rome, ville ouverte

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rome, ville ouverte
Aerni Pauline
MPAI2
CEPV, le 11. 12. 2013
Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini
La fiche du film
1. Identification
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Titre original : Roma città aperta
Titre français : Rome, ville ouverte
Dates de sortie : Italie: 27 septembre 1945. Sortie générale: 13 novembre 1946
Réalisation : Roberto Rossellini
Acteurs principaux: Anna Magnani : Pina (Anne-Marie), Aldo Fabrizi : Don Pietro,
Marcello Pagliero : l'ingénieur Giorgio Manfredi, Maria Michi : Marina Mari
(Monique Martin), Francesco Grandjacquet : Francesco Pellegrini, Vito
Annicchiarico : Marcello (Marcel), Harry Feist : le major Fritz Bergmann,
Giovanna Galletti : Ingrid.
Pays : Italie
Genre : film de guerre (peut être considéré comme un document historique, un
documentaire en raison de son réalisme).
Format: Noir et blanc, son monophonique
2. Le scénario
Au départ, Rossellini hésitait entre réaliser un documentaire sur Don Giuseppe
Morosini, prêtre fusillé pour son activité en faveur de la Resistance. Ou de réaliser un
documentaire sur des enfants qui posaient des bombes pour gêner les Allemands.
Il décide, au finale, de réaliser une histoire mêlant réalité et fixion.
Le scénario a été écrit par Sergio Amidei, Federico Fellini et par Roberto Rossellini.
Ils se sont inspirés des faits réels suivants:
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le personnage de don Pietro Pellegrini (Aldo Fabrizi) est inspiré de Don Giuseppe
Morosini, prêtre fusillé en 1944 pour son activité en faveur de la Résistance.
Pina (Anna Magnani) est inspirée de Teresa Gullace , tuée en public par les nazis
alors qu'elle était enceinte.
Giorgio Manfredi est inspiré par le résistant Celeste Negarville
les enfants résistants sont eux aussi inspirés de personnages réels
Le souhait de Rossellini est de mettre en avant le destin entrecroisé des
personnages. Cette nouvelle structure donne lieu à un agencement
cinématographique inédit.
On peut donc distinguer 3 points de vue différents:
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Le point de vue des résistants: Pina, Don Pietro, Giorgio Malfredi, et Francesco
Le point de vue des enfants.
Le point de vue de la Gestapo: le major Fritz Bergmann, Ingrid etc.
3. L'histoire
Film phare du néoréalisme, il rend hommage à la résistance. En effet ce film raconte
l'histoire d'un groupe d'italiens résistants, lors de l'occupation nazie en 1944.
Le tournage débute en janvier 1945, alors que les troupes allemandes occupent le
nord de l'Italie. Rome a été libéré par les Alliés. La ville est désormais dirigée par les
partis antifascistes.
Les thèmes principaux sont la dénonciation et la pauvreté. La dénonciation est
illustrée par le fait que Marina Mari vend les résistants à la Gestapo, par
l'intermédiaire d'Ingrid, après une dispute avec Giorgio Manfredi.
La pauvreté est présente tout le long du film. On y voit une Italie dévastée et
appauvrie par la guerre.
Synopsis :
Rome, 1944. L'ingénieur Giorgio Manfredi, un résistant italien cherche à échapper
aux Allemands. Il se réfugie alors chez le typographe Francesco et sa fiancé Pina,
qui attend un enfant de lui. Cette dernière met Manfredi en contact avec le curé de la
paroisse; Don Pietro Pellegrini qui aide activement les résistants.
De leurs côtés, les enfants du quartier -dont le fils de Pina, Marcello- résistent eux
aussi, à leur manière.
Lors d'une rafle, Francesco se fait embarquer dans une voiture Allemande et Pina,
qui lui courrait après pour le sauver, est tuée par un soldat. Manfredi et Francesco
trouvent alors refuge chez l'amante de l'ingénieur, Marina Mari. Cependant, après
une dispute, elle le dénonce à la gestapo, par l'intermédiaire de son fournisseur de
drogue, Ingrid.
L'ingénieur se fait alors torturer mais refuse de livrer les chefs de la résistance. Il
mourra sous les yeux de Don Pietro, sans avoir parlé.
Le curé est, quant à lui, fusillé devant les enfants de sa paroisse.
C'est ainsi que le film prend fin. Rossellini fait donc mourir ses trois personnages
principaux en martyrs.
L'histoire ne se déroule que sur quelques jours.
4. Les personnages
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Pina (Anne-Marie) est une jeune veuve, fiancée et enceinte de Francesco. Elle
est tuée lors d'une rafle par un soldat allemand.
Don Pietro est le curé de la paroisse. Il est aussi un résistant actif. Il est capturé
par la Gestapo. Il sera ensuite fusillé.
L'ingénieur Giorgio Manfredi est un fervent résistant. Il se réfugie chez
Francesco. Il est dénoncé par son amante Marina Marie et torturé par la Gestapo.
Il mourra cependant sans avoir parlé.
Marina Mari (Monique Martin) est l'amante de l'ingénieur. Elle le trahira en faveur
de la Gestapo.
Francesco est un résistant. Il est fiancé à Pina et accueille Manfredi chez lui. Il
échappera à la Gestapo.
Marcello (Marcel) est le fils de Pina. Il fait partie du groupe des enfants résistants.
Le major Fritz Bergmann fait partie de la Gestapo. Il cherche à mettre la main sur
Giorgio Manfredi afin qu'il lui livre les noms des chefs de la résistance.
Ingrid est le fournisseur de drogue de Marina Mari: elle fait aussi partie du cercle
du major Fritz Bergmann.
5. Les acteurs
Dans ce film, acteurs qualifiés (Anna Magnani et Aldo Fabrizi) et acteurs non
professionnels se mélangent. En effet Rossellini, en maque de moyens, a beaucoup
fait appel à des amateurs croisés dans les rues.
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Anna Magnani : Pina (Anne-Marie)
Aldo Fabrizi : Don Pietro
Marcello Pagliero : l'ingénieur Giorgio Manfredi
Maria Michi : Marina Mari (Monique Martin)
Francesco Grandjacquet : Francesco, Pellegrini
Vito Annicchiarico : Marcello (Marcel)
Harry Feist : le major Fritz Bergmann
Giovanna Galletti : Ingrid
6. Les costumes
Les acteurs sont habillés par des vêtements pauvres. Cependant Ingrid et Maria Mari
portent de plus belles étoffes. Elles appartiennent à un milieu plus riche. Elles ne
sont pas touchées par la pauvreté. Les membres de la Gestapo portent l'uniforme.
Les vêtements sont probablement plus des habits communs de tous les jours que de
réels costumes.
7. Les décors
Rossellini réalise ce film seulement deux mois après la libération de Rome, il manque
donc de moyens. Il entreprend alors de tourner entièrement en décors naturels
Le film a essentiellement été tourné dans quatre lieux importants:
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L'appartement de Francesco
La sacristie de Don Pietro,
Le QG de la Gestapo avec la salle de torture et la salle où les officiers allemands
se reposent et se distraient.).
On aperçoit alors l'opposition et la juxtaposition du bien et du mal (appartement,
sacristie/QG de la Gestapo). On distingue aussi une opposition entre les lieux dans
lesquels vit la classe ouvrière et le monde du spectacle et les relations troubles avec
la Gestapo. (L'appartement de Marina, qui paraît plus luxueux par exemple).
8. La bande son
C’est Renzo Rossellini, le frère de Roberto, qui compose la musique de Rome, ville
ouverte.
Le film a été crée sans enregistrement sonore, faute de moyens. Le son a ensuite été
rajouté une fois les scènes tournées.
9. L'image
Limage est en noir et blanc. Elle est dénuée d'effet photographique et n'a pas ou très
peu d'effets spéciaux. Le film a été filmé comme un documentaire.
10. La caméra
Après la guerre, l'industrie cinématographique est affaiblie. Rossellini ne dispose que
de peu de moyens financiers et techniques. Il ne trouve ni pellicule, ni acteurs
confirmés, ni studio.
Rossellini est donc contraint d'acheter ses pellicules au jour le jour, ou au marché
noir à des américains et de vendre ses propres biens afin de boucler le budget.
Il filme à l'aveugle; il ne développe pas les scènes enregistrées dans la journée.
Roberto Rossellini s'interdit de reprendre les scènes sous d'autres angles par
manque de pellicules. Cela engendre beaucoup de plan-séquences.
Rossellini conçoit un nouvel effet de style. Il fait survenir les événements à l'intérieur
du plan à partir du hors-champ. Ainsi, à la mort de Pina, elle s'effondre alors qu'on
entend le coup d'un fusil, cependant, nous de distinguons aucun tireurs. On voit
simplement la jeune femme s'écrouler au milieu du plan.
Dans ce film il y a aussi beaucoup de scènes ''manquantes''. On ne voit pas Marina
dénoncer Manfredi, ni Don Pietro assommer le grand-père.
11. Les dialogues
L'essentiel des dialogues est en français (dans la version française), mais beaucoup
de dialogues entre les membres de la Gestapo sont également en allemand.
12. Le générique
Au début du film. Lors du générique de début, un texte en Italien apparaît.
Voici sa traduction:
''Les faits et les personnages de ce film, tout en étant inspirés de la chronique
tragique de l'occupation nazie, sont imaginaires. Par conséquent, une identité avec
des faits et des personnages réels est considéré comme accidentel.''
Ce texte nous informe que Roberto s'est donc inspiré de faits réels durant la période
d'occupation nazie en Italie.
13. La réception
Ce film se déroule dans le contexte d'une Italie fragilisée par la guerre et le régime de
Mussolini, pendant lequel le cinéma italien est au service de la propagande fasciste
pendant de nombreuses années. Avec Rossellini le cinéma s'émancipe et représente
la réalité sociale d'après-guerre. Le public peut donc apercevoir la réalité comme elle
est; crue, choquante et violente.
Bien que ce film évoque le lesbianisme -par la relation entre Marina Mari et Ingrid- la
drogue et la torture, l'œuvre de Rossellini comble le public.
Le film est considéré à la fois comme un chef-d'œuvre et comme un documentaire
historique sur la guerre et la société italienne.
Rome, ville ouverte a remporté la Palme d'or au Festival de Cannes de 1946.
Ma critique
Bien que ce film soit réalisé avec très peu de moyens, au jour le jour et avec de
simples amateurs en tant qu'acteurs, Rossellini nous offre un film poignant.
Cela est dû, avant tout, aux effets de caméra. En effet, elle capte la froideur, la
brutalité de la réalité sociale telle qu'elle doit être montrée. Rossellini cerne très bien
le jeux du chat et de la souris entre les membres la Resistance et les Allemands. La
caméra ne s'attarde pas, ne s'apitoie pas. Les scènes ne sont jamais tirées en
longueur. Le jeux de caméra nous offre uniquement le réel, l'utile.
Le scénario et la mise en scène sont également exceptionnels. Notamment la
séquence de la mort de Pina. Notre souffle est coupé dés le moment où elle courre
pour sauver son fiancé et celui où Don Pietro tente de maîtriser Marcello. Aucun effet
amplificateur n'est au rendez-vous, et c'est tant mieux! Le stricte nécessaire nous
laisse une sensation amère, pénible. Rossellini réussit à marquer les esprits de
manière épatante.
Le seul élément gênant est le fait que le film ait été tourné sans enregistrement
sonore. En effet, quelques coupures et décalages sont perceptibles.
Mais ce point négatif est vite compensé par le réalisme du film. Les acteurs ne sur
jouent pas, leur émotions passent à merveille. L'environnement ,quant à lui, est
parfait. Nous voyons Rome telle qu'elle était; pauvre, délabrée, désespérée. En effet,
tourné dans une Italie en ruine, le film prend toute la dimension d'un documentaire. Et
c'est en cela que le film est excellent.