La guillotine à Ghyvelde Où est la vérité ? Recherches et texte de

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La guillotine à Ghyvelde Où est la vérité ? Recherches et texte de
La guillotine à Ghyvelde
Où est la vérité ?
Recherches et texte de Philippe Persyn
Anatole Deibler
L’Histoire retient qu’Anatole Deibler, exécuteur en chef des arrêts criminels de France, soit venu à
Furnes, en Belgique, le 26 mars 1918 pour guillotiner un criminel de droit commun, Émile Ferfaille, 26
ans, sergent artilleur, qui, pour garder sa liberté et continuer à s'amuser avec d'autres filles, assassina
avant de l’enterrer son amie Rachel Rijckewaert, enceinte de ses œuvres.
Des articles parus dans le quotidien le « Nord Maritime » relatent l’arrivée de cette guillotine
à Dunkerque.
Dans l’édition du lundi 25 mars 1918 intitulé « La guillotine à Dunkerque » : « Cette nuit est arrivé
en gare de Dunkerque, le fourgon du Ministère de la Justice, renfermant la guillotine. On crut tout d’abord
à l’exécution imminente de Declercq, condamné à mort, le mois dernier, pour avoir violé et assassiné une
fillette à Loon-Plage.
Deibler envoyait toujours son fourgon par train et ne louait sur place que les chevaux.
Philippe Persyn / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
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Renseignement pris, les bois de justice n’ont fait que passer en notre ville ; ils ont été transbordés
dans le train quittant Dunkerque ce matin à 10 heures pour la Belgique. Toujours aussi froid que le
tranchant de son couperet, Deibler, qui s’est promené sur les quais de la gare avant de monter dans un
compartiment de seconde classe a refusé de donner la moindre explication sur le but de son voyage. Nous
croyons toutefois savoir que l’exécuteur des hautes-œuvres se rend à Furnes où doit être guillotiné demain
un sujet belge qui, l’an dernier, assassina un homme et une femme en cette ville. »
L’édition du mercredi 27 mars complète l’information : « Exécution capitale à Ghyvelde » :
« Nous avons signalé le passage en gare de dunkerque des Bois de Justice et de l’exécuteur des
hautes-œuvres. Cet événement inattendu n’avait pas été sans provoquer la curiosité générale. On a
aujourd’hui l’explication de ce mystère. Il s’agissait bien, comme nous l’annoncions dès dimanche, de
l’exécution d’un sujet belge Camille-Aloïs Van den Houcke, 35 ans, qui, l’an passé, assassina deux
personnes à Furnes pour les voler.
Dans les communes indiquées par l’arrêt, la condamnation restait affichée durant 24 heures avec
l’état-civil complet du condamné à mort et le motif de la condamnation mais toujours, le criminel voyait sa
peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. Depuis les hostilités, un décret-loi a rétabli les
exécutions capitales. Toutefois, la Belgique n’avait ni le personnel ni le matériel nécessaire à ces
exécutions.
A la demande du Gouvernement Belge, le Ministère de la Justice Française mit à sa disposition,
pour la circonstance, Deibler, ses aides et la guillotine. Il fut convenu cependant que les Bois de Justice ne
sortiraient pas du territoire français. C’est pourquoi les Bois de Justice furent montés, hier, au petit jour, à
Ghyvelde sur un point de l’extrême frontière franco-belge.
Le condamné Camille- Aloïs Van den Houcke fut amené en cet endroit par les gendarmes belges et
livré à l’exécuteur des hautes-œuvres. Tandis que celui-ci accomplissait les formalités légales, ses aides
procédaient à la « toilette » du condamné. Livide et tremblant, Van den Houcke se laissait faire
passivement sans paraître s’intéresser à ce qui se passait autour de lui. Quand tout fut prêt, les aides
poussèrent l’assassin sur la bascule. Les rares témoins de cette scène tragique qui se déroulait au fracas de
la canonnade toute proche entendirent un déclic, la chute du couperet ; tout était fini. Pour employer
l’inévitable formule, sans laquelle un compte rendu d’exécution capitale serait incomplet : « Justice était
faite... » Ce matin, les Bois de Justice sont repassés en gare de Dunkerque. Deibler et ses aides ont pris
place dans un compartiment réservé, en tête du train de 10 heures pour Paris. »
Mais, dans ses carnets d’exécutions publiés aux Éditions l’Archipel en 2004, Deibler note : Exécuté
à Furnes le mardi 26 mars 1918, le nommé Ferfaille, Émile, sous-officier belge, condamné par la cour
militaire le 29 janvier 1918, pour assassinat commis sur deux personnes. Mobile du crime : le vol.
Étonnant : assassinat commis sur deux personnes et le vol comme motif, identique à notre condamné de
Ghyvelde ! Cela contredit la version officielle.
Des recherches entreprises par des membres de « Généalogie et Histoire du Dunkerquois » aux
archives de Ghyvelde et de Furnes n’ont pas permis de retrouver des traces du décès de Camille-Aloïs Van
den Houcke…
Un troisième individu vient perturber cette comparaison. Une publication ancienne « captée » sur le
net mais de source journalistique inconnue, relate une histoire similaire en mentionnant un certain Camille
Verfeillie (curieusement le même prénom que le condamné de Ghyvelde) en cantonnement à Furnes
Philippe Persyn / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
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(curieusement Ferfaille était aussi un soldat). Les dates des crimes et les professions des victimes sont
proches : pour Verfeillie : novembre 1917 (servante) et pour Ferfaille : 27 octobre 1917 (domestique). Tous
deux enterreront le corps de leur victime et la date de l’exécution est identique : le 26 mars…
Alors, où est la vérité ?
Philippe Persyn
Octobre 2012
Philippe Persyn / Généalogie et Histoire du Dunkerquois / G.H.Dk.
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