Directive Cadre sur l`Eau, Apports de l`imagerie - envlit
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Directive Cadre sur l`Eau, Apports de l`imagerie - envlit
Directive Cadre sur l’Eau Apports de l’imagerie satellite pour la surveillance des masses d’eau côtières du bassin Loire-Bretagne Bertrand Saulquin1, Hélène Oger-Jeanneret 2et Francis Gohin 1 1 2 Ifremer Brest, DYNECO-PELAGOS, Ifremer Nantes, LER-MPL avec le concours des agents des laboratoires LER-FBN St-Malo et Concarneau, LER-MPL La Trinitésur-mer et Nantes, LER-PC La Rochelle. L’étude menée par Lozac’h et al. (2006) a montré une bonne concordance entre les données acquises par l’imagerie satellite et les mesures in situ réalisées dans le cadre du réseau REPHY ou de campagnes en mer. Ce travail a mis en évidence l’intérêt de l’imagerie satellite (SeaWIFS) en tant qu’outil opérationnel pour la surveillance des masses d’eau du littoral Loire Bretagne et leur classement selon le paramètre Chlorophylle a. Il a été mis à jour en 2007 en utilisant le satellite MODIS qui est un des satellites utilisés par l’Ifremer pour acquérir des données « couleur de l’eau ». Le principal avantage de l’imagerie satellite est de pouvoir proposer le classement de toutes les masses d’eau pour le paramètre Chla (Fig. 2, gauche), tandis que les données REPHY ne permettent d’établir ce classement que pour les masses d’eau dans lesquelles des points sont échantillonnés régulièrement (Fig. 1). Il est aujourd’hui possible d’envisager à terme un suivi du paramètre Chla grâce aux seules images satellites, en s’affranchissant ainsi des sorties en mer, qui supposent une organisation relativement lourde et coûteuse (et qui sont impossibles dans certaines conditions météorologiques), même si dans l’immédiat, le suivi des paramètres composition et abondance du phytoplancton rend nécessaire la prise d’échantillons en mer. Quelques remarques qualitatives sur le classement des masses d’eau obtenu à partir des données satellites. Les résultats ci dessous ont été obtenus en comparant les données in situ (fournies par C.Belin, Ifremer) aux données satellites (MODIS et SeaWIFS algorithme OC5) sur la période de référence 2001-2006. L’étude de ces données montre que les points très proches de la côte ne sont pas représentatifs de l’ensemble de la masse d’eau mais plutôt de la zone très côtière ; ils ont tendance à surestimer la concentration moyenne en Chla de la masse d’eau. La concentration observée par le satellite au pixel correspondant à chaque station est proche de l’observation in situ (figure 2, droite), bien que le nombre de données pour le satellite soit bien supérieur et que l’on soit parfois obligé de prendre un pixel « décalé » pour pouvoir réaliser la comparaison. Le classement « satellite » réalisé avec cette méthode est proche de celui obtenu avec les données in situ. Le classement obtenu par moyenne des pixels de P90 de Chla au sein de la masse d’eau (figure 2 gauche) est en général inférieur à celui obtenu par moyenne des stations in situ à l’intérieur de ces mêmes masses d’eau (figure 1), et ceci à cause de la non homogénéité de celles-ci. 1 Figure 1 : classement des masses d’eau côtières du bassin Loire-Bretagne pour le paramètre Chla à partir des données REPHY (période 2001-2006). 2 Figure 2 : classement des masses d’eau côtières du bassin Loire-Bretagne pour le paramètre Chla à partir des données MODIS et SeaWIFS (période 2001-2006). A gauche, classement obtenu en moyennant les pixels de P90 Chl-a dans la masse d’eau ; à droite classement obtenu en prenant la valeur du pixel correspondant à la station. 3 figure 3-a : P90 du paramètre Chla, obtenu à partir de données des données satellites Seawifs et MODIS, 2001 à 2006. 4 Amélioration de la stratégie d’échantillonnage : choix de points représentatifs à partir des données satellites Pour répondre aux exigences de la DCE en matière de surveillance des eaux côtières, l’Ifremer a choisi de déplacer vers le large certains points de surveillance REPHY situés sur des digues ou pontons. Leur localisation, conforme aux objectifs sanitaires et patrimoniaux du REPHY, ne permet pas, en effet, d’obtenir des résultats représentatifs d’une masse d’eau en termes de turbidité et d’oxygène dissous comme le demande la DCE Dans un premier temps, les nouveaux points ont été placés de façon arbitraire, au large des points actuels, sous l’hypothèse que l’éloignement de la côte les rendrait plus représentatifs de l’ensemble de la masse d’eau. Depuis, les images satellites MODIS et SeaWIFS, traitées sur la période 2001 à 2006, ont permis d’évaluer la classe de qualité pour chaque masse d’eau. Parallèlement, l’examen de ces images à l’échelle du pixel (1 X 1 km) permet d’apprécier l’homogénéité (ou non) des masses d’eau (Figures 3-a et 3-b). Figure 3-b : Zoom en pointe de Bretagne, P90 du paramètre Chla, obtenu à partir des données satellites Seawifs et MODIS, 2001 à 2006. Afin de positionner au mieux les points de surveillance, on a choisi de retenir les pixels représentatifs à 80% de la qualité moyenne en Chla de chaque masse d’eau DCE, établie sur la période productive de 2003 à 2005. Cela correspond à des valeurs de Chla comprises entre m – 1.29 σ et m + 1.29 σ (m et σ représentant respectivement la moyenne et l’écart-type de la concentration en Chla dans la masse d’eau). Les cartes qui suivent (Fig.4) représentent (en bleu) les pixels considérés comme représentatifs de chaque masse d’eau et, en vert, la localisation des points REPHY existants 5 (identifiant Quadrige à 8 chiffres) ou qui ont été créés (commençant par « x ») pour répondre aux besoins de la DCE. 6 7 Figure 4 : Représentativité des pixels au sein des masses d’eau DCE pour le paramètre Chla 8 Conclusion En ce qui concerne le replacement des stations, de nombreux points ont été déplacés dans des zones jugées représentatives de la qualité des masses d’eau pour le paramètre Chla ; leur choix est donc validé. Dans certains cas néanmoins, les nouveaux points sont situés hors de la zone la plus représentative : o Lorsqu’il s’agit d’une masse d’eau dans laquelle les valeurs de Chla sont toujours très faibles (Bréhat 14029001, Perros-Guirrec large x03, baie de Morlaix x05, Ouessant x08), la position des points actuelle ou prévue pourra être conservée. En effet, elle résulte en général de considérations logistiques liées à la difficulté d’accès en bateau à des secteurs très agités (et donc bien renouvelés). Compte tenu des faibles valeurs observées, aussi bien par les mesures in situ que par l’imagerie satellite, le déplacement des points n’apporterait pas de gain d’information et ne pourrait pas se faire à moyens financiers constants. o Dans certaines masses d’eau où les conditions d’accès sont plus aisées, les points pourront être déplacés sans difficulté lorsqu’ils sont en dehors ou en limite de la zone représentative. C’est le cas de plusieurs baies : St Brieuc (15032010), Douarnenez (x10) et Bourgneuf (28061004). De la même manière, les points situés au large de Groix (23045001) et de l’estuaire de la Loire (28060025 qui correspond à l’actuel point REPHY) pourraient être légèrement déplacés. Les Laboratoires Environnement-Ressources de l’Ifremer, qui sont responsables de la mise en œuvre du contrôle de surveillance DCE, détermineront au printemps 2007, en fonction des différentes contraintes, la localisation des nouveaux points qui seront alors validés. Leurs coordonnées seront mises à jour dans l’atlas DCE. o La masse d’eau GC26 est celle pour laquelle il y a le moins de concordance entre les résultats des mesures in situ et l’imagerie satellite et pour laquelle le déplacement du point existant pose problème. En effet, le point REPHY actuel (20040001) est représentatif d’une zone très côtière (fig. 3-b), et ne traduit pas la qualité moyenne au sein de la masse d’eau (fig. 4, p. 7 et 8). Compte tenu de son intérêt au titre du suivi des populations phytoplanctoniques potentiellement toxiques, ce point sera néanmoins conservé en 2007. L’accès en bateau au centre de la masse d’eau est rendu difficile par la forte agitation qui règne dans ce secteur ; aussi, le laboratoire LER-FBN de Concarneau étudiera en 2007 un éventuel déplacement de ce point dans un secteur côtier de la masse d’eau GC26 plus représentatif de sa qualité globale. o Compte tenu de sa petite taille et de son enclavement, la seule masse d’eau côtière pour laquelle l’imagerie satellite ne permet pas de valider le choix du point de prélèvement est le golfe du Morbihan. Dans ce cas précis, le maintien du point 26054003 est validé à dire d’expert. Les résultats encourageants obtenus grâce à l’utilisation de l’imagerie satellite nous encouragent à poursuivre la validation de cette méthode en 2007, en comparant les données satellitaires et des données in situ de manière systématique et en quasi temps réel. Ce travail devra être également complété par l’évaluation des coûts nécessaires au suivi sur le long terme du paramètre Chla par imagerie satellite pour évoquer la potentialité d’une mise en place opérationnelle de cette méthode. Compte tenu de l’échelle spatiale à laquelle les informations sont recueillies, une organisation inter-bassins pourrait être envisagée. 9