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Université Paris 1
Ecole nationale d’administration
Master « Relations internationales et Actions à l’Etranger »
Parcours « Administration publique et Affaires Internationales »
LES ENJEUX GEOPOLITIQUES LIES A L’OLEODUC
BAKOU-TBILISSI-CEYHAN (BTC) ET LES IMPLICATIONS
DU BTC POUR LES PAYS CONCERNES
Sous la direction de
JEAN-CRISTOPHE ROMER
Professeur, SCIENCE PO STRASBOURG
soutenu par
SEYFULLAH SAHIN
CIP Promotion Jules Verne (2013-2014)
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE …………………………………………………………………………
1
INTRODUCTION………………………………………………………………........
2
I. PARTIE : LES PHASES DE LA CONSTRUCTION DE L’OLEODUC BAKOUTBILISSI-CEYHAN ET LES ENJEUX ASSOCIES A CET OLEODUC POUR LES
GRANDES PUISSANCES ………………………......................................................
5
A. LE POTENSIEL HYDROCARBURES DE LA REGION………………………..
5
B. ANALYSE DES TRACÉS ALTERNATIFS……………………………………...
8
C. LES ETAPES OFFICIELLES VERS LE BTC ET L’APPROCHE DES
GRANDES PUISSANCES …………………………………………………………
11
II. PARTIE : LES IMPLICATIONS DU BTC POUR LES PAYS TRANSITS AINSI
QUE LES AUTRES ACTEURS ……………………………….………………….....
18
A. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA TURQUIE ………………………………
18
B. L’IMPLICATION DU BTC POUR L’AZERBAÏDJAN …………………………
21
C. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA GEORGIE ………………………………
23
D. LES IMPLICATIONS POUR LA REGION ET L’UNION EUROPEENNE …….
25
CONCLUSION ………………………………………………………………………
27
BIBLIOGRAHIE……………………………………………………………………...
31
ANNEXE………………………………………………………………………...........
34
SOMMAIRE
Aujourd’hui, c’est une réalité que les pays développés continuent à avoir besoin de plus
en plus de quantités de pétrole, de gaz et d'autres types d’énergie afin de faire fonctionner leurs
économies. De surcroît, nous sommes de plus en plus conscients, depuis la deuxième guerre
mondiale, de l’existence de liens très forts entre la croissance de la demande d’énergie, le
développement économique, la sécurité et la politique étrangère, même si le lien de causalité
entre ces différents enjeux n’est pas toujours clair.
Ainsi, le problème d’interdépendance en énergie entre les pays producteurs et
consommateurs nous conduit à une nouvelle phase dans les relations internationales : l’usage
des matériaux énergétiques, et principalement du pétrole, est devenu une arme politique.
On constate que les réserves pétrolières sont très inégalement réparties et se concentrent
surtout dans les pays du golfe Arabo-Persique, à hauteur de 62%, en mer Caspienne et dans
l’ouest de la Russie (10%). Notamment après l’effondrement de l’Union soviétique en 1990 et
l’issue de l’accession à l’indépendance de nouveaux pays en Asie centrale ou dans le Caucase,
de nouveaux pays exportateurs d’énergie sont entrés en jeu.
Dans cette perspective, l’objectif de ce travail est de montrer les enjeux stratégiques de
la construction d’un nouvel oléoduc, Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui traverse l’Azerbaïdjan,
la Géorgie et la Turquie, pour l’accès au marché européen ainsi que les implications de ce projet
sur les pays concernés. La question est de voir dans quelle mesure les facteurs politiques et
stratégiques sont déterminants par rapport aux facteurs économiques pour construire un nouvel
oléoduc tel que l’oléoduc BTC dans la région.
Nous développerons notre étude en suivant deux axes principaux. Dans un premier
temps, nous examinons les phases et raisons qui ont conduit au choix de la construction de
l’oléoduc BTC en appuyant sur l’équation économique, politique et géostratégique du projet.
Dans un second temps, nous essayerons d’identifier les implications de l’oléoduc BTC pour les
pays traversés (l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie) ainsi que les autres acteurs à être
affectés du projet.
1
INTRODUCTION
Depuis plus d’un siècle et demi, l’utilisation des énergies fossiles comme le pétrole, le
gaz naturel et le charbon a changé la face du monde. Ce n’est que lorsqu’il est parvenu à
apprivoiser la puissance contenue dans les énergies fossiles que l’homme a pu se libérer des
corvées et déclencher successivement les révolutions industrielle, de la production d’électricité,
du transport et de l’informatique 1.
Durant ce changement radical, on constate que la croissance de la demande énergétique
depuis le début du XXème siècle n’est près ni de s’arrêter, ni de se stabiliser. Compte-tenu de
la croissance de la population mondiale et des objectifs de parvenir à une meilleure qualité de
vie et à un meilleur accès aux soins de santé, il est obligatoire que la demande en énergie
continue à croître dans les prochaines décennies. Malgré les efforts utiles et nécessaires destinés
à limiter la consommation énergétique dans les pays développés, la consommation mondiale
d’énergie est en constante augmentation, dans le rythme moyen d’environ 2,3% par an depuis
près de 150 ans sans qu’aucune des énergies disparaisse 2. (Cf. figure 1 pour voir la
consommation d’énergie entre 1971 et 2011 par matière première)
Aujourd’hui, c’est une réalité que les pays développés continuent à avoir besoin de plus
en plus de quantités de pétrole, de gaz et d'autres types d’énergie afin de faire fonctionner leurs
économies. C’est-à-dire, l’énergie est, de fait, condition sine qua non du développement
économique. De surcroît, nous sommes de plus en plus conscients, depuis la deuxième guerre
mondiale, de l’existence de liens très forts entre la croissance de la demande d’énergie, le
développement économique, la sécurité et la politique étrangère. Le lien de causalité entre ces
différents enjeux n’est pas toujours clair. 3.
L’analyse du e secteur de l’énergie conduit ainsi au constat d’enjeux en termes de
« dépendance », d’ « indépendance » et d’ « interdépendance » entre les économies 4, au regard
de l’augmentation de l’importance et de la dépendance à l’énergie pour les pays consommateurs
1
FURFARIE Samuel, Politique et Géopolitique de l’Energie: Une Analyse des Tensions internationales au
XXIème Siècle, Paris, Editions TECHNIP, 2012, p. 31.
2
IBID, p. 31-32
3
OGUTÇU Mehmet, “Turkey and the Changing Dynamics of World Energy: Towards Cleaner and Smarter
Energy”, Insight Turkey Vol. 12 / No. 3, 2010, p. 63-88, p. 63
4
IBID
2
afin de poursuivre leur développement économique et social ; pour les pays exportateurs afin
de financer leur développement.
Figure 1: La consommation mondiale d’énergie entre 1971-2011
Source : International Energy Agency 5
Ce nouveau problème d’interdépendance en énergie entre les pays producteurs et
consommateurs nous a conduit à une nouvelle phase dans les relations internationales : l’usage
des matériaux énergétiques, et principalement du pétrole, est devenu une arme politique.
L’économie globale l’a vécu dans les années 1970. Et plus récemment, ce constat a également
été effectué lors de l'invasion de l'Irak en 2003 ainsi que par l'utilisation du gaz naturel russe
comme l'instrument du Kremlin en tant que choix politique et stratégique dans ses relations
avec les pays de sa zone d’influence ainsi qu’avec les pays européens.
Ainsi, avec l’utilisation du pétrole comme un instrument d’investissement dans les
marchés internationaux, nous observons de fortes montées et chutes du cours du pétrole au
cours des dernières décennies (Cf. figure 2 : « Prix du pétrole entre 1991 et 2013 »). Nous
constatons que son prix par baril est de 38 dollars américains en 2004, 54 dollar en 2005, 65
dollar en 2006, et arrive à son pic 147 dollar en juillet 2008. En 2009, on constate, une forte
chute, le cours du pétrole descendant jusqu’à 46 dollar pour atteindre aujourd’hui plus de 100
5
Key World Energy Statistics 2013,
http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf
3
dollars. Malgré la forte variabilité de son cours, le pétrole prend la plus grande place dans la
consommation mondiale énergétique et, selon les projections effectuées, gardera sa position
dominante durant les prochaines décennies.
Figure 2 : Le prix du pétrole entre 1991-2013
Source : International Energy Agency 6
Parallèlement à l’augmentation de la demande énergétique, de nouvelles zones de
réserve d’énergie à exploiter ont été découvertes ou ont déjà commencé à être exploitées. De
plus, notamment après l’effondrement de l’Union soviétique en 1990 et l’issue de l’accession
à l’indépendance de nouveaux pays en Asie centrale ou dans le Caucase, de nouveaux pays
exportateurs d’énergie sont entrés en jeu.
Par ailleurs, on constate que les réserves pétrolières sont très inégalement réparties et se
concentrent surtout dans les pays du golfe Arabo-Persique, à hauteur de 62%, en mer Caspienne
et dans l’ouest de la Russie (10%) 7. En conséquence, l’énergie d’une manière générale (et le
pétrole en particulier) est un des premiers déterminants des relations internationales depuis la
fin de la seconde guerre mondiale, devient de plus en plus un enjeu stratégique ainsi qu’un atout
indéniable.
6
Key World Energy Statistics 2013,
http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/KeyWorld2013.pdf
7
CHAUTARD Sophie, Géopolitique et Pétrole, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, 2007, p. 52
4
Prenant compte la fragilité de la stabilité politique de la zone Arabo-Persique (pouvant
potentiellement bouleverser le marché pétrolier), et les sanctions des pays occidentaux sur l’Iran
à propos de son programme nucléaire, les pays dépendants en pétrole et en ressources
énergétiques ont besoin d’assurer leur sécurité énergétique en diversifiant leurs
approvisionnements en la matière. Il faut également envisager les risques de blocage des zones
de transit, telles que les routes maritimes et les détroits très fréquentés par les tankers, ou encore
les régions traversées par les oléoducs et/ou gazoducs. Par exemple, lors des tensions entre
certains pays occidentaux et l’Iran, l’Iran avait menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit
d’Ormuz où 20% du pétrole mondial transite 8.
Après cette brève présentation de l’importance du pétrole pour l’ensemble des
économies et de l’enjeu stratégique de son transport des pays producteurs vers les pays
consommateurs, l’objectif de ce travail est de montrer les enjeux stratégiques de la construction
d’un nouvel oléoduc, Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) qui traverse l’Azerbaïdjan, la Géorgie et
la Turquie, pour l’accès au marché européen ainsi que les implications de ce projet sur les pays
concernés. La question est de voir dans quelle mesure les facteurs politiques et stratégiques sont
déterminants par rapport aux facteurs économiques pour construire un nouvel oléoduc tel que
l’oléoduc BTC dans la région.
Nous développerons notre étude en suivant deux axes principaux. Dans un premier
temps, nous examinons les phases et raisons qui ont conduit au choix de la construction de
l’oléoduc BTC en appuyant sur l’équation économique, politique et géostratégique du projet.
Dans un second temps, nous essayerons d’identifier les implications de l’oléoduc BTC pour les
pays traversés (l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie) ainsi que les autres acteurs à être
affectés du projet.
1. PARTIE : LES PHASES DE LA CONSTRUCTION DE L’OLEODUC
BAKOU-TBILISSI-CEYHAN
ET
LES
ENJEUX
ASSOCIESA
CET
OLEODUC POUR LES GRANDES PUISSANCES
A. LE POTENSIEL HYDROCARBURES DE LA REGION
Restant isolée de la scène internationale jusqu’au l’effondrement de l’Union soviétique,
la région de la mer caspien et de l’Asie centrale a attiré les attentions des acteurs internationaux
MONGRENİER Jean-Sylvestre, Du Pétrole à la Géopolitque, Levallois-Perret, Groupe Studyrama, 2012, p. 186187
8
5
de l’Occident surtout grâce aux hydrocarbures 9. En fait, autour de la mer Caspienne, plusieurs
anciennes républiques soviétiques disposent de gisements importants. Parmi elles,
l’Azerbaïdjan est le détenteur du célèbre gisement de Bakou, où la production avait commencé
à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, mais dont les réserves se sont largement
appauvries 10. L’indépendance de nouveaux Etats 11 dans cette région a conduit à poser les
questions de l’importance de l'approvisionnement énergétique mondial et, par conséquent, de
la sécurité énergétique mondiale.
Cette zone géographique a considérablement élargi ses exportations de gaz et de pétrole
vers les marchés internationaux depuis le début des années 1990 et selon les analyses de
l’Agence international d’Energie sur la région, publiées en 2010, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan,
le Turkménistan et, dans une moindre mesure, l'Ouzbékistan ont tous le potentiel d'augmenter
leur production d'hydrocarbures dans les années à venir 12.
Figure 3 : La production pétrolière dans le bassin Caspien.
9
RABALLAND Gaël, “Les hydrocarbures du bassin Caspien : de la construction à l'affranchissement des
interdépendances ?”, Revue internationale et stratégique, 2006/4 N°64, p. 121-132, p. 121.
10
CHAUTARD Sophie, Géopolitique et Pétrole, op. cit., p. 56
11
Dans ce travail, la région dite Caspienne et l’Asie Centrale comprend les pays suivant: l’Arménie, l’Azerbaidjan,
la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirgizsthan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan.
12
World Energy Outlook 2010, http://www.worldenergyoutlook.org/media/weo2010.pdf
6
Bien évidemment, le point important pour le projet de BTC était la signature d’un
contrat, le 20 Septembre 1994 à Bakou, entre la compagnie pétrolière d'Etat d'Azerbaïdjan,
SOCAR (The State Oil Company of Azerbaijan Republic) et un groupe de sociétés pétrolières
étrangères conduit par la compagnie British Petroleum (BP) 13. Ce contrat prévoyait le partage
de la production de 8 milliards de dollars, durant 30 ans et 80.000 barils par jour (b/j) jusqu’au
1997. Le contrat prévoit que la production puisse atteindre un maximum de 800 000 b / j. Dans
le cadre de ce contrat, il s’agit également de développer des champs pétroliers ‘offshore’ Azeri,
Chirag et Guneshli dans la mer Caspienne où sont estimées des réserves de 5,4 milliards de
barils. Ce contrat est connu pour être un « contrat du siècle »14.
Dans le secteur de l’énergie, le transport de ressources énergétiques vers les marchés
internationaux de manière économique, sécurisée et efficace est aussi important que
l’exploitation de ces ressources. Même s’il s’agissait de l'exploitation et de l'exportation des
principales ressources énergétiques de la mer Caspienne depuis le milieu des années 1990, il y
avait incontestablement un monopole russe sur le transport de ces ressources vers les marchés
mondiaux et européens.
Avant la signature de ce « contrat du siècle », trois grandes options concernant le
transport pétrolier étaient à l'étude : premièrement, l'expansion du système russe au nord, via
son réseau d’oléoducs et par chemin de fer ; deuxièmement, l'option iranienne au sud , en grande
partie grâce aux oléoducs nouvellement construits; et en dernier lieu, le projet soutenu par les
américains d’ « oléoducs multiples » (multiple pipelines en anglais), qui essaie d’empêcher
l’existence d’un acteur monopolistique sur l'exportation de ressources énergétiques de la
région 15.
Dans cette perspective, en dehors des oléoducs de faible capacité pour transporter le
pétrole brut, y compris celui concerné dans le contrat du siècle, cette nouvelle stratégie
13
Les autres investisseurs dans le contrat sont suivants : Amoco-américain (17%), de Pennzoil (4,8%), Unocal
(9,5%) et Exxon (5%), de la Russie Lukoil (10%), le norvégien Statoil (8.5%), le japonais Itochu (7,45%), Btitish
Ramco (2%), TPAO de la Turquie (6,75%), le Delta de l'Arabie Saoudite (1,6%) et la SOCAR en Azerbaïdjan
(10%).
14
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, Perceptions, Winter
2005, p. 29-60, p. 30-31
15
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, in STARR S. Frederick and CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil
Window to the West”, Washington, Central Asia-Caucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 1738, p. 18
7
américaine avait deux composantes principales: la première est le « Caspian Pipeline
Consortium » (CPC), c’est-à-dire l'exportation du pétrole kazakh par le territoire russe, et l’autre
est l'oléoduc BTC comme oléoduc principal d'exportation pour les ressources pétrolières de
l’autre côté de la mer Caspienne 16.
B. ANALYSE DES TRACÉS ALTERNATIFS
Vers le Sud : Depuis la révolution iranienne en 1979, l’Iran avait arrêté ses activités
nucléaires jusqu’à la fin des années 80 (compte-tenu également de la guerre contre l’Irak entre
1980-1988). Mais, au début de l’année 1990, l’Iran a repris ses activités en la matière eu égard
à sa position insécurisée contre les Etats-Unis et l’Israël. A la suite de reprise des activités
nucléaires par l’Iran, les Etats-Unis ont accepté certaines sanctions économiques visant à l’Iran
pendant les années 1990. Parmi ces sanctions, le décret présidentiel adopté par le Président Bill
Clinton, daté du 17 mars 1995 (Prohibiting Certain Transactions with Respect to the
Development of Iranian Petroleum Resources) 17 et la loi de Sanctions contre l’Iran (1996 Iran
Sanctions Act (ISA)) 18 adoptée par le Congrès américain en 1996 rendent impossible
l’alternative iranienne de transport de ressources énergétiques en provenance de la mer
Caspienne. Bien que le tracé via Iran soit un trajet plus économique, les préférences politiques
et la perception générale des Etats-Unis face à l’Iran constituent les obstacles majeurs devant
un tel projet.
De plus, comme nous l’avons précisé plus haut, le détroit d’Ormuz était le point de
transit de 20% du pétrole mondial et l’Iran menace souvent de bloquer ce détroit. Il ne fait pas
de doute que la construction d’un nouvel oléoduc visant à transporter des ressources
énergétiques de la mer Caspienne à travers l’Iran aurait conduit à la constitution d’un monopole
iranien et aurait également renforcé la position de l’Iran dans la scène internationale. Cela aurait
conduit à octroyer à ce pays un avantage indéniable lui permettant de négocier avec le monde
occidental la poursuite de ses activités nucléaires.
A la lumière des informations mentionnées au-dessus, l’itinéraire vers le Sud, c’est-àdire faire passer les conduits par l’Iran a donc été écarté.
16
IBID
http://www.treasury.gov/resource-center/sanctions/Documents/12957.pdf
18
http://www.state.gov/e/eb/tfs/spi/iran/index.htm
17
8
Vers le Nord : Le tracé vers le Nord conduisait à utiliser et à rénover les infrastructures
déjà existantes et à privilégier la Russie. Cette option renforçait le fait que toutes les ressources
énergétiques exploitées dans la zone ex-soviétique transitaient par les territoires russes. Pour le
nouveau contrat concernant l’exploitation du pétrole caspien, la Russie avait proposé un nouvel
oléoduc dans l’espace soviétique, de Bakou à Novorossisk (le port russe à la mer Noire) en
insistant sur le fait que cette route de 1400 km ne nécessitait que 27 km de nouvel oléoduc 19.
Dans cette option, tous les volumes supplémentaires à transporter par le réseau russe
d’oléoduc auraient accru la pression sur le dispositif russe mais surtout, sur les détroits turcs.
En effet, les pétroles arrivant à Novorossisk sont ensuite transportés par tankers vers le marché
occidental en passant par les détroits turcs. Avant l’exportation des nouveaux pétroles, trois
millions de barils par jour traversaient les détroits turcs ayant seulement la largeur de 800
metres. 20.
Bien évidemment, cette proposition russe a obtenu une réponse favorable de la part de
l’Azerbaïdjan. Ainsi, un contrat sur le transport du pétrole azerbaïdjanais via la Russie par le
port de la mer Noire de Novorossisk a été signé à Moscou le 18 février 1996 21. Pourtant, il est
possible de dire qu’il s’agisse d’un choix plus politique qu’économique. Bien que cet oléoduc
n’ait présenté aucun avantage significatif par rapport aux autres alternatives compte-tenu des
quantités limitées de pétrole brut concernées (4-5 millions de tonnes par an), Moscou avait pu
également utiliser son rôle dans le groupe de Minsk de l'OSCE médiation comme l’un des trois
co-présidents sur la question du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Finalement, avec la présence militaire de la Russie en Arménie et en Géorgie,
l’Azerbaïdjan devait prendre en considération non seulement les facteurs économiques, mais
également politiques. Dans ce contexte, comme Ilham Aliev (actuel président et fils de l’ancien
Président Haidar Aliev), l’a souligné alors il était le vice-président de SOCAR, la question de
la sélection d'un itinéraire de transport du pétrole a été une décision politique et non pas une
décision économique pour l'Azerbaïdjan’ 22.
19
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 34
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, p. 19
21
http://www.azerbaijan.az/_Economy/_OilStrategy/oilStrategy_05_e.html
22
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 35
20
9
Selon les dispositions prévues dans le contrat, le pétrole azerbaïdjanais a commencé à
être transporté par l'oléoduc Bakou-Novorossisk vers les marchés mondiaux le 25 octobre 1997.
La capacité totale de l’oléoduc (4-5 millions de tonnes par an) reste toutefois insuffisante pour
exporter l’intégralité du pétrole azerbaïdjanais (le potentiel d’exportation étant de 25 millions
de tonnes par an).
Vers l’ouest : Selon un tracé qui part de Bakou en Azerbaïdjan, deux options étaient
envisagées. La première était de transporter jusqu’au Soupsa, un port de mer Noire en Géorgie,
grâce à l’oléoduc Bakou-Soupsa. Le Président de l'Azerbaïdjan Heydar Aliyev et le Président
de la Géorgie Edvard Chevardnadze ont signé un accord sur la mise en place de l'oléoduc
Bakou-Soupsa à Tbilissi le 8 Mars 1996 et le pétrole a commencé à être transporté par cet
oléoduc le 17 avril 1999 avec une capacité de 145.000 de barils par jour.
La deuxième option, après être arrivé en Géorgie de Bakou, était de prolonger le
transport du combustible par voie terrestre jusqu’à Ceyhan, le port de mer Méditerranée en
Turquie. L’oléoduc de Bakou-Tbilissi-Ceyhan aurait ainsi été long d’environ 1.768 km, soit
443 km en Azerbaïdjan, 249 km en Géorgie et 1076 km en Turquie 23.
En fait, l’idée de construire un oléoduc reliant la mer Caspienne à la mer Méditerranée
n’était pas nouvelle. Depuis la chute de l’Union soviétique, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la
Turquie se sont penchés sur ce projet. Après la signature du contrat entre l’Azerbaïdjan et les
entreprises occidentaux, le projet a été traité de manière plus approfondie par les pays
concernés. Il a été prévu que la capacité de l’oléoduc aurait un million de barils par jour. De
plus, l’oléoduc BTC n’apparait pas seulement comme un moyen de transport rassurant : il est
également efficient sur le plan économique et correspond aux critères environnementaux 24.
À cet égard, le BTC avait de grands avantages par rapport aux autres options vers le
Nord et l’Ouest. Il permet d’exporter du pétrole jusqu’à la Méditerranée, en évitant les
23
http://www.bp.com/en_az/caspian/operationsprojects/pipelines/BTC.html
CHEMINEAU Sylvie, “La Turquie, un acteur stratégique centrasiatique”, Rapport du Stage sous la direction de
Prof. Dr. Jean Marcou, Institut Français d’Études Anatoliennes – IFEA, Observatoire de la Vie Politique Turque
– OVIPOT, Istanbul, 2007, p. 4
http://ifeaistanbul.net/images/stories/OVIPOT/memoiresovipot/2007_Sylvie_Chemineau_TR_strategique_centrasiatique.p
df
24
10
principaux points de transport tels que les détroits d'Ormuz et de Turquie. Plus précisément, cet
avantage crée une option fiable permettant de délivrer le pétrole de la Caspienne vers les
marchés internationaux d’une façon sécurisée, en temps opportun et de manière
économiquement viable tout en diversifiant les routes d’exportation 25. Cependant, le cout total
du projet, estimé 3,6 milliards de Dollar restait comme un obstacle majeur pour convaincre les
entreprises d’investir dans ce projet. Enfin, le BTC représentait le centre d’un corridor
énergétique de l’Est-Ouest.
C. LES ETAPES OFFICIELLES VERS LE BTC ET L’APPROCHE DES
GRANDES PUISSANCES
Comme nous l’avons souligné auparavant, le projet d’exportation du pétrole
azerbaïdjanais vers la mer Méditerranée via la Turquie était une idée au début des années 1990.
Mais, les développements politiques autour des pays caspiennes, comme l’occupation de
l’Haute Karabagh, qui est une région d’Azerbaidjan, par la force militaire arménienne,
empêchent la coopération sur ce sujet. Après la signature du « contrat du siècle », ce sont des
firmes multinationales, majoritairement occidentales, qui ont mis le projet à l’ordre du jour de
l’actualité des pays et acteurs concernés.
Au sein des pays parties prenantes dans le suivi des négociations sur le projet de BTC,
le premier pas sérieux a été réalisé le 29 octobre 1998 à Ankara avec la déclaration d’Ankara
signée par les présidents de Turquie, de Géorgie, d’Azerbaïdjan, du Kazakhstan et
d’Ouzbékistan. Ces pays ont exprimé leur soutien au le transport du pétrole caspien par la voie
de BTC.
Les Etats-Unis soutiennent également le projet de BTC. L’ambassadeur américain M.
Richard Morningstar, Conseiller de l’Energie Diplomatie du Bassin Caspien auprès du
Président et Secrétaire d’Etat américain, avait exprimé le soutien des Etats-Unis au projet d’une
manière très claire dans toutes les plateformes concernant le projet. Dans cette perspective, il
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit. p. 19
25
11
avait précisé que le gouvernement américain a pour devoir et obligation de jouer un rôle majeur
dans les oléoducs et gazoducs dans la région caspienne 26.
Suite à la Déclaration d’Ankara, au cours du Sommet de l'Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE), le 17-19 novembre 1999 à Istanbul, la Turquie, la Géorgie
et l'Azerbaïdjan avec la participation des Etats-Unis ont signé l'Accord intergouvernemental du
projet de l'oléoduc de pétrole brut Bakou-Tbilissi-Ceyhan (Baku-Tbilisi-Ceyhan Crude Oil
Pipeline Project). Le Secrétaire à l'Énergie des États-Unis, Bill Richardson a souligné
l'importance de ce projet en disant que, ce n'est pas juste un accord de pétrole et de gaz et ce
n'est pas juste un oléoduc ; ce projet peut modifier l’équilibre géopolitique de la région toute
entière 27.
Consécutivement à la déclaration d’Ankara et au sommet de l’OSCE, c’est-à-dire suite
à la détermination politique des Etats transits pour le projet, l’accord concernant l’établissement
de BTC Pipeline Company (BTC Co.) a été signé à Londres en août 2002. Dans cet accord,
l’opérateur principal de l’oléoduc, BP, possédait 38,21 % de BTC Co. et SOCAR (côté
azerbaidjanaise) en possédait 25 % 28.
La construction d’un tel projet qui est toujours primordial politiquement, mais qui reste
en secondaire économiquement, a ainsi débuté en septembre 2002 ; le pétrole a commencé à
être pompé en mai 2005 en Azerbaïdjan et le premier tanker a été chargé à Ceyhan, en Turquie,
en juillet 2006 29.
-
L’Approche des Etats-Unis au projet d’oléoduc BTC
Il n’est pas possible de voir l’approche américaine sur le projet d’oléoduc BTC
séparément de sa stratégie régionale, l’oléoduc BTC étant l’une des pièces déterminantes de
cette stratégie. En effet, après l’effondrement de l’Union soviétique, les Etats-Unis ont
augmenté leur intérêt pour les nouveaux états indépendants de la région caspienne. Même s’ils
26
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 39
IBID, p. 40
28
AKPINAR Erdal, “Baku-Tbilisi-Ceyhan Pure Oil Pipeline (BTC) And its Effects On Turkey’s Geopolitics” (en
langue turque), GÜ, Gazi Eğitim Fakültesi Dergisi, Vol. 25, No: 2, 2005, p. 229-248, , p. 242
29
ÇAMKIRAN Radiye Funda, “From a Dream to a Reality: Baku-Tbilisi-Ceyhan Oil Pipeline Project and Its Role
ın Turkish-American Relations”, Turkish Review of Eurasian Studies, Vol. 6, 2005, p. 5 – 45, p. 11
27
12
adoptent un certain attentisme et se satisfont du maintien d’une influence traditionnelle russe
dans la région tout au début des années 1990, ils ont aussi commencé à redouter une expansion
du fondamentalisme islamique venu d’Iran dans les années à venir 30. Dans une telle option,
l’absence des Etats-Unis dans les équations géostratégiques et géopolitiques de la région aurait
donné une occasion aux puissances régionales contestantes les intérêts américains telles la
Russie ou l’Iran de s’affirmer plus avant. A partir du milieu des années 1990, les Etats-Unis ont
donc commencé à renforcer leurs liens avec les pays de la région en portant une stratégie basée
notamment sur l’énergie.
Dans ce contexte, les Etats-Unis utilisent les oléoducs en tant qu’outil de politique
étrangère afin de faire aboutir leurs objectifs dans la région, ceci parce que cette région est riche
en matière des ressources hydrocarbures et également compte-tenu de l’importance pour les
pays concernés d’exporter ces ressources vers les marchés mondiaux. Comme l’Ambassadeur
Morningstar l’a souligné, l’un des buts des Etats-Unis dans la région est d’atténuer les conflits
régionaux en établissant des liens économiques parmi les nouveaux Etats de la région 31.Les
Etats-Unis préféreraient utiliser des oléoducs et gazoducs qui économiquement et
commercialement viables, afin d’établir un cadre économique et politique qui servira à
renforcer la coopération et la stabilité régionale et à encourager les réformes politiques pour les
prochaines décennies. Dans ce contexte, les Etats-Unis ont soutenu le projet de BTC dès début.
Cependant, il ne sera pas faux de dire que le point crucial pour le soutien du BTC par
les Etats-Unis a été les événements de 11 septembre 2001. Les événements de 11 septembre ont
permis dans le cadre de la campagne militaire d’Afghanistan de développer une autre approche
de l’Asie centrale et du Caucase, au travers de la présence militaire. Depuis la signature de
l’accord sur oléoduc BTC par les pays concernés en 1998, en marge de la conférence de
l’OSCE, les Américains ne cherchent pas tant à affaiblir la Russie qu’à conforter leurs nouveaux
alliés dans la région. A cet égard, l’une des conséquences du 11 septembre était de renforcer la
détermination des Américains à impliquer toujours davantage les pays de la région dans leur
mouvance, de sorte que la nouvelle configuration des tracés de lignes énergétiques se superpose
30
NOGUIER Sophia Clément, “Stratégie Régionale Américaine: révolutions stratégiques après le 11 septembre?”,
Etude réalisé par l’Institut d’expertise et de prospective de l’ENS avec la collabaration de l’équipe du centre de
géostratégie de l’ENS, avril 2003, p. 22, www.defense.gouv.fr
31
ÇAMKIRAN Radiye Funda, “From a Dream to a Reality: Baku-Tbilisi-Ceyhan Oil Pipeline Project and Its Role
ın Turkish-American Relations”, op. cit, p.16
13
aux tracés sécuritaires anti-terroristes 32. D’autre part, suite aux attaques du 11 Septembre, les
trois pays du BTC, l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Géorgie ont signé un accord trilatéral sur la
lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée en Juin 2002. L'accord portait également
une importance particulière à la question de la sécurité du pétrole du BTC et parallèlement au
projet de gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum 33.
Quant aux pays écartés par le projet du BTC, les Etats-Unis avaient à la fois pour objectif
de stabiliser la région caspienne, en diminuant la pression de la Russie sur la région, et de
diminuer la dépendance de leurs alliées aux pays comme la Russie et l’Iran en matière
d’énergie. L’attitude des Etats-Unis contre l’Iran était claire. Comme nous l’avons mentionné
plus haut, avec les sanctions adoptées par les Etats-Unis et également par le Conseil de Sécurité
des Nations Unies, le champs d’action de l’Iran a été fortement réduit. D’autre part, bien sûr, la
diversification des voies d'approvisionnement de l’énergie vers l’Europe permet de limiter le
rôle monopolistique de la Russie dont le secteur de l’énergie n’était pas concurrentiel pour le
développement du corridor énergétique du Caucase du Sud et ses entreprises nationales et
monopoles, Gazprom et Transneft, qui sont en position dominante pour l'accès aux marchés.
De plus, plutôt que de traiter le secteur d’énergie comme un domaine économique, la Russie
préfère l’utiliser comme un arme géopolitique, en forçant ses voisins du Sud à répondre par des
initiatives privilégiées lui permettant de préserver ses intérêts 34. Donc, pour limiter le rôle
dominant de la Russie, le soutien de projets alternatifs écartant la Russie dans la région constitue
un objectif concret des Etats-Unis.
A côté des priorités politiques et stratégiques, il s’agissait également d’un aspect
économique pour les projets à effectuer dans la région caspienne. Le potentiel hydrocarbure de
la région caspienne constitue un enjeu économique pour le monde entier. Les États-Unis, dans
les années 1990, étaient le plus grand consommateur d'énergie dans le monde et il était naturel
pour assurer la sécurité d'énergie américaine de rechercher les ressources d’énergies de manière
diversifiée et facilement accessible. De plus, à cette époque-là, la demande croissante d'énergie
indienne et surtout chinoise pouvait créée une concurrence pour les ressources des pays du
Golfe ; aussi, la mer Caspienne était considérée comme une alternative importante de
32
NOGUIER Sophia Clément, “Stratégie Régionale Américaine: révolutions stratégiques après le 11 septembre?”,
op. cit, p.27
33
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit. p. 43
34
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p.28
14
remplacement. Dans ce contexte, la participation de l’entreprise américaine, Chevron Texaco,
au projet de Caspien Pipeline Consortium, pour l’exportation du pétrole de Tengiz, en
Kazakhstan, à Novorossisk, le port de la mer Noire en Russie, en 1996 représente une
démonstration concrète de la stratégie américaine.
Sans aucun doute, l’exportation du pétrole azerbaïdjanais par la voie de BTC constitue
un catalyseur important pour la coopération stratégique et positive des nouveaux Etats de la
région tout en fournissant à ces Etats un rôle stratégique dans le transport du bien/matériel le
plus important du monde, l’énergie. Effectivement, il est aisé de voir encore aujourd’hui
l’approche stratégique des américains dans la région et dans le projet d’oléoduc BTC, comme
cela a été souligné clairement dans le rapport préparé au sein du comité de relations extérieures
du Sénat américain en 2012.
‘U.S. strategic interests in linking the nations of the Caspian Sea region with European
and global markets have long been recognized and supported on a bipartisan basis. Energy
is the economic lifeblood of many NATO allies and partners in the Europe and Eurasia
region, and dependence on Russia and Iran for energy imports or exports remains a central
detriment to those nations’ sovereign independence in policymaking, economic
development, and security. When U.S. allies and partners are made vulnerable in this way,
it undermines our own bilateral relationships and weakens our multilateral diplomatic and
military efforts. Development of a Southern Corridor to link the Caspian to Europe with oil
and natural gas pipelines was an early element of a U.S. strategy to end that dependence.
The first stage was achieved with the completion of the Baku-Tblisi-Ceyhan (BTC) oil
pipeline from Azerbaijan to a Turkish Mediterranean port and the South Caucasus Gas
Pipeline (SCP) from Azerbaijan to Turkey. 35’
En résumé, l'oléoduc BTC était clairement le projet le plus stratégique que les EtatsUnis ont soutenu, en dehors du domaine de la sécurité, dans l'ancien espace soviétique.
L'engagement durable et continu dans un tel projet et avec une vision unique peut être compris
par l’importance stratégique de ce projet, à une époque où l’oléoduc BTC représentait le plus
grand projet dans l'ex-Union soviétique soutenu, encouragé et réalisé de façon stratégique par
les Etats-Unis avec trois différents pays 36.
-
L’approche russe au projet de BTC
A Minorıty Staff Report, Energy and Securıty From the Caspıan to Europe, December 12, 2012, Washington,
Committee on Foreign Relations of United States Senate, http://www.gpo.gov/fdsys/, p. 2
36
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p.30.
35
15
Parallèlement à la stratégie des Etats-Unis, il convient de souligner que la stratégie et
l’approche russe à propos du BTC n’est également pas séparable de sa stratégie globale sur la
région caspienne et sur l’Asie centrale. Depuis l’indépendance des Etats ex-soviétiques de la
région, la Russie s’est efforcée de contrôler étroitement les développements énergétiques dans
ces pays de « l’étranger proche » afin d’orienter les projets en la matière dans un sens favorable
à la Russie et au maintien de son influence dans la région 37.
Dans cette stratégie globale, la Russie a souvent utilisé les grandes compagnies russes
comme Lukoil, Gazprom ou Transneft en tant qu’instruments, pour influencer les décisions sur
les itinéraires d’exportation du pétrole de la mer Caspienne. Comme nous l’avons précisé plus
haut, jusqu’à la réalisation de l’oléoduc BTC, la plupart des ressources énergétiques des pays
ex-soviétiques était exportée vers les marchés mondiaux par le territoire russe. Cette position
dominante de la Russie, sans aucun doute, a contribué à faire échouer les autres projets
d’oléoducs transcaspiens 38. Il est sûr que le développement des oléoducs et gazoducs représente
un enjeu fondamental pour l’avenir de la région. Et Moscou, conformément à sa stratégie
globale sur la région, en s’efforçant d’empêcher la réalisation de toute route d’acheminement
qui écarte la Russie, était tout à fait opposé au projet BTC dès son origine.
D’autre part, il est certain que, avant les événements de 11 septembre, l’importance
géopolitique de l’Asie Centrale et du Basin Caspien s’était définie au regard du critère de
l’énergie. Les théoriciens et chercheurs en relations internationales avaient néanmoins envisagé
que la région représenterait une scène du nouveau grand jeu (« great game » en anglais) pour
les puissances régionales ainsi que pour les puissances globales 39. Mais, le capital russe pour
investir dans l’exploitation des ressources énergétique restait insuffisant pour les nouveaux
Etats de la région qui avaient donc besoin de capitaux étrangers. Cet état de fait a créé les
conditions d’une concurrence régionale en mettant sous tension les intérêts de la Russie qui ne
veut pas perdre son poids politique et économique. Dans ce contexte, les entreprises russes ont
pris des participations diversifiées dans le gisement des ressources en Azerbaïdjan, Kazakhstan,
Ouzbékistan et Turkménistan. Ces contrats sur des questions énergétiques permettaient donc à
37
SIMONET Loïc, « Les pipelines internationaux, vecteurs de prospérité, de puissance et de rivalités. Oléoducs
et gazoducs dans la géopolitique et les relations internationales »,Revue internationale et stratégique, 2007/1 N°65,
p. 51-64, p. 56-57
38
IBID
39
KUBICEK Paul, Russian Energy Policy in the Caspian Basin, World Affairs;Spring2004, Vol. 166 Issue 4, p.
207-217, p. 207
16
Moscou de se maintenir de manière significative dans la région et de s’assurer un contrôle
important des ressources stratégiques locales.
Pourtant, avec l’élection du Poutine en 2000 comme président de la Russie, il s’agissait
d’une nouvelle ouverture politique vers la région. Poutine soulignait clairement que les pays de
la Communauté des Etats Indépendants (dont tous les pays de la région sont membres à
l’exception du Turkménistan) seraient la priorité absolue de la Russie. Mais, les évènements de
11 septembre ont changé l’approche russe, comme celle des Etats-Unis, sur la région.
Désormais, notamment le départ pour la guerre en Afghanistan et la présence militaire
américaine dans certains pays de la région, soit pour soutenir la guerre en Afghanistan (en
Ouzbékistan et au Kirghizistan) soit pour lutter contre le terrorisme (en Géorgie), a réduit
l'espoir de Moscou de rester prééminent dans la région. De leur côté, l'Azerbaïdjan et le
Kazakhstan ont été des États plus périphérique dans la guerre contre le terrorisme, mais ces
deux pays étaient généralement favorables à la participation active des États-Unis dans la
région 40.
De l’autre côté, il n’est pas vain de dire que les priorités russes et américaines en matière
de sécurité ont de plus en plus coïncidés après le 11 septembre. En fait, les efforts des EtatsUnis dans la lutte contre le terrorisme contribuaient à la guerre russe contre le fondamentalisme
islamique dans la région ex-soviétique et dans le cadre de la question de la Tchétchénie. Ainsi,
la Russie trouvait une raison plus claire et plus pertinente dans sa guerre contre les pouvoirs
séparatistes de Tchétchénie, sous la forme de la lutte contre le terrorisme. En effet, la région du
Caucase, et plus précisément la Tchétchénie, avait une grande importance pour le transport
d’énergie. Donc, une situation déstabilisée dans la région et une possible séparation de la
Tchétchénie de la Fédération russe menaçait nettement les intérêts globaux de la Russie 41.
A la lumière des développements que nous avons essayé de résumer, l’approche russe
sur le BTC a évolué au cours des années. Certes, on ne peut pas dire que la Russie était
totalement favorable à l’oléoduc BTC, mais il s’agissait d’un changement positif dans
l’approche russe en prenant compte les équilibres et les intérêts politiques. Par ailleurs, même
40
IBID, p.212
KASIM Kamer, “Les politiques de sécurité en Caucasie dans le processus de 11 septembre” en langue turque
(11 Eylül Sürecinde Kafkasya’da Güvenlik Politikaları), OAKA, vol. 1, No: 1, 2006, p.19-40, p. 36
http://www.usak.org.tr/dosyalar/dergi/bPU2ju5jnL7XvAe7EuSjXfQZzKyDA5.pdf
41
17
si le BTC affaiblit la position russe dans l’exportation des ressources de la région, dans le même
période, l’oléoduc de Caspian Pipeline Consortium (CPC) de champs de pétrole de Kazakhstan,
le projet de Blue Stream pour transporter le gaz naturel de la Russie à la Turquie et les contrats
de gisement et d’exportation de gaz naturel avec le Turkménistan et l’Ouzbékistan offrent une
grande occasion à la Russie de jouer un rôle important dans l’offre et le développement
d’énergie dans la région.
II. PARTIE : LES IMPLICATIONS DU BTC POUR LES PAYS TRANSITS
AINSI QUE LES AUTRES ACTEURS
A. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA TURQUIE
La Turquie, pays faiblement producteur d’hydrocarbures, est importante comme
consommateur et pays de transit dont on attend sécurité et diversification des acheminements.
Depuis l’indépendance des nouveaux Etats de l’Asie Centrale et du Caucase, la Turquie a
poursuivi une politique étrangère plus active et multidimensionnelle avec ces pays. Notamment,
l’acquis des liens historiques, culturels et linguistiques avec les pays turcophones
(l’Azerbaïdjan, Kazakhstan, Kirghizstan, Turkménistan et Ouzbékistan) constituait un avantage
indéniable pour la Turquie par rapport aux autres acteurs régionaux et globaux.
Pour la Turquie, le projet d'oléoduc BTC a été considéré depuis le début comme un
projet ayant principalement une importance géopolitique. Malgré l'absence de solides
arguments économiques en faveur du projet, les avantages sécuritaires et stratégiques du BTC
ont été largement reconnus par les pays transits, y compris la Turquie 42. Donc la Turquie,
prenant en compte les gains économiques et géopolitiques pour toutes les parties concernées, a
toujours encouragé l’Azerbaïdjan pour le projet Bakou-Ceyhan. Ce projet, étant donné que la
Turquie et l’Azerbaïdjan ne sont pas des pays frontaliers, nécessitait l’appui d’un autre pays, la
Géorgie ou l’Arménie. Mais, l’exclusion de l’Arménie des projets régionaux a conduit à la
participation de la Géorgie 43.
42
BARAN Zeyno, “The Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Implications for Turkey”, in STARR S. Frederick and
CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil Window to the West”, Washington, Central AsiaCaucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 103-119, p. 103
43
Les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie (l’occupation de 20 % des territoires azerbaidjanais – Haute
Karabagh- par l’Arménie), entre la Turquie et l’Arménie, pour des raisons historiques comme l’attitude
arménienne face aux évènements de 1915, également ces deux pays n’ont pas de relations diplomatiques et les
frontières Turco-Arméniennes sont fermées depuis le problème de Haute Karabagh, ont éliminés l’option
arménienne pour le tracé.
18
En fait, la Turquie s’est toujours intéressée aux projets d’exportation des ressources
énergétiques de la région vers les marchés occidentaux. Certes, le transport des hydrocarbures
par les tankers depuis le bassin caspien vers l’Europe occidentale ou les États-Unis pourrait se
faire à travers la mer Noire, en débouchant en Méditerranée par les détroits du Bosphore et des
Dardanelles, mais cette solution poserait de multiples et graves problèmes (engorgement des
détroits, menaces sur l’environnement) 44. Selon les données statistiques de l’année 1996, le
pétrole transporté par les Détroits turcs étaient 60 millions de tonnes et en 2006, après un
accroissement extrêmement important, il a été enregistré 143,4 millions de tonnes. Ce chiffre
représentait environ 4 % de la consommation mondiale du pétrole par an 45. En conséquence,
la réalisation du projet BTC, c’est-à-dire le transport d’un million de barils par jour, aidera à la
diminution de la pression sur les détroits turcs.
La Turquie en tant que pays dépendant de l’importation d’énergie visait à poursuivre
une politique d’équilibre, qui évite tout conflit avec la Russie, dans la région. D’une part elle
encourageait forcement le projet de BTC, d’autre part elle signait un accord pour le gaz naturel
russe, « Blue Stream », à la fois pour utiliser ce gaz dans le marché intérieur et pour le réexporter
vers le marché européen. Dans ce contexte, le développement des nouvelles stratégies pour
l’approvisionnement de l’énergie de la région caspienne et centrasiatique en Europe, en
bouleversant le monopole russe, renforcerait la position de la Turquie comme un pays transit
en énergie. Ainsi, sa position en matière énergétique revêt également un enjeu politique vis-àvis de l’Union européen (UE) afin que cette dernière reconnaisse la place et l’importance de la
Turquie pour atteindre ses objectifs de politiques énergétiques : il peut donc exister un lien entre
le rôle de la Turquie en ce domaine et son processus d’adhésion à l’UE 46.
D’une autre coté, la Turquie estimait qu’un oléoduc non-russe et qui fonctionne bien
présenterait un avantage certain pour développer les nouvelles stratégies visant à faire évoluer
le monopole russe pour l’exportation des ressources de la région. Par exemple, après la
découverte d’une réserve massive de 700 milliards de mètres cubes de gaz naturel en mai 1999
44
Chuvin Pierre, “La Turquie : futur Hub énergétique de l'europe ?”, Revue Tiers Monde, 2008/2 n° 194, p. 359370, p. 362
45
http://www.mfa.gov.tr/data/DISPOLITIKA/EnerjiPolitikasi/T%C3%BCrkiye'nin%20Enerji%20Stratejisi%20(
Ocak%202009).pdf
46
Schalck Christophe, “Le développement énergétique en Turquie : quels effets en attendre ?”, Management &
Avenir, 2011/2 n° 42, p. 328-340, p. 332
19
dans la région azérie en mer caspienne par BP, les négociations pour exporter ce gaz au plus
grand marché de la région, la Turquie, ont immédiatement commencé. Comme le projet
d'oléoduc BTC était à un stade avancé, parvenir à un accord pour ce gaz n'a pas été difficile.
Finalement, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie ont convenu de construire un gazoduc
(Bakou-Tbilissi-Erzurum) parallèle à la ligne du BTC (la route serait exactement la même
jusqu’à la ville turque orientale d'Erzurum, où le gazoduc relierait le système de gazoduc turc),
qui permettrait de réduire les coûts 47.
Par ailleurs, et surtout, l’engagement plus fort des Etats-Unis à la région après le 11
septembre, autrement dit le rapprochement avec la Russie dans la sécurité énergétique et la
guerre contre le terrorisme, présentait une occasion pour la Turquie, qui est un allié des EtatsUnis depuis plus un demi-siècle au sein de l’OTAN et au Moyen-Orient, d’être plus active et
plus forte dans sa région et de poursuivre une politique de stabilisation de la région. Suite au
soutien plus clair et plus concret des Etats-Unis au projet du BTC, il convient de souligner que
le BTC réaffirmait les bonnes relations entre la Turquie et les Etats-Unis.
En résumé, le BTC est un projet stratégique et géopolitique pour la Turquie qui est un
acteur depuis longtemps dans le transport des énergies du Moyen-Orient vers le marché
occidental par la voie d’oléoduc Kirkouk-Yumurtalik. L’oléoduc BTC est le premier grand pas
de l’engagement de la Turquie dans les enjeux énergétiques de la région caspienne.
B. L’IMPLICATION DU BTC POUR L’AZERBAÏDJAN
Il est certain que le secteur des hydrocarbures de l’Azerbaïdjan et la signature des
contrats importants dans ce secteur ont conféré à ce pays un nouveau statut sur la scène
internationale depuis son indépendance. L’Azerbaïdjan, qui a rang de ‘partenaire stratégique’
des Etats-Unis et de la Russie, se situe au cœur d’une région déstabilisée par la crise du nucléaire
iranien et veille à conduire une habile ‘politique de l’équilibre’ sur le plan international 48.
Bien évidemment, quand il se concentre sur le tracé Bakou-Tbilissi-Ceyhan en tant que
meilleure alternative pour exporter son pétrole, l'Azerbaïdjan a pris en considération les
47
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p. 50
RAPHAËLLE Mathey, « Azerbaïdjan 2006 » Croissance hors norme et consolidation du pouvoir, Le Courrier
des pays de l'Est, 2007/1 n° 1059, p. 94-108, p. 96
48
20
implications politiques et sécuritaires et bien entendu économiques. Le choix de BTC par
l’Azerbaïdjan signifiait quand même sa méfiance quant à une coopération à long terme avec les
puissances régionales comme la Russie et l’Iran. Sans aucun doute, l’Azerbaïdjan, pays petit
riche en hydrocarbure, pourrait rester sous l’influence et le contrôle de ces puissances régionales
s’il choisissait l’un des tracés vers le sud, via l’Iran ou le nord, via la Russie.
Il est clair que, en prenant en compte les avantages économiques et sociaux, une fois
que l’oléoduc BTC sera pleinement opérationnel, l'Azerbaïdjan sera le principal bénéficiaire.
Selon le prix du pétrole en 2005, il est prévu qu’il collectera plus ou moins 29 milliards de
dollars par année en revenus pétroliers. Cependant, lors de la cérémonie de BTC pour le premier
pompage du pétrole, à Bakou en 25 mai 2005, le Président de l’Azerbaïdjan Aliev a déclaré que
cet oléoduc aidera d'abord à résoudre les problèmes économiques et sociaux mais que son rôle
dans le renforcement de la paix et de la sécurité dans la région n'est pas mince 49.
C’est la raison pour laquelle, l’Azerbaïdjan à propos de l’exportation de ses ressources
énergétiques, a mis l’accent sur le partenariat avec le monde occidental avec lequel il
développait une coopération depuis son indépendance. Ainsi, ses relations avec l’OTAN en
matière de sécurité évoluent depuis 1992 et l’Azerbaïdjan a adhéré au programme de Partenariat
pour la paix de l’OTAN en 1994 50. Dans ce contexte, pour l’Azerbaïdjan qui cherche à garantir
sa sécurité nationale au-delà de sa région et dans les coopérations avec les institutions euroatlantiques, le BTC était le symbole de la garantie de sa sécurité énergétique et économique.
D’autre part, grâce à la réussite de BTC, l’Azerbaïdjan prévoyait d’accélérer le dialogue,
entamé en juin 2004 dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, avec l’Union
européenne 51.
Ces attentes politiques de l’Azerbaïdjan ne sont pas restées sans réactions de la part du
monde occidental. Ainsi, l’Azerbaïdjan et l’UE ont abouti à la conclusion d’un plan d’action
pour cinq ans. L’accent mis par l’UE notamment sur la nécessité de trouver une issue pacifique
au conflit du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et sur la nécessité de développer
les échanges de toutes natures et la coopération au niveau régional, représentait un gain
politique destiné à attirer l’attention de l’Europe sur la plus importante question de la politique
49
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p. 46
http://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_49111.htm
51
RAPHAËLLE Mathey, « Azerbaïdjan 2006 » Croissance hors norme et consolidation du pouvoir, op. cit., p.103
50
21
étrangère azerbaidjanaise. De même, la signature d’un protocole d’accord sur un partenariat
énergétique entre l’UE et l’Azerbaïdjan en Novembre 2006 permettait d’améliorer l’intégration
de l’Azerbaïdjan aux marchés européens de l’énergie, de renforcer la sécurité énergétique de
l’UE grâce aux approvisionnements en provenance du bassin de la mer Caspienne et de rendre
plus efficace la gestion de la demande énergétique en Azerbaïdjan. Par conséquent, comme cela
a été soulevé plus haut, la découverte des zones de gaz naturel dans la région azéri en mer
caspienne, Shah Deniz et Azeri-Chirag-Guneshli, et la signature des accords avec les entreprises
occidentales constituaient un atout supplémentaire pour l’Azerbaïdjan qui renforcera sa
position d’approvisionnement pour l’Europe. Si les nouveaux projets pour exporter les
ressources de l’autre côté de la Caspienne, au Kazakhstan et au Turkménistan, voient le jour
dans un avenir proche, l’Azerbaïdjan pourra gagner un statut de pays transit pour l’Europe.
S’agissant de la sécurité et de la défense, les revenus provenant de l’exportation du
pétrole via le BTC donnera une occasion à l’Azerbaïdjan d’augmenter ses dépenses dans le
domaine militaire. Ainsi, il essayera d’équilibrer sa position à l’encontre de l’Arménie qui est
soutenue militairement par la Russie depuis le conflit du Haut-Karabakh. D’autre part,
l’isolation de l’Arménie du BTC et des autres projets devant être prochainement réalisés dans
la région pour le transport des ressources énergétique de la mer Caspienne renforcera la position
de l’Azerbaïdjan par rapport à l’Arménie dans la poursuite de négociations et de compromis
sur le Haut-Karabakh 52.
En conséquence, ni le BTC ni le pétrole et le gaz naturel ne sont une solution pour tous
les défis de l'Azerbaïdjan comme la démocratie, les droits de l’homme, la primauté du droit, la
gouvernance et l’institutionnalisation. Toutefois, l’intégration croissante avec le monde
occidental grâce aux investissements et projets multinationaux constituera une opportunité
importante pour le développement économique et politique du pays et lui permettra de se
prémunir des pressions des puissances régionales.
52
CORNELL Svante E. and Fariz Ismailzade, “The Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Implications for Azerbaijan”,
in STARR S. Frederick and CORNELL Svante, the Baku-Tbilisi-Ceyhan Pipeline: Oil Window to the West”,
Washington, Central Asia-Caucasus Institute & Silk Road Studies Program, 2005, p. 61-85, p. 83
22
C. L’IMPLICATION DU BTC POUR LA GEORGIE
Lors de la cérémonie de BTC à Bakou en 25 mai 2005, le président géorgien Mikheil
Saakashvili a caractérisé l'ouverture du BTC de ‘victoire géopolitique’ pour les pays du bassin
de la mer Caspienne. Il a clairement précisé qu’une source d'exportation d'énergie indépendante
et bien sécurisée permettrait à la fois à la Géorgie et l'Azerbaïdjan de résister plus efficacement
contre la pression géopolitique exercée par la Russie 53. En fait, ces paroles du président
géorgien résumaient la perception et l’attente de la Géorgie à propos du BTC : s’échapper des
pressions russes et s’intégrer avec l’occident.
Il est certain que la Géorgie parmi les trois pays par lesquels transite le BTC est
politiquement et socialement plus fragile et économiquement plus faible. En effet, les situations
des régions autonomes, comme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, et le rapprochement de la
Géorgie avec l’occident et ses institutions placent ce pays en position d’ « enjeu important »
pour la Russie. Effectivement, depuis que la Géorgie s’est déclarée indépendante de l’URSS en
1991, les relations Tbilissi-Moscou sont marquées par la méfiance et la tension. La Géorgie a
souvent essayé de poursuivre une politique étrangère plus autonome et pragmatique destinée à
lui permettre de s’éloigner de la sphère d’influence russe. En particulier, avec la révolution des
roses en 2003 et l’élection du président Saakashvili, qui est pro-occidental, la Géorgie s’est
positionnée elle-même plus clairement dans la stratégie occidentale en développant des bonnes
relations avec les acteurs extérieurs tels que l’Union européenne, l’OTAN, l’Organisation pour
la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou les États-Unis 54.
La recherche de coopération avec l’occident n’est pas une ambition sans essence pour
la Géorgie. Car, les politiques russes ont très clairement dit qu'ils cherchent à s'opposer à
l’orientation vers l’occident de l'Azerbaïdjan et de la Géorgie ; la Géorgie en particulier
représente une cible claire de la pression russe. Dans ce cas, la Russie a répondu fermement à
chaque tentative de la Géorgie pour adhérer aux structures occidentales. Au début des années
1990, la Russie a soutenu les mouvements séparatistes en Géorgie pour déstabiliser le pays, en
la forçant à se joindre à la Communauté des Etats indépendants et à accepter des bases militaires
russes sur son territoire. La Russie utilisait également l’énergie en tant qu’arme politique dans
53
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p.46
GERMAN Tracey C. et BLOCH Benjamin, « Le conflit en Ossétie-du-Sud : la Géorgie contre la Russie »,
Politique étrangère, 2006/1 Printemps, p. 51-64, p.52
54
23
sa pression sur la Géorgie. En 2001, la Russie a ainsi coupé l’offre du gaz naturel vers la
Géorgie, en dépit de contrats de prépaiements, afin de montrer sa vulnérabilité et son niveau de
dépendance énergétique face à la Russie 55.
Parallèlement aux tentatives de déstabilisation, à la fragilité de la région et à l’incapacité
de trouver des solutions aux conflits en Caucasie, la Géorgie a cherché à assurer sa sécurité
nationale hors de la région. Ainsi, à partir de 1992, elle a établi des relations approfondies avec
l’OTAN. L’objectif de la Géorgie est de devenir membre de l’OTAN pour garantir sa sécurité
notamment contre la Russie 56.
Dans le cadre de BTC, l’objectif principal de la Géorgie n’est pas d’obtenir un gain
économique, mais géopolitique et politique. Autrement dit, la participation de la Géorgie,
malgré la position dominante de la Russie dans les ex- pays soviétiques en matière d’énergie,
était la confirmation de son objectif d’être une partie de l’occident. Grâce à la réussite du BTC,
cela pourra se concrétiser par de nouveaux projets d’exportation des hydrocarbures de la
Caspienne. Ainsi, la Géorgie constituera une clé stratégique pour le transport de ces ressources
vers le marché mondial et la construction d’un corridor d’énergie est-ouest. Cependant, le risque
existera d’une augmentation des pressions russes sur le maillon plus faible de la chaine, via
particulièrement l’utilisation des armes ethniques et séparatistes. La stabilité politique et
économique du pays sera à la fois l’atout et le principal défi à relever pour la Géorgie.
D. LES IMPLICATIONS POUR LA REGION ET L’UNION EUROPEENNE
Depuis la disparition de l’Union soviétique en 1991, le paysage politique du Caucase et
de l’Asie Centrale a considérablement évolué. Notamment, la construction du Corridor de
Transport Est-Ouest a joué et continue toujours de jouer un rôle important dans cette évolution.
Grâce à ce corridor, les liens économiques et politiques entre l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la
Turquie ont augmenté, allant jusqu’à permettre l’émergence d’un ensemble régional intégré.
Dans ce cadre, grâce à l’accélération obtenue par le BTC, les réunions trilatérales au niveau
des présidents et des ministères des affaires étrangères pour discuter les questions de la Caucasie
et les nouveaux domaines de coopération ont vu le jour. Dans le même temps, la présence
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p. 26
56
http://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_38988.htm
55
24
occidentale dans cette région s’est accrue sous l’effet des actions conjuguées des Etats-Unis et
de l’Union européenne alors que la Russie y perdait de son influence et que l’Arménie se
trouvait isolée au sein de sa propre région 57.
Bien évidemment, s’il y a une partie perdante dans la région en raison du BTC, il est
certain qu’il s’agit de l’Arménie. Au début des années 1990, les Etats-Unis menaient une
politique sud-caucasienne discrète et plutôt pro-arménienne, en raison de l’influence au
Congrès de lobbies pro-arméniens 58. Mais, plus tard, l’importance de la région en matière
d’énergie, les relations et investissements des entreprises occidentaux et américains, l’attitude
Russe sur la région et les événements de 11 septembre ont changé la stratégie et la politique
étrangère américaine dans la région. Ainsi, avec la réussite du BTC, l’Arménie, isolée
géographiquement, a été exclue des futures négociations sur le corridor de transport
transcaucasien entre la mer Noire et la Caspienne 59.
Quant aux pays d’Asie Centrale, il est possible de dire que le BTC a permis de briser le
monopole russe ce qui constituait une alternative différente à la Russie pour les pays de la
région, que ce soit pour transporter ses ressources énergétiques ou pour construire de nouveaux
projets dans ce domaine. Par conséquent, avec la participation du Kazakhstan au BTC (par la
construisant de l’oléoduc de l’Aktau, le port kazakh sur la mer Caspienne), vers Bakou, le tracé
de l’oléoduc sera Aktau-Bakou-Tbilissi-Ceyhan.
Parallèlement, des projets destinés à transporter le gaz naturel du Kazakhstan et du
Turkménistan vers
Bakou où un gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum est déjà opérationnel
existent. Sans aucun doute, la diversification des investisseurs et des routes de transport des
ressources vers le marché mondial constitue une opportunité pour les pays de la région (que ce
soit le pays de source ou le pays de transit) de devenir plus indépendant et plus fort dans les
négociations sur leur avenir.
Pour ce qui concerne les pays tiers bénéficiaires du BTC, qui sont notamment des pays
européens, on peut dire que la dépendance énergétique de l’UE à l’importation équivaut à 50%60
57
LUSSAC Samuel, “Le Corridor de Transport Est-Ouest, facteur de tensions dans le Caucase du Sud ?”, La
Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), Note 01/09, 2009, p. 7.
58
IBID, p. 4
BILLION Didier, « Les atouts de la politique extérieure de la Turquie »,Pouvoirs, 2005/4 n° 115, p. 113-128.,
p. 118
60
http://ec.europa.eu/energy/publications/doc/2013_pocketbook.pdf
59
25
de son besoin et ne cesse de croître. En outre, le sol de l’UE n’est pas riche en énergies fossiles,
ce qui rend cette dernière dépendante de fournisseurs du Moyen Orient, de la Russie et des pays
de la mer Caspienne pour le pétrole et le gaz naturel. L’Union Européenne est dépendante à
environ 30 % du gaz naturel russe 61 ce qui peut poser difficulté. Il n’y a en effet aucune garanti
que la Russie n’utilisera pas cet avantage telle une arme politique et stratégique comme elle a
fait plusieurs fois. C’est pourquoi il est toujours primordial pour l’UE de diversifier ses sources
d’approvisionnement, ses fournisseurs mais également d’encourager d’autres voisins européens
à devenir des pays de transit.
Dans ce perspectif, l’UE a largement soutenu le projet du BTC en tant que moyen de
diversifier les importations de ses membres, et a également vu le BTC comme la préparation
d’un chemin pour un cadre réglementaire global permettant d’intégrer le marché de la Mer
Noire et de la mer Caspienne à l’Europe 62. En fait, l’UE a suivi contribué à plusieurs
programmes avec les pays de la région caspienne et d’Asie centrale. A partir de 1992 jusqu’à
2006, elle a versé plus d’un milliard d’euro pour les projets dénommés TRACECA, INOGATE
et TACIS 6364.
Mais, au-delà des enjeux politique, avec l’engagement des entreprises européennes au
marché caspien et centrasiatique, l’UE a intensifié ses relations avec les pays de la région en
mettant l’accent sur le développement du secteur de l’énergie dans ces pays. Dans ce cadre, la
signature des protocoles d’accord en matière d’énergie avec l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan en
2006, le Turkménistan en 2008 et dernièrement l’Ouzbékistan en 2011, nous montre également
la détermination de l’UE à prendre une part et à assurer sa sécurité énergétique en diversifiant
ses approvisionnements.
61
http://ec.europa.eu/energy/publications/doc/2013_pocketbook.pdf
SOVACOOL
Benjamin
K.,
“Exploring
the
Conditions
for
Cooperative
Energy
Governance: Comparative Study of Two AsianPipelines”, Asian Studies Review, vol. 34, Issue 4, 2010, p. 489 –
511, p. 503
62
63
Le TRACECA (Transport Corridor Europe-Caucase-Asie) est un programme de transport international
impliquant l’UE et 14 état membres de l'est, du Caucase et de l'Asie centrale.
L’INOGATE (Interstate Oil and Gas Transport to Europe) est un programme de coopération internationale de
l'énergie entre l'UE, les Etats riverains de la mer Noire et la mer Caspienne et leurs pays voisins.
TACIS (Technical Assistance to the Commonwealth of Independent States) est un programme d'aide étrangère et
technique mis en œuvre par la Commission européenne pour aider les membres de la Communauté des États
indépendants (ainsi que la Mongolie), dans leur transition vers le marché démocratique axée sur les économies.
TACIS est maintenant englobé dans le programme d'EuropeAid.
64
OZKAN Gökhan, “The Energy Security Dimension Of Turkey’s Regional Policy In The Central Asia And The
Caucasus” (en langue turque), Akademik Bakış, Vol. 4, No: 7, 2010, p. 17 - 40, p.33
26
D’autre part, consciente du potentiel de la région, l'UE a porté une attention particulière
aux pays de transit dans la région du Caucase et en Europe de l’Est. Dans ce contexte, en
acceptant l’importance de l'énergie comme un sujet du plus haut intérêt dans les relations entre
l'UE et la Turquie, un pays candidat à l’adhésion, l’UE aiderait au développement de la Turquie
en tant que pont énergétique et carrefour énergétique potentiel, ce qui pourra être bénéfique tant
pour la Turquie que pour l'UE. Il est certain que cette coopération constituera une base pour le
développement des nouveaux projets qui aidera à diminuer le rôle essentiel de la Russie pour
l’approvisionnement énergétique.
CONCLUSION
Selon les scénarios, la demande mondiale d'énergie augmentera 40% entre 2009 et 2035.
Cette augmentation concernera toutes les sources d'énergie. Dans ce période, alors que la
demande de pétrole augmentera de 18%, la croissance de la demande de gaz naturel sera
presque égale à celle du pétrole et du charbon combiné, soit 60%. Cette croissance, à la fois de
la demande et de l’offre, concernera faiblement la zone de l’OCDE : près de 90 % des nouvelles
demandes d'énergie proviendront des pays non-membres de l'OCDE 65.
Au regard de cette projection de la demande de l’énergie, il est important de mentionner
que la sécurité énergétique sera toujours un élément essentiel au développement économique
de chaque pays. Pour assurer la sécurité de l'énergie, chaque pays consommateur et devra
diversifier ses sources d'approvisionnement: être lié à un seul fournisseur d’énergie rend
vulnérable aux pressions politiques et économiques. Ainsi, la sécurité énergétique intègre une
dimension de politique étrangère en termes de maintien de bonnes relations à plusieurs pays
producteurs d'énergie.
Dans un tel contexte, la rivalité géopolitique autour de la région de la Caspienne entre
les puissances régionales ainsi que les puissances globales pour la concurrence à l'accès aux
réserves de pétrole et de gaz en Azerbaïdjan, Kazakhstan et le Turkménistan se poursuivra.
Dans un tel environnement, il est certain que le choix d’un tracé et la construction d’un oléoduc
ou gazoduc sera toujours un enjeu tant géopolitique, stratégique et politique qu’économique.
65
Worl Energy Outlook 2011, p. 70,
http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/WEO2011_WEB.pdf
27
Car, les oléoducs et gazoducs qui sont donc des infrastructures essentielles de l’exportation
d’énergie, peuvent être construits en prenant en compte une forte dimension stratégique et
politique, qui peut parfois primer sur les arguments commerciaux et économiques 66. Dans le
cas de BTC, on constate qu’un projet politique peut devenir commercialement viable 67.
Comme on a mentionné plus haut, le souhait politique du projet BTC pour toute la
région était évident: d'une part, le BTC permettait de ne pas offrir à l'Iran un important rôle
d'exportateur d'énergie de la mer Caspienne, de réduire la dépendance des pays de la mer
Caspienne aux oléoducs russes et de renforcer les économies régionales (en particulier celles
d'Azerbaïdjan, de Géorgie et de Turquie 68). Bien sûr, le BTC ne représente pas la fin du
monopole russe, mais il ouvre une voie alternative pour les pays exportateurs. Au regard de la
croissance économique et des tendances observées, on peut dire que l’augmentation de la
demande d’énergie des grands pays asiatique comme la Chine et l’Inde accroitra la pression sur
la région caspienne. Ceci constituera une nouvelle rivalité entre l’Est et l’Ouest pour les
réserves caspiennes.
Notamment, la diversité et le nombre des parties qui soutiennent, participent ou
prennent part au projet (des acteurs comme le British Petroleum et un consortium de banques
privées, des gouvernements nationaux tels que ceux de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie, de la
Turquie et des États-Unis, la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et
le développement et l'Union européenne) montrent la confiance qui est placée dans sa réussite.
Cependant, il est certain qu’il restera des défis majeurs comme les risques de conflits
dans la région pour la stabilité du BTC. Parmi ces risques, les conséquences de la question du
Haut-Karabagh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, l’attitude de la Russie qui voit le BTC comme
une révolte régionale, les réactions de l’Iran sur les politiques d’oléoduc de Caspienne et le
statut de la mer Caspienne, le conflit Russo-Géorgien, la vulnérabilité des pays transits et
l’aspect sécuritaire d’oléoduc méritent d’être soulignés 69. Pour les Etats-Unis, la nomination de
Richard Morningstar comme l’Ambassadeur américain à Bakou en 2012, qui était le
66
SIMONET Loïc, “Les pipelines internationaux, vecteurs de prospérité, de puissance et de rivalités. Oléoducs et
gazoducs dans la géopolitique et les relations internationales”,op. cit., p. 53
67
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p. 30
68
BABALI Tuncay, “Implications of the Baku-Tbilisi-Ceyhan Main Oil Pipeline Project”, op. cit., p. 58
69
CORNELL Svante E., TSERETELİ Mamuka and SOCOR Vladimir, “Geostrategic Implications of the BakuTbilisi-Ceyhan Pipeline”, op. cit., p. 37
28
Représentant Spécial du Secrétaire d’Etat américain sur l’Energie de l’Eurasie entre 2009 et
2012 et l’ancien Conseiller de l’Energie Diplomatie du Bassin Caspien auprès du Président et
Secrétaire d’Etat américain, confirme la position américaine sur la région.
D’autre part, les implications de la guerre entre la Géorgie et la Russie, en aout 2008,
l’occupation de la péninsule de Crimée, l’Ukraine qui est l’un des principaux tracés du transport
énergétique, par la Russie en mars 2014, l’utilisation du gaz naturel de plus en plus fortement
comme un arme politique par la Russie et la signature d’un accord entre la Russie et la Chine
sur l’exportation du gaz naturel russe en mai dernier, nous montrent tant l’agressivité russe que
l’importance de l’énergie comme un enjeu stratégique et géopolitique.
Personne ne prévoyait les événements de 11 septembre, point crucial ayant présidé à la
réalisation du BTC. Dans les relations internationales, parfois, la conjoncture aide ou bien
oriente les pays concernés pour la réalisation d’enjeux stratégiques et géopolitiques. Au regard
de la situation actuelle, la région de la mer Caspienne gardera sa position stratégique pour
l’ensemble des puissances; on ne peut toutefois pas dire comment évoluera la scène
internationale dans le domaine de l’énergie.
29
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• http://ec.europa.eu/energy/publications/doc/2013_pocketbook.pdf
32
ANNEXE 1
Le tracé du BTC
33
ANNEXE 2
La région du Caucasie et l’Asie centrale
34
ANNEXE 3
Les oléoducs dans la région du Caucasie et l’Asie centrale
35

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