Classement des lacs médocains Inscription des
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Classement des lacs médocains Inscription des
Communes de CARCANS, HOURTIN, LACANAU, LE PORGE (Gironde) Classement des lacs médocains Inscription des lacs médocains et du massif dunaire RAPPORT DE PRESENTATION JUILLET 2011 -1- Introduction La presqu'ile du Médoc, à l'extrêmité nord de l'Aquitaine, recèle, en dehors de son célèbre vignoble, tout un patrimoine méconnu : l'estuaire de la Gironde et ses marais encore intacts, la pointe du Verdon face au célèbre phare de Cordouan, et, caché au coeur des boisements, un chapelet d'étangs arrières-littoraux. Perceptible seulement de près ou des airs, cet ensemble, qui comporte 2 lacs parmi les plus étendus de France, est un véritable joyau dans son écrin de verdure : paysage d'eau douce, calme et peu venté, aux rives sauvages piquetées de loin en loin de « quartiers» pittoresques. Les forêts sont le paradis des chasseurs, dont les « tonnes » typiques parsèment les rives des lacs. La pinède couvre les dunes jusqu'à l'océan, où elle laisse place d'un coup au paysage doré et houleux du littoral atlantique, dont l'immensité agitée est en fort contraste avec les paisibles étangs situés à quelques kilomètres... Ce paysage de grande qualité a fait l'objet de protections paysagères et naturalistes de longue date, ainsi que d'interventions foncières, afin de le sauvegarder comme patrimoine de la nation. Toutefois, compte-tenu de la pression urbaine croissante, et du développement touristique, un renforcement des protections apparaît aujourd'hui nécessaire. Cette perspective a été bien accueillie par les responsables locaux, attachés aux usages traditionnels de ce territoire, et bien décidés à continuer d'y promouvoir un développement fondé sur le respect de son environnement exceptionnel. Le présent rapport, après une présentation des caractères paysagers de ce qu'on pourrait qualifier de « 2e littoral », va rappeler brièvement l'histoire des protections de ce territoire, puis la démarche dite « de requalification » de ces protections. Les nouveaux périmètres des sites seront ensuite décrits dans leur cohérence d'ensemble, puis sur chacune des 4 communes. Enfin, des orientations seront proposées pour la gestion de ces sites. Plusieurs documents figurent dans ce dossier, pour accompagner et illustrer cette présentation : des documents graphiques, notamment la carte d'ensemble du Site Classé et du Site Inscrit, et les plans cadastraux pour chacune des 4 communes concernées, avec les périmètres des 2 types de protections l'étude préalable, qui a permis d'orienter les nouveaux périmètres protégés en fonction de critères paysagers, et présente des analyses, cartes et photos détaillées les articles du titre IV du Code de l'Environnement, qui fondent la réglementation des Sites Classés et Inscrits -2- Le caractère paysager : la partie nord du « 2e littoral » aquitain (par Jean-Pierre THIBAULT, DREAL-adjoint) La côte de l'Aquitaine, au nord du Pays Basque, se définit le plus souvent comme une ligne sableuse continue de 270 km ourlée d'un massif dunaire et à peine entaillée de quelques encoches, dont le bassin d'Arcachon est la plus célèbre. Mais il existe un second littoral, moins connu mais tout aussi spectaculaire : celui des lacs d'eau douce qui ponctuent l'arrière-dune, en un tireté plus ou moins dense, de la Pointe de Grave à l'embouchure de l'Adour. Ces lacs, qui présentent à l'observateur une apparence d'éternité, apanage des eaux dormantes, ont en fait une géologie très récente : ce n'est qu'à l'époque médiévale que se constituent ces étendues d'eau douce, qui rassemblent en plusieurs réservoirs désormais visibles, les masses d'eau précédemment et longtemps stockées dans le vaste territoire spongieux des marais d'arrière dune. Ces marais, dont les interstices entre les lacs conservent une mémoire écologiquement riche, sont, eux aussi, un paradoxe : on a l'habitude de penser que les temps géologiques se comptent en centaines de milliers d'années : ils sont ici de quelques siècles ; on a coutume de croire que l'explication géologique d'un paysage est d'une grande complexité : elle est ici toute simple ; un plateau sédimentaire en pente douce vers l'Océan : les Landes de Gascogne ; des courants marins qui accumulent le sable en dunes le long du littoral, bloquant ainsi les eaux qui s'écoulent de ce plateau ; une longue dépression à l'arrière des dunes qui recueille ces eaux dans une gouttière longue de plus de 250 km ; de temps à autres, le massif dunaire cède devant la pression des eaux accumulées : ce phénomène des «courants » est plutôt landais. Dans le Médoc, l'eau, désormais rassemblée en deux lacs principaux et quelques étangs secondaires, entrecoupés de zones de marais, s'écoule tranquillement vers le sud, vers ce bassin d'Arcachon où le cordon dunaire, il y a longtemps, a cédé si puissamment que, là, c'est l'Océan qui a envahi la dépression formant une vaste lagune qui, comme toutes ses semblables, se comble progressivement. Les lacs du Médoc forment donc, depuis finalement quelques siècles à peine et pour des raisons d'une évidente simplicité, un « second littoral », protégé des vents et des vagues océanes. Leurs caractéristiques paysagères n'auront donc que peu de rapport avec ce caractère « sublime » un peu effrayant qui est en principe associé aux confrontations violentes de la terre et de l'eau, du solide et du liquide. -3- Ici, ces deux éléments sont imbriqués, quasi symbiotiques, ce qui présage une grande productivité végétale et une faune abondante et variée : le site est ainsi encadré de 2 Réserves Naturelles Nationales (celle des dunes et marais d'Hourtin, toute récente, et celle de l'étang de Cousseau, plus ancienne), points focaux de cette richesse naturelle qui marque partout le territoire et dont le paysage est un évident témoin. Ici, peu de « vues panoramiques », tout au plus une perception du massif dunaire depuis les rives orientales des deux lacs, qui permet de « voir loin », sans pour autant assister au « grand spectacle » des lacs alpins, ou même vosgiens : la ligne verte des dunes, dont la plantation en pinède a dompté les assauts il y a deux siècles, est ici continue, imposante par sa longueur mais modeste dans son altitude ; elle ne fera exception qu'au Pilat, un peu plus au sud... « la ligne verte des dunes » à l'horizon du lac Ce qui frappe davantage le long des rives de ces lacs du Médoc, ainsi que dans les marais qui les prolongent, ou le long des « crastes » qui les alimentent, c'est la profusion des espaces intimes, dans lesquels on s'enfonce, qui nous font sentir notre appartenance première au monde vivant, dans lesquels le regard collectionne des visions proches : pointes soulignées de pins maritimes (Tedey, Piqueyrot....), baies ornées de roseaux, ou sentes de plus en plus ténues où le paysage fait moins appel à la vue qu'à l'ouïe ou à l'odorat. Le paysage des lacs du Médoc est fondamentalement et durablement celui des chasseurs. Ceux-ci ont développé une culture autochtone du parcours de l'espace et d'une connaissance inégalée - et parfois jalouse - de la « sauvagine ». Ce paysage pourrait aussi devenir, moyennant l'organisation d'une juste cohabitation avec les premiers quant aux parcours et aux époques, celui du découvreur contemporain de la nature, celui qui marche à pied, ou qui utilise la bicyclette, l'échelle du paysage de ces lacs et marais n'étant pas -ou très peu- celle de l'automobile. L'empreinte humaine sur ces espaces de terre et d'eau est restée discrète. Mais la discrétion n'est pas l'absence : l'activité humaine a, comme partout ou presque, marqué le paysage, et tout d'abord par le -4- boisement. Nécessaire, on l'a vu, à la fixation des dunes, celui-ci est aujourd'hui le support d'une filière industrielle aux débouchés multiples qui, avant les tempêtes, avait une dimension européenne qu'elle s'emploie aujourd'hui à conserver. Les rives orientales des lacs et le pourtour des crastes et des marais présentent, parce qu'on a précisément affaire à des plantations régulières, un paysage forestier d'une précieuse transparence, la régularité des grands fûts permettant au regard de porter loin, et encadrant les lignes d'eau d'une sorte de colonnade temporaire. Cette discrétion de l'intervention humaine a marqué également les travaux hydrauliques : le « canal des étangs », qui relie Hourtin au bassin d'Arcachon, n'a jamais vu naviguer que quelques barques de pêcheurs, mais sa fonction régulatrice, et son rôle de corridor à piballes, s'allie à un marquage paysager épisodique mais significatif : quelques lignes droites surlignées d'une double rangée d'arbres dans un espace plutôt caractérisé par la ligne courbe, et la plupart du temps par l'absence totale de lignes, là où la terre se confond avec l'eau. Discrétion, enfin, des résidences touristiques : quelques campings, des hameaux au fond d'une baie, des maisons en bois, des pavillons d'une touchante modestie mais d'une extrême élégance par leurs volumes, leur couleur et leur style : le Moutchic participe à ce titre pleinement de l'esprit des lieux. Lui et ses quelques équivalents fournissent « l'échelle humaine » de cet espace sauvage, une échelle de paix, loin des gestes héroïques - et souvent dérisoires - par lesquels l'homme prétend parfois marquer l'espace littoral. -5- Quelques ensembles bâtis sont plus ambitieux : l'ancien centre de formation de la marine d'Hourtin, dont la reconversion est en cours, et qui a doté la rive du lac d'une extraordinaire « maison du commandant » qui évoque forcément la passerelle d'un navire, la marina de Talaris, où la MIACA a su jouer avec l'imbrication entre l'eau et la terre sur la rive est du lac, enfin la base de loisirs de Bombannes, judicieusement dispersée au coeur de la forêt dunaire de la rive occidentale, dont les bâtiments inventifs et typés, quand ils côtoient le rivage jalonnent ce dernier, des meilleurs exemples de l'architecture de la fin des années 70. Dernière ambiance humaine, celle de la plage de Maubuisson : une absolue quiétude et un très fort sentiment de sécurité marque cet espace judicieusement aménagé, par petites touches, de plantations, de promenades et de bâtiments de faible hauteur. Nous sommes bien sur un littoral, avec la vocation balnéaire que cela suppose, mais on ne trouve pas trace de cette ostentation et de cette agitation qui marquent trop souvent les implantations humaines sur les rivages. Le « second littoral » de la côte Aquitaine, a des allures d'harmonie et un caractère de paix, qu'il faut justement préserver, et reconnaître, à cet effet, au rang de patrimoine paysager de la nation. -6- L’histoire de la protection des lacs médocains Les réflexions menées à partir des années 1960 pour l’aménagement de la côte Aquitaine, sous l’impulsion de la mission d’aménagement (MIACA), ont permis de prendre en compte la qualité paysagère et environnementale exceptionnelle de l’ensemble des étangs littoraux aquitains jusqu’à l’océan, par des mesures de protection au titre des sites : Site Inscrit des étangs girondins (5/10/1967) Sites Classés des lacs de Carcans-Hourtin et de Lacanau (plans d’eau seuls) le 16/12/1968 et le 29/09/1983 (quelques rives de Carcans-Hourtin) Sites Classés des étangs landais suivants : Laprade (1964), Moliets (1964), Soustons (1966 puis 1979), Hardy (1967 puis 1982), Blanc, Léon, Yrieux et Noir (1968), d’Aureilhan (1964 puis des rives en 1978). Site Inscrit des étangs landais sud (18/09/1969) Site Inscrit des étangs landais nord (16/08/1977) Le Site Inscrit des étangs girondins, d’une superficie de près de 39 500 ha, s’étend sur les communes de Carcans, Hourtin, Lacanau et Le Porge, de l’océan à la RD 3, enserrant le Site Classé consacré aux étangs eux-mêmes sur 7 600 ha. Les vastes Sites Inscrits du littoral girondin et landais forment une spectaculaire bande nord-sud présentant en succession rapprochée 3 types de paysages très différents et pittoresques, contrastant avec la monotonie de la plaine à pinède : vastes étangs / forêt dunaire vallonnée / littoral océanique sableux. C'est bien une entité paysagère unique comme le souligne en 1997 l’Atlas des Paysages de la Gironde : la « bande littorale », aux « valeurs clairement lisibles » et dont l’enjeu est « la préservation ». L'objectif principal est d’exercer une veille sur le devenir de ces territoires naturels remarquables peu urbanisés et à très fort potentiel touristique. La première évaluation de la politique des sites, impulsée par le Ministère sur l’ensemble de la France à l’occasion du centenaire de la 1e loi de protection des Sites (1906), a été menée en 2005 par la DIREN, pour préparer le programme pluriannuel d’action. Elle a mis en avant les évolutions fortes qu’ont subi ces grands Sites Inscrits généralisés. En effet, si ces sites présentent encore dans l’ensemble une grande qualité paysagère et environnementale qui justifie pleinement un classement et le maintien de l’inscription sur les dunes et plages littorales, à l’inverse, certains secteurs ont perdu leur intérêt patrimonial et paysager notamment à cause des extensions d’urbanisation. La « requalification » du Site Inscrit des étangs girondins (comme celle des Sites des Landes) a donc été prévue au programme pluriannuel de la DIREN, établi en 2005 par l’Inspectrice des Sites, Geneviève HELFENSTEIN, et validé par la Commission des Sites de Gironde le 31 janvier 2006. Les étangs littoraux girondins (ainsi que ceux des Landes) figurent sur la liste indicative des sites à classer diffusée par la Ministre de l’Environnement, Mme Nelly OLLIN, aux préfets (courrier DNP du 2 octobre 2006). -7- La méthode de requalification du site Etude paysagère préalable La DIREN a confié en 2006 à une équipe de 2 paysagistes (Hélène SIRIEYS et Emmanuel PRIEUR) l’étude paysagère nécessaire à ce projet de requalification des étangs girondins. Parallèlement, l’équipe du bureau BKM (KREMERS) a été retenue pour les étangs landais. En Gironde, comme dans les Landes, l’étude a été scindée en 2 phases : e 1 phase : - analyse thématique à l’échelle du territoire - définition des principales thématiques et principales évolutions - analyse thématique des secteurs à enjeux et propositions de périmètres requalifiés e e . 2 phase : traduction à l’échelle cadastrale des propositions validées lors de la 1 phase (critères de protection et cartographie e au 1/25 000 ). Une harmonisation du travail des 2 bureaux d’études a été recherchée au niveau des critères de protection, à partir d’une base commune concernant les enjeux de la requalification : - conserver des paysages lacustres naturels et les paysages qui leur sont liés (ruisseaux, canaux...) - maintenir les discontinuités urbaines - maîtriser le développement des bourgs aux abords des lacs - adapter les niveaux de protection aux enjeux paysagers L’étude en Gironde a été pilotée par l’Inspectrice des Sites de la DIREN puis DREAL, Germaine NIQUEUX, avec le concours d'Isabelle VAUQUOIS, chargée de missions Sites et Paysages, et sous la direction de Pierre QUINET, chef de service à la DIREN jusqu’en janvier 2010, et de Jean-Pierre THIBAULT, DIREN, puis DREAL-adjoint à partir de janvier 2010. Concertation Les communes ont été informées par la DIREN du lancement de l’étude en amont de son démarrage, et 2 structures de suivi de l’étude ont été mises en place : - un Comité de Pilotage présidé par le sous-préfet de Lesparre (Olivier DELCAYROU), et comprenant les élus concernés (4 maires et 2 conseillers généraux), les services de l’Etat et d’autres partenaires (DIREN puis DREAL, SDAP, DDAF et DDE puis DDTM, ONF, CELRL, CRPF, CAUE) a été mis en place, et s’est réuni 4 fois : . début 2007 pour le lancement de l’étude . début 2008 pour la validation du diagnostic aboutissant à une carte des valeurs paysagères centrée sur le « monument naturel » des étangs . fin 2008 pour la validation des périmètres de protection en Site Inscrit et en Site Classé au 1/25000e . fin 2009 pour la validation générale du périmètre cadastral - un Comité technique restreint (DIREN puis DREAL, SDAP, DDE et DDAF puis DDTM, ONF, CELRL) a été réuni en tant que de besoin par la DIREN pour un suivi précis de l’étude Après la phase de diagnostic, et comme cela est prévu pour tout projet de classement de site, une Inspection générale menée par Mme Catherine BERSANI a été envoyée par le Ministère sur demande de la DIREN. Elle a eu lieu les 8 et 9 avril 2008 pour les 2 projets, en Gironde et Landes, afin de vérifier la pertinence des orientations prises, avant d’engager plus avant la procédure de classement. Les projets de protections au niveau cadastral ont ensuite été mis au point par la DIREN/DREAL, en concertation avec les élus, commune par commune. Au cours d’une quinzaine de réunions de travail et de visites de terrain ont été examinés les projets communaux, mais aussi envisagés les cahiers d’orientation pertinents pour la gestion du site, et des modalités attractives d’information et de communication des projets auprès de la population. Un travail partenarial a également eu lieu avec les représentants des terrains militaires concernés par le projet, en Gironde et dans les Landes. L’étude préalable, jointe en annexe à ce dossier de classement, se présente en 4 cahiers : cahier n°1 : analyse paysagère cahier n°2 : quelques principes pour une gestion paysagère des sites cahier n°3 : analyse des quartiers cahier n°4 : illustrations (cartographie) -8- La redéfinition des périmètres protégés Critères Critères de l’étude paysagère Le bureau d’études, après plusieurs mois de travail et un diagnostic de terrain, a conclu à la nécessité de recentrer les protections les plus fortes sur le « monument naturel » que sont les étangs, en prenant en compte leur bassin visuel et certains liens fonctionnels (chenaux inter-étangs, crastes…). Le 2e bureau d’étude travaillant sur les étangs landais, malgré une approche davantage fondée sur l'analyse des milieux naturels, est arrivé aux mêmes conclusions. Les paysagistes ont défini pour les étangs médocains 8 critères, qui leur ont permis de hiérarchiser les espaces, et de définir 2 niveaux d’enjeux : protection soutenue ou protection maximale. Voici ces 8 critères : 1/ éléments de géographie du site participant au caractère pittoresque : essentiellement les étangs et leurs bordures (conches, anses, pointes…) 2/ espaces naturels remarquables : ZNIEFF, Natura 2000, Réserves Naturelles, paysages de nature « sauvage » 3/systèmes hydrographiques en relation avec les étangs, aux paysages contrastés par leurs échelles et leurs formes 4/ valeurs culturelles ou pittoresques de certains quartiers, qui « donnent à voir » les étangs, ou bien expriment l’histoire de ce territoire 5/sentiment de nature en zones bâties, coupures d’espaces naturels, de type lisières, couvert forestier, crastes… 6/ marges de recul, lieux de transition, rives, autour du motif central des étangs -9- 7/ distance, profondeur d’urbanisation, nécessaire pour contenir les formes urbaines à une sorte de « distance de sécurité » et de justes proportions par rapport au site 8/ perception, co-visibilité : situations de belvédère et routes de découverte, fenêtres sur l’étendue du paysage des étangs Ces critères ont permis de proposer des principes de requalification des protections, avec un vaste Site Classé sur les étangs et leur bassin visuel, et un Site Inscrit demeurant sur les quartiers bâtis denses et sur le massif dunaire jusqu’à l’océan. Le classement n’a pas été proposé jusqu’à l’océan, car le patrimoine majeur identifié est bien celui des lignes d'eau douce à l'arrière du massif dunaire, et les bassins visuels des étangs ne vont pas jusqu’au rivage océanique. La dune fait en outre l'objet de protections naturalistes, et foncières (forêts domaniales), ainsi que d'une efficace application de la Loi Littoral. Une analyse paysagère fine des quartiers a permis de définir ceux à classer, à maintenir inscrits, ou à désinscrire. Intervention de l’Inspection générale La mission d’inspection menée par Mme Catherine BERSANI, et conjointe aux étangs landais Nord et aux étangs girondins, s’est déroulée les 8 et 9 avril 2008, en compagnie de la DIREN, des ABF et des bureaux d’études. La démarche entreprise par la DIREN a été reconnue comme pertinente par l’Inspection Générale. Le Préfet de Région F. IDRAC, rencontré en fin de la 2e journée, a bien perçu la contribution de cette démarche au projet d'ensemble sur le littoral aquitain qu'il était en train de promouvoir par la création d'un GIP regroupant l'Etat et les principales collectivités concernées. Les principes retenus : - classement des rives des lacs qui sont bien « un patrimoine national » ; les éléments bâtis sur les rives seront inclus dans le Site Classé dès lors que l’ensemble comporte une ambiance qui participe à l’esprit des lieux (modestie des constructions, taille des parcelles, donnant l’« échelle humaine » des plans d’eau), - maintien de l’inscription du massif dunaire jusqu’à l’océan, - suppression de l’inscription sur le plateau landais à l’Est des étangs. Le principe d’une protection forte (classement) de la grande gouttière nord-sud des lacs, marais Et canaux recueillant les « eaux douces » issues du plateau landais et bloquées par les dunes littorales (maintenues en Site Inscrit) a donc recueilli un avis positif et a été jugé d’intérêt national. - 10 - Autres critères e, Pour la définition précise du périmètre au 1/25 000 puis au niveau cadastral, il a fallu prendre en compte non seulement le critère majeur que sont les paysages et les co-visibilités définis par l’étude paysagère comme exposé ci-dessus, mais aussi d’autres critères liés à l’expérience de plus d’un siècle de protection des Sites, et aux conseils donnés à ce sujet dans les circulaires du Ministère (notamment DNP 2000 et 2007) : prise en compte d’une zone tampon même sans intérêt paysager, afin de préserver les abords de la partie la plus remarquable, le cœur du site. gestion des sites par rapport à l’urbanisation : exclusion du classement des zones bâties banales ou denses,, inscription d'enclaves bâties entourées de Site Classé, classement du bâti exceptionnel, ou d'enclaves isolées à contrôler. Exemples : classement du bâti de qualité et/ou en relation directe avec les étangs (concessions du Moutchic, de Piqueyrot, bâtiments UCPA de Bombannes, centre nautique de Longarisse, campings du Tédey et des Petits Pellegrins, port du CFM d’Hourtin …), inscription du bâti banal ou enclavé dans le Site Classé (quartiers portuaires d’Hourtin, de Lacanau…) et/ou trop vaste et dense (Lacanau-Océan et son golf…) désinscription uniquement si le site est dégradé ou ne justifiant plus de qualités suffisantes. capacité de gestion d’un Site Classé très vaste par l’Etat : délimitation d'un territoire comprenant surtout des espaces naturels avec peu de travaux, hormis forestier, et peu de bâti limites visibles et facilement repérables dans le paysage (pare-feux, routes, crastes, chemins…), recherchées lors de la phase cadastrale, ce qui a amené à modifier très sensiblement les périmètres à protéger . volonté de cohérence avec les paysages semblables sur les communes voisines, ce qui a amené à étendre les sites jusqu’à la limite communale au nord et au sud, dans l’attente d’une poursuite des protections pour ces paysages voisins. extension systématique de la protection sur une bande de 500 m en mer pour tous les sites limitrophes du littoral, comme recommandé par le Ministère prise en compte du foncier public : prise en compte des terrains du Conservatoire du Littoral, de l'ONF, du département (Espaces Naturels Sensibles), permettant renforcement mutuel et cohérence, voire exemplarité de gestion application de la Loi Littoral : inconstructibilité des parties naturelles des Sites Inscrits et Classés, espaces proches du rivage, espaces remarquables, espaces boisés classés, ... intérêt par rapport à l’eau : prise en compte du SAGE (Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux) des lacs médocains, notamment des « zones vertes », crastes et canaux à préserver intérêt patrimonial : prise en compte de monuments historiques, vestiges archéologiques, airials, patrimoine rural non protégé, … décisions d’aménagement et d’urbanisme irréversibles : prise en compte des projets en cours des communes, présentés par les maires lors de la phase de concertation menaces et risques d’urbanisation future ou de grands projets (déviations routières, éoliennes, etc …) : fragilité et menaces moindres sur le littoral (protégé par Loi Littoral, forêts domaniales, dont une forêt de protection sur Hourtin…) que sur les lacs cohérence entre les 4 communes, et avec le projet des étangs landais, car sur un même type d’ensemble paysager On aboutit donc à une proposition d’extension des protections fortes, ce qui correspond bien à l'évolution de la politique des sites depuis un siècle : on constate partout en France un élargissement progressif des classements, l’inscription ayant atteint ses limites (accrues avec les réformes récentes du Code de l’urbanisme) et démontré sa relative inefficacité. C’est le cas pour les étangs girondins : simple inscription en 1967, classement des 2 étangs l’année suivante, classement partiel des rives d’un étang ( Carcans-Hourtin) en 1983, projet de classement de l’ensemble des rives et du bassin visuel des 2 étangs en 2011…. Résultats de la concertation Le périmètre global de classement a paru bien adapté aux élus, car respectueux : - des préconisations de l’étude paysagère, qui a parue sérieuse et bien argumentée - de la carte DIREN diffusée en 2004 dans le cadre du porter-à-connaissance du SCOT des lacs médocains, document d’intentions qui proposait un projet de classement sur les rives des étangs - d’une volonté de centrer le classement sur les paysages des étangs, sans l’étendre jusqu’à l’océan - d’une volonté de ne pas figer le territoire mais de lui réserver un développement fondé sur le respect de ses valeurs naturelles et paysagères Le périmètre au niveau cadastral a été examiné commune par commune, parcelle par parcelle, et un certain nombre d’évolutions ont été discutées et prises en compte, pour permettre la réalisation (éventuelle, sous réserve de l’application des autres réglementations en vigueur) de projets importants pour la commune, précis, et d’ores et déjà engagés (études en cours…) : équipements médicaux, sportifs, de loisirs… Un cahier d’orientations de gestion détaillées et spécifiques à chaque commune recensera notamment les projets principaux. Document non réglementaire, il permettra néanmoins aux habitants et ayant-droits de présenter des projets recevables, s'ils se conforment aux recommandations. Il ne fait pas partie de la procédure de classement, mais est en cours d’élaboration parallèlement. Ses grandes lignes figurent déjà dans l’étude paysagère préalable, et sont reprises en fin de ce rapport de présentation. - 11 - Description des nouveaux sites Le nouveau projet, même s’il n’a pas ignoré les protections Sites existantes, a consisté en une « remise à plat » totale, un peu comme si on y envisageait pour la 1e fois une protection paysagère. En tenant compte de l’ensemble des critères, et des observations des élus et de l'Inspection générale, les limites des sites ont changé, mais la superficie globale protégée reste semblable (un peu plus de 39 000 ha). Le classement représente environ 21 000 ha, dont la moitié en plans d’eau et zones humides. L’inscription est réduite d’1/3 de sa surface actuelle. SITE CLASSE - les étangs : pas de changement ; maintien du classement sur l’ensemble de la nappe d’eau des 2 étangs, et des îles y compris dans les ports ou haltes nautiques actuels (Bombannes, Maubuisson, Talaris, Lacanau, Hourtin-Port), et extension autorisée d’un port (ex-CFM d’Hourtin). - les rives : extension du classement partiel existant (Bombannes, et rives Est de Carcans-Hourtin) à l’ensemble des rives des 2 étangs, y compris le bâti ou les campings isolés sur les Pointes du Tedey (campings du Tedey et camping les Petits Pellegrins), et de Piqueyrot (club nautique, ancienne Maison du marin, etc..) et/ou donnant directement sur l’eau (1e rangée de maisons à Carreyre, La Grande Escourre, Maubuisson…) et/ou d’intérêt patrimonial (Baïnasses au Moutchic, hameau lacustre de Talaris, UCPA à Bombannes,…). De nombreux terrains acquis ou en projet d’acquisitions par le Conservatoire du littoral sont dans ce périmètre, ainsi que des Espaces Naturels Sensibles. - les autres éléments du système hydraulique des étangs : les zones humides, nappes d’eau, et canaux de la grande gouttière nord-sud sont considérés comme d’anciens étangs, d'intérêt scientifique mais aussi paysager, et donc classés avec le même principe de vaste zone-tampon de part et d’autre. Sont ainsi inclus dans le périmètre classé la Réserve Naturelle Nationale d’Hourtin avec le Palud de Molua, la Réserve Naturelle Nationale de l’étang de Cousseau et le canal des étangs, les étangs du Porge (Lède-Basse, Langouarde…) et le canal. - le bassin visuel des étangs : . côté EST, dans le plateau landais, classement d'une bande d’environ 1000m (parfois plus en fonction de limites facilement visibles retenues : pistes, crastes…), correspondant souvent à une zone d’approche et de protection du site remarquable (zone-tampon). Sauf exception justifiée, l’urbanisation dense présente dans cette bande est en général exclue du classement, et maintenue en Site Inscrit. Plusieurs forêts souvent feuillues, sont présentes dans cette bande Est, dont certaines sont domaniales (forêts d’Hourtin et du Porge) ou communales (forêt de Carcans…) . côté OUEST, dans les dunes littorales : classement jusqu'à un pare-feu situé en arrière de l’alignement nord-sur des plus hautes dunes (40 à 60m) qui sépare les lacs du rivage. Il s’agit de zones de forêts de pins, domaniales, mais aussi communales et privées. Sauf exception justifiée, l’urbanisation dense présente dans cette bande est exclue du classement, et maintenue en Site Inscrit (zone des golfs de Lacanau-océan). . côté NORD : les paysages de zones humides enserrées entre forêts dunaires et landes se poursuivent vers Naujac-sur-mer. Aucune limite paysagère n’est visible, sauf à poursuivre l’étude et le projet sur les communes voisines au nord jusqu’à la pointe de Grave. Le principe d’arrêter pour l'instant de manière artificielle le périmètre du Site Classé à la limite communale a donc été retenu. . côté SUD : de la même manière, le canal des étangs se poursuit sur Arès dans un paysage semblable à celui du Porge. Aucune limite paysagère n’est visible, sauf à poursuivre l’étude et le projet sur les communes voisines au sud jusqu’au bassin d’Arcachon (ce qui est prévu, dans le cadre de la requalification des sites du Bassin, inscrite au programme pluriannuel de la DREAL). Le principe d’arrêter pour l'instant de manière artificielle le périmètre du Site Classé à la limite communale a donc été retenu. - 12 - - certaines zones humides et crastes du plateau landais à l’EST, qui présentent un intérêt paysager, mais également écologique (Natura 2000) sont classées. Soit, du nord au sud, 5 zones correspondant à ces critères : Berles de Loupian, de Caillava et de Couture à Hourtin ; Berle de la Garrouyere à la limite Hourtin-Carcans ; craste du Fond des Tables et canal de la Berle à Lacanau. Pour les 4 premières, il n’a pas été possible de caler une protection sur le cadastre (parcellaire en longues lanières), et le principe d’une protection sur une bande de 100m de large le long de chacune des rives a été retenu. SITE INSCRIT - le massif dunaire littoral : maintien de l’inscription inchangée sur l’ensemble de la zone à l’ouest des lacs, hors du nouveau périmètre classé. Mais extension de l’inscription dans 3 directions : . jusqu’à 500m en mer, comme cela se pratique systématiquement dans les autres régions de France . vers le nord : la limite actuelle sur la RD 101 E ne correspondant pas à une limite paysagère, le même principe que pour le périmètre classé a été retenu, à savoir d’étendre le site protégé jusqu’à la limite communale entre Hourtin et Naujac. L’ensemble d’Hourtin-plage se retrouve ainsi en Site Inscrit. . vers le sud : la limite actuelle sur la RD 107 ne correspondant pas à une limite paysagère, le même principe que pour le périmètre classé a été retenu, à savoir d’étendre le site protégé jusqu’à la limite communale entre le Porge et Lège Cap Ferret. Les villages de vacances de La Grigne et de La Jenny se retrouvent ainsi en Site Inscrit. - l’urbanisation dense autour des étangs, avec les zones de projets en cours, et les cônes de vue à préserver : les parcelles urbanisées groupées, les campings limitrophes, les zones de projets précis pour équipements d’intérêt public incluses dans la zone classée ont été cernées pour rester en Site Inscrit sur les plans cadastraux, en les limitant côté étangs aux voies le long des rives. Côté Est, un Site Inscrit linéaire entourant certaines rues ou routes menant aux étangs (à Lacanau-bourg, au Poutch) a été conservé pour maintenir la qualité paysagère des accès au Site Classé . - la désinscription de l’ensemble du plateau landais à l’Est, jusqu’à la RD 3 remet l’ensemble des bourgs d’Hourtin, Carcans, Lacanau, et Le Porge hors protection paysagère spécifique. En effet, l’éloignement des étangs, et la banalité quasi générale de l’urbanisation récente ne justifient plus le label national donné par le Site Inscrit. Par contre, des règlements précis dans les plans d’urbanisme, voire des AVAP (ex-ZPPAUP), seraient souhaitables pour maintenir ou redonner à ces bourgs leur identité et en faire des « portes » dignes du grand Site Classé des étangs. Par ailleurs, l’ensemble du territoire de ces communes reste soumis à la Loi Littoral, et à l’article général L. 110 à du Code de l’urbanisme, donc à un aménagement respectueux du patrimoine paysager et écologique. Noms des sites Par rapport à l’ancien nom de « Site Inscrit des étangs girondins », et après débat en comité de pilotage, le terme « lacs » a été préféré au terme « étangs », et l’adjectif « médocains » à celui moins précis de « girondins ». Les élus ont souhaité un « Site Classé des lacs médocains » (comme il y a un « SCOT des lacs médocains ») et pour le Site Inscrit, une terminologie prenant en compte la protection de l’ensemble du massif dunaire forestier littoral : « Site Inscrit (des quartiers) des lacs médocains et du massif dunaire » Cette contribution à la dénomination du site marque une première appropriation du patrimoine paysager proposé au classement par les représentants élus du territoire, appropriation qu'il conviendra de faire partager à la population tout entière (« temporaire » comme permanente), par une information et une communication suffisante, et par des initiatives visant à solliciter sa contribution et sa participation active à la gestion ultérieure des lieux. - 13 - Le projet de protection par commune Les périmètres de classement et d’inscription sont décrits commune par commune, ainsi que quelques mesures de gestion ponctuelles, ou des projets évoqués en détail lors des réunions de concertation avec les élus. La compatibilité de ces projets avec le maintien de la qualité des paysages protégés est indiquée, sans préjuger de leur faisabilité vis à vis des autres lois et réglementations, notamment de la Loi Littoral qui s’applique sur l’ensemble de ces 4 communes. Il s’agit de préciser sur quelques lieux précis 2 types d’orientations de gestion : - soit des recommandations afin de conserver des éléments ou des aspects liés au caractère et à l’identité propre de chaque commune et de ses paysages, ou de restaurer des zones dégradées -soit des recommandations concernant une série de projets se retrouvant par logique paysagère en Site Classé, mais tenant à cœur aux communes au moment de la concertation. Le classement ne devrait pas empêcher leur réalisation, sous réserve d’une bonne qualité architecturale, et paysagère (et de la compatibilité de ces projets avec les autres lois et règlements). HOURTIN Tout le littoral communal, jusqu’au pare-feu central, est inscrit. Ce site inclut notamment Hourtin-plage en entier et les maisons forestières des Genêts et du Crohot de France. L’étang, les zones humides nord, et leurs rives sont classés, depuis le pare-feu central, jusqu’à la limite communale au nord, et les abords des quartiers de Louley, de Mayne Pauvre, et du bourg d’Hourtin. La RN d’Hourtin, la lagune de Contaut sont classées. Le domaine des phares est traversé par la limite entre inscription et classement. Ces phares jumeaux sont protégés au titre des Monuments Historiques (6/11/2009). Les zones humides et les crastes de la Berle de Lupian, de Caillava et de Couture, ainsi que de la Garroueyre sont classées. Sur les rives de l’étang, d’ouest en est, sont inscrits : - le quartier de Piqueyrot et son camping. Mais la pointe, et le bâti isolé « les pieds dans l’eau » et faisant partie du paysage de l’étang, est classé. La restauration du Foyer du Marin, le réaménagement du camping municipal, le confortement des berges érodées y seraient envisageables, sous réserve de qualité architecturale et d’intégration au paysage. - 14 - - le quartier des Grands Monts : l’architecture des concessions, simple et pittoresque, même modernisée, est à conserver (règlement précis à prévoir dans le PLU). - l’ex-CFM ainsi que le quartier des villas des cadres perché sur la dune voisine ; mais la pittoresque maison du commandant, et le plan d’eau étendu pour la halte nautique, sont classés. - le quartier de Contaut ainsi que la station d’épuration et sa zone d’extension. Mais la pittoresque chapelle, ainsi que le séchoir à graines sont classés. - le quartier de Louley, avec une intégration paysagère et architecturale de qualité à prévoir pour la zone d’activités en cours de réalisation autour de l’étrange centre de tir de l’ex-CFM. Une rénovation de qualité des installations isolées dans la zone en Site Classé (boîte de nuit, maison du Conservatoire du Littoral,… ) serait envisageable. - Hourtin-port, jusqu’à la limite de l’eau, avec les quartiers bâtis, le centre équestre, des campings. Mais les îles, le port, la jetée, sont classés, ainsi que la zone humide au sud. Il faudrait veiller à dégager les cônes de vues vers le lac. Le projet de reconstituer l’espace sensible du marais-herbier au sud, et de création d’un accès pour une zone réservée au Kite-Surf , serait envisageable, sous réserve d’une étude spécifique préalable (écologique et paysagère), et d’aménagements légers et réversibles (Loi Littoral). - le quartier de Lachanau : les concessions y sont à entretenir et restaurer en respectant l’esprit des lieux et leur caractère spécifique architectural et paysager. L’espace central commun est classé, et il faudrait veiller à le maintenir ouvert, sans clôture. CARCANS Tout le littoral communal, jusqu’au pare-feu central, est inscrit. L’étang, les zones humides du marais du Montaut, le canal de jonction, et leurs rives, sont classés, depuis le pare-feu central, puis le nouveau pare-feu central, jusqu’à la limite communale au sud, et les abords du quartier de Sainte-Hélène à l’Est. Le projet de construction d’un local technique pour canoë-kayac serait envisageable (au titre du Site Classé) sur les rives du canal de jonction. L’intégration paysagère des pontons de pêche serait à revoir (éviter l'utilisation de métal brillant). Sur les rives de l’étang, d’Ouest en Est, sont inscrits : - les zones fortement bâties et équipées de Bombannes, avec les 2 campings (Coben les Pins, et La Dune Bleue). Mais les bâtis de grande qualité architecturale (UCPA, conçus par des architectes renommés), ou pittoresques (la « Pagode »), et/ou situés « les pieds dans l’eau » sont classés. Le développement de la base de loisirs de Bombannes pourrait se poursuivre dans les parties classées comme dans les parties inscrites sous réserve du respect de la qualité exceptionnelle des lieux et en privilégiant les activités sportives tournées vers la découverte de la nature et de l’environnement. - 15 - L’entretien, voire l’extension, des services et équipements existants (pagode, supérette, bâtiment UCPA, accueil, club de voile, ski nautique, tennis, aires de campings-cars, etc…) serait envisageable dans le Site Classé, s'il est compatible avec la Loi Littoral. L'aménagement des campings existants serait possible dans le Site Inscrit, mais en proscrivant les aménagements et installations standardisés sans lien avec la qualité du site. - la ZAC de Maubuisson, Nord et Sud, y compris des zones d’extension. Mais les rives directes de l’étang (plages, promenade du front du lac…) sont classées. La voie d’accès à Bombannes en Site Inscrit devrait conserver son caractère boisé et non bâti, l’élément de la trame verte (espace boisé classé au PLU) entre les 2 zones urbanisées (ZAC et Maubuisson-centre) ayant un intérêt paysager à l’entrée du domaine, et un rôle de liaison entre 2 secteurs classés. La double rangée d’arbres qui longe la plage serait à conforter. -le quartier du Montaut, y compris les maisons au bord du canal. Mais la pointe et la jetée, ainsi que les bords du canal, et la rangée de maisons situé entre l’étang et le marais, sont classés. Le bâti des zones urbaines longeant le lac et le canal en Site Classé pourra être restauré, sous réserve de qualité architecturale et d’intégration au paysage, avec notamment une volumétrie basse ne masquant pas le lac et la jetée. - le quartier du Poutch, y compris une zone à conserver non bâtie le long de la route, à l’entrée Est afin de préserver la qualité paysagère de l’accès au Site Classé du lac : son caractère agricole et forestier à maintenir (c’est aussi une coupure d’urbanisation au titre de la Loi Littoral). LACANAU Tout le littoral communal, jusqu’au nouveau pare-feu central, et y compris les golfs et le Vital-parc, est inscrit, sans changement par rapport à la situation actuelle, si ce n’est pour la partie classée à l’Est. L’étang, les zones humides de l’étang de Cousseau et de l’étang de Batejin, et leurs rives, sont classés, depuis le nouveau pare-feu central, jusqu’à la limite communale au sud, la passe n° 51 du pont de Lartigue, la passe de l’Esquirot, les abords du bourg, la RD 6, les abords du quartier de Talaris. La station d’épuration, isolée en forêt, se retrouve en Site Classé, mais le projet d’extension de cet équipement d’intérêt public serait envisageable. Les 2 campings isolés sur les rives du lac (le Tedey, et les Petits Pellegrins) nécessiteraient une réhabilitation paysagère, et une meilleure intégration de leurs équipements dans ce site exceptionnel. Les zones humides et les crastes de Garrouyere (jusqu’au pittoresque airial de Parempuyre) et du canal de la Berle sont classées. - 16 - Sur les rives de l’étang, d’ouest en est, sont inscrits : - le quartier de la Grande Escourre, les Nerps, Longarisse, le Bernos, sauf le rivage de l’étang, qui est classé. Le classement du club de voile, de la station d’épuration, de la chapelle, devrait permettre de conserver ou améliorer la qualité de leur insertion dans le paysage. La gestion de la colonie de vacances de Cenon sera possible dans le Site Classé. Terminer le lotissement de Bernos pourrait être envisagé dans le Site Inscrit, s'il s’avère compatible avec la Loi Littoral. - le quartier de Carreyre, sauf les maisons le long du lac qui seront classées, et entretenues en conservant le caractère des lieux. Un projet d’une unité à vocation médicale pourrait être envisagé dans le Site Inscrit en respectant la bande littorale de 100m proposée en Site Classé, et des principes d’intégration dans l’environnement : écrin végétal et arbres conservés, architecture basse et matériaux discrets (bois…). Une rénovation de la maison ancienne serait souhaitable, conservant ses caractères. - le quartier du Moutchic, sauf la plage, les maisons forestières, et les Baïnasses, qui sont classées. - le quartier de Pitrot. - la marina de Talaris, sauf les rives de l’étang, et le hameau sur pilotis, qui sont classés. - le quartier de Lacanau-port, le village de vacances Azureva et l’avenue du Lac. LE PORGE Tout le littoral communal, jusqu’au pare-feu central, et y compris Le Porge–océan en entier, et les villages-vacances de La Grigne et La Jenny, est inscrit, Le canal, les zones humides, les petits étangs et leurs rives sont classés, du pare-feu central à l’ouest au chemin du Mineur à l’Est et au garde-feu des 50m. - 17 - Il n’y a aucune zone urbanisée dense dans le périmètre du Site Classé, qui nécessiterait une enclave en Site Inscrit. Mais la commune a 2 projets envisageables en Site Classé, sous réserve d’une bonne intégration paysagère, et de compatibilité avec la Loi Littoral : - la mise en valeur de l’airial et des 2 cabanes (courtious) de l’Entrade - l’aménagement du Pas du Bouc : reconstruction d’un bâtiment existant, pour aménagements légers d’accueil « Porte du site » ; enfouissement des réseaux aériens ; stationnement paysager ; départ d’un sentier d’interprétation vers l’étang de Langouarde ; découverte du canal et de la passe à civelles…. Les pare-feux enherbés typiques le long de plusieurs routes (RD 107 notamment) ont un fort intérêt paysager, et seraient à conserver, entretenir, voire développer le long d’autres routes. Les anciennes cabanes de résiniers (une dizaine sur la commune) seraient à répertorier, et à entretenir suivant leurs caractères architecturaux spécifiques. - 18 - Les orientations de gestion Principes généraux La gestion des sites protégés doit avoir pour objectif la conservation de leurs qualités paysagères et écologiques et la maîtrise de leur évolution. La pérennité des valeurs paysagères du site des étangs, qui ont justifié sa protection, sera recherchée par : - le choix d’un développement centré sur les valeurs paysagères et écologiques des lieux, - le maintien du caractère naturel et forestier des paysages des étangs, - le maintien des caractères pittoresques des quartiers bâtis, et de leurs composantes identitaires, - le maintien des activités qui entretiennent les paysages du site (sylviculture du pin maritime, chasse et entretien des tonnes, limitation du comblement des étangs, …) - une gestion adaptée des plans d’eau et du réseau hydrographique, - des possibilités de découverte respectueuses des sites. Des principes concrets peuvent déjà être proposés pour la gestion de ce vaste Site protégé : - une gestion adaptée des paysages forestiers : le principe fort sera de maintenir le caractère naturel et boisé des hauteurs dominant les paysages lacustres, en conservant et valorisant une forêt mélangée dominée par le Pin maritime. Une attention particulière sera à porter sur les interfaces : . urbanisation/étangs : discrétion des constructions sur les rives, maintien de la bande arborée qui existe souvent entre étangs et quartiers bâtis, maintien d'un couvert arboré sur les parcelles privées. . pinède/étangs : maintien d’une limite arborée permanente aux abords des étangs (sauf en zones humides rases et à séries végétales de transition entre étangs et pinèdes), développement de la diversité des essences, ouverture de vues sur les paysages des étangs et des dunes boisées. - 19 - - un schéma de découverte et mise en valeur des paysages : à élaborer pour l’ensemble des réseaux (routier, cyclable, pédestre…) - un schéma d’ensemble d’accueil du public, à l’échelle intercommunale, pour organiser et harmoniser les activités de tourisme (aires de stationnement, ports de plaisance, sentiers, pistes cyclables, aires de pique-nique, haltes de camping-cars, plages et aires de jeu, etc…) et de loisirs (pèche, chasse,…) qui recherchent les rives des étangs et les berges de certains canaux. Il faudra préconiser des aménagements légers, réversibles, mais de qualité, et respectueux du site, y compris pour les activités nautiques, les tonnes de chasse…. - une charte signalétique concernant l’ensemble du site serait souhaitable. Le recours à une signalisation adaptée et homogène pour l’ensemble du site de façon à permettre aux habitants et visiteurs d’identifier ces lieux d’excellence souvent méconnus, contribuerait à qualifier le site - des campings bien intégrés au paysage : le classement de plusieurs campings doit permettre d’entamer des démarches concertées pour assurer leur meilleure intégration dans les paysages des étangs. En effet, ces installations bénéficient de leur situation privilégiée dans des lieux d’exception et devraient en retour avoir la volonté de s’intégrer le mieux possible dans ces paysages remarquables. Plusieurs recommandations : rechercher un recul des hébergements et équipements par rapport aux rives ; créer ou renforcer une bande boisée composée d’arbres et d’arbustes (végétation locale), au premier plan en bordure de l’étang ; proscrire toute extension du camping et tout « durcissement » supplémentaire des hébergements (mobil-homes, habitations légères de loisirs, tentes permanentes) ; utiliser des matériaux naturels (bois) et des teintes foncées pour atténuer la présence des mobilhomes et des bâtiments ; conserver ou renforcer la présence d’arbres et arbustes locaux à l’intérieur du camping ; privilégier une signalétique harmonieuse et discrète…. Ces recommandations auront vocation à être transcrites dans les plans d'urbanisme communaux (PLU). - une prise en compte des protections dans les documents d’urbanisme : la protection des étangs et de leurs rives ainsi que des canaux et de leurs berges par le classement implique l’intégration de ces espaces naturels dans les PLU comme des espaces remarquables au titre de la loi littoral. Une des spécificités des lacs médocains est la présence de quartiers bâtis pittoresques, dont le caractère devra être conservé : maintenir le plan de composition, les transparences à partir de l’espace public , le volume des constructions, l’emprise au sol, le couvert végétal, l’aspect traditionnel du bâti ; éviter les couleurs voyantes ; privilégier le bois, les matériaux à caractère naturel, les clôtures végétales en essences locales ; conserver les airials…. Ces recommandations ont vocation à être déclinées et transcrites dans les règlements des PLU. Une AMVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine),- réglementation qui a succédé aux ZPPAUP-, portant sur l’ensemble du bâti serait particulièrement utile à une bonne gestion de ces quartiers. L’état des lieux préalable qui s’accompagne d’un repérage attentif permettrait d’apprécier et de décrire les spécificités de chacun des quartiers et de proposer des modalités pour entretenir et pérenniser ces architectures pittoresques. - 20 - Une insertion du grand site protégé dans l’ensemble de la politique territoriale est également indispensable : Ce site appartient à un territoire vaste dont il dépend, que ce soit pour la gestion de l’eau (bassins versants), pour la gestion des flux de visiteurs (entrées dans le site, itinéraires de découverte…), pour la qualité de ses abords… Ces problématiques constituent autant d’éléments à intégrer dans les outils classiques d’aménagement du territoire. Aussi, si le classement et l’inscription constituent un outil de protection et de labellisation pour les espaces les plus remarquables des lacs et du littoral médocain, les autres outils de planification et de valorisation sont à mettre en œuvre sur le territoire plus vaste qui les entoure pour gérer le patrimoine naturel et paysager « ordinaire », et s’assurer que les qualités des étangs seront préservées à long terme. Une cohérence mutuelle et une complémentarité a été recherchée et devra continuer à l’être avec les documents d’urbanisme (les 4 PLU en cours de révision, le SCOT en cours d’approbation), et les documents de planification et de gestion de l’eau (SAGE en cours de révision) Vers un cahier de gestion Comme évoqué dans les réunions du Comité de Pilotage et les réunions de concertation par commune, un cahier d’orientations de gestion sera élaboré et développera de manière détaillée ces principes généraux, mais aussi des recommandations spécifiques à chaque commune. Document non réglementaire, il ne fait pas partie de la procédure de classement, mais est en cours d’élaboration parallèlement. Les grandes lignes figurent déjà dans l’étude paysagère préalable, et ont été reprises dans le précédent chapitre de ce rapport de présentation. La circulaire ministérielle (MEDD/DNP) du 30 octobre 2000 recommande, « pour les sites qui font l’objet d’un nombre élevé d’actes relevant de la procédure d’autorisation préalable,…. d’encadrer leur évolution avec l’appui d’un document de gestion destiné à aider les services locaux dans l’instruction des autorisations. »….. « Un tel document, dépourvu de portée réglementaire, ne limite pas le pouvoir de l’Etat dans la délivrance des autorisations et n’engage pas sa décision, qui doit résulter, aux termes de la loi, d’une appréciation faite au cas par cas de l’impact du projet sur le site ». Avec ou sans cahier de gestion, chaque projet de travaux reste soumis à la procédure spécifique en sites (voir en annexe dans ce dossier de classement : Code de l'Environnement- titre IV SITES) Enfin, ces orientations et recommandations, tout comme les autorisations de travaux, s’entendront sous réserve du respect des diverses autres réglementations en vigueur (Loi Littoral, Code de l’Urbanisme, Code Forestier, autres servitudes…). - 21 - CONCLUSION Vers un projet global de protection et de mise en valeur Les Sites Classés et Inscrits identifient les éléments patrimoniaux dont la conservation revêt un intérêt général à l’échelle nationale, et même européenne. Ce projet de protection est un LABEL prestigieux qui reconnaît la qualité extraordinaire du patrimoine paysager des lacs médocains. Il devrait permettre le développement d’un projet global, axé sur une mise en valeur respectueuse du patrimoine et des paysages, avec une politique et une image cohérente (charte signalétique, mobilier, etc…) sur l’ensemble du site protégé, qui pourrait être portée par une structure commune à définir. Une articulation avec le projet de Parc Naturel Régional du Médoc actuellement à l'étude sera à rechercher, comme zone emblématique du parc. L’objectif pourrait être d’aboutir à une démarche d’ « Opération Grand Site », dans la perspective d’un véritable « GRAND SITE DES LACS MEDOCAINS ». La dynamique fondée sur la qualité paysagère et environnementale de ces lieux d’exception devrait permettre des retombées économiques importantes sur l’ensemble des communes concernées, et même sur tout le Médoc. La mise en place de la protection forte et durable qu’est le classement, pérennisant sur le long terme la qualité conservée de ces lieux, est la démarche préalable indispensable et le cadre nécessaire de tout projet d’avenir pour ce joyau que sont les lacs médocains dans leur écrin de verdure. Germaine NIQUEUX Inspectrice des Sites Juillet 2011 (Photos : G. NIQUEUX et I.VAUQUOIS) - 22 -