A découvrir la synthèse de l`atelier du club RH européen
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A découvrir la synthèse de l`atelier du club RH européen
Retour sur le 17ème atelier du club RH national Pôle emploi Yves Barou, Cercle européen des DRH L’atelier du club RH national a terminé l’année 2014 en prenant une dimension européenne et a proposé aux entreprises d’élargir leur réflexion sur les pratiques de recrutement en Europe en croisant les regards entre représentants allemands, suédois et français. Cette rencontre, en s’ouvrant à d’autres cultures, avait comme objectif de nourrir la réflexion des entreprises et de Pôle emploi pour imaginer, challenger de nouvelles coopérations ou de nouveaux services. Les participants ont été accueillis par Annie Gauvin, Adjointe au Directeur général adjoint et Directrice des affaires et relations internationales de Pôle emploi, qui a exposé les nouveaux enjeux de Pôle emploi autour de la nouvelle convention tripartite Etat-Unédic-Pôle emploi et a esquissé quelques-uns des projets d’évolution de Pôle emploi en matière d’offre de services pour les demandeurs d’emploi et les entreprises. En introduction de cette matinale, Yves Barou, Président du Cercle des DRH européens à responsabilité sociale et Président de l’Afpa, a partagé son expérience de décideur RH et sa vison européenne pour poser les problématiques d’attractivité des entreprises ou des métiers, et de mobilité professionnelle ou géographique des salariés. Yves Barou a ensuite mis l’accent sur la nécessité, pour les entreprises, les chercheurs d’emploi et les services publics de l’emploi, de faire évoluer leur réflexion et leurs pratiques afin de s’adapter à un environnement en constante évolution. Cette rencontre s’est poursuivie par les témoignages des représentants d’entreprises et de services publics de l’emploi venus d’Allemagne et de Suède sur leur collaboration et sur leurs pratiques et difficultés de recrutement.. Les échanges se sont ensuite poursuivis en tables rondes autour de deux thèmes , « L’emploi des jeunes » et « Recrutement et compétences», où la participation des invités allemands et suédois a permis à chacun de confronter les points de vue, de partager les expériences et bonnes pratiques et de formuler des pistes d’évolution, notamment concernant les relations entre les entreprises et Pôle emploi. Annie Gauvin, Pôle emploi 1 L’emploi des jeunes Table N°1, animée par Annie Gauvin, adjointe au Dir ecteur général adjoint, Directrice des affaires et relations internationales Pôle emploi - Participants : Nicolas Jacqmin, Alstom – Muriel Nicou, AXA – Cédric Mendès , Colas – Pierre-Henri Lachouque, PSA – Raphaëlle Giovannetti, Safran – André-Guy Turoche, Société Générale - Invités européens : Birgitta Roos, entreprise suédoise ICA - Sven Gruming, Bundesagentur (service public de l’emploi allemand) - Rapporteur : Thierry Roger, Carrefour Table N°2, animée par Michel Swieton, Directeur rég ional Pôle emploi Basse-Normandie - Participants : Séverine Lafon, Air Liquide – Laurence Chouteau, Groupama – Jean-Michel Beaudet, IBM – Philippe Arrouas, Mc Donald’s – Samantha Mendes-Tourrade, Renault – Claude Monnier, Sony Music -Invité européen : Marcelo Fernandez, Arbertsförmedlingen (service public de l’emploi suédois) - Rapporteur : Josselin Aubry, BNP Paribas Repenser l’orientation des jeunes en rapprochant l’entreprise et le monde éducatif en lien avec l’évolution des métiers «L'absence de communication entre nous, grandes entreprises et l'université et le monde de l'éducation est assez symptomatique, avec une dichotomie entre nos besoins et les formations suivies par les jeunes. » «Nous-mêmes, entreprises, ne savons pas toujours quels seront nos métiers dans cinq ans. Comment demander à l’éducation nationale de de former des jeunes pour des métiers que nous ne connaissons pas ? » Adapter les jeunes au travail pour mieux les intégrer dans l’entreprise « Nos alternants bacheliers, quand ils arrivent, bien souvent on est surpris par leur immaturité par rapport au monde du travail. Ils devraient connaître les codes de l’entreprise.» Identifier les compétences transverses et sociales dans une logique de parcours et d’évolution « Nous ne recrutons pas un jeune pour le poste qu'il va occuper à l'instant T, ce que son manager souhaite, mais pour les quatre, cinq postes qui vont suivre et donc c'est sur son adaptabilité qu'on doit plus travailler. » «Nous devrons beaucoup plus travailler entre nous pour former nos collaborateurs aux métiers qui vont exister chez nous mais aussi aux métiers qui pourront exister ailleurs et qui leur permettront d'être employables ailleurs. Et en échange, nous, nous pourrons récupérer ces mêmes collaborateurs. » « C'est un sacré défi pour nous en tant qu'entreprise de décrire les possibilités de carrière. Nous mettons en place une structure de répartition des postes pour schématiser et envisager l'évolution d'une carrière et de comprendre, définir les types de compétences nécessaires pour les différentes carrières. » ICA, Suède Evoluer sur les exigences de diplômes «On s’aperçoit, notamment dans les pays anglo-saxons, qu’une personne issue d’une filière en histoire de l’art, n’éprouve aucune difficulté à être recrutée sur un métier d’auditeur. En France, les entreprises recrutent des personnes qui viennent de terminer leurs études et qui sont immédiatement opérationnelles. Réaliser une acculturation permettrait de s’affranchir de la notion de diplôme et de valoriser davantage les critères relatifs à la curiosité, à l’innovation et à la capacité à apprendre, indépendamment du diplôme et de la filière. » «Notre responsabilité en tant que DRH, c’est de convaincre les managers opérationnels qu’il faut prendre des risques de profils. L’adéquation expérience / diplômes, moi je n’y crois pas du tout. Je pense que le diplôme aujourd’hui est une vision surannée dans le monde de l’entreprise. » 2 Rapprocher davantage Pôle emploi et l’entreprise «Nous avons pu constater, avec les témoignages de ce matin, qu'en Suède et en Allemagne, il y a un véritable échange entre l’entreprise et le service public de l’emploi. L’opérateur d'emploi était dans l'entreprise, sur des sujets de projection, de compréhension, d'accompagnement. Vraiment le dispositif est déjà très maillé, très fusionnel, sur ces sujets-là. On a parlé de quart d'heure d'avance. » «Avec une entreprise comme la nôtre qui a des boutiques dans toute la Suède, nous disposons d'un responsable grands comptes (…) qui est mon interlocuteur direct. Nous pouvons discuter des manières de faire certaines choses afin d'en faire profiter le demandeur d'emploi et l'entreprise. » Birgitta Roos, ICA , Suède «La coopération avec ICA (…) a démarré l’été 2013. Pour nous, ce programme considéré par le gouvernement suédois comme une priorité nationale, représente vraiment une arme forte contre le chômage des jeunes (…) Le groupe cible, ce sont des chômeurs de longue durée de 18 à 24 ans. Parmi les facteurs de réussite, un travail proactif en amont car de bonnes relations existaient déjà entre nous. On a parlé de cette coopération, d’ICA 2020, et de leurs besoins.(…) Je leur ai expliqué notre organisation, comment nous pouvions travailler ensemble. Et j’ai reçu énormément de feedbacks de la part d’ICA. Il y avait aussi beaucoup de contacts locaux. Parce qu’en ce qui concerne l’adéquation des demandeurs d’emploi et des postes, il y avait besoin d’énormément de travail au niveau local. » Marcelo Fernandez - Arbetsförmedlingen, Suède «Nous nous rendons toujours dans différentes entreprises pour voir ce qu'elles font et fabriquent. Notre mission est d'aller dans les entreprises pour intervenir comme partenaire compétent auprès des jeunes». Sven Gruming, Bundesagentur für Arbeit, Allemagne « Nous avons notre propre université détenue par l'agence fédérale pour l'emploi au sein de laquelle tous nos nouveaux employés sont formés pendant trois ans (diplôme Bachelor) avant de commencer à travailler dans les agences . Bundesagentur für Arbeit, Allemagne Promouvoir l’apprentissage «En Allemagne, l’apprentissage dure trois ans. Lorsque vous formez des jeunes pendant trois ans, c’est un investissement important humain et financier, ceci explique que près de 90 % d'entre eux resteront dans l'entreprise. Trois années, c'est long pour les deux parties qui apprennent à se connaître, à maîtriser les équipements et l'attitude générale de l'entreprise ». ABB, Allemagne «Nos futurs alternants sont systématiquement vus par un opérationnel, mais aussi par un chargé de recrutement qui lui, ne les voit pas tellement pour le poste en alternance qu’ils vont occuper, mais pour valider leurs capacités d’adaptation pour le CDI qu’on va leur proposer derrière. » Des contraintes légales et réglementaires trop lourdes en France « En France, en matière d’alternance, nous avons deux types de contrats qui ont perdu du sens en termes de différenciation. Il s’agit des contrats de professionnalisation et des contrats d’apprentissage. Lors de leur création, ils avaient des objectifs différenciés. Désormais, la pertinence de ces deux systèmes est posée. » 3 L’organisation des recrutements, les compétences et la gestion de carrière Table N°3, animée par Frédéric Danel, Directeur régional Pôle emploi Lorraine - Participants : Véronique Bréchet, Fiducial – Katia Hamelin, IBM – Véronique Karcenty, Orange – JeanChristophe Baklouti, Ministère de la Défense/ Défense Mobilité - Arnaud Palancade, Société générale Karine Hoffmann, Sinequanone -Invités européens : Frida Lindvall, Arbertsförmedlingen (service public de l’emploi suédois) – Alexander Sauer, entreprise allemande ABB - Rapporteur : Florence Cordier, EDF Table N°4, animée par Nadine Crinier, Directrice régionale Pôle emploi Nord Pas-de-Calais - Participants : Magali Aimé, Club Med – Gérard de Charette, KFC – Christian Droz, Feu vert Franck Perruchot, Eclair Group - Emeline Bourgoin, Dailymotion -Invité européen : Ulf Norman, Arbertsförmedlingen (service public de l’emploi suédois) - Rapporteur : Frédéric Covain, ETF Faire évoluer l’organisation de Pôle emploi pour mieux répondre aux attentes des entreprises « Il faut mettre en place des actions permettant d’améliorer la connaissance et la compréhension mutuelles entre les entreprises et Pôle emploi pour mieux travailler ensemble.» « Nous avons compris que les entreprises préféraient n'avoir qu'un seul point de contact. Peu importe qu'il s'agisse d'une grande ou d'une petite entreprise qui souhaite un contact local. Pour une grande entreprise, il s'agit d'un responsable grands comptes. Vous voulez une personne non seulement pour le recrutement mais aussi pour parler de votre entreprise, de vos besoins et vous profitez aussi des conseils d'un agent spécialisé dans l'emploi. Notre but est de devenir une sorte de conseiller auquel les personnes peuvent poser des questions, proposer des idées et discuter avec l'agent spécialisé dans l'emploi de la meilleure solution pour leur entreprise. » Frida Lindvall, Arbetsförmedlingen, Suède «Nous constatons une rigidité chez Pôle emploi. Même s’il y des interlocuteurs plutôt à l’écoute, à un moment donné, il y a des process qui ne correspondent pas à l’entreprise, et il nous faut entrer dans ces process. Je dirai que c’est la difficulté que l’on a : au-delà du fait que nous aurions besoin d’une organisation beaucoup plus « grand compte », nationale... » «Avec les témoignages allemands et suédois, nous avons senti qu’il y avait un partenariat, une proximité, et une vraie compréhension du besoin de l’entreprise. Je pense qu’il y a beaucoup de travail qui a été fait par Pôle emploi, déjà, depuis quelques années, et qui va vraiment dans le bon sens. Mais cela reste encore irrégulier. » «Nous avons donc décidé que si nous mettions en place cette collaboration avec l'agence, nous aurions à l'instaurer de manière très rapprochée. C'était bien que l'agence soit préparée à intervenir de la sorte et ils nous ont attribué l'un de leurs employés qui s'est déplacé et est resté sur le site d'ABB pendant toute une semaine. Nous avons également eu la possibilité et le temps de former cette femme à nos besoins, profils et de lui présenter en détail les activités d'ABB. Si elle est en mesure de nous adresser des profils adaptés, si des présélections sont effectuées par l'agence comme elle sait exactement ce que nous recherchons, cela permettra d'améliorer la procédure. Sans cette étape, nous recevrions un grand nombre de profils inadaptés ou de candidatures qui ne répondraient pas à nos besoins. » Alexander Sauer, ABB, Allemagne 4 Travailler sur les métiers en tension et l’apprentissage «Nous devons agir rapidement sur les métiers en tension et la question de la dévalorisation des emplois techniques, face à l’inadéquation structurelle croissante entre l'offre et la demande d’emploi. » «Il faut agir dès l’orientation pour inciter les jeunes à choisir des métiers techniques, en les revalorisant auprès des enfants, mais aussi des enseignants et des parents. » « Sur l’exemple d’ABB, en amont de l’apprentissage, il y a une année où le jeune est suivi par une « social company ». Pendant un an, on fait de l’insertion sociale et professionnelle, et ensuite seulement, ils sont capables d’entrer dans une voie d’apprentissage. C’est vrai qu’en France, c’est un apprentissage où il ne se passe rien en amont. Est-ce que ça peut être une bonne pratique, une année de transition, pour nos fameux décrocheurs, pour les remettre tranquillement au travail ? » «Il faut également que ce soit plus attractif pour les jeunes, et pour cela, il faut que le jeune soit mieux payé (…) En Allemagne, les ouvriers sont mieux considérés et mieux payés. » Evoluer sur la notion de compétences « On a des métiers qui évoluent, des métiers qui vont disparaître. Si effectivement, nous, en termes de formation, pour aller trouver sur le marché ceux qui seront formés à nos métiers de demain, on ne travaille pas sur les compétences, on va avoir des difficultés : il y a un vrai sujet sur les compétences. » Travailler sur les mobilités et les parcours «En règle général, les gens gèrent leur carrière à deux. Quand vous faites une proposition d’évolution à quelqu’un, il ne vous répond jamais « Oui », il dit « Je vais en parler », et quand il vous répond, il ne vous répond pas « Je », il vous répond « Nous ». C’est normal, parce que dans un couple, tout le monde travaille, donc forcément, la difficulté, aujourd’hui, c’est de gérer les parcours d’évolution, avec la carrière du conjoint, les enfants, le déménagement. Il faut agir sur l’ensemble... » «Côté Pôle Emploi comme côté entreprise d'ailleurs, il faut absolument qu'on s'interroge sur la manière d’intégrer la cette question du comportement dans nos référentiels de compétences pour être moins sur le savoir-faire et les seules compétences techniques mais beaucoup plus sur le savoir-être (soft skills).» «Je pense qu’on a un écart important entre ce que l’entreprise peut apporter aujourd’hui à un jeune, très exigeant en termes de notion d’appartenance à l’entreprise et de schéma d’évolution, et la réalité. » «En Suède aussi, les jeunes veulent aller vite. Mais ils ont aussi compris qu’on ne pouvait pas rester au même endroit toute leur vie, et qu’on ne peut pas garder tout le temps le même métier. Ils veulent donc peut-être avancer aussi pour anticiper ces changements. Il n’y a pas de métier à vie, cela change constamment. » Ulf Normann, Arbertsförmedlingen, Suède Initier des coopérations inter-entreprises «Pourquoi ne pas développer des échanges coopératifs interentreprises parce que nos besoins du moment ne correspondent pas forcément aux besoins des uns et des autres, que les activités sont fluctuantes, pour échanger les compétences entre les entreprises – pas forcément du même secteur, mais sur certains métiers similaires. Peut-être que Pôle emploi peut aussi faciliter cette relation.» 5