L`étoile Rose - Espoir Charcot
Transcription
L`étoile Rose - Espoir Charcot
L’Étoile Rose Il était une fois une belle adolescente à qui ses parents avaient donné le prénom de Virgina, ce qui en latin signifie pure. Elle était le symbole de la droiture et de la vertu tant son âme était délicate et innocente. Elle se rappelait les jours heureux passés à courir, à rire, insouciante. Malheureusement ces moments de bonheur allaient bientôt prendre fin. Sa vie allait basculer, un jour un funeste personnage s’introduit chez elle. Un diable sinistre, avec des jambes de bouc, boiteux, claudiquant, couvert de pustules, lui jeta un sort. Plus laid ne pouvait exister, craint de tout le monde, traqué, il vivait caché. Il ne supportait pas la beauté et la bonté, encore moins l’innocence. Ce monstre s’appelait Charcot. Virgina par sa seule perfection lui faisait offense, c’est pourquoi il lui jeta un sort. Elle seule pouvait voir Charcot et surtout le sentir prendre possession, un peu plus chaque jour, de son corps. La pauvre enfant était atteinte d’un mal mystérieux qu’aucun médecin ne savait soigner. Les savants qui étudiaient son cas étaient impuissants à trouver des remèdes pour la guérir. Tous s’accordaient à avouer leur ignorance. D’abord sa jambe fut touchée, puis rapidement ses bras. Bientôt le souffle vint à lui manquer, sa parole s’affaiblissait. Jour après jour Virgina s’étiolait. Un jour de Noël, alors que la nuit avançait, épaisse et silencieuse, la jeune fille figée dans son lit, contemplait le croissant de lune suspendu au plafond bleu du ciel. Soudain, elle vit apparaitre une étoile rose qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. Elle semblait se balancer, accrochée à la corne de l’astre, comme une décoration sur la tunique d’un militaire. Virgina pouvait la voir scintiller dans la voûte céleste. Elle brillait d’un vif éclat comparable à celles d’Hollywood. Assis sur le bord de l’étoile, les jambes pendantes dans le vide sidéral, elle put distinguer un curieux personnage coiffé d’un chapeau melon. Il observait en dessous de lui l’extraordinaire planète bleue qu’on appelle Terre. –« Peut-être, de là-haut, me voit-il ? » songea-t-elle en se frottant les yeux. » Elle entama une conversation avec le curieux personnage qu’elle venait de découvrir. « - Bonjour, dit Virgina. - Dites-moi, comment vous appelez-vous ? » Elle pensa qu’elle n’avait aucune chance d’être entendue, sa voix était si faible et cet original bonhomme était si loin. À sa grande surprise, il lui répondit - Mon nom est Charlot. - Comme l’ami du kid ? - Oui, je suis l’ami de tous les enfants malheureux. J’habite sur cette étoile, - Depuis toujours ? - Non, je suis arrivé une nuit de Noël. - D’où veniez-vous ? - Des berges d’un grand lac habité par les ombles. Je suis l’ami des enfants, je suis là pour les aider. - Alors, s’il vous plait, guérissez-moi. - Raconte-moi. De quoi souffres-tu ?» Elle lui décrit son mortel ennemi, lui fit la description des tourments qu’il lui infligeait jour et nuit, invisible de tous. - « Je vous en prie, pitié, guérissez-moi. - C’est terriblement injuste ce qui t’arrive. Ne bouge pas j’arrive. » À peine avait-il prononcé ces derniers mots, qu’il comprit qu’il venait de commettre une bourde. Bien sûr qu’elle ne pouvait pas bouger. -« Pardonne-moi, Virgina. J’arrive. Elle s’endormit. Depuis son étoile, Charlot se transporta en une fraction de seconde auprès du lit de douleur de la jeune fille. Debout, vêtu d’un pantalon flottant, d’une redingote étriquée et de godillots démesurés, il lui prit avec une grande douceur la main. Instantanément la douleur céda la place à une sensation de bien être. - « Je voudrais guérir le supplia-t-elle. - Je suis ici pour ça. Je vais te débarrasser à jamais de Charcot. Je suis plus puissant que le plus grand des magiciens» Charcot aussi était là. Il n’avait pas eu le temps de s’enfuir. C’était la première fois que cet être lâche et maléfique se voyait démasqué. Jusqu’ici personne n’avait pu le voir. C’était sa force. Comment peut-on éradiquer un monstre invisible ? Il comprit, à l’instant, qu’il venait de perdre la partie, qu’à son tour il était condamné à mort. Avant qu’il puisse esquisser le moindre mouvement de fuite, Charlot le toucha de sa canne en bambou. Aussitôt l’immonde personnage, comme frappé par la foudre, se transforma en volutes de fumée qui, aspirées par la fenêtre, se perdirent dans la nuit profonde. Il leva alors son chapeau melon et accompagna son geste d’une profonde révérence pour saluer la belle jeune fille. Elle ne ressentait plus aucune douleur, ses bras et jambes avaient retrouvé leur mobilité, elle récupéra instantanément sa petite voix cristalline. Charlot lui fixa dans le dos deux ailes ocellées de papillons géants qui allaient lui permettre de prendre doucement son envol. « -Nous allons faire ensemble un beau voyage, plus jamais tu n’auras mal et tes parents te rejoindront bientôt. Vous serez réunis à jamais. » Son bienfaiteur, lui saisit la main, ce qui la rassura. Elle était sûre ainsi de ne pas le perdre. Elle n’avait absolument pas peur, confiante et heureuse. C’est ainsi qu’ils s’envolèrent en voltigeant gracieusement vers un endroit inconnu d’elle où elle ne souffrirait plus et n’aurait plus jamais peur. Charlot avait terrassé le maléfique Charcot. Comme lors d’une manipulation génétique, la voyelle “l“ avait remplacé la consonne “n“. Là haut dans le ciel, sur l’étoile rose, le paradis s’offrait à elle. Elle fut accueillie par d’autres enfants qui se jetèrent dans ses bras pour l’embrasser et l’entraîner dans une folle ronde. Virginia se réveilla assise au bord de son lit, son père et sa mère se trouvaient à ses côtés. - « Ma chérie, nous venons d’apprendre une grande nouvelle, un miracle. Ton mal est vaincu, on vient d’en découvrir la cause. - Je sais, chers parents, je suis guérie ». Ils s’étreignirent en pleurant de joie et vécurent heureux. Virgina était la seule à avoir vu Charlot assis au bord de son étoile lever son chapeau et l’agiter pour la saluer. Regardez attentivement le ciel, quand les nuits sont bien dégagées. Vous aussi vous verrez l’étoile rose, il suffit pour cela d’avoir gardé son regard d’enfant.