interactivité : quelques conseils pour prévenir…
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interactivité : quelques conseils pour prévenir…
JOURNALISME RADIO EN PÉRIODE ÉLECTORALE INTERACTIVITÉ : QUELQUES CONSEILS POUR PRÉVENIR… Depuis plusieurs années, les émissions dites « interactives » se sont multipliées en grand nombre, y compris celles traitant de la vie politique et des élections, souvent sans réelle maîtrise professionnelle ni exigence de qualité. Au point de se demander si les journalistes n’ont pas renoncé à leur métier d’informer, laissant libres les auditeurs non seulement de produire du contenu à leur place mais aussi de donner en permanence leur opinion sur tout et souvent sur n’importe quoi. Aujourd’hui, l’interactivité radiophonique ne se limite plus aux interventions d’auditeurs en direct au téléphone. Le développement des SMS, de l’internet et des réseaux sociaux ainsi que l’utilisation du répondeur téléphonique changent la donne. Les animateurs peuvent ainsi reprendre le contrôle et l’initiative éditoriale trop souvent abandonnée au hasard d’appels en direct peu pertinents et au risque de « dérapages » en tout genre. Une évolution favorable à souligner et à privilégier mais qui demande néanmoins à être accompagnée des quelques conseils qu’imposent l’expérience et la difficile gestion du direct : > Toute intervention d’auditeur doit être précédée d’un échange préalable hors antenne avec celui qui souhaite intervenir. C’est le seul moyen de pouvoir anticiper le contenu de son intervention et donc de pouvoir limiter (sans jamais pouvoir les supprimer) les risques multiples du direct (manipulations, provocations, injures ou diffamations, répétitions, mauvaises qualités de la communication, confusions, etc.) > Proposer en priorité aux auditeurs de témoigner ou de poser des questions. Si toutes les opinions ou presque sont respectables, elles ne sont pas pour autant forcément originales ou intéressantes pour l’auditoire. En revanche, les témoignages le sont beaucoup plus souvent. Il faut les susciter à la fois à travers les textes des bandes-annonces, à l’occasion des échanges préalables avec les auditeurs-appelants et pendant le direct. Par ailleurs, les émissions interactives les plus informatives et qui connaissent le plus de succès sont celles qui permettent aux auditeurs et auditrices de poser des questions à un ou plusieurs invités, experts ou leaders d’opinion. Les émissions interactives ou « d’expression directe » sont souvent un sujet de crispation en période politique « chaude ». Au Burkina Faso, en 2015, le Conseil Supérieur de la Communication a décidé de les interdire pendant les trois mois de pré-campagne électorale de la présidentielle en réponse à certains « dérapages » avant d’y renoncer face à une levée de bouclier de la profession et des associations citoyennes. Un code de bonne conduite signé par des radios prévoit, entre autres, l’obligation de répertorier les numéros de téléphone des appelants et un décalage de plusieurs secondes entre l’enregistrement et la diffusion du magazine interactif. Plus souvent, les radios préfèrent proposer des messages à l’antenne incitant chacun au respect des lois, à la tolérance et à la courtoisie. > L’installation technique (insert téléphonique) doit permettre tout autant d’effectuer des appels que d’en recevoir en régie. Il s’agit de faciliter le dispositif qui permet de rappeler en cours d’émission celles et ceux qui ont manifesté – avant le direct – leur désir d’y participer, que ce soit par un appel téléphonique, un SMS, un courriel ou parfois un message via le réseau Facebook. Il faut aussi soigner la communication entre le studio et la régie (via un micro d’ordre ou mieux encore par l’intermédiaire de deux écrans informatiques placés ici et là) et, pour le moins, que l’équipe de réalisation maitrise la gestuelle nécessaire entre technicien-réalisateur et animateur pour la bonne marche de l’émission. > Ces émissions doivent être confiées à des personnes formées et expérimentées. Elles demandent toutes une concentration extrême, une maitrise singulière du direct et – en plus d’une bonne préparation documentaire – une très bonne culture générale et de l’actualité. En particulier de la part des animateurs de « ligne ouverte » où ceux-ci dialoguent, seuls et sans filet, avec des auditeurs inconnus. Dans tous les cas, il faut, là aussi, privilégier le travail en équipe (l’un reçoit les appels, l’autre anime le direct). En période électorale, des experts peuvent être invités à répondre aux questions d’auditeurs sur le processus électoral. Et des candidats ou des responsables politiques interpellés par les électeurs sur leur programme. Tout au long de leur mandat, des élus peuvent aussi être invités à rendre compte de leurs actions passées et présentes en répondant aux questions des auditeurs-citoyens. Certains directeurs de station hésitent encore à rappeler les auditeurs à cause du coût des communications, je ne comprends pas cet archaïsme ! Chez nous, à Yaoundé, nous avons deux émissions interactives à l’antenne. J’ai calculé la dépense : depuis que nous avons incité nos auditeurs à envoyer des SMS et que nous diffusons des messages reçus sur répondeur, cela nous coûte moins de 20 000 F CFA par semaine. Or ce sont ces émissions que préfèrent nos annonceurs. Augustin, responsable des programmes d’une FM camerounaise. CFImedias @CFImedias www.cfi.fr