Final draft declaration Greece FR

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Final draft declaration Greece FR
Stop aux attaques contre les travailleurs grecs MAINTENANT !
Déclaration de solidarité envers les travailleurs grecs et leurs syndicats
Soumise à des politiques d’austérité néolibérales, l’économie grecque souffre depuis plus de 6 ans.
Des emplois ont été détruits, des budgets ont été fortement réduits, des systèmes sociaux ont été
démantelés, les jeunes sont incapables de trouver un emploi, et des centaines de milliers de
travailleurs grecs se sont enfoncés dans la pauvreté. Or, au lieu de soutenir les syndicats dans leur
lutte pour sauvegarder l’emploi industriel, les autorités grecques ont criminalisé leurs leaders.
En venant à Athènes, industriAll European Trade Union et ses organisations affiliées veulent faire
part de leurs inquiétudes au Ministre grec du travail mais aussi afficher leur solidarité envers leurs
collègues grecs et notamment envers les syndicalistes appelés à comparaître en justice ce 1er
octobre.
Le cas du chantier naval de Skaramanga
Victimes d’une détérioration et précarisation sévères de leurs conditions de travail pendant plus d’un
an, les travailleurs du chantier naval de Skaramanga (Hellenic Shipyards) se sont mis en grève le 4
octobre 2012. Leurs emplois sont utilisés comme pions dans un conflit opposant les dirigeants du
chantier naval et le Ministère grec de la défense pour qui le site construit exclusivement des sousmarins et des navires. Depuis 2010, le chantier est détenu à titre majoritaire par Abu Dhabi Mar, avec
25 % toujours dans les mains de l’Allemand ThyssenKrupp Marine Systems Group. Les salaires des
travailleurs du chantier naval n’ont pas été payés pendant toute une année, mais le Ministère est
resté indifférent à leur situation dramatique. Des affrontements avec les forces de police lors d’une
action de protestation au Ministère de la défense ont mené à l’arrestation de 120 travailleurs. Ces
derniers ont été finalement relâchés en échange de l’inculpation du président de POEM, d’un
représentant de la confédération GSEE et de 10 collègues du chantier naval. La date du procès est
fixée au 1er octobre 2013, alors que la véritable injustice, le non-paiement illégal des salaires des
travailleurs du chantier naval de Skaramanga, se poursuit.
Soutien syndical à l’échelle européenne
IndustriAll Europe exprime sa solidarité envers ses organisations affiliées grecques et les leaders
syndicaux qui ont défendu les travailleurs et se sont opposés au traitement illégal et indécent qu’ils
subissent depuis trop longtemps. D’un point de vue moral, nous ne comprenons pas que la priorité
des autorités grecques soit d’arrêter une personne qui manifeste contre une injustice faisant souffrir
de nombreux travailleurs et leurs familles plutôt que de traiter la source du problème : le
comportement irresponsable de la direction des Hellenic Shipyards qui a, en toute illégalité, cessé de
payer ses salariés. IndustriAll Europe demande que les charges retenues contre les 12 syndicalistes
soient abandonnées et que toutes les parties prenantes au conflit s’engagent à trouver une solution
juste pour les travailleurs de Skaramanga, qui ont assez souffert de l’indifférence de leur employeur
et du gouvernement.
L’austérité ne fonctionne pas
Malheureusement, ce cas est une nouvelle fois l’illustration que les politiques d’austérité imposées
en Grèce et dans de nombreux autres pays européens paralysent davantage les activités industrielles
qu’elles ne préparent la relance, la croissance et la création d’emplois. IndustriAll Europe condamne
l’approche unilatérale des autorités et notamment de la troïka formée par le Fonds monétaire
international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne, face à la
crise au cours des quatre dernières années. Au lieu de gérer les dettes nationales d’une manière
responsable et juste, la politique menée par la troïka est la cause d’une misère sociale sans
précédent. Travailleurs, retraités et fonctionnaires ont été défavorisés de manière dramatique par les
réductions de leurs salaires, la suppression d’accords collectifs ainsi que par des coupes dans les
systèmes de protection sociale et des réformes, tandis que les autorités fiscales se sont battues pour
combler efficacement les vides juridiques et collecter des impôts, notamment de la part des hauts
revenus et des détenteurs de capitaux. Les travailleurs pauvres et à faible revenu ont du, avec les
retraités, supporter l’augmentation de la charge fiscale.
IndustriAll Europe demande à la troïka de changer immédiatement de cap, de retirer le
mémorandum entre le FMI et la Grèce et de mette fin à leurs attaques contre les accords collectifs,
les droits des travailleurs et les droits reconnus internationalement et entérinés dans des accords tels
que les normes du travail de l’OIT et la Charte de l’UE sur les droits fondamentaux. La liberté
d’association et le droit à la négociation collective sont des piliers du Modèle social européen. En
aucune circonstance, nous permettrons qu’ils fassent partie d’un programme erroné, déficient et
néolibéral, qui n’est pas seulement la cause d’une grande pauvreté mais qui, si on le poursuit, met en
péril l’intégration européenne en alimentant l’extrême droite, le nationalisme et le racisme.
Une alternative équitable
Au lieu de poursuivre sur une voie dont il ressort uniquement du chômage, notamment parmi les
jeunes, une dégradation économique et une misère sociale, industriAll Europe propose de revenir sur
le chemin des investissements, de la croissance et de l’emploi en mettant en place un plan de relance
pour les économies de l’Union européenne, axé sur des gains à long terme et non sur des coupes à
court terme.
IndustriAll Europe plaide pour un plan de relance économique européen, incluant les éléments
suivants :
• Dépenser jusqu’à 2% du PIB européen par an pour des investissements à long terme dans des
projets durables relatifs aux infrastructures, à la R&D, la technologie climatique, aux ressources
renouvelables, à la formation et l’éducation
• Restaurer de manière permanente une croissance durable créant des emplois de qualité et
réduisant les écarts toujours plus grands entre les niveaux des économies en Europe
• Se concentrer en particulier sur les Etats membres qui ont été le plus sévèrement frappés par la
crise ou ont historiquement souffert de faiblesse structurelle
• Une véritable initiative européenne pour contrecarrer cette crise au lieu de se reposer sur des
initiatives nationales non coordonnées qui ne permettent de profiter des impacts amplifiés
obtenus par des stratégies alignées
• Emettre des obligations dédiées à des projets à long terme par le biais de la Banque européenne
d’investissements (BEI) qui mobilisent actuellement des épargnes inexploitées dans toute
l’Europe
• Introduire une taxe sur les transactions financières (TTF) ainsi qu’un impôt sur la fortune et utiliser
le revenu pour augmenter la base des capitaux de la BEI
• Garantir le respect des droits à la négociation collective et des accords collectifs à travers l’Europe
• Mettre un terme à la concurrence fiscale entre les Etats membres qui a enclenché une spirale
descendante et contrecarrer ce cycle en harmonisant la fiscalité sur les entreprises en Europe
IndustriAll Europe appelle les autorités grecques et la troïka à stopper leurs attaques contre les
accords collectifs et l’autonomie des syndicats. Elle appelle spécifiquement à l’abandon des charges
retenues contre nos collègues syndicalistes grecs et demande au Ministère de la défense de
retourner à la table des négociations avec les syndicats afin de trouver une solution rapide, équitable
et juste pour les travailleurs de Skaramanga.
IndustriAll Europe est prête et disposée à discuter de ses propositions dans un dialogue avec les
gouvernements nationaux, dialogue qu’elle encouragera activement au niveau européen.