, par exemple); 3) les gouvernements municipaux; 4) les caisses de sécurité sociale (y compris les commissions des accidents du travail). La part du secteur privé comprend les dépenses directes des ménages, l’assurance privée et les revenus ne provenant pas des patients comme les dons et les revenus de placement. L’ICIS ventile également les dépenses selon diverses « affectations de fonds », ce qui permet d’examiner qui paye actuellement pour les différents types de services et où les dépenses du secteur privé sont concentrées. 18 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Dépenses de santé au Canada, 2007 : Part des secteurs public et privé dans les principales catégories Catégorie principale Sous-catégorie $ (milliards) Hôpitaux Part publique Part privée Total 45,4 90,7 % 9,3 % 100 % Autres établissements 16,4 73,2 % 26,8 % 100 % Médecins 21,5 99,1 % 0,9 % 100 % 11,1 4,5 % 95,5 % 100 % 1 Autres professionnels2 Médicaments Dentistes Soins de la vue 3,7 5,4 % 94,6 % 100 % Autres 2,5 20,0 % 80,0 % 100 % Total Autres professionnels 17,3 6,9 % 93,1 % 100 % Prescrits 22,0 46,4 % 53,6 % 100 % En vente libre 2,5 0,0 % 100 % 100 % Articles d’hygiène personnelle 2,0 0,0 % 100 % 100 % 26,5 38,5 % 61,5 % 100 % Immobilisations 7,3 78,1 % 21,9 % 100 % 3 Santé publique 10,6 100,0 % 0,0 % 100 % Administration4 5,6 46,4 % 53,6 % 100 % 10,3 80,6 % 19,4 % 100 % Total Médicaments Autres Autres dépenses de santé5 Total Autres Total 33,8 80,5 % 19,5 % 100 % 160,97 $ 70,3 % 29,7 % 100 % Notes : 1 La catégorie Autres établissements inclut les centres de soins infirmiers et les établissements de soins en hébergement. 2 La catégorie Autres professionnels englobe les soins fournis principalement par les dentistes, les denturologistes, les optométristes et les opticiens ainsi que par les chiropraticiens, les physiothérapeutes et les infirmières en service privé. 3 La catégorie Santé publique comprend les dépenses liées à l’innocuité des aliments et des médicaments, les inspections de santé, les activités de promotion de la santé, les programmes communautaires de santé mentale, les services infirmiers de santé publique, les mesures visant à prévenir la propagation des maladies transmissibles et la santé au travail axée sur la promotion et l’amélioration de la santé et de la sécurité en milieu de travail. Selon cette définition, toutes ces dépenses sont prises en charge par le secteur public. 4 La catégorie Administration englobe les coûts d’infrastructure pour assurer le fonctionnement des ministères de la Santé et l’administration d’assurance (les dépenses administratives liées à la prestation de l’assurance-maladie par les gouvernements et les compagnies d’assurance-maladie privées), mais exclut les dépenses administratives des services non assurés. 5 La catégorie Autres dépenses de santé englobe la recherche sur la santé (à l’exclusion de la recherche financée par les entreprises pharmaceutiques, incluse dans la catégorie Médicaments), le transport des malades, les appareils auditifs et les appareils médicaux, les associations volontaires de santé ainsi que les services à domicile explicitement reconnus. Certains services qui sont désignés par les sources de données comme étant des services à domicile sont compris dans la vaste catégorie Autres dépenses de santé. Les soins infirmiers privés offerts à domicile sont compris dans la catégorie Autres professionnels. Les programmes de services à domicile offerts par les hôpitaux figurent dans la catégorie Hôpitaux. Les services de soutien, dont l’entretien ménager et la livraison de repas, sont considérés comme étant des services sociaux d’après la définition actuelle des services à domicile et sont éliminés lorsqu’ils sont repérés. Les données de l’ICIS peuvent également servir à estimer approximativement la répartition des dépenses de santé du secteur privé. En utilisant l’ensemble des dépenses de santé comme dénominateur, on estime que 34 p. 100 des 47,8 milliards de dollars de dépenses du secteur privé sont consacrées aux médicaments (dont 24,7 p. 100 aux médicaments prescrits, 5,2 p. 100 aux médicaments en vente libre et 4,18 p. 100 aux articles d’hygiène personnelle), 22,2 p. 100 aux soins dentaires et 7,3 p. 100 aux soins de la vue. Toutefois, 14,8 p. 100 des dépenses du secteur privé se retrouvent dans la catégorie Autres et ne devraient probablement pas être prises en considération, puisqu’elles représentent principalement des coûts liés au système (par exemple, le financement privé de la recherche ou les immobilisations) plutôt que le type de Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 19 dépenses personnelles de santé qui pourraient être couvertes par les CES. L’ICIS fait également remarquer que la part des dépenses du secteur privé pour les médicaments d’ordonnance prise en charge directement par les ménages est passée de 44,5 p. 100 en 1988 à 33,3 p. 100 en 2007, ce qui est toujours considérable. Par ailleurs, en 2007, 54,3 p. 100 des dépenses liées aux soins dentaires sont assumées par l’assurancemaladie privée et 45,7 p. 100 par les ménages. En 1975, l’administration représentait 2,9 p. 100 des dépenses publiques et 2,5 p. 100 de celles du secteur privé alors qu’elle passait, en 2007, à 2,3 p. 100 et 6,2 p. 100 respectivement. La catégorie Assurance privée englobe de multiples modèles qui comportent des différences dans la couverture et les conditions d’assurabilité. Les comptes de gestion-santé, qui existent depuis 1986 au Canada, peuvent porter à confusion. Ce modèle ne correspond toutefois pas à la définition du CES. Il est plutôt commercialisé comme un instrument d’épargne fiscale puisqu’il permet de payer les dépenses de santé admissibles à partir du revenu avant impôt156–161. Ces régimes ne procurent aucune couverture d’assurance : ils ne visent qu’à assurer le remboursement de certains coûts. Toutes les dépenses liées aux soins médicaux ou dentaires qui seraient déductibles d’impôt selon la Loi de l’impôt sur le revenu, dont les services de professionnels de la santé autorisés (y compris les chiropraticiens, les praticiens de la science chrétienne, les massothérapeutes, les naturopathes, etc.), les médicaments, les appareils, l’acupuncture, la chirurgie esthétique, etc., peuvent être payées à partir de tels comptes. Le solde non utilisé peut être reporté pendant un an, mais revient par la suite à l’employeur. Certaines dépenses ne sont toutefois pas couvertes : le service des ressources humaines de l’Université de Lethbridge mentionne, par exemple, « les médicaments obtenus sans ordonnance d’un médecin ou d’un dentiste, les abonnements à un centre sportif ou à un club de golf et les services de garderie160 ». Certains préconisent également d’avoir recours à ces régimes pour favoriser le choix du consommateur. Un article publié en ligne intitulé « Why Are Health Spending Accounts A Necessity For Canadians? » souligne que « les comptes de gestion-santé sont nécessaires notamment parce que, contrairement à l’assurancemaladie, ils permettent de choisir le traitement préféré. Qu’il s’agisse d’acupuncture ou de naturopathie, les comptes de gestion-santé laissent aux clients le soin de choisir les services de santé qui leur conviennent. Même les petites dépenses comme les antidouleurs ou antitussifs peuvent être financées à l’aide de ce service162 ». Comme le solde non utilisé dans une période donnée est perdu dans le cas de ces comptes, le modèle est axé sur les dépenses prévisibles et relativement modestes. Annexe B : Répartition des dépenses de santé au Manitoba En collaboration avec des collègues du Manitoba Centre for Health Policy (MCHP), nous avons examiné des données provenant de la base de données administratives sur la santé du Population Health Research Data Repository24, 94–100. Les données fournies par Santé Manitoba, le ministère responsable du programme d’assurance-maladie universel de la province, portent entre autres sur l’utilisation de certains services de santé (dont les services médicaux et hospitaliers) au sein de la population manitobaine163. La confidentialité des données est assurée grâce à un numéro d’identification médical personnel (NIMP) chiffré qui est attribué à tous les Manitobains inscrits dans le système de santé provincial. Les années de données accessibles varient en fonction des sous-secteurs. Par exemple, les données hospitalières de 1970-1971 à aujourd’hui sont disponibles. Bien que dans certaines provinces, l’importance croissante d’autres modes de paiement pose certains problèmes de collecte des données sur les médecins, la présente étude n’en a pas souffert, puisqu’une écrasante majorité des médecins en cause étaient toujours rémunérés à l’acte. Au cours de la période analysée, bien que seulement 7 p. 100 des médecins de famille manitobains soient rémunérés sur une base salariale et qu’ils fassent rapport de leurs activités à l’aide de 20 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé codes de facturation pro forma, les données sur la facturation de cette période reflètent la majorité des services médicaux fournis. La situation du Manitoba est quelque peu inhabituelle du fait que toutes les dépenses pharmaceutiques engagées sont également enregistrées depuis 1994. Toutefois, comme les coûts imputables ne comprennent pas le total des dépenses de santé, les moyennes — et non la répartition — ne sont pas directement comparables aux dépenses du Manitoba telles que rapportées par l’OCDE et l’ICIS. Elles s’en rapprochent beaucoup, malgré tout, compte tenu des différences potentielles entre les définitions utilisées par ces organismes. Par exemple, l’ICIS a estimé que les dépenses de santé globales par habitant pour l’ensemble des sous-secteurs au Manitoba, y compris les dépenses des secteurs public et privé, s’élevaient à 4 931,93 $ en 2006164. Quant aux dépenses hospitalières, l’ICIS a rapporté des dépenses par habitant de 1 259,65 $ pour 2005-2006, un résultat semblable à celui de la base de données du Manitoba (moyenne de 1 277,99 $ pour 2006). En revanche, pour la même année, l’ICIS a rapporté des dépenses liées aux médecins de 578,03 $ par habitant, contre 391,22 $ selon la base de données du Manitoba. Cette base de données comprend des renseignements démographiques (âge, sexe, etc.) ainsi que d’autres variables. À l’aide des données sur les hospitalisations (disponibles depuis 2004) tirées de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 10e révision, Canada (CIM10-CA), les chercheurs du MCHP ont mis au point plus de 150 algorithmes pour déceler six maladies chroniques particulières, à savoir l’arthrite, l’asthme, la coronaropathie, le diabète, l’hypertension et les accidents vasculaires cérébraux165. Certaines de nos analyses étaient fondées sur une base de données couplée, construite pour la période de 1997 à 2006. Pour chaque année, nous avons calculé les dépenses imputables pour chaque personne inscrite dans la base de données, puis déterminé les dépenses par groupe de cinq centiles (vingtile). Nous avons également détaillé le premier point de pourcentage. Puisque les données sont présentées par vingtile, nous avons calculé la proportion inférieure à la moyenne de population en tenant compte de la limite inférieure du plus faible vingtile dont la moyenne est supérieure à cette valeur. Nous avons ensuite effectué des sous-analyses pour 20 groupes constitués en fonction du sexe (hommes et femmes) et de l’âge (soit 10 catégories : moins de 1 an, de 1 à 4 ans, de 5 à 14 ans, de 15 à 19 ans, de 20 à 24 ans, de 25 à 34 ans, de 35 à 44 ans, de 45 à 64 ans, de 65 à 74 ans et 75 ans ou plus). Pour vérifier la fiabilité des résultats obtenus, nous avons défini les centiles de dépenses en fonction de quatre facteurs : 1) le total des dépenses imputables pour l’ensemble de la population; 2) les souscatégories de dépenses analysées (hôpitaux, médecins, médicaments) pour l’ensemble de la population; 3) le total des dépenses imputables pour chaque groupe d’âge et de sexe; 4) la sous-catégorie de dépenses (hôpitaux, médecins, médicaments) pour chaque groupe d’âge et de sexe. Nous avons procédé à des analyses analogues pour les patients diagnostiqués asthmatiques ou diabétiques et défini des centiles pour l’ensemble de la population ainsi que pour les sous-groupes atteints de ces maladies particulières. Des comités d’éthique de l’Université de Toronto et de l’Université du Manitoba ont approuvé le projet (avec l’examen et l’approbation de Santé Manitoba). Le projet intitulé « Exploring Alternative Funding Models for Canadian Health Care » a été financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (fonds no 4597). Les analyses ont été menées par le MCHP; à ce titre, nous adressons des remerciements particuliers à Randy Walld et Greg Finlayson. Tous les habitants du Manitoba sont pleinement assurés pour les services hospitaliers et médicaux, sans franchise ni participation aux coûts. Si l’aléa moral était important, on s’attendrait à ce qu’une grande partie de la population surutilise ces services assurés. Pourtant, les résultats de nos analyses sont remarquablement semblables aux constatations de Berk et de Monheit aux États-Unis et indiquent que la répartition des dépenses de santé pour les Manitobains est très inégale. Ainsi, la majeure partie des dépenses de santé est Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 21 associée à une petite partie de la population. Ce résultat vaut pour l’ensemble de la population, pour tous les groupes d’âge et de sexe ainsi que pour les gens souffrant de maladies chroniques précises (diabète et asthme). Cette conclusion s’applique également à toutes les années étudiées (1997 à 2006), peu importe si la tendance observée reposait sur le total des dépenses ou une sous-catégorie particulière, c’est-à-dire les médecins ou les hôpitaux. Des inégalités semblables ont également été observées sur le plan des produits pharmaceutiques. La majeure partie des coûts est associée à une petite partie de la population, tandis que la plus grande partie de la population dépense très peu pour les médicaments. Les données les plus récentes, tirées de l’analyse que Kenneth Lam a effectuée dans le cadre de sa thèse de doctorat dont une partie a été publiée dans un article de Deber et Lam24, montrent la répartition des dépenses pour l’ensemble de la population pour l’exercice 2005-2006, par vingtile; la dernière barre des graphiques représente la répartition au sein du premier point de pourcentage. La moyenne des dépenses imputables pour les hôpitaux, les médecins et les médicaments s’élevait à 2 203,95 $. Si les dépenses étaient réparties également, le premier point de pourcentage devrait représenter 1 p. 100 des dépenses et les 50 derniers points, 50 p. 100 des dépenses, et la moitié de la population dépenserait moins que la moyenne. Au lieu de cela, le premier point de pourcentage représentait 35,06 p. 100 des dépenses, les 50 derniers points, 2,27 p. 100 et les dépenses de santé d’environ 85 p. 100 de la population étaient inférieures à la moyenne. Une répartition inégale a été observée lors de l’analyse des dépenses dans chaque sous-catégorie de dépenses pour l’ensemble de la population. En ce qui concerne les dépenses liées aux médecins, la moyenne de l’ensemble de la population était de 391,22 $. Le premier point de pourcentage représentait 11,21 p. 100 de ces dépenses et les 50 derniers, 9,51 p. 100, environ 70 p. 100 de la population dépensant moins que la moyenne. Les dépenses hospitalières étaient les plus inégalement réparties; les gens sont moins susceptibles d’être hospitalisés que de consulter un médecin ou d’acheter un médicament d’ordonnance. Les dépenses hospitalières moyennes pour l’ensemble de la population s’élevaient à 1 277,99 $. Le premier point de pourcentage représentait 53,81 p. 100 des dépenses, et les 50 derniers, 0,00 p. 100. Près de 90 p. 100 de la population dépensait moins que la moyenne. En ce qui a trait aux médicaments pour les patients externes (dans les secteurs public et privé), les dépenses moyennes s’élevaient à 534,74 $. Le premier point de pourcentage représentait 7,71 p. 100 des dépenses et les 50 derniers, 2,38 p. 100, tandis que 70 p. 100 de la population dépensait moins que la moyenne. Toutefois, ces résultats ne permettent pas d’évaluer l’ampleur exacte de l’inégalité de la répartition des dépenses de médicaments, puisque tous les médicaments administrés aux patients hospitalisés font partie du budget global des hôpitaux et sont donc classés comme des « dépenses hospitalières ». Bien que des différences existent entre les dépenses de santé moyennes des différents groupes d’âge et de sexe, les coûts les plus élevés étant associés aux nouveau-nés (du fait qu’ils naissent généralement à l’hôpital) et aux personnes âgées, les dépenses demeurent très inégalement réparties au sein de chaque groupe d’âge et de sexe. De 80 à 90 p. 100 des membres de tous les groupes dépensent moins que la moyenne de leur sous-groupe respectif. En fait, si l’on compare les dépenses de l’ensemble de la population, la plupart sont au-dessous de la moyenne. Cette situation est la même chez les personnes âgées de plus de 75 ans : de 45 à 50 p. 100 d’entre elles dépensent moins que l’ensemble de la population. L’analyse du sous-groupe des diabétiques a révélé que ces personnes étaient susceptibles de faire usage de médicaments, ce qui entraîne une répartition plus égale des dépenses en la matière. Malgré cela, les dépenses globales de ce sous-groupe étaient réparties très inégalement, surtout en raison du faible taux d’hospitalisation des personnes diabétiques. De la même façon, la moyenne des dépenses de santé au sein de la population asthmatique en 2005-2006 était relativement élevée, soit 3 731,17 $, mais le premier point de pourcentage représentait 30,73 p. 100 de ces coûts, contre 3,20 p. 100 pour les 50 derniers points. 22 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé Des résultats semblables ont été obtenus dans tous les groupes d’âge et de sexe. Signalons toutefois que l’analyse était limitée à cause de la petite taille de certains sous-groupes et que, conformément aux exigences éthiques, les résultats ont été supprimés au sein des catégories d’âge et de sexe visées. Certaines analyses portant sur d’autres provinces ont été publiées, avec des résultats analogues. McGrail, entre autres, a observé des inégalités similaires en matière de répartition des dépenses en ColombieBritannique166–169. Une répartition inégale a également été observée chez les utilisateurs des services d’urgence de l’Alberta (phénomène associé aux maladies chroniques complexes)170. Des analyses supplémentaires pourraient être utiles, mais il est entendu qu’elles dépassent la portée de la présente étude. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 23 Références 1 Hurley, J., G. E. Guindon, V. Rynard et S. Morgan « Publicly funded medical savings accounts: Expenditures and distributional impacts in Ontario, Canada », Health Economics, octobre 2008, vol. 17, no 10, p. 1129–1151. 2 Gauthier, A. K. et C. M. Clancy. « Consumer-driven health care — Beyond rhetoric with research and experience », Health Services Research, août 2004, vol. 39, no 4, partie II, p. 1049–1054. 3 Shearer, G. « Commentary: Defined contribution health plans: Attracting the healthy and well-off », Health Services Research, août 2004, vol. 39, no 4, partie II, p. 1159–1166. 4 Gabel, J. R., A. T. Lo Sasso et T. Rice. « Consumer-driven health plans: Are they more than talk now? », juillet-décembre 2002, Health Affairs, supplément exclusif Web, p. w395–w407. 5 Baker, L., K. Bundorf, A. Royalty, C. Galvin et K. McDonald. Consumer-oriented strategies for improving health benefit design: An overview, Technical Review 15, étude préparée par le Stanford University-UCSF Evidence-based Practice Center, Stanford (Californie), en vertu du contrat no 29002-0017, publication no 07-0067 de l’AHRQ, Rockville (Maryland), Agency for Healthcare Research and Quality, juillet 2007. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK44061/ 6 Hurley, J. E. et G. E. Guindon. « Medical savings accounts: Promises and pitfalls », dans Lu, M. et E. Jonsson (dir.), Financing health care: New ideas for a changing society, Weinheim (Allemagne), Wiley-VCH, 2008, p. 125–147. 7 Arrow, K. J. « Uncertainty and the welfare economics of medical care », American Economic Review, décembre 1963, vol. 53, no 5, p. 941–973. 8Evans, R. G. Strained mercy: The economics of Canadian health care, Toronto (Ontario), Butterworths & Co, 1984. 9 Rice, T. The economics of health reconsidered, 2e éd., Chicago, Health Administration Press, 1998. 10 Culyer, A. J. et J. P. Newhouse. Handbook of health economics, 1re éd., Amsterdam (Pays-Bas), Elsevier, 2000. 11 Deber, R. « International differences in healthcare systems », dans Kattan, M. W. (dir.), Encyclopedia of medical decision making, Thousand Oaks (Californie), Sage, 2009, p. 629–633. 12Evans, R. G. « Financing health care: Options, consequences, and objectives for financing health care in Canada », dans Marchildon, G. P., T. McIntosh et P.-G. Forest (dir.), The fiscal sustainability of health care in Canada: Romanow papers, Volume 1, Toronto, University of Toronto Press, 2004, p. 139–196. 13 Colombo, F. et N. Tapay. Private Health Insurance in OECD Countries: The Benefits and Costs for Individuals and Health Systems, document de travail sur la santé no 15, Paris (France), OCDE, 2004. http://www.oecd.org/dataoecd/34/56/33698043.pdf 14 Lu, M et E. Jonsson 1re éd. Financing health care: New ideas for a changing society, Weinheim (Allemagne), Wiley-VCH, 2008. 15 Paris, V, M. Devaux et L. Wei. Health systems institutional characteristics, document de travail sur la santé no 50, OCDE, 2010. http://ideas.repec.org/p/oec/elsaad/50-en.html 16 Mossialos, E, A. Dixon, J. Figueras et J. Kutzin. Funding health care: Options for Europe, Buckingham(Royaume-Uni), Open University Press, 2002. 17 Organisation pour la coopération et le développement économiques. Encouraging savings through tax-preferred accounts, étude de politique fiscale no 15, Paris (France), 27 février 2007. http://www. oecd.org/document/1/0,3746,en_2649_34533_38183105_1_1_1_1,00.html 18 Organisation pour la coopération et le développement économiques. Les dépenses fiscales dans les pays de l’OCDE, Paris, France, 27 janvier 2010. http://www.oecd-ilibrary.org/fr/governance/lesdepenses-fiscales-dans-les-pays-de-l-ocde_9789264076921-fr (accès par abonnement) 24 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé 19 Ministère des Finances Canada. Dépenses fiscales et évaluations 2009 : Partie 1, Ottawa (Ontario), 16 décembre 2009. http://www.fin.gc.ca/taxexp-depfisc/2009/taxexp0901-fra.asp 20 Stone, D. A. « The struggle for the soul of health insurance », Journal of Health Politics, Policy and Law, été 1993, vol. 18, no 2, p. 287–317. 21 Stone, D. The Samaritan’s dilemma: Should government help your neighbor?, 1re éd., New York (N.Y.), Nation Books, 2008. 22 Hacker, J. S. The great risk shift, 1re éd., New York (N.Y.), Oxford University Press, 2008. 23 Butler, J. R. G. et A. A. Sidorenko. Coping with the challenges of population ageing: Policy considerations for private sector involvement in a private health security pillar in a universal health system in APEC economies, Australian Centre for Economic Research on Health, rapport de recherche no 2 de l’ACERH, septembre 2007. http://www.acerh.edu.au/publications/ACERH_RR2.pdf 24 Deber, R. et K. C. K. Lam. Handling the high spenders: Implications of the distribution of health expenditures for financing health care, présenté à l’Annual Meeting & Exhibition, American Political Science Association, Toronto(Ontario), 3−6 septembre 2009. http://papers.ssrn.com/sol3/papers. cfm?abstractid=1450788 25 Pauly, M. V. « Taxation, health insurance, and market failure in the medical economy », Journal of Economic Literature, juin 1986, vol. 24, no 2, p. 629–675. 26 Herzlinger, R. E. Consumer-driven health care: Implications for providers, payers, and policymakers, San Francisco (Californie), Jossey-Bass, 2004. 27 Rosenthal, M. et N. Daniels. « Beyond competition: The normative implications of consumer-driven health plans », Journal of Health Politics, Policy and Law, juin 2006, vol. 31, no 3, p. 671–685. 28 Geyman, J. P. « Moral hazard and consumer-driven health care: A fundamentally flawed concept », International Journal of Health Services, juin 2007, vol. 37, no 2, p. 333–351. 29 Jost, T. S. Health care at risk: A critique of the consumer-driven movement, Durham (Caroline du Nord), Duke University Press, 2007. 30 Maynard, A. « Pricing, demanders, and the supply of health care », International Journal of Health Services, 1979, vol. 9, no 1, p. 121–133. 31 Goodman, J. C. « What is consumer-directed health care? », Health Affairs, 24 octobre 2006, vol. 25, no 6, p. w540–w543. 32 Herrick, D. M. Consumer driven health care: The changing role of the patient, National Center for Policy Analysis (NCPA), rapport sur les politiques no 276, Dallas ( Texas), mai 2005. http://www. ncpa.org/pub/st276 33 Brown, R. D et M. Haynes. Méthodes possibles de financement d’une hausse supplémentaire des dépenses du gouvernement fédéral dans le secteur de la santé étude préparée pour le Comité sénatorial permanent des Affaires sociales, de la science et de la technologie, l’honorable Michael J. L. Kirby, président, 2002. 34Institute of Medicine. Crossing the quality chasm: A new health system for the 21st century. Washington, D.C., National Academic Press, 2001. 35 Ginsburg, M. « Rearranging the deck chairs ». Health Affairs, 24 octobre 2006, vol. 25, no 6, p. w537–w539. 36 Callahan, D. « Consumer-directed health care: promise or puffery? », Health Economics, Policy and Law, 24 juin 2008, vol. 3, no 1, p. 301–311. 37 Reinhardt, U. E. « The pricing of U.S. hospital services: Chaos behind a veil of secrecy », Health Affairs, janvier-février 2006, vol. 25, no 1, p. 57–69. 38 Bloche, M. G. « Consumer-directed health care », NEJM, 26 octobre 2006, vol. 355, no 17, p. 1756–1759. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 25 39 Berenson, R. A. et C. K. Cassel. « Consumer-driven health care may not be what patients need caveat emptor », JAMA, 21 janvier 2009, vol. 301, no 3, p. 321–323. 40 Berenson, R. A. « Which way for competition? None of the above », Health Affairs, novembre– décembre 2005, vol. 24, no 6, p. 1536–1542. 41 Kapp, M. B. « Consumer-driven health care: Implications for the physician/patient relationship », The Pharos, printemps 2007, vol. 70, no 2, p. 12–15. 42 Mallya, G., C. E. Pollack et D. Polsky. « Are primary care physicians ready to practice in a consumerdriven environment? », American Journal of Managed Care, octobre 2008, vol. 14, no 10, p. 661–668. 43 Deber, R., N. Kraetschmer et J. Irvine. « What role do patients wish to play in treatment decision making? », Archives of Internal Medicine, 8 juillet 1996, vol. 156, no 13, p. 1414–1420. 44 Deber, R., N. Kraetschmer, S. Urowitz, N. Sharpe. « Do people want to be autonomous patients? Preferred roles in treatment decision-making in several patient populations », Health Expectations, septembre 2007, vol. 10, no 3, p. 248–258. 45 Coulter, A. Informed and empowered individuals, families and communities: A whole system approach, Oxford (Royaume-Uni), Picker Institute Europe, 15 novembre 2007. http://www. pickereurope.org/Filestore/Articles/InformedandempoweredAC15-11–072.pdf 46 Coulter, A., S. Parsons et J. Askham. Où sont les patients dans la prise de décisions concernant leurs propres soins de santé?, synthèse publiée par l’Organisation mondiale de la santé pour l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, 2008. http://www.euro.who.int/__data/assets/ pdf_file/0006/79215/E93675.pdf 47 Newhouse, J. P. et Insurance Experiment Group. Free for all? Lessons from the RAND health insurance experiment, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, 1993. 48 Newhouse, J. P. « Consumer-directed health plans and the RAND health insurance experiment », Health Affairs, novembre-décembre 2004, vol. 23, no 6, p. 107–113. 49 Chernew, M. E., A. B. Rosen et A. M. Fendrick. « Rising out-of-pocket costs in disease management programs », American Journal of Managed Care, mars 2006, vol. 12, no 3, p. 150–154. 50 Chernew, M. E., M. R. Shah, A. Wegh, S. N. Rosenberg, I. A. Juster, A. B. Rosen et coll. « Impact of decreasing copayments on medication adherence within a disease management environment », Health Affairs, janvier–février 2008, vol. 27, no 1, p. 103–112. 51 Choudhry, N. K., A. R. Patrick, E. M. Antman, J. Avorn et W. H. Shrank. « Cost-effectiveness of providing full drug coverage to increase medication adherence in post-myocardial infarction Medicare beneficiaries », Circulation, 11 mars 2008, vol. 117, no 10, p. 1261–1268. 52 Choudhry, N. K., J. Avorn, E. M. Antman, S. Schneeweiss et W. H. Shrank. « Should patients receive secondary prevention medications for free after a myocardial infarction? An economic analysis », Health Affairs, janvier–février 2007, vol. 26, no 1, p. 186–194. 53 Anis, A. H., D. P. Guh, D. Lacaille, C. A. Marra, A. A. Rashidi, X. Li et coll. « When patients have to pay a share of drug costs: Effects on frequency of physician visits, hospital admissions and filling of prescriptions », Canadian Medical Association Journal, 22 novembre 2005, vol. 173, no 11, p. 1335–1340. 54 Tamblyn, R., R. Laprise, J. A. Hanley, M. Abrahamowicz, S. Scott, N. Mayo et coll. « Adverse events associated with prescription drug cost-sharing among poor and elderly persons », JAMA, 2431 janvier 2001, vol. 285, no 4, p. 421–429. 55Ungar, W. J., A. Kozyrskyj, M. Paterson et F. Ahmad. « Effect of cost-sharing on use of asthma medication in children », Archives of Pediatric & Adolescent Medicine, février 2008, vol. 162, no 2, p. 104–110. 56 26 Wang, P. S., A. R. Patrick, C. R. Dormuth, J. Avorn, M. Maclure, C. F. Canning et coll. « The impact of cost sharing on antidepressant use among older adults in British Columbia », Psychiatric Services, avril 2008 , vol. 59, p. 377–383. Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé 57 Allin, S. et J. Hurley. « Inequity in publicly funded physician care: What is the role of private prescription drug insurance? », Health Economics, octobre 2008, vol. 18, no 10, p. 1218–1232. 58 Hsu, J., M. Price, R. Brand, G. T. Ray, B. Fireman, J. P. Newhouse et coll. « Cost-sharing for emergency care and unfavorable clinical events: Findings from the safety and financial ramifications of ED copayments study », Health Services Research, octobre 2006, vol. 41, no 5, p. 1801–1820. 59 Bloche, M. G. « Consumer-directed health care and the disadvantaged », Health Affairs, septembre– octobre 2007, vol. 26, no 5, p. 1315–1327. 60 Van de Ven, W. P. M. M. et R. P. Ellis. « Risk adjustment in competitive health plan markets », dans Culyer, A. J. et J. P. Newhouse (dir.), Handbook of Health Economics, New York (É.-U.), Elsevier, 2000, p. 1–78. 61 Zabinski, D., T. M. Selden, J. F. Moeller et J. S. Banthin. « Medical savings accounts: Microsimulation results from a model with adverse selection », Journal of Health Economics, avril 1999, vol. 18, no 2, p. 195–218. 62 Tollen, L. A., M. N. Ross et S. Poor . « Risk segmentation related to the offering of a consumerdirected health plan: A case study of Humana Inc »., Health Services Research, août 2004, vol. 39, no 4, partie II, p. 1167–1188. 63 Cutler, D. M. et R. J. Zeckhauser . Adverse selection in health insurance document de travail no 6107, National Bureau of Economic Research (NBER), Cambridge (Massachusetts), juillet 1997. http://www. nber.org/papers/w6107.pdf?newwindow=1 64 Robinson, J. C. « Reinvention of health insurance in the consumer era », JAMA, 21 avril 2004, vol. 291, no 15, p. 1880–1886. 65 Ma, C.-T. A. « The economics of consumer-directed health care », dans Lu, M et E. Jonsson (dir.), Financing health care: New ideas for a changing society, Weinheim, Allemagne, Wiley-VCH, 2008, p. 105–123. 66Hanvoravongchai P. Medical savings accounts: Lessons learned from international experience, document de travail no 52, EIP/HFS/PHF, Genève (Suisse), Organisation mondiale de la santé, 15 octobre 2002. https://www.who.int/healthinfo/paper52.pdf 67 de Looper, M. et G. Lafortune. Measuring disparities in health status and in access and use of health care in oecd countries, document de travail no 43, OCDE, 9 mars 2009. http://www.oecd.org/ officialdocuments/displaydocumentpdf/?cote=DELSA/HEA/WD/HWP(2009)2&doclanguage=en 68 Allin, S., C. Hernandez-Quevedo et C. Masseria. « Measuring equity of access to health care », dans Smith, P. C., E. Mossialos, I. Papanicolas et S. Leatherman (dir.), Performance measurement for health system improvement: Experiences, challenges and prospects, Cambridge (Massachusetts), Cambridge University Press, 2009, p. 187–221. 69 Smith, M. Comptes d’épargne-santé — un tour d’horizon comparatif, Gouvernement du Canada, Division du droit et du gouvernement, 30 octobre 2001. http://dsp-psd.tpsgc.gc.ca/Collection-R/ LoPBdP/BP/prb0120-f.htm 70 Zaric, G. S. et J. S. Hoch. « Medical savings accounts: Opportunities for cost savings? », International Transactions in Operational Research, novembre 2006, vol. 13, no 6, p. 493–513. 71 Remier, D. K. et S. A. Glied. « How much more cost sharing will health savings accounts bring? », Health Affairs, juillet–août 2006, vol. 25, no 4, p. 1070–1078. 72 Feldman, R., S. T. Parente et J. B. Christianson. « Consumer-directed health plans: New evidence on spending and utilization », Inquiry, printemps 2007, vol. 44, no 1, p. 26–40. 73 Parente, S. T., R. Feldman, J. B. Christianson. « Evaluation of the effect of a consumer-driven health plan on medical care expenditures and utilization », Health Services Research, août 2004, vol. 39, no 4, partie II, p. 1189–1209. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 27 74 Wilson, A. R., E. P. Bargman, D. Pederson, A. Wilson, N. A. Garrett, D. W. Plocher, et coll. « More preventive care, and fewer emergency room visits and prescription drugs: Health care utilization in a consumer-driven health plan », Benefits Quarterly, 2008, vol. 24, no 1, p. 46–54. 75 Wilensky, G. R. « Consumer-driven health plans: Early evidence and potential impact on hospitals », Health Affairs, janvier–février 2006, vol. 25, no 1, p. 174–185. 76 Robinson, J. C. « Managed consumerism in health care », Health Affairs, novembre–décembre 2005, vol. 24, no 6, p. 1478–1489. 77 Willey, V. J., M. F. Pollack, W. M. Lednar, W. N. Yang, C. Kennedy et G. Lawless. « Costs of severely ill members and specialty medication use in a commercially insured population », Health Affairs, mai–juin 2008, vol. 27, no 3, p. 824–834. 78 Busch, S. H., C. L. Barry, S. J. Vegso, J. L. Sindelar et M. R. Cullen. « Effects of a cost-sharing exemption on use of preventive services at one large employer », Health Affairs, novembre– décembre 2006, vol. 25, no 6, p. 1529–1536. 79 Rowe, J. W., T. Brown-Stevenson, R. L. Downey et J. P. Newhouse. « The effect of consumer-directed health plans on the use of preventive and chronic illness services », Health Affairs, janvier– février 2008, vol. 27, no 1, p. 113–120. 80 Wagstaff, A, W. Yip et M. Lindelow. « China’s health system and its reform: A review of recent studies », Health Economics, 2009, vol. 18, supplément 2, p. S7–S23. 81 Paolucci, F, F. Prinsze, P. J. A. Stam et W. P. M. M. van de Ven. « The potential premium range of risk-rating in competitive markets for supplementary health insurance », International Journal of Health Care Finance and Economics, septembre 2009, vol. 9, no 3, p. 243–258. 82 Hoover, D. R., S. Crystal, R. Kumar, U. Sambamoorthi et J. C. Cantor. « Medical expenditures during the last year of life: findings from the 1992–1996 Medicare Current Beneficiary Survey », Health Services Research, décembre 2002, vol. 37, no 6, p. 1625–1642. 83Medicines Australia. A prescription for the future health of Australians, Deakin, Australia, 2002. http://www.medicinesaustralia.com.au/pages/page97.asp 84 Stabile, M. et J. Greenblatt. Providing pharmacare for an aging population: Is prefunding the solution?, Étude IRPP no 2, février 2010. http://www.irpp.org/pubs/IRPPstudy/IRPP_Study_no2.pdf 85 Braithwaite, R. S. et A. B. Rosen. « Linking cost sharing to value: An unrivaled yet unrealized public health opportunity », Annals of Internal Medicine, 17 avril 2007, vol. 146, no 8, p. 602–605. 86 Hoel, M. « What should (public) health insurance cover? », Journal of Health Economics, 1er mars 2007, vol. 26, no 2, p. 251–262. 87 Berk, M. L. et A. C. Monheit. « The concentration of health expenditures: An update », Health Affairs, novembre 1992, vol. 11, no 4, p. 145–149. 88 Berk, M. L. et A. C. Monheit. « The concentration of health care expenditures, revisited », Health Affairs, mars–avril 2001, vol. 20, no 2, p. 9–18. 89 Monheit, A. C. « Persistence in health expenditures in the short run: Prevalence and consequences », Medical Care, juillet 2003, vol. 41, supplément 7, p. III–53–III–64. 90 Monheit, A. C. et M. L. Berk. The concentration of health care expenditures revisited, presenté au congrès de l’Academy for Health Services Research and Health Policy, 2000. http://gateway.nlm.nih. gov/MeetingAbstracts/ma?f=102272301.html 91 Riley, G. F. « Long-term trends in the concentration of Medicare spending », Health Affairs, mai– juin 2007, vol. 26, no 3, p. 808–816. 92Lieberman, S. M. CBO testimony on Medicare+Choice, déclaration de Steven M. Lieberman, directeur général associé, Congressional Budget Office, devant le comité des finances du Sénat des États-Unis, 9 juin 1999. http://www.cbo.gov/ftpdocs/13xx/doc1321/060999.pdf 28 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé 93 Yu, W. W. et T. M. Ezzati-Rice. Concentration of health care expenditures in the U.S. civilian noninstitutionalized population, Agency for Healthcare Research and Quality, Medical Expenditure Panel Survey, bulletin statistique no 81, mai 2005. http://www.meps.ahrq.gov/mepsweb/data_files/ publications/st81/stat81.shtml. 94 Forget, E. L., R. Deber et L. L. Roos. « Medical savings accounts: Will they reduce costs? », Canadian Medical Association Journal, 23 juillet 2002, vol. 167, no 2, p. 143–147. 95 Deber, R., E. Forget et L. Roos. « Medical savings accounts in a universal system: Wishful thinking meets evidence », Health Policy, octobre 2004, vol. 70, no 1, p. 49–66. 96 Forget, E, L. Roos, R. Deber et R. Walld. « Variations in lifetime healthcare costs across a population », Healthcare Policy, 2008, vol. 4, no 1, p. 148–167. 97 Roos, N, C. Burchill et K. Carriere. « Who are the high hospital users? A Canadian case study », Journal of Health Services Research & Policy, janvier 2003, vol. 8, no 1, p. 5–10. 98 Forget, E. L., R. Deber, L. L. Roos et R. Walld. « Canadian health reform: A gender analysis », Feminist Economics, mars 2005, vol. 11, no 1, p. 123–141. 99 Roos, N., E. Forget et R. Walld. Situation socioéconomique, état de santé et coûts des soins de santé : Les comptes d’épargne pour soins médicaux peuvent-ils répondre aux besoins des Canadiens dans le domaine des soins de santé?, financement fourni par la FCRSS, le Manitoba Centre for Health Policy et Statistique Canada, 2003. http://www.fcrss.ca/Migrated/PDF/ResearchReports/OGC/roos_f.pdf 100 Deber, R. « Maz confusion? Reflections on ‘A Framework for Reform’ », Healthcare Papers, 2002, vol. 2, no 4, p. 27–30. 101 Liptak, G. S., L. P. Shone, P. Auinger, A. W. Dick, S. A. Ryan et P. G. Szilagyi. « Short-term persistence of high health care costs in a nationally representative sample of children », Pediatrics, octobre 2006, vol. 118, no 4, p. 1001–1009. 102 Robinson, J. C. et J. M. Yegian. « Medical management after managed care », Health Affairs, janvier–juin 2004, supplément exclusif Web, p. 269–280. 103 Calver, J., K. J. Brameld, D. B. Preen, S. J. Alexia, D. P. Boldy et K. A. McCaul. « High-cost users of hospital beds in Western Australia: A population-based record linkage study », Medical Journal of Australia, 17 avril 2006, vol. 184, no 8, p. 393–397. 104Xu, K., D. B. Evans, G. Carrin, A. M. Aguilar-Rivera, P. Musgrove et T. Evans. « Protecting households from catastrophic health spending », Health Affairs, juillet–août 2007, vol. 26, no 4, p. 972–983. 105 Shenkman, E., C. Knapp, D. Sappington, B. Vogel et D. Schatz. « Persistence of high health care expenditures among children in Medicaid », Medical Care Research and Review, juin 2007, vol. 64, no 3, p. 304–330. 106Eichner, M. J., M. B. McClellan et D. A. Wise. « Health expenditures persistence and the feasibility of medical savings accounts », Tax Policy and the Economy, 1997, vol. 11, no 1, p. 91–128. 107 Zuvekas, S. H. et J. W. Cohen. « Prescription drugs and the changing concentration of health care expenditures », Health Affairs, janvier–février 2007, vol. 26, no 1, p. 249–257. 108 Pauly, M. V. et Y. Zeng. Adverse selection and the challenges to stand-alone prescription drug insurance, document de travail no 9919, National Bureau of Economic Research (NBER), Cambridge (Massachusetts), août 2003. http://www.nber.org/papers/w9919 109 Pollack, C. E., G. Mallya et D. Polsky. « The impact of consumer-directed health plans and patient socioeconomic status on physician recommendations for colorectal cancer screening », Journal of General Internal Medicine, octobre 2008, vol. 23, no 10, p. 1595–1601. 110 Alemayehu, B. et K. E. Warner. « The lifetime distribution of health care costs », Health Services Research, juin 2004, vol. 39, no 3, p. 627–635. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 29 111Ellis, R. P. et T. G. McGuire. « Predictability and predictiveness in health care spending », Journal of Health Economics, août 2007, vol. 26, no 1, p. 25–48. 112 Shen, Y. et R. P. Ellis. « How profitable is risk selection? A comparison of four risk adjustment models », Health Economics, 2002, vol. 11, p. 165–174. 113Ellis, R. P. « Creaming, skimping and dumping: Provider competition on the intensive and extensive margins », Journal of Health Economics, octobre 1998, vol. 17, no 5, p. 537–555. 114 Luft, H.S. et R. A. Dudley. « Assessing risk-adjustment approaches under non-random selection », Inquiry, 2004, vol. 41, no 2, p. 203–217. 115 Behrend, C., F. Buchner, M. Happich, R. Holle, P. Reitmeir et J. Wasem. « Risk-adjusted capitation payments: How well do principal inpatient diagnosis-based models work in the German situation? Results from a large data set », European Journal of Health Economics, 2007, vol. 8, no 1, p. 31–39. 116 Deber, R., P. Dolan, E. Hellsten, T. Huynh et G. Sharpe. Paying providers: Policy implications of risk bearing for access, costs, and quality, rapport préparé pour le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario par CR&J Deber Consulting Inc., 2009. 117 Beck, K., S. Spycher, A. Holly et L. Gardiol. « Risk adjustment in Switzerland »., Health Policy, juillet 2003, vol. 65, no 1, p. 63–74. 118Institut canadien d’information sur la santé. Tendances des dépenses nationales de santé, 1975 à 2009, Ottawa(Ontario), Base de données sur les dépenses nationales de santé, 2009.http://secure.cihi. ca/cihiweb/products/National_health_expenditure_trends_1975_to_2009_fr.pdf 119Institut canadien d’information sur la santé. Technologies d’imagerie médicale au Canada, 2006 : Notes méthodologiques, Ottawa(Ontario), ICIS, décembre 2006. http://secure.cihi.ca/cihiweb/ products/2006_mit_methodological_notes_f.pdf 120 Adam Smith Institute. Public, private... and people, Londres, Angleterre, exposé, 1999. 121 Boxall A.-M. et D. L. Buckmaster. Options for reforming Australia’s health system, parlement d’Australie, note documentaire, 16 février 2009. http://www.aph.gov.au/Library/pubs/bn/2008-09/ HealthReform.htm 122Buckmaster, L. Medical savings accounts-A possible health reform option for Australia?, parlement d’Australie, Department of Parliamentary Services, note de recherche, 23 mars 2006. http://www. aph.gov.au/library/pubs/rn/2005-06/06rn26.htm123 Richardson, J. et I. McAulty. Medical savings accounts, Centre for Policy Development, Sydney, Australie, 12 novembre 2005. http://cpd.org. au/2005/11/medical-savings-accounts/ 124 Allen Consulting Group. Medical savings accounts: A discussion paper, rapport préparé pour Medicines Australia, septembre 2004, Melbourne. www.allenconsult.com. 125 Butler, J. R. G. « New opportunities in health financing and governance », Australian Economic Review, mars 2010, vol. 43, no 1, p. 71–76. 126Ramsay, C. Medical savings accounts: Universal, accessible, portable, comprehensive health care for Canadians, Vancouver, C.-B., The Fraser Institute, Critical Issues Bulletin, 1998. 127 Parlement du Canada, Comité sénatorial permanent. La santé des Canadiens — Le rôle du gouvernement fédéral, Rapport intérimaire, Volume quatre — Questions et options, 2002. http:// www.parl.gc.ca/Content/SEN/Committee/371/soci/rep/repintsep01-f.htm 127 Parlement du Canada, comité sénatorial permanent. La santé des Canadiens — Le rôle du gouvernement fédéral, Rapport intérimaire, Volume Trois — Les systèmes de soins de santé dans d’autres pays, janvier 2002. http://www.parl.gc.ca/Content/SEN/Committee/371/soci/rep/repjan01vol3-f.htm 129 Parlement du Canada. Comité sénatorial permanent des Affaires sociales, de la science et de la technologie. La santé des Canadiens — Le rôle du gouvernement fédéral, Rapport final, Volume six : Recommandations en vue d’une réforme, Ottawa (Ontario),octobre 2002. http://www.parl.gc.ca/ Content/SEN/Committee/372/soci/rep/repoct02vol6-f.htm 30 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé 130Migué J.-L. Financement et production des services de santé : perspectives et voies de solutions, Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada, Étude no 10, août 2002. http://dsp-psd.pwgsc. gc.ca/Collection/CP32-79-10-2002F.pdf 131 Litow M. E. et S. V. Muller. Feasibility of Health Care Allowances in Canada, préparé pour le Consumer Policy Institute par Milliman & Robertson, Inc., 9 juin 1998 cité dans Deber R. B et coll., MSA’S : Even less than meets the eye, 8 septembre 2002. http://www.teamgrant.ca/M-THAC%20 Greatest%20Hits/M-THAC%20Projects/All%20info/Exploring%20Alternative%20Funding%20 Models/Publications/p4805.pdf 132 Comité consultatif du premier ministre sur la santé (Alberta). A framework for reform, rapport du comité consultatif du premier ministre sur la santé, décembre 2001. 133 Coffey E. J. et J. Chaouli. Universal private choice: Medicare plus: A concept of health care with quality access and choice for all Canadians, Montréal, Institut économique de Montréal, septembre (2e édition), 2001. http://www.iedm.org/fr/430-universal-private-choice-medicare-plus-a-conceptof-health-care-with-quality-access-and-choice-for-all-canadians-2nd-edition http://www.iedm.org/ fr/430-universal-private-choice-medicare-plus-a-concept-of-health-care-with-quality-access-andchoice-for-all-canadians-2nd-edition 134 Crowley, B. L., B. Ferguson, D. Zitner et B. J. Skinner. Definitely not the Romanow report: Achieving equity, sustainability, accountability and consumer empowerment in Canadian health care, Halifax, N.-É, AIMS’ Report on Health Care Reform, novembre 2002. http://www.policy.ca/policy-directory/ Detailed/Definitely-NOT-the-Romanow-Report_-Achieving-Equity_-Sustainability_-Accountabilityand-Consumer-Empowerment-in-Health-Care-1289.html 135Gratzer, D. Code Blue: Reviving Canada’s health care system, Toronto, ECW Press, 1999. 136 Gratzer, D. « It’s time to consider medical savings accounts », Canadian Medical Association Journal, 23 juillet 2002, vol. 167, no 2, p. 151–152. 137 Mahajan, A. P. et R. H. Brook. « High-deductible health plans and better benefit design », Annals of Internal Medicine, 6 mai 2008, vol. 148, no 9, p. 104–106. 138 Brennan, T. et L. Reisman. « Value-based insurance design and the next generation of consumerdriven health care », Health Affairs, janvier 2007, vol. 26, no 2, p. w204–w207. 139 Hurley, J. « Medical savings accounts: Approach with caution », Journal of Health Services Research & Policy, juillet 2000, vol. 5, no 3, p. 130–132. 140 Hurley, J. « Medical savings accounts will not advance Canadian health care objectives », Canadian Medical Association Journal, 23 juillet 2002, vol. 167, no 2, p. 152–153. 141Shortt, S. E. D. Borrowing policy misadventures from abroad: Howe not to reform Canada’s health system, Kingston, Ontario, Queen’s University Centre for Health Services and Policy Research, document d’orientation 01-01, novembre 2001. 142 Davis, K., M. M. Doty et A. Ho. How high is too high? Implications of high-deductible health plans, The Commonwealth Fund, 20 avril 2005. http://www.commonwealthfund.org/Content/Publications/ Fund-Reports/2005/Apr/How-High-Is-Too-High--Implications-of-High-Deductible-Health-Plans.aspx 143 Keeler, E. B., J. D. Malkin, D. P. Goldman et J. L. Buchanan. « Can medical savings accounts for the nonelderly reduce health care costs? », JAMA, 5 juin 1996, vol. 275, no 21, p. 1666–1671. 144 Byrne, J. M. et T. Rathwell. « Medical savings accounts and the Canada Health Act: Complimentary or contradictory », Health Policy, juin 2005, vol. 72, no 3, p. 367–379. 145 Dixon, A. « Are medical savings accounts a viable option for funding health care? », Croatian Medical Journal, août 2002, vol. 43, no 4, p. 408–416. 146 Saltman, R. B. « Medical savings accounts: A notably uninteresting policy idea », European Journal of Public Health, 1998, vol. 8, no 4, p. 276–278. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 31 147 Busse R., J. Schreyogg et C. Gericke. Analyzing changes in health financing arrangements in high-income countries: A comprehensive framework approach, Banque mondiale, document de travail en Santé, nutrition, population, février 2007. http://siteresources. worldbank.org/HEALTHNUTRITIONANDPOPULATION/Resources/281627-1095698140167/ BusseAnalyzingChangesinHealthFinancingFinal.pdf 148 Deber, R. « Access without appropriateness: Chicken Little in charge? », Healthcare Policy, août 2008, vol. 4, no 1, p. 12–18. 149 Hanley, G. E. et S. Morgan. « Chronic catastrophes: Exploiting the concentration and sustained nature of ambulatory prescription drug expenditures in the population of British Columbia, Canada », Social Sciences & Medicine, mars 2009, vol. 68, no 5, p. 919–924. 150 Chafe, R., I. A. Dhalla, M. Dobrow et T. Sullivan. « Accessing unfunded cancer drugs in publicly funded hospitals », Lancet, avril 2009, vol. 10, no 4, p. 306–307. 151 Weissert, W. G. et C. M. Cready. « A prospective budgeting model for home- and community-based long-term care », Inquiry, printemps 1989, vol. 26, p. 116–129. 152 Gagnon, M.-A. et G. Hébert. The economic case for universal pharmacare: Costs and benefits of publicly funded drug coverage for all Canadians. Centre canadien de politiques alternatives, Ottawa (Ontario), 13 septembre 2010. http://www.policyalternatives.ca/publications/reports/economic-caseuniversal-pharmacare 153Phillips, K. Catastrophic drug coverage in Canada, Bibliothèque du Parlement, Ottawa (Ontario), 1er septembre 2009. http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/prb0906-f.htm 154 Tamblyn, R. M. « Prescription drug coverage: An essential service or a fringe benefit? », Canadian Medical Association Journal, 22 novembre 2005, vol. 173, no 11, p. 1343–1344. 155 Association médicale canadienne. La transformation des soins de santé au Canada. Des changements réels. Des soins durables, 3 août 2010. http://www.cma.ca/multimedia/CMA/Content_Images/Inside_ cma/Advocacy/HCT/HCT-2010report_fr.pdf 156 Canadian Health Spending Accounts. Canada health spending accounts: FAQ, 2010. http://www. chsa.ca/faq/ 157Wikipédia. Health savings account, 2010. http://en.wikipedia.org/wiki/Health_savings_account 158 Revenu Canada. « Programmes d’avantages sociaux adaptés aux besoins des employés » Loi de l’impôt sur le revenu, Ottawa (Ontario), 20 février 1998. http://www.cra-arc.gc.ca/F/pub/tp/it529/ it529-f.pdf 159King, J. An in-depth guide to personal health spending plans (PHSPs), 2009. http://www.canadaone. com/ezine/sept09/health_spending_plans.html 160Université de Lethbridge. Health spending account non taxable: Frequently asked questions, service des ressources humaines, 2010. http://www.uleth.ca/hum/ben/documents/HSA_WSA/faq_hsa.pdf 161Benefits Trust. Health care spending accounts, Toronto (Ontario), 2010. 162Clark, N. Why are health spending accounts a necessity for Canadians?, 2010. http://www.articlesbase. com/insurance-articles/health-spending-accounts-a-necessity-for-canadians-3322158.html 163 Roos, L. L, M. Brownell, L. Lix, N. P. Roos, R. Walld et L. MacWilliam. « From health research to social research: Privacy, methods, approaches » Social Sciences & Medicine, janvier 2008, vol. 66, no 1, p. 117–129. 164 Hagist, C.et L. J. Kotlikoff. Health care spending: What the future will look like, National Center for Policy Analysis, rapport sur les politiques no 286, juin 2006. http://www.ncpa.org/pub/st286 165 Lix, L., M. Yogendran, C. Metge, N. McKeen, D. Moore, R. Bond, et coll. Defining and validating chronic diseases: An administrative data approach, Manitoba Centre for Health Policy, Département des sciences de la santé communautaire, Faculté de médecine, Université du Manitoba, juillet 2006. http://www. umanitoba.ca/faculties/medicine/units/community_health_sciences/departmental_units/mchp/ 32 Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé 166 McGrail, K., B. Green, M. L. Barer, R. G. Evans, C. Hertzman et C. Normand. « Age, costs of acute and long-term care and proximity to death: Evidence for 1987–88 and 1994–95 in British Columbia », Age and Aging, 2000, vol. 29, no 3, p. 249–253. 167 McGrail, K. M. « Equity in health, health care services use and health care financing in British Columbia, 1992 and 2002. » mémoire de recherche, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (C.-B.), 2006. 168 McGrail, K. « Medicare financing and redistribution in British Columbia, 1992 and 2002 », Healthcare Policy, mai 2007, vol. 2, no 4, p. 123–137. 169 McGrail, K. M. « Income-related inequities: Cross-sectional analyses of the use of Medicare services in British Columbia in 1992 and 2002 », Open Medicine, 2008, vol. 2, no 4, p. E3–10. 170 Fong, A. J. « Who are frequent users of the emergency department across different classification of ED use? [thèse] », Université de Calgary, Calgary (Alberta), 2008. Comptes d’épargne-santé pour financer les services de santé 33