Discours de Laurent Thieule, Président de Sport et Citoyenneté

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PANATHLON BRUXELLES
« L’évolution du Sport, et la diffusion de ses Valeurs éducatives, citoyennes et
sociales dans notre société »
LAURENT THIEULE
PRESIDENT DE SPORT ET CITOYENNETE
En un peu plus d’un siècle, le sport est devenu un phénomène social majeur. Un
« fait social total » comme aiment à le décrire les sociologues, en ce qu’il a une emprise
sur dans tous les domaines sociétaux que sont l’économie, la culture, la santé,
l’éducation, la citoyenneté…etc.
Les discours des responsables sportifs ou politiques, les intérêts commerciaux et
médiatiques considérables qui s’attachent aux grandes compétitions et aux grands
champions, la bienveillance de chaque citoyen soutiennent efficacement cette expansion.
Les différences nationales, culturelles et sociales elles-mêmes sont supposées
s’estomper derrière cet engouement. Le sport serait rassembleur, non discriminant,
vecteur de citoyenneté, de tolérance et de compréhension mutuelle.
I.
L’Europe et le sport : une relation jeune
Cet engouement pour le sport, les institutions européennes s’en sont aussi emparées.
C’est grâce à un belge que l’Union européenne s’est emparée de sport pour la première
fois, et ce par le prisme du droit. Jean-Marc Bosman, qui donnera son nom à un arrêt de
la CJCE désormais célèbre, en 1995, ouvrait la porte à une libéralisation du football, et
par extension des autres sports professionnels.
Ce fut véritablement la première étape dans la reconnaissance du sport comme une
activité majeure. Surtout, par cet arrêt, la CJCE rappelait l’un des plus grands
achèvements de la construction européenne : la libre circulation des personnes sur le
territoire de l’Union européenne.
SPORT ET CITOYENNETE
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L’année européenne de l’éducation par le sport en 2004 dessinait les premiers
contours d’une prise en compte du sport par l’Union européenne.
Depuis, l’idée que le sport peut être un outil au service des politiques publiques
européennes a fait son chemin. Le livre blanc sur le Sport de 2007 et l’entrée en vigueur
du traité de Lisbonne le 1er décembre 2009 on fait successivement entrer le sport dans
le champ de l’Union. La compétence d’appui dévolue à l’Union dans le domaine du sport,
et l’allocation prochaine d’un budget spécifique au sport dans le programme « Erasmus
pour tous » sont autant de signes de l’impact de cette activité. Autrefois simple activité
économique, le sport est devenu outil d’éducation, d’inclusion, de santé publique, de
lutte contre les discriminations, etc, etc.
Désormais, les initiatives européennes se multiplient dans le domaine du sport. Les
programmes de financement accordent une place aux porteurs de projets sportifs. Mieux
encore, on parle aujourd’hui de « dimension européenne du sport ». Il présenterait en
effet des caractéristiques communes à tous les pays européens, au premier rang
desquelles se place la solidarité entre le sport professionnel et le sport amateur.
L’histoire d’amour entre l’Union européenne et le sport est juste entamée que nous
voyons pointer aujourd’hui beaucoup de signes encourageants pour son développement
futur. A commencer par le programme Erasmus pour tous, qui devrait réserver une
enveloppe spéciale au sport, reconnaissant ainsi sa valeur éducative et de transmission
de valeurs.
Ce sont tous ces enjeux majeurs qui sont les objectifs de Sport et Citoyenneté, dont je
suis le Président bénévole. Premier et unique think tank dédié à l’étude des politiques
publiques européennes du sport et à l’impact sociétal de celui-ci, Sport et Citoyenneté
s’est attaché depuis sa création en 2007 à militer pour une meilleure implantation des
valeurs du sport dans la société européenne.
 Sport et Citoyenneté a une conviction : le sport est un puissant outil pour
favoriser le lien entre les citoyens. De par les valeurs qu’il porte et les
problématiques qu’il épouse, c’est un puissant vecteur de cohésion à même
de favoriser le sentiment européen.
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II.
Le sport business, partie émergée de l’iceberg
Pourtant lorsque l’on parle de sport, on comprend souvent « sport de haut niveau »,
« sport business » ou « sport spectacle ». Les acceptions sont légions pour décrire cette
dimension économique incroyable que le sport a prise au fil des décennies.
Les masses financières brassées par nos clubs européens ont explosées depuis 1995
et l’arrêt Bosman, véritable moment déclencheur d’une nouvelle ère pour le sport
professionnel. Mais la crise économique est venue réveiller les clubs et les investisseurs
et les rappeler à la dure réalité du marché. Le sport professionnel, par excès de zèle et en
calquant son modèle économique sur celui des grandes entreprises capitalistes, s’est
engouffré dans la crise économique.
Pire, les sportifs de haut niveau, hier montrés en exemple, deviennent les boucsémissaires d’un système qui semble pourtant parfois les dépasser. Révélations sur le
dopage organisé par Lance Armstrong, décisions arbitrales sous influence dans la boxe
amateur, affaire des paris des joueurs de l’équipe de handball de Montpellier, primes
Euro 2012 des joueurs de l’équipe de France.
Les faits divers sont nombreux ces derniers mois et ne sont pas des cas isolés. Le
dopage, le trucage des matches et la corruption en générale sont autant de fléaux qui
menacent l’intégrité du sport, et par là même les valeurs de respect, de tolérance et de
partage qu’il entend transmettre.
Transition : fort heureusement, le sport ne se résume pas à sa composante professionnelle
et « business ». Cristiano Ronaldo, Lance Armstrong et autres sportifs d’envergure
internationale ne sont pas les seuls porteurs de ces valeurs. Le sport se joue également dans
les gymnases, sur les terrains municipaux le dimanche après-midi, à l’école, etc. Au
quotidien, des millions de bénévoles, de sportifs, de coaches, finalement des millions de
citoyens, pratiquent, animent, enseignent, transmettent, partagent grâce au sport.
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III.
Le sport comme outil vecteur d’identité européenne ?
Lorsque l’on parle de sport et de sentiment d’appartenance, on pense
immédiatement au club que l’on supporte, au pays dont on est ressortissant et à la
manière dont on le supporte. Faisons tomber les clichés si vous le voulez bien, selon
lesquels le sport ne serait qu’une vitrine d’un nationalisme exacerbé. Une guerre de
clochers. Un cocorico perpétuel pour appliquer cette idée à la France.
La dimension européenne prise par le sport, et permise par l’Union européenne, est
venue casser ce sentiment d’appartenance local, à mon sens. S’il existe encore un certain
nationalisme ou chauvinisme, il est aujourd’hui devenu largement festif. De manière
générale, les fans de football par exemple s’extasient tous devant les exploits de
Cristiano Ronaldo ou les trophées remportés par le FC Barcelone. La mobilité des
joueurs permise par l’UE a également permis une mobilité des consciences. Avec la forte
médiatisation qui caractérise aujourd’hui le sport, cela a également permis une
découverte de l’Europe à travers le sport. Une ouverture d’esprit. Un intérêt pour l’autre.
IV.
Valeurs du sport = valeurs de l’Europe
Le sport est présenté comme un miroir de nos sociétés contemporaines. La crise de
valeurs que l’on associe au sport de haut niveau est à l’image de la situation en Europe.
L’Europe traverse actuellement une crise de croissance, à la fois économique et morale.
Cette crise est source de tension, de repli sur soi et remet en cause le projet européen
dans son ensemble.
Je l’ai mentionné, l'UE dispose aujourd’hui d'une compétence d'appui dans le domaine
du sport, et demain d’un budget et d’un programme propre. Il est nécessaire
d'accompagner la mise en œuvre opérationnelle de ces actions et de parler d’Europe
dans un sens positif, en s’appuyant sur l’image et les valeurs du sport.
Pas seulement celles des stars des terrains, mais aussi des milliers de bénévoles et de
sportifs partout en Europe.
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 Sport et Citoyenneté a une conviction : le sport est un puissant outil pour favoriser
le lien entre les citoyens. De par les valeurs qu’il porte et les problématiques qu’il
épouse, c’est un puissant vecteur de cohésion à même de favoriser le sentiment
européen.
 Le sport est un objet commun à toutes les cultures en Europe que l'on a tendance
à banaliser. Il mérite une attention particulière compte tenu du potentiel qu'il
représente en tant qu'outil de développement humain (cohésion sociale,
développement personnel).
 Le sport est l'une des activités qui touche le plus les citoyens : 40 % des
ressortissants de l’UE déclarent faire du sport une fois par semaine ; 700 000
associations sportives et 35 millions de bénévoles participent à son bon
fonctionnement quotidien.
Le sport a un rôle sociétal certain : c’est le secteur qui compte le plus de bénévoles en
Europe (source d’expression de citoyenneté active), son potentiel éducatif est réel
(Année européenne de l’éducation par le sport 2004), son pouvoir médiatique est sans
égal et son pouvoir pour impulser le changement sous-exploité.
C’est un secteur d’épanouissement, de bien-être physique et psychologique individuel et
collectif, en particulier dans nos sociétés modernes en crise, où l'être humain est
malmené.
Le sport épouse les mêmes valeurs (solidarité, respect des autres, cohésion) que l’Union
et constitue une entrée particulièrement intéressante pour aborder des thématiques où
l’UE est susceptible d’apporter une valeur ajoutée :
-
L'éducation : dans le sillage de l’Année européenne de l’éducation par le
sport, de nombreuses actions sont menées en Europe, favorisant l’échange
interculturel et l’apprentissage non-formel.
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-
Le volontariat : l’Année européenne du Bénévolat et du Volontariat a
permis de réaffirmer l’importance du sport dans l’engagement volontaire
et l’apprentissage d’une citoyenneté active. Plus de 35 millions de
bénévoles participent au développement du sport chaque jour.
-
L’égalité des chances : la mixité dans le sport est l’un des domaines où l’UE
possède la plus grande plus-value. La promotion de l’activité physique
chez les femmes et les jeunes filles doit favoriser encore davantage leur
émancipation et leur participation à la vie démocratique de l’UE.
-
La lutte contre les discriminations : la promotion de l’activité physique des
personnes handicapées est une priorité défendue par la Charte des droits
fondamentaux de l’UE.
-
La santé : l’inactivité physique est responsable d’un million de décès
chaque année en Europe selon l’OMS, ce qui nécessite une prise en compte
globale du phénomène par les pouvoirs publics. Entre 40% et 60% de la
population de l’UE mènerait une vie sédentaire.
Sport et Citoyenneté travaille sans relâche depuis sa création sur ces sujets de
dimension européenne. Notamment à travers l’animation de réseaux thématiques, dont
les résultats sont ensuite présentés aux décideurs et contiennent des recommandations
opérationnelles sur les politiques européennes du sport.
V.
Conclusion
Mais gardons, chers amis, ceci à l’esprit : le sport n’est en soi vecteur d’aucune autre
valeur que celles dont la société l’investit. Le sport comme activité intrinsèquement
bénéfique n’existe pas en tant que tel. Les supposées valeurs du sport ne sont pas créées
ex nihilo :
-
Elles émanent du travail de millions de bénévoles dans les associations sportives
partout en Europe.
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-
Elles émanent du sens que l’on veut bien leur donner dans les écoles, les collèges
et les lycées. Oui le sport est un vecteur formidable d’éducation. Encore faut-il
l’enseigner comme tel !
-
Elles émanent de la volonté politique de nos décideurs locaux, nationaux et
européens et de l’impact qu’ils veulent bien lui donner.
Elles sont aussi de notre responsabilité. Il nous appartient ainsi, au quotidien, de :
-
Rappeler les valeurs universelles du sport (respect, solidarité, fraternité, etc.)
chères aux Pères fondateurs de l’UE.
-
Défendre le modèle sportif européen et la dimension européenne du sport.
-
Renforcer l'émergence d’une identité européenne à travers le sport.
-
Proposer une harmonisation de la législation des Etats membres autour
d’objectifs commun et selon la clause de la nation la plus favorisée.
-
Rappeler le rôle du sport dans l’accès aux grandes libertés garanties par les
Traités (cf. arrêt Bosman).
-
Permettre l’égalité dans l’accès à la pratique du sport quel que soit ses origines
géographiques, ethniques, sociales, ses pratiques sexuelles, son handicap, etc.
-
Utiliser le sport comme vecteur de citoyenneté active.
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Discours de Laurent Thieule, Président de Sport et Citoyenneté

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