Le Tembé au village - Le Centre Spatial Guyanais
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Le Tembé au village - Le Centre Spatial Guyanais
Article latitude 5 Page 1 sur 3 LATITUDE 5 Découverte Le Tembé au village par Claude Poulain Jean-Luc Chambert a passé une partie de son enfance en Guyane et partageait ses jeux avec ses copains Saramacas. Quelle meilleure approche pour une autre culture ? Aujourd’hui de retour en Guyane, il occupe le poste de Technicien informatique au sein de la division Sécurité Protection (SDP/SP/GS) mais surtout, il a renoué des liens avec le "village" et il nous fait découvrir la peinture Tembé au travers de ses relations avec Francky Amete. Suivons le guide Kourou, Village Saramaca, rue du Maroni, Atelier-école Aluku Li Bi Na Wan. Inutile de pousser la porte, elle est déjà grande ouverte. L’animation règne dans l’atelier. Francky nous accueille chaleureusement. Très vite nous nous engageons sur la voie de la connaissance. Le "maître" devient intarissable. Même si nous avons son attention, il garde l’œil sur ses élèves et nous quitte régulièrement et subrepticement pour aller disséminer deci de-là quelques conseils avisés. Il raconte : "L’origine du Tembé remonte au 17ème siècle, date des premières habitations esclavagistes en Guyane hollandaise devenue Surinam. Il était alors un moyen de communication dans les plantations. Rapidement, les esclaves fuient leur servitude et s’installent dans la forêt (*), près du fleuve. Pas de n’importe quel fleuve,du Maroni,plus grand fleuve de Guyane et de son affluent le Tapanahoni. Le Tembé, c’est l’art du fleuve, il définit l’ensemble des arts marrons. Il est composé de dessins géométriques effectués à la règle et au compas, qui s’entrelacent et représentent ainsi des symboles. La peinture est l’une des expressions de cet art avec la sculpture." Le Tembé épouse différents supports : le Kopo (triangle faîtier de la maison), la tête de pirogue, la pagaie et la porte ou la façade de la maison. Ce n’est que récemment que le tableau peint sur bois ou sur toile est apparu. Le Tembé n’est alors plus ornement mais art à part entière. Francky a encore fait évoluer cette discipline depuis deux ans en créant des tableaux avec du sable. Il compose ainsi des oeuvres aux tons chaleureux et doux. Auparavant, seules trois couleurs étaient utilisées : le noir, le blanc et le rouge. Ces couleurs originelles se retrouvaient notamment dans les décors de façade des maisons bantoues(**). Aujourd’hui, d’autres couleurs très vives viennent souligner ces couleurs de référence. La clé de la connaissance de cet art fait partie de la tradition orale et est détenue par les anciens qui initient les nouvelles générations. Les savoirs-faire traditionnels vont ainsi se perpétuer ! C’est grâce à l’association Libi Na Wan (vivre ensemble) installée au centre du "village" depuis 1994 que le Tembé s’est fait connaître. Association qui a notament bénéficié d’aides http://www.csg-spatial.tm.fr/inclure_article.php?fichier=article.php&lang=FR&id=117... 30/03/2004 Article latitude 5 Page 2 sur 3 régulières du Cnes pour asseoir son activité. Libi Na Wan s'est efforcée depuis lors de promouvoir l'art Businengé et a contribué à la réputation de plusieurs artistes Tembé, dont : Franky Amete, Antoine Dinguiou et Sawanie Pinas. A tel point qu’on vous parlera de Franky, d’Antoine ou de Sawanie, sans autre précision et tout le monde saura de qui il s’agit ! Quand on lui demande s’il a beaucoup d’élèves, Francky se fait modeste " oui, pas mal, je ne saurais pas les compter. J’ai aussi beaucoup d’élèves dans les classes de Kourou. Vous savez, la géométrie enseignée grâce au Tembé, ça passe beaucoup mieux ! " Il est fier de partager son art. Il raconte : " une de mes élèves en peinture, Cécile, alors Volontaire à l’Aide Technique au Centre Spatial et maintenant rentrée en Métropole, m’a fait un très joli cadeau. Elle m’a adressé son faire-part de mariage, c’était un Tembé ! Même son tampon d’adresse avait la forme d’un Tembé. Je suis très fier, ému et heureux car maintenant notre art se répand chez d’autres peuples, les noirs-marrons ne seront plus désormais les seuls gardiens de cette culture." Lorsque je demande à Francky si je peux prendre des photos de ses tableaux et de ses élèves, il accepte. "Ici, il n’y a aucun problème, tu peux faire ce que tu veux, c’est un lieu d’ouverture vers l’autre ". Voyageurs curieux, vous êtes arrivés au " village ", vous vous êtes ouverts à une autre culture que plus jamais vous n’oublierez ! (*) On nomme alors ces esclaves en fuite, arrivés de la terre africaine, " noirs marrons " (du terme marronnage qui signifie " la fuite dans la forêt "). Ils appartiennent à quatre groupes ethniques : les Bonis, les Djukas, les Saramacas et les Paramacas et ils sont regroupés sous le terme " Businengé " qui veut dire " l’homme de la forêt ". Ils ont en commun la terre d’Afrique de leurs ancêtres. (**) Les Bantous sont originaires de l'actuel Cameroun mais ont migré par étapes vers l'Afrique du Sud au cours de l'histoire. De nos jours les Bantous sont plus considérés comme un groupe linguistique que comme un groupe culturel. Francky Amete est né en 1966 à Paramaribo (Surinam). Il est responsable de l'atelier Boni de l'association Libi Na Wan. En plus d’être peintre et sculpteur, il est aussi musicien. Il a déjà participé à de nombreuses expositions en métropole et à l’étranger. Il prépare une exposition pour la fin de l’année en Guadeloupe. Quelques sites internet http://perso.wanadoo.fr/libi.na.wan/ http://perso.wanadoo.fr/artiste.peintre.francky.amete http://chez.com/claudepoulain/art_businenge.htm Des ouvrages (disponibles au centre de documentation) http://www.csg-spatial.tm.fr/inclure_article.php?fichier=article.php&lang=FR&id=117... 30/03/2004 Article latitude 5 Page 3 sur 3 L'art Businengé / Association Libi Na Wan / Collection "Culture et Patrimoine" / CRATerre Editions Les voies du fleuve / Association Libi Na Wan / Collection "Culture et Patrimoine" / CRATerre Editions Africain de Guyane / Jean Hurault /Editions Guyane Presse Diffusion L’art Tembé siège même à la présidence de la République Française. En effet, Monsieur Jacques Chirac a reçu en cadeau, lors de sa visite à Kourou en 1998, un tableau peint par Antoine Duinguiou intitulé "Regard et écoute attentive". La symbolique des couleurs Le noir représente la terre (matière) Le blanc, la femme, la beauté Le rouge, le sang, l’homme Le jaune, le soleil, le feu Le bleu, la Terre (planète), le ciel, l’eau Le vert, la nature Le gris, la nuit, la pluie Le bleu marine est parfois utilisé comme le noir Le noir et le jaune servent aux "aponchis", les contours et entrelacs. Fermer la fenêtre http://www.csg-spatial.tm.fr/inclure_article.php?fichier=article.php&lang=FR&id=117... 30/03/2004