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28 DO S S IER PA R E M E NT S BAR D AG E . I N FO # 0 3 ma I 2 013 © 3A Composites © cabinet d’architecte Phily - GPSO 01 Fa ç a D E S D é c O R at I v E S Place à la personnalisation ! après le bois et le tout naturel, une nouvelle tendance se dessine sur le marché du bardage. De plus en plus, les architectes tendent à personnaliser leurs ouvrages. Pour les accompagner dans cette démarche, les fabricants de parements proposent aujourd’hui de nombreuses solutions. aDElInE DIOnISI D epuis quelques années, le bardage a toute sa place dans la conception architecturale. Avec le développement de l’isolation par l’extérieur, en neuf comme en rénovation, il s’est imposé comme une solution pour concilier esthétisme et performance énergétique. Les fabricants l’ont bien compris et n’ont de cesse de lancer de nouveaux produits et d’élargir leurs gammes. Bois, stratifié, terre cuite, acier, aluminium composite, polycarbonate… Les typologies de matériaux disponibles offrent aux architectes des possibilités quasi infinies pour habiller leurs façades. Parce qu’il constitue un produit architectural à part entière, le bardage obéit aux modes de la construction et du design. Jusqu’à présent, les années 2010 seraient plutôt placées sous le signe de la recherche du naturel, du matériau brut. Une simplicité en accord avec la prise en compte de plus en plus forte des problématiques environnementales, confirmée par la part croissante du bois dans la construction, y compris sur l’enveloppe. Les fabricants de bardages, qu’ils soient métalliques, composites ou stratifiés, n’échappent pas à cette tendance et proposent des produits imitant BARD AGE. INF O # 03 ma I 2 01 3 D OSSIER PAR E M E N T S 29 © Arval 02 03 le bois, la pierre, le cuivre… Et mettent en avant les avantages de parements plans, rigides, légers, faciles à poser, durables… et moins chers. ImPRESSIOn Si ces typologies de produits sont aujourd’hui intégrées dans les catalogues, une autre tendance se dessine dans l’univers du bardage : le sur-mesure et la personnalisation. Certes, la standardisation réduit les coûts de production mais elle « banalise » également les effets rendus. « Certains architectes cherchent à se différencier par rapport à l’industrialisation des processus », analyse Tony Giannini, chargé d’affaires chez le fabricant et concepteur de façades Acodi. « C’est pourquoi nous n’imposons plus de limites en termes de couleurs, déclinables pratiquement à l’envi pour permettre au concepteur de s’exprimer librement », poursuit Jean-Philippe Baillon, responsable prescription France pour Reynobond. Un positionnement là aussi partagé par tous les fabricants. Certains vont même plus loin : « Désormais, nous pouvons proposer des solutions pour réaliser des projets de plus en plus innovants et individualisés », explique Guntram Eydner, chef de produits chez 3A Composites. Un marché de niche pour l’industriel mais suffisamment prometteur pour motiver, il y a quelques mois, la mise sur le marché du procédé Alucobond Design. Le principe : des décors individuels sont réalisés sur demande, spécialement selon les objectifs des architectes. « Les demandes de plus en plus nombreuses au niveau mondial montrent qu´il y a un grand intérêt pour la personnalisation des façades. Elles restent en revanche encore anecdotiques sur le marché français », affirme le chef de produit. Virtuellement, tout est possible : effets de couleur, de matière, de relief, avec ou sans répétition, reproduction d’image … Le tout avec les mêmes garanties de qualité et de durabilité que des panneaux d’Alucobond plus classiques. ImagES Dans le même esprit, au travers de sa gamme Arval, le fabricant de parements de façade en acier ArcelorMittal Construction a lancé son système d’impression sur acier Imagéo. « Par transfert numérique moléculaire, chaque partie du décor est directement imprimé sur le support (lames ou cassettes) avec une résolution haute définition. L’image est ensuite immédiatement protégée par la pose 01 Pour les entreprises de bardage, la pose de panneaux personnalisés comme ici de l’alucobond Design en allemagne, nécessite une précision toute particulière pour assurer les raccords. 02 La découpe des parements du nouveau conservatoire Niedermeyer d’Issy-les-moulineaux rappelle les partitions des orgues de barbarie. 03 avec les procédés d’impression sur parement (ici Imagéo d’arval), n’importe quelle image peut apparaître en façade, comme sur le gymnase de Richemont (57). De l’adhésif pour habiller les bardages On les voit souvent affichant des messages publicitaires sur les palissades encadrant les zones de travaux. Un usage moins connu peut également leur être attribué : la décoration de façade. De quoi s’agit-il ? Des adhésifs ! Si ce type d’application ne constitue pas, et de loin, le marché principal des fabricants, ces derniers surfent sur la tendance à la personnalisation des bâtiments et proposent des gammes de produits dédiés. C’est le cas par exemple de la ligne DI-NOC du groupe 3m. Ces films de vinyle coulé permettent d’afficher en façade des éléments décoratifs interdits (ou très onéreux) en bardage et ce aussi bien dans le neuf qu’en rénovation sur à peu près tous les types de matériau. Ils peuvent être fournis soit prêts à l’emploi (films colorés, avec effets matière texturée) soit blancs prêts à être imprimés. « Il n’y a pas de limite au dessin que l’on souhaite reproduire dessus », précise Hélène Bedu, chef de produits chez 3m. Photo, texte, logo, tout est possible. La pose est réalisée par les bardeurs sur des surfaces planes ou par des spécialistes de ce genre de mise en œuvre en cas de formes complexes. Le fabricant promet une qualité de l’aspect du produit entre dix et quinze ans selon la solution choisie. PA R E M E NT S BAR D AG E . I N FO # 0 3 ma I 2 013 04 04 05 La découpe des panneaux, la diversité des couleurs et un calepinage étudié offrent aux architectes des possibilités presque infinies comme ici pour l’Hôtel Radisson Blu Riverside à Götebord en Suède (produit : Reynobond). 05 © SAB-FCB DO S S IER © Alcoa Architectural 30 d’un film polymère protecteur », explique Damien Lougarre, chef de marché enveloppe. Plusieurs réalisations ont d’ores et déjà eu recours à ce procédé comme par exemple la patinoire d’Epinal avec sa façade reproduisant l’image de cristaux de glace (voir Bardage.Info n°1). Fundermax a également développé une ligne personnalisable, baptisée Art. La perforation de panneaux du centre dramatique de Sartrouville crée des dessins en façade (réalisation SaB-FCB). complexifie. Il faut être particulièrement attentif aux raccords, explique Stéphane Fayard, directeur d’exploitation chez GCEB. On peut comparer cette démarche à la pose de bandes de papier peint dont il faut faire correspondre exactement les motifs ». Idem pour la découpe. Fa ç O n n a g E POSE En revanche, pour les entreprises de mise en œuvre, ces solutions sont synonymes de contraintes supplémentaires. « Chaque panneau n’étant qu’une partie d’un dessin plus large, le calepinage de la façade se D’autres procédés permettent aux architectes de donner à leurs ouvrages une lecture personnalisée : les différentes techniques de façonnage. Les bardages métalliques s’y prêtent parfaitement et les entreprises de transformation possèdent les technologies BARD AGE. INF O # 03 ma I 2 01 3 D OSSIER PAR E M E N T S « Virtuellement, tout est possible : effets de couleur, de matière, de relief, avec ou sans répétition, reproduction d’image numérique… Le tout avec les mêmes garanties de qualité et de durabilité que des panneaux de gammes classiques. » appropriées pour répondre aux demandes les plus variées. « Nous travaillons à partir d’outils d’exécution en trois dimensions pour réaliser des formes géométriques très complexes, décrit Jean-Paul Seigné, directeur de Tim Composites. Les tables d’usinage sont ensuite programmées par commandes numériques. » Les façonneurs ont aujourd’hui des bureaux d’études intégrés à leur structure qui permettent de préparer très en amont la réalisation des effets spéciaux demandés par les concepteurs. Le cintrage, bien sûr, mais également « la découpe de formes triangulaires, rondes voire en spirale même si elles restent encore rares », souligne Tony Giannini. Même constat chez Arval : « Tout est possible aujourd’hui, qu’il s’agisse de lames ou de cassettes, explique Damien Lougarre. Les demandes spécifiques nous permettent d’enrichir nos outils de production ainsi que nos catalogues. » Comme par exemple les panneaux perforés ou emboutis (produits Oxygen…). Au-delà de ces gammes standardisées, « la perforation est une autre solution pour personnaliser une façade, ajoute le commercial d’Acodi. Elle permet de créer des dessins, de flouter ou encore de jouer sur la lumière. » L’intégration de LED au système de façade, notamment, est de plus en plus courante. calEPInagE Pour les architectes, ces offres de personnalisation sont un argument de plus en faveur du bardage. Mais son principal avantage sur ce créneau reste sa capacité à s’adapter à des calepins de plus en plus travaillés et complexes. Son implantation et son positionnement jouent pleinement leur rôle comme le rappelle Jean-Paul Seigné : « Courbes, facettes et effets de couleurs peuvent également être créés en jouant sur l’inclinaison ou simplement sur le calepinage. À ce niveau, les possibilités sont infinies ». l 02 31 32 DO S S IER P R O DU I T BAR D AG E . I N FO # 0 3 ma I 2 013 m at é R I a u le polycarbonate alvéolaire confirme son entrée sur le marché du bardage rapporté Forts de leur expérience en matière de paroi translucide, les fabricants ont adapté leurs produits aux contraintes du bardage rapporté ventilé. Le secteur est porteur mais le manque de recul quant à la durabilité des systèmes impose rigueur et prudence. a.D. © Hervé Abbadie / SCP Béguin & Macchini 01 S ur le marché du polycarbonate alvéolaire (PCA) en façade, les solutions de bardage rapporté ventilé pèsent peu par rapport à la façade légère translucide née il y a plus de vingt ans. Mais la tendance est résolument à la hausse. Les fabricants ont commercialisé les premiers procédés de bardage rapporté ventilé il y a cinq ou six ans. « Les chantiers étaient alors anecdotiques. Aujourd’hui, les demandes sont plus régulières », explique Cyril Gambin, directeur technique chez Everlite. La conjonction de deux facteurs expliquerait cet intérêt croissant pour ces complexes. Tout d’abord, un esthétisme différent de ce que proposent les produits plus classiques. Jeux de reflets, de transparence, vaste gamme de teintes… Autant d’effets qui marquent l’ouvrage et qui permettent aux architectes d’animer différemment leurs façades. Ensuite, le développement de l’isolation thermique par l’extérieur, technique qui privilégie les solutions de bardage rapporté. Les fabricants de polycarbonate se doivent de suivre le mouvement sous peine de passer à côté de ce vaste marché. Ce dernier se démarque des solutions translucides, notamment en termes de mètres carrés mis en œuvre. « Les façades légères en PCA sont destinées à l’éclairement de l’intérieur des bâtiments. Il est rare qu’elles dépassent 20 % de la surface totale installée, précise Pierre Michalowski, directeur commercial chez Poly-Pac, agence technique pour la France de l’usine italienne Gallina. En bardage rapporté avec ITE, les panneaux de polycarbonate peuvent constituer l’intégralité du parement. Les commandes de 5 000 ou 6 000 m² sont exceptionnelles en paroi translucide. Elles le sont beaucoup moins en bardage rapporté ventilé. » é l é vat I O n D E t E m P é R at u R E Les perspectives de développement sont donc plutôt optimistes et devraient être portées par la prochaine validation des Avis techniques des procédés, BARD AGE. INF O # 03 ma I 2 01 3 02 © Henri Pinhas / SCP Béguin & Macchini actuellement en cours d’études par la commission du GS2*. En attendant, les bardeurs se réfèrent aux différents documents techniques mis à leur disposition par les fabricants (cahier des prescriptions techniques, recommandations…). En effet, si la légèreté du matériau et sa facilité de pose font partie des atouts indéniables du produit, certains impératifs de mise en œuvre doivent être respectés. « Dans le contexte des parois translucides, les propriétés et le comportement du polycarbonate sont connus, rappelle Dominique Royer, directeur technique de l’entreprise Smac et président du GS2. En revanche, positionnez-le devant un isolant et les sollicitations thermiques changent. » Par conséquent, l’expérience acquise grâce à la façade légère translucide ne peut pas être généralisée au bardage rapporté. L’exposition au rayonnement solaire provoque une élévation significative de la température du panneau. La chaleur accumulée est bloquée par l’isolant. Cet effet de surchauffe pourrait être à l’origine de désordres, « tels que la perte d’une partie de ses performances mécaniques. Le PCA est un matériau P R OD U I T 01 & 02 La réflexion de la lumière naturelle sur les panneaux de polycarbonate de la Tour Daviel (Paris 13e) permet de créer des effets de changement de couleurs. D OSSIER connectable ou emboîtable ? aujourd’hui, la plupart des solutions du marché propose des parements en polycarbonate qui se clipsent sur une ossature en aluminium à l’aide de connecteurs. C’est le cas des produits Gallina et Everlite. Un autre procédé existe, fabriqué notamment par l’industriel Sabic Innovative Plastics : l’emboîtement des plaques les unes dans les autres, sans recours à des profils intermédiaires. Il reste encore minoritaire sur le marché du bardage rapporté. 33 34 DO S S IER P R O DU I T BAR D AG E . I N FO # 0 3 ma I 2 013 « L’expérience acquise grâce à la façade légère translucide ne peut pas rapporté car la chaleur due au rayonnement solaire est bloquée par l’is © Poly-Pac 03 03 04 Un bardage rapporté ventilé en polycarbonate peut être mis en œuvre sur l’intégralité de la façade. Les surfaces installées sont donc souvent plus importantes qu’en paroi translucide. 04 © Bruno Ramain Le bardage rapporté ventilé en polycarbonate alvéolaire est adapté à tous les types de bâtiment. Ici, un immeuble de logements étudiants à Grenoble. BARD AGE. INF O # 03 ma I 2 01 3 être généralisée au bardage olant. » de synthèse qui devient particulièrement sensible aux températures supérieures à 120 °C », signale Dominique Royer. La solution proposée par les fabricants est d’intégrer une lame d’air de l’ordre de 50 mm d’épaisseur entre l’isolant et le panneau, ventilée en parties haute et basse. L’air chaud est ainsi évacué plus rapidement et la température ne dépasse normalement pas la valeur de 90 °C prise en compte comme seuil maximal dans les études du CSTB relatives à la procédure d’évaluation. L’effet de surchauffe est évité et la dilatation excessive du matériau est prévenue. D I l atat I O n Pour autant, ce type de disposition n’évite pas les effets de dilatation. Les documents techniques des produits indiquent des contraintes de dilatation entre 3,5 mm/ml et 4 mm/ml pour des deltas de température de 50 °C à 60 °C. Les dispositions constructives des produits les prennent en compte. Dans leur grande majorité, les panneaux de polycarbonate sont munis, dans leur largeur, de relevés crantés clipsés dans l’ossature aluminium via des connecteurs (voir encadré et article p. 47). Ils sont donc immobilisés. Selon les fabricants, ce mode de mise en œuvre n’engendrerait pas de dommage car les largeurs de plaques proposées (entre 600 et 1040 mm selon les fabricants) ne sont pas assez importantes pour créer des jeux de dilatation significatifs. Dans sa hauteur, en revanche, le mouvement des plaques est beaucoup plus conséquent. D’autant plus qu’il n’y a, en théorie, aucune limite de taille à la fabrication. « Seules les contraintes de transport imposent une longueur maximale d’environ 16 m », ajoute Pascal Montagne, responsable du pôle bâtiment du distributeur Sunclear. Les effets de dilation peuvent donc faire jouer le matériau sur plusieurs centimètres. La réponse la plus courante à cette problématique s’inspire du bardage translucide. Il s’agit de contraindre le panneau à bouger en partie haute à l’aide de points fixes implantés au pied de chaque profil vertical. Au sommet, le positionnement de la bavette d’acrotère est calculé en fonction de l’espace nécessaire pour le mouvement des plaques. Cette ouverture permet également de faire circuler l’air dans la lame d’air. Autre contrainte à considérer : si l’argument esthétique est l’un des atouts majeurs de l’usage du polycarbonate en bardage rapporté, la transparence P R OD U I T D OSSIER 35 36 DO S S IER P R O DU I T BAR D AG E . I N FO # 0 3 ma I 2 013 05 traitement des panneaux : l’expérience de la façade translucide © David Boureau / Dietmar Feichtinger Architectes a l’instar des façades légères, « les grands ennemis du polycarbonate en bardage rapporté, ce sont les rayons UV », affirme Pierre michalowski. affaiblissement des propriétés mécaniques, perte de transmission lumineuse… : leur action peut être particulièrement néfaste. Chaque panneau est donc traité à l’aide d’un agent protecteur co-extrudé dans la masse sur une face (extérieure) ou sur les deux, selon les fabricants. Il est également possible d’ajouter un vernis supplémentaire protégeant des rayures et facilitant le nettoyage. avec toutefois comme conséquence de perdre la brillance du matériau. * Pour en savoir plus sur le gS2, voir article p 8. 05 06 © Henri Pinhas / SCP Béguin & Macchini du matériau s’avère peu séduisante en cas de teintes claires (cristal surtout). L’ensemble du système de bardage reste visible à l’observateur. Pour camoufler ossature, isolant et fixation, les fabricants proposent la mise en œuvre de panneaux bicolores. Sur une même plaque, la face extérieure garde la teinte de type cristal. Une autre couleur moins transparente est choisie pour l’intérieur qui peut également être co-extrudée pour devenir opaque. Malgré tout, le PCA s’adapte plutôt bien aux exigences du bardage rapporté ventilé. Sa mise en œuvre sans joint ouvert rend les façades étanches à l’eau, ce qui protège l’isolant. Disponible en grande longueur, il permet d’obtenir des façades continues avec un nombre de manipulations limitées. Et grâce à l’expérience de la paroi translucide, certains comportements et adaptations de mise en œuvre ont été anticipés. Cependant, « les références françaises en la matière sont encore trop peu nombreuses et trop récentes pour qu’on puisse affirmer avec certitude une durabilité prévisionnelle des plaques dans ces systèmes équivalente à celles utilisées de longue date en façade translucide », rappelle Dominique Royer. l Les effets miroirs et de transparence propres au polycarbonate alvéolaire donnent aux logements sociaux de la ZaC Claude Bernard (Paris 19e) une personnalité particulière. 06 Le polycarbonate alvéolaire en bardage rapporté ventilé (ici la Tour Daviel) permet de créer des façades planes sans joints creux même quand le bâtiment comporte plusieurs niveaux.