Musashi

Transcription

Musashi
Hoberselzer lt /31
porRolond
e nombreux auteurs ont essayéde resti-
rigueur d'esprit, sa façon de voir rapidement au coeur des
tuer la personnalité
de Miyamoto Musashi,probablement
êtres et des choses (ce qui lui a peut-être permis d'éviter
japonais
lame
la plus fine
que l'archipel
ait connu,et qui
quelque adversairequi aurait pu réellementl'inquiéter...),
laissaà samort le célèbren Gorin-no-sho), cettevéritable
son insatisfaction, saquête incessante,donnèrent à son perbible de la tactiquedu combatau sabre.Aprèsavoirsuivi
sonnage quelque chose de terriblement inquiétant. Même
saquêteune vie durant,en solitaire.Héroshistoriquedu
une fois qu'il avait abandonné ce qu'il appelait n le perit art
martial ,, c'est à dire la seule voie du sabre, pour u le grand
Japon,contemporainde d'Artagnan,immortalisépar le
ROI,AND
HABERSEIZER,
qurlut
grandromancierjaponaisEiji Yoshikawa,inspirant quanart martial ,, c'est à dire la voie du stratège et, par extenhistorien
demélier,
elquiresie
un
tité de récitset de films, cet homme seforgeaune légende protiquont
sion, du politique. Et cela explique peut-être qu'il n'eut
morliorx
relusont
d'orls
ovecleurs
dérivés jamais vraiment une situation stable, digne de son niveau,
de son vivant. Escrimeurhors pair, exceptionnellement loulcompromis
Hon$ien
e$oujourd'hui
doué,dont chaquedéfi sesoldaitparla mort de I'imprudent sportih,
auprès d'un grand seigneur,saufà la fin de son parcours.
lrodilionnel
Koroledo
moisoussi
qui le relevait,animé de ce souffle guerrierque seulsont Sokedesonpropresle de
Mais I'a-t-il réellement souhaité? Vivre en marge d'une cer,, ou
le. Tengu'nomichi
lesKensei,cesu Saintsdu sabre,, Musashipassa Budo,
possédés
taine sociéténe I'a en tous caspas empêché d'aboutir. DéradeRecherche
Budolnstitul
dansI'histoirenon seulementcommetechnicieninégalé, Cenlre
ciné, solitaire, il puisa sa force de caractèredans la certitude,
Tengu
quil dirige
ô Strosbouç
jamais personne
d'ailleurscréateurd'une nouvelleécolede combat avec
lengu.eu). et peut-être le désespoirenfoui, de n'avoir
// wwwlnstitut
{http
deuxsabres,vainqueurdansplus de soixantecombatssin- Sonoeuvre
édiloriole,
ovecnom' de vraiment proche. C'est encore ainsi qu'il préfera se prémorlioux parer à la mort, en décidant de vivre ses dernières années
d'orls
guliersentresestreizeet sesvingt-neufans..., maisaussi bredemonuek
publiés
40 ons,eslexcep
depuis
commephilosophe,écrivainet artistepour le derniertronen ermite dans une grotte. Miyamoto Musashi reste dans
iionnelle
el lorgemenl
connue,
fronçoi' le panthéon des Samuraï célèbres de l'ancien Japon un
bienouielôdeslronlières
çon du parcoursde savie mouvementée.
Il traînait dans son sillage quantité de têtes brûlées, Ronin
comme lui ou Samuraï jaloux de tant de liberté et de nonconformisme, trop impatients de gagner leur notoriété en
se mesurant à lui, et qui n'y gagnèrentque la mort. Il ne se
maria jamais, écartant les femmes de son existence, car il
ne voulait se consacrer qu'à son art et à sa recherche. Sa vie
ne firt que la quête d'une méthode de combat infaillible,
qui ne serait pas liée à des critères fragiles et changeants,
comme la chance du moment ou I'inferiorité d'un adversaire. Cette recherche allait bien au-delà de ce que pouvait
lui apporter la seule voie du sabre. Il s'agissaiten réalité de
toute une démarche pour arriver à une nouvelle compréhension des êtreset des choses.En ceci, Miyamoto Musashi
finit sa vie comme un authentique maître, au sens également interne de la dénomination. Ironie cependant: l'image
idéale du Samuraï à laquelle va s'attacher la population
japonaise, celle du guerrier à la recherche d'un idéal de vie
élevé à travers la voie des arts martiaux. est en réalité celle
qui fut laisséepar un simple Ronin qui ne se reconnut
jamais lui-même de maître, ni pour le fond ni pour la
forme... Habile, fort, intelligent, seul... Toure sa vie, sa
DRAG0ll
n'24
ses.ll ovoilévoqué
donse toul
inquiétant mais attachant personnage,pour avoir vu la mort
,
premier
numéro
de. Drogon
de si près, tant de fois, et qui mourut tout simplement de
iouvroge
quio immorblisé
Miyo'
moto
Muso$i,celincontoumoblevieillesseaprèsune vie de défis, d'aventureset d'engagement,
personnoge
dupntheondes
en fait une vie de rêve pour I'homme n authentique , qu il
héros
Ageioponois,
duMoyen
e
n a jamais cesséd'être, à une époque oir tant d'excèsétaient
. Ç61;n.nsghe
, {Ecrils
surlescinq
rnL ot
n
Trnil r'lo< rinn
ll revient
iclsurlovie
onneoux).
ovenlureuse
deceguerrier
d'exceplion,
orchétype
du
. Musho-shugyo$o
, (-),qui
ovoilloulsubordonné
ô soquêle
fiévreuse
deI efficocité
obsolue
et
locliques
donlleséflexions
conti'
nuenl
loujoun
nolom'
d'inspirer,
ment,esproliquonls
desoilsdu
sobre.
Comme
ondil' unevie
pluspossionnonte
qu'un
romon...
pourtant interdits par la toute nouvelle u Pax Tokugawa , !
PRÉ(OG
Fujiwara-no-Genshin,
naquit
ShinmenMusashi-no-kami,
en 1584à Miyamoto, un petit villagedu centrede Honshu,
principaleîle duJapon,dansla provincede Harima (actuelle
préfecturede Myogo), appartenantau clan Niimi (Shinmen), celui desdescendants
desAkamatsu.C'était l'ère
Tensho,unepériodetrèsagitée.ToyotomiHideyoshiétait
la nouveaumaîtredu paysdepuisI'assassinat,
en 1582,du
Shogun(*) Oda Nobunagaqui avaitdéjàentreprisun lent
travaild'unificationpour mettrefin aux terriblesguerres
civilesqui déchiraientle Japondepuisplusieurssiècles.
Mais la paix civilen'étaitpasencorerétablie,et c'estdans
un environnementde violence,otr seulle fort pouvaitavoir
deschancesde survivre,que grandit celui qui porta durant
Sonpèreetaitun ffipm r"prte dnrub manisrntrttda sabrecourtet
d'armes
da Shogun.
daJixe: il auaitmfue batn l'undtsmaînes
sa rude enfanceles prénoms de Bennosuke,Heima ou
encoreTâkezo.Parla suite,celui-ci utilisa indifféremment
tout au long de sa vie les noms de famille de Miyamoco
(le plus connu), de Thkemura,de Hirata, de Shinmenou
de Hirao tandisqu à son prénom usuelde Musashifurent
parfois accolésdessuffixesà résonanceplus guerrière,tel
Masamaou Masanobu.
Si I'on en croit seshistoriographes,le jeune Tâkeo avait
manifestédesdonscertainsdèssonplus jeune âge.Il avait
de qui tenir: il était le secondfils de Shinmen Muni-nosukeNobutsuna,homme lige de MoriTaizenTâyu Motonari, seigneurdu châteauHagui. Son pèreétait un expert
réputé dansle maniement du sabrecourt et du Jite, et il
[e rlesdn
del'arlicte
lopnobll. ùd rurlc
del'âfitiondu
couverture
a turorhl r de[fl
Yoililcwo(1892-19621
publlé
enonghbpor
l(odonrho
Inlernotlond
Tokyo,
l9El.(eromon
de
loviedetiyunoto
I[uroili o élépubfêh
prern'lère
loir enlronçoir
on
l9E3ourlf,rfimrBollond
endeuxlomcr:c 1oy'æne
e1ls rofugn et a [o
r.
porfoite
lunrière
avaitmêmebattu I'un despropresmaltresd'armesdu Shogun lui-même.Ce qui lui valut le surnomde MunisaiShinmen (Niimi), marquant son telent incomparable.Tâkeo
sefit remarquerpar un véritabledon pour lesarts martiaux,
et sonentourageI'appelaitalorsvolontiersu le petitTenguu
par allusionà cesgéniesailés,mi-hommes,mi-oiseaux,au
long nez,que I'on disait vivre dansIa montagneet que la
exploitsau sabre.Quanrumeur créditaitd'extraordinaires
tité d'anecdotescirculent sur ce que fut le temps de son
et concoctées
bien
enfance,sansdoute largementexagérées
plus tard pour lesbesoinsd'un mythe.
Voici celle du chat errant, particulièrementsignificative
de cetten grâce, innéeque I' Histoire lui attribue, et dont r>
n'2f
DRAG()ll
t
Musashiaurait riré par la suite une efficacitéquasisurhumaine.
- Voisce chat assoupisur lesdallesdujardin..., lui dit un
jour sonpère.Serais-tucapabledz le tuer d'un seulcoupde
lamesansendommager
ton Katana* en éraflanth pierre?
Piqué au vif, le jeune garçon descendirlenrementversla
bête,décidéà releverle défi. Il observaun moment I'animal
somnolentsansméfianceau soleil.Soudain,samain droite
fit mouvementversla poignéede son sabre.Bennosuke
explosadansl'actionsur un Kiai* strident,faisantjaillir la
lame de son fourreau.Le chat, réveilléen sursâur,essaya
de bondir,maisil étairtrop tard.Déjà la lameétaitsurlui
aprèsavoir décrit une arabesque
mortelledansun bruissementde soie.Le chats'effondrasurla dalle.Il n'avaiteu
aucunechance.Mais c'està partir de là que I'anecdote
prend une autre dimension.En effet, lorsqueMunisai
s'approchadu petir tasde fourrureinerte,il y cherchaen
vain une goutrede sang.Derrièrelui pourtant son fils avait
rengainésonsabreet souriaitpaisiblement.Inrrigué,Munisai regardade plus près; et il découvrit avecsrupéfaction
que Ia lameavaittranchéun côtéde la mousrachedu chat,
à rasdu museau,et que I'animalrespiraittoujours,probablementévanouide saisissemenr.
Au regardétonnéqu'il
adressa
à sonfils, celui-ciréponditcalmementen le regardant au fond desyeux:
- On netuepassansmotif n'auaispasenuiedetuer cepetit
Je
chat.Mhne un chat erranta sa uie,qu'on ne supprimepas
par plaisir.Je lui ai kissék uie. Tiancherau-dek desamoustacheeut étéfacile, mais ne m'eut rien apportédeplus.
Munisai grognâune réponseininrelligible,mit la main sur
l'épaulede Bennosuke,puissedétournarapidemenrpour garderpour lui la lueurqui avaitalorsdansédanssonregardfier. . .
HISTOIRE
TIITGE]IDT
Histoireet légendesemêlentétroitementpour brosserle
meilleurtableaude celuiqui laissaau Japonla traced'un
n Saint du Sabre, (en lui prêtant aveceffet rérroactifdes
qualitésde coeurqui ne lui sonrvenuessurle rard...),c'est
à dire un maîtred'armequi avaitquelquechosede plus
qu'un homme... Il estévidentque nombrede sesprouesses
lui ont érécréditéesà posteriori,Bennosukese faisanren cetempssurtoutremarquerpaf un comportement
fougueux,souvenrirascibleet téméraire,auquelon a voulu
trouverun senspar la suite,mais qui n'a vraisemblablement été rien de plus qu'un manièred'expressiond'un
courage,d'une ambirion,d'une volontéde survivre,qui
ont étélesmêmespour nombrede jeunesfils de Samural
de ce temps.Comme il arrivesouvenrlorsqu'unhomme
meurt plus grand que d'autresdansle souvenirde ceux
qui I'ont connu, on sehâtede lui forgerun passéexceptionnel jusquedanssaplus tendreenfance,réduisantdu
coup la part sansdoureprépondérantedue auxseulsefforts
de cet homme tout au long de savie. Dans ce sensla vie
de Miyamoto Musashi,telle qu'elleesrparvenuejusqu'à
nous,estun modèledu genre.Laissons
donc sansregrers
ceshistoiresd'enfance,forcémentexagérées,
pour ne conserver que les seulsrepèresqui puissenrêtre parfaitement
DRAG0ll
n'24
authentifiés.Ceux-cisuffisenrd'ailleurslargementà ranger cet homme parmi lesfiguresde prou de son époque.
A l'âgede sept ans Bennosukedevientorphelin de son
père,tué lors d'un duel.Il estalorsrecueillipar sononcle
maternel,un moine, qui l'emmenadansson monastère.
Mais le garçonn'éraitpasfait pour devenirbonze.Il mit
ce séjourforcéà profit pour s'entraînerau sabre.Tour en
acquérantune maturirécertaineau conractd'un milieu
de spiritualitéet d'ascèse.
Bennosukeétairpar narureun
coq de combat,et il lui fallait se resrer.Lesoccasions
ne
manquaientpasen cemefin de XVIe siècle,oir leTâikoToyotomi Hideyoshilançaitpour la secondefoissonarméesur
la Corée,cerrespour conquérirn le paysdu matin calme,
mais surtout pour renterde canaliserI'agressivité
de ses
Samuraïversun ennemicommun,et horsdu Japon.
A l'âgede soixanteansMiyamoto Musashi,qui ne comptait plus sesvictoiresen combarssinguliers,disaitsesouvenirencorede celuiqui fut sapremièrevictime,alorsque
lui-mêmeavairrout jusrerreizeans.
tEPREfIIITR
DÉFI
Deux ansavanrsamorr, Musashiécriviten effet: nJ'ai pratiqué lesarts martiaux depuisma plus tendreenfance.J'ai
liuré monpremier combatà l'âgede teize anset défs mon
aduersaire
Kihei... ,.
C'étaiten 1596.Bennosuke
avairavisépar hasardun billet
placardéau carrefourle plus passantde la ville, porteur du
défi qu'un dénomméArima Yoshibe(Kihei), du Shinto-
oJ'ai pratiquélesartsmartiauxdÊpuismdplus
tend.re
enfance.
J'ai liurémonpremiercnmbdt
Kihei. ))
à l'âgt deneizeanset défismln ad,uersaire
MiyamotoMusaslti.
ryu, lançait à quiconque oseraitle relever.Le procédé était
coutumier de la part des bretteurs connus sur la place. C'était
gagner et survivre. La morale ne trouve pas son compte dans
cettehistoirevéridique (et qui setrouve loin de celledu chat
pour eux une manièrede setestet d'enrichir leur expérience,
errantl), d'autant plus que certainesversionsde la scènerap-
de réaffirmer leur supériorité qui aurait pu être remise en
portèrent que le vainqueur s'acharnaensuitesur le cadavre,
causepar un trop long effacementde la scène... Mais c'était
lui brisant le crâneet éparpillant la cervelledansla poussière.. .
aussiun risquecertain, car nul ne pouvait sedire à I'abri d'une
Musashi venait cependantde faire une entréebrutale et très
surprise.Mais la notoriété était à ce prix. La démarche ne
remarquéedansun monde qu'il guignait depuislongtemps.
manquait donc ni courageni de panache.A I'inverse,pour
C'était le début d'un engrenagequi pouvait rapidement
I'inconnu de passage,capablede releverle défi et de sortir
devenir mortel, car en se faisantune placedans une société
victorieux d'une telle rencontre, c'était la renommée assu-
de guerriers,oir la vie et la mort sejouaienr chaquejour sur
rée, dans I'instant. Donc un enjeu de taille, avecun risque
un fil étroit, il était devenu lui aussiun homme à abattre.
en proportion. Bennosuke contresignale défi sanshésiter,
Mais Musashi s'y rua sans même I'ombre de la peur, car
car I'occasionétait belle pour sortir d'un anonymat qui lui
c'était exactementce qui convenaità sanature profonde. Le
pesait,puis il s'en retournapaisiblement.Chacun desadver-
resteseraitson Karma...
sairesignorait tout de l'autre, mais la provocation ayant été
tAOUÊTE
DUGUERRITR
faite selon les règles,la rencontre allait avoir lieu. Inconsciencede jeunesse?Bennosukene pouvait savoirque I'homme
On retrouve sa trace trois ans plus tard à I'occasiond'un
qu'il avait provoqué appartenaità la célèbrefamille de Toki-
autre duel d'importance, celui qui lui permit de vaincre
sade,et était lui-même attachéen tant que maître d'escrime
Akiyama, un guerrier renommé de Tajima, qu'il tua... On
à la maison de Tokugawa Ieyasu.Le jour venu, et malgré les
pouvait désormaissuivre à la tracecelui qui se faisaitmain-
pressionsde son entourage,Bennosuke refusade faire des
tenant appelerMiyamoto Musashi, et qui avait entrepris à
I ' t À i . f n < hô , , ^ ( h ôG . 1m , ,. 1 0
excusespubliques, ce qui aurait mis fin à I'affaire.Ceu qui
.ô
y avaient penséconnaissaientmal le jeune garçon ! On seren-
r. L:;,"; ^^^.".r ..^"^ 1", "a,
maître (Ronin), à la recherchede la perfection de son art,
dit donc au champ désignépour I'affrontement.Tête haute,
^ ^ , , ; " . . ^ r ^ - - ^ . r . 1 ,- " ; " ,
subordonnant toute savie à cette quête de guerrier solitaire
."""
regard dur, Bennosuke ne laissaà Kihei pas même le temps
de le jauger: il serua aussitôtsur lui en brandissantson Bokken de chêne. Son adversaire,surpris, fit un pas de côté et
^
^ , ^ r ^^ r , . ^ l ^ , - ^ " " , .
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travers le pays une longue pérégrination de guerrier sans
kÀ< on r nn o
(Musha-shugyosha)qui le brûlait de I'intérieur, à traversles
dons
o périodeTokrgowc
llô03
rencontres
que lui proposaientleshasardsde la vie. C'est ainsi
I BôB]elquconslslo
t pour
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qu'on le retrouve,à l'âgede dix-septans,en$agésousla bann, orr or
À n
or
Ào
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on
mni.
lred écoe enécole
porr
iRyu)
""","",1,"."J,""r"'r "ll "", ."
nière de Toyotomi Hideyori, fils du Tâiko décédédeux ans
jouer... Mais, sensdéjà aigu de la stratégieou simple bra-
rorf.n'on
plus tôt, qui tentait d'imposer sa légitimité pour garder le
vade,Bennosukene perdit rien de sadétermination et reprit
l p e sC é t o i t( e r f o n c e o u
aussitôtl'avantageen... jetant au loin son arme de bois!
Snm' rn ,
dégaina dans le mouvement. La partie s'annonçait dure à
o,
n ôlp r]
n prpr
lnn r rn ,< rlo,o nonomonk
D'abord interdit devant cette manoeuvre incompréhensible,
Kihei attendit. Mais il s'agissaitbien là d'une provocation
pour un combat au corps à corps, devant laquelle Kihei ne
pouvait sedérober: quoique déjà fortement charpentépour
son âge,son adversaireétait plus jeune que lui, mais puis-
, n o< rorfnrn ,", "
pouvoir. En face, le clan de l'ambitieux Tokugawa leyasu,
,
h "",".
phquesonsereporlero
à
ouvroge
oeGobrlel
e elRoond
l-lnhorcairor.
Fnr,,ernÂÀio rlor
', Edll
orlsmodiollx
onsAmphoro
2004)
ancien allié du Tâiko mais qui rêvait maintenant d'unifier
ni<rn
leJapon à son propre compte. Le choc eut lieu lors de la célèbre bataillede Sekigahara,le 2l octobre 1600. Gigantesque
affrontement entre plus de deux cents mille guerriers,tel
que le paysn'en avait jamaisvu, en une terrible mêléeboueuse
dans une valléedétrempéepar pluie et brouillard, où tout
qu'il s'était désarméil ne pouvait plus le pourfendre sansper-
sejoua finalement sur la traîtrise des Kobayakawa, qui chan-
dre la face... Il ne pouvait donc plus que jeter son sabre...
gèrent de camp au plus fort des combats. Tokugawa leyasu
et donner du coup dans le piègetendu... Doué d'une force
récupérait ainsi définitivement l'héritage laissépar Toyo-
décupléepar la rage de vaincre, Bennosuke se rua sur lui,
tomi Hideyoshi. Nombreux furent les preux célèbresqui
I'empoigna à bras le corps et I'envoya rouler au loin,
moururent ce jour là, et l' Histoire n'a que faire de ce que
I'assommantà moitié. LorsqueKihei cherchaenfin à serele-
fut alors la mauvaisefortune d'un Musashi, qui s'était éga-
vet Bennosukeramassason Bokken pour lui assénerun vio-
lement retrouvéce soir là parmi lesperdants.En effet, laissé
lent coup sur le crâne devant I'assistancesuffoquée: Kihei
crachadu sanget mourut. [,e firtur Musashi venait d'illustrer
pour mort, gravementblessémais vivant, celui-ci restaplusieursjours au milieu des cadavresempilés sur le champ de
le principe selon lequel la défaite pouvait venir de la sous-
bataille,et il ne dut qu'à saconstitution vigoureusede récu-
estimation d'un adversairedécidé, mais aussiun autre qui
veut que, dansun combat pour la vie, tout était permis pour
I
suivre}
{ô
n'24
DRAG0tl
(OMBATS
COI{TRE
[ECI.AI{
YOSHIOKA
À partir de 1604 on rrouve Musashi à Kyoro, la ville de
I'Empereur (*). Il a vingt et un ans er il est au meilleur de
sa forme. Sa technique du sabre s'était lentement forgée,
à coups de défis qui furent à chaque fois desvictoires. Mais,
toujours insatisfait, il cherchait encore et toujours I'efficacité
absolue.Déjà sa nororiété le précédait. Pasétonnant donc
de voir acceptéle défi qu'il lança à Yoshioka Seijuro, maître de I'un des plus importants Dojo de la ville, et dont le
père, Yoshioka Shozaemon, maître d'armes du Shogun,
avait déjà en son remps affronré son propre père. Ce duel
célèbrefut le début d'une longue vendetta, dont Musashi
sortit vainqueur er encoregrandi. En fait, celui-ci ne s'était
pas engagéà la légère.Il connaissaitdéjà bien son adversairepour en avoir minutieusement étudié la technique à
la dérobée,en épiant par une fenêtre du Dojo... Mais
connaître sestechniques favorites, sesmanières de sedéplacer et de rompre, ne lui suffisait pas. Bien connaîrre
I'adversaire,auranr que soi-même, était la clé de la vic-
point de n comparaison de la taille ,: une distancerelle qu'en
ROIAND
HABERSETZER,
connu
se tenant très droit face à I'adversaireon se sente plus grand
pouruneoeuvre
éditorio
e exceq
que lui, donc avecI'impressionde le dominer par savolonté
t onnel
e eilorgemenl
connue,
et satechnique... Musashi pouvait mainrenanr clairement
donslemonde,
reste
depuis
le
premier
d'orts lire dans les yeux de Seijuro la surprise,I'hésitation, la
lourunproliqionl
morlouxrelusont
toulcompromis
déconcentration, autre chose encore peur-être, qui lui monovecJeun
dérivés
sportik.
I est
oujourd'hui
Honsh
enKoroledo trait déjà le chemin de la victoire. Rassemblanrsoudain
lroditionnel
el Soke
desonpropre ses forces, Seijuro arraqua quand même. Tiop tardl Vif
styedeBudo,
le. Tengu-no
comme l'éclair, Musashi feinta à I'abdomen, cassanrnet le
,, ouCenlre
michi
deRecherche
mouvement
d'attaque de Seijuro, qui choisit de rompre.
Budolnslitut
Tengu
quil dirige
ô
Le
temps
pour
lui de s'apercevoir de la feinte, il lui fut
Strosbourg
lhttp://
wwwlengu.lr/).
ll poursuit
lci
impossible d'intervertir le cours des choses: le sabre de
évocotion
decetincontournoble
bois de son challengers'abattit sur sa têre, la manquanr de
personnoge
duponthéon
d."s
peu,
mais lui brisant l'épaulegauche.Seijuro s'écroulasous
héros
duMoyen
Ageloponois
quelutMiyomolo
Musoshi,
ce
la violence du choc, un voile rouge devant les yeux, er somguenier
d'exception,
o'chétype
du
bra dans I'inconscience. Musashi se pencha sur le corps
Ronin
l bred'ofloches
pourmeux
inanimé, I'examina, se redressa:
rechercher
l'efficocité
cbsolue,
qu
vécul
unevieplusposionnonle - Il n'estpas mort. Soignezle...
q uu nr 0 m 0 n . . .
Et il
toire. Musashi s'était donc également enquis sur le tempérament, le caracrèrede I'homme qu'il avait provoqué.
s'en alla comme il était venu, nonchalammenr. Les
disciples de Yoshioka Seijuro rerrouvèrenr vite leurs esprits
et seprécipitèrent. On plaça le blessésur une civière de for-
Lentement, sa stratégieprenait forme.
Le jour fut convenu. Ce serait à dix heures du matin, sur
un terrain proche du temple Rendai-ji, dans la banlieue
tune et on I'emporta. Seijuro finit par retrouver sa santé,
mais jamais son honneur. Humilié, il abandonna sa fonc-
nord de la cité. Dès I'aube, impatient, Yoshioka Seijuro
était arrivé sur les lieux, entouré de disciples.Mais lorsque
tion de maître d'armes, se rasa le crâne er devinr prêtre
bouddhiste. Mais, pour la famille Yoshioka, la haine était
plantée et tour n'avair pas été dit !
sonnèrentdix heures,Musashi n'érait toujours paslà. Il mit
deux heures à venir... Il avait en fait décidé que ce considérableretard serait l'élément central de sa stratégie.Lorsqu'il arriva donc enfin au lieu du rendez-vous,s'avançant
sanshâte, Seijuro était hors de lui. Lorsqu'il vit le sourire
plein de morgue de Musashi, il brandit son Katana en
garde au-dessusde la tête en I'invectivant:
- Sa ! Viens donc. . . paysan inculte !
Sanssedépartir de son calme, Musashi continuait d'avancer
simplement vers lui en renant très souplement son Boken
de la main droite. Surpris, décontenancépar cet apparenr
manque de concenrration, Yoshioka chercha à se placer
pour lancer son arraque.Ce qui n'était pas facile sur ce sol
inégal et si different du plancher lissede son Dojo. Musashi
s'avançaencore,venanr très près,jusqu'à ce qu'il appellera
par la suite, lorsqu'il codifiera sa technique par écrit, le
Ionlcorrn'r
Seijuroabandonndsafonction
de maîtred'armes.
Maispour lafamille Yoshioka,
la haineétaitplantée
et tout n'auaitpas étédit.
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. r*n'.Ëqiéiiiça;,
u RtNomtntE
0utAtvloRT
De fait, depuis la défàiteimprévisiblede Seijuro,la consternation régr-raitau sein du clan Yoshioka.Honte et colère
;..,.
{F
aussi,qui ne pourraient s'effacerqu'avec la n-rortde ce
Musashi.Denshichiro,le jeunefrèrede Seijuro,également
expert au sabre,fit donc rapidement savoir par rnnonce
publiquequ'il ne laisserait
pæ cetaffront in.rpuniet qu'il enjoignait à Musashi d'accepterla revanche.Une fbis encorerce
ne fut paslong... Denshichiro,qr-riavaitune statureimposante,I'attendaitavecun sabrede plusde cinq piedsde long.
Mais il n'en perdit pas moins la vie: Musashiput se saisir
de son arme en cassantrapiclernentla distance, et lui fendit
le crâne. Le deuxièmeYoshiokamourut sur le champ...
Cette fois, c'en était trop. La haine du clan Yoshiokaétait
incommensurable. Il fut convenu d'ur-redernière rencontre, clécisive,
au lieu-dit Ichi;oji, où Musashis'assurer:rit
définitivementla renomméeou trouveraitla mort. Pour cedern i e r , n u l d o u t e q u e c e s e r a i tl a r e n o m m é e ,d é f i r - r i t i v c ,
éclatar.rte...
Musashisavaitque le clanqui avaitjuré saperte
allait jeter sesden.rières
forcesdans la bataille.Il y aurart
Matashichiro,le propre fils de Denshichiro,encoreun enfànt,
accompagnéde plusieursdiz.aines
d'hornmespuissamment
arlnés.Cc nc seraitpasur-rduel comfile lesautresmais, malgré despropositions an.ries,Musashi choisit d'irflrontcr seul
ce combat qui s'annonçaitbien inégal.Cependant,p,rrfàitement conscientdc ce qui sc présentaitcomme ur-rdangereux traquenard,il décida d'étudier cette fois à tcmps la
configuratior.r
des lieux. Ichijoji était un villagede la banlieuede Kyoto, au pied d'r.rnemontagne.On y accédeitp.rr
un seulchemin qui bifurquait au pied d'un vietx et immense
pin à la ramure épaisse.Musashi en déduisit que la troupe
ennemieI'attendraitlà, à couvert,aux premièreslueursde
l'aube,heure à laquelleavait été convenuela rencontre.Il
eut alorsun trait de génie: inr.erserce qui passaitdéjà pour
ur.rehabitude créerait un effet de surprisedont il por,rrrart
facilen.rent
tirer profit. C'était décidé: contrairementaux
deux rencontresprécédentcs,
il viendrait cettefbis bien en
avancc...! Le jour dir, eu prenrierchant du coq, Mr.rsasl-ri
m a r c h a i t d é j à v e r s I c h i j o j i s x n s q r r e p e r s o n n en ' a i t p r . r
s'apercevoir
de son départ,et en prenantsoin d'emprunter
un largeitinéraire faisantle détour par la r-nontagne.Ce Fut r
DRAG0il
n'25
D au coursde cetreprogression
verscequ'il savaitêtresondes,
tin qu'il eut un momentde faiblesse.
Il décrirapar la suite
lespensées
qui I'assaillirent
lorsqu'ils'arrêtaun moment
devantun petit rempleShinto du bord de la route: ne fallait-il pasprier ici lesDieux pour savictoire?Mais, parvenu
au pied de I'auteldu templeHachidai,un sanctuairedédié
au Dieu de la guerreHachiman,à I'instantotr il s'apprêrait
à tirer le cordonsacréde la clochepour commencersaprière,
il sereprit soudain,honteux.Le front soudaincouvertde la
sueurdela hontequi venaitde le submerçr, Musashis'éloigna
rapidemenr.
C'estcetépisodequi lui inspiraceslignes:u 1/
faut uénherlesDieux a l.esBouddhamaisnejamaiss'enremettreà etx ,. La nuit blanchissait
lorsqu'ilarrivaau pin centenaire,derrièrelequelil sedissimulasoigneusement.
Maintenantle sorren était ieré.
rffftT DTSURPRIST
Il ne s'étaitpasrrompé.Il n'eut quele tempsde s'installer
queIa troupedesYoshiokaprenairpossession
de I'endroit,
seportantsur un largepérimètreautourdu pin, et jusque
surlessentesavoisinanres.
Le piègeéraitmis en placesous
le regarddétachéde Musashi.Celale concernait-ilvraiment?
Il écoutaitparlerde lui commes'il sefut agide quelqu'un
l'heuredevérlfô,
d'autre...
rur lle deilukoiiino.
- Nousauonsbienle temps,il ne uiendrapasauantquelesoleil
nesoitdéjàhaut...
Musashisourit,parfaitementcalmeet confiant,sûr de cene
nouvellevictoirelorsqu'ilauraitprisla viedu jeuneMatashichiro, qui venaitde s'asseoir
sansméfianceà quelques
piedsseulementde sacacherte.Il sedécida.Mieux valait
en finir vite.
- Je suisMiyamoto Musashi! Il a longtempsqueje uous
I
attends!
Et il bondir en avânr.Sesparolesn'eurentguèrele temps
d'atteindrele cerveaudu dernierchefdu clan Yoshioka;
la têtede celui-civola dansune gerbede sang.Puis,profitant de I'effetde surprise,Musashisedéplaçarapidement
d'un groupeà I'autre, profitanrdespremiersjeux d'ombre
et de lumièrequ'avaitdéclenché
le soleilmaintenantlevé,
décimantles rangsavecprécisionet méthode,dansune
confusiontotale.Biendessabresétaientencoredansleurs
fourreauxlorsqueMusashi,estimantque c'en était assez,
disparaissait
dansl'épaisse
forêt,unemanchede sonKimono
percéd'uneflèche.Il laissaderrièrelui unedouzainede cadavres,la mort du clan Yoshiokaet une réputationqui se
répandità traversle paysaussisûrementque lesrayonsde
cesoleilqui auraitaussibien pu seleverce marin là sur la
fin de sesambitions.
Remontantla route du Tokaidoversle nord, car il n'avait
plus rien à faire à Kyoto, Miyamoto Musashieur désormais à faire faceà desdéfis d'autanr plus nombreux que
saréputationle précédairlargement.Mais il ne fut jamais
réellementmis en danger.Des dizainesde Samuraiet de
maîtresd'armesconnus le rencontrèrentet trouvèrent la
mort. Parmilesduelslespluscélèbres,
ceuxqui I'opposèrent
à Oku Zoin, moine-guerrier
du templeHozoin, un élève
de Inei,dansla régionde Nara,ainsiquele combatcontre
BaïkenShishido,spécialiste
du Kusarigama(*),
dansla provincede Iga,qu'il vainquitégalement
malgréI'allongede
son arme redoutable:il lui lançason W'akizashi,
qui le
frappaen pleinepoitrineet l'étenditraidemort. En 1608
Musashiarrivaà Edo, ville bruyanrede touteslesinrrigues
et oir tant de guerriers,Ronin ou non, cherchaienrà se
faireremarquerpar l'un ou I'autreDaimyo en visiteauprès
du pouvoirshogunal.Il y ouvrit un petit Dojo, qui devint
trèsfréquenté.C'estlà, rapportele Niten-ki, qu'il accepta
le défi de Muso Gonnosuke,expertdu bâton (Bo-jutsu),
qui se disait u le plus grand artiste marrial du royaume,
fondateur du sryle Hinomoto-ryu o. lJne autre source
avanceque cetaffrontemenreurlieu àAkashi,dansla province de Harima. La rencontreesrdiversementrapportée
par l'Histoire. Une desversions,tout à I'avantagede Musashi,
rapporte que Muso fut humilié dansce défi et qu'il sererira
dans une grotte du Monr Honman pour y méditer et expérimenter une meilleure technique de combat. Et qu'il finit
par y définir le Jodo, la u voie du bâton ,, un bâton plus
long d'une dizaine de centimètres que le sabredu Samuraï mais plus court que le bâton classique,et qu'il nomma
son écoleShindo Muso-ryu. Et qu'aveccettearme, Musashi
lui concédaun match nul lors d'une seconderenconrre...
Une nouvellevoie martiale seraitdonc née d'une défaite...
Aucune lame, aucun Boken, aucune lance, aucune arme
n'eut raisonde la techniquede Musashivivant. Aucune traîtrise non plus, telle celled'Araki Hampeita qui, aprèsavoir
été vaincu en combat singulier mais avait pu garder la vie
^ . JJ
sauve, avait essayéd'enfermer son rival alors que, sans
t 3
méfiance aucune, celui-ci prenait un bain de vapeur, dans
I'espoir de le faire u bouillir dans le bain de pierre u. . . C'est
encore dans la ville d'Edo que Musashi défit en 1610 deux
combattants célèbres,Osedo Hayashi, du Yagyu-ryu, er
TsujikazeTenma, une puissancede la nature doublée d'un
redoutable expert au sabre.
Décidément invincible, à l'âge de vingt neuf ans, Musashi
finit par selasserde tous cescadavreslaissésderrièrelui. En
& ler
*
àr
1612, il quitte Edo. Sansqu'il ait pu, lui le Ronin, songer
soixantainede duels jusque là reconnus à Musashi, qui le
à approcher les meilleurs escrimeursde la cité, tel I'illustre
fit définitivement passerdans l'histoire des plus grands
Yagpr Munenori, maître d'armes des Shogun Tokugawa.
expertsdu sabre,avec le cortègede légendesqui alla avec.
Un combat, s'il avait pu avoir lieu, qui aurair qu'elle qu'en
ait été I'issuechangé I'histoire du Ken-jutsu... Musashi
tt DtRl{ttR
DuttDtMusAsHl
repartit vers le sud, à la rencontre de SasakiKojiro, un sabreur célèbreet invaincu, surnommé u le démon desprovinces
Ce fut le choc de deux combattants exceptionnels.Car
de l'ouest ,. C'était le 13 avril 7612, er ce fut son dernier
que dix-huit ans, était lui-même déjà un bretteur d'un
combat singulier. Ce fut aussile plus célèbrede la bonne
niveau tout à fait remarquable,et il n'avait plus aucun rival
Sasaki Kojiro (Ganryu), du clan Mori, qui n'avait alors
dans saprovince natalede Echizen. Il était en train de faire,
lui aussi,une grande randonnée à travers le pays, portant
la mort à coups de défis aux maîtres d'armes les plus célèbres.II portait sa longue épéedans le dos, une lame droite
polie par un célèbre forgeron de Bizen il y avait de cela
r,r.li
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presquetrois siècles,et qu'il appelait53u percheà sécher,,
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Jq
*
&nL.* * t
par analogieaux longuestigesde bambou sur lesquelleson
faisait sécherle linge. La technique qu'il avait mise au
point, et qu'il avait appeléeGan-ryu, était redoutable.On
le disait notamment infaillible dans la technique dite du
( tonneau de I'hirondelle , (Tsubame-gaeshi)qui lui permettait de trancher d'un seul coup vif et précisde son sabre
long I'oiseau au vol. Cet u art de tuer les hirondelles , au
vol supposaitune précision remarquabledans le geste:une
sorted'aller-retourtrèsvif de la lame. On disait aussique
Sasakis'entraînait chaque jour à regarder l'oiseau exécuter de gracieux tonneaux au ras du sol et à saisir I'instant
précisoùr,lorsqu'il inversaitson tonneau, il descendaità
une vitessed'évolutionpresquenulle, un point d'inflexion
dans sa trajectoire qui lui permettait alors très sûrement
de couper I'hirondelle en deux comme si elle avait été parfaitement immobile. Lorsquele jeune prodige entra dans
la province de Buzen, dans l'île de Kyushu, le Daimyo(.)
Hosokawa Mitsunari Tâdaoki le prit à son service.Sasaki
Kojiro draina aussitôtde nombreux disciples.Peude temps
DRAGO]{
n'25
æ.'-après, redescendantdu nord, Musashi arriva dans la ville
de Kokura pour rendre une visite de courtoisie à un ancien
disciple de son père. Dès qu'il fut mis au courant de la
présencede Sasaki,il fit transmettre à ce dernier son désir
de se mesurer à lui. La renconrre fut aussitôt fixée sur une
île de sablenommée Mukaijima (ou Funajima), dans le
détroit de Kanmon, à environ deux mille et demi de Kokura,
à I'heure du dragon. Elle est un modèle de stratégieet de
maîtrise, le sommet de I'art de Mivamoto Musashi.
TAPARFAITT
MNTRIST
il TART
Elle peut se reconstituerainsi: Torazaemon,I'aubergisre,
se décida enfin, le front moite d'émorion. C'est que le
soleil était déjà haut dans le ciel et la renconrre avait été
en principe fixée à huit heuresdu matin.
- Seigneur,il estdéjà tard... il serait tempsd'embarquer, osat-il, en se penchant davantage au-dessusde I'homme
endormi.
Musashi bailla et s'étira paresseusemenr.
C'était un Jour
comme un autre, et la mort saurait attendre. La sienne
peut-être ? Penséeridicule , qui I'effleura à peine. Ce Sasaki
Kojiro ne ferait pas plus le poids que rous ces autres qui
avaient eu le malheur de croiser un jour sa route et qui
n'allèrentjamaisplus loin. Tout de même ... Ce Kojiro, disciple de Toda Seigendont il tenair l'art du sabrecourt,
était un peu de sa rrempe: n'avait-il pas quitté son maîrre
pour découvrir et approfondir seul l'art du sabrelong avec
lequel il avait ûni par développersa fameusetechnique du
( tonneau de I'hirondelle u, mortelle pour rous sesadversaires? On lui avair rapporté que I'on pouvait suivre Kojiro
à la trace, rien qu'en repérant les restesd'hirondelles proprement sabréesen vol par sa lame redoutable,capable
d'anticiper à coup sûr la rrajectoirede l'oiseau.C'était cette
marque de parfaite maîtrise de I'arr du sabrequi lui avait
valu le posteenvié d'instructeur officiel du clan Hosokawa.
['êpisode
revupor
I'inogerie
populoire.
de cellesdont étaienr pourvues les nombreusesembarcations de pêcheurstiréessur le sabledu rivage,il sautapres-
Certesnon, ce SasakiKojiro, qui n'avait lui non plus jamais
connu la défaite, ne serait pas n'importe quel adversarre.
tement dans I'esquif. Ce fut à peine si le petit bateauoscilla
sous le choc. Il laissafaire le batelier, er n'eur plus d' yeux
Mais c'étaitleur Karma à tous deux: il était inévitableoue
les deux hommes ûnissent par se rencontrer.
que pour la vieille rame en chêne rouge qu'il entreprir de
tailler grossièrementà son extrémité. Dans sa tête, le plan
Musashi fit posémentsa roilette,pris son petit déjeuner,
puis se prépara.Il connaissaitrour du lieu oùr devait se
d e b a t a i l l ep r e n a i tf o r m e . . .
dérouler le combat, une mince langue de sable,qu'il avait
longuement étudiée le jour précédenr. IJne vieille habitude... Il savaitque son adversaireI'y artendaitdéjà avec
impatience; er il eur un sourire froid en se rappelantque
le fait de décider lui-même de I'heure de la confrontation,
UNT
HABITT
fIIANGUVRT
En arrivant sur l'île, il vit bouger lesspectâreursvenusassister malgré I'interdiction officielle à ce qui s'annonçait
comme un spectacleunique. Et aussi la ligne immobile
des officiels chargésde veiller au bon déroulement de la
rencontre. Il ordonna au passeurd'aborder le rivage tout
et ce au tout dernier momenr, lui avait déjà valu bien des
victoires rapides et spectaculaires.Cela ne suffirait sans
au bout de l'île, à un endroit au sol pourtant inégal er cou-
doute pas tout à fair aujourd'hui, mais Musashi était fort
vert de buissonset d'épineux.C'était aussivenir par l'est,
d'une autre certitude: quand il s'agit de vaincre, rour esr
bon pour la victoire.Et aussiqu'il n'y a qu'une seulemanière
et Musashi savaitqu'il se présenterairavecle soleil dans le
dos. Kojiro, trop furieux à cause de son retard, et rrop
occupéà arpenterimpatiemment le rivage,un Haori* écar-
de tuer. Il remonta les largesmanches de son Kimono sur
les épaules,afin de bien dégagerles bras, les maintint en
late jeté sur son Kimono et son imposant sabresur l'épaule,
les nouant selon I'usageavecune cordelettepasséesousles
ne vit rien de la manoeuvre.Avant que I'esquif ne touchât
aisselles,
puis accrochaune servierreà saceinture. Il sedirigeaensuited'un paslégerversla barquechargéede I'amener
le rivage, Musashi sauta dans I'eau peu profonde, sa rame
à la main (**). A sa vue, son adversaires'avançavers lui,
sur l'île. Ramassanrau passageune longue rame de bois,
venant jusqu'au bord de la vase,car la marée était basse:
DRAGOI{
n'25
- 'fu esen retard, Musashi ! Ma parole, mais tu aspeur...
la coursede son sabredont la oointe éraflale sol. Briserle
Musashi ignora le regardmi goguenard,mi furieux, et resta
rythme de I'adversaire...
silencieux,comme s'il n'avait rien entendu. Déjà Kojiro
" Tbute chosepossèdeson rylThme.Vaincre reuient à perceuoir
tirait lentementla longue lame de son fourreau,puis jetait
le rythme de l'aduersairetout €n tfttu/lillant soi-mêmesur des
négligemment celui-ci à la mer. C'est à cer insranr que
rythmesqui uont le dérouter., Musashi bougea lentement,
cherchant un angle, puis il bondit à son tour, dans un
Musashi sut qu'il allait gagner! Son adversaireétait déjà
un homme mortr ( tonneâu de I'hirondelle , ou pasI La
grand cri, abattant avec force et d'une seule main sa lon-
maîtrise de la distance était plus importante que celle de
gue rame sur la tête de Sasaki,qui plia les genoux. Celuici projetadansun réflexeson sabreà I'horizontale...( ton-
la vitesse...Il s'arrêtaaussitôt,lespieds encoredans l'eau,
et interpella Kojiro pour la première fois.
- Tu asperdu Kojiro. Commenr un uainqueurpourrait-il jeter
neau de I'hirondelle,... Le Katana tranchale bas du
lefourreau de son sabre? Tu esdonc si sîrr qu'il ne te seruira
plus,,.
couper davantage.Musashivenait d'esquiveren bondissant
versle haut, répondant par la technique du u vol du démon ",
Décontenancépar le trait inattendu, bouillant de rage,
autrefois enseignéepar Tsukahara Bokuden. Déjà son
Kojiro brandit son arme. Peut-êtrecomprit-il alors le sens
second coup de rame balayait son adversaireà hauteur de
de la manoeuvre de Musashi, mais il était de route façon
poitrine, lui brisant les os et lui écrasantles poumons.
Kimono de Musashi, à hauteur des genoux, mais ne put
déjà trop tard: son adversaireavait en{in pris pied sur le
Sasakiachevade s'effondrer, le sang giclant du nez et de
rivage, bien en garde derrière sa rame qui avait quelques
la bouche. Son sabre,qui avait pris tant de vies,finit sacourse
vingt centimètresde plus que son fameux sabre...
1 ' l P " . r " , , 1 "", ' " " " . " " r , f , .
lô.ô
|.ESO|.EIT
DERRITRE
TOI
Ainsi donc, contre toute règle, Musashi ne se battrait pas
âvecune vraielame... En gardantsâpropre lame dansson
étui, SasakiKojiro, qui venait de le comprendre, aurair eu
de meilleureschancesde couvrir la distance, alorsque main-
ô(
iôr.ô ô ô( ^
h r.r.
phqles or sefeDor:efo
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" . " " " . 1 " C " L , " r " " r P ." . ^
l - l r n o , q o r .: c .F n . . . " " , 1 " l *
orlsrcr oux" Ect ors Amol'orc
en se plantant un peu plus loin dans le sable humide oir
détalaient quelques crabes.Il avait l8 ans.
Miyamoto Musashi s'agenouilla à côté du cadavreet mir
sa main devant le visageen sang. Kojiro ne respirait plus.
Musashi se releva et remonta aussitôt dans I'embarcation
dont il prit lui-même lesramespour s'éloignerau plus vite
2004
"l
l- Dcc'èsesnui pes!e'sons
de Mukaijima. * La rapidité dans la tactique n'est certespas
tenant... Il ne vit pas le sourirevainqueurde Musashiqui
rlp rplto rrn-nrlrp
avait noué son Hachimaki autour de son front, noeud sur
MyomotcrÀ'/ruscsh
setoiDc( cl
celui qui estdeu€nuhabile dansson Art,,, se souviendra-t-il
I'avant, pour retenir sescheveuxfous grossièrementrame-
co-bo clec o rore qu lenoi
pour son u Corin-ni-sho ,.
nés en toupet sur le haut du crâne. Car il y avait aussi le
soleilqui commençaità lui brûler la rétine... Musashiaussi
s'ensouvint par la suite,lorsqu'il consignadansson u Gorinno-sho " : " Dans /e combat, chercheà placer le soleil derrière
toi ott à ta droite., lr ballet mortel avait commencé. lr temps
n'existaitplus, ni l'espace.Rien. L'autre était tout. Tour
pouvait se jouer sur un clignement de paupière,un son
rp: rÉ ohro
d e l oe r o r o l e c u i s m p e
la uéritable Voie.Elle apparaît presquelente la technique de
cclcn 0r enaore
cvecun
Boien. Molsposovecso,l
(olorc el ercoremclnsorec
deur
sobres
P|.US
RIEI{
A PROUVER
Il avaitvaincu une fois de plus. C'était assez.Il n'avaitplus
rien à prouver,ni aux autres,ni, surtout, à lui-même. Miyamoto Musashi avait alors vingt-neuf ans, et il est dit qu'il
ne se battit plus jamais en duel pendant les trente trois ans
qui lui restaientà vivre. On dit aussique ce génie de l'art
inattendu, un peu se sablequi croule sousle pied.. -
du sabreavait enfin rencontré dans ce dernier duel un
Kojiro bondit en avant. Sa lame fendit l'air pur du matin
adversaireà sa taille, qu'il tua, mais qu'il regretta beau-
dans un bref miroitement et sembla fendre le crâne de
coup. Il y a tant de versionsde cet ultime combat... Mais
Musashi en deux. Mais celui-ci eut un mouvement bref,
il est parfois moins intéressantde s'acharnerà établir des
et I'on vit sescheveux retomber en désordresur sesépau-
faits que d'explorer le renouvellement perpétuel de la
les: la pointe de la lame adversevenait de lui couper ner
légende.Aujourd'hui l'île où succombaSasakis'appelle
son serre-tête.Esquiveparfaite... Mais, emporté par son
Ganryujima.
élan et la certitude de la victoire, Kojiro ne contrôiait plus
T
(ùsuivre)
(( Toutecltose
possède
sonrytltme.Vaincrereaient
àperceuoirle rythmedÊl'aduersaire
tout en traaaillantsoi-même
sur d,esrythmes
qui uont le d,éroltter.))
DRAGOil
n'25
ll y eut,pourceluiquifutproboblement
lepluscélèbre
escrimeur
detouieI'histoire
duJopon,
sovie0v0ntle
dueldeMukoiimo,
etcelle
quilesuivit.,.
Voicilofindutryptique
consocré
ô lovie
incroyoble
del'undesplusgr0nds
héros
duMoyen
Âgeioponois,
>
0uteur
du<Gorin-no-Sho
(<Ecrits
), ou( Iroitédescinqonneoux
surlescinqroues
>).Elleestrocontée
p0rR0LAND
HABERSETZER,
Honshi
enKorotedo
troditionnel
mois
oussi
Soke
2006desonpropre
depuis
style
) qurilenseigne
deBudo,
le<Tengu-no-michi
(Budo
0uCentre
deRecherche
Budo
KenkyukoiTengu
Gokuin.
http://www.tengu.fr),
pouruneoeuvre
etconnu
éditoriole
exceptionnelle
et
incontournoble:
solignedemonuels
d'ortsmortioux,
olli0nt
depuis
touiours
lotechnique
etle
culturel,
continue
ù foireréférence
bienou-delô
desfrontières
fronçoises.
ll retrouve
icisoplume
<Histoires
(ses
), porues
d'historien
etdeconteur
deSomuro'i
dons
lesnuméros
précedents
), seronttrès
deuDrogon
prochoinementéditées
>).
por( Budo
Editions
tEHLs
DE
musAsHl
Deux ansaprèsle duel sur Mr-rkojimirsedéroulait le siègedu
châteaud'Osaka,suitc:\ une derr-rière
tentativede reprisedu
pouvoir par Hidevori, le fils de Toyotomi Hideyoshi. Après
clouzemois de siègelir mort de Hideyori enrraînala disparition de la firmille des'loyotomi et le succèsdéfinitif de celle
des Tokuearva(*),dans laquelle se succéderonrles Shogun
jr-rsqr-r'cn
1868. Il sembleque, quoiqu'aucunrexrenc soir
fàrmel sur ce frrit,Milamoto Musashisesoit ralliéaux troupes
assiégées
desToyotomi, fidèleen Faitau choix qu'il irvairdéjà
f,rit lors de la bataillecleSckigaharaoùril faillit laisserla vie.
Miyomoto
Musoshi,
lors
desonoflronlement
ovet
(telqu'ilfut
Sosoki
Koiiro
reprêsenté
donsl'undes
nombreux
filmsron:orrês
ù sovieporle cinémo
iri souslestroils
ioponois,
del'ocleur
Toshho
Milune).
d'années,on ne sair ph.rserand cl-rose
de sa vie. Sauf qu'autour de sestrente six ans,il fut préoccupéde ne pasavoir de
frls,sa vie de pérégrinationslui avanr interdit de songerà
fbr.rderune Farnille.Il s'occupad'abord de Mikinosuke, un
jer-rne
garçonqr.ris':rvérabrillirnt et auquelil enseignason art.
un girrçoncl'uneclouz:rined'années.C'était dansla provrnce
de Derva. ]l v croisaen effet un jour sur un sentier un garçon trirnsportantdesanguillesdirnsun seaude bois,et le pria
de lui en ofrfrirquelquesunes. L'enfant, qui s'appelaitIori,
lui l:rissa
le seauentier et s'enalla.Le lendemain,à la tombéede la nr.rit,Musashisemit à la rccherched'un sîte. Attiré
r-refut pas sa sur;rriseen se trouvant nez i\ nez avecI'enfànt
qui lui avait offert seslochesla veille. Iori ar-rssi
le reconnur
aussitôt,le fit entrer, lui offrit du thé et un resrede millet.
LorsqueMusashi lui dit son étonnemenrde le voir seul,Iori
bonne nuit.
(ombolousobre:scène
Mais Musashi ne trouva pirsle sommeil. La nuit érait froide
delo viedesfrères5ogo,
et
I'humidité pesaitsur sesvôremenrs.Il se redressasoudain
peinlure
duXlX.siède
Orientol
deVenise} dans le noir, intrigué par un bruit méralliquepersistanr,
{Musée
trente et un ans.A partir de là, et pendant une vingt.rine
le srrivrepar sr-Licicle
rituel (Junshi).Musashi renconrraalors
hutte. Il Frappaà la porte pour demar.rder
l'hospitalité.Quelle
lui apprit qu'il étaitorphelin,puis le laissaer.rlui souhaitant
l-e chiiteaud'C)sakatomba lorsqueMiyamoto Musashi eut
Lescler,rx
hommes devinrent trèsproches.Mikinosr.rkcpassa,
avecl'accordde Musashi,eruseruicede Honda'latatoki mais,
lorsquece dernierdécédabruralemenren 1626,il choisitde
par une petitelueur dansla montagne,il découvritunc petite
,ç
venant d'à côté.Il seleva,pour decouvrirIori affiiranr conscien'un
cieusementla lame d
sabre... A cette heure de la nuit?
Iori lui expliqua alors le plus naturellementdu monde que
son pèrevenait de mourir la veille et que le cadavreétait trop
lourd pour lui; qu'en conséquence,il seproposaitde le couper en deux pour pouvoir le transporteret I'enterrerdigne-
I
ment. Touché par la piété filiale er la détermination du garçon, Musashi porta le corps du défunt jusqu'à la montagne
oir il l'enterraà côté de la mère de lori. Musashi adopta alors
Iori et fit de lui un Samuraï,qu'il fit par la suite engagerpar
OgasawaraTâdazane,
le seigneurde Kokura. Iori portait alors
le nom de Miyamoto. Musashi, qui se fixa égalemenrpendant six ans à Kokura, avait cinquante er un ans. Deux ans
plus tard, en 1637,les chrétiensqui vivaient opprimés dans
la péninsulede Shimabara,sur l'île de Kyushu, serévolrèrenr
et lesTokugawadécidèrentde noyer la révoltedansle sang(**).
Musashi et son fils adoptif accompagnèrentle Daimyo de
Kokura dans la campagnede répressionqui lui fut ordonnée. C'est ainsi que, lors du siègedu château de Hara au
printemps 1638, Miyamoto Musashi firt nommé membre
de l'état-major du Shogun pour le clan Kokura, et placé en
retrait par égardpour son âge.Iori fut quanr à lui chargédu
commandement d'un corpsde réservepar Ogasawara.Il est
dit que Iori finit par combattre en premièreligne, le jour de
I'assautfinal du châteaule 14 avril, et qu'il fut distinguépar
son courage.Par contre Musashi n'eut probablement pas à
rejoindre les troupes d'assaut.Miyamoto Iori mourut en
1678, er lesliens de sangqui I'unissaientà Musashiserransmirent sur six générations.
t'ÉCou
DEs
DEUX
SABRES
Entre l'épisode du duel de Mukaijima et celui de la campagne de Shimabara,Miyamoto Musashi était devenu un
autre homme. Refi-rsant
toujours de sefixer pour fonder une
école,conservanria têre froide aprèstanr de succès,il s'obsrina à s'enfoncerplus encoredansl'étude de la Voie, celledu
guerrier,qu'il fut en premier,mais aussicelled'un u homme
accompli ,, qu'il rêvait d'êrre. Sa grande errance,celle de
celui qui sedisait en quête de I'efficacitéabsolue,et qui était
cellede tous lesSamuraïpurs et durs du paysà un moment
ou un autre de leur existence,il la mena d'un bout à I'autre
de savie comme un Ronin, un n homme de la vague,, sans
maître.Il expérimentalargemenr,avantque de la décrirepeu
âvantsamort, cetten voie oir I'on va seul,. Sarencontreavec
le moine Zen Tâkuan (1573-1645), qui I'incita à chercher$
DRAGOi|
n'26
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la vérité au plus profond de lui-n.rême,ne lirt pas étrangère
à cetteprofor-rcle
tr:rnsformationintérieureet à l'inflexion de
savie.A partir du début desannées1630 Musashivécuten
effet comme une secondevie. Il seconsacradésormaisentièremenr à l'étudede la Voie du sabreet connur sansdoute cet
éveilintérieur(Satori)tant recherchépar lesadeptesdu bouddhisrneZen, celuiqui briseu lesportesde la perception, ordinaireet ouvre u le chemin de la vraievie ,. Sesrenconrresavec
le boLrddhisme,I'art du thé, la poésie,la peinture à I'encre
cle Chine, avaienrmodifié sa sensibilité.C'était comme sr
son combat avecSasakiKojiro lui avait fait sr.rerdéfinitivement sabrutaleet inutile violence:depuis,lorsdesdéflssuivar.rts,il évitait de tuer, témoignant même de compassron
enversceux qu'il avait dû blesser.Il avançaitainsi à grands
pasvers ce qui consrituait I'idéal depuis le début de l'ère de
paix imposéepar les'lbkugarva,fusionnant lesartsde la paix
et les arrs de la guerreen une même et noble voie (Bunbu-
j*
no-michi).
UNT
SYNTHEST
ORIGINATT
Sur le plan de la rechnique du sabre,il est évident qu'il fit
tout naturellemenrsapropre svnrhèse.On créditeMiyamoto
Musashide la créationdu srylede Ken-jutsu Emmei-rvu (on
trouve égalementle nom de Hi-no-shita Kaizan Shinmei
Miy:Lmoto N4usashiMasana-ryu,une technique qui fi.rttrans-
"r *1*
Y
V--
mise parTèriro Kyunranosuke),qui prit plus rard le rrom de
Nito-ryu, ou Hyoho Niten Ichi-ryu (Ecoledescleuxsabres:
une main tenirnt le sabrelong et I'autre le sabrecourt, en un
double rempârr infranchissable),
puis celui de Niten-ryu
(Ecoledesdeux Ciels)." Niten , était aussiun nom de plume
parfois utilisé parrle peintre et calligraphequ'il était devenu
dansla dernièrepartie de savie (***). Si l'écolea disparuavec
Musiuhi (le Hyoho Niten Ichi-rvu prétendcependanrauJourd'hrri transn.rettre
la rechr.rique
de Mr-rsashi),il existeccpendant encoredesKata à deux sirbrestransmispar le Ken-jutsu
lru cours clessièclessuivanrs.En fait, le srvlede Musahi fut
bien plus qu'une déclinaisontechnique.Non seulemenrses
techniquesd'homme de rerrain lui irvaienrpermis de Formuler des principcsuniversels
du combar,que celui-cisoir
çr
singulier ou qu'il s'agissedu l.reurtde deux armées,m:ris il
lesenglobadars une philosophieapplicableà tous lesdomair.res
d'une vie entière.
Quar.rtitéd' " histoiresde Dojo , ramènenrau Kenseilv1iyan'rotoMusashi.Domaine de la légendepure, peut-être,mais
histoirescombien exaltanres,au-cleli\de leur naTvetéparfois,
pour les pratiquantsd'irrts martiaux d'autrefoiset cl'aujourd'hui. Cer-rxqui étudient le sabrecomme tous lcs aurres,car
l'cnseignementde Musashis'adresse
à tous.Voici deux de ces
hisroires,particr,rlièrement
signitcativesdu haut niveaud'efficacitéatteint par I'hon-rmeparvenu:ru bour de la Vrie. Il
DlA00ll
n'26
s'en dégage,en plus, une grandevertu morale, qui est l'apa-
dernierss'éclipsèrenten toute hâte sansdemanderleur reste,
nagedesvraisguerriers:tout fairepour éviterle combat, afin
d'épargnerla vie (Mu-ro). . .
affolésà la penséequ' ils pourraienr avoir à affronter la lame
d'un homme qui venaitde leur donner une si brillantepreuve
de maîtrise.Ils n'apprirent que bien plus tard que cet inconnu,
EPARGI{ER
tAVIT
Un homme soupait calmement dans une petite auberge,
qui les avait si adroitement épargnés,s'appelaitMiyamoto
Musashi,de passage
danscerteauberge...
indillèrent à quatre mouches qui le harcelaienrsansarrêt.
Une autre histoireconte combien celui-ci avait fini par avolr
Entrèrent trois guerriersà [a mine patibulaire,qui portèrent
horreur de combattre sansabsoluenécessité.Alors que Musa-
un regard lourd d'envie aux deux splendides sabres<1ue
shi logeaitpour quelquesjours chezun ami pour prendreun
I'homme portait à la ceinture. Car de tellesarmes valaient
peu de repos, un inconnu du nom de Aoki se présentaet
une petire fortune. Une satisfactionintense se peignit sur
demandaà êtreenseignépar celui qui ne pouvait plus cacher
leurs traits car,dans ce coin perdu, cet homme seul ne ferait
sa réputation. Musashi scruta I'homme et lui demanda s'il
pasle poids contre eux trois. S'asseyanr
donc à une tablevoi-
avaitl'habitude de combattreavecle Boken qu'il porrait avec
sine, ils semirent aussitôtà faire descommentaires forts déso-
son nécessaire
de voyage.Aoki avouasansarrièrepenséeque
bligeants,à hautevoix, sur ceguerriersolitairedonr la pauvre
le sabrede bois était en effet son arme favoritepour lesduels
mise facilitait tous les quolibets. Ils espéraientainsi le pro-
qu'il provoquait au cours de sesdéplacementsà traversle
voquer en duel. Comme I'homme ne réagittoujours pas,ils
pays.Musashi se leva alors subitemenr er appelaun des fils
s'enhardirent,de plus en plus caustiquesdans leurs propos.
de son ami. Il prir ensuiteun grain de riz er le posadélicate-
Alors I'homme leva lentemenr les baguettesavec lesquelles
ment sur la houppe de l'enfant puis, dégainaet prit la dis-
ils venait de mangerson riz et, en quarregesresvifs et précis,
tance.Elevantle sabreau-dessusde la tête, il frappa soudain
attrapasanseffort lesquatre mouchesqui n'avaientcesséde
puis rengaina.Aoki, muet, regardaitsanscomprendre.Musa-
tourner autour de lui. Puis il reposadélicatementsesinstru-
shi marcha alors vers l'enfant et prit ce qui restaitdu grain
ments... Il n'avait pas accordéun seul regardaux hommes
de riz, fendu net, sansqu'un seuldescheveuxdu gamin n'ait
qui tentaient de I'importuner. Dans le silencequi suivit, ces
été touché.
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d.-7ffi1'31"o1**-
DRAGOil
n'26
A l'automne1643,sentantsoncorps
faiblir il d,ecida
deseretirerd,umondÊets'isoladansk montagne
HaruyaTnd,
Pour mietmméditerdansunegrotte,
- Bien que mon habilrté puissemepermettre beaucoupd.echlses,
et accusason âge.A l'automne 1643, sentantson corps fai-
dit-il alors en vissantson regard dans celui d'Aoki,7e ne com-
blir, il décidade se retirer du monde, et s'isoladans la montagne Haruyama, pour mieux méditer dans la grotte Rei-
bat jamais imprudemment ni inutilement. Ceci est ma premiàre leçon.
gendo, située au-dessusdu temple Ungan-ji, sur le mont
Iwato, une colline escarpée
au pied du Mont Kinpo à l'ouesr
de Kumamoto. C'est là qu il rédigea,quelquessemainesâvanr
D'autres anecdores,telle celle de la rencontre de Miyamoro
Musashi avecTlukahara Bokuden lui-même, autre génie du
Ken-jutsu, sont évidemment complètement inventées,simple
sa mort, sous forme de testament, le texte u Tiaité des Cinq
Roues , (Gorin-no-sho), qui est devenu un clæsiquede la
question de chronologie facile à vérifier. Certaines sont
d'ailleursparticulièremenrrenâces,comme cellequi prétend
littérature concernanr les arts martiaux. En cinq chapitres
intitulés u Têrre, Eau, Feu, Vent, Vide ,, il y condensaI'essencede la Voie de Budo, qui est aussicelle de toutes les
que Musashi n'a tué SasakiKojiro que parceque celui-ci était
I'assassin
de son père.Vendettaimpossible,puisqueMounisai disparut autour de 1 590 et que Kojiro avait dix-huit ans
au moment de samorr à Mukaiiima en | 612...
(<tPie'grièrhe
rurbron<he
sèther
formes de stratégie.Au soir de sa vie, Musashi articula sa
réflexion autour des cinq éléments représentantla nature
I
entière et suggèrade progresserà I'aide de ces u cinq roues ,
que sont les cinq chapitresde son livre, du premier au der-
c0Rtil-1{0-sH0
Au début de I'année 1640, alors qu'il avait cinquanre-sept
ans, Musashi se rendit dans la province de Higo, à l'invitation du seigneur de Kumamoto, Hosokawa Gdatoshi, qui
lui offrait le poste de maître d'armes.Non sansI'avoir testé
au préalable.L'occasionde le faire était I'arrivéeau châreau
de Ujii Hikoshiro, expert de l'école de sabreYag1ru,dont
Hosokawa était un fervent admirateur et pratiquant. lr combat firt courtois, mais Ujii ne fut pas de nille. Ni Gdatoshi
qui s'y essayalui-même, ni d'ailleursle grand Shioda Hamanosuke, maître du Bo de six pieds, qui entraînait pourrânr
les Samural du Daimyo de Kumamoto. Ce dernier conçut
,r
nier niveau de compréhension et d'expérimentation de la
Voie. Le u Gorin-no-sho , est de nos .ioursencore un traité
,È
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i
i
i
j
fondamentalnon seulemenrpour ceuxqui cheminent sur la
voie des arts martiâux, mais le rexte est également repris
comme réflexion stratégiqueapplicable au cadrecommercial
par quantité d'hommes d'affairesau Japon et ailleurs, au
même titre que u L'art de la guerre, du stratègechinois Suntzu... En voici les premièreslignes:
I
uJe uaisexpliquer maintenant pour k première
fois par hrit k
uoiedz ma stratégie,dontj'ai poursuiui l'ékboration durant dz
donc un énorme respecrpour son nouvel hôte, et les deux
nombreuses
années.Nous sommesau dtbut du dixième moisdz
la uingtièmeannéede Kanei (l 643). Je me suisrendu au mont
hommes s'entendirenttrès bien. Tâdatoshifirt pour Musashi un mécène er un ami. Deux ans plus tard, Musashi avait
rédigé sesu Tiente cinq leçons sur la stratégie , (Heiho San-
Iwato, dans la prouince Higo en l{yushu, y ai salué le ciel, prié
Kannon, et me suis agenouilléface aux Bouddhas 1...1.Je me
suis intéresséaw uoiesdt k tactique dls mon jeune âge etj'ai
(|Ii. .
jugokajo), qui lui avaientéré commandéespar son hôre, et
eu monpremier duel à l'âgede teize ans 1...1.Il ne me souuienr
lui dédia I'opuscule.Cette premièremourure de la synthèse
pas d'un seuldz k soixantainede combatsquej'ai eu à liurer,
dnnt je ne soissorti uainqueur [...). Tout cek sepassaalors que
de sesexpériencesfrrr la basede son frrtur traité u Tiaité des
Cinq Roues ,. Miyamoto mit ce séjour à profit pour pratiquer calligraphie et peinrure, des arrs oir il excellait éga-lement; il laissaen effet de véritableschefs-d'oeuvresmono-
j'auais entre treize et uingt-neuf ans enuiron. Mais passéle cap
dcs trente ans,j'ai réfléchi sur mon passé.Mes uictoires nepro-
chromesà I'encrede Chine (Suibokuga),montrant desoiseaux,
uenaientpas dz k supériorité dr ma tactique. Peut-êne étaientelleslefait d un don naturel, ou d un ordredu ciel, ouparte que
deshérons, des dragons,des cormorans, Daruma. . . Il y maîtrise un trait tout à fait dans la ligne de celui despeinrres zen.
mesaduersairesmanquaient dt tactique. Alors j'ai dzcidz d approfondir k Voie etj'ai recherchématin et soir k raison dz ces
Il signasesoeuvresdu nom de plume u Niten ,. On lui artribue également des poèmes, des chants, mais de cela, par
contre, rien n'est parvenu jusqu'à nous. On dit même que
le ShogunTokugawa Iemitsu lui aurait commandé de peindre
un leverde soleil pour son châteaud'Edo...
Mais son protecreurmourur subitement en mars 1641 des
suitesd'une maladie, à l'âge de cinquante cinq ans. Miyamoto Musashi en fut trèsaffecté.Il devint soudain trèssombre,
DRAG0ll
n'26
Le oGorin-no-s/toDestde nosjours
encoreun trditéfondamental
de stratégie.
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uictoires.Pdruenuà la cinquantaine, l'unifcation de /d uoiede
lt tactiques'estenf nfaix d'el/r mêmeen moi. Depuiscemoment,
le tempsa passéetje n'aiplu aunurcVoieà rechercherl..l.l'oi
appliqué lesprincipes de k tactique à de nombreuxarts. Attssi
n'ai-je de maître dans aucun domaine. En écriuant ce liure
aujourd'hui je n'ai pas suiui la loi du Bouddhismeni I'erneigilement du ConJircianisme,ni rtncutt rëcit tti/itrtire atrictt
| ..1I'ai uoulu exprimerle uéritableesprirde notreécoleenyfaisant serefléterla Voiedu Ciel et de Kattnon. J'ai saisimon pinceattà l'heurcdu tig'e, à l'aubedu dixiène jour du dixiètte rtrcis,
etj'ai commettcëà ëcrire .
MISENTERRE
AVIC
SON
ARMURE
Au début de 1 645 Mivamoto Musashiser.rt
une énorrnedouleur dans la poitrine, qui le diminue rapiderr.rer.rt.
Il sartque,
cettefois,il n'échappera
pasà la mort. Mais on finit par aller
le chercherdanssagrotte, dansla mont:rgne.On en descer-rd
en portant sur le dos un corps squelettiquejusqr.r'ar,r
vicr,rx
châteaude Chiba. Ce fur le dernier acte. Musashiécrit alors,
encore,en vingt et une maximescourtes,. La Voie à suivre
)\
r-
seul , (Dokukodo). C'était le 12 mai. Sentantserfin prochc,
il oFfrit à NagaokaYorivuki, un de sesdisciplesfravoris,celui
qui l'avait recherchéde la grotte Reigarr,saselleet sesarmes.
, à son élèvect disciple le
Puis il légua son . Gorir.r-r.ro-sho
plus ancienTèraoKatsunobu, et lesu Ticnte cinq :rrticlessur
a
lesarts martiau-ru au frèrede ce dernier.Tèrao Kumanosuke
\
,lrl
Nobuyuki, qu'il considéraitcomme le plus accornplide ses
élèves.
Il étaitprôt. La mort vint le prendrele 19 rnai.Il s'endormit paisiblementdans la montagne couvertc dc nrandariniers, au milieu de ces rocherstourmentés et majestueux
où il ar.aitclarifié sesderr-rières
réflexions.Il rrviritsorxanre-
.\
deux ans.
Selonsavolonté il fut enterrérevêtude son armure er la cérémonie funèbre lirt célébréepar le prêtre Shuzan,drr remple
Tâisho-1i.On rapportaque lorsquece dernier en eut terminé
ur-rgrand coup de tonnerreébranlala montagr-re
aprèsqu'un
éclair terrifiant ait déchiré le ciel. La tombe de Musashi se
trouve dansle villagedeTèmagaluge,dansla province d'Amata,
à environ six kilomètres au nord-est de la ville de Kr-rmamoto. Ellc resteaujourd'hui encore ur.rlieu de pèlerir.rage
pour tous ceux qr.riont entendu parler un jor"rr,à un tirre ou
à un autre,de celui qui, d'entretous lesu Saintsdu sabre,
que le Japona connu, a sansdoute été le plus grand (*-**).
Son habileté exceptionnelle,considéréecomme diabolique
par sesennemis, transisd'eflroi à la seuleévocationde son
nom, son audaceet son sang Froidquasi irrhumairr fàceà la
mort, en avaientd'abord fait un incrovirblccoq de combat
pour qui manier le sabrea été longten.rpsun but en soi. Et
puis, comme dans une âutre et nouvellevie, passél'âgede
trente ans,il utilisa cesdispositionspour une véritablequête
du u soi ), comme des moyensde parvenir à la sagesse,
et de
dominer les lorcesdu mal. Avant d'arrêterde combattre et
de seretirerdu monde,entrédansla lumièrede la Connaissance...Son nom bouddiqueposthumefut GenshinNiten.
Tâkuan Soho, le prêtre Zen dont la route irvait croisécelle
de Musashi,mourut cettemême annéeet YagvuMunenori,
I'autre grand n-raitredu sabre,I'anr-rée
suivante.
DRAGOi|
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I

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