La Laideur, une source d`inspiration
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La Laideur, une source d`inspiration
La Laideur, une source d’inspiration Introduction : Paris est, selon celui qui la contemple, la ville de la splendeur, ou la ville de la laideur. L’art est souvent l’expression de la subjectivité de l’artiste. Pourtant, il est des subjectivités que l’on retrouve chez de nombreuses personnes… Ici, nous allons nous intéresser à un regard sur Paris, un regard particulier, mais partagé par de nombreux artistes : celui de la laideur de Paris. Et nous allons voir comment, entre attraction et répulsion, nos artistes sont souvent tiraillés. Mais, si leurs sentiments à l’égard de la capital ne sont pas forcément tranchés, il n’en reste pas moins qu’ils trouvent dans cette ambiguïté, une intarissable source d’inspiration. Présentation des documents : -Document 1 : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, « Le Cygne », 1861 -Document 2 : Camille, Paris, 2002 -Document 3 : Thomas Dutronc, J’aime plus Paris, 2007 -Document 4 : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux Parisiens, « Le soleil », 1857 -Document 5 : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, « Rêve parisien », 1857 I. Nostalgie d’une ville perdue « Le cygne » est le quatrième poème de la section des Tableaux Parisiens. Il est divisé en deux parties, la première de 7 quatrains d’Alexandrins, la seconde de 6 quatrains d’Alexandrins. Les rimes sont croisées (ABAB) et respectent l’alternance des rimes masculines et féminines. A travers le personnage du cygne (symbole des exilés), Baudelaire évoque le regret d’une ville bouleversée par les changements Haussmanniens, en effet, les mutations de Paris (qui viennent de débuter) rythment ce poème, comme c’était le cas dans Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo. C’est d’ailleurs à Victor Hugo -lui-même exilé- qu’est dédié ce poème. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux Parisiens, extrait du poème « Le cygne », 1861 « Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve, Pauvre et triste miroir où jadis resplendit L'immense majesté de vos douleurs de veuve, Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit, A fécondé soudain ma mémoire fertile, Comme je traversais le nouveau Carrousel. Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville Change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel) ; Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques, Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts, Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques, Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus. Là s'étalait jadis une ménagerie ; Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux, […] Paris change ! mais rien dans ma mélancolie N'a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs, Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs Aussi devant ce Louvre une image m'opprime : Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous, Comme les exilés, ridicule et sublime Et rongé d'un désir sans trêve ! et puis à vous, […] A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve Jamais, jamais ! à ceux qui s'abreuvent de pleurs Et tètent la Douleur comme une bonne louve ! Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs !» Compréhension : Exercice 1 : Classez ces mots ou en fonction de s’ils se rapportent au souvenir de la ville passée ou à la ville que voit Baudelaire : Le Carrousel / une ménagerie / palais / échafaudages / blocs / Vieux faubourgs / Le Louvre Souvenir de la ville passée Ville à l’époque de Baudelaire Exercice 2 : Classez ces mots en fonction du champ lexical auquel ils appartiennent : Je pense /pauvre et triste /vos douleurs de veuve/vos pleurs/mémoire fertile/le vieux Paris n’est plus/La forme d’une ville change/ hélas/Paris change/ rien (...) n’a bougé /mes chers souvenirs/des rocs/la Douleur La nostalgie du souvenir Le changement L’immuable, l’éternel La douleur Réflexion : -Quel est le sentiment de Baudelaire face à cette nouvelle ville qui se dessine sous ses yeux ? - Le souvenir se rapporte à un élément passé et disparu, le roc, lui, donne une impression d’éternel, d’immuable. Observez ce vers et réfléchissez à ce qu’a voulu dire Baudelaire. « Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs » -Pourquoi est-il important pour Baudelaire d’écrire sur cette nouvelle ville et sur le souvenir de la ville passée ? II. Entre attraction et répulsion, un éternel paradoxe Camille, Paris, 2002 http://www.youtube.com/watch?v=fxQWbMenYCc Vocabulaire : -je me barre = je m’en vais -morose = triste -un pari = jeu qui consiste à faire s’affronter deux oppositions, celui qui a raison, gagne le pari (ex : je parie que c’est l’équipe de Paris qui va gagner VS je parie que c’est l’équipe de Marseille qui va gagner) -un cap = une direction -je te plaque = je te quitte -une bouche de métro = une entrée de métro -un bateau mouche = bateau à fond plat qui navigue sur la Seine - avoir le mal du pays = ressentir le manque de son pays Compréhension orale Exercice 1 : Écoutez la chanson puis répondez aux questions suivantes : -Au début de la chanson, quelle opinion Camille a-t-elle de Paris ? -Que veut-elle faire ? -Quelles sont les deux villes que Camille veut visiter ? -Quelles sont les trois villes que Camille a finalement visité ? -À la fin de la chanson, où Camille décide-elle de vivre ? Exercice 2 : Écoutez la chanson et retrouvez les paroles manquantes Fini les ……………….. Le long du…………… Les escaliers des ………………………… C'est fini Paris C'est ……………je me barre Fini le ciel gris Les matins………….. On dit qu'à Toulouse les ………..…. sont roses Oh là-bas, Paris, les ………………sont roses Je connais trop ta ………………………. Bouche de……………………. Les ………………………………et la couleur de l'eau C'est fini, Paris Je les connais trop Ici je m'ennuie Même quand vient la nuit On dit que Séville ………………….. à minuit Là-bas, Paris la ville …………………. à minuit Paris tu paries Paris que je te quitte Que je change De cap de capitale Paris tu paries Paris que je te quitte Que je te plaque Sur tes trottoirs sales Paris tu paries Paris que je te quitte Que je change De cap de capitale Paris tu paries Paris que je te quitte Que je te plaque Sur tes trottoirs sales (x2) A Toulouse il a …………………. A Séville j'ai …………………… A Rio j'ai eu le mal du ………………………. Oh ! Paris perdu Je …………………….vivre à Paris. Thomas Dutronc, J’aime plus Paris, 2007 http://www.youtube.com/watch?v=VAfeqAYndZY Je fais le plein d'essence, Je pense aux vacances, Je fais la gueule, Et je suis pas le seul passé le périph, les pauvres r n'ont pas le bon gout d'être millionnaires le ciel est gris, les gens aigris1 je suis pressé je suis stressé pour ces parias,6 la ville lumière c'est tout au bout, du RER y a plus de titi mais des minets j'aime plus paris on court partout ca m'ennuie je vois trop de gens, je me fous de leur vie j'ai pas le temps, je suis si bien dans mon lit prépare une arche Delanoë2 tu vois bien, qu'on veut se barrer même plaqué or, paris est mort il est 5 hors, paris s'endort3 1 paris sous cloche ça me gavroche7 il est finit, le paris d'Audiard8 Mais aujourd'hui, voir celui d'édiar9 j'aime plus paris, non mais on se prend pour qui, je vois trop de gens je me fous de leur vie j'ai pas le temps je suis si bien dans mon lit Aigri = amer, froissé, désenchanté, irrité Delanöe (Bertand) est un homme politique français, conseiller de Paris depuis 1977, Député de Paris de 1981 à 1986, maire de Paris depuis 2001 3 Fait écho au titre de la chanson de Jacques Dutronc (père de Thomas Dutronc) : Il est cinq heures Paris s’éveille. 6 Paria = personne rejetée, exclue 7 Ça me gavroche = mélange de : ça me gave (expression vulgaire pour dire « ça m’énerve ») et gavroche, personnage du roman Les Misérable (de Victor Hugo), qui prend les traits d’un enfant parisien. 8 Cinéaste français qui a beaucoup représenté les parisien des années 60 2 9 je sens qu'j'étouffe je manque de souffle je suis tout pale sur un petit pouf j'irais bien, voir la mer écouter les gens se taire j'irais bien boire une bière faire le tour de la terre j'aime plus paris, non mais on se prend pour qui, j’veux voir personne, coupez mon téléphone vivre comme les nones,4 j’parle pas de John5 j'aime plus paris, non mais on se prend pour qui je vois trop de gens je me fous de leur vie j'ai pas le temps je suis si bien dans mon lit j'aime plus paris pourtant paris, c'est toute ma vie c'est la plus belle j'en fais le pari il n'y a qu'elle c'est bien l'ennuie j'aime plus paris. Compréhension écrite : Exercice 1 : reliez les phrases qui expriment une idée commune aux deux chansons : Le ciel est gris Je retourne vivre à Paris Il est 5 hors, paris s'endort Fini le ciel gris Pourtant paris, c'est toute ma vie, c'est la plus belle C'est décidé je me barre Tu vois bien, qu'on veut se barrer Ici je m’ennuie même quand vient la nuit Réflexion : -Quel est le paradoxe évoqué par ces deux chansons ? 4 5 Une nonne = une religieuse « Les nonnes » se prononce comme « Lennon » (John Lennon, fondateur et membre du groupe des Beatles) III. La laideur, un fléau à transformer A. Le rôle du poète : « Le soleil » est le deuxième poème de la section des Tableaux parisiens. Il est composé de trois strophes de 8, 8 et 4 Alexandrins, les rimes sont suivies (AABB). Les deux premières strophes sont dédiées aux bienfaits du soleil sur la créativité du poète, la dernière quant à elle, fait le parallèle entre les bienfaits du soleil et le rôle du poète. L’optimisme flagrant de ce poème s’explique par le fait que Baudelaire l’a écrit au cours de sa jeunesse. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens « Le soleil » 1857 Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures10 Les persiennes, abri des secrètes luxures, Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime, Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés. Ce père nourricier, ennemi des chloroses11, Eveille dans les champs les vers comme les roses ; Il fait s'évaporer les soucis12 vers le ciel, Et remplit les cerveaux et les ruches de miel. C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles13 Et les rend gais et doux comme des jeunes filles, Et commande aux moissons14 de croître15 et de mûrir Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir ! Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit16 le sort des choses les plus viles17, Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais. Compréhension : Dites si les phrases suivantes sont vraies ou fausses et justifiez en citant le texte. Phrases Vrai/Faux L’auteur pratique l’escrime. Quand il fait soleil, Baudelaire est plus inspiré. Selon Baudelaire le soleil a un effet 10 Citations . Masure = maison misérable Chlorose = maladie des plantes qui se traduite par des tâches sur les feuilles 12 Soucis = maladie 13 Béquille = canne qui aide les blessés ou handicapés à marcher 14 Les moissons = les récoltes 15 Croître = grandir 16 Ennoblir = donner de la noblesse, améliorer 17 Vil = méprisable, sordide 11 positif sur la nature. Selon Baudelaire, Le soleil a un effet négatif sur les hommes Baudelaire pense que le poète rend les choses plus sordides. Baudelaire estime que le poète et le soleil ont le même effet sur la nature, la ville et les hommes. Réflexion : Selon Baudelaire, le soleil et le poète ont des rôles très semblables. Si le soleil est bénéfique et embelli la nature et les hommes, quel est le rôle du poète et comment l’accompli-t-il? B. Transformer la laideur en beauté « Rêve parisien » est l’avant dernier poème de la section des Tableaux parisiens, il est constitué de quatrains aux rimes croisées et est séparé en deux parties. La première compte 13 strophes, et est dédiée à la description du rêve. La seconde, beaucoup plus courte (seulement deux strophes) est dédiée au réveil. Ce poème est dédié à Constantin Guys, peintre contemporain de Baudelaire. Celuici admirait beaucoup l'artiste et lui consacra un ouvrage, dans lequel il définit sa propre esthétique. Le poète nous raconte donc un rêve, mais il créé son poème à la manière du peintre pour créer par touches successives un tableau qu'il oppose à la réalité maussade. Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Tableaux parisiens, « Rêve parisien », 1857 I De ce terrible paysage, Tel que jamais mortel n'en vit, Ce matin encore l'image, Vague et lointaine, me ravit18. Le sommeil est plein de miracles ! Par un caprice singulier, J'avais banni19 de ces spectacles Le végétal irrégulier, Et, peintre fier de mon génie, Je savourais dans mon tableau L'enivrante20 monotonie Du métal, du marbre et de l'eau. Babel d'escaliers et d'arcades, C'était un palais infini, Plein de bassins et de cascades Tombant dans l'or mat ou bruni ; Et des cataractes21 pesantes, Comme des rideaux de cristal, Se suspendaient, éblouissantes, A des murailles de métal. Non d'arbres, mais de colonnades Les étangs dormants s'entouraient, Où de gigantesques naïades22, Comme des femmes, se miraient23. Des nappes d'eau s'épanchaient, bleues, 18 Ravir = enchanter Bannir = expulser, exclure 20 Enivrer = charmer, exalter 21 Cataracte = importante chute d’eau sur le cours d’une rivière 22 Une Naïade est une nymphe des eaux 23 Se mirer = se regarder 19 Entre des quais roses et verts, Pendant des millions de lieues, Vers les confins24 de l'univers ; C'étaient des pierres inouïes25 Et des flots magiques ; c'étaient D'immenses glaces éblouies Par tout ce qu'elles reflétaient ! Insouciants et taciturnes26, Des Ganges27, dans le firmament, Versaient le trésor de leurs urnes Dans des gouffres28 de diamant. Architecte de mes féeries, Je faisais, à ma volonté, Sous un tunnel de pierreries Passer un océan dompté ; Et tout, même la couleur noire, Semblait fourbi29, clair, irisé30 ; Le liquide enchâssait sa gloire Dans le rayon cristallisé. Nul astre d'ailleurs, nuls vestiges De soleil, même au bas du ciel, Pour illuminer ces prodiges, Qui brillaient d'un feu personnel ! Et sur ces mouvantes merveilles Planait (terrible nouveauté ! Tout pour l'oeil, rien pour les oreilles !) Un silence d'éternité. II En rouvrant mes yeux pleins de flamme J'ai vu l'horreur de mon taudis31, Et senti, rentrant dans mon âme, La pointe des soucis maudits ; La pendule aux accents funèbres Sonnait brutalement midi, 24 Les confins = les limites Inouïes = admirable, extraordinaire, fabuleux 26 Taciturne = secret, silencieux 27 Gange = Fleuve sacré en Inde 28 Gouffre = abysse, cavité naturelle très profonde 29 Fourbi = brillant 30 Irisé = coloré aux couleurs de l’arc en ciel 31 Taudis = logement misérable, insalubre 25 Et le ciel versait des ténèbres Sur le triste monde engourdi32. Compréhension : Répondez à ces questions (vous pouvez justifier en citant le texte) : Première partie du poème - Ce poème raconte-il un tableau ou un rêve ? -Que décrit Baudelaire dans ce rêve ? -Quelle place est donnée aux végétaux dans l’idéal baudelairien ? -Quels éléments naturels sont présents dans l’idéal baudelairien ? -Quels éléments naturels sont cités mais absents ? -La ville telle que Baudelaire la représente est-elle sombre ou lumineuse ? -La ville telle que Baudelaire la représente est-elle bruyante ou silencieuse ? Deuxième partie du poème -Quels sont les deux indices qui indiquent que la deuxième partie du poème est dédiée au réveil de l’artiste ? -Dans la seconde partie du poème, quel est le champ lexical dominant ? La luminosité, l’angoisse ou le réveil ? Réflexion globale : -Quel est le sentiment commun à ces différents artistes ? -Quel est le thème commun à ces différentes productions artistiques ? -Pour la deuxième édition des Fleurs du Mal, en parlant de Paris, Baudelaire a terminé son épilogue par la phrase suivante : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Qu’en déduisez-vous du rôle du poète ? 32 Engourdi = ralenti, endormi IV. Activité type Bachibac Question de langue : A la fin de sa chanson, Camille dit « Paris perdu », expliquez ce jeu de mot. Question d’argumentation : Selon vous, est-il possible d’aimer et à la fois de détester une personne, une ville ou encore une œuvre d’art ? Argumentez (250 mots) Essai : Comment la laideur peut-elle être source d’inspiration et de création artistique ? (300 mots) Correction : I. Nostalgie d’une ville perdue Compréhension : Exercice 1 : Classez ces mots ou en fonction de s’ils se rapportent au souvenir de la ville passée ou à la ville que voit Baudelaire : Le Carrousel / une ménagerie / palais / échafaudages / blocs / Vieux faubourgs / Le Louvre Souvenir de la ville passée Une ménagerie Vieux faubourg Ville à l’époque de Baudelaire Le Carrousel Palais Echafaudages Blocs Le Louvre Exercice 2 : Classez ces mots en fonction du champ lexical auquel ils appartiennent : Je pense /pauvre et triste /douleurs de veuve/vos pleurs/mémoire fertile/le vieux Paris n’est plus/La forme d’une ville change/ hélas/Paris change/ rien (...) n’a bougé /mes chers souvenirs/des rocs/la Douleur La nostalgie du souvenir Je pense , mémoire fertile, ma mélancolie, mes chers souvenirs Le changement L’immuable, l’éternel La douleur la forme d'une ville Change, Paris change, le vieux Paris n’est plus rien(…) n’a bougé, des rocs Pauvre et triste, vos douleurs de veuve, vos pleurs, hélas, la Douleur Réflexion : -Quel est le sentiment de Baudelaire face à cette nouvelle ville qui se dessine sous ses yeux ? Face à cette nouvelle ville, Baudelaire se sent perdu, tel un cygne dont l’environnement naturel a été détruit. Il n’aime pas cette nouvelle ville, il regrette la ville telle qu’il la connaissait avant les travaux d’Haussmann. - Le souvenir se rapporte à un élément passé et disparu, le roc, lui, donne une impression d’éternel, d’immuable. Observez ce vers et réfléchissez à ce qu’a voulu dire Baudelaire : « Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs » Baudelaire évoque ici sa très forte volonté de ne pas oublier la ville qu’il a connu. Malgré les changements, ses souvenirs restent entiers. -Pourquoi est-il important pour Baudelaire d’écrire sur cette nouvelle ville et sur le souvenir de la ville passée ? Baudelaire est un poète, mais c’est avant tout un homme, un mortel. Ses œuvres, elles, lui survivront, elles resteront. Elles doivent donc être témoin de ce qui s’est passé : témoin d’une reconstruction (celle effectuée par Haussmann), témoin d’une émotion (propre au poète), témoin d’une ville disparue… II. Entre attraction et répulsion, un éternel paradoxe Camille, Paris, 2002 http://www.youtube.com/watch?v=fxQWbMenYCc Vocabulaire : -je me barre = je m’en vais -morose = triste -un pari = jeu qui consiste à faire s’affronter deux oppositions, celui qui a raison, gagne le pari (ex : je parie que c’est l’équipe de Paris qui va gagner VS je parie que c’est l’équipe de Marseille qui va gagner) -un cap = une direction -je te plaque = je te quitte -une bouche de métro = une entrée de métro -un bateau mouche = bateau à fond plat qui navigue sur la Seine - avoir le mal du pays = ressentir le manque de son pays Compréhension orale Exercice 1 : Écoutez la chanson puis répondez aux questions suivantes : -Au début de la chanson, quelle opinion Camille a-t-elle de Paris ? Au début de la chanson, Camille ne supporte plus Paris. -Que veut-elle faire ? Elle souhaite s’en aller, quitter Paris. -Quelles sont les deux villes que Camille veut visiter ? Camille veut visiter Toulouse et Séville -Quelles sont les trois villes que Camille a finalement visité ? Elle a visité Toulouse, Séville et Rio -À la fin de la chanson, où Camille décide-elle de vivre ? A la fin de la chanson, Camille décide de revenir vivre à Paris. Exercice 2 : Écoutez la chanson et retrouvez les paroles manquantes Fini les balades Le long du canal Les escaliers des cartes postales C'est fini Paris C'est décidé je me barre Fini le ciel gris Les matins moroses On dit qu'à Toulouse les briques sont roses Oh là-bas, Paris, les briques sont roses Je connais trop ta bouche Bouche de métro Les bateaux mouche et la couleur de l'eau C'est fini, Paris Je les connais trop Ici je m'ennuie Même quand vient la nuit On dit que Séville s'éveille à minuit Là-bas, Paris la ville s'éveille à minuit Paris tu paries Paris que je te quitte Que je change De cap de capitale Paris tu paries Paris que je te quitte Que je te plaque Sur tes trottoirs sales Paris tu paries Paris que je te quitte Que je change De cap de capitale Paris tu paries Paris que je te quitte Que je te plaque Sur tes trottoirs sales (x2) A Toulouse il a plu A Séville j'ai trop bu A Rio j'ai eu le mal du pays Oh ! Paris perdu Je retourne vivre à Paris. Thomas Dutronc, J’aime plus Paris, 2007 http://www.youtube.com/watch?v=VAfeqAYndZY Compréhension écrite : Exercice 1 : reliez les phrases qui expriment une idée commune aux deux chansons : Le ciel est gris Fini le ciel gris Il est 5 hors, paris s'endort Ici je m’ennuie même quand vient la nuit Pourtant paris, c'est toute ma vie, c'est la plus belle Tu vois bien, qu'on veut se barre Je retourne vivre à Paris C'est décidé je me barre Réflexion : -Quel est le paradoxe évoqué par ces deux chansons ? Les deux chanteurs évoquent une ville qu’ils ne supportent plus, ils évoquent la volonté de partir, mais dans les deux cas, ils sont incapables de vivre ailleurs qu’à Paris, même s’ils disent ne plus aimer plus Paris, ils ont le mal du pays loin d’elle et elle représente toute leur vie. Ils ont des sentiments opposés à l’égard de Paris et sont incapables de se décider pour l’un d’entre eux. III. La laideur, un fléau à transformer A. Le rôle du poète Compréhension : Dites si les phrases suivantes sont vraies ou fausses et justifiez en citant le texte. Phrases L’auteur pratique l’escrime. Vrai/Faux Faux Baudelaire pense que le poète rend Faux les choses plus sordides. Citations « Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime, flairant dans tous les coins les hasards de la rime » l’escrime ici symbolise le combat avec les mots. « Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés » « Ce père nourricier, ennemi des chloroses, éveille dans les champs les vers comme les roses » « Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel, et remplit les cerveaux et les ruches de miel. C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles et les rend gais et doux comme des jeunes filles » « Il ennoblit le sort des choses les plus viles » Baudelaire estime que le poète et le Vrai soleil ont le même effet sur la nature, la ville et les hommes. « Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes, il ennoblit le sort des choses les plus viles » Quand il fait soleil, Baudelaire est Vrai plus inspiré. Selon Baudelaire le soleil a un effet Vrai positif sur la nature. Selon Baudelaire, Le soleil a un effet Faux négatif sur les hommes Réflexion : Selon Baudelaire, le soleil et le poète ont des rôles très semblables. Si le soleil est bénéfique et embelli la nature et les hommes, quel est le rôle du poète et comment l’accompli-t-il? Selon Baudelaire, le rôle du poète, tout comme celui du soleil, est d’embellir tout ce qu’il touche. Le soleil accompli ce rôle grâce à ses bienfaits naturels, le poète, lui, l’accompli grâce à son art, dans le choix de ses mots, dans les émotions qu’il transmet. B. Transformer la laideur en beauté Compréhension : Répondez à ces questions (vous pouvez justifier en citant le texte) : Première partie du poème - Ce poème raconte-il un tableau ou un rêve ? Ce poème raconte un rêve « Le sommeil est plein de miracles » + titre « Rêve parisien » -Que décrit Baudelaire dans ce rêve ? Baudelaire décrit dans ce rêve la ville de Paris telle qu’il l’idéalise -Quelle place est donnée aux végétaux dans l’idéal baudelairien ? Les végétaux sont absents de l’idéal baudelairien « J'avais banni de ces spectacles le végétal irrégulier », « Non d'arbres, mais de colonnades les étangs dormants s'entouraient » -Quels éléments naturels sont présents dans l’idéal baudelairien ? Les éléments naturels présents dans l’idéal baudelairien sont l’eau « de l'eau, de bassins et de cascades, Les étangs, des nappes d'eau, des flots magiques, un océan dompté¸ le liquide » et les minéraux « du marbre, cristal, des pierres inouïes, diamant, un tunnel de pierreries » -Quels éléments naturels sont cités mais absents ? Les éléments naturels absents sont comme nous l’avons déjà dit, les végétaux, mais aussi : la lumière naturelle du soleil ou des étoiles « Nul astre, nuls vestiges de soleil » -La ville telle que Baudelaire la représente est-elle sombre ou lumineuse ? Malgré l’absence du soleil la ville représentée par Baudelaire est lumineuse « éblouies », « Et tout, même la couleur noire, Semblait fourbi, clair, irisé », « Dans le rayon cristallisé », « Nul astre d'ailleurs, nuls vestiges De soleil, même au bas du ciel, Pour illuminer ces prodiges, Qui brillaient d'un feu personnel ! » -La ville telle que Baudelaire la représente est-elle bruyante ou silencieuse ? La ville que Baudelaire représente est silencieuse « Tout pour l'œil, rien pour les oreilles ! Un silence d'éternité. » Deuxième partie du poème -Quels sont les deux indices qui indiquent que la deuxième partie du poème est dédiée au réveil de l’artiste ? Les deux indices qui évoquent le réveil de l’artiste sont : « En rouvrant mes yeux » et « La pendule (…)sonnait brutalement midi » -Dans la seconde partie du poème, quel est le champ lexical dominant : la luminosité, l’angoisse ou le réveil ? Dans la seconde partie du poème, le champ lexical dominant est celui de l’angoisse « mes yeux pleins de flamme, l’horreur, la pointe des soucis maudits, accents funèbres, brutalement, le ciel versait des ténèbres, le triste monde » Réflexion globale : -Quel est le sentiment commun à ces différents artistes ? Tous les artistes que nous avons vus avec cette activité ont un sentiment de rejet envers Paris : il ne l’aime plus, ils trouvent que la ville est laide. -Quel est le thème commun à ces différentes productions artistiques ? Les artistes de cette activité, malgré leur aversion pour Paris ont décidé de lui dédier des œuvres. Non seulement il parlent de Paris, mais en plus, ils parlent de leur rejet, de leur dégout, des aspects négatifs de la ville. -Pour la deuxième édition des Fleurs du Mal, en parlant de Paris, Baudelaire a terminé son épilogue par la phrase suivante : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or ». Qu’en déduisez-vous du rôle du poète ? Le rôle du poète, comme nous l’avons vu avec l’étude du poème « Le soleil » est d’embellir la réalité. Concrètement, le poète ne modifie pas Paris ou le thème qu’il évoque, mais il peut modifier le regard que le lecteur porte sur lui. Il doit rendre beau grâce à ces mots, grâce à sa poésie, il doit ennoblir. Il doit être capable de partir du plus laid pour en faire une œuvre d’art. IV. Activité type Bachibac Question de langue : A la fin de sa chanson, Camille dit « Paris perdu », expliquez ce jeu de mot. Au début de sa chanson, Camille fait le pari qu’elle quittera Paris. Finalement, à la fin de sa chanson, elle décide de retourner y vivre. Elle a donc perdu son pari. Le doute réside dans l’orthographe de cette phrase, elle devrait écrire « Pari perdu », mais elle choisit de l’écrire comme la ville de Paris. Question d’argumentation : Selon vous, est-il possible d’aimer et à la fois de détester une personne, une ville ou encore une œuvre d’art ? Argumentez (250 mots) Thèse : Oui il est possible d’aimer et de détester à la fois Argument : L’amour est la haine sont deux sentiments à la fois opposés et très proches Exemple : Les crimes passionnels Argument : On peut aimer certains aspects d’une ville, d’une personne, d’une chose, et en détester d’autres. Exemple : j’aime l’accès à la culture qu’offre Paris, ses monuments architecturaux, sa diversité mais je déteste la foule, le métro et le bruit. Essai : Comment la laideur peut-elle être source d’inspiration et de création artistique ? (300 mots) I. Expliquer un paradoxe -La laideur, si elle va de pair avec un sentiment opposé peut être l’occasion d’exprimer un paradoxe (exemple : chanson de Camille, de Thomas Dutronc) II. Comparer -Laideur peut être la conséquence d’un changement. Dans ce cas, elle peut permettre une comparaison avec un avant meilleur (exemple : « Le Cygne » de Baudelaire) -Laideur (tout comme la beauté) est en grande partie subjective. Aussi, la laideur qui entoure l’artiste peut être l’occasion pour lui d’exprimer son idéal (exemple : « Rêve parisien » de Baudelaire) III. Détailler -La laideur peut prendre différent visages. Elle peut s’appliquer à l’esthétique d’une ville, d’une personne… Mais elle peut aussi s’appliquer à la tragédie d’une situation. Sa multitude de visages est une grande source d’inspiration, et la description exacte de la forme qu’elle prend a engendré de nombreuses œuvres (exemple : « L’Assommoir » de Zola)