Le Grand Voyage: Février 2014

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Le Grand Voyage: Février 2014
N°5 LES AVENTURES DU MALUMAU ET DE SES TROUBLIONS
Le Grand Voyage: Février 2014
Mercredi 5 février 2014 : la météo s’est nettement améliorée. Les vents ont baissés de 30 Nœuds à 15
Nœuds et les températures remontent en journée à 22° au point qu’on reprend le short et le teeshirt. Nous
attendions ce moment pour quitter le port d'Arrecife car avec un vent de 30 N de travers, sortir de la panne
aurait été un échec assuré avec de la casse en perspective. Lors de notre voyage, nous qui n’avions pas
l’intention d’aller à Arrecife, nous avons finalement aimé cette petite ville car elle est restée intact,
relativement protégée des infrastructures touristiques. Il y règne une douceur de vivre et les gens y sont
vraiment sympathique.
Nous partons vers le sud de l’île de
Lanzarote pour un mouillage vers la
plage de Papagayo (perroquet en
espagnol). Cela faisait plus de trois
mois que nous n’avions pas
navigué. Nous sommes comme des
enfants qui retrouvent leur jouet
préféré. Nous sommes arrivés vers
16h30 sur place. Après une
navigation tranquille par force 3,
nous avons subi comme tout le
monde le phénomène de survente à
la pointe de Papagayo où les vents
passent soudainement à force 5 mais rien de catastrophique. Le site est sauvage mais on aperçoit au loin la
côte bétonnée de Playa Blanca.
Jeudi 6 février 2014 : 8h00 du matin. La chaîne d’ancrage rague sur les rochers et le vent forcit. Le
mouillage devient rouleur et chahuté. Vers 11h, nous décidons de le quitter pour aller sur Fuerteventura vers
Puerto Del Rosario. Après 4h30 de navigation avec des vents changeant d’humeur selon les reliefs de la côte,
nous
arrivons
au
mouillage du port de
Rosario.
Il
n'y
a
effectivement
aucune
infrastructure pour les
voiliers voyageurs. Mais
le mouillage au sud du
Club Nautico est bien
protégé de la houle et
guère fréquenté en ce
moment.
Vendredi 7 Février 2014 : Tout comme Arrecife, Rosario est une ville qui n’est pas trop touché par le
tourisme de masse. Quelques bateaux de croisière y accostent le temps d’une visite d’un jour et repartent
vers d’autres lieux. Son port principalement ciblé sur le commerce, accueille également des cargos et tankers
de faible taille. Seul le très grand centre commercial Las Rotondas dénote avec son enseigne sur son toit
parmi les constructions au toit plat, aux murs blanc et ocre.
Samedi 8 février 2014 : la nuit fut calme. On se serait cru dans un port tellement ça ne bougeait pas. Ce
matin, j’en ai profité pour nettoyer la ligne de flottaison qui s’était encrassé dans le port d’Arrecife pendant
notre absence de trois mois. En fait, pratiquement tous les jours, j’interviens pour un problème technique ou
pour l’entretien. Hier, j’ai réparé le speedomètre qui ne fonctionnait que par intermittence faussant ainsi les
vents apparents. Avant-hier, c’était le bimini dont les fixations étaient défaillantes. Aujourd’hui, entretien de
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la ligne de flottaison et demain, voir pourquoi le pilote automatique ne tient pas son cap. Et après-demain, il
y aura bien quelque chose qui tombera en panne.
Nous sommes allés visiter la ville. C’est une ville ordinaire avec beaucoup de jeunes étudiants car il y a une
université. Point remarquable : le nombre de sculptures magnifiques dans la ville, aux carrefours, au milieu
d’un rond-point, sur une place ou en bord de mer. La ville s’en fait une spécialité ou d’ailleurs a lieu
annuellement un festival, le Simposio international de Escultura.
Dimanche 9 février 2014 : je retourne plonger sous la coque pour contrôler l’état de la coque. En fait, elle
est relativement propre. Seule la ligne de flottaison nettoyée la veille en annexe était sale. Par contre, des
algues ont poussées sur la plaque de masse du frigo car elle est constamment chaude lorsque le frigo
fonctionne. C’est d’ailleurs un inconvénient à noter car il faut la nettoyer souvent. L’hélice est également
envahie par des espèces de « lichens » qui se sont collés sur les pales nuisant ainsi à son bon fonctionnement.
Après une heure de nettoyage, je remonte lessivé moi aussi. C’est là qu’on apprécie de ne pas avoir un
bateau trop grand.
Lundi 10 février 2014 : Décidément, la météo n'est pas très bonne. Le temps est très nuageux et le vent
souffle entre force 5 et 6. Par contre, la température est de 21°. Nous consultons Météo France par Navimail
Inmarsat. Si les prévisions sont exactes, nous continuerons notre chemin mercredi et on ira au port de Gran
Tarajal car la météo annonce un coup de vent à partir de samedi prochain. Mais on a le temps et ça, c'est
vraiment appréciable.
Le temps : La vie du voyageur est souvent assimilée à la vie de bohème, surtout s'il n'a pas de calendrier à
respecter. Et c'est là qu'on saisit toute l'importance non pas du temps, c'est à dire du temps qui passe, mais de
comment l'utiliser. Nous avons souvent constaté que se fixer des contraintes de temps, un calendrier en
somme, surtout en navigation, pouvait parfois être stressant voire dangereux. C'est la raison pour laquelle
nous essayons de vivre au jour le jour en fonction du temps,
mais pas le même, le beau ou le mauvais temps, c'est à dire
la météo, en évitant de se poser des contraintes de dates, de
rendez-vous. C'est à dire, en maîtrisant le temps, en prenant
le temps, le temps qui passe. Et là, la vie du voyageur se
transforme vraiment en vie de bohème. Mais c'est facile à
dire...
Françoise profite de cette escale pour faire un point sur le
stock de provisions en particulier sur les dates de péremption
des produits achetés l'année dernière. Quand le temps n’est
pas très beau comme aujourd’hui, elle en profite pour
cuisiner. Gâteau à l’ananas, crème anglaise et îles flottantes à
base d’œufs en poudre, confection du pain. Heureusement
qu’il n’y a pas beaucoup de voisins autour de nous car les
odeurs de cuisine sortant du bateau attirerait l’assemblée.
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Mardi 11 février 2014 : Grand soleil aujourd'hui et le vent souffle à force 5. Comme nous arrivons à capter
le wifi de la ville, nous en profitons pour effectuer notre courrier. Nous apprécions vraiment le service rendus
par le "Courrier du Voyageurs". Nous pouvons traiter notre courrier comme si on était à la maison.
Encore de l'entretien: Nous démontons la gazinière car depuis quelques temps, les bruleurs noircissent les
fonds de casseroles et c'est plutôt galère à nettoyer. Bref, ce qui parait incroyable, c'est qu'on ne voit pas
passer le temps et quand la nuit tombe, on a l'impression de n'avoir pas fait grand chose.
Mercredi 12 février 2014: le mouillage de Puerto del Rosario devient rouleur. Nous décidons de continuer
notre chemin en direction du mouillage de Las Payitas. Arrivé sur place, nous trouvons le site magnifique et
essayons un mouillage car c'est relativement protégé des vents de nord Est. Mais le problème c'est qu'on a du
mal à voir les fonds, à première vue, c'est sable et roche car on entend la chaine raguée sur le dur.
Des rafales de 20 noeuds descendent de la montagne. On resterait bien passé la nuit ici mais le temps étant
incertain, on préfère jouer la sécurité et aller au port de Gran Tarajal situé à 30 mn.
Arrivé au port, nous effectuons quelques rotations à l'intérieur pour identifier une place car la capitainerie est
fermée l'aprés midi. Une fois amarré, un vigile nous demande d'effectuer les modalités d'entrée. Le reste des
formalités se fera demain.
Jeudi 13 février 2014: nous
constatons qu'ici les horaires
d'ouverture ne sont qu'une
indication aléatoire. À 10h30,
la capitainerie n'est toujours
pas ouverte, nous allons donc
faire un tour en ville. Et là,
nous sommes agréablement
surpris par cette petite ville de
Gran Tarajal bordé par par une
grande plage. L'ambiance y est
paisible, peu de touristes mais
beaucoup
d'habitants
se
promenant dans les rues ou assis sur les bancs. La population y est assez cosmopolite, espagnol en majorité
mais on y croise des gens d'origine indienne d'amérique latine, des africains et des capverdiens, tous vivant
apparement en harmonie.
En retournant au port, voyant la capitainerie ouverte, nous y allons terminer nos formalités. Et là, surprise, le
prix par jour pour notre bateau est de 8,50 €. Si nous arrivons à louer une voiture, nous y resterons quelques
temps. Concernant les horaires, il faut savoir qu'ici, lorsque des horaires d'ouverture et de fermeture sont
clairement affichés, cela ne veut pas pour autant dire qu'il soit respecter par les intéressés. Il n'est pas rare de
voir un magazin fermé bien avant l'heure...
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Vendredi 14 février 2014: aprés avoir effectué notre courrier à la bibliothèque municipale, le seul endroit où
on trouve du wifi gratis, nous sympatisons avec les gens de notre ponton et nous retrouvons à 15h pour un
Tea time sur le bateau d'Hannah et Maurice en bonne compagnie, écossais, anglais, allemand et français.
Nous passons un agréable aprés midi où chacun échangera ses expériences de mer.
Samedi 15 février 2014: la particularité de Gran Tarajal, c'est aussi ces fresques sur les mur des immeubles
et il y en a de magnifiques ou le réel se confond au dessin. Pour exemple, l'arbustre ci-dessous est vrai !
Partout dans la ville, les murs sont décorés de manière très
originale avec une touche humoristique ou poétique. Mais
pratiquement tous rappellent le lien qui unit les hommes de
cette petite ville de pêcheurs à la mer. Si bien qu'on prend
plaisir à déambuler dans les rues où à chaque coin une
nouvelle fresque apparait haute en couleur. Même le petit port
de pêche semble être une fresque par ses couleurs vives.
En fin d’après-midi, tout le monde est dehors. Des hommes et
des femmes sont assis ensemble à discuter où flânent dans les
rues. Il y a aussi beaucoup de jeunes enfants et adolescents.
Ce qui est remarquable en ville, c’est le nombre de jeux
d’enfants, sur une place, dans un jardin public, sur la plage, il
y en a partout. Les parents sont assis à les regarder jouer pendant que les ados se coursent sur leur petite
planche à roulettes. Et au fur et à mesure que le jour tombe pour laisser place à la lune, le parvis du bord de
mer se remplit de promeneurs, les terrasses de café s’animent avec de la musique traditionnelle. Alors, nous
faisons une pause sur un banc public et gouttons le plaisir du temps ralenti en regardant les gens d'ici.
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Dimanche 16 février 2014: le vent est devenu violent, il
souffle en permanence de Nord Est à 25 noeuds avec des
rafales de 32 Noeuds. La veille, j'avais renforcé les amarres et
mis des amortisseurs sur l'avant pour éviter les coups de
boutoir qui nous réveillaient la nuit.
La plage de Gran Tarajal se remplit de surfeur. Il faut savoir
que Fuerteventura est un endroit très prisé par les surfeurs,
kite surf et wind surf.
Lundi 17 février 2014: Nous prenons le bus pour Las
Playitas pour aller louer une voiture à une agence indiquée
par l'office du tourisme. Après avoir tourné en rond dans le
village, nous apprenons que l'agence se situe dans un
complexe hotelier situé à 1 km. Arrivé sur place, nous sommes stupéfaits par ce complexe immobilier
composé d'hotels gigantesques, d'appartements et de multitude d'équipements sportifs dénaturant la côte
magnifique. Et des allemands... En veux tu, en voilà. Nous n'avions jamais vu une concentration de
personnes de même nationalité en si grand nombre. Pour nous, ce mode de vacance nous paraît tellement
inconcevable qu'on n'en ressent une sorte de malaise. Mais il faut reconnaitre que cette industrie touristique
génératrice d'emplois est devenu une ressource inestimable pour les gens vivant ici.
Mardi 18 février 2014:
Nous partons visiter la
partie nord de l'île.
Nous
passons
des
paysages lunaires au
petit sahara, dunes de
sable sur la côte, et plus
à l'intérieur, à la steppe
balayée par un vent
nappant le sol de sable
blanc. Nous sommes
dans le Parque Natural
de Correlajo.
C'est aussi un spot pour
les surfeurs. Entre l'ile
Lobos et la côte nord,
les kites surfers sont si
nombreux qu'on dirait
une nuée de papillons.
La ville de Corralejo ne
présente pas d'attrait
particulier. Tout ici est
conçu pour le tourisme.
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Nous continuons notre
route hors des sentiers
battus pour aller vers
Majanicho, petit port de
pêche sur la côte nord.
En chemin, la route
goudronnée
parfois
s'interrompt
et
se
transforme en piste
finissant en cul de sac.
On se demande parfois
de quoi pouvait vivre les
gens d'ici. Mais en fait, à travers les paysages surtout à
l'intérieur de l'île, on y trouve des vestiges de cultures à flanc
de montagnes ainsi que dans les vallées. Contrairement à se
qu'on pourrait croire, l'agriculture était une activité importante.
L'eau était pompé par des éoliennes ou par des norias tractés
par des ânes ou des chameaux. Les chameaux étaient
beaucoup utilisés ici. Les paysans y récoltaient le blé, les
fèves, pois chiches.
La pêche reste encore une activité pratiquée sur l'île qui est
très poissonneuse.
Fuerteventura possède de nombreux four à chaux aujourd'hui
inactifs mais qui indiquent qu'autrefois, cette activité industrielle y était importante. Mais aujourd'hui,
l'activité première reste le tourisme.
Mercredi 19 février 2014: nous
visitons le sud de l'île. Le contraste
et saisissant entre les jolis petits
villages de pêcheurs comme
Ginignamar et la laideur des
complexes touristiques aux hotels
bordés de tours ressemblant à des
miradors... comme ceux de Costa
Calma ci-dessous.
Mais il en faut pour tout le monde.
Nous, ce n'est pas notre concept,
mais on va quand même voir, par
curiosité, mais sans s'attarder.
Arrivé à Morro jable, nous constatons que c'est pire, ce n'est qu'un immense complexe touristique s'étalant
tout le long de la côte bordé d'une très belle plage. Nous quittons cette horreur pour nous diriger vers le
Parque Natural de Jandia.
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Nous prenons une piste en direction de Cofete. Le constraste
est une fois de plus saisissant. La nature est encore vierge et
préservé de l'exploitation touristique. Après avoir franchi les
crètes de la péninsule, nous sommes émerveillés par le
spectacle. La côte y est magnifique. Des immenses plages
désertes bordent la côte à perte de vue.
Nous continuons notre chemin jusqu'au village de Cofete. Ici
rien à voir avec la côte Est. Le village est composé de
quelques habitations. Les chèvres et les poules y courent en
toute liberté. Les habitants regardent les voitures de location
défilée et cela nous met mal à l'aise. On a l'impression d'être
au bout du monde.
Jeudi 20 février 2014: après avoir
visité le nord et le sud, nous visitons
le centre de l'île. Cette partie de l'île
est plus agricole. On y trouve de
nombreuses éoliennes puisant l'eau
des vallées pour irriguer les cultures
bordés de palmiers. On a parfois
l'impression d'être dans le sud
marocain,
les
paysages
se
ressemblent mais cela s'explique car
nous sommes pratiquement à la
même latitude.
Nous allons à Pajara. C'est un village très joli, son église est très particulière avec sa façade aux insignes
scuptées
ressemblant au
style aztèque.
Les maisons y
sont typiques
avec
leurs
balcons
en
bois.
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Les communes sont délimitées par des ouvrages, des portes
sur lesquels figurent le nom de la commune sur laquelle on
arrive. C'est également pratiqué dans les pays africains.
Cette partie centre de l'île ne comporte d'infrastructures
touristiques. Bien qu'on soit hors saison et que la météo soit
moyenne, on rencontre beaucoup de car de tourisme et de
voitures de location.
Nous continuons notre visite en direction de Betancuria. Nous
croisons des vallées verdoyantes, palmeraie et cultures
maraichères, qui contrastent avec les montagnes
environnantes. Du haut de celles-ci, on constate que l'île est
en grande partie désertique.
Betancuria fut autrefois la capitale de Fuerteventura jusqu'en
1834. Elle fût fondée par Jean de Béthencourt d'où elle doit
son nom. Ce dernier oeuvrait pour le compte de la couronne
d'Espagne. L'église y est imposante.
Nous rencontrons aussi beaucoup de moulins à vent. Le vent
balayant l'île étant une énergie inépuisable, l'homme a su la
mettre à son profit en construisant tous ces ouvrages,
éoliennes pour l'eau et moulin à vent. Seules les éoliennes
sont encore quotidiennement utilisées. Les moulins à vent
qu'on peut voir sur ces photos ont été restaurés dans le cadre
de la sauvegarde du patrimoine de l'île.
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Vendredi 21 février 2014: Après avoir rendu lavoiture de location, nous nous dirigeons vers la bibliothèque
municipale de Gran Tarajal (pour le wifi) pour y télécharger les fichiers météo et effectuer notre courrier. Car
nous commençons à réfléchir à la suite de notre voyage vers l'île de Gran Canaria. Mais pour le moment,
nous allons attendre que mon lumbago se guérisse avant de reprendre la mer car nous risquons de faire la
traversée en vent de travers de 20 N avec la houle de face. Donc, patience....
Lundi 24 février 2014: Un sévère lumbago et la météo, vent
et houle, nous obligent à rester au port de Gran tarajal jusqu'à
vendredi prochain. D'ici là, nous verrons quand partir sur
Gran Canaria.
Mardi 25 février 2014: un bon vent force 5 à 6 souffle en
mer. Belle journée ensoleillée en bricoler sur le bateau. Nous
terminons la soirée par un apéritif collatoire sur le Malumau
avec quelques amis de rencontres de ponton avec qui nous
passons un agréable moment.