ONG Éducatives en Côte d`Ivoire

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ONG Éducatives en Côte d`Ivoire
JOURNEES DE LA RECHERCHE EN
EDUCATION DE CÔTE D’IVOIRE
(JRECI) 2006
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Abou FOFANA
© EDUCI/ROCARE. Afr educ dev issues,N°2, 2010, Special JRECI 2006 & 2009, pp. 29-44
ONG ÉDUCATIVES EN CÔTE D’IVOIRE
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1. ONG ÉDUCATIVES EN CÔTE D’IVOIRE
Abou FOFANA 1
INTRODUCTION
Ce travail fait suite à une série de réflexions sur les ONG ivoiriennes
en général et sur les ONG éducatives en particulier. Nous sommes parti
du constat que le phénomène des ONG en Côte d’Ivoire n’avait pas la
même ampleur que dans la plupart des pays africains qui ont connu des
catastrophes naturelles importantes : sécheresse, inondation, famine,
invasion des criquets, etc. Cependant, de nos jours, avec la question
éducative en Côte d’Ivoire, qui est dramatique, en particulier pour la fille,
doublée de la crise socio-politique que traverse le pays, les ONG sont de
nouveau en première ligne. C’est ainsi que nous avons voulu préparer
et présenter les résultats de nos recherches sur la question des ONG
éducatives en Côte d’Ivoire dans le cadre des Premières Journées de la
Recherche en Education organisé par le ROCARE.
I- LES ONG EN CÔTE D’IVOIRE
Si le sigle ONG attribué à certaines associations est un usage
relativement nouveau en Côte d’Ivoire, la réalité associative qu’il met en
avant ne date pas d’aujourd’hui. Depuis très longtemps, le fait associatif
constitue la base des relations sociales et économiques en Afrique
fondées sur l’entraide et la solidarité. De fait, ONG et autres associations
sont traitées ensemble au regard des textes officiels. La question est
alors de savoir ce qu’est une ONG et ce qui la différencie des autres
associations.
1- Qu’est-ce qu’une ONG ?
Il existe tout un flou sémantique au tour du sigle «ONG». Ainsi,
celui-ci donne lieu à de nombreuses interprétations, pour certaines
erronées. Il n’existe aucune base juridique (et a fortiori aucun organisme
d’enregistrement des ONG en Côte d’Ivoire) qui permette de dire si telle
organisation est ou non, une ONG.
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Enseignant-Chercheur, Ecole Normale Supérieure, Abidjan, Tél. (00225) 07 20 22 30,
[email protected]
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Formulé pour la première fois en 1945 par le Conseil économique
et social (Ecosoc) de l’ONU, « le sigle ONG visait initialement à
distinguer les organisations gouvernementales des organisations non
gouvernementales, qu’il était alors convenu d’associer aux discussions
sur quelques questions internationales ».2
Aujourd’hui, il est communément admis, que tout ce qui n’est pas géré
au niveau gouvernemental est par définition non gouvernemental : il en
serait ainsi, par exemple, des entreprises ou des syndicats, or le but visé
n’est pas le même. L’aspect le plus important qu’il ne faut pas perdre de
vue dans la définition de l’ONG, est qu’elle est avant tout une organisation
à but non lucratif.
Ainsi, la perception la plus répandue des ONG reste celle de
« structures non lucratives, issues d’une mobilisation militante et citoyenne
à caractère privé, agissant pour des causes sociales »2.
2- Historique de la création des ONG ivoiriennes
La création des ONG en Côte d’Ivoire est assez récente. Elles sont soit
suscitées par leurs homonymes du Nord qui veulent se donner des relais
locaux, soit elles sont volontairement créées pour diverses motivations.
La plupart des ONG ivoiriennes a été créée à partir de 1990, en profitant
du contexte de libéralisation politique. Cependant quelques ONG avaient
été créées dans les années 1980. En retraçant l’historique de la création
des ONG ivoiriennes, on constate donc qu’elles ont vu globalement le
jour à la suite d’événements cruciaux sur le plan politique ou économique.
Ainsi, les principaux événements ayant influencé la création des ONG en
Côte d’Ivoire sont:
• La dévaluation du franc CFA dans les années 80 : Les aides
dégagées par certains bailleurs de fonds (France, Union
Européenne) pour contrer les effets sociaux de la dévaluation
auraient contribué à l’apparition d’ONG.
• L’avènement du multipartisme dans les années 90 : Le printemps
des partis politiques c’est accompagné également d’une floraison
d’ONG.
• Le coup d’Etat du 24 décembre 2000 : A partir de cette date de
nombreuses ONG « politisées » vont voir le jour. A cette époque
cela signifiait l’existence d’un soutien politique.
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www.organisationsud.org
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•
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Les Journées de Réconciliation Nationale en 20013.
A l’instar de nombreux autres pays, des ONG se sont créées pour
participer à cette concertation nationale, mais ont rarement développé
des activités par la suite.
• Les grandes réunions internationales (Sommet de la terre à
Rio, Beijing, le sommet mondial sur l’éducation pour tous de
Dakar) ont contribué à la création d’ONG dans les secteurs
correspondants.
Les initiateurs d’ONG sont généralement des cadres (enseignants, élus
publics, personnes privées, fonctionnaires, membres d’ONG ou de projets
internationaux), et dans une faible proportion des étudiants. Cependant,
on enregistre une participation de plus en plus forte des jeunes (lycéens,
étudiants) au mouvement ONG. L’implication de ces jeunes dans les ONG
ivoiriennes répond à une volonté de se consacrer bénévolement ou non
à une activité secondaire.
A quelques exceptions près, ces ONG n’ont pas de base associative
réelle (pas ou peu de membres sympathisants ou cotisants, pas
d’assemblée générale). Ce sont souvent de petits noyaux d’individus
fonctionnant en vase clos.
Le milieu des ONG est assez politisé en Côte d’Ivoire. La création
d’ONG dans le but de participer à la réconciliation et à la cohésion sociale
aujourd’hui, attire dans ce secteur des individus intéressés par les activités
politiques. On a pu constater aussi des tentatives de récupération politique
des ONG.
Les ONG ne sont pas seulement urbaines en Côte d’Ivoire. Bien que
la plupart d’entre elles soient basées en ville, elles mènent également des
activités dans les villages environnants.
Au sein des collectifs d’ONG, des champs d’action sont définis afin
d’éviter que les unes empiètent sur le territoire des autres ; car toutes
doivent s’occuper de leurs localités propres et des régions environnantes
afin de créer une meilleure couverture nationale.
3-Présentation du secteur des ONG en Côte d’Ivoire
En Afrique de l’Ouest, la réglementation sur les ONG varie d’un pays
à l’autre avec le plus souvent un décret, une ordonnance ou une loi qui
autorise la création des ONG. En Côte d’Ivoire l’enregistrement se fait
auprès du Ministère de l’Intérieur selon la loi n°60 315 du 21septembre
1960 relative aux associations. De nombreuses associations donc se
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ibidem
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confondent ainsi avec les ONG, compte tenu du vide juridique et du flou
qui existent sur le statut des ONG. Une ONG se différenciera par la suite
d’une association politique, confessionnelle ou de développement d’une
région précise par son action généralement d’envergure plus grande.
Sur le plan national, on compte plus de 600 ONG toutes activités
confondues. Leurs domaines d’activité sont très variés. S’il est difficile
de définir des catégories figées, trois grandes familles d’organisations
se dégagent néanmoins :
- Le RECI (Réseau des ONG d’environnement),
- Le CONGACI (Collectif des ONG Actives en Côte d’Ivoire),
- Le RIOF (Réseau Ivoirien des ONG Féminines).
Le CONGACI ayant disparu, un nouveau collectif a vu le jour : la CNOPEPT (Coordination Nationale des ONG Partenaires de l’Education Pour
Tous). Créée le 30 septembre 2004, la CNOP-EPT regroupe aujourd’hui
20 ONG à travers toute l’étendue du territoire (voir tableau).
Il faut toutefois relativiser ce découpage car la plupart des associations
interviennent dans plusieurs domaines à fois. Par exemple, les ONG dites
éducatives sont souvent impliquées dans les actions de développement.
On a aussi les ONG, qui octroient des crédits et pour lesquelles il n’est
pas possible de dissocier leur action en faveur d’un commerce de leur
travail d’éducation au développement.
De la même manière, l’émergence de la notion de développement
durable (apparue lors de la conférence de Rio en 1992 puis largement
répandue à l’occasion de la conférence de Johannesburg en 2002)
a conduit les ONG à s’intéresser aux approches de protection des
ressources naturelles et de l’environnement.
Il n’existe pas de statistiques précises et fiables sur la répartition
thématique des activités des ONG. Cependant quatre grands domaines
d’actions émergent : la santé, l’éducation (incluant la formation), le
développement rural et le développement économique.
Les ONG internationales étaient peu présentes en Côte d’Ivoire, jusqu’à
la crise socio-politique qui secoue le pays depuis 2002. Cela s’explique par
le fait que la Côte d’Ivoire se classe d’une part, parmi les pays à revenus
intermédiaires et d’autre part, à ce qu’elle n’a jamais connu de grosses
catastrophes humanitaires. Parmi les ONG internationales présentes, nous
avons le WWF, Médecins Sans Frontières, Save The Children UK et US.
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4 – Relations des ONG avec les autorités publiques
Des problèmes existent dans les relations entre les pouvoirs publics
et les ONG en général. Ils se présentent de façon différente d’un pays à
l’autre et sont différemment exposés d’une structure à l’autre. Les ONG
ivoiriennes ne sont pas à l’abri de ces difficultés.
Les ONG ivoiriennes reprochent à leur Administration, la lenteur
administrative dans les réponses à leurs requêtes, la non-contribution
de l’Etat à leurs budgets, la méfiance de certains responsables à leur
égard.
De son côté, les reproches formulées par l’Administration à l’encontre
des O.N.G sont en général, l’absence de programme d’activités des
O.N.G., le développement anarchique d’activités, leurs manœuvres
frauduleuses pour avoir des exonérations, ainsi que la non-information
des autorités sur leurs activités, projets et manifestations.
II – DIFFERENTES APPROCHES ET TYPES D’ACTION DES
ONG EDUCATIVES
Les ONG s’attaquent souvent à des questions que les gouvernements
sont incapables d’aborder ou bien peu enclins à le faire. Par exemple,
dans le domaine de l’éducation, elles proposent des approches efficaces
et novatrices. Elles jouent ainsi, un rôle décisif dans des sphères où les
responsables du gouvernement sont bloqués par des considérations
bureaucratiques ou politiques.
1- Principales actions menées par les ONG éducatives
L’image véhiculée par les médias des « ONG » donne souvent
l’impression d’un secteur monolithique alors que la réalité est bien
évidemment tout autre. La dénomination d’une ONG ne rend pas compte
de la grande diversité d’approches et des actions des organisations
de solidarité. Nous verrons dans cette rubrique quelques programmes
d’action initiés par l’ONG-ESPT notamment :
- l’appui à la scolarisation,
- l’aide à l’amélioration de l’environnement scolaire,
- l’alphabétisation,
- la formation et insertion socio-professionnelle.
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1.1. Le programme d’appui à la scolarisation
Contrairement aux groupes-cibles que sont les élèves et les étudiants
dans le cadre institutionnel de formation, ce programme s’adresse
prioritairement aux :
- enfants non scolarisés des couches défavorisées,
- enfants en situation difficile,
- enfants en rupture de ban,
- filles.
Des actions sont donc menées en faveur de :
- l’accès à l’éducation d’enfants démunis et défavorisés (aide à la
scolarité),
- l’amélioration des conditions de scolarisation,
- la responsabilisation des communautés et des parents dans
l’éducation de l’enfant,
- campagnes de sensibilisation et de stratégies alternatives pour la
scolarisation des filles.
Une attention particulière est accordée au renforcement du droit à
l’Education des filles et le soutien aux enfants démunis tant au niveau
formel, qu’informel par :
- des parrainages,
- des prises en charge,
- des bourses d’étude en particulier pour les filles de famille pauvre
qui obtiennent de bons résultats aux examens de fin d’études primaires
mais qui ne peuvent s’inscrire dans les écoles du fait que leurs parents
n’ont pas financièrement les moyens.
Ce programme s’accompagne d’une aide à l’amélioration de
l’environnement scolaire qui est généralement le terrain de prédilection de
l’Etat ivoirien à travers l’aide que leur accordent les partenaires extérieurs
au développement.
1.2. Le programme d’aide à l’amélioration de l’environnement
scolaire
L’amélioration de la scolarisation passe nécessairement par une action
menée directement sur les infrastructures scolaires. En effet, le taux brut
national de scolarisation a du mal à croître en raison de l’insuffisance et
de la mauvaise répartition des infrastructures scolaires. L’ONG – ESPT
a fait également de l’environnement scolaire son domaine d’intervention.
Ainsi, ses objectifs prioritaires sont :
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L’amélioration des conditions matérielles au sein de l’école
notamment :
l’équipement en mobilier, manuels scolaires, matériels didactiques,
fournitures diverses,
la construction de classes ou écoles communautaires de base,
la rénovation et la réhabilitation de bâtiments scolaires,
La création et l’animation de bibliothèques communautaires.
1.3. Le programme de formation et d’insertion socio-professionnelle
Dans ce type de programme, la priorité est donnée aux jeunes qui
n’ont pas de compétences et de connaissances nécessaires pour trouver
un emploi rémunéré et participer pleinement à la vie de la société. Ce
sont :
- des adolescents non scolarisés,
- des élèves (fin de cycle primaire) et collégiens en rupture avec
l’institution scolaire, particulièrement les jeunes filles,
- des jeunes défavorisés en situation difficile.
Pour ces jeunes qui ont abandonné l’école ou achevé leur scolarité
sans avoir acquis les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul et les
compétences indispensables dans la vie courante, toute une gamme de
programmes leur est proposée afin de leur permettre de compléter leur
apprentissage.
Par une double démarche qui fait une part égale à l’éducation et
à la formation en vue de leur insertion sociale, professionnel et leur
accompagnement, des possibilités leur sont offertes pour les aider à
maîtriser leur destin et acquérir des compétences utiles dans la vie active.
Il s’agit d’un accompagnement des jeunes en difficulté d’insertion vers
l’emploi et de leur parrainage.
1.3.1. L’accompagnement des jeunes en difficulté vers l’emploi
Les bénéficiaires sont des jeunes de 16 à 25 ans qui connaissent des
difficultés et rencontrent des obstacles spécifiques pour accéder à l’emploi
ou pour s’y maintenir : faible niveau de formation, milieu social défavorisé,
risque de discrimination lié à l’origine sociale ou à l’habitat.
L’ONG-ESPT espère en collaboration avec les chambres locales des
métiers, les centres sociaux, les parents, les responsables communautaires,
les partenaires de l’éducation-formation et les collectivités locales procéder
à l’identification, au recensement, à l’organisation, à la formation, à
l’insertion socioprofessionnelle et à l’accompagnement de ces jeunes.
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Au delà des apprentissages professionnels et formatifs, ils seront ainsi
souvent amenés à reconsidérer de nombreuses dimensions de leur vie :
santé, alimentation, vie sociale, rythme de vie.
Dans cette perspective, les jeunes sont repartis en unités
d’apprentissage (couture, cordonnerie, coiffure, menuiserie, mécanique,
agro-pastorale…) en fonction de leurs desiderata et de leurs capacités.
On espère ainsi leur redonner confiance afin de susciter en eux un esprit
de créativité.
Au terme de leur formation, ceux-ci seront organisés en unités de
production en vue de leur insertion professionnelle et leur autonomie
financière.
1.3.2. Le parrainage des jeunes pour l’emploi
Le parrainage consiste à faciliter l’accès ou le maintien dans l’emploi
de jeunes rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle en les
faisant accompagner par des personnes bénévoles ayant la confiance
des employeurs.
Cette démarche de l’ONG-ESPT vise à créer des réseaux de parrainage
regroupant des missions locales, des associations, des regroupements
d’employeurs et les collectivités locales.
Tout ce programme ne peut se faire sans un minimum d’instruction
scolaire d’où la nécessité d’alphabétisation qui figure dans les programmes
de la quasi-totalité des ONG éducatives.
1.4. Le programme d’alphabétisation
Il a pour cible principalement les groupes suivants :
• les jeunes adolescents non scolarisés,
• les groupes marginalisés comme les enfants travailleurs et les
adolescents illettrés,
• les jeunes filles mères intégrant des stratégies de développement
d’activités génératrices de revenus,
• les adultes analphabètes des zones rurales et urbaines,
particulièrement les jeunes femmes qui n’ont pas pu acquérir les
moyens d’assurer leur épanouissement et d’améliorer la qualité
de leur vie.
L’ampleur du défi de l’éducation pour tous est telle que la scolarisation
primaire universelle ne suffira pas. L’alphabétisation et l’éducation
informelles devront être sollicitées pour atteindre les enfants et les jeunes
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qui restent inaccessibles via le système formel. Malheureusement, très
souvent perçue comme une formation au rabais, l’alphabétisation est
sous estimée par les parents et les communautés. Il est donc urgent que
soient menées des actions pour placer l’alphabétisation au centre de tous
les débats relatifs aux projets de développement et permettre l’accès des
communautés à un apprentissage de qualité.
La stratégie d’intervention des ONG éducatives se base sur l’organisation
d’ateliers dans les quartiers et villages pour sensibiliser, élaborer des plans
d’éducation intégrée répondant aux réalités locales, le développement
autour de l’école de centres d’alphabétisation, l’identification et la création
avec les communautés des cadres d’alphabétisation dynamiques, la
participation communautaire aux programmes d’alphabétisation et
l’appropriation par les communautés de ces programmes.
Enfin, les programmes d’alphabétisation sont souvent associés à
l’éducation à la santé et à l’environnement, aux activités génératrices
de revenus au nom de la synergie qu’il existerait entre les stratégies de
promotion de l’alphabétisation pour tous et les stratégies de lutte contre
la pauvreté.
2- Moyens matériels, financiers et techniques des ONG
éducatives
L’essentiel des ressources des ONG éducatives en Côte d’Ivoire
provient des bailleurs de fonds publics internationaux : Agences de
Coopérations de pays comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France,
le Danemark ou les Etats-Unis.
Outre les agences de coopération des pays du Nord, l’aide aux ONG
provient également de donateurs privés essentiellement des personnes
individuelles, sous forme de dons ou legs. La mobilisation des Africains
en général et des Ivoiriens en particulier en faveur des ONG reste très
faible. Les possibilités de bénéficier de financements du gouvernement
sont quasi inexistantes. Cependant, les petites facilités octroyées, telles
que les exonérations des taxes et droits de douane sur le matériel constitue
une bouffée d’air pour les ONG.
Elles n’ont aucune marge de manœuvre pour se lancer dans une
quelconque planification de leur développement. Les financements arrivant
par le biais des projets, elles vivent donc en fonction des possibilités
offertes. Hors des projets, il n’y a pas de vie;
Ces projets concernent généralement des activités bien précises,
planifiées pour les populations-cibles, l’ONG ne sera rémunérée par le
bailleur que pour le travail effectué dans le cadre de ces activités. Pour le
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reste, elle est appelée à s’assumer avec des moyens propres qu’elle n’a
pas. Cette situation accentue les comportements malhonnêtes comme les
rapports d’activités mensongers, les détournements de fonds, et autres
malversations.
Sur le plan technique, les ONG éducatives agissent parfois avec
amateurisme. Si celles-ci font généralement appel à de simples volontés
qui n’ont souvent aucune qualification professionnelle, rares sont en outre
les dirigeants qui témoignent d’une formation technique.
Il n’est dès lors pas étonnant que certains observateurs qualifient
leurs actions de bricolages. Cette tendance s’inverse toutefois petit à
petit, puisque de nombreuses ONG éducatives souhaitent améliorer leurs
performances soit par le recrutement de personnel qualifié, soit par la
formation technique de leurs agents.
3- Synergies entre les ONG éducatives
De manière moins visible, les ONG éducatives ivoiriennes ont
développé quelques synergies entre elles d’une part, et entre elles et les
réseaux d’ONG internationaux d’autre part.
Au plan national, le manque de ressources propres entraîne souvent
une concurrence accrue entre ONG, ce qui ne facilite pas les échanges
d’expériences, de moyens et d’outils pourtant nécessaires. Cependant, les
échanges entre ONG éducatives émergent au fur et à mesure des besoins
et sont généralement développés sur la base d’une affinité essentiellement
psychologique ou sous l’impulsion de certains partenaires nationaux ou
internationaux d’où la création de la CNOP-EPT.
Au plan africain, on peut citer le réseau de l’ANCEFA (Réseau africain
pour la campagne pour l’éducation pour tous) qui, en pratique, s’attache
à faire rencontrer régulièrement différentes responsables d’ONG sousrégionales pour échanger et pour se former. On peut citer aussi un réseau
d’ONG au sein de la francophonie qui est l’OING (Réseau des Organisations
Non Gouvernementales de l’espace francophone) où la seule ONG
ivoirienne accréditée et possédant un statut consultatif dans le secteur
Education, Formation, Enseignement Supérieur est le REEDA/NESDA
(Réseau pour l’environnement et le développement durable en Afrique).
Au plan international, les ONG éducatives ivoiriennes tissent des liens
avec leurs homologues des pays du Nord. Elles créent des passerelles
entre leur plate-forme et celles des ONG des pays du Nord (InterAction aux
Etats-Unis, BOND en Grande-Bretagne, CCIC au Canada, Coordination
Sud en France, etc.) et d’autres pays du Sud (ABONG au Brésil, VANI en
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Inde, etc.) et aussi avec la Confédération Européenne des ONG, Concord
basée à Bruxelles.
III- AQUIS ET PROBLÈMES RENCONTRÉS PAR LES ONG
ÉDUCATIVES IVOIRIENNES
1- Les acquis
Aujourd’hui, les ONG en général et les ONG éducatives en particulier
sont à l’honneur en Côte d’Ivoire, en raison du travail de proximité qu’elles
effectuent et qui constitue un véritable défi pour l’administration afin de
rétablir la confiance.
Le travail des ONG éducatives est un succès ; car elles arrivent à
mobiliser les populations et à responsabiliser les parents pour l’éducation
des enfants, y compris des filles. Certaines communautés villageoises
éprouvent cependant, un besoin d’enseignants. En effet, par leurs
propres moyens, elles construisent, restaurent et entretiennent des écoles
mais elles ne disposent pas d’enseignants en nombre suffisant pour
encadrer les petits enfants. C’est ainsi qu’il est inscrit dans les projets
de l’ONG-ESPT la formation de deux éducatrices préscolaires ainsi que
l’équipement d’un espace de jeux pour les enfants du village de Vitré 1
dans la région de Grand-Bassam.
La bonne collaboration entre les Forces Nouvelles et les ONG dans
la gestion de la crise, a permis l’organisation des examens scolaires,
attestant ainsi de la volonté de complémentarité entre l’Etat et les ONG.
Malgré la méfiance de certains cadres de l’administration vis-à-vis
de la société civile et des ONG, une nouvelle dynamique s’est instaurée
dans le pays qui prend en compte le phénomène ONG très au sérieux
; car leurs interventions visent avant tout la satisfaction des populations
notamment dans les zones ex-assiégées.
Enfin, Il n’y a pas d’opposition totale ouverte entre les ONG notamment
celles internationales et le gouvernement, même si certaines parmi elles
ont eu à prendre des initiatives qui étaient jusque là de la seule prérogative
de l’Etat, par exemple : l’embauche des enseignants contractuels en zones
sous contrôle des Forces Nouvelles.
2- Les problèmes rencontrés
Tirant les leçons des expériences vécues tous les jours, les ONG
éducatives estiment que leurs efforts sont souvent piégés par certains
membres de l’administration elle-même. C’est pourquoi, il y a nécessité
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de former les cadres de l’administration pour les préparer à travailler dans
un environnement désormais pluriel.
Selon elles, le long détour que prennent les financements extérieurs
(aides attribuées par certains bailleurs de fonds via le bureau de l’UNESCO
à Abidjan) entraîne un peu trop d’opacité et comporte un fort risque de
disparition des fonds avant même qu’ils atteignent les bénéficiaires comme
il en a déjà été le cas récemment.
Sur le terrain des contraintes internes de gestion des ressources
humaines, matérielles et financières entachent les actions des ONG
éducatives. Le personnel de ces ONG n’a pas toujours toutes les
compétences techniques requises pour les prestations qu’elles veulent
fournir. Parfois mal payé, ce genre de personnel ne développe pas toutes
ses capacités. La mobilisation des ressources financières pour promouvoir
les activités et assurer la couverture des charges d’exploitation constitue
la préoccupation majeure des ONG.
Enfin, de nombreuses ONG éducatives que nous avons contactées
n’ont ni siège, ni moyens propres de communication (téléphone, fax, etc.),
ni personnel permanent. Elles utilisent soit des infrastructures publiques
ou privées prêtés gracieusement par une personne de bonne volonté ou
par un membre de l’association.
CONCLUSION
A présent l’existence des ONG en Afrique en général et en Côte d’Ivoire
en particulier suscite de l’espoir. Elle dessine l’amorce d’une sorte de
société civile populaire. En effet, il apparaît clairement que les nombreuses
associations populaires, leur fédération et les organismes qui les appuient
visent à donner la qualité d’acteurs aux «petites gens».
Les ONG éducatives, souvent préoccupées par leurs programmes
d’actions ne sont pour la plupart d’entre elles, pas à même de mesurer
ou de contrôler l’impact de leurs actions en vue de capitaliser et de
développer des changements qui faciliteraient une véritable participation
des populations qu’elles appuient.
Malgré toutes les difficultés qu’elles rencontrent, elles sont aujourd’hui
des acteurs reconnus comme incontournables dans le secteur de
l’éducation de base en Côte d’Ivoire. Au cours de leur développement, les
inquiétudes qu’elles suscitent iront cependant en s’amenuisant pour que
les espoirs placés en elles ne soient pas vains. Leur plus grande force
réside dans leur étroite relation avec leurs membres, leur flexibilité et le
haut degré d’engagement et de participation des populations dans leurs
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activités qui débouchent sur une volonté résolue, une pertinence des
solutions et une acceptation profonde des décisions mises en oeuvre.
Malgré quelques insuffisances, elles ont un avantage comparatif sur
le gouvernement dans bon nombre d’activités. Elles sont très efficaces à
démontrer qu’il est possible de s’attaquer au problème de la scolarisation
et de l’insertion professionnelle, en faisant participer les bénéficiaires du
projet à sa planification, sa mise en œuvre et sa pérennisation. Dans un
document de travail datant de 1997, l’Organisation des Nations Unies pour
le développement industriel (ONUDI) a résumé l’avantage comparatif des
ONG en ces termes : « responsabilité locale; évaluation indépendante des
questions et des problèmes ; expertise et conseil ; accès à d’importants
groupes de population; recueil et diffusion des informations; sensibilisation
des populations ».
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