Voyage – rencontre CCFD au Cambodge, une riche expérience
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Voyage – rencontre CCFD au Cambodge, une riche expérience
Voyage – rencontre CCFD au Cambodge, une riche expérience humaine… Nous étions 16 personnes de Bourgogne-Franche-Comté, et 2 tunisiens, à participer à cette « immersion » au Cambodge dont l’objectif était de rencontrer les bénéficiaires des programmes que soutient que le CCFD à travers diverses associations locales. Notre angle d’approche était de croiser les regards français, tunisiens et cambodgiens sur la situation des hommes et des femmes dans l’industrie textile et en milieu rural dans le respect des droits de l’homme, et Dieu sait il y a encore beaucoup à faire dans ce pays. Le Cambodge, en khmer, Kâmpŭchea, est un pays d'Asie du Sud-Est, peuplé d’environ 15 millions d'habitants dont la majorité est de religion bouddhiste theravāda à 96 %, musulmane cham (2 %) et chrétienne (1 %). A Pnomh Penh, le premier contact avec un jeune prêtre des Missions Etrangères de Paris, le P. Vincent Sénéchal, ancien élève de l’ICP de Paris, nous a permis un premier balayage permettant de mettre en lumière, deux décennies de guerre dont 4 années d’autogénocide qui ont profondément marqué le pays, non seulement en l'appauvrissant, mais en mettant à terre son capital humain (environ 2 millions de morts). Le Cambodge accuse aujourd'hui un fort taux de pauvreté, même s'il est en léger recul, et en dépit de quelques signes économiques encourageants, une forte augmentation des inégalités de revenus est observée et il n’existe quasiment pas de classe moyenne. L’Eglise catholique du Cambodge, sur fond de culture bouddhiste, est toute petite, mais son dynamisme est suffisant pour pouvoir intervenir dans ce qui est une des priorités diocésaine, l’éducation, et dans la mise en place d’entreprises sociales afin d’aider les populations les plus pauvres. Nous sommes là en plein dans l’accomplissement du thème d’année voulu par le pape François : "Ressentir la miséricorde, ce mot change tout. C’est ce que nous pouvons ressentir de mieux : cela change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste… », c’est ce message qui nous a porté tout au long de cette visitation, je crois. Et puis, nous avons eu l’immense joie de célébrer l’Eucharistie en khmer, installés sur des nattes et dans la position du Lotus, sauf durant l’Eucharistie, mais c’est là, la rencontre d’une autre culture et d’une autre façon de procéder, qui même si elle nous étonne, est à respecter. Je pense que nous garderons un beau souvenir de la rencontre avec cette communauté souriante et sereine. La suite de notre périple nous a plongés ensuite dans un tourbillon de rencontres avec diverses associations humanitaires dirigées par des hommes et des femmes emprunts de fortes convictions et animés d’un dynamisme impressionnant leur permettant d’accompagner, par la forces des réseaux, dans divers domaines, toutes ces populations, qui, dans les quartiers pauvres voire des bidonvilles, qui dans les campagnes reculées subissent des atteintes répétées à leurs droits les plus fondamentaux. Il est important de noter que c’est l’engagement et le militantisme qui seront sans doute vecteurs de changements profonds. Notre voyage fut aussi l’occasion de rencontres très émouvantes, joyeuses mais aussi difficiles, car là, les deux pieds dans la grande misère, il n’y avait pas le filtre de l’écran de TV ou d’ordinateur, du smartphone ou de la tablette. Nous nous sommes sentis particulièrement « indignés » de certaines situations d’absolue précarité, « brassés » comme disent les jeunes, avec le sentiment d’en « prendre plein la figure ». Enfin pour comprendre la situation des femmes, il faut aussi porter son regard sur le poids de la culture, dont l’empreinte est forte notamment, sur ce qui concerne l’éducation dans l’attitude et le comportement de totale discrétion que doivent adopter les femmes dans la société cambodgienne. Il est évident que de fait, il leur est difficile d’intégrer un milieu masculin, syndical ou politique, où pour se faire entendre, d’une part il faut élever la voix et d’autre part il faut prendre le risque de se faire mal considérer. Néanmoins, il est indéniable que nous avons vécu, durant ces deux semaines, au travers de tous ces témoignages, une riche aventure humaine, pleine de découvertes, d’émotions et d’amitié entre les représentants de nos trois peuples, français, cambodgiens et tunisiens qui ont tous une immense envie d’agir ICI mais aussi LA-BAS, pour faire bouger les lignes, car il est certain nos actions sont interactives. Cela étant, ce travail ne pourra se faire que dans la perspective d’un changement de mentalités et surtout dans le cadre d’un changement de modèle économique qui place la personne au centre d’un « dispositif » respectueux de la dignité humaine et aussi de l’environnement. C’est peut-être une conclusion ambitieuse, mais il faut sans doute mettre la « barre assez haut » pour pourvoir dire que le changement c’est possible. Pour en savoir plus et aller plus loin dans la réflexion, et nous référer à : « Qu’as-tu fait de ton frère » ? Gen. 4,10, et aux questions qui étaient déjà posées en 2006 par le Conseil permanent de la Conférences des Evêques de France : « Que fais-tu de cette démocratie ? Que fais-tu de ton pays ?Que fais-tu des autres pays ?n’hésitez pas à me contacter pour une rencontre [email protected] Bernadette DAGUIN JE VOURAIS VOUS PARLER…. Je voudrais vous parler d'un pays où il fait beau et chaud, où les fruits mûrissent à maturité et sont bons à manger, où la terre est généreuse et bonne à travailler, où les hommes et les femmes ont de beaux visages, vivent sans s'énerver au cœur d'une circulation hallucinante, où les nombreux enfants sont pleins de dynamisme. Je voudrais vous dire que nous avons fait un magnifique voyage au pays du sourire, que nous avons vécu des rencontres merveilleuses avec des personnes remarquables, que nous avons partagé des moments de joie profonde. Je voudrais vous dire qu'on ne revient pas indemne de ce genre de voyage, qu'on est marqué par la vérité brute d'un pays qu'on n'a pas choisi de visiter, que notre esprit est habité par les visages lumineux ou trop fardés, les regards brûlants ou résignés, les silences, les paroles fortes et fermes, les espoirs et les combats portés par ces êtres frêles. Je voudrais vous parler de Sitha qui porte haut et fort la cause des femmes au sein de l'association United sister hood, des militants de ADHOC qui défendent les droits de l'homme, des enfants des rues qui apprennent un travail et reprennent goût à la vie grâce à l'association Friend´s international. Je voudrais vous parler des jeunes de YRDP qui se forment à la démocratie, qui militent pour plus de justice et qui mettent en place des programmes d'action sociale pour aider les personnes à rebondir. Je voudrais vous parler de ces femmes qui triment dans des usines textiles pour un salaire de misère et qui rentrent le soir chez elles dans des camions à bestiaux. Je voudrais vous parler de ces femmes qui veulent défendre leur activité de travailleuses du sexe même si c'est pas beau et que ça nous dérange ce métier. Parce qu'au Cambodge, une femme qui travaille, ou qui est mariée avec un homme qui travaille est parfois obligée de vendre son corps pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Je voudrais vous parler de ces familles contraintes de quitter leur village parce que leur terre a été cédée à une grande compagnie qui va planter du manioc pour un rendement plus important ; et de ceux qui refusent de quitter leur terre et qui luttent, David contre Goliath, et dont la ténacité arrive à terrasser les grands groupes. Je voudrais vous parler de ces jeunes assoiffés de démocratie qui nous questionnent pour savoir "comment ça se passe en France quand il y a une manifestation ? Parce que nous, on se fait tabasser par l'armée si on manifeste dans la rue." Je voudrais vous parler de ce peuple dont l'auto génocide ne peut pas être reconnu car ce crime n'existe pas dans le droit, de ce peuple au sein duquel anciennes victimes et anciens bourreaux se côtoient quotidiennement et sont condamnées à vivre ensemble, de cette association qui forme des jeunes pour la paix et la réconciliation. Je voudrais vous parler de tous ceux qui portent l'espoir d'une vie meilleure dans ce magnifique pays qu'est le Cambodge. Parce qu'il faut que vous sachiez que c'est possible. Et que nous, occidentaux, avons un rôle à jouer dans cette bataille pour une vie meilleure. Anissa Léger Alors, invitez-moi, invitez-nous à témoigner de cette immersion [email protected]