Les USA ont pratiqué la torture «légale»

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Les USA ont pratiqué la torture «légale»
Les USA ont pratiqué la torture «légale»
By Chronakis
Created 03/31/2010 - 21:34
L'acte de quelques brebis galeuses. La thèse officielle a toujours soutenu que les mauvais traitements et les
tortures infligées aux détenus d'Abou Ghraïb étaient le fait de mauvais soldats indisciplinés. Une ligne de
défense que met à mal l'enquête passionnante de Marie-Monique Robin jamais diffusée à la télé pour des
questions de droit. Dans «Torture made in USA», un documentaire de 85?minutes primé au Festival du
Figra fin mars et diffusé gratuitement durant une semaine sur le site www.mediapart.fr [1], la journaliste
démontre comment l'administration Bush a institutionnalisé la torture.
La guerre contre la terreur
Selon le documentaire de Marie-Monique Robin, tout commence dans le plus grand secret après les
attentats du 11 septembre. Le gouvernement adopte immédiatement une attitude de guerre avec le terme
«carte blanche» comme mot d'ordre. Le 15 septembre, George Bush déclare: «L'Amérique est prête à tout
pour gagner cette guerre.» L'opinion publique est avertie: leur pays va se salir les mains.
Le refus des Conventions de Genève
Pour gagner cette guerre contre le terrorisme, l'administration américaine est persuadée qu'elle a besoin
d'obtenir des renseignements. Elle craint que les «vieilles règles», dont les Conventions de Genève, ne
soient un obstacle pour entrer dans le crâne de ses ennemis. Elle va donc faire appel à ses juristes pour
s'en affranchir. Première étape: refuser aux membres d'Al-Qaida et aux talibans le statut de prisonniers de
guerre. Mais cela ne donne pas le droit de les maltraiter et de les torturer. Un mémorandum de janvier 2002
vient régler en partie ce problème. Un responsable juridique écrit: «Ce nouveau paradigme rend obsolète
les limitations strictes imposées par les Conventions de Genève sur l'interrogatoire des prisonniers.» Cette
même note fait aussi comprendre que les risques de poursuite pour crimes de guerre sont moindres étant
donné la non-application des Conventions de Genève aux détenus. Dans cette lignée, le Département de la
justice introduit la notion de «combattants illégaux» pour désigner les prisonniers de Guantánamo.
Le «mémo de la torture»
«Les procédures utilisées ont été plutôt sévères, mais elles étaient bien contrôlées, légitimes et
nécessaires.» C'est dans ces termes que Bush décrit en septembre 2006 les traitements infligés à Abou
Zoubaïda, un des chefs d'Al-Qaida, lorsqu'il a été transféré à Guantánamo après quatre ans
d'emprisonnement secret. Aujourd'hui, il est avéré que le prisonnier a été soumis au «waterboarding», un
supplice de simulation de la noyade. A la demande de la CIA, l'agence de renseignements américaine qui
voulait se couvrir, un document a autorisé cette pratique. L'astuce juridique de cette note, baptisée «mémo
de la torture», a consisté à redéfinir ce qui était de la torture. Est considérée comme telle un acte qui induit
une souffrance «équivalent en intensité à la souffrance qui accompagne une blessure physique sévère
comme la défection d'un organe, l'altération d'une fonction corporelle ou même la mort.» Comme l'a indiqué
un prof de droit de Yale, bon nombre de sévices infligés sous le régime de Saddam Hussein ne seraient pas
de la torture selon cette définition.
Le programme «SERE»
D'où viennent les techniques d'interrogatoire utilisées pour faire avouer les «combattants illégaux»? De
l'armée américaine tout simplement. Pour préparer certains de ses soldats à des interrogatoires et les aider
à survivre en captivité, elle a mis sur pied le programme «Survie-Evasion-Resistance-Secours» («SERE»).
D'une utilisation défensive, il a été détourné de son objectif premier pour être employé de manière offensive.
Le conseiller juridique du Département de la défense reprend les techniques et les classe en trois
catégories (voir encadré). Des mauvais traitements qui, après Guantánamo, ont été employés à Abou
Ghraïb. Sans que grand monde soit inquiété. Aucun haut responsable n'a jamais été inquiété par l'enquête
menée sur les sévices infligés dans la prison irakienne...
Isolation et suffocation
Le 27 novembre 2002, un mémorandum rédigé à l'intention du secrétaire à la Défense établit trois
catégories de techniques d'interrogatoire :
Catégorie I
C'est la moins agressive. Elle autorise à hurler sur le détenu, mais sans causer de douleur physique, ainsi
que de la tromperie. On peut faire interroger le prisonnier par de multiples personnes et faire croire au
détenu qu'il va être questionné par un ressortissant d'un pays connu pour employer des méthodes dures.
Catégorie II
Elle demande l'autorisation du général responsable des interrogatoires. On y retrouve l'utilisation de position
de stress (rester debout pendant quatre heures au maximum ou être placé en position foetale sans pouvoir
bouger). L'isolement pendant au moins trente jours y figure aussi. Tout comme l'isolation sensorielle, la
pose d'une cagoule, le retrait de tous les objets de confort dont les objets religieux. Nourrir le détenu avec
des rations militaires froides, le mettre tout nu, lui raser la barbe font aussi partie de cette catégorie.
L'usage des phobies des prisonniers, comme la peur des chiens, peut aussi être utilisé pour induire du
stress.
http://pulsemedia.org/category/torture
http://www.harpers.org/archives
http://andrewsullivan.theatlantic.com
Catégorie III
La plus agressive. Elle comprend l'utilisation de scénarios faisant croire au détenu que lui ou des membres
de sa famille vont subir d'intenses douleurs ou mourir. Le prisonnier peut être exposé à l'eau ou à de la
chaleur. Enfin, le «waterboarding». On place des serviettes sur le visage du détenu attaché sur une planche
inclinée avant de lui faire couler de l'eau sur la face, ce qui le fait suffoquer.
Source : http://miscellany101.wordpress.com/
http://serumdeliberte.blogspot.com
Des responsables qui se disaient prêts à tout
George W. Bush, Président des Etats-Unis de 2001 à 2009
L'administration ne dira pas comment elle obtient ses renseignements, ni ce qu'elle a l'intention de faire, ni
quels sont ses plans. L'Amérique est prête à tout pour gagner cette guerre
Dick Cheney, Vice-président des Etats-Unis de 2001 à 2009
Nous devons agir dans l'ombre, nous devons passer du temps dans les ténèbres du renseignement, là où
se passent les affaires louches, dangereuses et sales. Pour cela, nous devons libérer de toute contrainte les
services de renseignements pour qu'ils puissent remplir leur mission.
Donald Rumsfeld, Secrétaire à la Défense de 2001 à 2006
Al-Qaida n'est pas un pays, ses hommes ne se comportent pas comme une armée. Ils ne portent ni
uniforme ni insigne, ils ne portent pas leurs armes ouvertement. Ce serait une mauvaise interprétation des
Conventions de Genève que de considérer Al-Qaida comme une armée.
Ricardo Sanchez, Commandant de la coalition en Irak de 2003 à 2004
Je reconnais très clairement que nous avons torturé, que nous avons maltraité des gens. Cela restera à
jamais une défaite stratégique pour notre pays.
Source :
, URL: http://www.lematin.ch/actu/monde/usa-pratique-torture-legale-256996

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