La réfection d`un Remington 1858 Euroarms avec des pièces Pietta.

La réfection d’un Remington 1858 Euroarms
avec
des pièces Pietta.
J’avais acheté ce revolver Remington Euroarms en 1974 chez un armurier de Bourg-Saint-Maurice à
l’époque où j’étais en stage de sous-officier dans le cadre de l’instruction à Saint-Cyr. Comme je n’avais pas
l’intention de changer de calibre et que je possédais déjà un Colt 1851 en calibre .36, j’avais choisi ce calibre pour le
Remington.
J’ai ensuite offert cette arme à un ami qui a tiré avec pendant quelques années. Ensuite, panne classique,
rupture du ressort double de rappel du verrou de barillet et de détente.
Bref, cette arme est restée inutilisable et inutilisée pendant plus de quinze ans et la rouille est insidieusement
entrée dans le mécanisme. Comme je vois cet ami épisodiquement nous parlons surtout des choses essentielles et
nous sommes restés longtemps sans aborder la question du tir qui n’est pas sa priorité. Depuis que je suis à la retraite,
j’ai un peu plus de temps et la dernière fois que je lui ai rendu visite, son fils a mis les pieds dans le plat et a
redemandé avec insistance – il a plus de vingt ans – quand le réparerais le Remington. J’ai donc récupéré l’arme et
l’ai prise en pension. Si le bronzage magnétique est peu abîmé, il n’en allait pas de même pour le mécanisme qui était
plein de rouille. Premier démontage, le pontet pour accéder au ressort de rappel verrou de barillet et détente.
Évidemment, les deux pièces étaient rouillées et le ressort cassé. J’ai démonté le ressort et j’ai compris que
le verrou aussi était cassé. Il fallait démonter l’ensemble détente verrou pour examiner les pièces. Mais la vis
traversière qui sert d’axe à la détente et au verrou de barillet était bloquée par la rouille et a résisté à tous mes efforts
les plus avisés. J’ai donc dû la forer dans l’axe pour l’éliminer. J’ai ainsi pu démonter les deux pièces malades qui
avaient l’aspect ci-dessous :
À gauche et en bas, le verrou de barillet. On voit bien que le
bras ressort sur lequel agit de téton oblique du chien est cassé.
Le verrou reste donc en position verrouillée, arrêtant en
permanence le barillet sous l’action du ressort.
Or le ressort à lames est cassé au talon et on ne devine qu’à
peine le trou de la vis de fixation.
En l’occurrence, il n’agissait plus du tout ni sur la détente, ni
sur le verrou.
On le devine mal ici parce que les deux pièces ont été très
huilées par mes soins, mais les deux sont très rouillées.
Bras cassé
Talon cassé
Pressé par le temps et un emploi du temps un peu tendu en cette période de fêtes, j’ai pris sur moi de
commander des pièces de Remington. Les plus rapidement disponibles étaient de chez Pietta. Je savais qu’elles ne
seraient utilisables qu’après transformation ou ajustage. J’ai pris le risque. En quatre jours je les avais.
Après comparaison à l’œil, il allait y avoir du travail mais c’était faisable. Seulement, il me fallait faire une
vis pour remplacer celle que j’avais détruite. Et comme j’avais pas mal effacé les filets de la carcasse, il fallait que je
réalise une vis d’un diamètre plus fort. Ayant mesuré le diamètre des trous d’axe sur la détente que je conservais et
sur le verrou de barillet Pietta j’ai trouvé un même diamètre de 3,82 mm. J’ai vérifié que je pouvais gagner les 2/10
mm sans affaiblir inconsidérément la détente-gâchette et j’ai réalisé une vis d’un diamètre de 4 mm. Ensuite j’ai
réalésé les trous d’axes du verrou et de la détente à 4 mm un peu fort pour laisser libre la rotation. Mais maintenant il
fallait comparer les pièces Pietta avec celles d’origine. En épaisseur, le verrou Pietta est un peu plus épais que
l’Euroarms. Mais cela passait dans la carcasse. Plus grave, le verrou du Pietta est plus loin de l’axe mais avec
toutefois assez de recouvrement pour le retailler sans nuire à son efficacité pour arrêter le barillet en position de tir.
Comme une image vaut mieux que dix mille mots, je vous renvoie à la photo ci-dessous.
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Constat rassurant, les bras ressort du verrou Pietta sont plus
gros que celui de l’Eruroarms et laissent espérer une plus
grande solidité.
Autre sujet de satisfaction, la modification de la pièce Pietta
semble non seulement possible mais en outre aisée.
Effectivement, scie à métaux et limes d’ajusteur me
permettent de refaire le bout du verrou pour l’adapter au
Remington Euroarms.
Et voilà le travail après une demi-heure de bricolage en
écoutant la radio dans mon atelier.
Certes, le tenon de verrou est moins long que sur l’original,
mais il est aussi haut, entre dans le même trou de la carcasse
et se positionne bien dans les mortaises d’arrêt du barillet
sans risque de libération intempestive au tir.
On peut toujours retrouver un verrou Euroarms et si on n’a
modifié que le verrou Pietta, on remonte le verrou Euroarms
sans avoir modifié l’arme.
Il fallait maintenant remplacer le ressort de rappel du verrou et de la détente, et pour cela commencer par les
comparer. Comme je n’ai pas pris de photo des deux pièces l’une à côté de l’autre, je vous mets la photo d’un ressort
Pietta non modifié à côté de celui que j’ai modifié.
Ressort raccourci de 0,7 mm
Mon but était d’enlever le moins possible de matière en travaillant à froid. On le devine à
peine parce que cela ne joue que sur quelques dixièmes de millimètres mais j’ai dû amincir le
ressort de détente sur toute la longueur de son côté extérieur, et attaquer un peu plus
franchement ledit bord vers le bas et en oblique comme le montre la flèche.
Ainsi, le ressort se monte parfaitement dans le logement de la carcasse même s’il est en fait
de dimensions plus importantes que celui d’origine.
Côté aminci
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Les deux pièces étant réalisées, il ne me restait qu’à réaliser la vis axe. Pour ce faire j’ai utilisé un clou de
charpentier d’un diamètre de 4 mm. Je l’ai tourné pour lui faire une tête de vis que j’ai fendue avec une scie à métaux
de précision. Ceci fait, je l’ai filetée à la filière. J’ai ensuite fileté au taraud le trou agrandi de la carcasse et j’ai
remonté l’ensemble. La détente forçait un peu, non au niveau du filetage de la vis mais plutôt sur la zone non filetée.
Pierre à polir les sabres, toile émeri fine et le tour était joué. J’avais une vis fonctionnelle qui ressemblait à une
vieille. Voici l’ensemble détente et verrou monté dans la carcasse.
Détente au premier plan
Verrou neuf en place dans la carcasse
Ressort en place sur le verrou et la détente
Je n’ai pas réparé la vis mal démontée et abîmée parce qu’on peut la démonter sans difficulté.
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Avant de remonter le pontet, j’ai essayé le fonctionnement après huilage copieux à l’huile de vaseline. Excellent
départ, verrouillage net et sans accrochage. Il ne restait plus qu’à remonter le pontet. Dont acte.
Verrou effacé
Vis refaite
Ceci fait j’ai contrôlé l’aspect visuel du verrou après avoir retiré le barillet, le chien à la sûreté.
Et ensuite le chien à l’abattu, comme au moment du tir.
Le verrou fait nettement saillie et arrête parfaitement le barillet.
Il me reste à faire quelques remarques sur le bronzage qui présente de nombreux petits piquetages. Il
mériterait peut-être une remise à neuf mais en fait la base magnétique est encore bonne. J’ai donc décidé de le laisser
« dans son jus » parce que je ne suis pas favorable au débronzage.
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Voici les pièces qui ont fait l’objet de ce travail.
À gauche les pièces remontées sur l’arme et à droite les anciennes à côté de celle qui ont été remontées.
On notera que la vis d’axe présente un aspect vieux et usagé. C’est exprès.
Ci-dessous, la vue présente l’arme du côté droit pour montrer la vis d’axe dans son logement.
Vis d’axe de détente et de verrou refaite
Serrée à fond, cette vis ne fait pas saillie sur le côté droit de la carcasse, à la différence de celle qui sert d’axe au chien
et qui est d’origine, elle.
Et bien sûr j’ai aussi dû démonter les cheminées, les dérouiller ainsi que les chambres et le canon. Qui est revenu au
glacé. En fait les rayures n’ont pas souffert et le canon est toujours bien glacé. Je me suis donc fait le plaisir de tirer
avec cette arme rénovée pour l’essayer. Et elle a fort bien fonctionné avec des pièces Pietta modifiées.
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