Eloge militaire de Christian Pucci

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Eloge militaire de Christian Pucci
Eloge militaire de Christian Pucci, matricule 0556..562 (562 T 56)
1940 - 2014
J’ai l’honneur de saluer la mémoire de Christian Pucci, ancien combattant et ancien Fusilier
Marin Commando - nageur de combat, ancien aumônier des armées.
Christian est né en 1940, à Carnac, où sa famille était réfugiée. Il a grandi en Normandie, à
Lyons/Mer, sur les lieux mêmes du débarquement de 1944. Les vestiges des conflits ont
sûrement constitué un merveilleux terrain de découverte et d’imagination pour le petit
garçon qu’il était alors, dans cette période d’immédiat après-guerre. Cet environnement, la
mer, l’histoire récente de sa région, telle est probablement l’origine de sa vocation. Car, il
disait qu’il n’avait jamais songé à un autre métier que celui de Marin militaire.
Et ce fut une longue carrière militaire, qui a duré de 48 ans. 50 ans si on y ajoute ses années
à l’école des pupilles.
C’est en 1954, à 14 ans, que Christian quitte sa famille pour rejoindre l’école des pupilles. Là
où il est devenu un jeune adulte.
Puis il s’engage dans la Marine nationale en 1956, dans le métier de mécanicien. Le matelot
de 1ère classe Pucci sort de l’école des apprentis mécaniciens de Saint-Mandrier comme
breveté élémentaire de sa spécialité en septembre 1957.Il est affecté successivement sur le
dragueur CHS Eridan (renommé Aldébaran en 1977, désarmé en 1979), à Cherbourg, et sur
l’escorteur côtier « l’Enjoué » à Brest.
Il passe quartier-maître de 2ème classe en 1959.
Ces années-là sont marquées par les évènements d’Algérie. La Marine a besoin d’hommes
prêts à l’action. Notre jeune Marin est toujours guidé par ses aspirations militaires et se
dirige vers le métier de Fusilier Marin, qui répondrait à ses attentes.
Il embarque sur un paquebot à destination de l’Algérie en juillet 1960 et rallie le centre
« Siroco », où est implantée l’école des Fusiliers-Marins à cette époque.
En mars 1961, il est CS : le « cadre spécial », grade particulier qui était réservé aux Fusiliers
Marins jusqu'en 1974 qui équivalait au grade de QM1, mais avec port de la tenue d'officier
Marinier.
En mars 1961, il est affecté sur l’escorteur rapide « Le Bordelais » et voit du pays, comme on
dit : Lisbonne, Madère, puis Stavenger, Balhom, Odda, Copenhague, Amsterdam ...
Il suit le stage parachutiste en juillet 1961.
Avant de revenir en 1962 à Siroco en Algérie où il fait son stage de commando Marine en
1962. Il est du cours « Chaudron ».
En 1963, il suit le 22ème cours de nageur de combat et en sort avec le brevet nageur n° 304.
Désormais, Christian est un Commando Marine et il appartient à la communauté d’élite des
Nageurs de Combat :
- Sa fierté, la concrétisation de ses aspirations et la possibilité de réaliser pleinement les
missions de Marin militaire qui étaient sa vocation.
S’ensuivent de nombreuses plongées et manœuvres.
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Et nous le retrouvons à Lorient en 1964, à l’école des Fusiliers Marins. Il y suit le brevet
supérieur en 1965.
Il est ensuite affecté au groupement des Fusiliers Marins Commandos en 1965 – 1966 :
plongées, exercices, et même un passage à la base navale de Mers El Kébir.
Il quitte l’Afrique du Nord en 1966 et continue à exercer au groupement des Fusiliers Marins
commandos. Son livret militaire atteste d’une activité dense, ponctuée de sauts et de mises
en subsistance sur des bâtiments à la mer : l’Arromanche, le Gustave Zédé, etc.
En 1967, il épouse Annick, native de Carnac. Ils auront trois enfants : Christophe né en 68,
Carole en 69 et Christelle en 72. Il lui faut désormais conjuguer une vie professionnelle
exigeante et les devoirs de la vie de famille.
En 1968, il obtient le cadre de maistrance qui signe les conditions d’un statut de carrière et
qui est accordé aux Marins de confiance, ceux que l’institution veut absolument garder.
Et il est affecté sur l’escorteur d’escadre classe 43 « Duperré » : périodes à la mer, escales,
plongées, la vie est toujours intense.
Jusqu’à cet accident en 1970 au cours d’une plongée sur le Duperré. Il présente les
symptômes d’angine de poitrine pour ce qui est, en définitive, un infarctus. Grâce à sa
constitution robuste et à l’entraînement sportif qui caractérise son métier, il va s’en sortir.
Grâce aussi à sa famille qui le soutient.
Mais c’en est terminé des exercices et manœuvres de commando Marine et de nageur de
combat. La vie à la mer : terminée elle aussi. Terminés les espoirs d’une carrière accomplie,
menée tambour-battant jusque là. C’est une rude épreuve pour cet homme fier.
Qu’à cela ne tienne, l’homme est tenace et courageux. Il surmonte sa déception et s’oriente
vers un autre aspect du métier de Fusilier-Marin : le service intérieur.
Gérer la vie courante à bord, maintenir l’esprit de discipline, régler les postes de combat,
etc. Des fonctions très proches des êtres humains en définitive :
- être attentif à l’équipage et aux embûches de la vie qui surviennent à tous et chacun ;
- veiller au maintien de la cohésion ;
- tout ceci pour contribuer à la bonne marche quotidienne des opérations.
De 1971 à 1982, il occupe des fonctions du service intérieur et de capitaine d’armes,
successivement à la base aéronavale de Landivisiau jusqu’en mai 1975, puis à l’école des
Fusiliers-Marins, à Lorient.
1982, il est sélectionné au choix pour ses compétences et la qualité des services rendus,
pour devenir officier.
Une grande satisfaction pour celui qui avait subi une si grande déception douze ans plus tôt.
Il est affecté à l’école des Fourriers, à Rochefort/Mer, jusqu’en 1987. Cette école de la
Marine forme des spécialités-métiers de la restauration-hôtellerie-loisirs et des personnels
administratifs (secrétaires et comptable), pour la Marine et les autres armées.
Il exerce la fonction de chef du service intérieur, chargé de la bonne marche de la vie
courante pour plusieurs centaines de personnes : des permanents et instructeurs, des élèves
venant d’horizons divers, se succédant selon un turn-over dense.
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Puis il est affecté à l’établissement de Colombes, en région parisienne, en 1987, en qualité
de commandant en second. Ce vaste complexe accueille des directions et métiers diversifiés.
Il seconde le directeur pour la coordination des services, l’infrastructure et les questions
d’environnement et sécurité.
En 1988, il dépose sa demande de mise à la retraite de la vie militaire. Il a 48 ans.
Il est officier supérieur, titulaire de la médaille militaire et de la croix du combattant.
C’est alors que sa vie professionnelle prend un autre tournant … Et finalement, toujours au
sein de l’armée.
Il devient aumônier laïque aux armées en 1989. Après sa formation théologique, il est
affecté à Lorient.
Puis ce sera Rochefort où il est aumônier catholique de l’école des fourriers, du centre-école
base aéronavale de Soubise et de la base aérienne de Saint-Agnan.
Ensuite, ce sera Châteauroux, dans le Cher.
Et, enfin, ses dernières années de carrière comme aumônier de la base aéronavale de
Landivisiau et du 41ème régiment d’infanterie de Châteaulin aujourd’hui dissout.
Dans l’exercice de son ministère, jovial et humain, il a déployé à l’égard de ceux qui
s’adressaient à lui, des qualités d’écoute et de réconfort et, pour certains, les a préparés au
baptême.
Cette fin de carrière, c’était en 2004. Cette année-là, Annick, le fidèle pilier de son existence,
décédait.
Christian Pucci était un homme de devoir, un Marin et un militaire accomplis. Courageux,
droit, doté d’une forte personnalité et fort en coups de gueule mémorables. Mais aussi,
espiègle, sensible et généreux.
Soutenu par Doris et ceux et celles qui l’entouraient, il a affronté la maladie avec le même
courage et la même dignité qu’il avait mis dans l’accomplissement du devoir militaire.
Nous te souhaitons bon vent et bonne mer pour ce dernier voyage, l’ami …
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