Stratégies de capacity building en stewardship au Maroc
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Stratégies de capacity building en stewardship au Maroc
Stratégies de capacity building en stewardship au Maroc Rapport final de recherche préparé dans le cadre du programma « AIDS IMPULSE » financé par la Direction Générale de Coopération au Développement (DGCD) du Royaume de Belgique Sous la coordination du département de Santé Publique de l’institut de Médecine Tropicale par Belghiti Alaoui A.1, Sahel A.2 et Zayyoun A.3 1 Chef de l’Unité de Mise en Œuvre de la Réforme à la Direction des Hôpitaux et des Soins Ambulatoires (DHSA), Rabat, Maroc 2 Chef de service des Soins Ambulatoires à la Direction des Hôpitaux et des Soins Ambulatoires (DHSA), Rabat, Maroc 3 Enseignant chercheur à l’INAS, Rabat, Maroc Décembre 2002 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Sommaire Introduction 7 CHAPITRE I : DÉFINITION DE LA PROBLÉMATIQUE ET QUESTIONS DE RECHERCHE 1. Définition de la problématique et justification de l’étude 8 1.1. Difficulté de pilotage des systèmes de santé 9 9 1.2. Relativité de l’impact des investissements dans les infrastructures physiques 2. Cadre global et questions de recherche 10 2.1. Cadre global de l’étude 12 2.2. Contexte de l’étude 13 2.3. Objectifs de l’étude 14 CHAPITRE II : MATÉRIEL ET MÉTHODES 15 1. Cadre de référence 16 2. Objet de l’étude : les stratégies de capacity building en stewardship 19 2.1. Stratégie de développement des projets sectoriels 20 2.2. Stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion des services de santé 2.3. Stratégie de développement de la recherche et des grandes enquêtes 2.4. Stratégie des fora et colloques nationaux sur la santé 21 2.5. Stratégie de cooptation et parrainage 22 3. Organisation de l’étude 23 3.1. Calendrier de réalisation de l’étude 23 3.2. Opérationnalisation du volet 1 de l’étude : dimension stewardship 24 3.3. Opérationnalisation du volet 2 de l’étude : dimension steward 27 3.4. Triangulation 29 4. Contraintes et limites de l’étude 32 4.1.Contraintes liées à la conception de l’étude 32 4.2. Contraintes liées à la réalisation de l’étude 32 4.3. Contraintes liées à la discussion des résultats 33 CHAPITRE III : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS 34 1. Stratégie de développement de projets sectoriels 35 1.1. Genèse de la stratégie 36 1.2. Objectifs et composantes des projets sectoriels 37 1.3. Mise en œuvre 37 12 21 22 2 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1.4. Contribution des projets sectoriels à la couverture des domaines de stewardship 2. Stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion (INAS) 41 2.1. Genèse de la stratégie 50 2.2. Missions de l’INAS 52 2.3. Mise en œuvre 52 2.4. Contribution à la couverture des domaines de stewardship 56 7.3 Recherche et enquête 61 3.1. Genèse de la stratégie 61 3.2.Missions et objectifs 62 3.3. Mise en œuvre 63 3.4.Contributions à la couverture des domaines de stewardship 65 4. Stratégie des fora et colloques nationaux 71 4.1. Genèse 71 4.2. Objectifs 71 4.3. Mise en œuvre 72 4.4. Contribution à la couverture des domaines de stewardship 72 5. Stratégie de cooptation et parrainage 75 5.1. Identification des stewards 75 5.2. Qualités reconnues des stewards identifiés 76 5.3. Cheminement et préparation des stewards 77 5.4. Réalisations des stewards 79 5.5. Couverture des domaines de stewardship 80 CHAPITRE IV : SYNTHÈSE ET CONCLUSION 82 1. Perception de la notion de stewardship 83 1.1.Le stewardship aux yeux des acteurs témoins 83 1.2.le stewardship aux yeux des stewards 83 1.3. Pilotage du système de santé marocain 85 2. Capacitation en stewardship 87 2.1. Observations d’ordre général 87 2.2. Les stratégies identifiées contribuent-elles à la capacitation du système de santé marocain en stewardship ? 2.3. Rôle des stratégies dans la capacitation des stewards 88 3. Conclusion 91 Références bibliographiques 92 50 90 3 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Liste des tableaux et figures N° Liste des tableaux Page 1 Calendrier de réalisation de l’étude 19 2 Profil des interviewés 21 3 Matrice d’analyse des SCBS 22 4 Matrice de regroupement des données relatives aux stewards 24 5 Profil des acteurs témoins interviewés 25 6 Matrice d’analyse de la capacitation du système en stewardship 26 7 Contribution de la stratégie des projets sectoriels à la couverture des domaines de stewardship 44 8 Effectifs formés à l’INAS par profil et par promotions :1989 – 2001 49 9 Contribution de la stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion à la couverture des domaines de stewardship 55 10 Contribution de la stratégie de la recherche et enquêtes nationales à la couverture des domaines de stewardship 64 11 Contribution de la stratégie des fora et colloques sur la santé à la couverture des domaines de stewardship 68 12 Perception des acteurs et de stewards de la notion de stewardship 78 13 Efficacité des stratégies dans la capacitation en stewardship 81 Liste des figures N° 1 Cadre de global de l’étude 2 Fonctions du système de santé 11 3 Organisation de l’étude 18 7 4 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Liste des annexes Annexe 1 : Grille d’entretien avec les informateurs clés Annexe 2 : Grille d’entretien avec les stewards Annexe 3 : Grille d’entretien avec les acteurs témoins Annexe 4 : Postes occupés par les lauréats de l’Inas Annexe 5 : Liste des projets de recherche réalisés par l’INAS Annexe 6 : Critères de choix des stewards Annexe 7 : Rapports spécifiques par stratégie de capacité building en Stewardship (SCBS) 7A. Stratégie de développement des projets sectoriels 7B. Stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion 7C. Stratégie de développement de la recherche et des grandes enquêtes 7D. Stratégie des fora et colloques nationaux sur la santéListe des catégories pour l’analyse des données Annexes 8 : Entretiens avec les stewards (Textes transcrits) Annexe 9 : Entretiens avec les acteurs témoins (textes transcrits) Annexe 10 : Entretiens avec informateurs clés (textes de prise de notes) 5 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Sigles et abréviations AMMMM : Approche de la mortalité et de la morbidité maternelle au Maroc, basée sur l’étude des déficits en Interventions obstétricales majeures AMO : Assurance maladie obligatoire BAJ : Projet des priorités sociales, CNS : Comptes Nationaux de la Santé ENCCD : Enquête nationale sur les causes et circonstances de décès ENSME : Enquête nationale sur la santé de la mère et de l’enfant (PAPCHILD) ENPS : Enquête Nationale Population et Santé ESSB : Etablissement des soins de santé de base IMT : Institut de Médecine tropicale MS : Ministère de la Santé NA : Non applicable PAGSS : Projet d’appui à la gestion du secteur de la santé, PDSS : Projet de développement du secteur de la santé, PECS : Plan d’extension de la couverture sanitaire PF : Planification familiale PFGSS : Projet de financement et de gestion des secteur de la santé PLMD : Programme de lutte contre les maladies diarrhéiques PRISS : Projet d’investissement dans le secteur de la santé, RAMED : Régime d’assistance médicale RSM : Rapport de santé dans le monde SCBS : Stratégie de capacity building en stewardship SEGMA : Service d’état géré de manière autonome SNIS : Système national d’information sanitaire SIG-Ho : Système d’information et de gestion hospitalier SS : Système de santé SSB : Soins de santé de base 6 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc INTRODUCTION L’OMS a entamé le troisième millénaire en mettant l’accent sur un nouveau souci, celui de la performance des systèmes de santé. Ce souci, qui prend de plus en plus la forme d’un programme mondial, est sous-tendu par les mouvements de réforme engagés dans différents pays du monde. Ces mouvements de réforme viennent confirmer la remise en question du principe d’universalité des systèmes de santé et leur forte dépendance du contexte socioéconomique, politique et culturel. Comme elle montre la nécessité pour les systèmes de santé de s’ouvrir sur leurs environnements pour pouvoir mieux répondre aux besoins et aux attentes des populations. Dans ce sens, le rapport de santé dans le monde (RSM) 2000 est venu mettre l’accent sur la nécessité pour les systèmes de santé de cibler, en plus de l’objectif de soins, des objectifs « extra-sanitaires »1 comme ceux de la réactivité, de l’équité financière et de la bonne gouvernance. La réalisation de ces objectifs, à côté de l’objectif principal d’amélioration de l’état de santé, dépendra de la capacité des systèmes de s’acquitter de quatre grandes fonctions: la prestation de services, la génération de ressources, le financement et l’administration générale. Parmi ces fonctions, l’Administration Générale ou stewardship requière un intérêt particulier, d’abord en tant que méta-fonction qui veille à l’articulation entre les autres fonctions et au pilotage global du système (Murray & Frenk, 1999), et puis parce qu’elle met en évidence le rôle de l’Etat comme « steward des stewards » responsable de l’orientation stratégique de toutes les parties prenantes du système, comme l’a souligné le directeur général de l’OMS dans son message introductif du RMS 2000. Cette fonction souffre, toutefois, d’un manque de contenu empirique et de l’absence d’un cadre d’analyse pour son appréhension. Cette faiblesse se trouve renforcée par l’absence d’exemple illustratif de la mise en œuvre des principes qui gouvernent la notion d’administration générale (Saltman & Ferroussier-Davis, 2000). Pour contourner cette difficulté, certains chercheurs ont proposé d’analyser la fonction de stewardship à travers la documentation des domaines spécifiques qui la composent [Murray & Frenck (2000) et Travis & al. (2002)]. La présente étude cherche à explorer ces domaines spécifiques de stewardship à travers l’identification et l’analyse des stratégies de capacity building qui la sous-tendent. 1 Non directement liés à l’amélioration de l’état de santé 7 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc CHAPITRE I DEFINITION DE LA PROBLEMATIQUE ET QUESTIONS DE RECHERCHE Problématique Justifications Cadre global et contexte de l’étude Objectifs de l’étude 8 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1. DEFINITION DE LA PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATIONS DE L’ETUDE L’analyse des stratégies de capacity building en stewardship (SCBS) trouve sa justification dans deux groupes de considérations : la difficulté de pilotage des systèmes de santé et le faible impact sur la santé de l’investissement dans les infrastructures physiques. 1.1. Difficulté de pilotage des systèmes de santé Après avoir été pendant longtemps centrés sur la lutte contre la mortalité et la réduction des souffrances et des iniquités, les soucis mondiaux liés à la santé se sont étendus aux dimensions économiques et politiques. Les différentes réformes initiées partout dans le monde constituent la première traduction de cette diversification des soucis liés à la santé (génération de ressources, stewardship …). Quant à sa seconde traduction, elle est représentée par l’accent particulier mis sur la performance des systèmes et des organisations de santé. Les défis des systèmes de santé se sont donc diversifiés au point de rendre le pilotage des systèmes de santé une question très complexe surtout pour les pays en développement qui n’arrivent pas encore à surmonter le problème de l’accessibilité aux soins. Parmi ces défis figurent le double fardeau de la morbidité annoncé par la transition épidémiologique, le souci de maîtrise des coûts de soins en inflation continue, le souci de l’équité, la difficulté d’impliquer le secteur privé dans le développement sanitaire, sans parler des pressions politiques qui ne vont pas souvent dans le sens d’un investissement pour la santé ou d’une priorité nationale. Ces différents défis posent un problème de « concurrence de priorités » et confrontent les différents gouvernements à un défi de conciliation entre des objectifs multiples dans le pilotage du système. Le RSM 2000 a confirmé un constat déjà relevé par les rapports du PNUD sur le développement humain et qui se rapporte à la disparité qui existe entre les niveaux de performance des pays, même pour ceux à revenus similaires. Le slogan « investir dans la santé », lancé au début des années 1990 comme principe de développement humain, se trouve donc dépassé, puisqu’il ne suffit pas de réserver plus part de PIB pour la santé pour avoir une bonne performance de système2. L’investissement pour la santé est une condition nécessaire mais non suffisante pour répondre aux différents défis auxquels sont confrontés les systèmes de santé. A ces deux grands constats dysfonctionnels, vient s’ajouter la confusion du rôle de l’Etat dans le pilotage des systèmes de santé. Ce rôle, lui même très variable d’un pays à l’autre en raison de la nature historique des systèmes 2 Ce constat peut être relativisé par un questionnement sur la fiabilité des méthodes d’évaluation des systèmes. 9 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc nationaux, est interpellé dans toutes les réformes. L’efficacité et la légitimité de l’action publique se trouvent ébranlées, et par là, la fonction de stewardship, au moment même où l’Etat est sollicité pour jouer un rôle plus actif dans la consolidation de la démocratie, le développement socioéconomique et l’assurance d’un accès équitable à des soins de qualité. Le rôle de l’Etat est donc appelé à évoluer en raison des nouveaux défis posés aux systèmes de santé d’une part et des exigences d’une bonne gouvernance d’autre part. Dans cette voie, l’Etat manque, toutefois, de cadre de référence pour positionner son rôle vis-à-vis du système de santé et des instruments pour le dynamiser. Ces différents éléments montrent l’intérêt d’analyser, de documenter et de « monitorer » la fonction de stewardship en vue de mettre en évidence ses déficiences et de développer des instruments pour son amélioration. 1.2. Relativité de l’impact infrastructures physiques : de l’investissement dans les Les différents projets d’investissement mis en œuvre dans les pays en développement (PED) étaient centrés sur l’extension et la mise à niveau des infrastructures sanitaires et des équipements. Ce souci d’amélioration de la couverture est largement justifié dans la mesure où il permet de développer l’offre de soins et d’améliorer l’accès physique aux services de santé. La politique des soins de santé primaires a encouragé la concentration de ces efforts sur les services de première ligne. Les différentes évaluations ont montré les limites de cette politique quand elle évacue l’hôpital et n’apporte pas de solution à la question de recouvrement des coûts de soins. Les PED se retrouvent donc confrontés à la fois à la question de l’extension de la couverture sanitaire et à la question de maîtrise des coûts. Au fur et à mesure du développement de l’offre de soins, se pose la question de son impact sur l’amélioration de l’état de santé. Il y a de plus en plus d’évidence que l’investissement dans les infrastructures au niveau des PED n’a pas produit de bénéfice à la mesure de l’importance des investissements physiques réalisés (S. Paul, 1995)3. Parmi les principales explications fournies à ce phénomène figure le peu d’intérêt accordé au développement des compétences pour accompagner et pérenniser l’effort de développement. La rationalisation des ressources humaines publiques promue dans le cadre des plans d’ajustement structurel (PAS) constituait une contrainte qui ne permettait pas aux PED d’investir à la fois dans l’augmentation des effectifs qui doit accompagner l’extension des infrastructures et le renforcement des compétences. Vers la fin des années 80, la Banque Mondiale a reconnu l’existence d’une « crise de gouvernance » dans les PED et propose le concept de « bonne gouvernance » pour définir les critères d’une bonne 3 Samuel Paul (1995) ; Capacity building for health sector reform. Forum on health sector reform, WHO/SHS/NHP/95.8 10 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc administration publique des pays soumis au PAS. Le lien entre gouvernance et administration générale est donc très étroit malgré la différence de leurs étymologies. Ainsi, le renforcement des compétences (capacity-building) en santé se présente à la fois comme une condition de rentabilisation et de pérennisation des projets d’investissement dans les services de santé, et un moyen d’amélioration de la performance des systèmes. 11 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2. CADRE GLOBAL ET QUESTIONS DE RECHERCHE 2.1. Cadre global de l’étude La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large initié par l’Institut Prince Léopold de Médecine Tropicale d’Anvers (IMT) sous le nom ‘Human Resources in Developing Health Systems’, en collaboration avec le Maroc et d’autres PED. La première phase de ce projet a permis de faire l’inventaire des stratégies de capacity building en stewardship (SCBS) utilisées dans ces différents pays. Ces stratégies ont été présentées et discutées dans le cadre d’une rencontre internationale sur les « Stratégies de capacity building et stewardship », organisée au Maroc (Rabat) du 2 au 6 Avril 2002. Les SCBS identifiées ont été regroupées en deux catégories selon qu’elles ciblent la capacité d’exercer la fonction de stewardship (dimension stewardship) ou la constitution et le maintien d’une masse critique de stewards (dimension steward). Sur cette base chaque pays, a élaboré, dans une deuxième phase, un protocole de recherche pour identifier et documenter les SCBS dites « porteuses » en raison de leur caractère dominant ou déterminant sur l’exercice de la fonction de stewardship. Puis, les résultats de l’ensemble des pays ont été confrontés et comparés pour identifier les évidences et les limites en rapport avec la capacitation en stewardship. Cette démarche est représentée dans la Figure n° 1. Figure n° 1 : Cadre global de l’étude Perspective : Monitorage et renforcement du stewardship des SS Elaboration d’un cadre d’analyse de la fonction de stewardship Atelier II (Décembre 2002) Confrontation des résultats et Identification des évidences liées à la capacitation en stewardship Identification des SCBS au niveau de chaque pays Atelier I (Avril 2002) Confrontation entre pays et choix des SCBS à documenter Elaboration de protocoles de recherche Documentation dans chaque pays des SCBS retenues 12 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2.2. Contexte de l’étude Le Maroc compte une population de 28 millions d’habitants, dont 46 % vivent en milieu rural. Il est organisé sur le plan administratif en 16 régions et 74 provinces et préfectures. Le PIB par habitant est de l’ordre de 3310 $ dont 4,5 % est réservé aux dépenses globales de santé (1.1. % pour les dépenses publiques de santé). Les indicateurs démographiques épidémiologiques du Maroc ont connu une grande évolution qui fait que le pays est en pleine transition aussi bien démographique qu’épidémiologique. Il est donc appelé à relever le défi du double fardeau de la morbidité (coexistence à la fois de problèmes d’affections transmissibles et périnatales et d’affections non transmissibles). Le secteur de la santé publique compte environ 2000 établissements de soins de santé de base et 112 hôpitaux publics de 26 000 lits. Il emploie 30 000 prestataires en plus de quelques 10 000 cadres et agents de soutien. Ce personnel représente une masse salariale de plus de 2 000 000 000 DH soit 58 % du budget global du ministère. Le secteur privé compte 6204 médecins dont 47 % de spécialistes et 3573 pharmaciens qui officient dans 3461 cabinets médicaux et 192 cliniques privées totalisant 3862 lits. En rapport avec la question de recherche, il existe actuellement au Maroc, une volonté politique pour consolider le processus démocratique, moraliser l’administration et moderniser la gestion des affaires publiques. Dans ce sens, le Maroc a initié un Pacte de Bonne Gestion qui est en cours de mise en œuvre par le Gouvernement d’Alternance. Ce pacte préconise des actions, qui peuvent être qualifiées de bonne gouvernance. Elles se rapportent à la transparence dans la gestion, à la lutte contre la corruption et le gaspillage, à la rationalisation des coûts, à la décentralisation, etc. Le Ministère de la Santé n’a pas échappé à cette mouvance et connaît de multiples changements : la réforme du financement du secteur de la santé, la réforme de la gestion hospitalière à la recherche d’une meilleure qualité des soins et d’une grande autonomie des hôpitaux, de comptabilité, etc. Deux grands projets ont été développés pour supporter ces réformes à savoir le PAGSS et le PFGSS4. A côté de cela, un grand chantier a été ouvert, celui de doter le département d’une charte nationale de santé. Dans ce cadre, plusieurs commissions ont été mises en place pour faire des propositions, dont une sur les ressources humaines et une autre sur la gouvernance du système de santé. 4 Le PAGSS (Projet d’Appui à la Gestion du Secteur de la Santé) est supporté par un financement de l’Union Européenne (programme Méda). Le PFGSS (Projet de Financement et de Gestion du Secteur de la Santé) est financé par un prêt de la BIRD. 13 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2.3. Objectifs de l’étude 2.3.1 : Question de recherche : La principale question, définie dans le cadre de l’atelier de Rabat, à laquelle cette étude a essayé de trouver une réponse se présente comme suit : « Quel est l’apport, en terme d’efficacité, d’efficience et de couverture de domaines, des différentes stratégies utilisées de facto ou intentionnellement par les pays pour mieux assumer la fonction de stewardship ? » Pour des raisons de faisabilité méthodologique, l’appréhension de cette question est envisagée selon deux approches : l’une ciblée sur la dimension stewardship (protocole I du contrat) et l’autre sur la dimension steward (protocole II du contrat). Cela débouche sur un énoncé de deux questions de recherche : 1. Quelle est l’efficacité, l’efficience et la couverture des stratégies qui fournissent des apports (i) aux 7 domaines de la fonction de Stewardship et (ii) (éventuellement en sous produit), à la capacitation du système pour l’exercer ? 2. Quelle est l’efficacité, l’efficience des stratégies implicites et explicites, formelles et informelles, qui ont contribué à constituer et à maintenir une masse critique de stewards compétents et performants ? 2.3.2 Objectifs de la recherche : L’objectif général de cette recherche, tel que défini dans les documents du contrat technique et du protocole de recherche, est de documenter les stratégies de capacity building en stewardship (SCBS). De façon spécifique, l’étude vise à : ♦ Identifier et documenter les SCBS dites « porteuses », qu’elles soient explicites ou implicites ; ♦ Identifier les domaines de stewardship couverts et non couverts par ces stratégies, ♦ Apprécier l’efficacité de ces SCBS et les conditions de leur succès ou de leur échec 14 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc CHAPITRE II MATERIELS ET METHODES Cadre de référence Objet de l’étude Organisation de l’étude Contraintes et limites 15 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1. CADRE DE RÉFÉRENCE Dans le RSM 2000, l’OMS identifie le stewardship (ou administration générale) comme la principale fonction de système de santé (Voir figure n° 2). Elle le définit comme « la gestion consciencieuse et avisée d’un bien confié au soins de quelqu’un »5. Le bien confié dont il est question dans ce cas est représenté par « le corps » et « l’argent » des gens. Etant donné que c’est l’Etat qui est chargé de dépenser cet « argent » versé dans le cadre de l’impôt et de l’assurance sociale, c’est à lui qu’il revient en priorité d’assurer la fonction de stewardship. Il y a donc un lien étroit entre l’exercice de cette fonction et l’Etat. Saltman & Ferroussier (2000) considèrent le stewardship comme « fonction d’un gouvernement responsable du bien-être de sa population et soucieux du bien-fondé et de la légitimité de ses activités aux yeux des citoyens »6. 5 Génération de ressources Humaines Matérielles Connaissances Services de santé non personnels (collectivités et environnement) Formulation de politique sanitaire Acquisitions (Budgétisation, Allocation ) Services de santé personnels (consommés directement) Collecte des recettes (Etat, ménages, assurances, entreprises ) Fourniture de services de santé Recueil et utilisation de l’information Financement Mise en commun des fonds (Partage du risque financier) Fixer, appliquer et surveiller les règlements Administration générale , Régie ou Stewardship Figure n° 2 : Fonctions d’un système national de santé selon l’OMS7 OMS, RSM 2000, p. 49 R. B. Saltman & Odile Ferroussier-Davis (2000); The concept of stewardship in health policy. Bulletin of the World Health Organization, 2000, 78 (6), p. 735. 7 Murray C. J.L. & Frenk J. (2000), Un cadre pour l’évaluation de la performance des systèmes de santé, Bulletin de l’organisation mondiale de la santé, 2000, Recueil d’articles n° 3, pp. 152-165. 16 6 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc La fonction de stewardship est au cœur du débat sur la performance des systèmes de santé et sur le rôle de l’Etat. En effet « une bonne administration générale est indispensable pour améliorer la performance des systèmes de santé »8 et comme c’est « le gouvernement qui, en dernier ressort, est responsable de la performance globale du système de santé »9, la capacitation en stewardship requiert tout son intérêt à la fois comme moyen pour améliorer le pilotage du système et comme motif pour repositionner l’Etat comme « steward des stewards ». D’ailleurs, dans son message introductif, le Directeur Général de l’OMS considère le stewardship, comme « l’essence même d’un bon gouvernement ». Le développement de la capacité d’exercer cette fonction reste, toutefois, confronté à une grande contrainte liée à son manque d’évidences et de contenu empirique, ce qui exige comme le souligne le RSM (2000), un vaste débat théorique et pratique pour améliorer sa définition et mesurer son efficacité dans différents contextes. Dans ce sens, l’effort s’est orienté d’abord vers l’explicitation de la fonction de stewardship. Ainsi, l’OMS a distingué, dans son rapport 2000, trois sous-fonctions dans le stewardship : • • • Formulation de la politique sanitaire (vision et orientations) Exercice d’une influence par divers modes de réglementation Collecte et utilisation de l’information Murray et Frenk (2000), ont en proposé six sous-fonctions : • • • • • • Conception de l’ensemble du système, qui a trait à la formulation des politiques et à l’organisation de toutes les autres fonctions de santé. Evaluation de la performance, pour être en mesure de définir les orientations stratégiques et instaurer une situation équitable entre institutions. Fixation de priorités, à travers l’élaboration de critères et l’édification de consensus. Plaidoyer intersectoriel, pour la promotion de la politique sanitaire dans d’autres secteurs sociaux qui concourent à la réalisation de buts de santé. Réglementation des soins de santé et des biens et services de santé. Protection des consommateurs. Dans le même sens, en s’appuyant sur le travail des différentes organisations ainsi que sur les recommandations énoncées lors de la réunion, tenue à l’OMS en septembre 2001, sur la fonction d’administration générale, Travis, Egger, Davies et Mechbal (2002) ont pu développé davantage le concept de stewardship et lui ont défini six domaines principaux dont la couverture assurerait une administration générale de qualité. Ces six domaines se présentent comme suit : 8 9 OMS, RSM 2000, p. 156. Op; cité p. 155 17 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1. Génération de renseignements sur le système de santé (generation of intelligence) Ce domaine répond au souci de savoir « dans quelle mesure les acteurs du système de santé ont des informations utiles à leur disposition ? ». Les renseignements en question portent sur trois catégories d’informations : • • • Les tendances actuelles et futures de la santé et de la performance des systèmes de santé Les acteurs et les facteurs contextuels importants Les options de politique possibles, fondées sur des évidences et les expériences nationales et internationales 2. Formulation de politiques et de stratégies de santé (Formulation of a strategic policy framework) Ce domaine répond au souci de savoir : « dans quelle mesure a-t-on une vision et une direction stratégique claires du système de santé ». L’appréciation de ce domaine peut se faire à travers six questions clés : • Existe-t-il une articulation claire entre les buts et les objectifs du système (moyen et long terme) ? • Existe-t-il une définition claire des rôles et responsabilités du secteurs privé et publique et de la société civile vis-à-vis des quatre fonctions du système de santé ? • Existe-t-il une identification claire des instruments politiques et des arrangements institutionnels requis pour la réalisation des objectifs du système de santé ? • Les autorités ont-elles développé des stratégies pour la mise en œuvre des changements requis ? • Les autorités ont-elles apporté l’aide nécessaire à l’établissement de priorités dans les dépenses de santé prioritaires ? • Les autorités ont-elles développé les arrangements pour suivre la performance et mesurer les effets des changements ? 3. Garantie des outils de mise en œuvre : pouvoirs, incitations et sanctions (Ensuring tools for implementation : powers, incensitives and sanctions) Ce domaine répond au souci de savoir « dans quelle mesure il existe un cadre régulateur facilitant la mise en œuvre d’une politique sanitaire». Ceci comprend la garantie d’une concordance entre le pouvoir et la responsabilité des stewards ainsi que la mise en place de mécanismes d’incitation/sanction pour renforcer la réalisation des objectifs du système. 18 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 4. Création et renforcement de partenariats (Building and sustaining partnerships). Ce domaine répond au souci de savoir « dans quelle mesure il est possible de créer des alliances entre des individus, groupes et organisations en faveur d’une action conjointe, autour de priorités stratégiques de santé ». En effet l’Etat n’est pas le seul steward, là où il ne commande pas, il doit influencer. 5. Garantie d’une concordance entre les buts politiques, la structure organisationnelle et la culture. (Creating a fit between policy objectives, organizational structure and culture) Ce domaine répond à deux questions : « dans quelle mesure les structures des organisations et les systèmes de gestion concordent-ils avec les buts politiques afin d’aider plus qu’ils n’entravent la mise en œuvre de cette politique ?» et « dans quelle mesure l’Etat a t–il crée des conditions pour permettre aux dirigeants d’être efficaces ?» 6. Garantie de la redevabilité (Ensuring accountability) : Ce domaine répond au souci de savoir « dans quelle mesure chacune des parties prenantes du système de santé assume ses responsabilités et rende compte de ses actions » à ce qui de droit. 7. Protection du consommateur Vu l’importance de la protection des utilisateurs du système de soins contre les externalités négatives des actions sanitaires, la protection du consommateur, qui fait partie du sixième domaine dans les modèles de Murray & Frenk (2000) et de Travis et al. (2002), a été individualisée comme domaine à part. 2. OBJET DE L’ÉTUDE : LES STRATÉGIES DE CAPACITY BUILDING EN STEWARDSHIP (SCBS) Lors de la première phase exploratoire de cette étude (atelier de Rabat), notre groupe avait identifié neuf stratégies factuelles de capacity building en stewardship. Parmi ces 9 stratégies, 5 ont été regroupées dans la première catégorie qui concerne les SCBS qui fournissent des apports à la fonction de stewardship (voir chap. 3, Cadre global de l’étude). Il s’agit des stratégies suivantes : • • • Les réformes du système d’information sanitaire L’organisation des fora et colloques nationaux sur la santé . La promotion de la recherche en santé et des grandes enquêtes 19 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc • • Le développement de projets ou programmes sectoriels La création d’institutions de formation de gestionnaires des services de santé Dans la deuxième catégorie qui concerne les SCBS qui contribuent à constituer et à maintenir une masse critique de stewards performants, 4 stratégies ont été identifiées. Il s’agit de : • La formation formelle de base • La formation continue • La formation à l’étranger • La stratégie de cooptation (parrainage, accompagnement) Parmi ces neuf stratégies, seules cinq ont été retenues pour être documentées dans cette seconde phase. Ce choix a été basé essentiellement sur l’importance de ces stratégies dans l’évolution globale du système de santé marocain et sur l’avis de certaines personnes ressources, quant à leur apport présumé sur la fonction de stewardship. Ci-joint nous présentons ces cinq stratégies et les principaux motifs soutenant leur choix. 2.1. Stratégie de développement de projets sectoriels Le développement de projets sectoriels a marqué l’évolution du système de santé marocain et sa capacité de répondre aux besoins des populations. En effet, la dynamique de préparation et de mise en œuvre de ces projets prend beaucoup de temps (5 à 10 ans) et implique l’intervention de plusieurs acteurs à différents niveaux de décision. Les projets sectoriels constituent un des moyens importants de mise en œuvre des politiques sanitaires formulées dans les plans de développement économique et social. Ils injectent dans le système de nouvelles ressources, initient des stratégies et développent de nouveaux modes d’organisation des services, de nouveaux outils de gestion. De part l’importance de leur investissement, les projets sectoriels offrent également un objet de débats politiques et de mobilisation professionnelle et sociale autour des questions de santé. Cette stratégie a été retenue, également, parce qu’elle a permis de grandes avancées en matière d’offre de soins et de renforcement des compétences des professionnels de la santé. Les projets sectoriels qui ont marqué l’évolution du système de santé marocain dans ce sens sont représentés par : le PDSS (projet de développement du secteur de la santé), le PRISS (projet d’investissement dans le secteur de la santé), le BAJ (projet des priorités sociales), le PFGSS (projet de financement et de gestion des services du secteur de la santé) et le PAGSS (projet d’appui à la gestion du secteur de la santé). En raison de leur caractère d’appui à la mise en ouvre de plans sectoriels de développement et à des réformes de santé, nous avons retenu quatre projets à documenter dans le cadre de cette étude : le PDSS, le PRISS, le PFGSS et le PAGSS. Cependant, lors du recueil des données, les autres projets ont été abordés 20 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc par les répondants, pour des fins de comparaison ou autres, et ont été intégrés dans le présent rapport. 2.2. Stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion des services de santé L’Institut National d’Administration Sanitaire (INAS) est appréhendé dans le cadre de cette étude comme un instrument de politique sanitaire et comme moyen de préparation de masse critique d’acteurs potentiellement actifs dans le pilotage du système santé. La création d’un institut spécialisé dans la formation en gestion des services de santé (INAS) traduit également la reconnaissance d’un nouveau domaine de compétence nécessaire au développement du système de santé marocain, ce qui constitue, en soit, une grande étape dans l’évolution des mentalités des décideurs politiques. La responsabilité de gestion des services de santé était souvent confiée à des professionnels pour lesquels le système n’a prévu aucune démarche formelle de formation. L’apprentissage du métier se faisait sur le tas et dans le cadre de stages à l’étranger ou dans des séminaires de formation continue. La création de l’INAS en 1989 traduit un choix politique d’institutionnalisation de la formation en gestion pour relever les défis liés à la gestion des services de santé et accompagner les changements du système de santé. L’INAS s’est vu confié, en plus de cette mission de base, une mission de formation continue et de recherche sur les systèmes de santé pour permettre l’alimentation de la formation en expériences de terrain et appuyer le système sur le plan technique. Cette stratégie a été retenue, également, parce qu’elle a contribué à la création d’une masse critique de gestionnaires des services de santé qui occupent des postes de responsabilité à différents niveaux du système et qui, de part leur effectif et leur savoir faire, ont influencé la dynamique globale de fonctionnement du système de santé. L’institutionnalisation de la formation en gestion a favorisé, en outre, l’introduction d’une culture de management et le développement de réseaux. 2.3. Stratégie de développement de la recherche et des grandes enquêtes En raison de leur fort potentiel de génération d’informations déterminantes dans l’orientation de la politique sanitaire, les grandes enquêtes et les recherches sur les systèmes de santé forment également une SCBS. Ces enquêtes et recherches viennent répondre aux besoins du pays en informations pour apprécier l’état de santé de sa population, orienter sa politique et évaluer ses interventions. Au Maroc, certaines enquêtes et recherches ont joué un rôle dominant dans ce sens. C’est le cas des enquêtes ENPS (Enquête Nationale Population et Santé) dont les résultats continuent à alimenter les débats sur la politique sanitaire au Maroc. Les enquêtes de financement, les études de faisabilité et d’orientation de certaines stratégies de santé (étude de faisabilité de la 21 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc réforme hospitalière de 1997). D’autres enquêtes plus spécifiques ont permis d’orienter les stratégies de certains programmes de santé. C’est le cas notamment de l’ENCCD (enquête nationale sur les causes et circonstances de décès) et de l’étude sur la mortalité maternelle basée sur la mesure des Déficits en Interventions obstétricales majeures. Le choix de cette stratégie se justifie par l’apport potentiel de ces enquêtes en termes de génération de connaissances sur le système de santé et par leur contribution à l’orientation des politiques sanitaires au Maroc. 2.4. Stratégie des fora et colloques nationaux sur la santé La mise en place du système national de santé a coïncidé avec l’organisation en 1959 de la première Conférence Nationale sur la Santé qui était la source d’inspiration de la politique poursuivie jusqu’au début des années 1980. Depuis, l’évolution de la politique sanitaire a été ponctuée par des manifestations nationales soit pour exposer et débattre un souci majeur lié à la santé, c’est le cas du colloque de Casablanca et de Mohammedia ; soit pour présenter des options et des choix de politique sanitaire (marketing) : c’est le cas du colloque de Ouarzazate (1992). Tout récemment (2002), on a fait la promotion d’un débat national sur une éventuelle charte national de la santé, ce qui traduit une autre forme de débat social sur la santé. Quelque soit leur motif, ces manifestations semblent être des moments forts de consensus national sur les grandes questions de la santé au Maroc. Elles constituent un instrument de politique sanitaire qui a, ou qui peut avoir, une influence sur la dynamique et le pilotage global du système de santé. C’est la raison pour laquelle nous les avons retenu comme SCBS. 2.5. Stratégie de cooptation et parrainage Cette stratégie est retenue sur la base d’une observation empirique selon laquelle des décideurs du système de santé perçus comme actuellement comme « stewards » ont été cooptés et parrainés à un moment de leur carrière. En l’absence de critères objectifs de choix des hauts cadres, ou d’une école de formation de l’élite politique type Ecole Nationale d’Administration et l’Ecole polytechnique en France, l’accès aux postes importants reste l’apanage de la cooptation de compétences. Les questions qui ont été explorées sont les suivantes : est-ce que le parrainage existe ? est-ce qu’il est conscient ? Qu’est ce qui fait que les cadres cooptés deviennent ou non des « stewards » ? La réponse à ces questions peut aider à expliciter ou formaliser cette stratégie en vue de renforcer le stewardship dans le système de santé. 22 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 3. ORGANISATION DE L’ÉTUDE Comme on peut le constater, nous sommes en présence de deux catégories de SCBS : celles qui visent la capacité du système de santé à exercer la fonction de stewardship (capacitation systémique) et qui sont représentées par les quatre premières SCBS et celles qui ciblent la capacité des décideurs à jouer le rôle de stewards (capacitation individuelle) et qui sont représentées par la SCBS 5 (6.2.5). Pour documenter ces deux catégories de SCBS, nous avons préconisé deux approches complémentaires : La première a ciblé la capacitation systémique comme objet de recherche et constituera le volet 1 de cette étude (dimension stewardship du protocole). La seconde qui est centrée sur la capacitation des décideurs à jouer un rôle de steward qui correspondra au volet 2 de l’étude (dimension stewards du protocole) (voir figure n° 3). Figure n° 3 : Organisation de l’étude Volet 1 Documentation et appréciation des SCBS 1-4 : capacité du système à exercer la fonction de stewardship Capacitation en stewardship Identification des SCBS Volet 2 Documentation et appréciation de la SCBS 5 : capacité des décideurs à jouer le rôle de stewards 3.1. Calendrier de réalisation de l’étude L’atelier de Rabat (Avril 2002) correspond à la phase de lancement de l’étude. Durant cette phase les différents concepts et objectifs de l’étude ont été mis en commun entre les sept pays impliqués dans la recherche. Au cours de cet atelier, chaque pays a fait l’inventaire des stratégies, formelles ou factuelles, de capacitation en stewardship. Après cette phase, l’étude s’est réalisée selon cinq phases : 23 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Une phase d’identification stewardship qui comprend : des stratégies de capacitation en o l’identification des stratégies de capacitation en stewardship (choix raisonné) ; o et l’identification des stewards (sondage). Une phase de préparation des enquêteurs et du matériel de collecte des données; Une phase de collecte des données qui comprend : o o o o La La La La documentation des stratégies (SCBS1-4), réalisation des entretiens avec les stewards, réalisation des entretiens avec les informateurs clés, réalisation des entretiens avec les acteurs témoins. Une phase d’analyse des données dont une partie s’est déroulée à l’IMT d’Anvers et une partie au Maroc (volet 1, Volet 2 et triangulation); Une phase de rédaction. Tableau N° 1 : Calendrier de réalisation de l’étude PHASES ANNEE 4 5 6 7 8 2002 9 10 11 12 Lancement de l’étude Identification des SCBS (volet 1 et 2) Préparation du matériel de recueil des données Recueil des données Phase d’analyse Phase de rédaction du rapport 3.2 Opérationnalisation du volet 1 de l’étude : Dimension Stewardship Ce volet de l’étude porte sur l’appréciation de la capacité du système à exercer la fonction de stewardship. Il repose sur la documentation et l’évaluation de la contribution des 4 SCBS à la couverture des domaines de stewardship. Cette partie de l’étude combine deux méthodes d’analyse : 24 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - La recherche documentaire qui vise la description des SCBS à partir de l’exploitation et la synthèse des documents relatifs aux 4 SCBS; Les entretiens auprès « d’informateurs clés » à la recherche d’informations complémentaires vu l’anachronisme qui existe entre la réalisation des stratégies et leur documentation, vu leur caractère informel et vu la difficulté de couvrir les questions relatives aux 7 domaines de stewardship uniquement à partir des documents écrits (voir Matrice du tableau n°1). 3.2.1. Analyse documentaire : La description des stratégies repose sur l’exploitation de documents. La recherche des documents est une étape décisive dans ce processus, étant donné l’éparpillement des sources d’information et l’absence d’une stratégie d’archivage. Pour cela, nous avons mené essentiellement une démarche active particulièrement auprès des personnes et structures concernées par l’une ou l’autre stratégie. Pour chacune des stratégies, les aspects suivant ont été explorés : Origine/genèse, Missions/Objectifs, Mise en œuvre (interventions), Outputs à court, moyen et long terme, Outputs en termes de stewardship (domaines), Impact sur l’évolution du système de santé (indicateurs), Coûts, Facteurs influençants et contraintes. 3.2.2. Entretiens individuels avec des informateurs clés. Choix du public cible : Les informateurs clés sont des acteurs ayant joué un rôle stratégique dans les SCBS identifiées (conception, exécution, suivi, évaluation de la stratégie au niveau central ou local etc). Le choix de ces informateurs clés a été opéré de manière raisonnée, sur la base de notre connaissance des stratégies et des acteurs qui y étaient le plus impliqués et qui sont accessibles. Le nombre de personnes identifiées était de dix (10), mais seuls sept ont pu être interviewé dont le profil est présenté dans le tableau n° 1 présenté à la fin de cette section. 25 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 2 : Profil des informateurs clés Code Profil professionnel 1. Médecin 2. Médecin 3. Médecin 4. Ingénieur statisticien Economiste 5. 6. 7. Infirmier cadre Médecin Poste occupé Ex. Secrétaire Général du Ministère de la santé Coordonnateur de programme international Directeur central au Ministère de la santé Chef de service au Ministère de la santé Chef service au Ministère de la santé Directeur central au Ministère de la santé Coordonnateur de programme international In ou out Stratégies Ministère visées de la santé (SCBS) Out 1, 2 et 3 Out 2 et 3 In 1, 3 et 4 In 3 In 3 In 1, 2 et 4 out 1, 2 et 4 Outil de collecte : L’entretien a été effectué en suivant une grille semi-structurée autour de deux axes (annexe 1): compétences personnelles développées grâce aux stratégies et niveau de couverture des domaines par les différentes stratégies (apport de cette stratégie pour le pilotage du SS). Les entretiens ont été réalisés par les chercheurs eux-mêmes. Regroupement et analyse des données : L’analyse a été essentiellement de type qualitatif. Elle a été faite selon la démarche décrite par Ritchie & Spencer10 qui est constituée de cinq étapes qui sont : - - 10 Lecture de « familiarisation » avec le matériel; Définition des catégories ou items à utiliser pour l’analyse. Ces catégories ou items sont définis eu égard à la question de recherche et aux objectifs de l’étude. Dans notre cas (volet 1), les catégories sont représentées par les 7 domaines de stewardship (voir tableau n°3). Les catégories ont été codifiées par la suite. Codification des sources de données (textes d’entretien). Regroupement des passages ou citations qui relèvent de la même catégorie dans un tableau. Ce tableau permet, en fait, de croiser les variables étudiées et d’avoir une vision globale de l’information collectée J. Ritchie & L. Spencer : ‘qualitative data analysis for applied policy research’, in : Analysing qualitative data. Edited by A. Bryman and R-B. Burgess. Routledge. London. 2001. 26 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - sur une même dimension. Il permet, également, la triangulation ou la confrontation entre les différentes sources de données, entre et au sein de la même stratégie. Analyse et interprétation des données recueillies. Dans ce cas, il s’agit de donner un sens au matériel étudié. C’est une forme de regroupement des données, ou de leur agrégation dans de nouvelles catégories émergentes, à la recherche de modèles, de tendances, de divergences etc. Tableau n° 3 : Matrice d’analyse des Stratégies de capacity building en stewardship (SCBS) Domaines du stewardship D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé D3 Garantie d’outils de mise en œuvre D4 Renforcement de partenariats D5 Concordance entre politique et organisation D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur SCBS 1 Projets sectoriels SCBS 2 INAS SCBS 3 SCBS 4 Recherche & Fora et colloques grandes enquêtes nationaux 3.3. Opérationnalisation du volet 2 de l’étude : dimension steward Ce volet de l’étude porte sur la documentation de la capacitation individuelle en stewardship, c’est à dire le cheminement et la préparation des stewards. Les méthodes de recherche utilisées sont de deux ordres : un sondage téléphonique auprès de gestionnaires de services de santé en vue de l’identification des stewards ; des entretiens individuels avec les stewards identifiés. 3.3.1. Sondage pour l’identification des stewards En l’absence de définition d’un profil de steward ou de critères de sa sélection, nous avons réalisé un sondage téléphonique auprès de 20 responsables des services extérieurs du Ministères de la Santé (Délégués du Ministère de la santé aux provinces et préfectures) ayant plus de 10 ans d’ancienneté dans le système. Le sondage s’est déroulé en trois temps : 27 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc i) Explication de l’objectif, de l’attente et de la signification de la notion de pilote de système de santé (concept utilisé à la place du stewardship) ; ii) Recueil des réponses à deux questions : iii) Quelles sont, d’après vous, les trois personnalités (par ordre d’importance), qui ont influencé l’orientation du système de santé au Maroc et marqué son évolution ? On précise dans ce cadre que les personnalités peuvent appartenir ou non au Ministère de la Santé. Sur quelles bases (critères) vous avez fait votre choix ? Le recueil de cette variable vise la documentation de la perception des stewards par les professionnels du terrain. Classement des « stewards » identifiés selon un score qui comprend deux critères : la fréquence de citation et l’ordre de citation (3 points si cité en premier, 2 points si cité en second ou 1 points si cité en dernier). Les huit premiers « stewards perçus » ont été retenus pour faire l’objet d’un entretien. Pour des raisons de contraintes de calendrier des stewards, seuls 6 parmi eux ont été effectivement interviewés. 3.3.2. Entretiens individuels avec les stewards Cette partie de l’étude vise à documenter le cheminement des acteurs du système de santé perçues comme stewards à travers la précision des « actions », « relations », « missions » ou « moments » importants de leurs carrières, ainsi que les conditions d’exercice. Collecte de données L’entretien a été effectué sur la base d’une grille semi-structurée jointe en annexe n° 2. En introduction, il est expliqué au « steward » le cadre et l’objet de l’entretien ainsi que la manière avec laquelle il a été identifiée. La grille d’entretien est structurée autour des axes suivants : Profil du « stewards » Principales stations dans son cheminement/parcours Principales réalisations de l’interviewé ; Perception de la notion de pilotage de système de santé, et comment il y a contribué, Appréciation des conditions d’exercice de la fonction de stewardship. Etant donné la sensibilité de cette partie de l’étude, la difficulté d’assurer la neutralité et l’objectivité des chercheurs dans les interviews, la réalisation 28 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc des entretiens a été confiée à une consultante indépendante, non impliquée dans le système de santé. Regroupement et analyse des données : La démarche suivie est la même que celle décrite précédemment (Ritchie & Spencer, 2001), sauf que dans ce cas, la catégorisation s’est faite sur la base des items contenus dans la grille d’entretien (voir tableau n°4). Tableau n° 4 : Matrice de regroupement des données relatives aux stewards Catégories d’analyse Caractéristiques des stewards Cheminement / Parcours Réalisations des stewards Valeurs et style de gestion Perception de la notion de pilotage Steward 1 Steward 2 Steward 3 Steward 4 Steward 5 Steward 6 3.4. Triangulation Au delà des croisements entre les SCBS et les domaines de stewardship, d’une part et entre les « stewards » et leurs caractéristiques d’autre part, une triangulation a été faite intégrant les données des stratégies et le témoignage d’acteurs témoins. Ce croisement permet d’avoir une idée synthétique sur l’exercice et capacitation du système en stewardship (voir tableau n° 6). 3.4.1. Entretiens individuels avec des acteurs témoins. Les entretiens auprès « d’acteurs témoins » recherche des appréciations externes au système de santé (plus neutre) sur la capacitation du système en matière de stewardship. Choix du public cible : Cette catégorie de personnes interviewées est constituée par certains « acteurs témoins », entendus comme des personnalités positionnées en dehors du système de santé mais qui en ont assez de connaissances pour pouvoir apprécier son pilotage. Ils sont plus que 29 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc des observateurs externes, puisqu’ils ont été amenés, de part leur position (fonction), à interagir avec le système. Notre choix, raisonné, a porté sur un cadre du Ministère de l’Economie et des Finances, un autre du Ministère du Plan, un parlementaire, un doyen de la faculté de médecine et un membre du Conseil National de l’Ordre des médecins. Sur les cinq prévus, quatre ont été effectivement interviewés. Tableau n° 5 : Profil des acteurs témoins interviewés Profil professionnel 1. Economiste 2. Economiste 3. Médecin spécialiste Fonction Chef division au Ministère de l’Economie et des Finances Chef de Division au Ministère du Plan Ex directeur d’hôpital Secrétaire Général du Conseil National de l’Ordre des Médecins Outil de collecte : L’entretien a été effectué en suivant une grille jointe en annexe n°3. Il s’agit d’une démarche d’entretien ouvert structuré autour de deux axes : la perception du concept de pilotage par les acteurs témoins et leur appréciation de l’exercice de la fonction de pilotage du système de santé à partir de leur position. Les entretiens ont été réalisés par le même consultant externe. Regroupement et analyse des données A cette étape une grille synthétique a servi au regroupement des données pour faciliter leur analyse eu égard aux 7 domaines de stewardship. Cette triangulation vise à apprécier le pilotage du système de santé marocain et tester, indirectement, le modèle de Travis et al. (2002). 30 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 6 : Matrice d’analyse de la capacitation du système en stewardship Domaines du stewardship SCBS 1 SCBS 2 SCBS 3 SCBS 4 SCBS 5 Avis interne Avis externe Projets sectoriels INAS Recherche & grandes enquêtes Fora et colloques nationaux Masse critique de stewards Informate urs clés Acteurs témoins D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé D3 Garantie d’outils de mise en œuvre D4 Renforcement de partenariats D5 Concordance entre politique et organisation D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur Pour des raisons de commodité et pour faciliter la synthèse et la comparaison du niveau de couverture des domaines de stewardship par les différentes stratégies, nous avons utilisé l’échelle qualitative suivante : Domaine bien couvert Domaine moyennement couvert Domaine faiblement couvert Domaine non couvert Couverture non évidente (Indétermination) Non applicable +++ ++ + 0 +/NA Rappelons à la fin que, l’ensemble des entretiens ont duré entre 30 mn et 2 heures avec une moyenne de 1 heure et quart. Les entretiens avec les stewards et les acteurs témoins (à l’exception d’un cas) ont été enregistrées. La prise de notes a été utilisée pour recueillir les données relatives aux entretiens avec les informateurs clés. Tous les entretiens ont été saisies sur fichier Word et sont joints à ce rapport. 31 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 4. CONTRAINTES ET LIMITES DE L’ÉTUDE 4.1. Contraintes liées à la conception de l’étude La première contrainte rencontrée dans cette étude se rapporte à son objet principal. Les deux concepts étudiés, les notions de « capacité-building » et de « stewardship », sont nouveaux et peu maîtrisés, que ce soit par les chercheurs eux-mêmes ou par les personnes interviewées. Bien que toutes les personnes contactées aient manifesté un intérêt particulier pour les deux concepts, un questionnement était quasi-systématique sur leur signification. C’est ce qui nous a amené à prévoir des questions sur la perception des personnes interviewées (stewards et acteurs témoins) de la notion de pilotage de système. Cette contrainte conceptuelle, renforcée par la quasi-absence de références sur la question, porte également sur les 7 domaines du stewardship et la difficulté de situer les données recueillies dans l’une des cases de la matrice de la tableau n° 6 (croisement stratégies et domaines de stewardship). Pour surmonter cette limite, les observations qui posaient ce genre de problème étaient saisies dans les deux ou trois cases concernées. A cette contrainte, s’ajoute la difficulté de cerner les tenants et aboutissants d’une question de recherche très large. 4.2. Contraintes liées à la réalisation de l’étude Dans ce cadre deux principales contraintes ont limité l’exploitation des données : La courte durée de réalisation de l’étude, qui contrastait avec la complexité de l’objet de l’étude et la difficulté d’avoir des rendez-vous rapprochés avec les interviewés. Pour surmonter cette limite de l’étude, cinq chercheurs ont été associés à l’étude ce qui a créé d’autres sources de biais d’observation dans le recueil des données. Pour réduire ces biais, plusieurs croisements ont été réalisées (matrices des Tableaux 3, 5 et 6). La diversité et la lourdeur du matériel et des données recueillies qui poussent à penser que d’autres formes d’exploitation peuvent être envisagées pour tirer le meilleur profit de cette étude. La multiplicité des observateurs mobilisés dans l’étude a également été une source de difficulté difficile à surmonter. En effet bien que leur termes de référence se rapprochent, la différence des profils et de l’expérience de chacun des chercheurs associés, ajouté à la variation du niveau de difficulté des stratégies et du niveau de disponibilité de la documentation, a fait que nous n’avons pu disposer de documentations comparables et d’informations sur toutes les variables à l’étude. 32 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc La multiplicité des observateurs (3 chercheurs principaux et 5 chercheurs associés) crée nécessairement des biais d’observation vu que les chercheurs associés se sont engagés tardivement dans l’étude et abordent leurs enquêtes de point de vue différents. Pour réduire ces biais, nous avons mis en commun notre documentation et nous avons organisé avec les différents chercheurs associés des rencontres de travail le long de la réalisation de l’étude. L’accès aux personnes ciblées par les entretiens a constitué également une forte contrainte, vu le temps limité imparti à l’étude et vu les responsabilités de nos interlocuteurs et leurs occupations. La gestion des agendas était difficile. 4.3. Contraintes liées à la discussion des résultats A ce niveau deux difficultés supplémentaires ont émergé et qui se rapportent aux contraintes précédentes. Le caractère vaste de l’objet de l’étude a rendu difficile la synthèse des idées (interprétation). Le cadrage de l’analyse par le modèle de l’OMS limitait la liberté des chercheurs pour explorer d’autres variables. Le principe de « réflexivité » était systématiquement mobilisé pour mieux cerner les interprétation. En raison de la nature qualitative de la recherche et de la multiplicité des sources d’information (documents, sondage, informateurs clés, acteurs témoins et stewards), la synthèse et la relativisation (pondération) des observations étaient limitées. Les chercheurs avaient la responsabilité de juger la pertinence de certaines observations recueillies, compte tenu de leurs expériences respectives et de leur connaissance du terrain. A ce titre, le fait d’associer trois chercheurs dans l’étude et d’avoir un feed-back externe (IMT d’Anvers) est venu renforcer la neutralité de l’analyse. 33 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc CHAPITRE III RÉSULTATS ET DISCUSSIONS Les projets sectoriels La formation en gestion (INAS) La recherche et les enquêtes nationales Les fora et colloques nationaux La cooptation 34 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc La complexité de la question de recherche, la diversité des méthodes (matériel) utilisé et la richesse des données recueillies offrent plusieurs façons de présentation des résultats. Nous avons opté pour une présentation par stratégie avec une construction qui va de la description à l’analyse de la couverture des domaines. Pour les quatre stratégies du volet 1, nous nous sommes limités à rapporter les faits saillants, du moment que les rapports spécifiques de documentation présentés en annexe 7 offre plus de détails. Nous avons réservé un chapitre de synthèse et conclusion pour présenter les apports directs et indirects de cette étude et les perspectives de recherche et de renforcement de la capacitation du système qu’elle a permis d’identifier. 1. STRATÉGIE DE DEVELOPPEMENT DES PROJETS SECTORIELS Parmi les quatre projets documentés dans le cadre de cette stratégie, le PDSS paraît avoir eu le plus d’impacts sur le développement de compétences et le plus d’effets sur le pilotage du système de santé. La plupart des informateurs clés l’ont qualifié « d’école ». Un répondant l’a désigné comme «une école virtuelle». Pour pouvoir saisir le secret de cette distinction et comment elle se traduit en terme de capacitation du système, nous allons essayé de faire une description comparée des quatre projets en mettant en évidence leurs spécificités respectives. Pour plus de détails sur chacun des projets le lecteur pourra se référer au rapport relatif à la documentation de cette stratégie. Il était possible, sur le plan méthodologique de n’illustrer cette stratégie que par le projet PDSS pour montrer son efficacité, mais le fait de la comparer à des projets similaires (cas multiples) renforce la validité de nos observations sur cette stratégie et permet de nuancer les conclusions qu’il est possible d’en tirer. Précisons avant cela que l’identification de quatre projets sectoriels pour documenter cette stratégie se justifie par leur qualité commune d’être des projets comprenant des composantes de services (dimension soft) à côté des soucis d’investissement dans les infrastructures. Un informateur clé, a d’ailleurs distingué, dans les projets sectoriels, ceux qui sont des projets d’investissement où le motif essentiel de leur développement est le renforcement des infrastructures et les bailleurs de fonds jouent le rôle de source de prêt (Banque), et les projets d’appui aux réformes où le motif essentiel est la mise en place d’une réforme et les bailleurs de fonds joue le rôle également d’organisme d’assistance aux développement. Remarquant également que parmi les 4 projets documentés dans cette stratégie, deux sont achevés (PDSS et PRISS) et deux sont en cours de mise en œuvre (PAGSS et PFGSS). 35 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1.1 Genèse de la stratégie et des projets Les projets sectoriels sont conçus comme des instruments de politique sanitaire et outils de mise en œuvre des plans de développement économique et social. Ce qui leur confère le support et l’engagement politiques nécessaires. Dans leur mise en œuvre, les projets reposent, souvent sur l’approche d’expériences pilotes. C’était le cas du PDSS, du PAGSS et du PFGSS. Le PRISS par contre était développé sur une base nationale. La stratégie de projets sectoriels a pris naissance avec le projet PDSS (19841994) comme premier grand projet développé dans le domaine de la santé. Le PDSS se distingue des autres projets sectoriels par la particularité du contexte de sa genèse. Ce contexte était caractérisé notamment par : - L’épuisement du modèle de couverture sanitaire post coloniale et du reliquat du lègue du protectorat ; L’avènement de la conférence d’Alma Ata (1978) et l’enthousiasme des soins de santé primaires ; Le changement d’équipe au niveau de l’administration centrale du Ministère de la Santé Publique (MSP) ; L’appui et la ferveur de la direction régionale de l’OMS au MSP ; Le soutien important du Ministère des Finances puisque c’est lui qui a initié le projet avec la BIRD ; Il a également la particularité d’être un projet d’opérationnalisation d’une stratégie mondiale « santé pour tous d’ici l’an 2000 » et de mise en œuvre d’une déclaration internationale (Alma Ata) qui repose sur une forte idéologie à laquelle la majorité des pays du monde ont souscrit. En plus le PDSS est le seul projet qui compte parmi ses acteurs les collectivités locales comme partenaire et le ministère des travaux publics comme maître d’œuvre de la composante infrastructure. Le PRISS (1990-1998), quant à lui, est un projet conçu de façon complémentaire au PDSS, il est venu d’un côté consolider et diffuser les acquis du PDSS (SSB et programmes sanitaires) et apporter, pour la première fois, de l’investissement dans les hôpitaux. Le PFGSS (1998-2005) est un projet d’appui à la réforme de santé. Il a la particularité d’être le projet de « mise en œuvre » des choix de la politique de financement au Maroc. C’est également le premier projet qui s’attaque à la problématique des hôpitaux publics en vue d’une réforme. Identifié en parallèle avec le PFGSS, le PAGSS (1998-2005) a une spécificité qui réside dans le fait qu’il a pour mission de mettre en œuvre la régionalisation au niveau sectoriel surtout après la promulgation de la Loi sur la régionalisation en 1996. Il a, également, la particularité d’être financé par un don négocié avec la Commission Européenne dans le cadre de la lutte 36 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue (développement des pays du Nord). Sur le plan du financement, le PRISS est le projet qui a mobilisé le plus de fond avec 170 millions de $, contre 76 millions pour le PFGSS, 46 millions pour le PDSS et 22.6 millions de $ pour le PAGSS. Les trois premiers projets sont financés par un prêt de la BIRD alors que le PAGSS correspond à un don de la Commission Européenne. Bien que les 4 projet étaient programmés initialement pour une mise en œuvre sur une durée de 5 ans, ils étaient amené à proroger leur exécution sur avec 2 à 5 années supplémentaires (c’est le cas même des deux projets en cours : PAGSS et PFGSS). 1.2. Objectifs et composantes des projets sectoriels Dans les 4 projets sectoriels on retrouve des objectifs en rapport avec l’amélioration de l’état de santé des populations et le renforcement institutionnel. L’importance accordée à ce dernier objectif et le niveau de précision de sa formulation sont variables. C’est au niveau du PRISS et du PAGSS où cette formulation manque de précision. Ceci revêt une grande importance lors de l’appréciation des résultats et de l’apport des projets. Dans le PDSS, l’appui institutionnel concerne le renforcement de la capacité du Ministère de la Santé à élaborer et mettre en œuvre des programmes de santé et à évaluer leur impact sur l’état de santé de la population. Pour le PFGSS le renforcement institutionnel vise essentiellement la mise en place et le développement de mécanismes de financement de la santé, ainsi que la capacité de formulation de politique sanitaire (Restructuration de l’administration centrale et création d’une direction régionale de santé, élaboration de la loi sur l’assurance maladie obligatoire et le régime d’assistance médicale). De la même manière, les composantes du PDSS et du PFGSS paraissent plus diversifiées mais complémentaires, avec une différence de taille c’est que le PDSS était domicilié au niveau d’une seule direction au moment où le PFGSS est mis en œuvre à travers trois directions centrales. Le fait que le PRISS et le PAGSS paraissent moins intégrés au niveau de la formulation de leurs objectifs peut s’expliquer par leur conception « en complément » à d’autres projets (respectivement PDSS et le PFGSS ). 1.3. Mise en œuvre (principales activités réalisées) La mise en œuvre des projets sectoriels repose sur deux grands types d’activités : Des activités d’investissement (hard) : constructions, aménagement, équipement, fournitures etc. 37 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Des activités de services (soft) : Formation, assistance technique, études, organisation de services etc. La nature et l’importance relative de ces activités varient entre les projets. Ainsi le PDSS est le seul projet où était programmée la création de nouveaux établissements de santé, vu que son objectif principal était d’améliorer l’accessibilité aux soins de santé de base. Tous les projets interviennent au niveau central et déconcentré, aussi bien dans le réseau de soins de santé de base et le réseau hospitalier. Pour les activités de services (soft) qui nous concernent le plus dans ce travail, nous remarquons le développement systématique dans cette stratégie de cinq groupes d’activités : la formation, l’assistance technique, les études, le renforcement institutionnel et la mise en place d’outils de gestion. Activités de formation : La formation continue est une activité fortement mobilisée dans les projets sectoriels. C’est une activité transversale qui vise la mise à niveau des compétences ou l’accompagnement de l’introduction d’une nouvelle stratégie technique ou outil de gestion. Mais, nous avons remarqué seuls les projets PDSS et PRISS ont prévu et réalisé des actions pérennes et structurantes de formation : - - Renforcement et appui au collège de santé publique de Rabat pour la formation de base du personnel infirmier. Création de l’INAS pour la formation de spécialistes en gestion des services de santé ; Formation de base à l’étranger pour préparer des formateurs et pour renforcer les compétences nationales dans des domaines comme la maintenance, l’urgentologie, l’informatique et la planification (42 cadres pour le PRISS). Création d’un service central de la Formation continue au sein du Ministère de la Santé Décentralisation de la Formation Continue et création de cellules provinciales chargées de cette activité, Elaboration d’une stratégie nationale de formation continue. Elaboration de guides et de manuels sur la gestion des activités de formation continue. La programmation d’actions pérennes et structurantes de formation dans les projets sectoriels est un élément fondamental dans le développement des capacités building du système de santé. 38 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Assistance technique : Au même titre que la formation, l’activité d’assistance technique est présente dans tous les projets sectoriels, ce qui relève de l’évidence vu l’absence ou la rareté d’expertise et de bureaux d’études spécialisées dans le développement des services de santé dans les pays en développement. Il est toutefois intéressant de remarquer que c’est dans les projets sectoriels où il y a le moins d’activités structurantes de formation (PAGSS et PFGSS), qu’on retrouve le plus d’assistance technique mobilisée (en terme de valeur monétaire et de proportion du financement global du projet). Ceci s’explique par la dominance d’une assistance technique de moyen et de long terme dans ces deux projets. Cette forme de mobilisation de l’assistance technique qui repose sur le « faire à la place des autres» au lieu du « faire faire par les autres» laisse prévoir moins d’apport de ces deux projets sectoriels en matière de capacité building en stewardship. En fait l’objectif annoncé de la programmation d’une assistance technique long terme vise le transfert de compétence, mais ce transfert échappe à toute possibilité d’évaluation à la fin du projet, ce qui constitue une différence majeure entre le transfert de compétence à travers la formation de longue durée et à travers le compagnonnage. Etudes : Les projets sectoriels ont permis la réalisation d’études importantes pour le pilotage du système. - Etudes de financement : les deux seules études de financement initiées par le Ministère de la santé sont l’Etude sur le financement du secteur de la santé (1988-89) et l’étude sur les Comptes nationaux de la santé (1998-99). La première initiée par le PDSS et la second par le PFGSS. - Etudes de stratégie hospitalière : Dans le cadre du PDSS, une importante étude sur la gestion hospitalière a été initiée (1987) en vue de mettre en place d’un plan d’optimisation des moyens et des méthodes de gestion. Dans le cadre du PFGSS, une grande étude de faisabilité a été réalisée en 1997 pour orienter les choix stratégiques de la réforme hospitalière. - Etudes sur la gestion des ressources humaines : dans le cadre du PRISS, a été réalisée une études sur la décentralisation de la gestion des ressources humaines (1992-93), suite à laquelle a été développé un système informatisé du personnel GIPE (gestion intégrée du personnel de l’Etat). 39 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Renforcement institutionnel : Cette activité a été couverte essentiellement par le PRISS et éventuellement par le PFGSS11. Le projet PRISS a eu le mérite d’initier un certain nombre d’activités de renforcement institutionnel comme : - La révision de l’organisation des structures centrales à deux reprises (1990 et 1994). Le renforcement du statut d’autonomie intermédiaire des hôpitaux appelé SEGMA12 par l’augmentation du nombre d’hôpitaux à 74 regroupés en 46 Centres hospitaliers . L’adoption d’un décret relatif à la tarification des actes hospitaliers dans les CHU. L’élaboration des plans comptables pour les CHU ; L’élaboration de la loi sur le code de la couverture médicale. Organisation de services et développement d’outils de gestion : Dans ce cadre les activités de planification et de communication étaient favorisées. En matière de planification les activités suivantes ont été développées : • La réalisation d’études sur l’utilisation des services (HERA 2001 pour le PFGSS), • L’introduction de l’utilisation de nouveaux critères pour la planification de l’offre de soins (Plan d’extension de la couverture sanitaire) et pour l’allocation de ressources. • L’organisation de la couverture sanitaire (stratégie fixe/Stratégie mobile (itinérance et équipe mobile) ; • L’introduction de la gestion des programmes sanitaires par plans d’action à tous les niveaux. Ceci s'est accompagné de l’élaboration d’indicateurs d’évaluation et l’établissement de tableaux de bords, • Développement de méthodologie de révision des arbres de décisions • Révision du règlement intérieur des hôpitaux. • Elaboration de normes et de plans de maintenance des équipements hospitaliers. • Définition des normes en matière d’équipements médicaux • Développement des projets d’établissement hospitaliers ; En matière de communication • • 11 Le développement de la supervision comme action d’appui du central à la périphérie, Mise en place d’un système d’information et de gestion des hôpitaux publics (SIG Ho), Vu que l’élaboration des textes prend beaucoup de temps, nous ne pouvons nous prononcer actuellement sur le niveau de l’appui des projets PFGSS et PAGSS au renforcement institutionnel. 12 Service d’Etat Géré de Manière Autonome. 40 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc • organisation d’un réseau intranet incluant le développement et la mise en place de certains outils et instruments de gestion. 1.4. Contribution des projets sectoriels à la couverture des domaines de stewardship Sur la base de ce qui précède, nous pouvons dire que les projets sectoriels contribuent à la couverture d’un certain nombre de domaines de la fonction de stewardship du système. 1.4.1. Apport en matière de génération de renseignements Il est clair que les projets sectoriels ont permis au système de disposer de renseignements pour l’orientation de la politique sanitaire, comme nous l’avons souligné plus haut, ces renseignement portent sur : l’appréciation de l’état de santé et de l’utilisation des services et leur tendances, c’est le cas de : o L’enquête multi-critère a ciblé le fonctionnement et l’utilisation des services de santé de base. Elle a produit une masse importante de données relatives à : la qualité des soins, le profil des utilisateurs, les circuits, la performance des programmes de santé, etc. o Etude sur la morbidité hospitalière réalisée dans le projet PFGSS (2001) : c’est une étude unique en son genre au Maroc qui a permis d’analyser la demande de soins hospitalier et sa tendance ainsi que le bassin de desserte des hôpitaux. Cette étude a permis de mettre en évidence l’iniquité de l’utilisation des hôpitaux et l’importance de son activité d’urgence. l’appréciation du niveau des dépenses santé et leur distribution. C’est le cas de : o L’étude sur le financement de 1988 qui a produit les premiers chiffres sur les dépenses de santé et a démontré les déséquilibres que connaît le système de santé en matière de financement. o Cette étude a été relayée par l’élaboration des Comptes nationaux de la santé de 1998 comme outil de mesure et de suivi des flux financiers. l’étude de la faisabilité et l’expérimentation d’options stratégiques de la politique sectorielle. C’est le cas de : o développement d’un modèle de couverture par le réseau des ESSB comportant la définition de catégories d’établissement 41 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc o o o o (normalisation) de paquets d’activités par niveaux; les modalités d’extension de la couverture sanitaire. l’expérimentation de la démarche de diagnostic et de traitement standard, l’études sur la gestion hospitalière de 1987 qui a donné la première image d’ensemble du fonctionnement du réseau hospitalier au Maroc ; l’étude sur la gestion des ressources humaines de 1993 qui a permis pour la première fois de disposer d’une localisation géographique des ressources humaines; et l’étude de faisabilité de la réforme hospitalière (1997). Selon un steward et un informateur clé, les projets sectoriels ne développent pas la capacité de générer de l’information pour le système, mais offrent les moyens et les conditions pour le faire. Mais ceci ne change rien au constat. En plus de ces études, les projets ont mis en place un certain nombre de supports en rapport avec la génération et la gestion de l’information sanitaire : Une Banque de Données sur le Découpage et l’Infrastructure (BDDI) qui produit des indicateurs de toutes sortes sur l’infrastructure sanitaire (population couverte, personnel, types de prestations offertes, équipement, etc.). développer un système d’information et des indicateurs pour la surveillance épidémiologique et la gestion des programmes sanitaires. Mise en place d’un système d’information et de gestion hospitalière (SIG Ho). Elaboration d’une banques de données sur la réglementation ; Ces études étaient elles mêmes à l’origine d’un certain nombre d’activités qui relèvent d’un autre domaine de stewardship (développement d’alliances et de réseaux, constitution de groupes de travaux et d’outils de gestion) ou une autre forme de capacitation (individuelle) (Formation continue, encadrement et transfert de compétence). Mais l’importance des données produites par les études et le système d’information de routine mis en place contraste avec la faible exploitation et utilisation de ces données dans l’évaluation et la planification des action sanitaire surtout au niveau déconcentré. Ceci pose le problème, non pas de la capacité du système à générer de l’information, mais plutôt à l’utiliser à bon escient. 1.4.2. Apport des projets sectoriels en matière de formulation de politique et de stratégies de santé Pour pouvoir apprécier cette dimension, il est nécessaire comme nous l’avons signalé plus haut d’envisager ensemble les deux projets PDSS et 42 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc PRISS d’un côté et le PFGSS et le PAGSS de l’autre, en raison de leur articulation dans le temps ou dans le niveau d’intervention. Dans ce cas, nous remarquons le souci des décideurs politiques d’engager des études de diagnostic et de faisabilité pour éviter de construire leurs politiques sur des impressions et pour accorder la légitimité nécessaire à leurs actions. Ces études sont parfois exigées par les bailleurs de fond eux mêmes, ce qui enlève le mérite aux politiciens de santé. Notons au départ que chaque projet est venu dans un contexte politique particulier. Les projets sont considérés beaucoup comme des instruments de mise en œuvre et un cadre par lequel sont mobilisés les financements requis à cette mise en œuvre. Mais ceci n’exclue pas leur contribution quant à la clarification et à la définition du contenu de cette politique. Mais ce qui est plus important c’est que les projets sectoriels viennent toujours comme support à un plan de développement économique et social. Plus que cela, nous savons également que les projets sectoriels viennent appuyer une réforme : politique des soins de santé primaires pour le PDSS, réforme administrative pour le PRISS, réforme hospitalière et de financement pour le PFGSS et régionalisation pour le PAGSS. A ce propos un steward considère que « Ces projets ont été beaucoup plus des instruments de mise en œuvre d’une politique décidée avant leur arrivée ». Puisque les plans de développement économique et social soient initiés et encadrés par des instances hors du Ministère de la Santé, ils ne peuvent témoigner de la capacité du système de santé à formuler une politique sanitaire. Deux exceptions à ce constat d’ordre général : la « doctrine de la santé » élaborée en 1959 qui constitue le premier énoncé de politique sanitaire au Maroc et la stratégie sectorielle 2000-2004 (bien que cette dernière fasse preuve d’un certain centralisme de l’exercice de la planification stratégique). En plus du développement d’une vision et de la formulation politiques sanitaires, ce domaine comprend également la capacité du système à développer des instruments de politique sanitaire et des moyens de mise en œuvre et de suivi de cette mise en œuvre. C’est là où les apports sont moins significatifs des projets sectoriels. Ceci pose le problème de l’essoufflement du soutien aux projets et de la viabilité de leurs actions. L’évaluation de la viabilité des projets sectoriels lors de leur conception s’avère être un moyen d’anticipation à cette limite de la stratégie des projets sectoriels. Parmi les quatre projets sectoriels documentés, l’apport du PAGSS est quasiment absent à ce domaine. Le PDSS a permis d’expérimenter une politique des médicaments au Maroc, sans succès selon les personnes interviewées. Il a également montré que les démonstrations diététiques qui se faisaient dans le cadre de la lutte contre la malnutrition n’avaient aucun apport et ont été supprimées du programme. 43 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Les études sur le financement du secteur de la santé de 1988 (PDSS) et de 1998 ( PFGSS) ont permis de fournir les données essentielles à l’élaboration de la loi sur le code de la couverture médicale. Les études sur la gestion hospitalière réalisées dans le cadre du PDSS et du PFGSS ont permis de donner les justifications à la formulation d’une politique hospitalière centrée sur le souci de renforcer la capacité d’autofinancement des hôpitaux. le PRISS a contribué de manière directe à la définition d’une stratégie nationale en matière d’urgence et à la révision de la stratégie nationale de formation continue compte tenu du processus de régionalisation. Pour le PFGSS, le rapport de démarrage peut être considéré comme un document de stratégie hospitalière puisqu’il énonce les orientations du Ministère de la santé en rapport avec le développement hospitalier et propose un programme d’action à moyen terme. L’introduction de nouveau mécanismes de financement (AMO et RAMED) qui reposent sur les principes de l’équité et de la solidarité est un choix politique fondamental. L’annonce du projet par sa majesté le Roi et le pilotage du dossier par la primature montrent l’intérêt accordé au niveau national à ce dossier. 1.4.3. Garantie des outils de mise en œuvre La documentation des projets a permis l’identification de quatre types d’outils de mise en œuvre de politique sanitaire : des structures de gestion, des textes réglementaires, de la formation et des outils et mécanismes de planification et de gestion. Tous les projets ont été précédés ou accompagnés par la création de structures de gestion spécifiques aux projets, comme l’unité de suivi des projets (USP) et l’unité de mise en œuvre de la réforme (UMER). La création de ces unités de projet est souvent une conditionnalité des bailleurs de fonds. L’ancrage institutionnel des projets sectoriels ne se limite pas à la création de projet, mais également à la mise en place d’instances pour l’orientation et l’approbation de leurs réalisations. C’est le cas du comité de coordination des projets (CCP), instance présidé par le ministère de la santé et où sont représentés les ministères de l’économie et des finances et le ministère du plan ; et de l’équipe centrale de planification (ECP) qui est une structure ad hoc regroupant les directions centrales en vue de leur permettre d’accompagner les projets. Cette mobilisation institutionnelle assure un transfert de compétences non pas uniquement en matière d’activités de projets mais également en matière de capacitation du système de santé dans la planification et la mise en œuvre de projets de développement. Cet ancrage institutionnel et cette capacitation 44 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc souffrent toutefois de leur forte centralisation. Les équipes provinciales n’étaient impliquées ni dans la conception ni dans la programmation des actions des projets sectoriels. L’autre forme d’encadrement de la mise en œuvre des politiques par les projets sectoriels est représentée par la l’initiation et l’encadrement de l’élaboration d’un certain nombre de textes réglementaires de différents niveaux (Loi, décret, arrêté et circulaire). Il s’agit notamment de la promulgation de : o textes de loi fixant l’organisation de l’administration centrale (restructuration de 1990 et de 1994), o texte de loi relatifs au regroupement des hôpitaux, o texte de loi fixant la tarification des actes hospitaliers dans les CHU, o textes organisant l’exercice des professions liées à la santé, o texte relatif au projet de loi sur l’offre de soins; o texte de loi organique organisant le mode SEGMA et définissant ses modalités de gestion, o texte de loi sur le code de la couverture médicale, o décret relatif à la révision de la tarification des actes et services des hôpitaux publics rendus aux patients, o circulaires relatives à la diffusion de directives en matière de programmes sanitaires, Pour ce qui est du soutien de la formation aux politiques sanitaires, les projets sectoriels constituent le cadre principal dans lequel ont été conçus et mis en œuvre les principaux programmes et instituts de formation. A ce titre, il y a lieu de signaler que dans le cadre de cette stratégie de projets sectoriels ont été initiées ou réalisées les actions suivantes : o La création de l’INAS ; o La formation de base de plusieurs cadres du Ministère de la santé à l’étranger, o La création d’un service central de la Formation continue, o L’élaboration d’une stratégie nationale de formation continue, o La réalisation de programmes de formation continue au Maroc et de stages à l’étranger. Ces actions structurantes font de la formation le principal outil de mobilisation et d’accompagnement des actions stratégies du Ministère de la santé. C’est à ce titre qu’elle est considérée comme un instrument de politique sanitaire. Le dernier type d’outils mobilisés dans cette stratégie de projets sectoriels est représenté par l’introduction de nouveaux mécanismes de planification et de gestion. C’est le cas de : 45 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc o Plan d’Extension de la Couverture Sanitaire (PECS), des Arbres de Décisions et des Plans d’Action pour le PDSS ; o Système informatisé du personnel GIPE (gestion intégrée du personnel de l’Etat) pour le PRISS ; o l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), du Régime d’Assistance Médicale (RAMED) et du Projet d’Établissement Hospitalier (PEH) pour le PFGSS ; o la Carte Sanitaire (CS) et du Schéma Régional de l’Offre de Soins (SROS) pour le PAGSS. Ces différents outils sont à la fois des leviers d’action pour les projets et des moyens d’opérationnalisation et de diffusion des orientations politiques. Le fait d’en faire l’inventaire ne témoigne pas de l’efficacité de la stratégie de développement des projets dans la garantie d’outils de mise en œuvre de politique sanitaire. Il montre toutefois le potentiel important qu’apporte cette stratégie. Il revient aux acteurs et aux stewards d’en assurer le meilleur usage. Il est également important de remarquer la permanence des liens entre ces outils et le développement des stratégies de santé. 1.4.4. Apports en relation avec le développement de partenariats En premier lieu, il faut souligner que les projets sont de nature mobilisateurs d’acteurs et d’institutions. Ils sont le fruit de collaborations multiples. Dans le cadre des projets sectoriels cette collaboration prend plusieurs formes : entente, convention, contrat, accord, partenariat, coopération etc. Certaines de ces formes sont obligatoires pour des raisons réglementaires ou conventionnelles, pour d’autres elles correspondent à des choix politiques ou stratégiques. Ainsi, il est possible de distinguer cinq types de relations partenariales (formelles ou factuelles) : Entre l’Administration Centrale du Ministère de la Santé et les structures déconcentrées. Cette relation était traditionnellement régie par l’autorité et la hiérarchie. Dans le cadre du PAGSS, les services déconcentrés sont des partenaires dans la mise en œuvre du projet. L’entité déconcentrée (délégation du ministère de la santé) est à la fois agence d’exécution des investissements du projet et coordinatrice des actions au niveau régional dans le cadre d’une équipe régionale de planification instituée à l’occasion du projet. A l’occasion de la réforme des dépenses publiques qui accompagne le processus de déconcentration, il est prévu de mettre en place dès 2004 un nouveau cadre organisationnel de cette relation intitulé le « budget-programme » qui est une forme de contractualisation entre l’administration centrale et les services déconcentrés. Entre le Ministère de la Santé et d’autres Ministères (Ministère de l’économie et des finances et Ministère du Plan). La collaboration avec 46 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc d’autres secteurs d’action n’est pas une nouveauté, la déclaration d’Alma Ata l’a déjà promu et structurée. Cette collaboration se justifie essentiellement par le multidéterminisme et la globalité du concept de santé. Mais la collaboration dont il est question se rapporte au pilotage du système de santé et non à l’organisation de son action. Il est particulier de remarquer l’impact des deux ministères sus-mentionnés dans ce pilotage. D’après un informateur clé, c’est le Ministère de l’Economie et des finances qui a orienté la BIRD vers le Ministère de la santé pour conclure son premier projet sectoriel qui est le PDSS. C’est ce même Ministère qui négocie et coordonne, d’ailleurs tous les projets sectoriels. Ce rôle le rend un partenaire incontournable pour un bon pilotage du système de santé. Entre le Ministère de la santé et certains organismes et institutions internationales : Par leur mobilisation de pools importants d’assistants et experts internationaux, les projets sectoriels offre un cadre dans lesquels prennent naissance des petits projets et recherche qui renforcent la politique du Ministère. C’est le cas de l’appui de l’école d’Anvers à l’INAS suite au projet PDSS ou de la coopération française au Ministère de la santé parallèlement au PFGSS13. Les projets ont également initié certains partenariats entre le Ministère de la santé et les collectivité locales. C’est le cas des expériences pilotes sur les accoucheuses traditionnelles et les agentes de santé communautaires développées dans le cadre du PDSS. « C’est pour la première fois qu’on travaille de manière structurée avec ces communes » a souligné un informateur clé. Dans le cadre du PRISS, une convention de partenariat pour la construction, la rénovation ou l’équipement de quelques établissements de SSB a été établi entre le Ministère de la Santé et les collectivités locales. Dans le cadre du PRISS, on a procéder à la définition des rôles respectifs de la CNSS, de la CNOPS et du secteur privé dans l’amélioration de la couverture médicale de la population. Ainsi, un protocole d’accord a été passé entre l’Etat et la CNOPS (1997) en vue de consolider et d’élargir l’assiette de l’action de la mutualité dans le secteur public, d’améliorer l’accessibilité des adhérents aux soins dans les meilleurs conditions d’équité et de transparence. 1.4.5. Garantie de concordance entre les buts politiques et la structure organisationnelle : Deux illustrations sont à mettre en évidence, à savoir : 13 le financement par le PDSS de la construction des bâtiments d’une direction centrale (direction de la population) et le renforcement des Projet d’appui à la formation de gestionnaires hospitaliers et des cadres de l’inspection générale (2002-2004). 47 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc structures centrales et périphériques chargées des programmes sanitaires dans le cadre du PRISS ; la création, dans le cadre de la restructuration de l’administration centrale de 1994, de la direction des hôpitaux et des soins ambulatoires et du service de l’économie de la santé en préparation à la réforme hospitalière et à la réforme du financement (PFGSS). Pour identifier les écarts entre les structures organisationnelles et les stratégies et buts politiques, il faut procéder à une analyse beaucoup plus fine centrée sur une seule politique ou de suivre de façon concomitante les évolutions des politiques sanitaires et de l’organisation administrative. Cette analyse dépasse le cadre de ce travail. 1.4.6. Garantie de redevabilité La lecture des données relatives à ce domaine laisse apparaître que l’apport de cette stratégie sur ce domaine peut être observé sur trois registres différents selon le destinataire de la reddition des comptes : Contrôle hiérarchique : Reddition des comptes à son supérieur hiérarchique, Contrôle de l’utilisation des fonds : Rendre compte à l’Etat en tant que protecteur de l’intérêt général, Imputabilité : Rendre compte à la population ou à ses représentants (parlement, collectivités locales, associations de consommateurs). Dans le cadre de la stratégie des projets sectoriels les deux premiers modes de redevabilité sont fortement sollicités. Le premier en raison de la nature même des projets qui répond à une programmation serré pour bien contrôler les échéances et la liquidation des crédits et qui est soumis à des pénalités en cas de non respect des échéances des décaissements. Selon un informateur clé, « cette dimension serait présente dans le mode de gestion par projet : la procédure, les contraintes de temps de budget, etc. favorisent l’esprit de responsabilité et la culture de rendre compte ». Le second mode de reddition des comptes est également sollicité en raison de la somme d’argent importante versé dans ces projets qui suppose un contrôle annuelle de l’inspection des finances et un audit après l’achèvement des projets. Les bailleurs de fonds sont également impliqués dans ces contrôles. Tous ces éléments favorisent l’esprit de responsabilité et la culture de rendre compte. Mais, tout ce dispositif reste insuffisant pour garantir la redevabilité. Car, même si les outils existent, l’esprit et la culture de rendre compte font défaut 1.4.7. Protection des consommateurs. 48 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Ce domaine ne paraît pas explicitement ciblé dans la stratégie des projets. Mais les activités qui garantissent la redevabilité visent indirectement la protection du consommateur et la bonne utilisation des deniers de l’Etat. Au total, nous pouvons dire que la stratégie des projets sectoriels présente un grand potentiel de capacitation en stewardship. Elle permet de forcer les engagements politiques pour la santé, la documentation et l’analyse du système de santé, la mise en place d’outils de mise en œuvre stratégique et le développement de partenariat autour de la santé. Elle souffre toutefois d’un certain nombre de lacunes en rapport avec son manque de pénétration politique et professionnelle, son caractère conjoncturelle (manque de viabilité), sa faible rentabilisation et sa faible orientation vers la satisfaction de la clientèle. Une échelle qualitative sur le niveau de couverture des domaines de stewardship (Bien couvert, moyennement couvert, faiblement couvert et non couvert) nous permet d’identifier quatre domaines bien couverts par la stratégie de des projets sectoriels (D1, D2, D3 et D4) et un domaine non couverts (D7) (voir tableau n° 7 ). Dès lors une difficulté s’impose quant au jugement globale sur la stratégie . Tableau n° 7 : Contribution de la stratégie des projets sectoriels à la couverture des domaines de stewardship Domaines de stewardship D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé D3 Garantie d’outils de mise en œuvre D4 Renforcement des partenariats et réseaux D5 Concordance entre politique et organisation PDSS PRISS PFGSS PAGSS +++ + +++ SCBS 1 +++ +++ +++ +++ +++ Observations Bien couvert Bien couvert (Manque plaidoyer) +++ + +++ ++ +++ Bien couvert (sauf incitation/Sanction) +++ + ++ ++ +++ Bien couvert ++ ++ +++ + ++ Moyennement couvert + + + + + Faiblement couvert 0 0 0 0 0 Non couvert (Manque de viabilité) D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur 49 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2. STRATÉGIE D’INSTITUTIONNALISATION DE LA FORMATION EN GESTION (INAS) 2.1. Genèse de la stratégie La création de l’INAS répond à un souci permanent dans la politique sanitaire au Maroc depuis la conférence de 1959, mais il n’a commencé à prendre forme qu’à partir du plan triennal de 1978. - - - Le plan 1978 – 1980 a posé le problème de gestion du système de santé en termes de « rationalisation, de participation à la gestion de la chose publique » et réfère à des approches managériales qui tiennent compte des « critères de rationalité, de fiabilité et d’efficacité dans la résolution des problèmes » (13). Le plan quinquennal 1981 – 1985 a été très critique également vis à vis de la politique de santé, de l’organisation et du fonctionnement du système. Il a généré le PDSS qui constitue le cadre dans lequel a pris naissance l’INAS. Le plan quinquennal 1988 – 1992 a soulevé l’ampleur et l’acuité de la problématique de la gestion du secteur de la santé. Dans ce plan, il est prévu «une plus grande adaptation de la formation aux problèmes sanitaires de la population» pour générer une amélioration des compétences du personnel et donc une optimisation de ses capacités afin de faire face à la nouvelle problématique de gestion du système ». Parmi les mesures préconisées «la création d’un cycle de spécialisation en gestion des établissements et du système sanitaire … le recyclage de ce personnel dans le cadre des programmes de formation continue … la création d’une institution spécialisée pour la formation de cadres supérieurs médicaux, paramédicaux et administratifs dans le domaine de l’administration Sanitaire, de l’Epidémiologie et de la Médecine sociale ». L’INAS se présente donc comme un instrument de politique sanitaire au Maroc et comme un outil de mise en œuvre des plans de développement économique et social. La stratégie d’institutionnalisation de la formation dans le domaine de la santé a pris naissance au début des années 1960. Dans le premier plan quinquennal national (1960 – 1964), prévoyait de « pourvoir le système de santé en médecins et en personnel paramédical en vue de rentabiliser, à court terme, l’infrastructure existante ». Dans ce sens furent créées : - la première faculté de médecine en 1962 à Rabat, qui devait doter le pays de ses premiers médecins dés 1969. l’institut de Santé Publique chargée de la formation en hygiène publique en 1963. « l’école des cadres » qui devait doter le pays en « infirmiers diplômés d’états spécialistes chargés de l’encadrement personnel infirmier et des structures de soins ». 50 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc C’est aussi à cette époque que fut tentée et envisagée la création d’un Institut National de Santé Publique (INSP) chargé, entres autres, de « la formation du personnel médical et la spécialisation du personnel paramédical…» et de la « promotion des études et recherches scientifiques de tous ordres concernant les problèmes de santé publique…» (3). Et ce, suite aux besoins qui se sont exprimés pour la première fois et avec force en ce début d’indépendance dans le domaine de gestion des services de santé. Mais ce projet resta sans suite. Jusqu’au début du plan de développement sanitaire 1988 – 1992, et hormis les quelques stages qu’effectuaient ponctuellement à l’étranger certains hauts cadres dans le cadre de la formation continue en gestion et au titre de projets de coopération avec certains organismes internationaux (OMS, FNUAP, USAID…) ainsi que la formation dispensée aux cadres administratifs du Ministère à l’Ecole Nationale d’Administration Publique (ENAP) dans le cadre d’une section regroupant le personnel de la Santé, aucune formation de base en gestion, adaptée aux spécificités des services de santé, n’a été assurée aux cadres médicaux, paramédicaux et administratifs qui ont en charge la responsabilité de gestion des services de santé (7) (8). La stratégie « INAS » a été comparé à un « grand projet de développement» qui a accompagné l’évolution du système avec comme principal souci de préparer les compétence nécessaires pour soutenir les changement et les réformes du secteur de la santé. La création de l’INAS est passée par les étapes suivantes : - - - - la mise en place d’une cellule chargée de « concevoir et planifier un programme de formation supérieure en gestion des services de santé au profit des cadres du Ministère de la Santé ». Il s’agit du Projet de Constitution d’Institut de Formation et de Recherche en Administration Sanitaire et Santé Publique (P.C.I.F.R.A.S.S.P.), crée par circulaire du MS. La formation de formateurs. Dans ce cas le ministère a sélectionné des cadres nationaux pour suivre une formation de formateurs dans des écoles européennes et nord-américaines. Un noyau de formateurs a été identifié parmi ce lot. L’exploration auprès d’universités et d’écoles de programmes de formation et de possibilités de coopération. Dans un premier temps, l’IMT d’Anvers a apporté un soutien important (programme, personne ressource plein temps et vacataires). Le recrutement de la première cohorte en novembre 1989 et ce avant que le texte officiel ne soit publié. La création juridique par la publication du Décret Royale n° 2.93.752 en 1994. 51 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2.2. Missions de l’INAS L’INAS a été institué comme établissement de formation de cadres supérieurs relevant de l’autorité gouvernementale chargée de la santé publique. Il est investi de trois missions : la formation de base en Administration Sanitaire et Santé Publique : A ce titre, l’institut est appelé à former des cadres supérieurs spécialisés dans le domaine de l’administration sanitaire et de la santé publique destinés à servir dans les organismes publics et privés. l’organisation et la prestation d’activités de formation continue et de sessions de perfectionnement dans les mêmes domaines en faveur de toutes les catégories des personnels de santé. La recherche et l’expertise : Dans ce cadre, l’institut devra contribuer à la diffusion des connaissances en matière d’administration sanitaire et de santé publique. Il peut, dans ce domaine, effectuer des études pour le compte des administrations de l’état, des établissements publics, des collectivités locales et des organismes privés. Il peut également participer à des programmes d’études et de recherche associant d’autres organismes nationaux ou étrangers en vue de promouvoir les actions d’études et de recherche en matière d’organisation et de financement des services de santé ainsi que dans les domaines de perfectionnement des techniques et méthodes de gestion sanitaire. Il est aussi important de souligner qu’avant même que le te texte officiel portant création de l’INAS ne soit publié au Bulletin Officiel, l’institution fut reconnue par l’OMS, en 1993, comme «Centre Collaborateur de l’OMS » dans les domaines de formation en gestion sanitaire et de recherche sur les systèmes de santé. 2.3. Mise en œuvre (les principales activités) Nous allons présenter les réalisations par rapport aux trois composantes de la mission de l’institut. 2.3.1. Formation de base : En matière de formation de base, il faut signaler deux choses essentielles : la mise en place d’un programme de formation et la formation de lauréats. i) Le programme de formation : Le programme actuel, d’un volume horaire global de 1 660 heures, étalées sur deux années, est conçu sur la base de cinq grands domaines de compétences couverts par une vingtaine de modules de 16 à 48 heures 52 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc chacun totalisant 50 % du volume horaire globale . Les cinq domaines et les modules y afférents sont les suivants : - Sciences de base : Sociologie, communication, économie de la santé, législation sanitaire, informatique. - Organisation et fonctionnement des services de santé : Introduction à la santé publique, services de santé de premier échelon, système de santé de district, organisation et fonctionnement de l’hôpital, gestion de soins médicaux et paramédicaux, gestion de programmes sanitaires, promotion de la santé. - Méthodes d’analyse des problèmes de santé : Statistique sanitaire, démographie, épidémiologie descriptive, épidémiologie analytique, maladies chroniques. - Planification/ management sanitaire : Fondement du management, planification sanitaire, gestion de ressources humaines, gestion financière et comptable, gestion de technologie médicale, habiletés de direction. - Recherche / Evaluation : Méthodologie de recherche et évaluation. Les stages représentent 30% environ du programme. Les outils d’autoévaluation et d’auto-apprentissages dits « intégrateurs d’apprentissages », représentés par les séminaires, les travaux individuels de synthèse et le mémoire de fin d’étude, représentent 20 %. ii) La formation de base: Jusqu’à l’an 2001, période de la restructuration du programme, l’INAS a accueilli une promotion de 30 participants en moyenne tous les deux ans. Le recrutement s’opère en grande partie parmi les cadres fonctionnaires du Ministère de la Santé. La sélection se fait sur concours et entretien. La cohorte est composée de 50% de médecins et de 50% d’infirmiers et d’administrateurs. Jusqu’à juillet 2001, six promotions totalisant 170 participants ont été formés : 58% de médecins, 32% de cadres infirmiers et 10% d’administrateurs dont le profil par cohorte est représenté dans le tableau ci dessous. A date, l’INAS a formé 170 cadres supérieurs dont plus de la moitié est affectée dans des postes de responsabilité (13 au niveau central et 82 au niveau périphérique). Ces lauréats, dont la répartition par poste et par niveau est jointe en annexe n° 4, exercent une certaine influence sur le système de par leur implication dans les décisions et l’exécution de la politique sanitaire. 53 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 8 : Effectifs formés à l’INAS par profil et par promotions :1989 – 2001 Promotions Médecins Infirmiers Administrateurs Total (1) 1989/1991 23 4 1 28 (2) 1991/1993 17 8 6 31 (3) 1993/1995 17 6 3 26 (4) 1995/1997 14 10 2 26 (5) 1997/1999 14 13 1 28 (6) 1999/2001 14 15 2 31 TOTAL 99 56 15 170* 2.3.2. Formation continue : Selon un dernier bilan, l’INAS a organisé 84 sessions de formations continue au profit de 2004 bénéficiaires dont 55% de médecins, 27% de cadres infirmiers, 16% d’administrateurs haut cadres et cadres intermédiaires et 2% d’autres cadres. Les principaux thèmes traités relèvent du management (planification stratégique et programmation sanitaire, Management hospitalier, Gestion décentralisée de la Circonscription Sanitaire, Habiletés de direction, Gestion de projets, etc.) ; de l’épidémiologie (descriptive, interventionnelle) et de la recherche (recherche opérationnelle, recherche action, recherche sur le système de santé, méthodologie de recherche, élaboration de protocole de recherche, etc.).14 Dans la même perspective, l’INAS a développé et testé de nouvelles approches de formation continue par l’enseignement à distance (EAD). Deux expériences ont été menées et ont touché le personnel du niveau provincial et local dans les domaines de prestation et de gestion des soins. Comme il a développé une autre basée sur l’approche de résolution de problèmes en équipe. Cette dernière a été appliquée plusieurs fois sur des domaines très variés de prestation de soin et de gestion. L’approche a été récupérée par le système et intégrée dans ses plans d’action. Sur le plan international et régional, l’INAS a organisé des cours régionaux de moyenne et longue durée allant de trois semaines à un an, dans les domaines de « Développement de leadership en matière de santé », « La gestion décentralisée des systèmes de santé » et « Leadership en matière de maternité sans risque ». 2.3.3. Recherche et appui au système : Depuis sa création, l’INAS s’est dotée d’une stratégie qui repose sur les principes suivants : la recherche sur le système de santé, excluant les autres formes de recherche, la diversification des méthodes et approches, la Institut National d’Administration Sanitaire. Projet de restructuration et de développement de l’INAS. Document de travail, février 2000. 14 54 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc décentralisation des activités de recherche, la vulgarisation et la promotion de la recherche (lancement d’appel d’offres, formation en méthodologie, encadrement sur tout le processus). Sa production en matière de recherche est représentée par une trentaine de projets dont la liste est jointe en annexe n° 5, en plus de 170 mémoires de fin d’études, peut être groupée en deux catégories15: - Les grands projets de recherche gérés par l’INAS en tant que projets exécutés par lui même ou en collaboration avec d’autres individus ou groupes ( 15 projets). Parmi ce lot, deux enquêtes ont été retenues pour exploration dans le cadre de la troisième stratégie de capacité building. Il s’agit de « l’Enquête sur les Causes et Circonstances de Décès infantojuvéniles » et de « l’Approche de la morbidité et mortalité maternelles au Maroc » - La promotion et la guidance de micro-projets ou activités de rechercheaction au niveau local (provincial) comme outil d’amélioration et d’appui au système (16 projets). En matière d’appui au système, plusieurs activités de soutien qui ont été réalisées et qui consomment une part importante du temps des ressources de l’institution. Les principales actions ayant cette finalité sont : - - - - 15 Le projet d’appui aux lauréats de l’INAS (PALINAS) développé en collaboration avec l’IMT d’Anvers qui a permis de mettre au point une approche d’appui ou de guidance à partir d’un essai pilote au niveau de quatre sites provinciaux. Le projet a introduit une dynamique nouvelle au sein des équipes provinces concernées et a généré une réflexion systématique sur de nombreux dossiers ; à titre d’exemple, nous citons : la gestion des médicaments, la prise en charge des urgences, la couverture de la population nomade, la qualité des soins, la gestion du personnel etc. Comme il a permis de mettre au point deux applications pour la gestion du personnel et du courrier et a testé une autre sur la gestion des médicaments. Le soutien aux directions centrales en matière de formation continue et d’animation d’ateliers dans des domaines très variés : gestion des médicaments, communication, gestion de projets, évaluation, gestion de la santé reproductive, etc. L’encadrement d’équipes de projets, particulièrement dans le cadre de la collaboration MS / USAID dans le cadre de projets régionaux, MS / Coopération belge développé au niveau des provinces de Ouarzazate et de Zagora. La participation à l’élaboration de la stratégie sectorielle dans le cadre de l’actuel plan quinquennal L’implication dans des ateliers et des chantiers de réflexion sur les problématiques du système, telles que l’élaboration d’une charte en santé, la stratégie de couverture mobile, la gestion des ressources Les activités d’expertise ponctuelles demandées par le Ministère ou d’autres agences dans le cadre de la mission études – expertise de l’INAS, ne sont pas prises en considération. 55 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - humaines, l’élaboration du rapport national sur le développement humain durable, L’appui à l’enseignement dans les facultés de médecine et instituts de formation aux carrières de santé, Selon les répondants et les documents consultés, l’INAS a permis : - - - - - La diffusion de connaissances et de messages qui ont contribué à la création d’un climat de santé publique auprès des délégués, les directeurs d’hôpitaux ; les directeurs et responsables centraux. Le discours développé ; « laisse croire, selon les interviewés, qu’il y a eu un impact quelconque sur la politique du ministère, sur la façon de voir et de gérer les choses ». Le développement d’outils, d’interventions qui ont été récupérées par le système et utilisées. On peut citer le cas de la pratique de la « supervision » ; «elle est devenue, à un moment un programme du ministère et a contribué à dynamiser le système » comme l’a précisé un des informateurs clé. Les activités réalisées dans le domaine de la gestion hospitalière ont sensibilisé les responsables sur la problématique et l’importance de la gestion hospitalière ; l’études des gaz médicaux, sur les urgences, la formation des directeurs d’hôpitaux, la création d’une filière, etc. Le développement d’une culture commune : un des répondants disait que «le fait d’avoir des lauréats, occupant des postes de responsabilité sur le terrain et au Ministère, qui ont une certaine vision et qui partagent des valeurs, du fait de leur formation, ils vont en tenir compte dans leur travail de gestion ; même si cela n’apparaît pas de manière explicite dans des plans ». « Si tu développe un projet avec un lauréat, tu as plus de chance de le réussir ». L’instauration du dialogue et de la communication entre les catégories de professionnels, en mettant les 3 profils ensemble, leur a permis d’apprendre à travailler ensemble. La promotion et la vulgarisation de la recherche. 2.4. Contribution à la couverture des domaines de stewardship 2.4.1. Apport en matière de genèse de renseignements : Toutes les activités de recherche ont permis de générer des connaissances nouvelles sur la santé et le système de santé (état de santé, utilisation des ressources, besoins en formation, organisation et fonctionnement des services et des programmes de santé : santé de la mère et de l’enfant, urgences, équipes mobiles, relations entre premier et deuxième échelon, qualité des soins, consultation curative, etc.). Les plus importantes seront reprises dans la stratégie ‘grandes enquêtes et recherche’ documentée dans le cadre de ce travail. Les mémoires des étudiants constituent également, par leur interaction avec un terrain national et leur concentration sur des 56 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc problématiques réels, une source d’informations non négligeables bien que son utilisation soit peu encadrée. La nature référentielle des études nationales fait que les renseignements produits dans le cadre de cette stratégie sont plus exploités et plus utilisés. 2.4.2. Apport en matière de formulation de stratégies et d’orientation politique Ce domaine est couvert aussi bien à travers les activités de recherche et d’appui au système que les activités de formation de base. Les études et recherches sur le système de santé réalisées par l’INAS, mentionnées ci dessus, ont proposé au ministère des alternatives de solution à des problématiques majeurs pour le système. C’est le cas de la stratégie de maternité sans risque qui a été fortement influencée par les orientations de l’étude sur les déficits en interventions obstétricales majeurs (AMMMM), ainsi que de l’évaluation de l’expérience SEGMA réalisée en 1994 et dont les résultats ont permis au système de prendre une décision importante relative au maintien, voire même l’extension du mode de gestion des hôpitaux SEGMA. Une autre étude commanditée par la BIRD a permis au système de définir les zones d’interventions prioritaires et le contenu d’un grand projet sectoriel (Projet Priorités Sociales dit BAJ), lequel projet est venu réduire les effets du Programme d’Ajustement Structurel (PAS). 2.4.3. Garantie des outils de mise en œuvre : Les données recueillies dans ce cas, sont relatives à des outils de gestion qui ont été développés par l’institution et injectés dans le système. Les instruments qui ont été rapportés sont les suivants: - L’initiation du discours sur l’intégration à une époque où l’approche verticale était dominante. En effet, l’INAS a organisé une table ronde sur le sujet à laquelle ont été invité les responsables des programmes et des experts et a effectué des études sur le sujet, - L’introduction du système de référence contre référence ; - L’utilisation des échéanciers ; qui sont maintenant utilisés un peu partout dans les ESSB. - L’introduction de l’approche d’équipe pour la résolution des problèmes ; - L’introduction de l’audit clinique qui constitue une révolution dans notre système. Il commence à s’imposer et à devenir un instrument incontournable. Le lien entre ces outils et certaines orientations politiques n’est pas à démontrer puisque depuis longtemps, les plans sectoriels expriment le souci de rationalisation des choix et des ressources et l’amélioration de la qualité. 57 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 2.4.4. Création et renforcement de partenariats La lecture des données recueillies témoignent qu’il s’agit d’un point fort de cette stratégie. Depuis sa création, l’INAS a servi de trait d’union entre les décideurs politiques et des acteurs nationaux et internationaux. En effet, des liens de partenariat ont été développés avec le milieu universitaire et celui des organisations nationales et internationales. La particularité de ces relations est d’être structurées dans le cadre de projets de formation, de recherche et d’appui au système de santé. - - - En matière de formation de base : les principaux partenaires ont été les suivants : l’IMT Anvers, l’Université de Montréal, l’Université Libre de Bruxelles et tout récemment avec l’Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes. En matière de formation continue, les collaborations ont été multiples. Au niveau national des relations de collaboration ont été développées avec le milieu universitaire (Cas de l’Université Mohammed V, de l’ISCAE (institut supérieur de commerce et d’administration de l’entreprise, l’INSEA (institut national de statistique et d’économie appliquée) et avec les directions centrales du Ministère de la Santé. Au niveau international, il s’agit également d’institutions universitaires (IMT d’Anvers, Université de Montréal, Université Columbia, ULB de Bruxelles…) et organismes internationaux (OMS, FNUAP, USAID, UE, ACDI, MSH Boston ; Initiative Sud-sud, etc.). En matière d’enseignement à distance : avec l’Ecole de Santé Publique de Nancy et l’Université Chappel Hill de la Caroline du Nord. En matière de recherche : avec l’IMT d’Anvers, le CRDI (Canada), l’UE, l’Université North Caroline, etc. En outre, l’institution a été reconnue par l’OMS, en 1993, en tant que « Centre Collaborateur de l’OMS’ » dans les domaines de formation en gestion sanitaire et de recherche sur les systèmes de santé. Il faut inscrire également dans ce domaine la création de l’association des Lauréats de l’INAS (ALINAS) et la contribution active de l’INAS à la création des économistes de la santé du Maghreb (RESSMA). La société civile est pratiquement absente de ce partenariat (si on exclue les deux cas de l’ALINAS et du RESSMA) ainsi que le secteur médical privé. A travers toutes ces relations, l’institution a introduit un langage, des outils, a offert l’occasion aux acteurs du système de se rencontrer des experts nationaux et internationaux. 2.4.5. Garantie de organisationnelle concordance entre buts politiques et structure Dans les propos recueillis et documents consultés, cette stratégie ne paraît pas couvrir ce domaine. N’empêche que l’institutionnalisation de la 58 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc formation en gestion est une forme de rapprochement entre les stratégies, les structures et les acteurs du système. A travers son enseignement et débats sur les stratégies et organisations sanitaires d’une part et sa participation à l’élaboration des stratégies directement ou indirectement, l’INAS contribue à la réduction des écarts entre les structures et les stratégies et créé les conditions pour permettre aux dirigeants d’être efficaces. L’institutionnalisation de la formation en gestion est fondamentalement une stratégie de capacitation individuelle, mais la diversité de la mission de l’INAS fait que, sa contribution à la capacitation du système passe également par la couverture relative de cinq domaines de stewardship. Mais cette institutionnalisation de la formation paraît souffrir d’un certains nombre de maux qui relativisent son rôle dans la capacitation du système de santé marocain. Il s’agit notamment de : - - - L’absence d’autonomie de gestion de l’Institut, ce qui limite sa dynamique surtout en matière de recherche et développement ; L’absence d’un cadre formel de régulation des relations entre l’INAS, les directions centrales et les services extérieurs. Aucune règle n’est définie pour l’encadrement et l’orientation de ces relations ; La faiblesse de son staff qui, malgré sa bonne volonté et son engagement pour l’INAS, trouve du mal à forger la carrière de l’enseignement et de la recherche (professionnelle ou académique). Sa faible participation dans les grands dossiers du Ministère de la santé comme ceux liés à la réforme et à la régionalisation. L’apport de cette stratégie a été comparé, par un informateur clé, à un grand projet de développement qui a accompagné la transition du système de santé d’une phase ou l’emphase était mis sur les immobilisation et le quantitatif (construction, équipement, production de ressources) à une phase où l’emphase est mis sur le qualitatif et la compétence (qualité des soins, performance, etc.). En conclusion, quoi qu’il est difficile de distinguer l’apport spécifique de cette stratégie dans la capacitation du système, nous croyons que l’effet combiné de tout ce qui a été mené par l’INAS a contribué à une couverture satisfaisante d’au moins trois domaines : la génération de renseignements utiles pour le système, la formulation de politique et de stratégies de santé et le développement de partenariats et réseaux. «L’intensité de cet apport a varié dans le temps, en fonction des contributions de l’institution mais aussi en fonction de l’appui politique qui lui est apporté», a tenu à nuancer un répondant (voir tableau de la tableau n° 9). 59 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 9 : Contribution de la stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion à la couverture des domaines de stewardship Domaines de stewardship D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé D3 Garantie d’outils de mise en œuvre D4 Renforcement des partenariats et réseaux D5 Concordance entre politique et organisation D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur Formation formation de base continue Recherche & appui au système Stratégie INAS Observations Moyennement couvert Faiblement couvert Moyennement couvert Bien couvert + +/- +++ ++ +/- +/- ++ + ++ ++ ++ ++ +++ +++ +++ +++ ++ +/- + + Faiblement couvert NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA 60 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 3. STRATÉGIE DES RECHERCHES ET ENQUÊTES NATIONALES SUR LA SANTÉ 3.1 Genèse La raison d’être des systèmes de santé est d’améliorer l’état de santé de sa population. Ceci passe nécessairement par la mesure de cet état de santé et de tendance (monitorage). C’est l’une des raisons qui renforce, à priori, le poids de cette stratégie. L’autre raison est en rapport avec la nécessité d’avoir des projections sur les populations cibles pour alimenter en information tout processus de planification. La première enquête nationale qui permis aux autorités nationales de disposer des premiers indicateurs de mortalité et de fertilité a été organisée en 79-80 : « Enquête Nationale sur la Fécondité et la Planification Familiale ». Cette étude s’inscrivait dans le cadre d’une enquête mondiale sur la fécondité. Puis il y a eu l’enquête nationale sur la planification familiale, la fécondité et la santé de la population (ENPS-I) en 1987 et l’ENPS-II en 1992. En 1995 l’enquête prend le nom de Enquête de Panel sur la Population et la Santé (EPPS) puisqu’elle faisait partie d’un programme mondial des enquêtes démographiques et de santé (Demographic and health survey DHS) financé par l’USAID. A côté de ces enquêtes démographiques, se sont développées des enquêtes centrées sur l’appréciation du niveau de morbidité et de mortalité chez des populations à risque : c’est le cas de l’Etude nationale sur les causes et les circonstances de la mortalité infanto-juvenile (ENCCD) de 1989; l’étude sur l’Approche de la mortalité et de la morbidité maternelle au Maroc (AMMMM) de 1992 et l’enquête nationale sur la santé de la mère et de l’enfant (ENSME) en 1997 connue sous la dénomination PAPCHILD et qui a été initiée dans tout le monde arabe. Vers la fin des années 1980 voit le jour un autre motif des enquêtes en rapport cette fois avec la maîtrise des coûts de soins. Dans ce cadre deux études ont été réalisées : « Etude du système de financement des secteurs de santé» en 1987 et les Comptes Nationaux de la Santé en 1998. En relation avec ces études de financement ont été réalisées des études sur la gestion hospitalière. Il s’agit notamment de l’étude sur le fonctionnement des hôpitaux de 1989, Etude d’évaluation de l’expérience SEGMA et l’Etude de faisabilité de la réforme hospitalière de 1997. Tout récemment ont vu le jour des enquêtes sur la morbidité et les facteurs de risque : Etude sur la charge de morbidité globale au Maroc (2000) ; Enquête national sur les facteurs de risque de l’Hypertension artérielle (2001) et l’Enquête épidémiologique sur la morbidité hospitalière (2001) sans parler des études spécifiques (IST-SIDA, vaccination etc.). 61 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Cette évolution des domaines de recherche traduit l’évolution des soucis nationaux en rapport avec la santé. Quatre soucis ont donc justifié et guidé le développement de cette stratégie au Maroc : La La La La maîtrise maîtrise maîtrise maîtrise de la fécondité et de la démographie; de la mortalité chez des populations à risque ; des coûts de soins et des dépenses hospitalières; de la morbidité et des facteurs de risque. Ces soucis traduisent également l’évolution de notre système de santé (transition démographique et épidémiologique) et les grandes orientations politiques (maîtrise de la fécondité, santé de la mère et de l’enfant ; la réforme du financement et la réforme hospitalière). La majorité des études ont une ampleur régionale ou mondiale en raison du fait que la majorité des pays sont confrontés aux mêmes problématiques. Ces enquêtes nationales se distinguent des autres sources d’information, notamment le système de routine, par leur caractère indépendant, leur fiabilité (précision des variables, du matériel et méthodes) et l’expertise nationale et internationale qu’elles mobilisent. Elles se distinguent également par l’étendue de leur portée puisqu’elles s’adressent à des variables que le système de routine ne peut colliger (pour des raisons de coût ou de non faisabilité opérationnelle). Ces caractéristiques viennent renforcer la légitimité, et par là l’autorité, de ces enquêtes nationales comme source d’information sur le système de santé. Ceci, en plus du caractère formel et national de ces études. C’est ce qui fait qu’elles restent les principales références en matière de santé. Il suffit, d’ailleurs, de consulter les documents qui traitent du système de santé marocain pour s’en rendre compte. Toutefois, par contrainte de temps, nous avons opté pour la documentation des études nationales qui ont été motivées par une problématique nationale et qui ont supporté une orientation politique donnée. Les enquêtes qui seront explorées dans le cadre de cette stratégie sont ; L’Enquête Nationale de Population et Santé (ENPS), L’Etude Nationale sur les Causes et les Circonstances des Décès (ENCCD); l’Approche de la mortalité et de la morbidité maternelle au Maroc de 1992 (AMMMM) ; et Les Comptes Nationaux de la Santé réalisées en 1998 (CNS). 3.2 Mission et objectifs : Les enquêtes démographiques et de santé avaient pour but de fournir des informations sur la fécondité et ses déterminants ainsi que sur la mortalité des enfants. Leur nature répétitive a permis au Maroc de disposer de repères pour faire des comparaisons et des études de tendances. Les études centrées sur la mortalité et la morbidité ont permis la réalisation des objectifs suivants : 62 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Décrire et documenter une situation problématique (mesure, écarts et déficits en interventions, besoins non couverts, utilisation des services. Les situations concernées par les études cibles sont : la mortalité maternelle, la pratique médicale (césarienne), ressources, Orienter la planification et l’organisation de l’offre de soins : dégager les priorités et les stratégies d’intervention, adapter le développement de l’infrastructure, Evaluer l’efficacité des programmes et des interventions, leur efficience, l’équité d’accès aux soins, l’égalité dans la répartition des charges, Apporter un appui au système par le développement d’outils de planification et de monitoring des interventions, comptabilité 3.3. Mise en œuvre 3.3.1. L’enquête nationale sur la population et la santé (ENPS) : C’est l’une des 4 grandes enquêtes démographiques réalisées au Maroc. Elle a permis de fournir des données nationales sur la structure de la population par âge, par sexe et par milieu. Elle a également permis de disposer de données socio-démographiques sur les ménages et sur la fécondité, la nuptialité, le risque génésique, l’allaitement des enfants et sur la couverture par certains programmes sanitaires. 3.3.2. L’Enquête nationale sur les causes et circonstances de décès (ENCCD) : Cette étude rétrospective a utilisé la technique de l’autopsie verbale. Elle a étudié les variations de la mortalité infanto-juvénile, selon les causes et les circonstances de décès. Elle a permis d’évaluer l’impact des programmes de santé sur une dizaine d’années. Ainsi, elle a permis la production des principales données suivantes : i) ii) iii) Cinq grandes catégories de causes de mortalité dont deux dominantes (81,3% de causes connues) : Maladies transmissibles (infectieuses et parasitaires) ; et les Causes périnatales ; Les trois autres catégories de causes associées : malformation (3,1%) ; malnutrition (1,7%) ; accident et violence (1,7%). Concernant les circonstances des décès : une grande partie de l’enquête s’est penchée sur le recours aux soins en particulier. Les changements enregistrés en moins de 10 ans concernant la mortalité par maladie vaccinale, par diarrhée et malnutrition, par maladie infectieuse sont importants et la diminution est respectivement de l’ordre de 86%, de 57% et de 57%. Par contre tout ce qui tourne autour de l’accouchement et des soins du nouveau-né, n’a pratiquement pas changé. Ceci révèle une importante lacune dans le système sanitaire marocain. En effet, malgré l’augmentation du nombre d’accouchements dans les 63 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc iv) v) vi) structures sanitaires, la prise en charge du nouveau-né ne s’est pas traduite par une baisse de la mortalité. Les recours aux soins se sont améliorés sensiblement tant sur le délai (entre l’apparition des symptômes et la première visite) que sur le motif (non recours du à l’éloignement et au facteur financier) Le changement dans la hiérarchie des causes : Ex. le tétanos qui occupait la première place est passé à la huitième. La baisse impressionnante de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. 3.3.3. Approche de la mortalité et de la morbidité maternelle au Maroc (AMMMM) En plus d’être une méthode innovatrice en matière d’appréhension de la santé maternelle, l’AMMMM a permis de disposer au niveau national et par aire géographique d’information sur la fréquence des interventions obstétricales, leurs indications (maternelle ou infantile), leurs causes, leur gravité (indication absolue) et leur distribution à travers le territoire national. Cette étude pilotée par l’INAS a permis d’initier un certains nombre d’autres études au niveau national (Taounate et Sefrou) ou international, de même qu’elle a influencer la formulation de la stratégie de maternité sans risque au Maroc. 3.3.4. Etude sur le fonctionnement des hôpitaux C’est la première étude nationale qui porte sur la gestion des hôpitaux publics. Elle comporte une trentaine de rapports. Les constats les plus importants rapportés par cette étude sont : ♦ L’absence de textes législatifs réglementant la mission, le statut, le financement, l’organisation et les normes des hôpitaux publics ; ♦ La défaillance des structures de coordination qui retentit sur le rôle d’appui que doit jouer l’hôpital au profit des établissements de soins de santé de base ; ♦ L’insuffisance du développement du secteur privé dans le cadre de la réhabilitation du secteur de la santé dans son ensemble, ♦ La faible autonomie de l’hôpital qui est incompatible avec la nature même de l’activité hospitalière, ♦ La non maîtrise des ressources financières mises en œuvre que ce soit par les hôpitaux ou par les pouvoirs publics, ♦ L’absence d’outils de contrôle, un système d’information défaillant, organisation hospitalière non structurée et non adaptée pour la mise en place d’outils modernes de gestion, ♦ Les fonctions exercées par le Ministère de Santé (fonctions normatives, de contrôles, allocation de ressources et de service) sont en conflit et ne sont pas clairement définies, 64 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc ♦ Les recettes de la facturation sont dérisoires et les patients contribuent beaucoup plus par des apports en nature que par les paiements du prix des services consommés, ♦ L’amélioration du financement et des sources du financement des hôpitaux exige un ensemble complexe de mesures qui relèvent en grande partie de la politique générale de financement des hôpitaux. La correction du système de financement conduit à fixer deux objectifs de base : accroître les ressources financières mises à la disposition du réseau des hôpitaux ; Assurer la transparence du système de financement. ♦ L’étude a exploré également les rôles des acteurs et a identifié des dysfonctionnements notables dans ce cadre. 3.3.5. Les Comptes Nationaux de la Santé (CNS) : Selon le rapport sur les CNS (1997/98), les données générées sont multiples dont les principales peuvent être résumées dans les points suivants : - Le niveau de la dépense globale de santé et de la consommation médicale ; - L’importance relative des sources de financement (ménages 54 % ; assurance 16 %, l’Etat 24 %, les entreprises privés 5 %, les collectivités locales : 1 %, la coopération internationale : 1 %). - La distribution des flux financiers selon les différentes sources de financement de la santé qui a montré que les hôpitaux publics qui représentent 82 % de la capacité litière nationale ne bénéficie que de 6 % du flux financier de l’assurance maladie. Ce qui veut dire que la solution aux difficultés financières des hôpitaux ne résident pas dans ce régime sauf si les hôpitaux publics deviennent concurrentiels aux cliniques privées; - L’analyse fonctionnelle des dépenses des prestataires : part des dépense des médicaments et biens médicaux (37 %), part des dépenses de soins ambulatoires publics et privés (31 %) et hospitaliers (20 %), les dépenses d’administration du système (7 %) etc. - L’analyse de la distribution du budget de l’état alloué à la santé : ce lui-ci est estimé à 175 DH par habitant et représente 5 % du budget de l’Etat et 1 % du PIB. Il est destiné à couvrir les dépenses hospitalières dans une proportion de 47 % et les dépenses du RSSB dans une proportion de 38%. Les programmes sanitaires sont également financé en grande partie par ce budget. L’étude a permis de mettre en évidence l’insuffisance de la dotation du secteur de la santé et l’insuffisance de sa part de financement collectif (estimée à 41 %). Elle a permis de justifier la nécessité de recourir à un autre mécanisme de financement pour assurer la couverture des populations défavorisées (Régime d’assistance médicale). 65 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 3.4. Contributions à la couverture des domaines de stewardship 3.4.1. Génération de renseignements pour le système : L’analyse des rapports relatifs de ces différentes études nationales permet de confirmer la couverture évidence de ce domaine par la stratégie des études et enquêtes nationales. La diversité des renseignements produits peut être regroupée dans les catégories suivantes : - - - - - - - Santé de la mère et de l’enfant : fécondité, nuptialité, mortalité juvénile et mortalité maternelle, morbidité, causes et circonstances des décès de mortalité maternelle ; Utilisation des services de santé et comportements des populations devant un problème de santé : allaitement maternel et nutrition des enfants ; Planification familiale (prévalence et sources d’approvisionnement en contraceptifs), consultation prénatale ; accouchement, vaccination ; Besoins de santé et distribution géographique des problèmes de santé (par milieu, par province, par région et parfois même par zones géographiques ; Organisation et fonctionnement des structures de soins hospitalier : statut des hôpitaux, supports législatifs, rôles des acteurs publics et privés, financement, outils de contrôle et de gestion budgétaire (cas de l’étude sur le fonctionnement des hôpitaux) ; Efficacité des programmes de santé publique au Maroc, en particulier le programme national d’immunisation (PNI) et le programme de lutte contre les maladies diarrhéiques (PLMD, PF, etc.) ; Surveillance des causes de décès de la mère et de l’enfant : enregistrement des décès d’enfants dans les bureaux d’hygiènes, inscription des causes sur les certificats de décès, et l’analyse de ces données pour fournir aux décideurs en temps réel les éléments nécessaires à des prises de décision rationnelles (ENCCD) ; Dépenses de santé et sources de financement (CNS). Cette étude a permis d’identifier les flux financiers ; leur répartition entre les différents intervenants (Etat, entreprises, collectivités locales, coopération internationale), le niveau de la consommation médicale, le coût des soins. Comme elle a permis de relativiser le budget du MS par rapport au budget de l’Etat et surtout par rapport à certaines problématiques jugées prioritaires. L’étude a démontré les problèmes d’iniquités et d’affectation des ressources financières entre les différents services, provinces et hôpitaux du ministère, ainsi qu’au sein des groupes de populations cibles. Selon un informateur clé, principal artisan dans cette étude, « les CNS ont apporté des informations sur les forces et faiblesses du système de financement essentiellement sur : qui finance quoi, combien mobilise-ton de ressources ? Où vont les ressources en terme d’activité, d’institutions ? Ils ont mis en évidence les problème d’équité liés au financement et à la répartition des ressources. Ils ont ainsi permis de 66 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc circonscrire le financement du système de santé, de décrire les régimes d’assurance maladie et tous les acteurs impliqués dans le financement ». Nous remarquons que ces enquêtes et études ne s’intéressent pas uniquement à la description et à la documentation mais se prononcent également sur l’efficacité de certaines interventions ou programmes de santé. Comme elles abordent également les domaines d’analyse et de monitorage des causes de décès par exemple. Selon un informateur clé, les données fournies par les enquêtes nationales ont permis, selon lui, de « mieux définir les problèmes : préciser l’ampleur du problème. On connaissait ce qui est déclaré par le système d’information du ministère, et rien sur ce qui se présente au niveau des secteurs médicales et pharmaceutique privés. Connaître la perception de la maladie chez la population et les attitudes liées à celle-ci, ainsi que chez les professionnels de santé. Dégager un modèle de prise en charge (PEC) basé sur la connaissance de ces phénomènes et d’améliorer par là, la qualité des soins ». Comme nous l’avons souligné plus haut le domaine de génération d’information ne souffre pas de manque d’études et de recherche pour alimenter le monitorage du système, mais de l’insuffisance d’exploitation de ces enquêtes à des fins de pilotage du système. Ces études et recherches sont moins connus par les acteurs du terrain que par l’administration centrale. 3.4.2 Formulation de politique et de stratégie de santé : Dans ce cas aussi, il existe un lien assez évident entre les données produites par les recherches en question et l’impact sur la formulation de stratégies et de politiques de santé. Le caractère national et formel ainsi que la légitimité scientifique des études font d’elles le principal support dans l’élaboration des orientations politiques. La reconnaissance et l’appui international à leur réalisation contribuent également à leur autorité politique. Les résultats de la documentation et des entretiens confirment cette tendance qui se manifeste à travers les stratégies et politiques de santé suivantes : la politique de planification familiale qui justifiait d’ailleurs la majorité de ces études et leur reconduction. Ce souci de maîtrise de la fécondité dépasse le département de la santé, puisque la maîtrise de la transition démographique est un souci de gouvernement ; les programmes se rapportant à la santé des enfants qui inspirent leurs orientations et leur éfficacité des enquêtes ENPS, ENCCD et ENSME ; la maternité sans risque dont la stratégie a été initialement orientée par l’AMMMM et qui a débouché sur l’augmentation des ressources allouées à ce domaine d’intervention et au renforcement de la filière de formation de sages-femmes. Selon un informateur clé, «les résultats de la recherche sur les IO ont été immédiatement versés dans le processus de planification et de politique nationale et même au niveau 67 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc provincial cas de Taounate, de Ouarzazate, etc. Tous les documents de programmes, de plan sectoriel du ministère, de l’USAID, etc. en font la référence. Cette recherche a permis de relancer la stratégie de maternité sans risque », comme elle a permis «l’identification des zones d’intervention prioritaires, là où le déficit est plus élevé». L’extension du mode SEGMA à 76 hôpitaux a été supportée par les résultats de l’étude d’évaluation de l’expérience SEGMA menée par l’INAS ; S’agissant de l’étude sur les CNS, selon un informateur clé et selon notre propre connaissance du système, les résultats de celle ci ont été utilisés par le MS pour « négocier plus de ressources financières et leur allocation, préparer la réforme financière, alimenter la réflexion dans le cadre de la charte relative au volet financement ; plaidoyer en faveur du code de couverture médicale obligatoire de base (projet de loi déposé et adopté par le parlement». Elle a permis également d’orienter les choix politiques dans la réforme du financement et le code de la couverture médicale. Elle a offert en plus la possibilité de mesurer la tendance, en matière de dépenses de soins, par rapport à l’étude de 1987. Une des personnes interviewées est allé jusqu’à considérer que « l’information est utilisée surtout pour les choses politiques et pour le diagnostic des situations plutôt que pour le changement» . 3.4.3. Garantie d’outils de mise en œuvre : Dans ce cadre, trois études (sur les 5 documentées)ont permis le développement d’outils de mesure et de monitorage d’actions sanitaires. Ainsi l’étude sur le fonctionnement des hôpitaux a été derrière l’élaboration du règlement intérieur en 1993 et de la mise en place de la Commission Médicale Consultative (CMC). Pour ce qui est de l’AMMMM, elle a permis l’élaboration d’une méthode de monitorage des interventions obstétricales et de leurs issues et la production de nouveaux indicateurs (Déficit en interventions obstétricales majeures (IOM), déficit en IOM pour indication maternelle absolue IMA) plus opérationnels que celui du taux de mortalité maternelle. Ces indicateurs sont facilement utilisables par les services extérieurs du Ministère de la Santé et peuvent être intégrés dans le système de routine. Ceci n’est malheureusement pas le cas actuellement. L’étude des CNS a permis le développement d’un logiciel et d’une application adaptés au contexte marocain et qui facilitent la réalisation de la deuxième version des CNS. En fin, soulignons les propos de cet informateur qui déclare que «la recherche lui a permis de développer des instruments de mise en œuvre de la prise en charge. Il s’agit particulièrement d’algorithme qui a été développé dans ce cadre, testé et généralisé à l’ensemble ». 68 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 3.4.4.Développement de réseau et de partenariat : Là également, nous avons relevé une grande dynamique de réseaux qui sont construits autour d’un type d’enquête. C’est le cas de l’ENPS qui a un caractère international, de l’ENSME qui a été développé par tous les pays arabes. Mais certaines études étaient, par leur originalité ou leur succès, derrière le développement de partenariats plus forts. C’est le cas de l’AMMMM qui était à l’origine de la création d’un Réseau international qui travaille sur les besoins obstétricaux non couverts. C’est le cas des CNS qui ont été à l’origine d’un partenariat entre le MS et le secteur privé et semipublique. Selon un informateur clé, « les CNS ont permis beaucoup de partenariats et de réseaux. Par exemple, il n’y a jamais eu dans l’histoire du MS de relation avec les compagnies d’assurance maladie privé. Ce sont les CNS qui ont ouvert la porte pour ces contacts, notamment avec la Fédération Marocaine d’Assurance et de Réassurance et avec le Centre National de Protection des Accidents. On a aussi développé des réseaux, avec des entreprises (Office Chérifien des Phosphates (OCP), avec l’Office Nationale des Chemins de Fer (ONCF), etc.) et avec d’autres départements ministériels (intérieur) et la direction de la statistique » Par ailleurs, un autre répondant a tenu a signaler le cas d’autres recherches qui lui ont permis, selon ses propos, «d’initier et de développer des relations avec les ONG (Association de lutte contre le SIDA, l’association ‘jeunesse SIDA’ etc.) et avec le milieu universitaire particulièrement en sociologie etc. Comme, elle a contribué de manière synergique avec d’autres actions, à l’établissement d’une bonne relation entre l’administration centrale et les services périphériques ; puisqu’ils sont impliqués dans les travaux de recherche, sont mieux informés des décisions, et des activités de lutte ». Le tableau du tableau n° 10 synthétise cette couverture des domaines et montre que quelque soit la nature de l’étude nationale, les domaines D1 (génération d’information) et D2 (capacité de formulation de politique et stratégies de santé) sont toujours bien couverts. Nous pouvons également dire que certaines enquêtes nationales présentent un potentiel important comme outils de mise en œuvre de politique sanitaires (D 3) ou comme moyen de développement de réseaux et de mobilisation de ressources (D4) comme c’est le cas ici de l’AMMMM et des CNS. L’intérêt de ce genre d’observations est de donner aux études nationales cette orientation pour lui permettre de renforcer la capacitation du système en matière de stewardship. 69 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 10 : Contribution de la stratégie de la recherche et enquêtes nationales à la couverture des domaines de stewardship Domaines de stewardship ENPS D1 Génération de +++ renseignements D2 Formulation de +++ politiques de santé D3 Garantie d’outils 0 de mise en œuvre D4 Renforcement + des partenariats et réseaux D5 Concordance 0 politique et organisation D6 Garantie de NA Redevabilité D7 Protection du NA consommateur ENCCD Fonction AMMMM nement hop. CNS SCBS Recherc he et enquêtes Observations ++ ++ ++ +++ +++ Bien couvert ++ + + +++ +++ Bien couvert +/- ++ ++ ++ ++ + + ++ ++ ++ Moyennement couvert Moyennement couvert 0 + 0 0 +/- Non couvert NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA 70 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 4. STRATÉGIE DES FORA ET COLLOQUES NATIONAUX SUR LA SANTÉ Le système de santé s’est toujours donné des moments de réflexion et de débats autour de questions liées à la santé. Son évolution est marquée par l’organisation de débats techniques, professionnels et politiques autour de thèmes particuliers comme la couverture sanitaire, la réforme du financement, la politique du médicament, la santé au monde rural, la régionalisation etc. Parmi ces rencontres, certaines se sont distinguées par leur forte connotation politique et leur mobilisation d’acteurs de différents secteurs. Cette stratégie s’intéresse à ce genre de rencontres en vue d’apprécier leurs effets sur la capacitation du système en matière d’administration générale (ou stewardship). 4.1. Genèse L’année 1959 a connu la tenue de la 1ère Conférence Nationale sur la Santé. Le fait qu’elle soit organisée à l'aube du Maroc indépendant sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohamed V, lui a conféré une dimension nationaliste. Ce qui l’a animé d’une volonté politique et d’un engagement solennel en faveur de la santé. Puis, il fallait attendre une vingtaine d’années pour renouer avec ce genre de manifestation sur instructions royales. Cette deuxième rencontre organisée en 1978 n’a pas eu de succès et n’a pas été assez documenté. En 1982, et sous l’égide du Premier Ministre, le Ministère de la santé organisa le colloque national sous le thème « Santé et Développement Socio-économique ». Dix années plus tard (1992), le département de la santé organisa, sous la présidence de Monsieur le Ministre de la santé, le colloque national de Ouarzazate sur « Le Développement Sanitaire au Maroc : Réalités et Perspectives ». Remarquons tout d’abord que le niveau de patronage politique de ces manifestations a évolué de la présidence effective du Roi à la présidence effective du Ministre de la santé. L’autre remarque qui s’impose est en rapport avec la tendance vers l’appropriation de cette activité par la société civile sous le patronage effectif ou symbolique des princesses (protection de l’enfance, protection de l’environnement, protection des handicapés etc.). Tout récemment (2002) et dans un effort de rebond, le Ministère de la Santé à lancé un nouveau chantier en rapport avec cette stratégie qui est le projet d’une charte nationale de la santé. D’autres rencontres nationales se rapportant à la santé ont été organisées, mais ces 4 rencontres nationales sont les plus connues et celles pour lesquelles circulent encore de la documentation. 4.2. Objectifs Les objectifs derrière l’organisation des fora sur la santé n’ont pas été assez explicités. Même pour le projet de la charte de la santé, les justificatifs n’étaient pas largement débattues. A travers les documents et les 71 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc informateurs clés consultés, il ressort que les objectifs affichés ne correspondaient aux motivations réelles derrière l’organisation des foras sur la santé. Pour certaines personnes interviewées, ils sont «incontournables dans la gestion d’un système de santé ». Pour d’autres, ils sont assimilées à des actions de «show médiatique» fait pour la consommation politique, ou à « un souk, où on vient pour étaler et vendre sa marchandise » ou encore à « une démarche de validation » d’un programme politique. C’est pour cela que l’un des informateurs clés considère qu’il ne s’agit pas vraiment d’une stratégie de capacitation du système. A cela les informateurs clés citent la conférence de 1959 comme une exception vu les conditions exceptionnelles dans lesquelles elle a été organisées. 4.3. Mise en œuvre : les thématiques Les discours et les positionnements des acteurs et des institutions constituent les matières les plus consommées dans les fora et les colloques. C’est ce qui nous amène à décrire leurs activités à partir d’une analyse de l’évolution de leur thématiques. Ainsi en comparant les thèmes des commissions de la conférence nationale de 1959 et ceux des travaux préparatoires de la charte on remarque bien qu’il y a un changement dans les soucis politiques en rapport avec la santé. Au cours de la conférence de 1959, six commissions ont été constituées : doctrine de la santé, la prévention, la santé, la formation professionnelle, l’aide et l’assistance sociales, la pharmacie. Quarante trois années plus tard, la préparation d’un projet de charte s’est organisée autour de sept thématiques : le droit à la santé, l’appréciation de l’état de santé et de sa tendance, l’offre de soins, les médicaments et l’équipement, la gouvernance du système de santé, le financement de la santé et la recherche en santé. Ainsi, on retrouve toujours le souci de préciser les principes fondamentaux du système de santé (doctrine de la santé, droit à la santé), d’améliorer l’offre de soins et de renforcer la politique du médicament. Nous remarquons également l’émergence d’un nouveau souci, celui de la bonne gouvernance. Les soucis liées à la recherche et au financement s’étant exprimés de façon particulièrement aiguë lors du colloque de 1992. Cette évolution montre que quelque soient leur motivation les fora sur la santé constituent un espace privilégié pour mettre en commun et débattre les principaux soucis liés au développement du système de santé. Les fora constituent, à ce titre, à la fois un préalable et un instrument pour la mobilisation d’acteurs autour d’une politique de santé. 4.4. Contribution à la couverture des domaines de stewardship Aussi bien les documents que les entretiens avec les informateurs clés, laissent apparaître le caractère conjoncturelle de la stratégie des fora et la facilité de sa mobilisation à des fins de propagande politique. Sa relation avec la capacitation en stewardship manque d’évidence et ne se manifeste 72 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc qu’à travers son rôle dans l’habilitation à la formulation de politique et de stratégie de santé et sa mobilisation d’acteurs. Les fora sont également des moments privilégiés pour l’exploitation et l’utilisation de données sanitaires nationales et internationales. C’est une occasion pour apprécier l’utilité et les limites des informations produites par le système. Ceci nous amène à n’apprécier, dans cette stratégie, que la couverture des domaines de génération de renseignement sur la santé, de la formulation de politique et le développement de partenariat et réseaux. 4.4.1. En matière de génération des renseignements sur le système de santé Les travaux de la 1ère Conférence nationale sur la santé de 1959 représentent la première analyse de situation sanitaire réalisée au Maroc. Les renseignements présentés étaient très limités, mais ont permis de dresser un portrait sommaire sur le niveau de l’offre de soins (17 lits pour 10.000 habitants, 1 médecin pour 10.000 habitants, 01 pharmacie pour 120.000 habitants) et de l’état de santé (13.500 nouveaux cas de tuberculose, des flambées de paludisme). Sur cette base le priorité a été donnée à la lutte épidémiologique et au développement des ressources humaines. Dans le colloque de 1982, les informations livrées et débattues touchaient un large éventail de domaines. Elles étaient l’œuvre d’intervenants multidisciplinaires (économistes, juristes, épidémiologistes, et professionnels de santé…). Lors du colloque de 1992, les renseignements fournis touchaient sensiblement les mêmes domaines et soucis, avec un accent particulier sur l’évolution de la politique sanitaire, à travers l’analyse de l’évolution des plans de développement sanitaire, sur le financement et la promotion de la recherche en santé. Capitalisant sur cette évolution, les travaux de préparation de la charte ont amené un nouveau ceci, celui de la bonne gouvernance du système de santé. Les fora et colloques nationaux ont donc pour rôle de diffuser l’information sanitaire, de susciter des réactions et des commentaires d’acteurs autour des interprétations qu’elle suppose. Le but étant de la rendre une base de prise de décision politique. 4.4.2. Capacité de formulation de politiques et de stratégies de santé La couverture de ce domaine de capacitation parait évidente uniquement dans la conférence de 1959, vu qu’elle a débouché sur une « doctrine de la santé » qui a tracé les principes fondamentaux du système national de santé (gratuité, système public, participation des collectivités à la santé etc.) et qui était à la base de la formulation des plans de développement sanitaires des années 1960. C’était la seule fois où on parlait de résolutions et non de 73 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc recommandations. Le projet de charte avait également cette ambition, mais il est actuellement en instance et e produit de ses travaux n’est pas encore rendu publique. Aussi, est-il important de signaler que l’expression et le positionnement des différents détenteurs d’enjeux du système de santé lors de ces rencontres donnent à cette stratégie de fora le cachet d’un « consensus nationale » sur la santé. 4.4.3. Création de relations et de partenariat et de réseaux Nous n’avons pas relevé d’information directe sur la couverture de ce domaine. Mais, nous pouvons postuler que, vu le nombre importants de participants à ces manifestations et la diversité de leurs profils (décideurs, experts et chercheurs nationaux et internationaux), certaines alliances ou relations de partenariats y sont initiées. Il reste que nous n’avons colligé aucun cas d’alliance de ce genre. Tableau 11 : Contribution de la stratégie des fora et colloques sur la santé à la couverture des domaines de stewardship Domaines de stewardship D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé Conféren ce de 1959 Colloque de 1982 Colloque de 1992 Projet de charte Stratégie des fora Observations + + ++ ++ ++ Moyennement couvert +++ + ++ ++ ++ Moyennement couvert (Habilitation et plaidoyer) D3 Garantie d’outils de mise en œuvre - - +/- + +/- +/- +/- +/- +/- +/- NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA NA ++ (Doctrine) Faiblement couvert (Manque de résolution) D4 Renforcement des partenariats et réseaux D5 Concordance entre politique et organisation D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur NA: Non applicable. Ainsi la stratégie des fora et colloques nationaux ne paraît pas avoir été une stratégie de capacitation en stewardship au Maroc. Toutefois elle reste porteuse d’un potentiel important de couverture des domaines D1 et D2. ce qui fait d’elle plus un instrument de politique sanitaire qu’une stratégie de capacitation en stewardship. 74 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 5. STRATÉGIE DE COOPTATION ET/OU PARRAINAGE Dans le volet 1 de cette étude, l’accent a été mis sur la dimension de stewardship comme fonction d’un système de santé et comme « qualité d’une organisation » (Ministère de la Santé). Dans ce volet 2 de l’étude, l’accent est mis sur cette dimension en tant que « qualité d’acteurs » du système de santé, c’est ce qu’on a convenu d’appeler « dimension stewards ». Ces deux dimensions ne sont pas exclusives, au contraire, dans une analyse stratégique comme celle-ci, l’une ne peut être envisagée sans l’autre. Ce qui nous intéresse dans la présente étude, c’est de savoir : Est-ce que la stratégie de cooptation, identifiée comme stratégie de capacitation individuelle, permet le développement de cette qualité de stewards chez les acteurs du système de santé ? En cas d’affirmation, comment elle contribue à la couverture des domaines de stewardship ? Nous avons prévu de vérifier, en plus de cela, comment les stewards identifiés ont acquis cette qualité : est-ce à travers un parrainage, une cooptation ou un autre mécanisme ou stratégie qui reste à définir ? Une alternative méthodologique à cette démarche, aurait été de s’enquérir à travers le sondage sur les stewards ayant accédé à la fonction de pilotage par cooptation. Mais dans ce cas, l’information ne serait pas fiable, d’abord en raison de la nature informelle et quasiment personnalisée de cette stratégie et puis en raison des biais de sélection en rapport avec la nouveauté et la complexité du concept de steward. L’approche préconisée offre donc l’avantage d’être à la fois exploratoire et analytique, ce qui permet un enrichissement dans la documentation de ce type de stratégie. 5.1. Identification des stewards Pour augmenter la validité des choix dans ce deuxième volet de l’étude, nous avons opté pour l’identification des stewards à partir d’un sondage auprès de 23 gestionnaires témoins qui ont tous plus de 10 années d’ancienneté. Ce sondage a permis d’identifier à la fois les décideurs « perçus comme stewards » et les motifs de leur qualification comme stewards. Ainsi, 13 décideurs ont été cités au moins une fois comme « steward ». Parmi eux il y a 5 ministres, 1 secrétaire général, 1 inspecteur général, 4 directeurs centraux et 2 chefs de division. Bien que lors du sondage, on a précisé qu’un steward n’est pas nécessairement quelqu’un qui a un rôle formel au Ministère de la Santé, aucun des « stewards » identifiés n’est extérieur à ce Ministère. Ce qui revient à dire que, dans la perception des gestionnaires, le « rôle formel » est déterminant dans l’exercice du stewardship. Parmi ces rôles formels, les postes de « Ministre » et de « directeur central » sont les 75 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc plus cités. Mais si on les rapporte aux choix possibles16, seul le poste de « Ministre » ressort comme rôle prédisposant formellement à la fonction de « steward ». L’analyse des scores montre que les cinq premiers rangs sont occupés par 02 Ministres, 01 secrétaire général et deux directeurs. Ceci conforte le constat précédent. Notons également que, parmi les 13 « stewards cités », 6 sont actuellement en poste au Ministère de la Santé. 5.2. Qualités reconnues des stewards identifiés Pour justifier leurs choix des stewards, les gestionnaires-témoins interviewés rapportent comme motifs de leurs choix les qualités suivantes : i) L’entreprenariat : qui se traduit par la capacité de l’acteur à : o o o o o o Créer de nouvelle structure ou de nouvelles institutions ; Initier des réformes; Introduire des outils du management moderne ; Restructurer et développer les structure existantes ; Développer et renforcer des programmes de santé, Initier ou développer un système d’information, un projet de développement sectoriel ou un mode de financement. La qualité « d’initiateur » domine tous les motifs identifiés. Elle a été rapportée 13 fois dans le sondage, si on y ajoute les homonymes de « créateur», « innovateur » et « promoteur », rapportés 4 fois, cela fait de cette qualité l’attribut fondamental dans la perception d’un steward (voir annexe 6). Par ailleurs, nous remarquons que cet attribut porte soit sur une action de restructuration du Ministère ou de l’une de ses composantes (un institut), soit sur une action de réforme (financement, hôpitaux), soit sur une action d’institutionnalisation (création de l’INAS), soit enfin sur une action de stratégie (formation à l’étranger, développement d’un programme ou d’un outil etc.). ii) Bon dirigeant : L’autre qualité avancée se rapporte à la capacité de direction. Elle se traduit par les caractéristiques suivantes : o l’efficacité et la rapidité dans les décisions, o le leadership, o la mise en valeur et le suivi des actions de santé, 16 5 Ministres cités sur 11 choix possibles, 4 directeurs centraux cités sur plus de 20 choix possibles. 76 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc o o o o l’appui aux services extérieurs et connaissance du terrain, la délégation des tâches, esprit de santé publique, la gestion participative. iii) Qualités personnelles : Le troisième groupe de caractéristiques est inhérent aux qualités personnelles : charisme, sagesse, franc-parler, mobilisateur, honnêteté et sens de la responsabilité (voir annexe 6). Ainsi, dans la perception des gestionnaires, le « steward » est une personne qui a des qualités personnelles et qui a le profil d’un entrepreneur et/ou d’un bon dirigeant. A travers les entretiens réalisés avec les stewards, il paraît évident que la formation formelle ne fait pas un steward. « On ne peut pas former à mon sens, un leader sur les bancs de la faculté ou à l’INAS ». Mais il y a une unanimité sur la nécessité d’utiliser la formation comme moyen pour outiller les stewards potentiels une fois ceux-ci identifiés. « il faut qu’il y’ait quelque chose de structuré pour mieux outiller les gens à faire face aux difficultés que peut poser le pilotage » . Un responsable du Ministère doit avoir une formation multidisciplinaire et cette capacité d’adaptation à toutes les situations. Il faut avoir une formation solide, il faut qu’il ait de l’expérience, il faut être dans le système. « Il faut également que le système ait les moyens pour repérer les leaders ». Cette perception reflète les différentes théories de leadership qui dominent la littérature du management17 : 17 la théorie du leader-né (axée sur les traits de caractère ou de personnalité) : Théorie traditionnelle selon laquelle le leadership est une question de vocation héréditaire « on naît chef, on ne le devient pas » ; la théorie situationnelle de la contingence : selon laquelle ce sont les grands évènements qui font les grands hommes ; Voir à titre indicatif : Bennis W. & Nanus B. (1985); Diriger, Intereditions, Paris et Pelletier G.(1999) ; « Les formes du leadership » in Les organisations : état des savoirs, ed. sciences humaines. 77 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc la théorie du leadership transformatif : selon laquelle le leadership correspond à l’usage judicieux du pouvoir dont on dispose. C’est la théorie dominante aujourd’hui, elle est construite sur la capacité de l’acteur à traduire l’intention en réalité et de soutenir l’action. Ce rapprochement nous amène à relativiser la perception de la notion de stewardship chez les stewards « identifiés » eux-même, puisque à travers les entretiens se dégage une perception variable de ce rôle de « stewards ». Il est, en effet, assimilé à différents concepts notamment ceux de pilote, leader et dirigeant. Ceci montre la nécessité de documenter les fondements théoriques de cette notion de steward et son contenu empirique à travers d’autres recherches plus spécifiques. 5.3. Cheminement et préparation des stewards : Il était prévu, dans le protocole de recherche, d’interviewer les dix premières personnes citées comme stewards. Sauf que dans la liste des dix premiers cités, deux personnes sont déjà décédées et deux autres se sont avérées inaccessibles. Ainsi 6 personnes ont été interviewées, elles comprennent deux ministres, un secrétaire général, un inspecteur général et deux directeurs centraux (voir textes des entretiens en annexes 8). Bien que tous les stewards soient qualifiés (diplômés), leur itinéraire paraît être plus marqué par leurs parcours professionnels et leurs expériences que par leurs diplômes. Un des interviewés se voyait comme pilote dans l’exercice de son mandat formel : « j’ai été formé pour piloter » a-t-il dit. Les autres ont déclaré ne pas avoir été préparés pour exercer la fonction de pilotage : « ma fonction de pilote est le résultat d’un certain nombre de dispositions mais surtout à mon apprentissage de la vie courante », « J’ai été formé sur le tas », « j’ai développé mes capacités managériales à l’hôpital » , « j’ai appris sur le tas par l’exercice des fonctions » « Nous avons appris sur le terrain ». Pour ces interviewés, la cooptation et le parrainage sont des facteurs déterminants dans leur accès à la fonction de pilotage. « Dans la mesure où vous avez des compétences, il y’avait des chances certaines qu’on vous remarque et qu’on vous parraine et qu’on vous demande d’intervenir à tel ou tel poste », « j’ai été repéré et aidé par des dirigeants du ministère ; peut-être s’il n’y avait pas ces gens là, je ne serais pas ce que je suis devenu»; 78 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc « j’ai eu l’occasion de travailler avec des directeurs compétents », « j’ai appris beaucoup de choses à travers ma présence près de dossiers importants du ministère et auprès de personnalités que j’ai pu admirer et desquelles j’ai appris des choses ». Certains « stewards » interviewés ont déclaré avoir pratiqué eux-mêmes la cooptation avec d’autres acteurs du système. Ainsi dans le parcours des stewards, il y a eu à un moment donné une intervention « d’appui » qui prend la forme de parrainage, aide, compagnonnage ou de recommandation ou désignation. Mais dans tous les cas cette intervention « appui » reste conditionnée d’une part par l’existence d’un seuil requis de compétence chez la personne cooptée : « dans la mesure où vous avez des compétences » disait un des stewards ; et d’autre part par la position formelle (poste) du « coopteur ». Il aurait été intéressant de documenter ces deux dimensions pour expliciter plus cette forme de stratégie. Mais ce sont des hypothèses qui ont émergé à travers l’étude et qui n’étaient pas envisagées au début. Mais le croisement entre les résultats du sondage et les entretiens avec les stewards identifiés, montre que les « coopteurs » désignés ont également été cités comme stewards. Ce qui laisse penser que la cooptation, en plus d’être une stratégie de capacitation en stewardship, est une qualité de steward. 5.4. Réalisations des stewards A la lecture des entretiens, on note une grande variété dans les réalisations. Cela varie des réalisations quasiment personnelles à des réalisations qui concernent tout le système de santé (voir annexe 8). Un des stewards, se distingue pour avoir initié le plus d’actions, surtout d’ordre institutionnel (restructuration de l’administration, création d’instituts, réforme du système, introduction d’outils, dynamisation de la coopération…). Il occupait le poste de Ministre de la santé. Pour cette raison et vu que l’ensemble des stewards identifiés appartiennent au Ministère de la santé, on peut donc se demander si le « poste » ne facilite pas l’exercice de la fonction de steward. Toutes les données dont nous disposons sont en faveur de ce constat : Score au sondage (reconnaissance par les acteurs), Importance des justifications des choix, Importance des réalisations, Importance des postes occupés. La nature fortement bureaucratique et hiérarchisée de l’organisation administrative sanitaire peut également expliquer la convergence de ces constats. 79 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 5.5. Couverture des domaines de stewardship A partir de l’analyse des entretiens avec les stewards identifiés, il ressort que leurs réalisations ne couvrent pas l’ensemble des sept domaines de stewardship. Il y a une grande disparité entre le niveau de couverture des domaines. Ce qui vient conforter encore une fois le constat précédent, puisque ce sont les personnes les mieux placés dans la hiérarchie qui contribuent, directement ou indirectement, à la couverture du plus grand nombre de domaines. Les domaines les mieux couverts sont : - - - - - La génération de renseignements sur le système : à travers la participation aux recensements, le pilotage d’enquêtes (ENPS, PAPCHILD, Comptes nationaux de la santé…); à la mise en place de système d’information (SNIS, GIPE, SIG-Ho) etc. La formulation de politique et de stratégie de santé : Initiation de réformes (financement et hospitalière), restructurations majeures (Administration centrale, développement de programmes sanitaires) etc. Garantie d’outils de mise en œuvre : la création d’instituts (INAS, Centre anti-poison, développement de projets sectoriels, initiation de concours de spécialistes etc. Création et renforcement de partenariats : par l’initiation de colloques importants (accès soins, financement), le renforcement de la coopération etc. En matière de redevabilité, les stewards consultés ont beaucoup plus soulevé la question de « qui doit rendre compte et à qui ? » Tous les Ministres n’ont pas été cité comme stewards. Tous les stewards ne couvrent pas les domaines de stewardship de façon significative. C’est ce qui nous amène à dire que le poste ne fait pas le steward, mais il facilite l’exercice de la fonction de stewardship. Les profils identifiés nous poussent à considérer qu’il faut distinguer, par analogie avec le monde de l’aviation, entre un pilote et un steward. Le pilote est le « steward des stewards ». Ainsi les Ministres seraient des « pilotes » plus ou moins efficaces dans l’exercice de la fonction de stewardship et les autres décideurs centraux seraient des « stewards » qui assurent avec le Ministre la fonction de stewardship. Et c’est l’équipe qui rend les stratégies plus ou moins capacitantes en matière de stewardship. «Il faut qu’il y’ ait autour de ces ministres des gens qui puissent dire les choses. Il n’y a pas un climat où les directeurs peuvent conseiller le ministre, et le ministre ne doit rien faire sans les consulter » a déclaré un ministre steward. Pour un autre, « Le poste de directeur est un poste qui est une sorte de jonction entre le pouvoir politique et le pouvoir technique et vous devez constamment faire le constat, le transmettre au politique pour qu’il puisse le valider ». 80 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Une autre observation s’impose, elle se rapporte au fait que dans la couverture des domaines par les réalisations des stewards, on retrouve la majorité des actions envisagées dans les 4 stratégies du volet 1 de l’étude. Ce qui confirme la complémentarité, voire le chevauchement, qui existe entre les deux volets et la nécessité d’être plus spécifique dans la formulation des questions de recherche pour éviter les redondances entre les stratégies. 81 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Chapitre IV SYNTHÈSE ET CONCLUSION Le stewardship Les stratégies de capacitation en stewardship Le système de santé marocain est-il bien piloté ? La couverture des domaines de stewardship Conclusion 82 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 1. PERCEPTION DE LA NOTION DE STEWARDSHIP Dans la grille d’entretien avec les stewards et les acteurs témoins, nous avons prévu de documenter la perception qu’ont ces acteurs de la notion de stewardship du système de santé. Nous avons remarqué que les interviewés avaient une préférence pour la notion de pilotage et l’utilisaient plus souvent que celle de stewardship ou d’administration générale. 1.1. Le stewardship aux yeux des acteurs témoins Pour les acteurs témoins, le pilotage du système de santé correspondrait à la façon de concevoir une politique sectorielle et de l’exécuter sous forme de programmes ou d’interventions et de définir les moyens pour la réaliser. Elle doit être focalisée sur la réponse, de manière satisfaisante, aux attentes de la population (voir textes des entretiens en annexe 9). Pour un acteur témoin, le pilotage du système de santé doit reposer sur la définition d’un référentiel ou d’une stratégie nationale et veiller à la coordination de l’intervention de tous les acteurs en matière de santé. Elle doit s’aider dans sa mise en œuvre d’un certain nombre d’outils de régulation (contractualisation, carte sanitaire) et de gestion prévisionnelle (plans de développement sectoriel). Le pilotage du système doit étayer ses décisions stratégiques par des études approfondies pour éviter toute improvisation ou précipitation sur des choix politiques. La dimension sur laquelle les acteurs témoins ont mis le plus d’accents dans la fonction de stewardship, est de « savoir comment faire plus avec les moyens disponibles », « comment réaliser les programmes [politiques] avec le moindre coût ». Selon un des acteurs témoins, le pilotage ne pourrait actuellement être assuré que par une véritable stratégie de négociation, de partenariat et de concertation, et par une capacité de motivation des gens pour atteindre les objectifs tracés. Ainsi, le pilotage prend une autre dimension d’ouverture sur la société civile pour l’associer à l’œuvre de développement du système de santé. 1.2. Le stewardship aux yeux des stewards Aux yeux des stewards, la fonction de pilotage est variable dans sa conception. Chez certains, elle se confond avec la fonction de direction et de leadership, au moment où chez d’autres, il s’agit de la gestion du système de santé dans sa globalité. Piloter un système de santé signifie tout d’abord concevoir l’organisation et le fonctionnement de ce système. Il faut s’assurer en permanence que la conception initiale est valable, et c’est là l’intérêt de l’évaluation. Il faut toujours s’assurer si le système est adapté aux besoins de la population. 83 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Le stewardship est une grande responsabilité parce qu’elle concerne un système complexe et sensible (épidémiologie) et parce qu’il est fragile, pouvant être bloquée à tout moment. « La 1ère difficulté c’est comment répondre à des besoins avec des moyens qui sont toutes limités et des besoins qui s’expriment tous en même temps et qu’on sait qu’on ne peut pas répondre à tous ces besoins et donc c’est une difficulté que de déterminer le choix des priorités en ne tenant en compte que l’intérêt général. Or, bien souvent, des groupes de pressions des parlementaires te poussent à faire des choix au détriment de d’autres plus prioritaires. » Les stewards ont également mis l’accent sur la rationalisation des moyens comme principal élément dans l’exercice du stewardship. L’un des apports de cette étude est de nous proposer un contenu à la fonction de stewardship. Dans la conception de l’OMS la fonction de stewardship est présentée comme une forme de responsabilisation sur les biens communs que représentent « la santé » et les « ressources allouées à la santé » et comme un déterminant de la performance du système de santé. Dans la perception des acteurs témoins et des stewards, la fonction de stewardship comprend les 13 dimensions suivantes : - - La conception de politiques et de stratégies sectorielles La conception de l’organisation et du fonctionnement du système La définition d’un référentiel ou d’une stratégie nationale La réalisation d’études approfondies comme support aux politiques. La participation d’autres acteurs (que l’Etat) et le développement de négociation, de partenariat et de la concertation, La définition et la mobilisation de moyens pour réaliser sa politique, La garantie d’instruments et d’outils de mise en œuvre : programmes, outils de régulation (contractualisation, carte sanitaire), outils de gestion prévisionnelle (plans de développement sectoriel), moyens de communication. L’assurance de réactivité du système (satisfaction des attentes des populations) ; La rationalisation des moyens et des coûts, La capacité de motivation des gens pour atteindre les objectifs tracés. La capacité d’assurer un cadre et des conditions de travail satisfaisantes pour permettre aux personnels de faire le maximum. La coordination de l’intervention de tous les acteurs en matière de santé. La garantie d’une offre de services de santé de proximité. Le croisement de ces dimensions avec le modèle de Travis et al., utilisé comme cadre de référence, montre que cette perception ne propose pas de contenu en rapport avec les domaines D6 et D7 (garantie de redevabilité et protection du consommateur), observation qui concorde avec les résultats de 84 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc la documentation des stratégies de capacitation retenue (voir tableau n° 12). Notons que l’assurance de la réactivité du système est sortie comme une composante du stewardship aussi bien pour les stewards que pour les acteurs témoins. En effet bien qu’elle constitue un des trois objectifs du système de santé, nous ne retrouvons son assurance comme composante explicite d’un des domaines de stewardship. Tableau n° 12 : Perception des acteurs et de stewards de la notion de stewardship Domaines de stewardship D1 Génération de renseignements sur le système de santé D2 Formulation de politiques et de stratégies de santé Perception du stewardship selon acteurs témoins et stewards D3 Garantie des outils de mise en œuvre : pouvoirs, incitations et sanctions - - La réalisation d’études approfondies pour supporter les politiques de santé - - La conception de politiques et de stratégies sectorielles La définition d’un référentiel ou d’une stratégie nationale la coordination de l’intervention de tous les acteurs en matière de santé La définition et la mobilisation de moyens pour réaliser sa politique, La garantie d’instruments et d’outils de mise en œuvre : programmes, d’outils de régulation (contractualisation, carte sanitaire), outils de gestion prévisionnelle (plans de développement sectoriel), moyens de communication ; La rationalisation des moyens et des coûts, La capacité de motivation des gens (incitation) Capacité d’assurer un cadre et des conditions de travail satisfaisante pour permettre aux personnels de faire le maximum. Participation d’autres acteurs (que l’Etat) et le développement de négociation, de partenariat et de la concertation, La conception de l’organisation et du fonctionnement du système de santé La garantie d’une offre de services de santé de proximité - L’assurance de réactivité du système - - D4 Création et renforcement des partenariats et réseaux D5 Garantie d’une concordance entre les buts politiques, la structure organisationnelle et la culture D6 Garantie de la redevabilité D7 Protection du consommateur - - 1.3. Pilotage du système de santé marocain 1.3.1. Qu’est ce qu’un système bien piloté ? Selon les stewards et les acteurs témoins, un système bien piloté est « un système qui offre des services de santé de proximité au profit des marocains sans exception et que l’accessibilité des soins soit assurée quelque soit le 85 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc lieu d’implantation des marocains. C’est un système qui répond aux attentes et besoins de la population (réactivité) ». Un système bien piloté est « un système où l’ensemble des intervenants maîtrisent ce qu’ils font et maîtrisent les moyens de communication afin de réaliser l’objectif final qui est de soigner la population ». « Il faut que ceux qui pilotent dans les différentes secteurs sachent le degré d’implication et de responsabilité et leur impact sur la santé. C’est un système qui permet à tout son personnel de mieux produire ». A partir de ce qui précède, nous pouvons dire que dans l’appréciation du pilotage du système, l’emphase est mis sur la réponse aux besoins de la population (offre, accessibilité ) et la production des moyens. 1.3.2. Difficultés et limites de l’exercice du stewardship au Maroc Les stewards interviewées considèrent que l’exercice de la fonction de stewardship au Maroc est confronté aux contraintes suivantes : - L’importance des besoins et la multiplicité des problèmes qui contrastent avec l’insuffisance des moyens (concurrence de priorités) ; « Comment répondre à des besoins avec des moyens qui sont limités et des besoins qui s’expriment tous en même temps et qu’on sait qu’on ne peut pas répondre à tous ces besoins ». - L’insuffisance quantitative et qualitative des ressources humaines et leur mauvaise répartition, ainsi que l’absence de motivation : « Sans gestion des ressources humaines, il n’y a pas de pilotage » - La lourdeur dans les prises de décision, - le manque de compétence en matière de pilotage et la méconnaissance de la chose publique, « j’avais devant moi un système vieillot qui utilisait des méthodes dépassés et qui ne donnait pas d’importance à cet aspect de gestion, l’administration centrale du ministère était peu développée elle n’était pas formée, elle n’était pas habileté à gérer une telle entreprise » - le manque d’intégration entre les différents départements parce que le système de santé, comme le système éducatif, n’est pas isolé de l’intervention des autres départements, - le manque d’assainissement des finances « il faut qu’il y ait des finances saines ». 86 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - la forte centralisation et l’imprécision des tâches des différents services, - le manque de transparence et la non implication des professionnels dans les décisions ; « Nous sommes dans un pays en voie le développement, cela veut dire déjà, pas de transparence. On ne sait pas qui fait quoi ? qui décide de quoi ? Et donc, le fait qu’on ne fait pas participer les gens dans les grandes décisions, cela veut dire qu’on entraîne des inconvénients et des échecs » - Le manque de coordination dans les décisions politiques. Pour un acteur témoin, « Le pilotage du système [marocain] actuel, à mon avis, reste morcelé. Il y a donc, un problème de gestion et de coordination ». Toutes ces difficultés correspondent à des besoins exprimés. Ils peuvent alimenter et orienter le choix de stratégies futures de capacitation en stewardship. 2. CAPACITATION EN STEWARDSHIP 2.1. Observations d’ordre général Partant des différentes analyses (volet 1 et volet 2), il ressort qu’il y a une sorte d’interrelation entre les différentes stratégies de capacité building (SCBS 1-5) qui donne l’impression d’un chevauchement entre les domaines de stewardship. Le chevauchement existe entre les stratégies qui ne sont pas exclusives entre elles. Les activités qui font la force d’une stratégie se retrouvent dans d’autres. Ce qui nous pousse à penser que bien qu’il n’y ait pas de chevauchement dans la conception des domaines de stewardship, ils sont dépendants puisqu’ils décrivent un processus de planification (politique et stratégique). Par ailleurs, il est difficile d’envisager un système qui a une capacité en stewardship sans disposer de stewards efficaces. Autrement dit, une confusion est créé lorsqu’on emprunte les deux approches dans la même étude. Chose qui est arrivée dans notre étude. En effet derrière tout action de capacitation de n’importe quel domaine, il y a au moins un steward ou une équipe de stewards. Les stratégies de capacitation en stewardship (SCBS) et les stewards sont donc à la fois des facteurs de développement de la capacitation en stewardship et des approches méthodologiques pour l’analyse de la fonction de stewardship. En plus de ces deux dimensions (SCBS et stewards), une autre donnée est à relever, c’est que les stewards et les stratégies paraissent être concentrés dans une période particulière de l’évolution du système. En effet, les 87 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc principaux stewards ont émergé dans la même période et parfois ont contribué au succès de la même stratégie de capacitation (entre Début des années 80 et la moitié des années 90). Nous pouvons donc « postuler » de l’existence d’une relation entre la conjoncture, contexte et environnement d’une part et la capacitation en stewardship d’autre part. Cette hypothèse pourrait faire l’objet d’une recherche à part plus orientée sur la documentation de l’environnement et du contexte eu égard au développement de la fonction de stewardship. Cette dimension se rapproche de « la théorie de la contingence » célèbre dans les sciences du management stratégique. Pour établir un lien entre la stratégie analysée dans le volet 2 (cooptation) et la disponibilité de stewards efficaces, il serait utile de l’envisager sous forme d’une capacitation individuelle du système par opposition à la capacitation systémique comme nous l’avons abordé dans cette recherche. Le but étant non pas d’identifier les « stewards » mais de la disponibilité d’équipes (masse critique) capables d’amener un changement. « Un bon pilote doit être à l’écoute de son ingénieur de bord, de ses stewards» disait un des stewards. 2.2. les stratégies identifiées contribuent-elles à la capacitation du système de santé marocain en stewardship ? Si nous partons du principe selon lequel « une bonne stratégie de capacitation en stewardship est une stratégie qui couvre tous les domaines de stewardship », nous pouvons dire qu’aucune des 5 stratégies identifiées n’est efficace. Mais si on relativise ce constat, il est possible de dire que la stratégie de développement des projets sectoriels est la plus efficace parce qu’elle permet de couvrir, au mieux, le plus de domaines ; suivie de la stratégie de recherche et des grandes enquêtes et de l’institutionnalisation de la formation en gestion (voir tableau n° 16). La stratégie des fora et colloques s’est avérée une stratégie non significative en matière de couverture des domaines, et donc en capacitation en stewardship. Les propos recueillis par les stewards vont d’ailleurs dans ce sens. On peut se demander si le caractère structurant de certaines stratégies n’explique pas ce constat. En effet Les projets sectoriels constituent un cadre structuré dans lequel, il est possible de développer de la capacitation à condition de veiller à la pertinence et à la viabilité de ses actions. Les projets sectoriels représentent également, par leur durée et l’importance et la diversité des moyens et des acteurs qu’ils mobilisent, des périodes privilégiées d’apprentissage et de transfert de compétences. 88 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Tableau n° 13 : Efficacité des stratégies dans la capacitation en stewardship DOMAINES DE STEWARDSHIP D1 Génération de renseignements D2 Formulation de politiques de santé D3 Garantie d’outils de mise en œuvre D4 Renforcement de partenariats D5 Concordance entre politique et organisation D6 Garantie de Redevabilité D7 Protection du consommateur Niveau de couverture SCBS 1 Projets sectoriels +++ SCBS 2 INAS ++ SCBS 3 Recherche & enquêtes +++ SCBS 4 Fora et colloques ++ Niveau de couverture +++ + +++ +++ 1 +++ ++ ++ + 4 +++ +++ ++ +/- 3 ++ + +/- NA 5 + NA NA NA 6 0 NA NA NA 7 1 3 2 4 2 Une lecture horizontale du tableau n° 13, permet de mettre en évidence la couverture quasi-systématique des quatre premiers domaines (D1 à D4), au moment où les domaines 6 et 7 ne sont pas couverts. Comment donc, pouvons-nous interpréter ce résultat ? - - Si on considère ce résultat comme synonyme de l’absence de capacitation en stewardship, il faut convenir que cela signifie que cette capacitation est régie, eu égard au modèle, par la loi de tout ou rien et que si nous voulons améliorer la capacitation en stewardship du Maroc, il faut garantir la redevabilité (D6) et assurer la protection du consommateur (D7). En outre, étant donnée que les domaines de stewardship correspondent à un processus enchaîné, il faudrait revoir les autres domaines pour y prévoir une place pour ces deux dimensions. Nous considérons cette interdépendance comme une limite du modèle. Elle empêche toute relativisation dans l’analyse de la capacitation en stewardship. Les domaines sont indispensables dans leur totalité et de façon séparée. Il faut toutefois tenir compte du caractère informel et anachronique des stratégies par rapport au modèle. Si on considère les domaines de façon relative et indépendante, notre jugement de la capacitation du système devrait alors tenir compte du poids relatif de chaque domaine. Dans notre cas, quelle serait l’importance des domaines de « de garantie de redevabilité » et de « protection des consommateurs » par rapport aux autres domaines ? Cette importance est déterminante dans le jugement sur la capacitation dans sa globalité. Nous considérons que la réponse à cette question ne peut se faire en dehors de l’appréciation de la performance globale du système de santé, puisque le stewardship n’en représente qu’un déterminant. Tout ceci laisse croire que le modèle des Travis et al. 89 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc ne peut en aucun cas être un modèle d’évaluation de la capacitation en stewardship, mais un cadre d’analyse et d’orientation des actions de politique sanitaire. 2.3. Rôle des stratégies dans la capacitation des stewards La relation entre la capacitation systémique et la capacitation individuelle est une relation réciproque. Les SCBS contribuent à la capacitation individuelle à travers plusieurs mécanismes comme la formation, l’apprentissage par compagnonnage, l’apprentissage organisationnelle (projet sectoriels) etc. C’est le cas notamment de la stratégie des projets sectoriels pour laquelle les stewards font les témoignages suivants : « Le PDSS m’a ouvert le champs, m’a donné les moyens de faire, de travailler de façon structurée, d’accéder à un savoir, à connaître ce qui se passe dans le monde, à travailler en équipe, à consolider ce qui existait déjà .. On faisait de la recherche opérationnelle, de la recherche action. Dès qu’un problème est relevé, on décidait une recherche, sans attendre les instructions du central. On avait le courage de mettre en œuvre des choses, de décider »; « [La planification par projet] est primordiale. C’est fabuleux ; on a appris à être pragmatique et à ne pas se lancer sans avoir fait un bon diagnostic ; de connaître avant d’agir » «Dans le cadre de ces projets, nous avons appris à négocier avec les décideurs nationaux et ceux de la Banque Mondiale, de la nécessité d’adhérer à une politique donnée. La force de l’argumentation nous a été donnée par les résultats de la recherche , c’est ce qui nous a permis de les convaincre» C’est le cas également de la stratégie d’institutionnalisation de la formation en gestion (INAS), comme en témoignent les stewards : « L’INAS a permis au système d’apprendre beaucoup de choses. Comme il a permis de former les cadres qui vont assurer la relève» . « Dans certaines régions, on observe une concentration de lauréats et une concentration de projets. Il y aurait une relation entre les deux, à vérifier, soit que les projets ont attiré des lauréats ou ce sont les lauréats qui ont attiré des projets ». « Au sein de l’INAS, j’ai développé des habiletés à travers l’exercice de plusieurs activités et les rencontres de gens » ; « Au sein de l’INAS, j’ai développé des habiletés de gestion de projets ; leur mise en œuvre et leur suivi, d’enseignement, de planification de soins, d’évaluation de programme de santé, de développement de 90 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc politique de santé. Comme, j’ai eu la possibilité de s’arrêter, de se détacher, de critiquer, de développer une vision globale, et de voir un problème dans une perspective multisectorielle » 3. CONCLUSION En conclusion, nous pouvons dire que la fonction de stewardship du SS correspond à un processus cyclique qui tire son efficacité à la fois du niveau de couvertures de ses domaines et du niveau de réalisation de ses étapes. La présente étude a permis la mise en évidence de l’intérêt d’appréhender la fonction de stewardship dans sa globalité pour pouvoir couvrir tous les domaines de pilotage et renforcer, par là, la capacitation du système en stewardship. Dans ce sens, modèle de Travis et al. offre un cadre dans lequel cette exploration globale peut être envisagée. C’est ce qui a permis de noter que même les stratégies de capacitation en stewardship les plus porteuses en actions de développement du système de santé (Projets sectoriels, institutionnalisation de la formation) souffrent d’un manque de viabilité et d’orientation vers le développement de la redevabilité et la protection du consommateur. Le modèle est donc un moyen pour orienter les politiques de santé et pour leur assurer plus viabilité et plus d’impact. Il se dégage également que, la capacitation d’un système est l’effet cumulatif sur une longue période de plusieurs stratégies et de plusieurs acteurs (stewards). Elle passe avant tout par la capacitation des individus, qui constituent le cœur du système et qui donne un sens à sa dynamique. Les mécanismes de développement de cette capacitation sont nombreux et sont pratiquement présents dans toutes les stratégies étudiées, mais à des degrés différents. Cependant, il y a des interventions qui permettent de gagner du temps, qui sont plus efficace sur un domaines que d’autres. Nous avons remarqué, à travers cette étude, certes limitées dans le temps et manquant d’outils rodés, que l’exercice du pilotage est l’œuvre d’acteurs chevronnés et entrepreneurs qui sont capables de mobiliser leurs collaborateurs autour d’une vision ou d’un projet commun. L’étude a permis de relativiser certaines hypothèses de travail en rapport avec le modèle de Travis et al.. Comme elle a permis d’identifier certaines zones d’ombre dans la fonction de stewardship et certaines actions de capacitation partielle du système de santé qu’il est possible de cibler de façon plus spécifique à travers d’autres recherches éventuelles. 91 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Références bibliographiques 1) Boudahran A. Le Droit de la santé au Maroc : Plaidoyer pour une santé humaine. Editions l’Harmattan. Paris, 1996 2) EL Berdaoui A. Evaluation de l’impact du programme de formation en Administration Sanitaire et Santé Publique. INAS, décembre 2000. 3) Deschamps J.P et Plassais P. Etude exploratoire en vue de la mise en place de l’enseignement à distance. Rapport de mission (7 – 10 mars 1994). Rabat, avril 1994. 4) Mechbal A et Alaoui M.T. La santé au Maroc en l’an 2000. Document de travail du Ministère. Mars 1980. 5) Ministère de la santé, Evaluation de l’impact du programme de formation en Administration Sanitaire et Santé Publique. 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L’institut national d’administration de la santé, une vocation dans les domaines de la Santé Publique et de l’Administration des services de santé. Document d’information générale, Mars 2000. 22) Ministère de la santé. Formation en Administration Sanitaire et Santé Publique : défis et développements. Actes du forum international. INAS, Rabat, 10 – 12 décembre 1997. 92 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 23) Ministère de la Santé. Le développement sanitaire au Maroc : réalités et perspectives. Actes du colloque national sur la santé. Ouarzazate, 13 – 16 juillet 1992. 24) Ministère de la Santé. Plan de développement Sanitaire : 1981 – 1985 25) Ministère de la Santé. Plan de développement Sanitaire : 2000 – 2004 26) Ministère de la santé, stratégie sectorielle 2000 – 2004. Rabat, Maroc. 27) Ministère de la santé, plan de développement sanitaire, document de la stratégie sectorielle 2000-200, vol. 1 ; octobre 1999. 28) Murray C. J.L. & Frenk J. (2000), Un cadre pour l’évaluation de la performance des systèmes de santé, Bulletin de l’organisation mondiale de la santé, 2000, Recueil d’articles n° 3, pp. 152-165. 29) OMS, rapport sur la santé dans le monde, 2000. 30) Organisation Mondiale de la Santé. Directives pour les écoles de santé publique et les programmes de formation post universitaires en santé publique. OMS Genève, 1985. 31) Organisation Mondiale de la Santé. Formation des enseignants et gestionnaires infirmiers, notamment pour les soins de santé primaires. Série de Rapports Techniques 708, Genève, 1984. 32) Rapport d’évaluation de la Banque mondiale pour usage officiel N° 8108-MOR, prêt d’investissement dans le secteur de santé, 8 janvier 1990. 33)Ritchie J. & Spencer L..; ‘qualitative data analysis for applied policy research’, in : Analysing qualitative data. Edited by A. Bryman and R-B. Burgess. Routledge. London. 2001. 34) Saltman, R.B. & Odile Ferroussier-Davis (2000); The concept of stewardship in health policy. Bulletin of the World Health Organozation, 2000, 78 (6), p. 735. 35) Samuel Paul (1995) ; Capacity building for health sector reform. Forum on health sector reform, WHO/SHS/NHP/95.8 36) Plan d’orientation pour le développement économique et social : 1988 – 1992. Ministère du Plan. Rabat. 37) Zayyoun A, Lardi M, El Kourchi M. Etude des besoins en formation des cadres gestionnaires d’hôpitaux pour la mise en place de la filière gestion hospitalière. INAS, décembre 2001. 93 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc LES ANNEXES DE 1 à 6 Annexe 1 : Grille d’entretien avec les informateurs clés Annexe 2 : Grille d’entretien avec les stewards Annexe 3 : Grille d’entretien avec les acteurs témoins Annexe 4 : Postes occupés par les lauréats de l’INAS Annexe 5 : Liste des projets de recherche réalisés par l’INAS Annexe 6 : Critères d’identification des stewards 94 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe n° 1 Guide d’entretien avec les informateurs clés 1. Introduction : - Présentation de la recherche et du but de l’entretien Explication des raisons du choix de l’interviewé (informateur clé) et des attentes de l’entretien. Présentation de la grille d’entretien, insister sur la dimension « apport ou contribution de la stratégie » sur le plan individuel et du système. 2. Profil de l’informateur clé, sa relation avec la(es) stratégie(s) retenue(s), d’où est-ce qu’il tire ses informations sur la(es) stratégie(s) 3. Axe d’exploration 1 : Développement personnel ♦ Dans quelle mesure, la Stratégie X a contribué au développement de vos compétences personnelles ? et de quelle façon ? ♦ Qu’est-ce qu’elle vous a permis de développer comme compétences ? 4. Axe d’exploration 2 : Impact de la stratégie sur les compétences du système de santé ♦ Genèse de la stratégie ? ♦ Dans quelle mesure la stratégie X a contribué au renforcement des capacités de pilotage du système de santé ? ♦ Qu’est-ce qu’elle a opéré / apporté comme changements ? ♦ Quel est son impact sur le pilotage du système? ♦ Est-ce que vous pouvez illustrer (exemples concrets) cette contribution ? Relancer l’interview par rapport aux domaines qui n’ont pas été couverts pour identifier les contributions spécifiques par rapport à chaque domaine : i. Générations de connaissances pertinentes (évidence) et de développer la compréhension du système ? Type de données produites ? en quoi elles ont été utiles / dans quoi elles ont été utilisées / pour prendre quelle décision ? ii. Renforcement des capacités en matière d’établissement des priorités ? iii. Capacité de disposer / d’assurer des outils (pouvoir, sanction positive et négative) pour mettre en œuvre sa politique ? iv. Capacités de construction des coalitions / des réseaux et partenariat ? v. Capacités en matière d’adaptation des structures de l’organisation aux objectifs et orientations politiques ? 95 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe n° 2 : Grille d’entretien avec les stewards Date : Entretien réalisée par : Nom et Prénom du steward : Age Sexe Masculin Fonction Féminin Introduction : Le MS mène une étude sur « les stratégies de développement des compétences pour le pilotage du système de santé ». Cette étude, domiciliée au niveau de la DHSA, est réalisée en collaboration avec l’IMT d’Anvers et lka participation de 6 pays en développement. Nous souhaitons à travers cet entretien, obtenir des éléments d’information sur les stratégies déployées par le système pour développer les compétences individuelles et collectives en matière de pilotage du système de santé. Vous avez été identifié parmi les 10 premières personnes qui ont influencé le pilotage du système de santé marocain suite à un sondage réalisé auprès de responsables du ministère (délégués du MS). De manière particulière, nous nous intéressant à la relation qui peut exister entre votre cheminement personnel et la fonction de pilotage du système de santé. C’est pour cela que nous allons vous poser un certain nombre de questions sur votre cheminement en vue d’identifier certains faits, moments ou évènements déterminants. Nous nous intéressons également à connaître la nature de votre contribution au pilotage du système de santé et votre appréciation de la fonction de pilotage du système de santé. Notre grille d’entretien est structurée autour de six axes : Votre itinéraire professionnel, Votre perception de la fonction de pilotage, Votre appréciation de l’exercice de la fonction de pilotage Votre contribution au pilotage du système Votre appréciation des stratégies de renforcement de capacités du système o Garantie de redevabilité des pilotes et de protection du consommateur o o o o o Axe I : Itinéraire professionnelle - Où avez-vous suivi vos études primaires et secondaires ? Dans un établissement public Privé Autres 96 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - Quelle est la section du baccalauréat obtenu ? Sciences Lettres Techniques Autres - Après le baccalauréat, quels sont les diplômes obtenus ? - Le choix des études universitaires était-il réfléchi ou arbitraire ? Autrement dit, est-ce que d’autres facteurs ont influencé votre choix ? - Quels sont les postes que vous avez occupé depuis la fin de votre formation de base jusqu’à présent ? (Enumérer) - Pensez-vous qu’il y a une adéquation entre vos études universitaires et les exigences de la fonction de pilotage ? (expliquer) - Vous avez certainement bénéficié de formation continue, de stages, etc au cours de votre carrière professionnelle. Qu’est ce qui vous a été le plus utile pour l’exercice de la fonction de pilote ? - Quels sont les facteurs, les faits les plus déterminants dans votre carrière de pilote? - Quelles sont les circonstances qui vous ont permis ou aidé à accéder au poste de pilote ? (Expliquer) - Qu’a fait le système pour vous habiliter à exercer la fonction de pilote? Par rapport à votre propre expérience, quel aspect de cette fonction qui vous a posé le plus de problèmes ? (Approfondir) Axe II : Perception de la fonction de pilotage - Que signifie pour vous le pilotage du système de santé ? - Que signifie pour vous un système de santé bien piloté ? - Quelles sont les difficultés que présente cette fonction ? - A votre avis, comment le système prépare ses pilotes? (pour occuper un poste à partir duquel il peut influencer l’évolution du système de santé )? Ou qu’est ce qu’il faut pour devenir pilote Axe III : Appréciation de la fonction de pilotage au Maroc Si on vous demande de porter un regard critique sur l’exercice de la fonction de pilotage du système de santé, qu’est ce que vous pouvez nous en dire (points forts, points faibles, faits saillants, etc.) Axe IV : Contribution au pilotage du système 97 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - Quelles sont vos plus grandes réalisations qui ont influencé le pilotage du système de santé ? (expliquer comment et pourquoi ?) - Avez-vous pu mettre en place des mécanismes d’organisation (basés sur la motivation du personnel et / ou sur la sanction), de gestion (basés sur le contrôle et l’audit) ou de programme et de formation (renforcement des compétences) qui ont contribué à l’amélioration du système de santé ? quels sont ces mécanismes ? (Exploitations) sont-ils encore appliqué ? - Quels sont les facteurs / les faits qui ont aidé à la concrétisation (mise en œuvre) de ces réalisations? - Les orientations générales du système de santé coïncident-elles avec les priorités et les besoins du département ? Avez-vous réussi à résoudre cette équation ? Si oui, comment ? (Explication) - Durant l’exercice de vos fonctions, aviez-vous réussi à créer des réseaux / nouer / établir des liens d’influence / de lobbying / de plaidoyer avec des investisseurs, avec la société civile, avec des organismes Internationaux ou autres ? - Est-ce que ces relations ont profité au système de santé ? Comment ? - Quelles stratégies de communication avez vous adopté ? - Etes-vous intéressé à connaître d’autres modèles de gestion du système de santé ? Lesquelles ? - Quels sont parmi ces modèles de gestion, ceux qui ont influencé vos décisions ? - Avez-vous essayé d’adapter certaines composantes de ces modèles au système de santé marocain ? Si oui, comment avez-vous procédé ? Axe V : Appréciation de l’apport des stratégies de renforcement des capacités du pilotage du système de santé - D’abord, que signifie pour vous le concept ‘renforcement des capacités’ pour le pilotage « capacity building »? A votre avis, qu’est ce qu’il faut faire pour renforcer ces capacités ? Qu’est ce que vous avez fait personnellement pour renforcer ces capacités ? Si on vous demande d’apprécier l’état/ le degré de capacitation du système, que diriez-vous ? Quel jugement apportiez-vous ? Axe VI : Garantie de la redevabilité des pilotes et de protection du consommateur : 98 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc - - - - Qu’est-ce que vous pouvez nous dire à propos de la dimension ‘redevabilité des pilotes’ vis-à-vis du contribuable, reddition des comptes ? Comment vous appréciez les mécanismes mis en place (s’il y en a) pour rendre compte ? Vous est-il arrivé un jour de rendre compte de votre politique, programme, décision ? en quelles circonstances ? Quelle place donnez vous à la protection du consommateur ? Est ce que le système de santé développe des mécanismes pour protéger le consommateur ? Si oui, de quelle façon ? ( asymétrie de l’information) Vous est-il arrivé un jour d’être affecté par le cas d’un consommateur (utilisateur de soins de santé) qui a été lésé et n’a pas été protégé par le système ? Est-ce que vous avez des choses à ajouter ? Merci. Fin de l’entretien. 99 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe n° 3 : Grille d’entretien avec les acteurs témoins Date : Entretien réalisé par : Nom et Prénom de l’acteur témoin Age : Sexe : Masculin Fonction : Féminin Liens avec le Ministère de la santé: Présentation de la recherche : Le MS mène une étude sur « les stratégies de développement des compétences pour le pilotage du système de santé ». Cette étude, domiciliée au niveau de la DHSA, est réalisée en collaboration avec l’IMT d’Anvers et la participation de 6 pays en développement. L’objectif de cet entretien est de pouvoir dégager, à travers votre expérience professionnelle et à travers les liens de travail que vous avez eu avec le système de santé, votre perception de la fonction de pilotage ou d’administration générale ‘bonne gouvernance’, et la qualité de pilotage du système de santé marocain. 1. Perception du concept de pilotage du système de santé - D’abord, que signifie pour vous le pilotage du système santé (contenu de la fonction) ? Que signifie pour vous un système de santé bien piloté ? Qu’est ce qu’il faut faire pour devenir un pilote du système de santé (compétences et autres)? Quelles sont, selon vous, les difficultés auxquelles est confronté le pilote du système de santé dans l’exercice de ses fonctions (Au niveau du contenu, de l’organisation et de la gestion, et de la communication) ? qu’est-ce que vous en pensez ? 2. Appréciation de la qualité de la fonction de pilotage : - - Pensez-vous que la qualité de pilotage du système de santé, dont vous avez été témoin, est en mesure de répondre efficacement aux besoins et aux attentes d’une part, des gestionnaires du système / professionnels de santé et d’autre part, des utilisateurs des soins de santé ? Comment ? (explications) Pensez-vous que les pilotes qui se sont succédés au Ministère de la Santé, que vous aviez connu, avec qui avez travaillé se sont engagés à la mise en œuvre d’une politique de santé qui soit en mesure 100 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc d’apporter un changement au système de santé ? A quels niveaux ? (décisions, gestion, relations…) (approfondir) - Pensez-vous que le pilote, avec qui vous avez travaillé, a apporté le soutien nécessaire à l’établissement des priorités dans les dépenses de santé prioritaires ? - Si on vous demande de porter un regard critique sur l’exercice de la fonction de pilotage du système de santé, qu’est ce que vous pouvez nous en dire (points forts, points faibles, faits saillants, etc.) (énumérer et expliquer ) - Avez-vous des propositions à faire quant au pilotage du système de santé par rapport à un modèle de bonne gouvernance ? Merci. Fin de l’entretien. 101 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe 4 : Répartition des lauréats de l’INAS par postes d’affectation et par niveau18. Niveaux et postes de responsabilité hiérarchique Nombre de Nombre de % postes lauréats ADMINISTRATION CENTRALE Cabinet du Ministre et du Secrétariat général 2 Directeur 8 8 0 Chef de division 27 4 14,8 Chef de services 89 6 6,7 INAS/ IFCS RABAT 12 Autres 17 S/TOTAL 41 CHU Direction de CHU : Secrétaire Général 4 1 25 Chef de Division 1 Chef de Service Direction des hôpitaux CHU Directeur Hôpital 2 Administrateur hôpital 6 Chef du Service de Soins Infirmiers 3 Autres 1 1 S/TOTAL 13 13 Instituts (IP, INH, CNTS, SCRP) Directeur 4 Administrateur 4 Délégué 66 19 28,7 Administrateur Délégation 66 7 9,1 Médecin Chef du SIAAP 66 11 16,6 Administrateur SIAAP 66 1 1,5 Directeur hôpital 108 12 11,1 Administrateur hôpital 108 4 3,7 Infirmier Chef du Service de Soins Infirmiers 108 4 3,7 Autres 41 S/TOTAL 99 99 AUTRES SECTEURS NATIONAUX/ INTERNATIONAUX Services de santé des Forces Armées Royales 7 Organisations Internationales 4 Pays Afrique Francophone 4 Caisse Nationale de Sécurité Sociale 1 S/TOTAL 16 TOTAL GENERAL 170 170 18 Situation décembre 2002 102 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe 5 : Liste des projets de recherche gérés et exécutés par l’INAS depuis sa création20. N° 1 2 3 4 Projets de recherche Niveau de Domaine de réalisation recherche Enquête sur les Causes et National Epidémiologie Circonstances de Décès infanto-juvéniles Approche de la morbidité et National Micro : mortalité maternelles au Maroc réponse rationnelle à un problème de santé Analyse des données de National Meso : l’enquête multicritère sur programmes l’utilisation des services de SMI-PF Rôle de l’hôpital et des services Local périphériques dans la santé de l’enfant (STD2) 5 les conditions d’amélioration de Local la référence et contre-référence (STD3) 6 Evaluation du Projet Développement de Soins Santé de base (PDSS) de National de 7 Evaluation des Hôpitaux Gérés National de Manière Autonome (SEGMA) 8 Evaluation de l’Organisation et National fonctionnement des services de santé dans les provinces défavorisées dans le cadre du projet BAJ (Priorités sociales) Etude des déterminants des Local problèmes de santé et leur prise en charge en milieu urbain (Initiative ‘Avicennes’) Analyse des données de National 9 10 20 Meso : boites à outils organisation des soins Meso : boites à outils organisation des soins Macro: modèle d’organisation du système Initiative MS MS MS Partenai re Partenai re MS Macro : options MS d’organisation et financement Macro : définition priorités MS Méso-gestion: organisation Partenai des services de re santé Meso : MS Source : Bilan d’activités de l’INAS, 1999 (complété) 103 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 11 12 13 14 15 l’Enquête Nationale sur les carences en iode/fer Projet d’appui scientifique aux National lauréats de l'INAS Évaluation de l’impact du National programme de formation en Administration Sanitaire et Santé Publique de l’INAS Implantation de l'audit médical : Nationale Auto-évaluation de la qualité des soins obstétricaux Implantation de l'audit clinique Nationale des cas de "Near Miss" comme outil d’amélioration de la qualité de soins: Etude de besoins de formation nationale des cadres en gestion hospitalière. programmes Méso-gestion : INAS Organisation des services de santé Méso/ INAS Formation Méso : boîtes à MS outils Organisation des soins Méso :boîtes à Partenai outils re Méso/formation INAS Annexe 5 bis : Projets de recherche-action menés au niveau provincial comme outil d’amélioration et d’appui au système21 Projets Pertinenc e PDRSS-1: 1. Efficacité de la CPN à Marrakech. 2. Utilisation des urgences de l’hôpital Agadir Locale 3. Utilisation des tableaux de bord des centres de santé 4. Continuité des services de Planification Familiale à Tanger AESP-1 5. Etude des évacuations et relations avec les hôpitaux de référence à Essaouira 6. Etude de l’utilisation et de la Locale qualité du laboratoire de l’hôpital de Sidi Kacem 7. Etude de la qualité des soins au service de chirurgie de l’hôpital 21 Domaine de recherche Initiativ e Micro Meso INAS Micro Meso Meso Micro INAS Micro Source : Bilan d’activités de l’INAS, 1999. 104 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc régional de Fès 8. Etude de la mortinatalité à la maternité provinciale de Tanger PDRSS-2: 9. Gestion des médicaments à l’hôpital d’Oujda 10. Utilisation des gaz médicaux à l’hôpital de Kénitra Locale 11. Evaluation de l’équipe mobile médicalisée à la province d’El Haouz 12. Attitudes et pratiques des populations enclavées de Guelmin AESP-2: 13. Audit sur la mortalité maternelle à l’hôpital de Kénitra Locale 14. Intégration des soins à l’enfant dans les centres de santé de Mohammadia 15. Etude des circonstances de la mortalité néonatale intrahospitalière à l’hôpital de Taroudant 16. Amélioration de la qualité de prise en charge des accouchements dans une maternité rurale de Taounate Micro Meso Meso INAS Micro Meso Micro INAS Meso Micro Meso 105 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc Annexe 6 RÉSULTAT DU SONDAGE SUR L’IDENTIFICATION DES « STEWARDS » codes Fréquence des citations 03 13 Score 29.3 Motifs de citation comme steward 09 10 20 02 08 16.5 01 07 13.5 07 07 11.5 11 03 9 10 04 5 05 04 2.3 Derrière la création et le développement d’une direction technique Acteur dans la mise en œuvre des Soins de santé primaires Efficacité et rapidité dans les décisions Charisme Esprit santé publique Capacité de parrainage Promoteur de la délégation des tâches et gestion participative Initiateur de la mise en place des programmes sanitaires Front parlé Il a permis la valorisation de l’administration Initiateur de la restructuration de l’administration centrale Derrière la création de l’INAS Initiateur de la réforme du financement Distingue entre politique et profession Initiateur du management moderne au Ministère Derrière l’introduction d’outils de gestion Initiateur de la réforme hospitalière Il a développé la formation continue Il a instauré des canaux de communication entre les différents services du ministère Il suivait des actions initiées Innovateur Efficacité et rapidité dans les décisions Pouvoir de leadership Qualité des relations avec les services extérieurs Charisme Maîtrise des problèmes du terrain Parrainage Capacité d’encadrement et d’appui des services extérieurs Conseiller Initiateur de la Planification sanitaire Initiateur de la mise en place des programmes sanitaires Initiateur de la formation des cadres à l’étranger Initiateur des Journées nationales de vaccination Capacité de parrainage Un des artisans de la mise en place du SNS Initiateur des groupes sanitaires mobiles Derrière la création de la première faculté de médecine Améliorer les conditions du personnel de la santé Initiateur de la Charte de la santé Promoteur de l’AMO/RAMED A Permis l’émergence de nouvelles compétences (jeunes) A permis la mise en évidence des grands problèmes des hôpitaux Honnête Il a le courage de ses idées Il a le sens de la responsabilité 106 Stratégies de capacity building en stewardship / Rapport final Maroc 06 01 2 08 01 2 12 01 1 13 04 01 01 0.5 0.3 Professionnel manager Initiateur d’un projet de mise en place de la comptabilité analytique dans les hôpitaux Présent dans toutes les réformes (monument) Participant aux grandes enquêtes Permis de donner du sens à la réforme de santé Mobilisateur Charisme Initier stratégie nationale de Formation Continue Sage Honnête 107