1431 henri vi a paris

1431
HENRI VI A PARIS
En 1431, les Anglais, dont les forces commençaient à s’affaiblir en
France, envoyèrent leur roi Henri VI, âgé de dix à douze ans, en France et le
firent sacrer à Notre-Dame de Paris, afin que la présence du jeune monarque
ranimât le zèle et le courage de ceux qui tenaient au parti de l’Angleterre.
Il fit son entré par la porte Saint-Denis. Un énorme écusson aux armes
de France et d’Angleterre couvrait toute la maçonnerie du côté extérieur de cette
porte. Le prévôt des marchands et les échevins, tous vêtus en robe rouge, le
reçurent sous un dais dont le ciel était d’azur semé de fleurs de lys d’or.
Au milieu des chevaliers, était un imposteur que les Anglais avaient pris
à la bataille de Beauvais ; il faisait le métier de prophète, et le peuple, trompé
par ses paroles et par des stigmates qu’il avait aux mains et aux pieds comme
Saint-François, lui accordaient les honneurs dus à un saint. A ce moment, il était
conduit lié de cordes comme un voleur.
Le cortège s’arrêta devant la fontaine du Ponceau à Saint-Denis où se
trouvait un spectacle que le roi admira beaucoup : trois jeunes filles représentant
des sirènes se trouvaient au milieu de fleurs de lys d’où sortaient du vin et du
lait ; buvait qui voulait 1.
En d’autres lieux, on représentait des scènes religieuses, au grand
Châtelet, on voyait un lit de justice ; un enfant représentait le roi, à droite
étaient les princes de France et à gauche ceux d’Angleterre.
Le cortège passa devant l’hôtel de Saint-Paul, le jeune Henri VI, ôta alors
son chapeau et salua la reine Isabeau de Bavière, veuve de Charles VI et grandmère du jeune roi.
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En 1485, Louis XI entrant dans Paris, put découvrir le même spectacle.
Dulaure, Jacques-Antoine (1755-1835). Singularités historiques contenant ce que l'histoire de Paris et de ses
environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire, 1825./Gallica-BNF
1431
HENRI VI A PARIS
Le dimanche suivant, le roi se rendit en procession à Notre-Dame, où le
cardinal de Wincestre le sacra, de là il vint au Palais2 dîner dans la grande salle
sur la table de marbre.
La foule fut si grande
que l’université, le parlement et le prévôt des
marchands ne purent monter l’escalier
pour prendre place ; lorsqu’enfin ils y
arrivèrent, ils trouvèrent leurs places prises par des savetiers, des moutardiers et
autres gens de même classe.
Tout le monde fut mécontent de l’ordonnance de ce repas ; l’assemblée
était d’ailleurs composée de manière qu’il y eût peu de monde qui ne fût voleur
ou volé.
Les fêtes qui suivirent furent très mesquines ; les parisiens mécontents
disaient que plusieurs enfants de bourgeois où de gens de métiers en faisaient
davantage lorsqu’ils se mariaient.
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Il s’agit là du Palais de Justice de Paris. La grande table était ronde et était placée à
une extrémité de la salle où les rois donnaient des festins dans les grandes cérémonies. Elle fut
détruite lors de l’incendie en 1618 ; elle occupait presque toute la largeur de la salle ; on n’avait
jamais vu une tranche de marbre aussi grande.
Dulaure, Jacques-Antoine (1755-1835). Singularités historiques contenant ce que l'histoire de Paris et de ses
environs offre de plus piquant et de plus extraordinaire, 1825./Gallica-BNF