Les séries font leur manège

Transcription

Les séries font leur manège
STRASBOURG chez Stimultania
AGENDA
COLMAR
Otto Dix et le retable
d’Issenheim
Q LE 09/01. L’exposition crée
Archi-Paysage
Q JUSQU’AU 28 JANVIER.
STRASBOURG
Q JUSQU’AU 28 JANVIER.
Q DU 13/01 AU 26/02. La
photographe colmarienne
s’empare du thème des
fleurs dans une approche qui
engage aussi une résonance
avec le souvenir de sa mère.
Vernissage le 13 janvier. À
Les séries
font leur manège
la Chambre, 4 place
d’Austerlitz. Du mercredi au
dimanche, de 14 h à 19 h.
l’événement en Alsace : le
musée d’Unterlinden met en
relief l’influence de
Grünewald sur le peintre
expressionniste allemand
Otto Dix – jusqu’au
30 janvier. Commissaire de
l’exposition, Frédérique
Goerig-Hergott consacre une
conférence à ce thème.
Lundi 9 janvier à 18 h 30,
au musée d’Unterlinden
(Piscine). Entrée libre. Inscriptions: 03 89 20 22 79 ou
[email protected]
François Saur
3
arts plastiques
Q DU 7 AU 13 JANVIER 2017
L’architecture intégrée à la
nature : six artistes en
explorent les subtilités. Avec
Élisabeth Fréring, Jacques
Thomann, Stéphanie LucieMathern, Clément Montolio,
Marie-Odile Biry-Fétyque et
Pit Molling. Galerie Gillig, 11
rue Oberlin. Du jeudi au
samedi, de 14 h à 18 h.
Ouvert dimanche 8 janvier
de 14 h à 19 h.
www.bertrandgillig.fr
Partenaire de Regionale 17, Stimultania y apporte une contribution qui privilégie son
médium de prédilection : la photographie. Et interroge la notion de série à travers
les propositions de six auteurs suisses et français. Un charmant Manège à images…
Chez Art’Course
Peinture, dessin, sculpture et
photographie. Et le thème du
corps auquel se confrontent
huit jeunes artistes qui
exposent pour la première
fois en galerie. Galerie
Art’Course, 49a, rue de la
Course. Du mercredi au
vendredi, de 15 h à 19 h ;
samedi de 14 h à 19 h.
édition
Rembrandt par Genet
« UNE BONTÉ FORTE. Et c’est
pour aller vite que j’emploie ce
mot. Son dernier portrait
semble dire plutôt ceci : “Je
serai d’une telle intelligence
que même les animaux
sauvages connaîtront ma
bonté.” La morale qui le
conduit n’est pas la vaine
recherche d’une parure de
l’âme, c’est son métier qui
l’exige, ou plutôt l’amène avec
soi ». Ce texte habité sur l’un
des plus grands peintres que
l’Europe ait engendrés au
cours des siècles n’est pas
d’un historien de l’art. Il ne
manque pas pour autant de
pertinence, offrant une vision
subjective née du regard
passionné de Jean Genet, le
voyou devenu écrivain. Dans
Le Secret de Rembrandt, paru
dans L’Express en 1958, il
trace le portrait d’un artiste
dont le pinceau touche à
l’incandes-cence de la
peinture – « Mais ce qui nous
émeut si fort dans ses
tableaux qui tendent si
désespérément à l’exaltation
de tout [...] c’est une sorte de
reflet, ou plus justement de
braise intérieure, peut-être pas
nostalgique, mais encore mal
éteinte… ». Ce devait être
l’embryon d’une monographie
qui jamais ne vit le jour.
Dans sa jolie petite collection
Dans l’imaginaire onirique de Benoît de Carpentier. (© B. DE CARPENTIER)
D
(DOCUMENT REMIS)
L’Arbalète, Gallimard réédite
Le Secret de Rembrandt associé
à un autre texte consacré au
peintre hollandais, paru en
1967 dans la revue Tel Quel,
Ce qui est resté d’un Rembrandt
déchiré en petits carrés bien
réguliers, et foutu aux chiottes
– titre singulier qui doit à un
épisode de sa propre
biographie. Les deux textes
avaient déjà été insérés dans
les œuvres complètes de
l’écrivain (parues en collection
Blanche) et avaient également
donné lieu à une parution
commune, en 1995, sous le
titre sommaire Rembrandt.
Jean Genet. Ce même titre que
reprend L’Arbalète avec une
iconographie enrichie. Pour
un prix dérisoire (12 €), s’offre
ici une vision singulière de
Rembrandt, servie par une
écriture incisive et vraie.
R S.H.
e la photographie, donc.
Mais pas seulement.
C‘est même le dessin
qui s’invite dans l’accrochage de Camille Grosperrin,
déjà repérée au printemps dernier, à la Fondation Schneider à
Wattwiller. L’ancienne élève de la
HEAR y documentait des recherches effectuées en amont d’un
prochain film consacré aux Diving Horses, cette pratique des
anciens parcs d’attractions américains qui voyait des cavaliers
ou des cavalières se précipiter du
haut d’un plongeoir dans un
plan d’eau, sous le regard effaré
du public. Textes et dessins se
côtoient ainsi dans un récit qui
anticipe les images à venir.
Une autre série consiste en un
exercice graphique tout en légèreté et précision autour d’une
mèche de cheveux. Tout comme
pour Diving Horses, le principe
d’un ensemble, qu’il soit narratif
ou adossé à la répétition d’un
motif ou d’un thème, structure
les propositions de Camille Gros-
perrin.
Un cadre qui réunit les six univers que Stimultania invite à explorer sous l’intitulé Manège à
images et autres ensembles. Il
peut y avoir profusion d’éléments, comme c’est le cas avec
les 30 lampes de poche, quasiment fossilisées par la rouille,
que Stéphane Spach a exhumées
sur le site d’une station-service
désaffectée, dans un coin perdu
de la Haute-Marne. Il les a photographiées à la façon de sculptures un rien lunaires, chacune
ayant été marquée d’une façon
différente par l’empreinte du
temps. Ici, plus que jamais, l’effet de série impose sa logique :
celle d’un objet industriel dont
l’uniformisation cède la place à
une singularité fragmentée en
30 images. Ni jamais tout à fait la
même, ni jamais vraiment différente…
Avec le Strasbourgeois Benoît de
Carpentier, on évolue dans un
autre registre : celui d’une photographie onirique qui brouille les
techniques et mobilise l’esthétique de la peinture – des formes
nées de l’encre diluées dans
l’eau. Le rendu est étonnant : un
univers sauvage, peuplés de
cerfs, de bisons, de loups, qui
évoluent dans des nuits inquiétantes, à hauteur de falaises ou
dans un boyau de galeries.
Onirique, la Suissesse Eva Borner
ne l’est pas moins. Mais avec
quelque chose d’un Magritte.
L’anodin hante des photographies qui ne livrent pas immédiatement leur étrangeté. Une table près d’un mur ? Celui-ci est
un ciel tout en grisaille et le sol
n’est autre qu’une calme étendue
d’eau. « Ich will eine Wahrheit
die er funden ist » (Je veux une
vérité inventée), affirme l’artiste.
Autre artiste installée en Alsace :
Delphine Gatinois. Dans son projet, intitulé Les Porteurs, la photographie est un élément qui fait
résonance à un travail textile lui
aussi déployé dans l’espace d’exposition de Stimultania. À Dakar,
l’artiste faisait défiler des “che-
STRASBOURG David Nash chez Chantal Bamberger
R
Q Jusqu’au 29 janvier, chez
Stimultania, 33 rue Kageneck à
Strasbourg, du mercredi au
dimanche, de 14 h à 18 h 30.
www.stimultania.org
focus
Version graphique
DRUSENHEIM
Le plein de
couleurs avec Sumo
Sculpteur et figure du Land
Art, le Britannique David
Nash développe également
un travail graphique qui
parle de la terre et de formes primordiales.
DANS L’ACCROCHAGE, une place est laissée à quelques sculptures, rappelant le rapport très fort
qu’entretient David Nash au volume. Ce volume qu’il restitue magnifiquement dans Wooden Boulder, un fusain sur papier qui fait
écho à une sculpture voyageuse,
boule taillée sommairement dans
un chêne en 1978 et emportée par
les flots de la rivière Dwyryd,
dans le pays de Galles.
Car le travail graphique de David
Nash reste relié aux interventions
qu’il effectue dans la nature et
aux formes qu’il exécute dans le
bois ou fait naître dans le bronze.
Arbres, colonnes, élévations de
pierres : la verticalité est un thème qui traverse ses œuvres sur
vaux-charettes” de la capitale sénégalaise devant son objectif,
dans des mises en scène rappelant des ateliers de photographie
itinérants. La variation qu’explore ici Delphine Gatinois repose
sur le cheval, le cadre et les tissus
dont elle habille à chaque fois la
monture. Émerge ainsi, au fil des
images et des textiles, une sorte
de vrai-faux folklore qu’elle documenterait de manière neutre.
Autrement plus hermétique, la
proposition du Suisse Max Leiss.
Sa série Ausgabe# se compose de
publications personnelles, faites
d’estampes, photos et fragments
de textes. Un matériau abscons
qui « cristallise le processus de
travail » de l’artiste. Un Manège à
images qui, malheureusement,
ne fait pas tourner la tête…
SERGE HARTMANN
(DOCUMENT REMIS)
Red Bush de David Nash. (DOCUMENT REMIS)
papier réalisées au fusain ou au
pochoir. Des dessins aux formes
minimalistes mais qui parfois cèdent la place à un étonnant rendu
de la réalité tridimensionnelle –
Sliced Frame.
La couleur, avec une prédilection
pour le pastel, peut aussi constituer un élément important de son
univers. L’intensité écarlate de
son Red Bush entretient des con-
nivences avec les vibrations d’un
Rothko qui happent le regard.
Indéniablement, David Nash est
aussi un grand dessinateur.
S.H.
R
Q Jusqu’au 14 janvier, à la galerie
Chantal Bamberger, 16 rue du 22
Novembre. Du mercredi au
samedi, de 15 h à 19 h.
www.galerie-bamberger.com
Figure du street-art passée à
l’acrylique sur toile, le
Britannique Christian
Pearson, plus connu sous le
nom de Sumo, débarque
avec son univers coloré à
Drusenheim. Dans une
palette acidulée, ses
personnages loufoques
télescopent des mots aux
allures d’enseignes
publicitaires. De la peinture
aux airs de bande dessinée.
R
Q Du 11 janvier au 11 février.
Vernissage le 10 janvier à
18 h 30. www.polecultureldrusenheim.fr