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RÉSUMÉ
Pierre a commis un meurtre dans un bar de Montmartre. Il réussit à quitter la France et à bout de ressources, s’engage dans
la Légion étrangère, avec Mulot et Lucas, deux compatriotes apparemment victimes eux aussi du destin. Dans un café maure,
Pierre tombe amoureux d’Aïcha, une jeune Marocaine et l’épouse au milieu des filles et des soldats. Mais le destin va s’acharner
sur lui. Son compagnon d’armes, Lucas, est en réalité un mouchard qui, alléché par la prime promise, veut le dénoncer. Mais le
régiment est pris dans la tourmente des combats...
SUR LE FILM
C’est peut-être le plus beau film de Julien Duvivier, qui sublime ici la mythologie de la Légion au service de sa vision très noire de l’humanité et du Destin.
Le pittoresque inhérent au sujet est parfaitement assimilé, ce qui permet à La Bandera d’avoir mieux vieilli que Pépé le Moko. L’interprétation est magnifique, de Gabin à tous les seconds rôles (Gaston Modot, Pierre Renoir…) Sans oublier Le Vigan absolument génial. La mise en scène de Duvivier soutient
la comparaison avec les grands films d’aventures hollywoodiens. L’épisode final de La Bandera, d’une émotion insoupçonnable, se révèle supérieur à
toute La Patrouille perdue de John Ford ou même à Cœurs brûlés de Sternberg. On peut considérer Jean Renoir comme le plus grand cinéaste français
et admirer certains films de Julien Duvivier, l’anti Renoir par excellence. Renoir était déjà, avant-guerre, un moderne. Duvivier est un classique, conduit
par son perfectionnisme et sa misanthropie radicale à une forme de ressassement précoce, d’où une fin de carrière très décevante. Mais l’espace d’une
poignée de chefs-d’œuvre, tous réalisés dans les années 30, le cinéaste avait atteint l’expression géniale de son art.
Olivier Père
Duvivier adapte parfaitement sa mise en scène au cheminement intérieur de son héros. La réalisation baigne entre héritage du muet avec la très expressive séquence d’ouverture (mais aussi l’ampleur visuelle avec ce mouvement de caméra dévoilant des hauteurs puis une ruelle parisienne de studio
à l’esthétique stylisée et volontairement factice) et une modernité percutante. Tant que Gabin se cherche et ne sait pas où il va, Duvivier enchaîne les
prouesses visuelles marquées, que ce soit les accélérés lorsque Gabin affamé fuit la police dans Barcelone, un arrière-plan remplaçant le décor par une
projection du traumatisme d’ouverture pour figurer les cauchemars qui l’assaillent ou encore une séquence de démence aux cadrages chaotiques.
Le réalisateur amène progressivement une épure et une simplicité au fur et à mesure que l’on se fond dans le cadre de cette unité de légionnaire. L’ensemble devient plus apaisé et immersif quand la paix intérieur gagne Gabin (même si la recherche esthétique est toujours là voir les splendides scènes
romantiques entre Gabin et Annabella presque oniriques et magnifiée par la photo de Jules Krüger) et Duvivier privilégie le quotidien finalement plus
laborieux que réellement guerrier de nos soldats.
Adapté d’un roman de Pierre Mac Orlan (qui rapporta par la fiction ses propres reportages sur la Légion et qui fut également soldat au sein de l’armée
française) le film s’avère particulièrement réaliste dans sa description des rapports qui lient ses hommes et Duvivier met magnifiquement en valeur ces
décors désertiques et rocheux brûlés par le soleil. Si bien captés désormais, les passages obligés s’avèrent donc soudain chargés d’émotion avec la
transformation au combat du jusque-là sournois Robert Le Vigan et l’hommage guerrier final à Gabin fort touchant dans sa solennité militaire.
Justin Kwedi
LA BANDERA un film réalisé par Julien Duvivier,
Scénario et dialogues Julien Duvivier et Charles Spaak d’après le roman de Pierre Mac Orlan
Image Jules Kruger - Montage Marthe Poncin - Musique Roland Manuel et Jean Wiener
Produit par André Gargour pour SCN Société Nouvelle de Cinématographie
France - 1935 - 1h43 - N&B - 1,37 - Mono - Visa 1247 - Version restaurée 2K
Distribution et Presse : Tamasa - www.tamasadiffusion.com - Tél. 01 43 59 01 01
Pierre Gilieth - JEAN GABIN
Aïscha La Slaoui - ANNABELLA
Fernando Lucas - ROBERT LE VIGAN
Marcel Mulot - AIMOS
Capitaine Weiler - PIERRE RENOIR
Muller - GASTON MODOT