texte - montaiguvendee.fr

Transcription

texte - montaiguvendee.fr
Ceylan / Sri-Lanka
un conflit sans fin
Depuis bientôt 25 ans, le Sri Lanka vit des troubles interethniques,
qui se sont transformés au fil des ans
en une véritable guerre civile.
Ce conflit hypothèque le développement prometteur de l’île,
et semble être sans fin.
(d'après "le Dessous des Cartes" – avril 1999)
Situation
Indépendante depuis l'éclatement de l'Empire Britannique des Indes en 1948,
le Sri Lanka, autrefois nommé Ceylan,
est une île de l'Océan Indien, située à une trentaine de kilomètres du sud de l'Inde.
Carrefour religieux
Sa position l'a placée au carrefour de deux axes importants :
- un axe Nord-sud, reliant l'île au sous-continent indien,
et contribuant au peuplement de l'île et à la diffusion du bouddhisme en Asie du sud-est,
- un axe Ouest-Est, à la fois route maritime entre Europe et Asie,
et voie de diffusion de l'islam et des pénétrations européennes.
Ethnies et religions
Tout cela a légué à l'île de Ceylan une grande diversité ethnique, culturelle et religieuse,
visible dans la répartition de la population…
Les Cingalais, venus de l'Inde du Nord vers le 6e siècle avant J.C.
forment aujourd'hui 74 % de la population.
Ils parlent le cingalais, une langue indo-européenne, et sont en grande majorité bouddhistes.
Ethnies et religions
Les Tamouls représentent 18 % de la population de l'île.
Originaires de l'Inde du sud, ils sont arrivés en deux vagues successives, aux 1er et au 11e siècles.
Ils parlent tamoul, une langue dravidienne, et sont en majorité hindous.
Au 19e siècle, des Tamouls de basse caste, sont venus travailler sur les plantations.
Ils vivent dans les montagnes du centre de l'île, et forment un groupe distinct des autres Tamouls.
Ethnies et religions
On trouve aussi au Sri Lanka 7 % de musulmans,
qui sont considérés comme une communauté à part entière.
Ils vivent surtout au nord-ouest et à l'est du pays et parlent le Tamoul.
Concentration démographique
On a donc une population très variée,
qui représente au total 19 millions d'habitants pour 65 000 km²,
et est concentrée sur 20 % du territoire,
c'est à dire la zone humide du pays où a pu se développer l'agriculture.
Une économie de plantation
C'est une économie de plantation qui domine au Sri Lanka avec :
- le thé, le Sri Lanka est le 3e producteur mondial, - l'hévéa, - la noix de coco,
- et le riz qui est cultivé un petit peu partout, surtout dans les vallées du Walawe et Mahaveli,
et en même temps en zone sèche grâce à l'irrigation de terres nouvelles.
Potentiel économique
80 % du secteur industriel est concentré autour de la capitale, Colombo,
l'un des meilleurs ports d'Asie, d'où part un réseau routier très dense.
Le Sri Lanka est un lieu de tourisme important, le célèbre temple de la Dent de Bouddha est à Kandy.
Fort de ce potentiel culturel, touristique et économique,
le Sri Lanka aurait pu devenir le Taiwan de l'Asie du sud.
"Géopolitique" du conflit
Mais les mauvaises relations entre la majorité cingalaise et la minorité tamoule
ont débouché d'abord sur des tensions,
puis sur une véritable guerre civile, qui dure depuis plus de 15 ans.
"Géopolitique" du conflit
1er facteur du conflit : après l'indépendance de 1948,
les valeurs cingalaises et bouddhistes ont été mises en avant pour affirmer l'identité nationale,
et ce, au dépend des autres communautés.
Ces mesures ont été perçues comme discriminatoires par la communauté tamoule.
"Géopolitique" du conflit
En fait, les Cingalais craignent l'expansionnisme indien,
assimilé à la communauté tamoule.
Car à côté des Tamouls Sri Lankais, 50 millions de Tamouls vivent en Inde,
principalement dans l'État du Tamil Nadu, juste de l'autre coté du Détroit de Palk.
Territoires et richesses
2e facteur du conflit, la maîtrise du sol.
Les nouvelles zones irriguées du centre-nord et de l'Est de l'île attirent des Cingalais
dans une région à majorité tamoule, ce qui engendre rivalités et tensions.
Territoires et richesses
3e facteur, dans les années 1970, la crise politique rend la violence quasi-institutionnelle,
et la libéralisation économique met fin à l'État providence,
ce qui aggrave les inégalités et les frustrations aussi bien chez les Cingalais que chez les Tamouls.
les Tigres Tamouls
L'addition de ces 3 facteurs débouche sur des tensions et des émeutes intercommunautaires,
et à partir de 1983 sur un conflit armé.
les Tigres Tamouls
C'est à ce moment qu'apparaît au grand jour le mouvement des Tigres Tamouls, le LTTE,
qui lutte pour la sécession de la province nord et de la province orientale.
À partir de l'attentat de Jaffna, perpétré par les Tigres contre l'armée sri-lankaise,
le conflit s'étend vers Manar et la province orientale.
Bases du conflit
C'est aussi là que se situe le port de Trincomalee, l'une des meilleures rades d'Asie,
que le gouvernement sri-lankais voudrait développer,
et dont les Tamouls voudraient faire leur capitale.
Les Tigres parviennent à s'imposer face au gouvernement sri-lankais,
car ils sont déterminés, armés, et organisés.
Bases du conflit
Cette province orientale est un enjeu majeur.
Elle est peuplée de Tamouls et de Cingalais,
mais aussi de Musulmans qui sont contre la partition,
car ils deviendraient alors une minorité.
Bases du conflit
L'État indien du Tamil Nadu leur sert de base arrière
et leur fournit assistance matérielle et financière,
ils disposent des réseaux de soutien, et d'une grosse diaspora implantée en Europe,
et de financements importants
grâce au trafic de drogue, rackets et contrebandes diverses.
la Médiation indienne
L'Inde, puissance régionale, intervient comme médiateur,
pour tenter de mettre fin aux discriminations envers les Tamouls.
À partir de 1987, New Delhi envoie au Sri Lanka, des forces d'interposition qui,
mises en échec par les Tigres, se retirent en 1990.
la Médiation indienne
Depuis, l'Inde a pris ses distances avec le conflit,
et se contente de surveiller le Détroit de Palk,
et d'entraîner des soldats de l'armée sri lankaise.
Un pays coupé en deux
Depuis l'échec des négociations en 1995, les combats ont repris
et le pays est scindé en deux zones :
- au nord, une zone de combats, qui correspond à peu près à la zone tamoule,
- le reste du pays qui est plutôt calme, malgré des attentats-suicides des Tigres tamouls
contre des personnalités politiques ou des intérêts cingalais, notamment à Kandy et à Colombo.
Aujourd'hui, il n'est pas évident que l'on soit parvenu à un point d'usure.
La stratégie du gouvernement sri lankais
c'est d'obtenir la paix par la guerre,
en combinant victoire militaire sur le terrain et offres de négociations.
La guérilla est de plus en plus gérée comme une affaire de terrorisme
auquel il faut répondre par une politique sécuritaire.
Le gouvernement de Colombo se fait conseiller par Israël sur ce point.
La guerre coûte cher, et une victoire très nette nécessiterait
plus d'armes et le renforcement des effectifs militaires de l'armée.
Or, il y a des désertions,
et en dépit du chômage, les jeunes ne veulent pas s'enrôler dans l'armée.
Maintenant, du côté des Tamouls, la population est lasse de la guerre,
elle se reconnaît de moins en moins dans le mouvement des Tigres,
qui est un mouvement autoritaire
incapable de survivre dans un environnement démocratique.
Le problème c'est que le leader des Tigres est jeune (il a 44 ans),
le mouvement demeure riche, grâce aux divers trafics et contrebandes.
Seul un changement à la tête des Tigres
pourrait peut-être mettre un terme à ce conflit sri lankais.
Dernier point à retenir, la réforme constitutionnelle
qui vise à transformer ce pays en une fédération de 8 régions,
rencontre l'opposition du clergé bouddhiste
et des nationalistes cingalais à Colombo.
Cette réforme n'obtient pas assez de voix des députés au Parlement..
Pas de consensus chez les Cingalais, ni chez les Tamouls
et encore moins chez les Tigres : cela s'appelle une impasse.

Documents pareils