DOCUMENTAIRE ? Fiction ? Science ou art ? Vérité

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DOCUMENTAIRE ? Fiction ? Science ou art ? Vérité
DOCUMENTAIRE ?
Fiction ?
Science ou art ?
Vérité ? Réalité ?
«Que ce soit du documentaire ou de la fiction, le tout est un grand mensonge que nous
racontons. Notre art consiste à le dire de sorte qu’on le croie. Qu’une partie soit
documentaire ou une autre reconstituée, c’est notre méthode de travail, elle ne regarde pas le
public. Le plus important est que nous alignons une série de mensonges pour arriver à une
vérité plus grande. »
(Abbas Kiarostami, « Cinéma de notre temps » 1994)
« Tous les grands films de fiction tendent au documentaire, comme tous les grands
documentaires tendent à la fiction (…) Et qui opte à fond pour l’un trouve nécessairement
l’autre au bout du chemin.
(« Jean-Luc Godard par Jean-Luc Godard », 1985)
« Lumière a placé sa caméra dans la rue, Méliès au troisième rang de l’orchestre. Le cinéma
documentaire se souvient de l’émerveillement de simplement regarder ; le cinéma
d’imagination n’en finit pas d’aménager la scène (…)
Un documentaire peut tout au plus proposer une orientation mais sa réalisation doit être
aussi une découverte, et le scénario ne s’imposer qu’après tournage (…) En matière de
fiction, le scénario fait le récit ; en matière de documentaire, le récit fait le scénario. »
(Guy Gauthier, « Le documentaire, un autre cinéma », 1995)
Un seul critère : l’absence d’acteurs. L’essentiel est que les personnages du documentaire ne
jouent pas le rôle d’un autre.
« Tous les hommes sont comédiens, sauf quelques acteurs » (Sacha Guitry)
« Faut-il mettre en scène la réalité –« la mise en scène de la vie réelle »- comme Flaherty, ou
la filmer comme Vertov à son insu –« la vie saisie à l’improviste » » ? (Jean Rouch)
« Ce n’est pas la mise en scène, mais plutôt la mise en situation. » (Laurent Chevallier, 1992)
« Plus je me suis mis à tourner des films à partir de situations non contrôlées, et plus j’ai
trouvé de choses extraordinairement intéressantes. Non parce qu’elles sont subtiles, chic,
mais parce qu’elle sont vraies. Elles vous obligent à essayer d’imaginer ce qui est réellement
en train de se passer. Notre préoccupation majeure, je crois, est de réapprendre à regarder
ce qui se passe. » (Richard Leacock, 1963)
« Faire un documentaire, c’est découvrir la réalité en même temps qu’on la filme… Je crois
aussi que la vérité est subjective, et je ne crois pas beaucoup à la vérité scientifique… Le
documentariste non plus, il n’est jamais au bout de sa recherche (…) Au fond, tout dépend du
spectateur, et de ce qu’il cherche au cinéma. Cherche-t-il à être emporté par l’imagination
d’un auteur ? A lire un roman ? S’il s’agit pour lui de retrouver des émotions, il en aura
beaucoup plus dans le cinéma de fiction que dans le cinéma documentaire. »
(Henri Storck, coréalisateur de « Misère au Borinage », 1933, avec Ivens, 1988)
Un document (« documentum » = ce qui sert à instruire) : tout écrit qui sert de preuve ou de
renseignement.
Faire de l’image un témoignage, en s’immergeant dans un milieu.
« Se faire oublier, appartenir au paysage, se confondre avec la foule, est une attitude
fondamentale pour le cinéaste qui cherche à approcher le réel ; il doit abandonner toute
personnalité apparente, tout détail qui le ferait remarquer. » (Mario Ruspoli, 1963)
« La patience du chasseur. » (Guy Gauthier, « Le documentaire, un autre cinéma », 1995)
« Je me suis tu. Un homme ne résiste pas longtemps à un silence attentif : il doit se résoudre à
parler… » (Pierre Perrault, 1965)
« Je commence toujours par établir un contrat avec le responsable de l’institution afin de
m’assurer de ma liberté de tournage et de montage. J’organise aussi des réunions avec les
gens qui travaillent là pour leur expliquer ce que je vais faire : rien ne doit être caché (…)
Une grande partie du tournage se passe à attendre. Pour « Welfare », j’ai tourné en moyenne
deux heures par jour, alors que nous étions là de l’ouverture à la fermeture : on reste là, on
regarde, on observe (…) Le choix des scènes au tournage doit beaucoup à l’intuition, au
« pifomètre » (…) Je tourne –en noir et blanc- pratiquement sans éclairage traditionnel. Je ne
donne jamais d’indications aux gens que je filme. Nous essayons d’avoir le moins d’influence
possible sur la réalité que nous filmons, sans jamais nous dissimuler. » (Wiseman, 1979)
Le commentaire, quel que soit sa qualité, substitue le cinéaste au témoin.
L’idéal est le commentaire se maintienne à distance, et affirme, à défaut de sa qualité, son
caractère indispensable.
« Un documentariste choisit de rendre compte, et l’art vient de surcroît, s’il a du talent ; un
artiste choisit de s’exprimer grâce aux ressources de son art, et son témoignage sur le réel
vient de surcroît (…) D’abord témoin (…) le documentariste est la fois artiste et militant, plus
ou moins l’un ou l’autre, mais jamais séparément. Son militantisme peut se limiter au
militantisme de la connaissance ; s’il montre, ce n’est pas gratuitement, c’est pour faire
connaître. Pour reprendre une distinction que Zola appliquait à la littérature, le « sens du
réel » l’emporte chez lui sur « l’imagination ». Les cinéastes qui comptent dans l’histoire du
documentaire sont ceux qui ont eu le souci de l’expression personnelle… »
(Guy Gauthier, « Le documentaire, un autre cinéma », 1995)
« Nous devrions avoir une conception dynamique du réalisme, le concevoir comme une
certaine vérité dans la façon de voir et de comprendre un monde en pleine évolution, vérité
qui, à son tour, peut participer à cette évolution, dans l’intérêt de la paix, du progrès humain,
et de la suppression de la misère humaine et de la cruauté, en vue d’un monde uni. Nous
devons prendre parti. »
(Paul Strand, photographe-documentariste, parlant du cinéma en 1950)
« Bien sûr, c’est par la voie du cinéma romanesque que le cinéma a atteint et continue
d’atteindre ses vérités les plus profondes : vérités des rapports entre les amants, amis, vérités
des sentiments et des passions, vérités des besoins affectifs du spectateur. Mais il y a une
vérité que ne peut saisir le film romanesque et qui est l’authenticité du vécu. »
(Edgar Morin, 1960)
« Il ne faut pas illustrer l’authenticité superficielle des faits, il faut aller plus profond. Cela
veut dire : rencontrer vraiment l’homme. Pour gagner la confiance des hommes qui luttent, tu
dois leur dire pourquoi tu fais ce film. A qui tu veux l’adresser. Ils veulent discuter avec toi
sur ce qu’ils peuvent faire pour cela. Il faut toujours essayer d’établir l’égalité devant et
derrière la caméra… Mais la confiance seule ne suffit pas. Il faut être prêt aussi à apprendre
l’un de l’autre. » (Joris Ivens, 1976)
Films à voir
« Une histoire de vent » (1989), dernier film du Hollandais Joris Ivens.
« Hippocampe » (1934), de Jean Painlevé, sur une musique de Darius Milhaud.
« This is Blitz » (1942), de l’Américain Stuart Legg, à partir de films allemands capturés