Larry BELL - Musée d`art contemporain de Lyon

Transcription

Larry BELL - Musée d`art contemporain de Lyon
Larry BELL
BELL
Œuvres entrées dans la collection en
1989 et 1990 à l’issue de l’exposition
Larry Bell, Works from New Mexico
(1989) :
First & Last, 1981-1989
Dimensions variables : configurations de 2
à 15 panneaux, de 183 x 244 x 244 cm à
183 x 548 x 732 cm.
Œuvre acquise en 1989, n° d’inventaire :
989.12.1
La Fayette, 1990
Dimensions : 244 x 109 cm
Don de l’artiste en 1990, n° d’inventaire :
990.10
Larry Bell, First and Last, 1981-1989. © Blaise Adilon
« J’ai toujours pensé que l’art était comme le poker. Tous deux exigent beaucoup d’habileté.
Dans les deux cas, le vainqueur déclare que la chance n’y est pour rien.
En 1960, à l’école d’art, j’avais un job à mi-temps chez un encadreur, mais les peintures que je
faisais n’avaient rien à voir. C’était de l’huile sur toile, très expressionniste abstrait, avec des
bruns et des bleus dominants et de larges traces de brosse. J’ai peu à peu introduit du verre
dans ces structures, à la manière de diagrammes cubiques. J’utilisais le bois, le formica, le
verre et la peinture souvent en même temps. Ces effets de volume m’intéressaient, mais c’était
encore de l’illusion ; j’ai donc créé des cubes, passant de la peinture à la sculpture. Puis, j’ai
décidé de n’employer que le verre.
Pour mes premiers cubes, j’ai utilisé des verres du commerce, dont je grattais une partie de la
surface réfléchissante. Ensuite, j’ai métallisé le verre pour le rendre réfléchissant des deux
côtés. Je me servais d’une ellipse pour produire un effet de basculement : où était l’arrière, où
était l’avant ? Puis j’ai éliminé l’ellipse pour me concentrer exclusivement sur le cube traversé
par la lumière. Ce qui m’intéressait avant tout c’était la façon dont les couleurs/lumières se
rencontraient aux angles. J’ai alors fabriqué des angles. Plus la structure était simple, plus je
pouvais les agrandir, jusqu’à ce qu’ils englobent ma vision périphérique : j’étais finalement
parvenu à des compositions à multiples panneaux. La sculpture était vue de l’intérieur, ou
plutôt il n’y avait plus d’avant ou d’arrière. »
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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En 1958, Larry Bell est admis au Chouinard Art Institute, qui forme les dessinateurs et
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animateurs de Walt Disney. Il a pour professeur Robert Irwin , qui enseigne la peinture et
l’aquarelle. Larry Bell s’installe à Venice et, grâce à Irwin, rencontre d’autres débutants : Billy Al
Bengston, Kenny Price, Ed Moses, Edward Kienholz, Joe Goode et Ed Ruscha.
La Ferrus Gallery créée par Walter Hopps et Ed Kienholz à Los Angeles le convie à une
première exposition personnelle en 1962. C’est l’époque où Phil Leider et John Coplans
publient les premiers numéros d’Art Forum sur la Côte Ouest. L’art californien est très éloigné
du pôle new-yorkais, mais Barnett Newman, Marcel Duchamp, Richard Hamilton visitent
l’atelier. Larry Bell fait alors une première exposition collective Seven New Artists à New York
chez Sidney Janis en 1964.
En 1965, la Pace Gallery, qui vient d’ouvrir, lui propose une exposition personnelle. Mais au
cours du transport entre les deux côtes, plusieurs verres sont endommagés. C’est un
marchand de jouets qui, connaissant les techniques californiennes de métallisation d’objets
sous vide, parvient à restaurer les pièces avant le vernissage.
Le procédé de traitement de surface sous vide consiste à déposer de minces couches de
métal, aluminium ou nickel-chrome, ou des substances minérales, comme le quartz, sur des
matériaux placés dans du mercure sous vide. De retour à Los Angeles en 1966, Larry Bell
installe sa propre cuve : un cylindre de trois mètres de long sur deux mètres de diamètre. Il lui
faut trois ans pour maîtriser la technique et trois jours pour réaliser toutes les sculptures qu’il a
en tête depuis trois ans.
Nous invitons Larry Bell en 1988 à Lyon. Depuis quelques années, l’artiste applique le procédé
sous vide au papier (les Vapor Drawings) conférant au dessin des couleurs flottantes et une
luminosité spectrale. En 1989, il passe à l’étape suivante : « Tout ce qu’il y a dans l’atelier
contient de l’énergie. » Par conséquent, partisan du recyclage, il fusionne sur la toile, à l’aide
d’une monumentale machine qui stratifie à chaud, les
matériaux les plus divers : feuilles de plastique, papiers
marbrés, papiers de riz, cellophane, crépon. Certaines
feuilles sont peintes, d’autres enduites de pigment auquel il
ajoute divers résidus. Le tout est évaporé, refroidi, puis
fondu sur la surface avant d’être métallisé. On ne peut plus
parler de « peintures » ou de « collages ». Les œuvres
s’intitulent Mirage Works.
Pour le Musée, notre projet est double : inciter l’artiste à
présenter ses œuvres récentes, « vapeurs » et « mirages »,
et le convaincre de créer pour la collection une pièce en
verre. Les décisions finales se prennent à Taos au NouveauMexique en plein territoire Navajo, où Larry Bell a installé
son atelier et sa cuve géante en 1973. Nous relisons les
épreuves du catalogue sur place, tandis que les derniers
Mirages sont en cours de création. Tous les assistants sont
indiens, et l’activité artistique de Larry Bell contribue à
soutenir la communauté. La sculpture en verre est fabriquée
en France par Saint-Gobain Vitrage, qui accepte pour
l’occasion de prolonger l’activité d’une cuve promise à la
démolition. L’œuvre est modelée sur The Cat, créée en
1981. Elle se compose de quatre panneaux rectangulaires
de 1,83 x 2,44 m et de 8 panneaux triangulaires de 1,83 x
1,83 m. Elle offre un nombre considérable de permutations.
L’exposition se déroule du 12 octobre au 19 novembre 1989,
Larry Bell, La Fayette, 1990.
et elle est accompagnée d’un catalogue : Larry Bell, Works
© Blaise Adilon
from New Mexico. Larry Bell donne La Fayette n° 190 ,
Mirage Painting, au Musée, en avril 1990.
Larry Bell
Né en 1939 à Chicago (États-Unis), vit et travaille à Taos et Venice (États-Unis).
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Voir notice Robert Irwin
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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